"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

vendredi 30 novembre 2018

LES ORGANISATEURS SE POINTENT POUR FABRIQUER UNE REVOLUTION « CITOYENNE »

« L’expérience de la révolution russe, comme celle d’autres pays, démontre de manière incontestable que là où les conditions objectives d’une crise politique profonde existent, le plus petit conflit, aussi éloigné qu’il puisse paraître du véritable foyer de la révolution, peut avoir une signification extrêmement sérieuse, comme prétexte, comme goutte d’eau faisant déborder le vase, comme début du revirement dans l’état d’esprit, etc. » Lénine1

« La France est une start-up ». Macron


Le clan à Ruffin avait appelé hier soir place de la République à ce que Paris « bouge », avec le racolage suivant :  « Alors les activistes, les nuit-deboutistes, les cégétistes, les sudistes, les çavapétistes, qu'est-ce qu'on attend pour s'activer ? On le sent bien, que c'est un moment clé. Que c'est l'occasion. Que l'oligarchie, incarnée par Macron, doute, vacille, ne sait plus par quel bout tenir le pays. Dans cette période, nous devons essayer. Essayer d'apporter des forces, des forces progressistes, dans la bataille. Essayer d'ouvrir un autre front.
Ce jeudi, 19h, place de la République, on en parle avec :
  • Assa Traoré du comité Adama,
  • Clize Jean-Pierre, cuisinière à l'hôtel Hyatt,
  • François Ruffin,
  • Frédéric Lordon, et bien d'autres.
En même temps on pouvait lire sur Demosphère un « Acte 3 Macron démissionne ! » se proposant « une rencontre entre gilets jaunes (vouzémoâ) pour « exiger à Macron : plus de pouvoir d'achat et l'annulation des taxes sur les carburants, Sinon, En Marche vers la démission de Macron !!!!
Les rendez-vous sont fixés par les sous-marins syndicaux du NPA présentés seulement sous leur qualité professionnelle : 10h RV des cheminots (trotskistes et CGT) départ pour les Champs, 13h RV quartiers populaires (militants antiracistes et antifas) pour les Champs aussi. 14H : RV principal sur les Champs. Vu qu'il y a aussi un gros rassemblement prévu des troupes syndicalistes à partir de République pour redescendre vers les Champs dite « contre le chômage et la précarité » avec « ordonnancement des cortèges » des différentes UD syndicales de banlieue, FSU, CNT, Solidaires et enfin « divers partis et organisations », le foutoir généralisé de la gauche bobo ! On n'oubliera pas ici la participation des racialistes, présents à tous les meetings gauchistes, caution anti-raciste obligée :« Contre la hogra, le racisme et le libéralisme on disparaît de nos lieux de travail, de nos facs, de nos écoles, des réseaux sociaux, des lieux de consommation.... Le 1er décembre, on occupe la place pour exiger Egalité et Dignité pour tous et toutes. Manifestation nationale 14h place de la Nation, Paris ». Ces pires indigestes sont bien plus nocifs contre le mouvement ouvrier internationaliste que les « petits blancs en gilets jaunes de briseurs de grève » que dénonce le CCI avec les syndicats gauchistes ; ce sont eux les vrais crypto-fascistes en lien avec le pervers Ramadan et les apprentis terroristes islamolâtres.
Donc au vu du fond des déclarations hier soir de la part des complices de Ruffin, dont je vais vous parler puisque j'y étais, on veut nous refaire le coup de l'unité des patchworks idéologiques, un remake d'union de la gauche comme la fameuse manif à Paris, mise en scène à la façon 1936 où la gauche stalinienne et social-démocrate s'était « réunie » à partir d'un départ à Bastille et d'un autre à Châtelet, place de la République pour introniser la République en marche mitterrandienne ! Voire surtout placer ce désordonné mouvement gilets jaunes sous commandement syndical en vu d'une hausse du SMIC aussi minable que celle de 1968, et qui ne viendra pas de toute façon. Au vu d'une noyade programmée avec une noria d'assocs de bobos, d'une CGT qui promet la lune d'une grève générale - vieillerie bakouniniste dénoncée par Rosa Luxemburg - graal toujours aussi mythique, mêlant pompiers sociaux et casseurs de tout bord, les manifs à Paris ne vont pas clarifier la situation samedi. C'est l'après qui va révéler sur la programmation des réunions (non publiques) des "partenaires sociaux" servira à éviter de généraliser et organiser la lutte concrètement à l'ensemble de la classe ouvrière. Macron a remis dans sa poche le projet d'un moratoire des taxes, mais il est probable que lorsqu'il le ressortira, ce sera trop tard.

On pouvait lire sur le web les prises de position du NPA et de LO, et aussi une prise de position rétroactive de la fabrique à mensonges du CCI (j'en traiterai secondairement à la fin parce que c'est inconsistant au vu des exigences politiques actuelles) :
NPA : « Lheure doit être à fédérer les colères contre la politique d’un gouvernement qui n’entend pas bouger d’un iota. « Contre la vie chère, contre l'injustice fiscale, contre les inégalités : TouTES ensemble ! » (on n'oublie pas l'écriture féministe chez les girouettes du trotskieme)
LO : « Alors que les directions syndicales sont aux abonnés absents depuis le début du mouvement des gilets jaunes, la direction de la CGT s’est finalement décidée à proposer une action à l’ensemble des travailleurs. Si cette décision de la CGT amène davantage de travailleurs à exprimer leur colère, qu’ils aient ou pas un gilet jaune on ne pourra que s'en réjouir. La direction de la CGT s’est contentée d’appeler à une journée de manifestation, sans lendemain et sans aucun plan d’action pour la suite. En fait, elle cherche ainsi à se donner un alibi face au mécontentement légitime d’une partie de ses propres militants suite à son attitude envers le mouvement des gilets jaunes, qu’elle a réduit à tort au départ à une mobilisation de l’extrême droite. Mais, pour les militants ouvriers, c’est l’occasion de préparer les travailleurs à une lutte déterminée, en les incitant à en discuter dès maintenant sur leurs lieux de travail. Lutte ouvrière appelle tous ses militants et sympathisants à participer le plus nombreux possible aux manifestations et aux grèves qui auront lieu le 1er décembre ». (LO se met déjà au service de la tentative de récupération syndicale)
CCI (micro secte) : « Quand le prolétariat développe sa lutte, ce sont les assemblées générales massives, souveraines et ouvertes à “tout le monde” qui sont au cœur du mouvement, des lieux où les prolétaires peuvent ensemble s’organiser, réfléchir aux mots d’ordre unitaires, à l’avenir. Il n’y a alors pas de place pour le nationalisme ». Dans leur pensée marxienne (et martienne) figée au XXe siècle, ils n'ont rien compris à la mondialisation… féodale qui, prétendant dépasser le nationalisme fondateur de la bourgeoisie, où les élites antiracistes et antifascistes, bourgeois gauchistes parvenus, sont venus renouveler la fable d'une bourgeoisie progressiste en laissant  comme seule pitance de repli aux exclus de la croissance l'espoir de sauvegarder les anciennes protections sociales en effet au niveau national, et empêchant par conséquent tout espoir d'une lutte internationale pour sortir de l'oppression "mondialisée" des forteresses des princes du G20. Ils n'ont donc toujours pas compris ce qu'ils désignent en se bouchant le nez comme les rigolos gauchistes, "montée du populisme", quoique sans le caractériser de nouveau fascisme. En somme l'ancienne opposition droite/gauche est devenue populisme/libéralisme, le populisme intéressant au premier plan naturellement les victimes idiotes quand le libéralisme symbolise le succès, l'intelligence et l'arrogance.

Comme les gauchistes et les syndicats, depuis le début cette secte fait mieux que les autres, elle se tait, après avoir craché dessus comme mouvement poujadiste sans avoir jamais mis les pieds dans les réunions aux barrages et avec la prétendue recette du conseillisme bobo: l'assembléisme des parlotes vaines. Nos vieux coucous ultra-gauches ignorent ce qui se discute sur les réseaux sociaux où en effet le niveau en orthographe ne reflète pas les couches supérieures mais où s'exprime, même de façon décousue une jeunesse prolétaire indignée, qui ne supporte plus le mépris des bureaux d'embauche mais qui est encore entraînée par des "messagers" qui se la pètent et n'ont pas inventé le fil à couper le beurre.

Ruffin rêve de «bobos» en gilets jaunes

Donc le meeting public à République. Je suis arrivé en retard et je n'ai pas assisté au discours des vedettes Lordon et Ruffin. Mais la presse l'a fait très bien, ce début : « Il faut que Paris entre dans la danse!» En plein mouvement des «gilets jaunes», François Ruffin et ses proches se sont pressés d'organiser jeudi soir un rassemblement place de la République à Paris. La bonne centaine de sympathisants qui ont répondu présent ne sont pas dépaysés. Beaucoup étaient au même endroit deux ans plus tôt lors de «Nuit Debout», le mouvement spontané qui était sorti de terre pendant la réforme de la loi Travail en 2016. Mais en 2018, le contexte est différent. «Contrairement à Nuit Debout, on a aujourd'hui un mouvement où, pour l'instant, ce sont les périphéries qui bougent et Paris qui bouge peu», indique François Ruffin, qui se veut en première ligne du mouvement. Cette fois, pas d'appel à occuper la place parisienne toutes les nuits. L'objectif jeudi soir était avant tout de mobiliser la capitale. «Je balance des idées comme ça». «Paris a une responsabilité», déclare le député de la Somme au micro. «On sait que le public qui se trouve ici est sans doute plus éduqué, plus diplômé avec potentiellement un meilleur salaire», souligne-t-il, demandant bien au public de ne pas qualifier les «gilets jaunes» de «beaufs» comme le veut parfois la caricature. Il reprend: «Vous appartenez sans doute, comme moi, à la classe intermédiaire. C'est la classe qui a le choix de se ranger soit derrière le haut, soit derrière le bas. Vous avez le choix!».
Excellent, ce Ruffin est même plus intelligent que les trotskistes en général ou les RI (révolutionnaires incapables), il ne cache pas son appartenance à la bobocratie ni le fait que Paris est devenue depuis longtemps une ville à bobos (trois quart cadres, commerçants et professions libérales, et évidemment la noria écolo enseignante suiviste de la patronesse Hidalgo). Suivons la proposition par contre loufoque de ce représentant d'un parti kaléidoscopique et oligarchique – en train d'éclater entre tendances délirantes et en pleine chute électorale – (Corbières était présent mais s'est tu) : « Le réalisateur de Merci Patron! n'est pas venu les mains vides. François Ruffin a amené une idée bien précise pour impulser la mobilisation dans la capitale. «À Paris, on est à côté des lieux de pouvoir. Tous les soirs, vous pouvez aller faire des apéros avec du vin chaud. Devant le premier ministre, devant l'Assemblée nationale, devant l'Élysée. Ça, vous pouvez le faire tous les soirs», lance-t-il. Les longs applaudissements du public - conquis à l'avance - approuvent. «Je balance des idées comme ça», explique le député quelques minutes plus tard devant des journalistes venus par dizaines. L'électron libre de LFI en a-t-il parlé à ses collègues députés Insoumis? Si certains avaient confirmé leur présence jeudi soir, aucun ne s'est affiché à ses côtés ».
Depuis la célèbre place de l'est parisien, bastion de la gauche française, le député avait assuré que le mouvement des «gilets jaunes» représente un tournant pour le quinquennat d'Emmanuel Macron. «Ce qui se joue aujourd'hui, ce n'est pas la taxe sur le gasoil. Le gouvernement le sait très bien. S'il recule là-dessus, on le fera reculer sur le reste». Difficile en attendant de croiser un gilet jaune jeudi soir. Signe que la convergence des luttes est loin d'être gagnée? Ruffin balaie: «Il y en a plein qui ne sont pas automobilistes. On ne va pas leur demander de porter un gilet!»2.

Lorsque je sors du métro j'aperçois bien un millier de personne autour de la statue centrale, avec une
Ce qu'il y a dessous le "nous"
tribune illuminée tout contre où un cercle est formé par journalistes et caméras. Je ne pouvais pas être aussi mal reçu qu'à l'écoute du discours en cours d'une vague bobo antiraciste :  « ...il ne faut surtout pas parler de classes sociales et sans critères de milieu social ». Je reconnais bien là le prêche antiraciste et... antisocial. Je me dis que je ne vais pas rester longtemps au milieu de tous ces bobos bien vêtus et à vélo où même pas un n'a revêtu symboliquement le gilet jaune (j'ai gardé le mien dans ma sacoche). Défilent donc une série d'individus tout contents d'apparaître sous les sunlights. Celui là vocifère, en tant que cheminot de la CGT, que la classe ouvrière va devoir aller casser la gueule aux fachos qui seront présents à la manif. Nous ne laisserons pas passer le fascisme ! ». Il répète d'ailleurs plusieurs fois les termes « classe ouvrière », ce qui a tendance à me réjouir vu que les termes sont bannis des médias, et que j'ai trouvé assez dérisoire et ridicule que des gilets jaunes aux barrages parlent d'eux comme « classe moyenne », quoique ce devait être alors certainement un artisan (du monde bobo agricole).
Hourrah de l'assemblée et applaudissements nourris. Porté par ce succès antifa, l'autre en rajoute une couche, on dirait presque Macron mettant en garde contre le retour des années 30. Lui succède un Saint-cyrien, qui est venu avec son galure qu'il chausse et exhibe pour prouver qu'il est vraiment saint-cyrien. Il attire les rires. Il est venu dire que, malgré son porte-monnaie bien rempli, il appelle ses confrères saint-cyriens à rejoindre le mouvement. Applaudissement garantis. Je me retourne vers ma voisine :
  • ça c'est du mai 68 pur, tout le monde a libéré sa parole, c'est à dire qu'on pouvait entendre tout et n'importe quoi.

Arrive ensuite une déléguée CGT arabe qui vient appeler à l'unité de tous et de toutes (tout(es), de tous les syndicats. Elle introduit un couplet contre les attaques de Macron pour chauffer, y ajoute cet imbécile injonction « tout le pouvoir au peuple » et termine pour un appel sans discrimination à marcher toutes et toutes avec les syndicats ». Une partie de l'assemblée où je me trouve n'applaudit pas et ne reprend pas le slogan débile « TOUSENSEMBLEU » ne le « GREEEVE GENERALEU » de la missionnaire CGT.
C'est à cet endroit que j'aurais dû lancer « hors des syndicats ». C'est ce qui va me motiver à aller demander le micro. Puis succède la sœur d'Adama Traoré, qui fait partie du décor gauchiste à Paris, pour renforcer l'anti-police primaire ou l'antiracisme tertiaire ? Elle apparaît comme une folle échappée de Saine Anne avec une crinière de lion ou de pharaon. Elle débite un discours totalement bobo antiraciste. Mais, alors qu'elle avait été interrompue par une spectatrice, elle se mue en sorcière hystérique hurlant, criant : « j'ai jamais dit que les gilets jaunes étaient tous des racistes ». Il y a une bousculade, je me rapproche pour éventuellement protéger la « blanche » qui est menacée par la sœur sainte des gauchistes qui, avec de grands gestes semble vouloir frapper l'autre. Je tape sur l'épaule de la jeune femme pour savoir ce qui se passe, elle dédaigne me répondre et continue de filmer l'hystérique. Elle demande la parole deux minutes pour répondre, elle ne l'aura pas. Je m'éloigne de cette étrange situation, et je demande au personnel LFI de me donner la parole, je me suis inscrit sur leur cahier depuis un moment3. Non il y a trop d'intervenants et on a clos la liste ; mais je m'étais bien inscrit avant la fin de la liste. Suis-je connu de cette secte ou « libérer la parole » pour la bande à Mélenchon ne signifie-t-il pas laisser débiter à chacun ce qui lui passe par la tête et éviter tout réel débat ? Comme je l'avais déjà subi à l'assemblée des gilets jaunes à Etaples. Les autoproclamés représentants du peuple vont-il fusionner avec les autoproclamés représentants des gilets jaunes ? Un gilet jaune lambda a dit aujourd'hui à la télé : « M. Mélenchon nous n'avons plus besoin de vous maintenant ! ».

On assiste par après au discours d'un intervenant arabe qui traite d'humanisme ou quelque chose dans le genre. Un des jeunes avec qui j'avais parlé des possibilités de récupération, et qui étaient d'accord sur le rejet des syndicats, m'informe que c'est un de leurs professeurs à Villetaneuse, un type très bien. Peut-être un type très bien mais il ne fait qu'un discours très généraliste et hors des questions politiques de l'heure. Il est intensément applaudi car, chez les bobos parisiens, il suffit d'avoir un faciès arabe ou la peau noire pour être le porteur de la bonne parole de l'homme blanc raciste et facho et qui libère de cinq siècles de colonialisme et de dix siècles de racisme. Si en plus c'est une femme, le plaisir est double ; même chez les gilets jaunes ils croient qu'une femme est moins corruptible... « Ségolène revient » ou « Hidalgo présidente » ne sont pas loin du cœur des mouton(e)s. La CGT et les syndicats gauchistes ont fort bien compris un truc enseigné naguère dans les partis staliniens (ou même hier soir chez Pujadas) : mettez un arabe ou un noir pour défendre une politique pourrie et ça marchera ; le FdG vient d'exclure sa fraction laïque coupable d'avoir lancé un débat sur « l'entrisme islamiste dans le mouvement syndical ». Un postier vient à son tour jouer les grandes gueules, il est hyper applaudi lorsqu'il précise qu'il est en grève depuis des mois. Comme son prédécesseur cheminot (et le CCI), le seul moyen c'est la grève « ouah c'est la grève ouah grève générale, oulala ». L'assemblée des bobos croule sous les applaudissements. Plusieurs personnes d'un certain âge qui ont écouté mes commentaires et qui se passaient d'applaudir à tout rompre, me poussent vers la tribune : « allez prenez la parole » :
  • mais ils me la refusent !
Alors je préviens celle qui s'occupe de l'agenda sous la tente LFI (qui distribue une soupe populaire!) que je vais la prendre la parole. Depuis mon arrivée je n'avais cessé de scruter le pannonceau coloré (sic) comme ceux des maternelles : « Organisons-nous » ; j'y avais trouvé la matière première d'une argumentation qui ne pouvait être que courte ou raccourcie ». J'attends que l'intervenant finisse au micro, je me tourne vers l'assemblée et je crie :

C'EST FINI ! RENTREZ CHEZ VOUS ! IL N'Y AURA PAS DE DISCUSSION POSSIBLE ICI ! ILS INTERDISENT LE DEBAT. ILS DISENT TOUS LA MEME CHOSE : SUIVEZ LES SYNDICATS. LES SYNDICATS ONT SABOTE LE MOUVEMENT SOCIALE DEPUIS TOUTES LES DERNIERES ANNEES. ILS VEULENT ORGANISER ! ORGANISEZ VOS FESSES ! LAISSEZ LES GILETS JAUNES S'ORGANISER QUAND CE SERA NECESSAIRE. A BAS LES SYNDICATS ! VOUS ETES TOUS DES BOBOS !

Je leur fais un bras d'honneur, et, consternant, les bobos péteux bien habillés s'écartent en rangs de chaque côté me laissant passer comme Moïse franchissant la mer rouge. Je ressens cela comme une haie d'honneur... Ai-je eu tort de me dévoiler auprès de la jeune étudiante qui, avec ses amis, semblait d'accord avec mon indignation devant le défilé des cuistres au micro, m'avait demandé ma couleur politique :
  • marxiste autant que faire se peut !
  • bof les marxistes vous vous fâchez toujours avec tout le monde !

UNE SITUATION INEDITE QUI NE POSE PAS QUE LA QUESTION DE VIRER MACRON

Excepté les ultra-bobos ringards du CCI et tous les syndicalistes ébahis et qui n'y comprennent rien, on est entré dans une crise très profonde qui pose la question non du seul Macron mais d'un pouvoir qui a perdu tout crédit ; jamais à ma connaissance il n'y a eu en France 85% de la population hostile à un gouvernement mais en plus solidaire d'une protestation que la plupart ont traîné dans la boue la croyant éphémère. La raideur du pouvoir macronien se retourne contre lui, les industriels et financiers vont lui demander des comptes face à une paralysie économique irréversible qui va se développer indépendamment ou plutôt en prolongement de ce qui va se passer à Paris samedi.
On n'est pas en 1936 ou en 1968 où l'Etat bourgeois pût concéder des augmentations de salaire, pour ensuite, en 1939, envoyer les ouvriers au casse-pipe, ou, après 1968, prolonger la fête avec un certain "pouvoir" d'achat dans une société de consommation encore vivace. Le système est coincé en lui-même, ce que n'ont pas compris et les tenants libéraux du système et les ringards marxistes de secte, incapables de prendre la mesure de la haine de classe de l'élite et de la détermination basique de la classe ouvrière classique, débarbouillée de toute illusion syndicale. L'explication est simple et découle de ce que j'ai déjà souligné au cours de plusieurs articles : la dépossession de la classe ouvrière ne pouvait pas durer. Les cours, non de la Bourse, mais de la morale antiraciste et écologique (et antifa de salon) de la bourgeoisie s'effondent. Son oecuménisme mondialiste qui se faisait presque passer pour un antiracisme internationalisme n'était que le cache-sexe du repli frileux de la bourgeoisie dans ses « cités Etat » qui dédaignent le cadre national pour multiplier les profits, non pas en déplorant la fin de l'Etat providence (idéologie de la gauche morte) mais en se fichant carrément des millions d'exclus qui n'avaient pour tort que d'être, peu avant, d'excellents ouvriers et employés mais que l'on jette à crever comme au moment des guerres mondiales. Christopher Lasch et Christophe Guilluy ont bien vu le basculement, auquel reste aveugles nos retraités révolutionaires en peau de lapin et « gréviculteurs » :
« Jamais des classes dominantes n'avaient déveoppé un tel mépris de classe, une telle volonté de s'extraire de la société. Revendiquant des valeurs universelles, les classes dominantes occidentales n'ont en réalité cessé de se singulariser. Dans aucune autre partie du monde on ne trouve des classes dominantes et supérieures qui aient sciemment sacrifié leur classe moyenne et in fine la société elle-même.Si les élites monialisées participent partout à la même captation des richesses et au même abandon du bien commun, dans aucun pays on ne croise des classes dominantes qui se sont autant dépouillées de leur histoire, de leur culture, de leur caractère national. Jamais une classe médiatique, politique et universitaire n'a autant dénigré, ostracisé, insulté son propre peuple duquel elle se retrouve isolée. Isolée également du reste du monde qui ne supporte plus non plus ses leçons de morale »4.

Dans l'immédiat le gouvernement français a perdu toute autorité, même si son président fait le beau un peu partout à l'étranger qui risque d'être son Varennes. S'il y a indubitablement un côté révolution de 1789 au début (comme en 1968) le mouvement est en train de prendre un tour révolution d'Octobre. C'est à dire, sans vouloir fabuler, que c'est réellement la classe ouvrière telle qu'elle est aujourd'hui, pas étanche à d'autres couches, parce que celles-ci sont aussi prolétarisées - cadres, professions artisanales qui par leur manaque à gagner ressemblent plus au pauvre artisan du 19e, le fameux entrepreunariat contrairement à ce que croient des imbéciles ne fait pas des prolétaires qui y recourent des patrons – et qui avance comme toujours dans les grands moments dans l'anonymat et désarçonne la bourgeoisie - « élisons des anonymes » slogan de la Commune de 1871.
La profonde pression de cette classe, que tant de spectateurs superficiels prirent pour une jacquerie ou d'un mouvement contrôlé par des automobilistes petits bourgeois 5, dépasse chaque jour, depuis le 17 novembre les analyses et prédictions des uns et des autres. Quelques heures à peine aujourd'hui après la soirée des bobos récupérateurs mais minables place de la République, la crise s 'aggrave plus encore, faisant s'essouffler même les commentateurs de BFM. La députaille macroniste est menacée chaque jour chez soi, leurs permanences dégradées, des centaines de radars défoncés, pas peinturlurés mais détruits, brûlés. A tous les bons organisateurs le mouvement répond « nous n'en vouons pas », à refus de négociation refus de délégation. Le mouvement poujadiste eu immédatement un ténor et ne concernait que le petit commerce et la petite bourgeoisie rurale. Je n'ai pas arrêté de le dire sur les blocages où j'étais présent, même s'il y a souvent des autoproclamés ce n'est qu'à un niveau technique. Le soutien des partis de droites et d'extrême droite n'est pas gênant, il est peureux (pas de violence, non à la violence disent les LePen et autres Dupont-Aignan et le petit Ciotti). La violence de rue elle-même ne choque personne. Violence aussi face aux discours des journalistes et des gauchistes qui leur demandent de se structurer, « d'entamer un dialogue ». Mais violence contenue bien plus intense dans le refus de se soumettre aux directives des mille conseillers en organisativite, à organiser VITE pour ficeler VITE. La force du mouvement est alors dans sa lenteur alors que le pouvoir comptait sur sa brièveté ou son épuisement.

UNE CRISTALLISATION DE DIZAINES D'ANNEES DE TRAHISONS

J'a dit immédiatement au début que ce n'était que la goutte d'eau, pas parce qu'on appauvrissait brutalement sans crier gare au non de la mystifivation écologique des milliers et des milliers de prolétaires mais aussi des artisans (que le CCI envisage peut-être d'enfermer dans de nouveaux goulags), mais aussi et surtout le cumul de sales défaites empilées grâce aux traîtres syndicaux dans les grands secteurs publics, pour les retraites (la proche goutte sera une louche : la diminution des pensions de réversions qui touchera surtout les femmes de la part d'un gouvernement... féministe). Ce que la gauche de la gauche et l'ultra-gauche de l'extrême gauche ne pigent pas, ne peuvent pas piger c'est que la grève corporative ne sert plus à rien, est toujours étouffée par les bonzes syndicaux. Nulle part les grèves n'ont initié de révolutions6, même si elles les ont confortées ou même combattues ; la grève généralisée de mai 68 n'a pas débouché sur une révolution et les grèves contre l'autoritarisme du pouvoir bolchevique, si elles étaient légitimes, n'étaient pas révolutionnaires. Les commentaires les plus odieux et faussaires viennent d'une secte que je suis obligé de mentionner ici, je ne voulais en parler qu'en annexe, mais qui résume assez bien la pensée GAUCHISTE SYNDICALISTE :

«  L’ampleur de ce mouvement interclassiste s’explique par la difficulté de la classe ouvrière à exprimer sa combativité du fait de toutes les manœuvres syndicales de sabotage des luttes (comme on l’a encore vu récemment avec la longue “grève perlée” à la SNCF).. C’est pour cela que le mécontentement contre les syndicats qui existe au sein de la classe ouvrière est récupéré par ceux qui ont lancé le mouvement. Ce que beaucoup de supporters du mouvement des “gilets jaunes” veulent faire passer, c’est que les méthodes de lutte des salariés (grève, assemblées générales souveraines et manifestations massives, comités de grève…) ne mènent à rien. Il faut donc faire confiance maintenant aux petits patrons (qui protestent contre les taxes et l’augmentation des impôts) pour trouver d’autres méthodes de lutte contre “la vie chère” et rassembler tout le “peuple de France” ! ».

Décryptons ce pédagogisme abscons et assez stalinien finalement, comme leur fonctionnement oligarchique et paranoïaque. L'interclassisme, ce truisme passe-partout qui attend une classe pure ne veut rien dire au début des grands mouvements sociaux; à ce titre les débuts des révolutions russes sont interclassistes, il y a même des millions de paysans aux côtés des ouvriers... Des gens malintentionnés (probablement l'ultra droite) sont apparus pour se charger de récupérer le mécontentement à l'égard des syndicats pour empêcher que la colère de certains prolétaires (les petits blancs provinciaux) n'utlisent cette belle forme de lutte historique... qui ne mène jamais à la révolution et qui n'est que succession de défaite, au lieu de quoi ces ouvriers « interclassistes » se sont mis à obéir à des petits patrons concernant « la vie chère » (encore des guillemets pour une notion étrangère au bon fonctionnaire en retraite) avec « d'autres méthodes de lutte » ! Parce que la grève serait restée la SEULE forme de blocage, parce que la grève est devenue une merde parce qu'il faut demander l'autorisation aux hirarchies syndicales, et il pourrait aussi déplorer que ces blocages ne soient pas déclarés... donc petits bourgeois !

Quant à la Marseillaise reprises en certains je rappelle qu'elle était la chanson reprise par les ouvriers russes en révolution et dans plien d'autre pays ? Quant à l'invocation du « peuple de France » si cet idiot avait lu ce que j'ai développé à la suite de Guilluy, il n'ignorerait pas le facteur déterminant de la dépossession du prolétariat de son internationalisme, de son antiracisme naturel par l'idéologie mondialiste des villes Etats qui avec leurs idéologues de l'élite et les gauchistes qui font du révisonnisme avec toutes les histoires nationales et remplacent la lutte des classes par la lutte des races, la lutte internationale par la lutte pour une transition écologique aux ordres et sous la férule des voleurs dominants. Comment invoquer l'internationalisme quand il est ridiculisé par la novlangue antifa et antiraciste, les leçons de pédagogie gouvernementale, quand les ouvriers nationaux sont jetés à la poubelle comme dans les tranchées de 14-18 pour un monde plus écolo contre des nations-diesel ? Les ouvriers blancs puent le diesel dès qu'ils empruntent des voies hors des impasses syndicales ! C'est ce qui explique le succès (fort provisoire) des Chevènement, Le Pen, etc.

Les grandes césures historiques révolutionnaires naissent toujours de paradoxes. La Commune de Paris n'a-t-elle pas commencé par un élan patriotique ? La révolution de 1917 n'a-t-elle pas été provoquée par le désir de paix, la faim et suivie de la terre aux paysans, avant de pouvoir se transmuer en lutte générale pour le socialisme ? Je joins pour les vieux oublieux du CCI les explications de Lénine aux puristes ouvriéristes et divers autres réformistes qui se branlent avec le goupillon « classe ouvrière ».
Ce n'est pas le moindre paradoxe que la bagnole, symbole du bien-être et du conformisme individualiste ait été au centre de la fracture mais parce qu'elle concerne tout ce monde obligé de se rendre au travail avant de partir en vacances. Ce n'est pas un problème corporatif. Les grèves corporatives ne se généralisent jamais parce qu'elles ne concernent que des problèmes limités à l'entreprise. L'originalité de ce mouvement je l'ai caractérisé comme échappée belle, parce que c'est par ce trou de serrure que le prolétariat pouvait aller chercher l'oxygène pour bloquer le système. On a dit jadis que la classe ouvrière avait disparu, puis on a assisté à mille défaites mille recommencement où d'un côté les syndicalistes trotskiens assuraient qu'ils ne trahiraient plus avec les syndicats les prochaines fois et les bobos ultra-gauches que les prochaines grèves se généraliseraient. Tout le monde pensait généralement que le bonapartisme de Macron était rude mais pouvait rester intraitable avec ses réformes-attaques car partout, à chaque fois, les luttes, courtes ou longues, étaient défaites. Cela ne pouvait pas durer sauf pour les bobos qui ignorent la misère et la colère sourde et ancienne dans une classe historique qui n'a pas besoin d'avoir été à l'université pour retrouver ses réflexes de classe. Et les voici ces réflexes intangibles :

  • quand la lutte déborde elle est comme un fleuve, elle s'étend, pas besoin de guide, d'association caritative ou de machines (syndicales) à arrivistes ;
  • quand se pose la question d'une délégation, elle est éligible et révocable ; depuis le début aucune délégation n'a été considérée comme urgente ni validée (ce qui est étranger au poujadisme et au syndicalisme de gauche bobo) ; la première délégation de gilets jaunes n'a rien décidé et a filmé en secret le débat avec le sous-ministre, mieux la deuxième réunion prévue avec 8 délégués a été annulée parce que le gouvernement refusait que les débats soient filmés en direct et visibles par tous les français, ce qui rappelle l'exigence des ouvriers polonais en 1980 bien oubliée par tous les syndicats et partis qui cultivent les négociations secrètes et la gloire des leaders ; le seul porte-parole qui s'est pointé les mains dans les poches mais un peu bizarre (comment et pourquoi a-t-il décidé de venir seul?) a informé bizarrement  que les
    fake new?
    délégués avaient été menacés de mort s'ils négociaient quoique ce soit, questionné immédiatement par une journaliste si ces menaces venaient de l'ultra droite ou de l'ultra gauche, le jeune homme répondit de aucun des deux mais de ceux qui sont exaspérés et que cela ne recouvre aucun courant particulier ; évidemment la bourgeoisie ne va pas se gêner pour traiter ce fait comme marque de terrorisme du mouvement ou radoter sur l'ultra droite, mais on s'en fout, c'est une loi des révolutions, les traîtres se font éliminer. Jacline avait raison d'évoquer l'évolution vers une situation très dangereuse. Cela ne veut pas dire que les bourgeois vont tous enfiler un gilet jaune pour protéger leur peau, mais qu'on pourra voir se développer un terrorisme personnel et voir des élus collabos de l'extension de la misère se faire descendre comme dans les années de plomb, probabalement plus par des éléments venus de la bobologie que du milieu ouvrier. L'histrionisme était soixantehuitard, l'anonymat est la force de 2018.
  • Après la spontanéité et le refus de l'organisation à tout prix, et l'exigence de révocabilité des représentants qui est une tradition ouvrière pas du tout populiste, le mouvement s'inscrit dans la durée refusant ainsi tout pion du gouvernement, au lieu de céder à la pression pour « négocier au plus vite », ce qui arrangerait le gouvernement qui va être enfermé dans la poisse de ces trois mois où ça va bloquer ou dégénérer partout.

Je ne vais pas vous dire que l'issue à la crise majeure pourrait se résoudre par la création d'un parti de classe, qui sera indispensable mais il faudra vraiment qu'il se dise et reste en dehors du pouvoir transitoire sur la société ; même le slogan « le pouvoir aux travailleurs » a toujours été une coquille vide et jamais les travailleurs n'ont eu le pouvoir dans une révolution. Ce que porte le projet originel du marxisme ce n'est pas, à la façon des trotkistes, des maoïstes et autres libérateurs nationaux de « s'emparer du pouvoir » mais d'ouvrir une période de transition (pas à la farce climatique) au socialisme où un gouvernement de toute la société, sauf les principales anciennes couches exploiteuses, s'exercera jusqu'à devenir inutile et ne sera surtout pas aux mains d'un parti.
Tout cela est contenu dans l'actuel mouvement où les tentatives multiples de récupération par ce pauvre gouvernement ou tous les experts en « pouvoir populaire » ou « peuple au pouvoir » sont dans la choucroute.
Nous avons avec plusieurs amis envisagé pour l'instant, au court terme, plusieurs possibilités ce qui ne signifie pas contradictions ni accord total :
  • le mouvement persiste à détériorer l'économie du pays : les milieux patronts et fina nciers boutent dehors Macron comme la bourgeoisie italienne avait viré Mussolini en 1943 face à la grève des deux millions d'ouvriers à Turin = nouvelles élections législatives et présidentielles ;
  • Macron se sert de Philippe comme bouc émissaire de la dureté de la gouvernance, nouveau ministère avec Bayrou par exemple, mais effondremet de tout le projet macronien, Macron cotyrisé, réduit à être inaugurateur de chrysanthèmes comme les présidents de la Ive république ;
  • Philippe, meurtri par le refus et la désaffection des délégués gilets jaunes, a annoncé une grande rencontre d'un comité Théodule avec les syndicats ; son désir de ne pas discuter avec le Berger (sic) de la CFDT n'était pas une erreur mais gardait sous le coude la main tendue aux habituelles négociations secrètes ; là, vu le rejet incroyable des syndicats il va le sgriller plus vite encore ;
  • Macron dissous l'assemblée nationale, comme Chirac naguère, mais tous ses godillots lèce-cul dégagent et l'assemblée se remplit soit de délégués gilets jaunes, incultes et encore plus incapables que les godillots macronistes, soit on se retrouve dans une situation à l'italienne avec une extrême droite et une droite en miette de Le Pen à Wauquier mais sans majorité et sans un parti comparable au 5 étoiles en Italie pour contre balancer ; or électoralement le FDG est moins que rien électoralement, même les gauchistes d'hier soir sont sur la ligne de Macron : faut le garder car s'il y a de nouvelles élections les fachos seront au pouvoir, ce qui est un peu vrai mais du même calibre que Salvini, mais encore moins capables. La France n'étant pas l'Italie, on est à la quadrature du cercle, c'est pourquoi, prémonitoire ou un peu pétentieux j'avais proposé d'élire un Conseil ouvrier. Mais je me suis aperçu que localement plusieurs de mes propositions faisaient leur chemin ; et je ne prends pas pour Mirabeau, mais presque.
Le mouvement prend désormais une allure supérieure à mai 68 où le spectacle resta focalisé sur le quartier latin. Il est plus culotté parce qu'il s'en prend au principal quartier du pouvoir bourgeois et à son luxe, parce qu'il contraint le pouvoir, sans représentants et sans organisation déclarée, à afficher un arsenal de régiments policiers digne d'une préparation à la guerre civile. Il déstabilise un pouvoir qui croyait pouvoir se passer des larbins intermédiaires, lesquels vont tout faire pour éviter l'étape suivante du mouvement, avec ce qui va se passer de plus grave, vers une nouvelle grève généralisée, c'est à dire sortir de son enclave cette partie de la classe ouvrière dite provinciale pour qu'elle retrouve sa force et des méthodes d'organisation de classe qui seront inédites comme à chaque époque et toutes aussi "renversantes" pour le pouvoir "mondialisé" et "internationaliste" de l'élite régnante.
  • Demain aux Champs Elysées un seul mot d'ordre: A BAS LES SYNDICATS!



Annexes


Communiqué « officiel » n°2 « Gilets jaunes »
Nous dénonçons !

Il est important que chaque personne voulant participer à ce mouvement puisse le faire, qu'importe sa couleur. son origine, son orientation sexuelle, son sexe, sa religion. Il en va de même pour les personnes réfractaires a ce mouvement. il ne doivent en aucun cas être attaqués sur autre chose que leur positionnement politique vis à vis de ce mouvement, Non les Gilets Jaunes ne sont pas les moutons des nationalistes, fascistes et autres mouvances de tous les extrêmes au même titre que notre mouvement n'est représenté par aucun parti politique ou syndicat.
Nous dénonçons que le gouvernement taxe les plus démunis pour enrichir les quelques ultra-riches.
Nous dénonçons que le gouvernement nous taxe toujours plus alors que les services publics sont de plus en plus médiocres, Nous dénonçons la politique répressive que l'Etat a mis en place. Non aux violences policières ainsi qu'aux procès des Gilets Jaunes pacifistes. Nous voulons un droit de regard sur comment sont dépensés nos impôts. L'écologie, qui est un sujet primordial aujourd'hui, ne peut être juste un moyen de nous taxer d'avantage, surtout quand l'on connaît la faible proportion qui reviendra a cette cause indispensable. Mettez en place une vraie politique écologique et non quelques mesurettes financières. C'est pourquoi aujourd'hui nous reprenons l'appel de Coluche pour les présidentiel de 1951. pas dans un put politique pour voter, mais dans un but citoyen en menant des actions termes.
« J'appelle les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les taulards, les gouines, les apprentis, les Noirs, les piétons, les Arabes, les Français, les chevelus, les fous, les travesti, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus, tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques... »
Nous sommes pour de véritables service publics en matière d'éducation, de santé, de logement, de retraite, de transport, de l'enseignement supérieur et de la culture. L'État privatise à outrance au profit des entreprises dont les actionnaires deviennent toujours plus riches et les salaries toujours plus pauvres,
Nous ne voulons plus subir cette politique libérale. Nous appelons tous ce qui soutiennent le mouvement a rejoindre les différentes actions et a se coordonner. La lutte a commencé, elle ne s'arrêtera pas sans contreparties importantes redonnant de la dignité aux citoyens.
Les Gilets Jaunes

L'ultra-gauche bobo et ringarde

Le pauvre (en théorie) CCI-RI ne voit dans ce mouvement que des « automobilistes individualistes » qui plus est « sujet à toutes formes de récupérations politiques », « nébuleuse confuse de la petite bourgeosie » donc un poujadisme temporaire car « seul le prolétariat peut en effet offrir une réelle perspective » ; or ces cuistres se prennent pour le prolétariat qu'ils ignorent et considèrent comme « bobos des campagnes » comme leurs confrères en gauchisme. Comme preuve de leur lucidité ouvrière un argument vaut son pesant de cacahuètes pour de tels vieux antisyndicalistes : « Le monde syndical a fortement critiqué les “gilets jaunes”, tout comme les “gilets jaunes” rejettent pour une très grande partie toute emprise syndicale ».
Pourtant « l'ampleur de cette mobilisation » : «  témoigne avant tout de l’immense colère qui gronde dans les entrailles de la société, et notamment dans la classe ouvrière, face à la politique d’austérité du gouvernement Macron. La très grande majorité des “gilets jaunes” sont des travailleurs actifs ou à la retraite et paupérisés ». Déjà on se gratte l'occiput : comment un mouvement d'automobilistes « individualistes » peut-il être à ce point « un grondement des entrailles ouvrières ? ». La réponse est touchante de mépris et suppose sans doute que celui qui l'a écrite n'a même pas besoin de vélo puisqu'il ne travaille plus, qu'il est prof à la retraite, il traite avec condescendance comme Macron tous ces « gaulois » : «  ils sont là en tant que citoyens du “peuple de Franceet non pas en tant que membres de la classe ouvrière. Il s’agit très clairement d’un mouvement interclassiste où sont mélangées toutes les classes et couches non exploiteuses de la société ». Même mépris pour la pédagogie bordiguiste et le Mirabeau du blog "Révolution ou guerre": " Un tel mouvement de contestation interclassiste, initié au départ par de petits patrons, ne suscite pas l’hostilité des médias et il attire inévitablement les forces de la droite extrême ; même quand il manifeste une opposition virulente à la politique gouvernementale et aux grandes entreprises capitalistes (trust pétroliers, etc.), il ne peut avoir qu’une orientation bourgeoise. Les prolétaires qui participent au mouvement ne le font qu’à titre individuel ; n’étant pas organisés sur une base indépendante, ils ne peuvent défendre leurs intérêts spécifiques d’exploités – c’est-à-dire contre l’exploitation capitaliste : ils se retrouvent noyés dans une lutte commune avec des petits patrons, commerçants, artisans, libéraux, etc., qui eux, évidemment, défendent mordicus le capitalisme !".(igcl.org/Gilets-Jaunes-L-interclassisme-es). C'est un maximalisme religieux d'outre tombe qui n'est plus que du trotskisme avarié. Les bordiguistes n'en sont pas à leur coup d'essai raté du dogme (même plus léniniste), ils avaient dénoncé 68 à l'époque comme mouvement petit-bourgeois!
Evidemment lorsque ces nuls de "petits blancs en jaune"se sont mobilisés ils n'ont pas demandé la permission à la classe ouvrière ni au 4 tondus du CCI  ni aux trois pelés du PCI comment détenir le macaron « prolétariat », « classe déclarée », « classe garantie pur porc » et, comme on sait depuis Arlette laguiller, la classe ouvrière ne vit que dans ses usines, hors les murs elle est forcément la proie des bailleurs, des petits commerçants et des patrons routiers. Grattez l'ultra-gauche bobo, prof à la retraite et vous trouvez des guillemets à chaque besoin comme si ceux-ci étaient bizarres ou sales : « joindre les deux bouts », Comme il ne faut pas mentionner la classe ouvrière « blanche et raciste » de la périphérie, où le CCI serait inévitablement confondu avec l'idéologie antiraciste des bobos parisiens, on va expliquer que ce tronçon (hors de la cité-Etat macronienne) s'est laissé entraîner par des petits patrons, confond les initiateurs comme le génial ouvrier Routier Eric avec ses patrons, lesquels n'ont pas de TVA à payer et se sont solidarisés rapidement avec Macron, en tout cas restent passifs :

« Une partie de la classe ouvrière s’est engagée à la remorque des initiateurs du mouvement (les petits patrons, chauffeurs de camions, taxis, ambulanciers). Malgré la colère légitime des “gilets jaunes”, parmi lesquels de nombreux prolétaires qui n’arrivent pas à “joindre les deux bouts”, ce mouvement n’est pas un mouvement de la classe ouvrière. C’est un mouvement qui a été lancé par des petits patrons en colère face à l’augmentation du prix du carburant. Comme en témoignent ces mots du chauffeur routier qui a initié le mouvement : “Nous attendons tout le monde, camion, bus, taxis, VTC, agriculteurs, etc. Tout le monde !”. “Tout le monde” et tout le “peuple français” derrière les camionneurs, chauffeurs de taxi, agriculteurs, etc. Les ouvriers se retrouvent là, dilués dans le “peuple”, atomisés, séparés les uns des autres comme autant d’individus-citoyens, mélangés avec les petits patrons (dont beaucoup font partie de l’électorat du Rassemblement national – ex-FN – de Marine Le Pen) ».

Le pédagogue du parti riquiqui CCI a décrété que ces « automobilistes prolétaires » s'étaient laissé diluer dans ces pourries de « couches non exploiteuses », mais pire ils n'ont même pas pensé à cette sacro-sainte grève « et à son extension (mythique) à tous les secteurs » (qui n'a jamais existé que dans le crâne étroit du bobo ultra-gauche sinon aucune révolution n'aurait jamais eu lieu!). Mais pire encore ce mouvement est un terrain pourri, un véritable « piège » (certainement concocté par l'ultra droite...) :

« Le terrain pourri sur lequel un grand nombre de prolétaires, parmi les plus paupérisés, a été embarqué n’est pas celui de la classe ouvrière ! Dans ce mouvement “apolitique” et “anti-syndical”, il n’y a aucun appel à la grève et à son extension dans tous les secteurs ! Aucun appel à des assemblées générales souveraines dans les entreprises pour discuter et réfléchir ensemble des actions à mener pour développer et unifier la lutte contre les attaques du gouvernement ! Ce mouvement de révolte “citoyenne” est un piège pour noyer la classe ouvrière dans le “peuple de France” où toutes les cliques bourgeoises se retrouvent comme “supporters” du mouvement. De Marine Le Pen à Olivier Besancenot, en passant par Mélenchon et Laurent Wauquiez, “tout le monde” est là, de l’extrême droite à l’extrême gauche du capital, pour soutenir ce mouvement interclassiste, avec son poison nationaliste ».

Tout est faux et hors de la réalité chez ce pauvre plumitif à la retraite. Il peut y rester. La plupart de ces cliques qu'il énumère ont soit craché comme lui sur le mouvement au début, soit restent de modestes soutiens en bordure de route, effrayés eux-mêmes par sa radicalité, sa violence et sa progression lente non pour de nouvelles manifestations gériatriques de syndicalistes et de retraités mais parce que, au contraire de cette secte faux-cul nombre de retraités et d'anciens syndicalistes dégoûtés du syndicalisme sont l'ossature du mouvement avec leur expérience de tant d'échecs et de filouterie de la gauche bourgeoise et de la gauche bobo.

Chaque étape du mouvement ridicule la tardive analyse de ces gens-là, qui trichent en plus, ce texte que je cite est publié avec une date rétroactive, on ne vit pendant plusieurs jours qu'un long article concernant le décès d'Elisabeth mais rien sur le mouvement en cours, ce qui aurait à mon avis indigné Elisabeth qui fût en effet une grande dame7. Inutile de lister encore tant de felonies : des histrions qui ont voulu briller sur « la plus belle avenue du monde » (quelle bêtise de vieux bobo jaloux!), soutenus par Le Pen (répétition gauchiste et macronienne), des racistes (utilisation de faits divers marginaux à la lecture des journaux)...

La classe ouvrière ferait mieux d'aller se coucher : « Dans ce type de mouvement interclassiste, le prolétariat n’a rien à gagner car c’est toujours la petite-bourgeoisie qui donne sa couleur au mouvement (le jaune est d’ailleurs la couleur des briseurs de grève !). D’ailleurs, parmi les huit porte-paroles qui ont été désignés le 26 novembre, on compte une écrasante majorité de petits patrons ou d’auto-entrepreneurs ». Archi-faux aurait dit Lénine, même pas des arrivistes, c'étaient surtout des prolétaires et ils se sont dissous suite aux exigences du mouvement ! Comment ces petits bourgeois retraités immobiles peuvent-ils encourager ainsi au renoncement à une lutte qui est passée de la simple protestations contre la hausse des taxes à la revendication d'un SMIC à 1300 euros? Parce que ce serait partout dirigés par "de petits patrons"? Comment expliquent-ils que la plupart des jeunes "messagers" soient de jeunes ouvriers? Un ouvrier routier c'est un patron routier? Ils me font penser aux plus infantiles d'entre eux qui naguère refusaient de participer aux grèves parce qu'elles étaient dirigées par les bonzes syndicaux… et qui imaginaient qu'il suffisait d'attendre les "pures" grèves "sauvages".
Et enfin cet après-midi, jeune Jason Herbert qui est venu « par courtoisie » seul ou presque rencontrer le premier ministre, qui a raconté comment la délégation s'était dissoute, comment elle ne pouvait accepter de discuter en catimini comme les pourritures syndicalistes, non seulement fout en l'air la pédagogie petite bourgeoise du CCI, mais bouleverse tout l'échiquier à la veille de samedi. Le premier ministre avait l'air défait et les commentaires vont désormais bon train sur l'impuissance de la bande à Macron. Oui tout s'accélère sans que l'on voit la sortie du brouillard même si les médais accusent sans cesse, comme le CCI, les gilets jaunes comme catégorie indistincte qui ne va pas tarder à se façonner là où on ne les attend pas.


PETITE LECON D'HISTOIRE A L'USAGE DES PAPIES ULTRA-GAUCHES

Un nommé GAPONE...

à cette époque la majorité des que les travailleurs avaient encore peu de conscience politique (…) le zoubatovisme fut un immense pas en avant pour le développement d’une conscience de classe — la compréhension d’une opposition entre les intérêts de l’ouvrier et de l’employeur. En imitant grossièrement l’agitateur révolutionnaire — souvenons-nous que toute cette entreprise était totalement calquée sur l’agitation sociale-démocrate, là était toute l’idée — les agents de Zoubatov allaient jusqu’à promettre que le gouvernement enlèverait bientôt les usines aux employeurs et les donnerait aux travailleurs. Le gouvernement, disaient-ils, était prêt à tout faire pour les ouvriers s’ils cessaient d’écouter la « petite intelligentsia ». Dans certaines grèves, la police assista concrètement les grévistes, leur versant des soutiens, et ainsi de suite.Le syndicat policier de Saint-Pétersbourg s’appelait « l’Assemblée des Ouvriers Russes des Usines et des Ateliers. » Il avait des sections dans tous les districts de la capitale et organisait l’entr’aide et des activités culturelles, éducatives et religieuses. Il était dirigé par le pope Gapone, un aumônier des prisons protégé de Zoubatov.
Le mouvement de Gapone commença comme une entreprise des plus « loyales », innocent de la moindre tentative de se joindre à la lutte entre le travail et le capital. Son but modeste était de donner aux ouvriers l’occasion de se rassembler et de consacrer du temps dans la sobriété à des activités édifiantes. Au début, comme Gapone l’a écrit par la suite, chaque réunion dans la première salle de thé et de lecture « commençait et finissait par des prières ». Lors de l’ouverture officielle de l’Assemblée le 11 avril 1904, après qu’elle ait reçu ses statuts, un service religieux fut célébré, Dieu garde le tsar fut chanté trois fois, et l’Assemblée envoya un télégramme au ministre de l’Intérieur, « avec la requête respectueuse de déposer aux pieds de sa majesté impériale le monarque adoré les sentiments les plus obéissants d’ouvriers inspirés par leur amour du trône et de la patrie. »



Martov : « Aussi étrange que cela puisse paraître, il faut noter que les organisations révolutionnaires de Pétersbourg ont négligé la croissance et la transformation progressive de l’organisation ouvrière légale fondée par le pope Gapone, et qui était déjà passée, en automne 1904, de la forme des « Fonds d’assistance de soutien mutuel » à des espèces de clubs de travailleurs.
Lorsqu’à la fin de décembre 1904 le groupe de Gapone est entré dans une lutte ouverte contre les industriels à la suite d’un conflit aux usines Poutilov, les social-démocrates ont été complètement dépassés par les évènements.
Lorsqu’enfin les social-démocrates influencés par Gapone sont allés vers les ouvriers, on leur a tourné le dos. Leurs tracts ont été déchirés par les grévistes. Un don de 500 roubles du comité social-démocrate a même été « reçu avec réticence ».


LENINE A PROPOS D'UNE PETITION
« Nous, ouvriers, habitants de Pétersbourg, nous venons à Toi. Nous sommes des esclaves misérables, humiliés ; nous sommes accablés sous le despotisme et l'arbitraire. Notre patience étant à bout, nous avons cessé le travail et prié nos maîtres de nous donner au moins ce sans quoi la vie n'est qu'une torture. Mais cela nous a été refusé ; selon les fabricants, cela n'est pas conforme à la loi. Nous sommes ici des milliers et, comme tout le peuple russe, nous sommes privés de tous droits humains. Tes fonctionnaires nous ont réduits à l'esclavage. »La pétition énumère les revendications suivantes : amnistie, libertés civiques, salaire normal, remise progressive de la terre au peuple, convocation d'une Assemblée constituante élue au suffrage universel et égal. Elle se termine par ces mots : « Sire ! Ne refuse pas d'aider Ton peuple ! Abats la muraille qui Te sépare de Ton peuple ! Ordonne que satisfaction soit donnée à nos requêtes, fais-en le serment et Tu rendras la Russie heureuse ; sinon, nous sommes prêts à mourir ici même. Nous n'avons que deux chemins : la liberté et le bonheur ou la tombe. »
On éprouve une impression étrange en lisant aujourd'hui cette pétition d'ouvriers incultes et illettrés, conduits par un prêtre patriarcal. On ne peut s'empêcher de tracer un parallèle entre cette pétition naïve et les actuelles résolutions de paix des social-pacifistes, c'est-à-dire de gens qui veulent être des socialistes, mais ne sont en fait que des phraseurs bourgeois. Les ouvriers peu conscients de la Russie d'avant la révolution ne savaient pas que le tsar était le chef de la classe dominante, plus précisément celle des grands propriétaires fonciers, déjà attachés à la grande bourgeoisie par des milliers de liens et prêts à défendre leur monopole, leurs privilèges et leurs profits par la violence, quels que soient les moyens. De nos jours, les social-pacifistes qui veulent passer pour des gens « hautement cultivés » — sans plaisanter ! — ignorent qu'il est aussi sot d'attendre une paix « démocratique » des gouvernements bourgeois poursuivant une guerre impérialiste de rapine qu'il était de croire que des pétitions pacifiques pourraient inciter le tsar sanglant à accorder des réformes démocratiques. Pourtant, il existe entre eux une grande différence : c'est que les social-pacifistes d'aujourd'hui sont dans une grande mesure des hypocrites qui cherchent, par des suggestions discrètes, à détourner le peuple de la lutte révolutionnaire ; tandis que les ouvriers incultes de la Russie d'avant la révolution ont prouvé par leurs actes, leur droiture de gens éveillés pour la première fois à la conscience politique. Et c'est précisément dans cet éveil d'immenses masses populaires à la conscience politique et à la lutte révolutionnaire que réside la portée historique du 22 janvier 1905. « Il n'y a pas encore en Russie de peuple révolutionnaire », écrivait deux jours avant le « Dimanche sanglant » Monsieur Piotr Strouvé qui était alors le leader des libéraux russes et qui publiait un organe illégal, libre, édité à l'étranger. Tant paraissait absurde à ce chef « hautement cultivé », présomptueux et archistupide, des réformistes bourgeois, l'idée qu'un pays de paysans illettrés pût enfanter un peuple révolutionnaire ! Tant les réformistes de l'époque étaient profondément convaincus — tout comme le sont ceux de nos jours — de l'impossibilité d'une véritable révolution ! Avant le 22 janvier (le 9 janvier ancien style) 1905, le parti révolutionnaire de Russie groupait une poignée de gens ; les réformistes de l'époque (tout comme ceux d'aujourd'hui) nous appelaient par dérision une « secte ». Quelques centaines d'organisateurs révolutionnaires, quelques milliers de membres d'organisations locales, une demi-douzaine de feuilles révolutionnaires paraissant tout au plus une fois par mois, publiées pour la plupart à l'étranger et introduites clandestinement en Russie au prix d'incroyables difficultés et de grands sacrifices, voilà ce qu'étaient à la veille du 22 janvier 1905 les partis révolutionnaires de Russie, et avant tout la social-démocratie révolutionnaire. Cela donnait en apparence aux réformistes bornés et prétentieux le droit d'affirmer qu'il n'y avait pas encore de peuple révolutionnaire en Russie. Mais, en quelques mois, les choses changèrent du tout au tout. Les centaines de social-démocrates révolutionnaires furent « subitement » des milliers, et ces milliers devinrent les chefs de deux à trois millions de prolétaires.
Rapport sur la révolution de 1905 par Lénine (9 janvier 1917)



NOTES 


1Le jeune Trotsky est encore plus fin : « La société libérale crut longtemps que la personnalité de Gapone recélait tout le mystère du 9 janvier. On l’opposait à la social-démocratie comme un chef politique qui aurait eu le secret de séduire les masses, tandis que les social-démocrates ne formaient, disait-on, qu’une secte de doctrinaires. On oubliait qu’il n’y aurait pas eu de 9 janvier si Gapone n’avait trouvé sur son chemin plusieurs milliers d’ouvriers conscients qui avaient passé par l’école socialiste ».
2Dans un autre journal est ajoutée la précision suivante : « Le député de Seine-Saint-Denis ne cache pas une des réalités politiques du moment : une course s'est engagée entre sa famille politique et « l'extrême droite afin de tirer une majorité de gilets jaunes, mouvement illisible et inclassable (contrairement au CCI qui l'insulte comme « jaune » et « populiste » vf. JLR) du bon côté de la force. François Ruffin est sur la même longueur d'onde. C'est pour cette raison qu'il s'est lancé dans cette course folle, celle de convaincre les bobos, les « éduqués des grandes villes » de rejoindre « la lutte » afin de faire pencher la balance du bon côté idéologiquement , et « arracher la victoire » . Pour le fondateur du journal Fakir, « ce n'est pas seulement le prix de l'essence mais le blocage du quinquenat de Macron » qui se joue ».
3Connement d'ailleurs, je donne mon nom et numéro de tél, en plus ils m'avaient demandé de dire ce que j'allais déclarer, but de zèle et Belzébuth ! Ne donnez jamais vos noms à ce genre de parti et un faux téléphone. Mais je le donnerai sans problème aux flics sur les Champs samedi, car ils l'ont déjà. Et je laisserai fouiller mon sac à dos où les flics pourront trouver mon arme secondaire, mon gilet jaune mais pas mon arme principale, ma gueule. Je suis très obéissant au vœu de l'antifacsiste d'opérette Castaner : «Nous fouillerons les sacs pour éviter qu’il y ait des armes par destination et que nos forces de l’ordre soient des victimes, surtout que nous savons que l’ultra gauche et l’ultra droite, comme ça avait été le cas la semaine dernière pour l’ultra droite en particulier au début de la matinée, se mobilisent pour venir une nouvelle fois casser».

4Guilluy p.178). Le livre fourmille d'observations remarquables sur ce faux internationalisme de la bourgeoisie et sur l'utilisation de mythes en déclin que notre pauvre mouvement révolutionnaire maximaliste avait dénoncé pendant tant d'années sans être entendu, et qui, maintenant que les choses se clarifient brutalement, est impuissant et tourne le dos à la réalité : « L'arme de l'antifascisme étant de moins en moins efficace, la classe dominante utilise désormais une technique d'enfumage plus subtile pour se protéger : le « c'est plus compliqué que ça » (p.114)
5La plus lamentable secte qui a plagié le discours bourgeois et signé sa perte est évidemment le CCI : « Par son “apolitisme” affiché et ses appels à la “mobilisation citoyenne”, largement relayés par les médias, ce mouvement se situe non pas sur le terrain de la lutte de la classe ouvrière mais sur celui sur de l’inter-classisme et de l’idéologie petite-bourgeoise ».
6Proudhon qui était contre la grève comme moyen de lutte sociale avait tort en son temps, il n'aurait plus tort aujourd'hui !
7Ils ont même l'insigne culot de faire croire qu'ils étaient sur les Champs : « témoignages recuillis par des militants du CCI présents sur les Champs Elysées ». Il n'y a plus un quelconque militant du CCI à Paris depuis des années.

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