"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 26 janvier 2013

POURQUOI J’AI TUE MON PATRON AVANT DE ME SUICIDER ?




PREMIERE PARTIE : UNE CLASSE OUVRIERE SANS CONSCIENCE ?

Aux licenciés de Goodyear à Amiens et à tous les autres…

« ...(Tout produit est un appât avec lequel on tâche d'attirer à soi l'être de l'autre, son argent ; tout besoin réel ou possible est une faiblesse qui attirera la mouche dans la glue de l'exploitation universelle de l'essence sociale de l'homme, de même que chacune de ses imperfections est un lien avec le ciel, un côté par lequel son coeur est accessible au prêtre ; tout besoin est une occasion pour s'approcher du voisin avec l'air le plus aimable et lui dire : cher ami, je te donnerai ce qui t'es nécessaire ; mais tu connais la condition sine qua non, tu sais de quelle encre tu dois signer le pacte qui te lie à moi : je t’étrille en te procurant une jouissance). L'eunuque industriel se plie aux caprices les plus infâmes de l'homme, joue l'entremetteur entre son besoin et lui, excite en lui des appétits morbides, guette chacune de ses faiblesses pour lui demander ensuite le salaire de ses bons offices.
Cette aliénation apparait d'autre part en produisant d'un côté le raffinement des besoins et des moyens de les satisfaire, de l'autre le retour à une sauvagerie bestiale, la simplicité complète, grossière et abstraite du besoin ; ou plutôt elle ne fait que s'engendrer à nouveau elle-même avec sa signification opposée. Même le besoin de grand air cesse d'être un besoin pour l'ouvrier ; l'homme retourne à sa tanière, mais elle est empestée par le souffle pestilentiel et méphitique de la civilisation et il ne l'habite plus que d'une façon précaire, comme une puissance étrangère qui peut chaque jour se dérober à lui, dont il peut chaque jour être expulsé s'il ne paie pas. Cette maison de mort, il faut qu'il la paie ». Marx (Manuscrits de 1844)
« Tout ce que le prolétaire peut faire pour rendre sa condition plus sûre n'est qu'une goutte d'eau dans la mer, si on le compare au déluge de hasards auxquels il est soumis, et sur lequel il n'exerce pas le moindre contrôle... Son caractère et son genre de vie sont naturellement marqués par de telles conditions d'existence. Toutes ces conditions réunies interdisent aux prolétaires de prévoir les conséquences qu'engendrent leurs actes. Ils sont condamnés à l'égarement. » . Engels (cf. mon livre « Marx était-il dépressif ?)
« Selon moi tous les internements sont arbitraires (…) Je sais que si j’étais fou, et depuis quelques jours interné, je profiterais d’une rémission pour assassiner avec froideur un de ceux, le médecin de préférence, qui me tomberaient sous la main. J’y gagnerais au moins de prendre place, comme les agités, dans un compartiment seul ». André Breton
Hier soir avons regardé avec intérêt le téléfilm d’Arte  Harcèlement (Mobbing), téléfilm allemand réalisé par Nicole Weegmann. C’est l’histoire d’un employé municipal, cadre chargé de l’animation de la vie de la cité, qui, pris en grippe par sa responsable hiérarchique, est progressivement mis au placard, voit ses idées pillées, est humilié puis licencié pour « faute professionnelle » inventée. Ce n’est qu’un téléfilm pas trop soigné et un peu artificiel au début mais qui prend peu à peu de la profondeur humaine. La vie intime du cadre est peu à peu bouzillée. Il délaisse enfants, femme et amis. Personne ne peut plus le comprendre bien que tous veuillent péter la gueule à la cheffe perverse. Le couple principal d’acteurs finit par jouer de façon excellente la dramatique situation, résume toute l’angoisse des prolétaires en général : perte inéluctable de la « tanière » avec jardin et chaîne hifi, terreur de ne plus pouvoir se nourrir sauf à tomber dans l’assistance humiliante. Happy end : le prolétaire indûment licencié gagne son procès, est indemnisé, réintégré mais dans une fonction plus que subalterne – il est confiné dans une baraque de chantier pour traduire du danois en français, traductions vouées au panier – qu’il cache à sa femme, laquelle découvre le placard misérable où son homme est cloîtré et part avec la poussette et l’enfant grand, larme à l’œil.
Sujet rarement traité dans le milieu artistique (pourtant habitué aux humiliations des caïds de ce milieu) le harcèlement professionnel a fait l’objet de quelques livres et de propositions de lois syndicales. Pures fumisteries puisque ledit harcèlement est immémorial et consubstantiel de l’exploitation salariale : il a toujours fallu un chefaillon, porion, contremaître, chef de service ou DRH pour contraindre au travail et au rendement. Il ya toujours eu de vrais salauds et de moins salauds pour les critères exigés pour le commandement industriel, plus retord que le simple commandement militaire mais nullement différent dans le fond.
Marx, hors du syndicalisme anarchiste imbécile revendicativiste et des politiciens parasites, conchie le capitalisme en ce qu’il atrophie le développement des sens et des capacités de chaque individu dans les sphères du travail et de la consommation : « Chacun de ses rapports humains avec le monde, la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher, la pensée, la contemplation, le sentiment, la volonté, l'activité, l'amour, bref tous les organes de son individualité » (Manuscrits de 1844). Car « à la place de tous les sens physiques et intellectuels est donc apparue la simple aliénation de tous ces sens, le sens de l'avoir ».
La notion de harcèlement, objet passif d’une mode oubliée, revêt diverses formes et d'actes visant tous à déstabiliser le prolétaire concerné. Le harcèlement peut se définir par la méthode utilisée et les effets recherchés, qu'ils soient atteints ou non, mais n’est pas reconnu évidemment par la législation bourgeoise quoiqu’en dise la bave des journalistes serviles . Il peut s'agir d'une répétition injustifiée d'actes dévalorisant, de dénigrement et montage d’une accumulation de comportements fautifs qui aboutissent à une dégradation de la santé mentale et physique du prolétaire des bureaux ou des usines, qui débouche (l’accumulation primitive) sur le suicide de l’impétrant et extrêmement rarement (because éducation bridante) au meurtre médico-légal. L’élite de l’intelligentsia d’Etat bourgeois comme ses supplétifs professeurs de l’ultra-gauche ont affirmé leur mépris de la classe ouvrière, comme classe inconsciente et suicidaire, en l’enterrant comme « couche de consommateurs », corvéables et jetables dont l’impuissance est confirmée par les lamentables lamentations syndicales à chaque « plan social ». Ils appliquent ainsi les règles et contraintes de leur dite « société de consommation » à ses victimes « travailleurs forcés » qui ont sont pourtant les producteurs et à qui on a refilé de faux besoins, ceux des dominants aliénés, en plastique et en toc.
Le nombre élevés de suicides de la période contemporaine du capitalisme confirme non seulement l’atomisation des prolétaires, mais surtout l’absence de théorie révolutionnaire « consolatrice » comme dans les années 1960 à 1980. Pour les commentateurs dominants de l’idéologie unique et totalitaire, se révolter de nos jours contre sa condition ne peut conduire qu’au suicide et d’en exhiber les multiples exemples de suicides « désespérés » en entreprise ou en lien avec « la boite », sans rien raconter de l’arrière-plan et sans se douter de ce qui se passe réellement dans la tête des prolétaires désespérés. La vérité est celle-ci : il existe un vieux « terrorisme prolétarien » enfoui, hérité de l’anarchisme dixneuviémiste. Combien de fois n’ai-je pas entendu mes frères de classe, humiliés ou au placard, invoquer le recours au « pétard » ou à la « mitrailleuse », puis baisser la garde et rentrer dans le rang et replonger dans la solitude prolétarienne.
Ayant moi aussi été longtemps victime du « placard » et des humiliations des « petits chefs », j’ai eu recours à cette forme de littérature pamphlétaire qui m’a évité de « recourir à l’acte » (par lâcheté), et aussi d’abandonner le marxisme bcbg parlementariste et du grand soir éternel pour la prison éternelle. Voici ce qu’un petit public pouvait lire le 18 juin 2001 dans ma modeste feuille

LE P
ROLETARIAT UNIVERSEL N°20
Best off du crime médico-légal
à mon défunt et estimé voisin de Malakoff, Jean-Patrick Manchette,

   Mon témoignage ne souffre pas la contestation, mon cher lecteur. De là où je te parle plus rien n’a d’importance. Certes ma voix est inaudible à côté des affreux coups de marteau avec lesquels ils ont grossièrement fixé mes quatre planches, mais tend l’oreille attentivement. Je ne souffre plus, c’est l’essentiel avec ma vérification irréfutable de l’inexistence du Bon Dieu et de la bêtise de Heidegger. Je souffrais de l’absence de reconnaissance de ma hiérarchie. Je ne nie pas qu’il y avait une bonne part d’ingratitude de ma part. Je n’avais jamais accepté de ramper. J’imaginais pourtant qu’ils finiraient par admettre mon indépendance sauvage, voire qu’ils se mettraient à admirer le loup qu’ils tenaient en cage. J’avais la haine parmi vous les vivants. Cela faisait longtemps qu’ils m’avaient donné envie de me faire sauter le caisson. Je remettais sans cesse au lendemain avec ce simple argument de moi à moi-même : d’accord mais pas tout seul ! Je m’étais procuré un gros flinguo (S&W)au marché aux puces avec ma prime des 30 ans de boite et j’avais attendu la réunion de l’encadrement du mercredi. Cela faisait trop longtemps que l’élite gâchait mon intelligence. On néglige ainsi des millions d’intelligences en ne recherchant que l’émulation financière, pensais-je dans mes moments de lucidité.
Jusque là ma vie n’avait été que celle d’un pauvre type mis au placard . J’avais beau me dire : t’es pas tout seul Jeff ! Rien n’y faisait. Bien sûr je m’étais mis en fureur en apprenant la semaine précédente que le voisin, employé à Franchetélécon, avait été trouvé pendu visage noirci dans son logement, une semaine trop tard. Il avait 53 ans. Il était au placard depuis des années. Le commanditaire de son geste était en route sur l’autoroute du sud au volant de sa Beetle et ne s’était pas encore écrasé au fond d’un ravin.
Bien sûr mon gouvernement socialiste avait mis fin au honteux et inique harcèlement sexuel, mais moi on ne m’avait jamais mis la main au cul. Quand ma ministre de l’injustice, Elisabeth Guigounette dénonçait le harcèlement moral sous les lambris matignonesques j’avoue que j’avais envie de lui mettre la main au cul et de lui rouler un patin à ses lèvres siliconnées. Pour tout dire je me sentais incompris et misogyne face à toutes les viragos de ma hiérarchie. Naturellement limité dans mon vocabulaire, ces histoires de harcèlement me semblaient être plaquées par l’élite sur ma condition ouvrière. Même le mot psychologique de persécution ne me semblait pas convenir aux vacheries de mon contremaître. Comportement de nazi, çà me semblait plus juste de le qualifier ainsi. Mais les lois de mon gouvernement socialiste n’avaient pas prévu de décret contre le « comportement de nazi ». J’avais soulevé l’objection à un militant ultra-gauche et il m’avait répondu que j’étais un gros naze car le nazisme n’existe plus.
Certains font la chasse aux autographes, découpent les articles consacrés à la chasse aux papillons ou à Claude François. Moi je découpais tous les articles sur les crimes médico-légaux. Comment il avait fait celui-là pour passer à l’acte, flinguer son patron et ses collègues qui avaient eu la promo à sa place. Est-ce qu’on allait le féliciter en prison ? Est-ce que sa famille toucherait quand même l’héritage ? Je relisais sans cesse les articles de Libé sur le gars du BHV. Le pauvre, il avait réussi à se faire embaucher après un parcours adolescent marginal. Il était intégré à son job. Il avait besoin d’un crédit pour se mettre en ménage. Mais Monsieur le contremaître s’y était opposé. Il l’avait donc attendu à la sortie du boulot pour lui mettre naturellement son poing dans la gueule. C’est clair ! Le lendemain il était convoqué en conseil de direction où le contremaître avec son œil au beurre noir lui annonçait son congédiement. Rien que de très banal jusque-là, me diras-tu lecteur. Attends ! Grave le gars ! Le gars il était de ma trempe, un mec à pas laisser faire éternellement. Il descend aux vestiaires des ouvriers. Dans son placard en fer il prend son flinguo et remonte à la surface direction le bureau d’encadrement. Et le voilà qui ramène l’ordure dans le sous-sol, au milieu des ouvriers.
- à genoux, lui dit-il.
Puis, pendant une heure il lui dit ses quatre vérités. Il lui fait honte de son comportement de nazi contre les employés. Il conclut enfin :
- tous les deux on partira au ciel, pour l’instant c’est toi qui part le premier, Dieu jugera qui de nous deux a eu tort ou raison.
Et bing une bastos dans la tête. Notre héros prend ensuite la poudre d’escampette dans le métro et part se planquer quinze jours en forêt de Fontainebleau. Affamé il est obligé de se rendre à l’injustice de son pays et passe en jugement. Défilé de la famille éplorée évidemment. Sa femme témoigne de son extrême gentillesse au foyer. Puis défilé des collègues :
- oui , il pouvait être gentil dans sa vie privée mais avec nous il se défoulait, oui oui c’était une ordure !
Pour ce type j’aurais voulu être visiteur de prison, non pas pour lui faire la morale mais pour le féliciter de nous avoir symboliquement et physiquement vengé nous les humiliés et les offensés du quotidien dans la corvée salariale. Mais dans la presse ils ne donnent jamais les noms des types formidables, victimes inconnues jetées aux fers par les lois du patronat et de l’Etat socialiste.
J’aurais voulu féliciter aussi cette employée de Préfecture de Versailles mais elle ne s’était pas ratée. Après lui avoir promis l’embauche son directeur lui avait annoncé sadiquement (mot psychologique ?) qu’elle serait de toute manière virée. Loin de se suicider seule, la fille achète deux flinguos (pour être sûre de ne pas tomber en rade avec un). Pendant des semaines elle s’inscrit à un club de tir. Une fois son entraînement au point et au poing, elle se rend au boulot comme d’hab, le sac un peu plus lourd. Elle entre dans le bureau du salaud et bing bing. Puis, hélas, elle retourne l’arme contre elle.
En vérité j’ai découpé peu d’articles. On dirait que sur ce sujet il y a une conspiration du silence. Peur de l’imitation ? J’avais soigneusement gardé une cassette d’une émission d’Arte « cinq à sept » où on nous apprenait qu’aux Etats-Unis, le crime médico-légal (flinguage de patrons et de collègues lâches) est monnaie courante. C’est un récital, c’est clair. Plus de lutte de classe, une balle dans la gueule ! Plus de solidarité ouvrière, une rafale de mitraillette ! On voit des employés(ées), des ouvriers au temps de leur joie de vivre, puis après la destruction par la hiérarchie, des bêtes fauves surarmées qui préparent soigneusement avec une lourde balistique le passage à l’acte de vengeance ou d’autodestruction par la vengeance, ou de suicide social, ou de résolution des problèmes en groupe par la bombe, ou de co-mise à mort d’un enculé des ressources humaines ; tout ce que vous voudrez mais certainement pas le suicide stupide dans la solitude où on vous jette le cadavre à la fosse sans considération. Je serai Roberto Succo ou rien !
Avez-vous remarqué que les exploiteurs principaux ou intermédiaires ne vous regardent jamais en face. Je les sens à vue de nez moi. Les flics c’est pareil mais eux vous fouillent dans les poches. J’ai toujours méprisé les flics, non pas parce ce sont des immigrés de l’intérieur. Les pauvres, souvent ch’timis ou antillais, ils viennent de leur campagne, ils n’ont pas fait d’étude, ils ne sont pas très intelligents : c’est l’uniforme ou rester l’idiot du village. Je ne les plains pas, ils avaient aussi le choix d’enfiler un bleu de travail comme moi. C’est vrai que çà marche moins auprès des filles. Non, je méprise les flics parce que c’est l’administration où il y a le plus grand nombre de suicides stupides. En général, le flic moyen a été sélectionné pour son passé sado-catho. Il est testé pour sa propension à utiliser son arme contre les fils d’ouvriers de banlieues, voire contre sa propre tempe, mais jamais au grand jamais contre le commissaire ou les colonels de gendarmerie. Le flic moyen dispose pourtant d’un fabuleux destin avec ce qui lui pend, non pas entre les jambes, mais sur le côté. Son « outil de travail » peut remplacer en quelques secondes les kilos de Tranxène ou les litres de Prozac débités à plus de la moitié du personnel EDF-GDF par exemple. Triste époque où les antidépresseurs suppléent la police syndicale en entreprise ! J’avais signé la pétition d’Arnaud Montebourg pour faire mettre le serial-killer Chirac en prison… Mais si ! Tu sais bien lecteur ! Le gangster qui se fait passer pour Président de la République et qui menace de son gros revolver nucléaire les Etats voyous !
Le dernier article que j’avais parcouru dans le journal m’avait renforcé dans mes intentions. Le 8 juin, au Japon, un type que les journalistes nomment « déséquilibré » tue au couteau de cuisine 8 enfants et en blesse une vingtaine d’autres. Ce type il était complètement taré pour moi comme le Human Bomb de Neuilly, c’est clair. C’est le sociologue Kuramoto qui est déséquilibré : « Ce massacre révèle des failles profondes de notre société. La montée de l’utilisation des drogues et des tranquillisants pour faire face au stress, lié à la crise économique, l’extrême solitude des enfants, poussés à la compétition scolaire, favorisent ce genre d’éruption de violence que beaucoup de japonais croient réservés aux pays occidentaux ». J’ai trouvé ce sociologue aussi tarte que ses confrères européens. Ce genre de crime médico-illégal m’est complètement étranger. Je ne suis pas spécialement intelligent mais j’ai bien compris que c’est un adulte qui s’était introduit dans une école pour tuer des enfants innocents. Je savais encore faire la différence entre l’innocence des enfants et celle de mon patron !
.Enfin, le mercredi se levait. Je glissai mon Smith&Wesson dans ma sacoche à outils et pris la direction de la salle de réunion des encravattés. Le sourire du contremaître Luboz se figea lorsqu’il me vit entrer comme un cow boy fou dans la salle. La cadre Leprêtre poussa un cri et se mit à pleurer. Incapable d’articuler un mot, alors que je voulais faire un tribunal du peuple comme mon héros du BHV, je tirai une première balle dans le gros abdomen de Luboz qui s’effondra comme un tas de merde. Leprêtre cessa de hurler lorsque la balle l’atteignit au milieu de sa paire de lunettes. Les autres connards avaient bondi sous les tables en renversant brutalement les chaises à ordinateur et suppliaient comme jamais je ne les avais cru capables de se mettre à plat ventre. Par chance avant de me tirer une balle sous le menton, j’ai rattrapé un vieux délégué CGT stalinien, qui s’enfuyait dans le couloir, le même qui nous avait saboté tant de grèves. Je me refusai à tuer un délégué du personnel arriéré. Je lui ai juste tiré une balle dans le pied gauche pour qu’il garde toute sa vie un souvenir anti-trotskyste indélébile. Ensuite je ne me rappelle plus de rien. C’est un trou noir. Il doit y avoir le SAMU, les flics, la télé.
Je me suis réveillé pour l’éternité dans mon bocal en bois. Depuis je fais des bulles. Je me repasse en film les meilleurs moments de ma vie. Assez souvent je dois l’avouer je regarde le dernier épisode de cette vie si peu passionnante, gâchée par des mois de névroses, d’angoisses et d’échecs répétés. Mais je suis fier du final, un peu trop rapide à mon goût. Avant de prendre ma décision j’avais été assister à une réunion publique de ‘Révolution Internationale’, comme d’autres vont à confesse avant le grand saut. A la fin de la réunion ronflante comme d’hab, j‘avais été trouver le militant près de la table des publications et je lui avais fait part de mon projet de « terreur de classe ». L’autre, très indigné, m’avait fait la leçon et infligé une citation du Marx anti-aliénation (car il avait toujours son carnet de citations même à la tribune):
- pas de violence dans la classe ouvrière, avait-il martelé, ce qu’il faut détruire ce ne sont pas les individus, ce sont les rapports sociaux. D’ailleurs j’ai une explication de Karl Marx : « … l’argent est donc la perversion générale des individualités, qui les change en leur contraire et leur donne des qualités qui contredisent leurs qualités propres. […]Il transforme la fidélité en infidélité, l’amour en haine, la haine en amour, la vertu en vice, le vice en vertu, le valet en maître, le maître en valet, le crétinisme en intelligence, l’intelligence en crétinisme. Comme l’argent, qui est le concept existant et se manifestant de la valeur, confond et échange toutes choses, il est la confusion et la permutation  universelles de toutes choses, donc le monde à l’envers, la confusion et la permutation de toutes les qualités naturelles et humaines. […] C’est le capital comme puissance impersonnelle qu’il faut démolir ! Tu n’as rien compris à la lutte globale !
J’ai toisé le type de la tête au pied. Il avait le physique d’un cadre supérieur de la RATP. L’apparatchik frémit. Je pensais : une future victime du crime politico-illégal ? Et je le laissai en plan après lui avoir crié :
-          Tu seras toujours aussi con, je vais t’en foutre du capital impersonnel moi ! Toi aussi tu les couvres finalement les responsabilités « personnelles » des exploiteurs capitalistes !
Voilà lecteur ce que je voulais te chuchoter. Si tu m’admires, ne perd pas ton temps à venir porter des fleurs sur ma tombe dans le dos des keufs. On s’en fiche des fleurs et des cérémonies commémoratives dans ce terrain vague quand on vous a quitté vous les vivants. Retiens cette leçon de ma vie, pour que ma vie n’ait pas été inutile : le suicide c’est trop con (« ils » en sont trop contents) mais si tu es poussé un jour à te suicider, ne te suicide jamais seul !
Roberto Desespero

A suivre dans la deuxième partie: Les silences de la presse sur d’étranges faits divers meurtriers (ou comment la chape de plomb du silence masque la réalité du meurtre de soi-même)

PS: pour ceux qui pensent que j'exagère ou fabule, qu'ils se reportent sur daily motion, tapez: j'ai tué mon patron... vous verrez les cas nombreux, certes surtout aux Etats Unis, pays réputé pour leur lutte des classes "frustre"...mais blackout sur les plus significatifs; les médias US "n'informent" (= rendre informe) que sur les meurtres ou tentatives des plus tarés contre leurs collègues prolétaires (jalousie tu me tue) ou de type serial killer, qui permettent de simplifier ce recours ultime de certains opprimés en simple "paranoïa", "délires", "passion des armes" et autres billevesées pour stigmatiser un peu plus "l'anormal", le "fou furieux", le "déséquilibré", le "forcené" et blanchir la perversité et la violence sournoise de la hiérarchie patronale et étatique.




mardi 22 janvier 2013

Mali : La position du traître couché




Avant d’examiner la prise de position abstraite contre la guerre des maximalistes internationalistes, faisons le détour parmi les charlots bourgeois contestataires pour la galerie de l’intervention impérialiste française. C’est une tradition bourgeoise démocratique illusionniste depuis la pose antimilitariste du souverainiste Chevènement sous Mitterrand Ier de déléguer la fonction de bouffon protestataire, prêt à y perdre sa place de ministre, pour chapeauter cette partie obscure et indifférenciée de l’opinion toujours hostile aux guerres capitalistes, ou cette opinion gauchiste relative prête à soutenir Saddam, Kadhafi ou tout djihadiste pourvu qu’il se dise anti-impérialiste (Chevènement avait d’ailleurs été serrer la paluche au dictateur de Bagdad). Mélenchon, parfait toutou reconnaissant de Mitterrand avait lui aussi joué de cette partition. Deux bouffons sont à nouveau entré en piste sur ce registre qui, disons-le tout net, fait honte à Karl Liebknecht. Mamère et Mélenchon à nouveau.

Dans le web totalitaire comme sur les plateaux TV, les deux lascars rivalisent de circonvolutions autant que de courbettes chauvines. Evidemment ni la clique des Verts ni le Front de gauche n’ont voté contre la guerre à l’Assemblée des prostates éradiquées[1]. A charge aux deux pitres de nuancer leur soutien de fond à leur classe d’appartenance ruinée et obligée de se comporter à nouveau comme en 1830 en pillard manchot. Sous le verbe protestataire filtre le discours servilement pointilleux. Ce pauvre Noël Mamère qualifie de "propagande" les raisons de l'intervention au Mali, ajoutant aussitôt pour les brêles « assumer sa voix discordante «  avec ce genre de démonstration idoine qui tortille du cul sans remettre en cause le fait accompli : « J'entends la propagande, j'entends ce qui est dit par les militaires, a déclaré M. Mamère dans les couloirs de l'Assemblée. Les militaires ne font que répéter ce qu'on leur dit au plus haut niveau. Quand on dit qu'on a répondu à l'urgence, on a d'abord répondu à l'appel du président malien qui n'est que la marionnette des militaires, lesquels militaires s'apprêtaient à le déposer dans la semaine, a-t-il poursuivi. Alors qui a-t-on sauvé ? Le président du Mali ou le peuple malien ? ». Nulle remise en cause de la « gauche au pouvoir » car la cause des « dégâts collatéraux au nord du Mali » c’est Sarko ! N’a-t-il pas lui, maire de Bègles et marieur d’homosexuels, toujours : « … combattu la 'Françafrique'. Les gouvernements de droite ou de gauche qui se sont succédé n'ont fait qu'aider des dictateurs, des spoliateurs et des corrompus. Nous en payons le prix fort aujourd'hui avec cette intervention militaire", a-t-il estimé ». Le gouvernement Hollande est donc avant tout une…victime, victime en plus de cette armée malienne : « de traîne-savate, c'est une armée de familles qui n'ont pas envie de voir leurs cousins se faire descendre dans le nord du Mali ».
La pauvre chef de file marginalisée de EELV, Eva Joly, est sur la même longueur de bassin, l’intervention est « simplement discutable », et, comme Villepin et Mélanchon, elle craint « l’enlisement ». Que de touchantes sollicitudes néo-gouvernementales par ces rudes opposants à la guerre « anti-terroriste » !
La poupée gigogne du Front de Gauche impuissant à envahir le cercueil du PCF, se fend d’un communiqué répercuté par toute la presse aux ordres, lequel avance de pauvres « objections » bien franchouillardes, suivi d’une chronique explicative délirante sur son blog : 1.L’intervention s’est faite sans mandat de l’ONU ; 2. L’appel à l’aide directe du pouvoir malien actuel n’a aucune légitimité onusienne ; 3.Les intérêts de la France n’étaient pas en cause ; 4. Une décision prise sans consultation du Parlement.
Le traître professionnel rampant nuance aussitôt ces rudes admonestations au pouvoir central hollandais en tendant de ses mains fragiles les images de l’enlisement et du soutien malgré tout naturel aux « populations africaines » (lesquelles ?) :
« aux populations africaines sous la férule d’islamistes fous furieux ne saurait être remis en cause » ; nuances renforcées : « Mais un vrai soutien, oui, pas ce qui paraît avoir toutes les chances de passer pour une nouvelle guerre d’occupation. Un soutien mené avec un peu plus de préparation, de doigté diplomatique, un peu moins de naïveté politique et surtout sans cette arrogance balourde et précipitée qui fait si souvent de nous la risée de nos voisins. Car le principal risque est celui de l’enlisement, comme en Afghanistan ou en Libye. Voilà pourquoi la France de François Hollande se retrouve aujourd’hui isolée en première ligne… ». 
Extrait de la prose pervers narcissique du mélanchonesque opposant à la guerre et sa vision des mœurs parlementaires européennes et de son confrère va-t-en guerre Cohn-Bendit, ancien étudiant radical soixantehuitard : « Quand c’est la guerre la parole politique publique et médiatique vire au noir et blanc. Le premier devoir du temps de guerre est de continuer à réfléchir. Sur tous les sujets. Et aussi sur la guerre. Surtout quand ses buts et sa légitimité ne sont pas assurés. La solidarité patriotique s’obtient au prix de la vérité et non des élans d’un jour dans des engagements aveuglés. (…) …Ambiance lunaire au parlement européen. Un « débat » impromptu a été décidé sur la situation au Mali. Dans cette enceinte subliminalement anti française et assez névrotiquement anglo-saxonne, la guerre du Mali a pourtant valu à notre pays beaucoup de remerciements. Comment aurait-il pu en être autrement ? Ici phosphore la plus grande concentration de bellicistes de la planète, après le parlement nord-américain bien sûr. Certes, Daniel Cohn-Bendit ne put s’empêcher de dire toute arrogance germanique bien bue que cette guerre « dépassait peut-être les moyens des Français ». Mais il jeta pourtant le bon pavé dans la mare. En effet il dit son malaise à entendre toutes les belles déclarations  guerrières qui se succédaient mais qui au bout du compte n’empêchait pas que sur le terrain seuls les Français se trouvaient là. Les autres parlent. Et c’est tout. En effet ».
Mélenchon se reprend à peine plus tard pour nettoyer tout soupçon de manque de patriotisme et d’un éventuel clin d’œil aux partisans de la charia : « On comprend aussi après ce que je viens de raconter ce que sont devenues toutes les nuances de ce que j’ai écrit : une transcription en noir et blanc. Qui n’est pas « pour », sans condition, sans réserve, sans question, sans mémoire et sans prédiction défavorable est donc « contre ». C’est-à-dire pour « laisser faire ». Donc pour la prise de Bamako par les terroristes, pour la charia, les supplices publics et l’asservissement des femmes. A moins qu’étant opposé à tout cela, mais sans me mettre au garde à vous,  je sois seulement un inconscient des réalités de notre temps « dans-le-monde-qui-change-et-où-il-faut-defendre-les-frontières-de-la-démocratie-et-des-droits-de-l’homme-et-surtout-ceux-des-femmes » devant chaque pick-up rempli de barbus. Amen !(…)  Puis j’ai conclu en notant que le fait de décider cela tout seul sans saisir le gouvernement ni le parlement est condamnable. Ce sera mon plan pour poser ici quelques arguments qui valent la peine de marquer une pause dans la marche au pas des esprits et des commentaires».
Ce langage de tordu - qui se veut fleuri, arguties baveuses de vieux politicien qui croit, comme M.Jourdain, avoir inventé une prose originale sans le savoir depuis que les médias lui offrent un strapontin permanent, qui plaît tant aux vieux intellos staliniens toujours friands de tout discours protestataire pourvu qu’il masque avec emphase le chauvinisme le plus plat - ridiculise à  nouveau un peu plus le système parlementaire et vient au contraire rendre un fieffé service à « l’opinion » (sacrément con) qui valide l’intervention « rapide » d’un président qui a « gagné enfin ses galons » en ne trainassant pas avec la parlote des libellules politiciennes de l’Assemblée des testicules sans testostérone.

LA DENONCIATION DE LA GUERRE PAR LES CLOWNS GAUCHISTES

Voici le communiqué du « PS d’Algérie », groupuscule trotskien affilié à une certaine IVème Internationale, vieux fossile en bocal des années chaudes des tendres révoltes estudiantines, c’est rédigé par les vieux caciques du NPA à Paris et cela résume une pantalonnade de plus au nom des « peuples opprimés » qui n’en  peuvent plus mais qui ne peuvent même plus se libérer eux-mêmes : « Comme les soulèvements des peuples dans les pays arabes et même en Europe,  la crise malienne trouve ses racines dans le désastre économique et social engendré par le libéralisme, imposé par les puissances et les institutions impérialistes d’une part et, d’autre part, dans les régimes dictatoriaux garants de leurs intérêts. Le peuple Malien, qu’il soit au nord ou au sud, a besoin de développement, de dignité et de prospérité et non pas de bombes et de servitude. C’est au peuple malien de chasser les quelques bandes islamistes armées qui veulent imposer leurs lois. C’est au peuple malien de décider librement de son devenir.
  • - Halte à l’intervention française et impérialiste au Mali !
  • - Non à la guerre coloniale au Mali !
  • - Non à l’ouverture de l’espace aérien algérien aux bombardiers français !
  • - Solidarité avec le peuple et les réfugiés maliens !
  • - Pour une solution politique garantissant les droits démocratiques et le développement à toutes les composantes du peuple Malien !
Secrétariat National du PST ».
On imagine mal comment les différentes composantes ethniques du peuple malien, sans armes, sans colonne vertébrale de classe, pourrait faire la même chose que l’armée de Hollande ! Mais qu’importe, comme les pitres Mamère et Mélenchon, c’est une déclaration pour la galerie !
La « direction française » du NPA (ancien CC de la LCR ou ce qu’il en reste) en remet une couche le 18 janvier après l’assaut contre les preneurs d’otages, qualifié de façon euphémique de « drame »
« Le drame d'In Amenas condamne l’intervention militaire Française au Mali !
François Hollande a cru bon de justifier l'intervention militaire française au Mali par le drame de la prise d'otages en Algérie qui a occasionné au moins 30 morts selon des informations officielles alors que l’ensemble des otages n'a pas été libérés. Loin de justifier l'intervention néocoloniale de la France ce drame la condamne. Comment croire que la guerre pouvait rester limitée au seul Mali ? Comment ne pas penser qu'elle contribuerait à créer un terrain qu'utiliseraient les intégristes islamistes ? L'impasse sanglante de la guerre en Afghanistan en a été une terrible démonstration.  Mais le véritable enjeu de cette guerre n'est pas la lutte contre le terrorisme ou les pratiques barbares des groupes islamistes. Elle ne vise pas à servir la liberté comme le prétend Hollande mais les intérêts géostratégiques et économiques des multinationales au nom desquels sont morts les 30 otages qui leur ont été sacrifiés à In Amenas. La crise malienne trouve ses racines dans le désastre économique et social engendré par le libéralisme, imposé par les puissances impérialistes et les régimes dictatoriaux locaux garants de leurs intérêts. Le peuple Malien, qu’il soit au nord ou au sud, a besoin de développement, de dignité et de prospérité et non pas de bombes et de servitude. C’est au peuple malien de chasser les bandes islamistes armées qui veulent imposer leurs lois. C’est au peuple malien de décider librement de son devenir.
Montreuil, le 18 janvier 2013 ».
Question : c’est quoi et c’est qui le peuple malien ? Le NPA n’appellera pas à manifester dans la rue pour autant car AREVA c’est aussi EDF, et l’uranium du Mali contribue à alimenter en électricité les locaux de l’orga et les voitures écolos des camarades d’EELV.
Lutte Ouvrière prend fait et cause pour la « population locale » et contrairement aux gugusses généralistes du NPA ne parle pas de peuple malien mais de « populations » (populations locales de tous les pays unissez-vous !) :
« Guerre au Mali : l’armée française dans ses basses œuvres
« L’objectif, c’est la reconquête totale. On ne va pas laisser des poches de résistance » , a déclaré à propos du Mali Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense. Mais la reconquête au profit de qui ? Certainement pas en faveur de la population locale, mais au profit des sociétés dites françaises qui, au cœur de l’Afrique, continuent à exploiter les populations, secondées par ce qui reste de l’État malien. Croire que l’État français, qui dans cette zone a toujours soutenu les pires dictatures pour le compte de ses multinationales, s’est soudainement mué en champion de la démocratie et de la liberté pour les femmes, c’est pire et plus dangereux que de croire au Père Noël ou au Loup Garou ».
Voilà en résumé la « terrible » contestation de la guerre par les populations politiciennes de la gauche de la gauche, du tribun névrosé Mélenchon à la professeure guindée de LO : des commentaires dignes des contes de Hoffman et de Charles Perrault. Si Sarko était droit dans ses bottes, Hollande est sur un tapis volant porté par Ali l’islamiste et les quarante gauchistes.

UN MILIEU MAXIMALISTE empêtré entre radotages de principe et analyses burlesques avec mots d'ordre abstraits :

Le gouvernement de la bourgeoisie française, avec son seul Ayrault, n'aura pas à appliquer le carnet B ni à procéder à l'arrestation des dirigeants maximalistes, non tant pour leur absence de troupes que pour la vacuité et insignifiance de l'impact de leurs jugements. Le CCI est comme toujours le plus collé aux analyses du chaos du point de vue bourgeois. RI n°436 dès  octobre 2012 se complaisait dans une longue description des horreurs djihadistes au nord, recopiage de cette pré-campagne préparatoire à l’intervention (avec ces « horribles » destructions de mosquées de sable et de torchis…) et autres amputations ; le Mali était agité comme élément pour que le prolétarien de base prenne conscience (enfin !) du « vrai visage du capitalisme » : «  Le Mali n’est pas seulement un “Afghanistan africain” mais le visage du capitalisme moribond (…) Voilà un pays en décomposition totale qui ne peut offrir aucune perspective vivable à sa population et à ses enfants livrés à eux-mêmes, dont nombreux sont ceux qui, pour survivre, se laissent manipuler ou se font recruter de force par divers mafieux et autres trafiquants qui les transforment en soldats ou en mercenaires. Voilà comment de simples hommes victimes de la misère du capitalisme peuvent devenir, du jour au lendemain, des tueurs, des “apprentis bourreaux” d’une grande cruauté. Tous ces jeunes, chômeurs et éternels sans travail, tous ces “sans rien” se trouvent à la merci de tous les brigands criminels assoiffés de profits et de sang : “démocrates” civils ou militaires, putschistes, nationalistes indépendantistes, “djihadistes” et autres vrais “fous de Dieu”. (Amina, 9 septembre).
Les bordiguistes dès octobre 2012 voyez aussi venir le chaos – « Sahel: le Mali sombre dans le chaos et la barbarie » - mais, versant opposé du « démocrate CCI » avec un léger pendant plutôt vers les djihadistes comme hier ils étaient aux côtés des libérateurs nationalistes staliniens ; les termes populations alternent avec les vocables « masses déshéritées » : « Ni les populations du nord-Mali, Touaregs ou non, ni en général les masses déshéritées maliennes, ni les prolétaires français, n'ont rien à gagner d'une intervention militaire impérialiste, dont d'une façon ou d'une autre ils feront les frais. Les maux dont souffrent les masses maliennes ne seront pas résolues par la guerre, mais par la lutte sociale et politique; la seule voie pour résoudre les problèmes qui se posent aux prolétaires comme aux masses maliennes réside dans la lutte contre l'ordre impérialiste international qui condamne d'un côté des populations entières à végéter dans une misère sans espoir, et de l'autre les prolétaires du monde entier à une exploitation toujours plus grande. Et dans cette lutte ce sont les prolétaires des pays impérialistes qui ont la responsabilité la plus grande, parce que ce sont eux qui peuvent frapper au coeur le capitalisme mondial et détruire son ordre inhumain.

Non à toute intervention militaire française au Mali!
Impérialisme français hors d'Afrique!
Vive la révolution communiste mondiale! ».

A mi-chemin entre irréalisme et abstraction! On ne nous explique pas comment les « masses maliennes » vont pouvoir lutter contre « l’ordre impérialiste international » (qui n’est justement pas un ordre mais un désordre de rivalités dont l’intervention « solitaire » française est l’illustration et cache un bien singulier capharnaüm). On ne nous explicite pas non plus quelle est cette lutte des « prolétaires des pays impérialistes » qui pourrait soit (éventuellement) arrêter la guerre, ni (en grand écran) « frapper au cœur le capitalisme mondial » ; les luttes coincées des « prolétaires pour leurs intérêts immédiats » en attendant le parti-messie ? Peut-être ben qu’oui peut’tête bin qu’non ! ».
Le 20 janvier le proéminent Parti communiste international revient au galop avec ses magnifiques et redondantes suppositions et un imaginaire politique à couper le souffle avec l’échelle de mesure de base intangible, le travailleur immigré clé de voute de la situation mondiale (en négligeant le millier d' "expatriés" pris en otage par le gang armé à In Amenas):
« L’impérialisme français représente ainsi une menace directe envers toutes les éventuelles luttes d’émancipation des prolétaires et des populations opprimées et exploitées de ces pays, et plus généralement une menace envers le sort des populations civiles qui font toujours les frais des affrontements entres forces et Etats bourgeois. Mais les bourgeois et leurs hommes de paille politiques vont aussi faire payer les frais de leur guerre aux prolétaires de France ; d’abord en aggravant plus particulièrement la pression policière envers les travailleurs immigrés issus de ces régions (le plan « Vigipirate » a été renforcé et, selon la presse, les services policiers cherchent à accroître la surveillance des prolétaires d’origine malienne en France, au nombre de plusieurs dizaines de milliers), et en aggravant l’exploitation capitaliste.
Si au moment où était déclenchée la guerre du Mali, un accord « historique » était signé entre le patronat et les syndicats les plus collaborationnistes pour plier davantage les travailleurs aux exigences capitalistes, et Renault annonçait la suppression de milliers d’emplois, cela relève évidemment du hasard du calendrier. Mais au fond la guerre impérialiste à l’extérieur et la guerre sociale à l’intérieur, ne sont que les deux aspects d’une même attaque du capitalisme pour restaurer ses taux de profit en accroissant l’exploitation, la misère et l’oppression. Et ce n’est pas un hasard si cette attaque capitaliste, qui rencontre l’approbation unanime de tous les partis politiques, du PCF au Front National, est menée par un gouvernement de gauche : jamais un gouvernement de droite n’aurait pu asséner de tels coups sans susciter de réactions ! Comme toujours, les larbins réformistes de la bourgeoisie ~ les grands appareils politiques et syndicaux (et leurs suivistes d’extrême gauche) – sont les seuls capables de paralyser la classe ouvrière quand elle est frappée par la classe ennemie.
Le déclenchement de la guerre au Mali, qui a provoqué par contrecoup la sanglante attaque contre le gisement gazier d’In Amenas en Algérie, doit être compris par les prolétaires comme l’illustration de ce que leur réserve le capitalisme en crise : non pas un avenir d’amélioration graduelle de leurs conditions après un moment difficile, mais un avenir de sang et de larmes, auquel il n’est possible d’échapper que par la lutte. Parce qu’ il vit de leur exploitation, les prolétaires des métropoles impérialistes ont la possibilité de mettre fin au système capitaliste qui ensanglante la planète ; il leur faut pour cela combattre sans hésiter toutes les attaques bourgeoises, dans la perspective de renouer avec la lutte de classe révolutionnaire qui leur a déjà permis dans le passé de se lancer à l’assaut du capitalisme : les prolétaires n’ont à perdre que leurs chaînes, ils ont un monde à gagner !
A bas l’intervention impérialiste au Mali !
Non à l’union sacrée en soutien à la guerre impérialiste !
A bas l’impérialisme français ! Vive l’union internationale des prolétaires !
Vive la reprise de la lutte de classe contre le capitalisme mondial!
Parti Communiste International ».

Plus les mots d'ordre sont étrangers à toute actualité immédiate  et à des années lumière des possibles de la lutte des classes plus ils peuvent être scandés par le lecteur s'il ne déprime pas devant sa glace. Le PCI rejoint le CCI avec un certain soulagement, incontestablement cette guerre de rapine « doit être comprise par les prolétaires comme l’illustration de ce que leur réserve le capitalisme en crise » ! Mais, trois fois hélas, ce n’est pas le cas. Sondages et commentaires internautes à l’appui les prolétaires sont plutôt pour, non pas comme en 14 (on n’oblige personne et la solde des engagés volontaires est démultipliée et garantie) mais parce que la charia … ne passe pas. Réponse au PCI d’un internaute sur indymédia : « …
avec tous les compliment des amputés des mains de Gao,Tombouctou et autres exécutés sommaires par Ansardine...article édifiant...toujours aussi ignobles les marxistes...si vous avez une meilleure idée qu'une intervention militaire dans la situation actuelle, surtout ne vous gênez pas pour faire des propositions...mais arrangez vous quand même pour faire assez vite sans quoi y aura plus assez de gens vivants ou avec des mains pour signer un éventuel traité de paix... mokna






L’ANALYSE HYPOTHETIQUE DE LA FRACTION externalisée du CCI :

Du point de vue des principes, de la dénonciation de la guerre néo-coloniale en cours, rien à redire, le FGCI reste dans la ligne des groupes fidèles à la tradition internationaliste et est certainement le cercle (réduit) à fournir une analyse claire, bien que simpliste avec ses éternels radotages sur la venue imminente d’une nouvelle guerre mondiale. Cette Fraction de Gauche Communiste Internationaliste [2] a vu son communiqué publié aussi par Klasbatalo le 21 janvier (abandonnant tout sens critique), mais son groupe mondial d’obédience (Tendance Communiste Internationaliste, dixit Battaglia en plus modeste) reste absent du concert des protestations alambiquées.
Extraits :

« En Afrique, la France est le gendarme de l'Europe contre les USA et leurs acolytes

Tout comme le refus de ces pays de participer à la 2e guerre américaine en Irak en 2003, l'affirmation des intérêts impérialistes européens portés par la France sur le continent africain et dans le bassin méditerranéen, tout comme les discussions autour d'une défense européenne, marque un moment supplémentaire de la dynamique à la polarisation impérialiste autour de deux axes : l'un américain, l'autre germano-européen.

Pour les prolétaires, pour les ouvriers, il n'y a rien de bon dans cette dynamique d'affrontements impérialistes croissants : outre les guerres et les massacres, outre l'utilisation de la terreur et du terrorisme – les médias et spécialistes bourgeois n'ont de cesse de clamer qu'il va y avoir encore plus d'attentats et de prise d'otage, y compris au cœur même des principaux pays capitalistes –, la militarisation croissante et le développement de la production d'armement – la mise en place d'une « défense européenne » par exemple – viendront encore plus s'ajouter au fardeau de la crise du capitalisme que la classe ouvrière doit payer au prix d'une exploitation accrue et épuisante, du chômage et de la misère, de la répression et de la terreur d'Etat. Pour les prolétaires, rien de bon sinon la perspective de la guerre généralisée, de la barbarie tout azimut, et des sacrifices en tout genre jusqu'à l'ultime, celui de leur vie. Qui est barbare et terroriste ? Le capitalisme. Aux prolétaires de s'y opposer en refusant les sacrifices de tout ordre afin d'en finir avec lui et d'établir leur propre pouvoir. Seule la révolution prolétarienne, la destruction de l'Etat capitaliste et l'exercice du pouvoir politique de la classe ouvrière, bref la guerre de classe contre la bourgeoisie terroriste et barbare, ouvrira la voie à une autre société sans misère et sans guerre : le communisme !
La FGCI, le 20 janvier 2013 ».
Très très bien et encore bravo dans l'abstraction. On attendra encore le temps qu’il faudra que la classe ouvrière, encore en coma prolongé, « refuse les sacrifices de tout ordre » et « détruise l’Etat bourgeois ». En espérant sincèrement le grand soir internationaliste, le problème est dans le titre de la prise de position de nos catastrophiques maximalistes esseulés. Où ont-ils été trouver que la France était le « gendarme de l’Europe » ? Glissement sémantique adipeux car la France reste bien par contre le « gendarme de l’Afrique ». Les USA sont certes en partie derrière les groupes armés (qualifiés en général d’islamistes pour faire plus mieux), mais s’amuser à déléguer la France comme organisme militaire patenté d’une Europe militaire qui n’existe pas, ne fait pas très sérieux. En plus la France n’a aucunement les moyens de s’opposer aux manigances américaines ou russes et chinoises. La réalité est plus prosaïque, comme je l’ai souligné dans mon premier article, la bourgeoisie française agit à la sauvette pour tenter de préserver ses intérêts en tentant d'éviter la partition du sablier malien (qui ressemble vraiment, convenez-en, à un sablier avec cette tentative de faire... remonter le sable même contre les lois de la gravitation). La pauvre, désindustrialisée n’a plus que son pillage colonial pour prétendre damer le pion à la grosse Bertha allemande. L’Allemagne lui a fait comprendre, comme les autres, qu’on ne lui avait rien demandé, et libre à elle d’aller s’embourber dans les mirages du Sahara et du Sahel. On en parle ces temps-ci du couple franco-allemand, on le bichonne, on le commémore. Et pourtant pas de couple plus infidèle. La bourgeoisie allemande a choisi la transgression de la vieille alliance pleurnicharde antifasciste depuis la démolition du mur de Berlin. La robuste Germanie est désormais vent debout tournée vers les plaines russes, leurs matières premières, leur gaz et leur pétrole. L’Europe c’est pour les gigolos français.
Voilà pourquoi la France est solitaire et votre fille muette.

ps: le 22 janvier sur son site le CCI publie un texte "d'analyse" collage de toutes ses banalités habituelles sur le chaos croissant avec pour titre: "Intervention française au Mali: encore une guerre au nom de la paix"; plus laconique tu meurs!

oooooooooooooooo
EXPLICATION DE LA GUERRE DE 1914 PAR LENINE:
" En réalité, la bourgeoisie allemande a entrepris une guerre de rapine contre la Serbie pour la soumettre et étouffer la révolution nationale des Slaves du Sud, tout en portant le gros de ses forces militaires contre des pays plus libres, la Belgique et la France, afin de piller un concurrent plus riche. La bourgeoisie allemande répand la fable d'une guerre qui serait défensive de son côté ; en fait, elle a choisi le moment le plus propice, de son point de vue, pour déclencher la guerre, en utilisant les derniers perfectionnements de son matériel de guerre et en devançant l'emploi des nouveaux armements déjà envisagés et décidés par la Russie et la France.
A la tête de l'autre groupe de nations belligérantes se trouve la bourgeoisie anglaise et française, qui dupe la classe ouvrière et les masses laborieuses en les assurant qu'elle fait la guerre pour la patrie, la liberté et la culture, contre le militarisme et le despotisme de l'Allemagne. En réalité, cette bourgeoisie a, depuis longtemps, acheté de ses milliards et préparé, pour attaquer l'Allemagne, les troupes du tsarisme russe, la monarchie la plus réactionnaire et la plus barbare de l'Europe.
En vérité, la lutte de la bourgeoisie anglaise et française a pour but de mettre la main sur les colonies allemandes et de ruiner une nation concurrente, qui se distingue par un développement économique plus rapide. Et c'est pour ce noble but que des nations « avancées », « démocratiques », aident le tsarisme barbare à opprimer plus encore la Pologne, l'Ukraine, etc., à écraser encore plus la révolution en Russie.
Les deux groupes de pays belligérants ne le cèdent en rien l'un à l'autre, dans cette guerre, qu'il s'agisse des pillages, des actes de sauvagerie, ou des innombrables atrocités. Mais pour duper le prolétariat et détourner son attention de la seule guerre véritablement libératrice, ‑ c'est‑à‑dire de la guerre civile contre la bourgeoisie, celle de « son propre » pays comme celle des pays « étrangers », ‑ pour atteindre ce noble objectif, la bourgeoisie de chaque pays  cherche, par des phrases mensongères sur le patriotisme, à exalter la portée de « sa » guerre nationale et assure qu'elle veut triompher de l'ennemi, non pour piller et conquérir des territoires, mais pour « libérer » tous les peuples, sauf le sien." Et avec le principal rédacteur du CC, pas question d'abstractions:
"La transformation de la guerre impérialiste actuelle en guerre civile est le seul mot d'ordre prolétarien juste, enseigné par l'expérience de la Commune, indiqué par la résolution de Bâle (1912) et découlant des conditions de la guerre impérialiste entre pays bourgeois hautement évolués. Si grandes que paraissent à tel ou tel moment les difficultés de cette transformation, les socialistes ne renonceront jamais, dès l'instant que la guerre est devenue un fait, à accomplir dans ce sens un travail de préparation méthodique, persévérant et sans défaillance.
C'est seulement en s'engageant dans cette voie que le prolétariat pourra s'arracher à l'influence de la bourgeoisie chauvine et avancer résolument, d'une manière ou d'une autre, avec plus ou moins de rapidité, sur le chemin de la liberté réelle des peuples et du socialisme.
Vive la fraternité internationale des ouvriers contre le chauvinisme et le patriotisme de la bourgeoisie de tous les pays !
Vive l'Internationale prolétarienne, affranchie de l'opportunisme !
Le Comité central du Parti ouvrier social‑démocrate de Russie ( 28 septembre (11 octobre) 1914. Paru dans le n°33 du Social-Démocrate (1.11.1914)




[1] « Mali : rompre avec la logique guerrière. Déclaration du Parti de gauche : Le Parti de gauche (PG) prend acte de la décision du Président de la République d'engager militairement des troupes françaises
au Mali. Il rend hommage au lieutenant Damien Boiteux ».(déclaration reproduite sur le site de la tendance CLAIRE du NPA).

[2] La tendance Claire du NPA ouvrirait-elle les bras à la FGCI ? Sur leur site on trouve aussi bien des textes de la FGCI que du PCI, travail de séduction du gauchisme décomposé envers le milieu maximaliste ou vide politique ? La tendance CLAIRE précise « Les brèves publiées dans cette rubrique « Informations et analyses » le sont à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La Tendance CLAIRE du NPA (pour le Communisme, la Lutte Auto-organisée, Internationaliste et RévolutionnairE) a été fondée le 14 février 2009, au lendemain du congrès fondation du NPA, par les militants venant de l’ex-Groupe CRI, certains de l’ex-LCR et d’autres sans parti auparavant. Sa base est constituée par le programme fondateur de la IVe Internationale,
« Sommaire du dernier numéro de l'organe de la Fraction de la Gauche communiste internationale (scission du Courant Communiste international)
La crise économique, la marche à la guerre et la lutte des classes s'accélèrent
Prise de position de la Tendance communiste internationaliste sur l'évolution de la crise économique
La crise de la "dette souveraine" international
Résolution honteuse du 16ème Congrès du CCI (2005) contre la Gauche communiste : Dans le secret, le CCI actuel se trahit et trahit la classe ouvrière
Le marxisme est prolétarien et révolutionnaire, l'anarchisme ne l'a jamais été
R. Luxemburg : La socialisation de la société (1918)
LIRE ICI LE BULLETIN ». Pas flatteur, au moins ils n’osent pas reproduire mes articles autrement gênants de PU. !