"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

lundi 21 avril 2025

QUI AVAIT PEUR DE JACQUES CAMATTE ?



(texte intégral et mauvaise traduction de l'espagnol, à lire ici : “Qui a peur de Jacques Camatte” - des nouvelles du front (dndf.org) je découpe de grands extraits car la logorrhée et les explications économico-politiques et modernistes de l'auteur sont lourdingues et peu accessibles au commun des lecteurs, dont moi. L'historique est intéressant au niveau informationnel, et on n'épiloguera pas sur la rupture de Camatte avec le marxisme et ses fréquentations avec les minables du modernisme;(marais de l'extrême droite à la cousin ou les rigolos d'Italie) ce père du wokisme.


    Débuts de Jacques Camatte dans la Gauche Communiste Italienne et premiers travaux. Rupture avec le PCInt. Le point de départ de Camatte est le Parti Communiste International (PCInt), héritier du Parti Communiste Italien original, et expulsé de l’Internationale Communiste vers 1928. La biographie de Jacques Camatte est, quant à elle, très lacunaire : il aura réussi à devenir bien plus « anti-spectaculaire » que Guy Debord, par exemple. Camatte est né non loin de Marseille en 1935, exerçant en tant que professeur des Sciences de la Vie et de la Terre dans le sud de la France (Toulon, Brignoles, puis Rodez) jusqu’en 1967. Son parcours militant débute en 1953 avec son adhésion à la Fraction Française de la Gauche Communiste Internationale (FFGCI) au sein du groupe de Marseille en 1953. Quelques années après, il fait la connaissance de A. Bordiga (décédé en 1970) à Naples qu’il consultera à maintes reprises lors de l’élaboration de ses premiers textes.En 1957, le groupe français de la Gauche Communiste Internationale se lance dans la publication de la revue Programme Communiste, sous la direction de Suzanne Voute —germaniste et traductrice en collaboration avec Maximilien Rubel d’une grande partie de l’œuvre de Marx pour Gallimard et La Pléiade — quittant Paris pour s’installer dans le sud et prendre la direction du groupe. Voute a, selon toute apparence, une grande influence sur la personne de Jacques Camatte (il ne serait pas farfelu de penser qu’il a appris l’Allemand avec elle).

    Suzanne Voute avait préalablement animé la Fraction Française de la Gauche Communiste Internationale jusqu’en 1949-1950, date à laquelle son compagnon, l’ex-membre du POUM, Albert Masó (« Véga »), entraîna avec lui vers Socialisme ou Barbarie (« S. ou. B ») l’immense majorité des membres de la FFGCI. Tout au long de l’année 1950, et jusqu’à l’été de cette même année, S. Voute s’était entretenue avec Cornélius Castoriadis de « S. ou. B » en vue d’une éventuelle fusion des deux groupes. (En 1951, Voute fonda le groupe français de la Gauche Communiste Internationale.)À partir de 1961, Camatte semble jouer un rôle de plus en plus important au PCInt, et il entame un véritable échange intellectuel très enrichissant avec Amadeo Bordiga. Origine et fonction de la forme parti (1961), par exemple, est un texte interne au PCI —écrit conjointement avec Roger Dangeville— dont la publication a dû être imposée par Bordiga lui-même, vus les remous suscités par ce texte au sein du parti.En 1963 Camatte fonde le « groupe de Toulon », mais l’année suivante il le quitte pour se rendre à Paris, où il entreprend de s’opposer à ce qu’il qualifie d’ « activisme trotskiste » : cartes du parti, réunions formelles présidées par un «responsable du parti », activités d’agitation autour de la vente du journal Le Prolétaire et pour un syndicat de classe « rouge », etc.

En 1964 la polémique s’intensifie, car à ce moment-là certains membres du PCInt considèrent que celui-ci devait intervenir plus activement dans les luttes qui se succédaient en Italie depuis 1962, et que la raison de l’incapacité du parti à s’insérer dans ces luttes résidait dans son mode d’existence, dans sa forme d’organisation. Ils proposent d’abandonner le centralisme organique —fondé sur la priorité de la défense du programme communiste, et l’absorption spontanée des fractions par-dessus les mécanismes démocratiques— au profit du centralisme démocratique léniniste.

Cependant, à la même date, lors de la réunion de Florence, Bordiga réagit énergiquement contre cette tendance, et cite, à cette occasion, entre autres, Origine et fonction de la forme parti, ce qui manifeste son accord avec ce texte, et encourage ceux qui entendent poursuivre la tâche entreprise avec lui sur cette lancée.

C’est également à cette date (1964) que Camatte s’attelle à une étude sur le VI° chapitre inédit du Capital et l’œuvre économique de Karl Marx, plus connu comme Capital et Gemeiwesen, —travail très apprécié de Bordiga—, dans laquelle est développée l’idée du passage de « la domination formelle à la domination réelle du capital ». Ce travail achevé en 1966 (l’année même que Camatte abandonne le PCInt), est publié seulement en 1968, dans le N° 2 d’Invariance.

Au cours de la réunion de Naples en juillet 1965, Bordiga persiste à rejeter le « centralisme démocratique », ainsi que toute mesure d’exclusion à l’encontre de Camatte, mais ne fait plus aucune référence à Origine et fonction… parmi le matériel destiné à commenter les thèses générales ; ainsi donc, Bordiga commence à reculer, en lâchant du lest à la tendance néo-léniniste et trotskisante qui s’imposera toujours davantage.

La trajectoire de Camatte au PCInt prend fin en 1966 après avoir signé le texte « Bilan » (rédigé par Roger Dangeville), la rupture devient inévitable. Suzanne Voute est, dès lors l’une des plus acharnées à demander l’exclusion de Camatte et de Dangeville, allant jusqu’à faire pression sur Bordiga. Celui-ci rejeta par principe toute « chasse aux sorcières ». La rupture ne fut pas « amicale » : Camatte, dépositaire en France des publications du PCInt dut se barricader chez lui pour pouvoir les conserver. Cependant, il décide de détruire tous les exemplaires, y compris les siens propres, dans lesquels ne paraissent pas des articles de Bordiga, selon lui afin de montrer «qu’il n’était pas un universitaire[1]».

Camatte résume ainsi sa relation avec Bordiga dans « Du parti-communauté à la communauté humaine », (1974): « Ce petit historique était nécessaire pour faire comprendre l’accord qu’il put y avoir avec A. Bordiga, sur la question du parti, ainsi que ses limites. Origine et fonction est en quelque sorte un texte charnière parce que beaucoup de polémiques s’articulèrent autour de lui (tous les éléments qui sortirent du pci, après 1962, l’attaquèrent toujours violemment) et parce qu’il est le point de départ d’un dépassement qui s’est déroulé avec le travail exposé dans la revue Invariance; parce qu’à cause aussi de l’opposition qu’il suscita, il provoqua le renforcement de la composante léniniste, avec exaltation du lien à la IIIème internationale de la part de A. Bordiga, mais surtout du PCInt qui, après 1966, s’immerge totalement dans le courant léniniste et perd toute originalité. »

Bref résume de Origine et fonction afin de caractériser le « bordiguisme »

Dans Origine et fonction… Camatte décrit les traits les plus caractéristiques de la Gauche Communiste Italienne afin la présenter dans son originalité et la séparer du léninisme et du trotskisme. La Gauche Communiste Italienne est un groupe des survivants du naufrage de la GC, qui s’était distinguée —conjointement avec les communistes de gauche germano-hollandaise, avec lesquels elle partageaient seulement l’antiparlementarisme de principe— car stigmatisées par Lénine dans son fameux pamphlet de 1920 Le gauchisme, maladie infantile du communisme. Toutefois, à la différence des germano-hollandais, les communistes de gauche italiens demeureront dans la IC jusqu’en 1928. D’après Origine et fonction, les traits principaux de la Gauche Communiste Italienne sont les suivants :

La « théorie du prolétariat », surgissant une fois pour toutes en 1848 qui était censée anticiper tout ce que celui-ci devait faire afin de se constituer en classe et devenir le sujet de l’histoire avant de s’abolir lui-même et d’accéder au communisme. Selon la Gauche Communiste Italienne, la crise, basée sur la théorie de la valeur —qui représente le trait d’union avec la théorie du prolétariat— détruirait l’intégration du prolétariat dans la société bourgeoise, et permettrait la rencontre de celui-ci avec sa conscience, incarnée dans le parti[2].

En tant que dépositaire du programme communiste, le parti n’est pas seulement le représentant du prolétariat, mais aussi la « préfiguration de la société communiste » c’est-à dire de la Gemeinwesen, la future communauté humaine. Le parti ne pouvait pas être défini par des règles bureaucratiques, mais par son être, et cet être résidait en son programme. Le parti était dit « formel », ou « historique », ce dernier vainqueur de la révolution communiste, ne s’identifie pas nécessairement avec un quelconque parti « réellement existant » pour l’heure.

Le parti se définissait comme un organe de la classe, qui naissait —ou se reformait— spontanément lorsque la lutte de classe prenait de l’ampleur. Cette conception tente de dépasser l’opposition léniniste-trotskiste entre spontanéité et conscience. Ni l’organisation n’était considérée comme le mal, ni la spontanéité comme le bien, car cette dernière finit toujours par être absorbée par la stabilisation des rapports sociaux.

En dernier lieu, le marxisme se définissait comme théorie des contre-révolutions, puisque selon le texte de Bordiga daté de 1951 intitulé Leçons des contre-révolutions, « tout le monde sait s’orienter à l’heure de la victoire, mais peu sont ceux qui savent le faire lorsque la déroute arrive, se complique et persiste. » Il était impossible de prétendre à l’action sans avoir préalablement défini la phase historique : révolutionnaire ou contre-révolutionnaire, de reprise ou de repli ; c’est pourquoi dans une période contre-révolutionnaire —par exemple avant mai 68— les internationalistes devaient éviter le piège de l’activisme et de l’immédiatisme et se concentrer sur le développement du programme et la critique de l’économie politique. […] C’est pourquoi, l’erreur de Trotsky, selon la Gauche Communiste Italienne, était d’avoir refusé de faire un bilan permettant de préparer le second assaut révolutionnaire, au lieu d’expliquer les raisons de la défaite par la trahison des chefs, les crimes de Staline, la passivité des masses, la mauvaise application des consignes, etc. […] Dans « La révolution communiste : thèses de travail », texte de Camatte en 1969, celui-ci résume ainsi la question : « La force de ce mouvement était d’avoir compris qu’il fallait battre en retraite. »

  1. Invariance: la rupture théorique Camatte fonde la revue Invariance en 1967, prenant progressivement ses distances d’abord par rapport au bordiguisme, puis au marxisme classique, pour en arriver à une rupture totale qui est allée en se vérifiant série après série. Il y a eu cinq séries : I (1967-1969), II (1971-1975), III (1975-1983), IV (1986-1996), et la dernière V (1997-2002). Il est possible de diviser ses apports en deux aspects principaux (ce qui a permis de se réclamer de l’un ou de l’autre de ces aspects, en ignorant ou en rejetant le reste).a) Sauvetage de la « part maudite » du communisme

« La rupture de la continuité organisationnelle impose une étude théorique plus exhaustif, une rectitude encore plus grande et un enracinement dans le passé plus profond, une intégration de tous les courants, qui, même partiellement, défendent la théorie du prolétariat. » (« La révolution communiste : thèses de travail », 1969)

Non seulement Camatte se voua à sauver des textes importants de la Gauche Communiste Italienne, mais il tira également de l’oubli les gauches germano-hollandaise, anglaise et étatsunienne: les deux premiers n° de la série I étaient respectivement consacrés à Origine et fonction de la forme-parti et à Capital et Gemeinwesen. (Les n° 3, 4, et 5 furent consacrés intégralement à la publication de textes de Bordiga, à l’exception des « Gloses critiques marginales à l’article “ Le roi de Prusse et la réforme sociale ” »  de K. Marx, incluses à la fin du n°5, et dont nous reparlerons à propos de l’Espagne et du groupe Etcétera.) Les thèses du n° 6 d’Invariance sont consacrées à la publication d’un essai monographique, « La révolution communiste : thèses de travail » (1969), qui devaient être illustrées par des textes provenant de diverses tendances du mouvement ouvrier, c’est ainsi que dans les n° 7 et 8 de la première série furent publiés des textes de Gorter, Pannekoek, Sylvia Pankhurst, Lukács, les communistes de gauche étatsuniens, du KAPD et de la revue Bilan. Enfin, les n° 9 et 10 de la première série renouvelèrent la publication des textes de Amadeo Bordiga. Le n° 5 de la Série II publia le texte de Gorter « L’Internationale Communiste Ouvrière » (1923), et dans le n° 6 de la même série le « Manifeste du Groupe ouvrier du Parti communiste Russe » (1923) de Miasnikov.

Tout cela dans une période de temps très brève, puisque la série II d’Invariance prend fin en 1975, et que le gros de ces publications et de ces traductions furent réalisées avant 1971. Furent aussi traduits plusieurs textes classiques de jeunesse de Marx, tel que « Sur la Question Juive », « Critique de la Philosophie de l’État de Hegel » — de fait, les « Gloses marginales…» avaient été traduites en France dans les années 20, et il n’y eut aucune autre traduction avant celle de J. Camatte.

(…)

Phénoménologie du racket politique

Dans la fameuse texte/lettre de 1969, «De l’organisation », Camatte après avoir caractérisé la bande délinquante comme résultat de la contention de l’instinct élémentaire de révolte dans sa forme immédiate, note que la bande politique, prétend, au surplus, transformer sa communauté illusoire en modèle pour toute la société, et que son acharnement consiste à « faire cadrer la réalité avec son concept d’où toute la sophistique au sujet du décalage entre moments objectifs et moments subjectifs » et que « Tout mouvement immédiat qui ne reconnaît pas cette conscience (et tout racket politique prétend être le lieu conscientiel véritable) est condamné. La condamnation se double de justification : caractère prématuré, impatience de ceux qui se sont révoltés, manque de maturité, provocation de la classe dominante ».

Vision des luttes du moment (68 long)

Selon Jacques Camatte, Mai 68 ne fut pas une surprise ; « non qu’on l’eut prévu en totalité, mais on s’attendait à un phénomène révolutionnaire […]. On avait analysé la révolution en domination formelle du capital, on espérait voir celle en domination réelle qui ne pourrait pas lui ressembler. En conséquence, si on n’avait pas été capable de la décrire on avait pensé i’ inévitabilité de son originalité. » (« Vers la communauté humaine », 1976)

Dans ce texte il ajoute ceci : « le plus important c’est qu’on avait affaire à un mouvement révolutionnaire qui ne posait pas une détermination classiste, qui manifestait donc bien l’exigence indiquée dans Origine et fonction de la forme parti: une révolution à un titre humain. […] » (« Vers la communauté humaine », 1976)

D’autre part, Camatte soutient que Mai 68 ne fut pas la révolution, mais son émergence : « Le mouvement de Mai […] signifiait la fin de la phase de contre-révolution. » (« Mai–Juin 1968 : Théorie et action », 1968)

Il reconnaît, une fois de plus dans « Vers la communauté humaine » (1976) « il y a un certain retour à la théorie marxiste, une purge limitée des tares lénino-trotskystes qui lui furent appliquées, mais il n’y a aucun mouvement prolétarien même de faible amplitude qui vienne prendre en charge ce que A. Bordiga appelait l’œuvre de restauration et d’affirmation de la théorie […] »

Et en dernier lieu, il met en contraste les limites du Mai français, centrées autour de la revendication de la démocratique directe, avec ce que Camatte considère comme le mouvement le plus avancé de l’époque. Ceci est un aspect que l’on n’a pas l’habitude de mettre au premier plan : une des choses qui firent le plus d’impressions sur Camatte, et qui brouillèrent les calculs théoriques de Bordiga et Cie. au sujet du retour de la révolution, qui selon leurs attentes devaient intervenir avec une réunification allemande, ou en tous cas, de l’Est, non des USA. Ce qui surprend vraiment Camatte c’est le mouvement du prolétariat noir étatsunien, et probablement cela est au fondement de ses nombreuses théorisations du moment.

« Par là, [Mai 68] il est en retrait sur le mouvement prolétarien noir aux USA. Au sein de ce dernier, certains élément ont compris la nécessité de rejeter une fois pour toutes la démocratie. » (« Mai–Juin 1968 : Théorie et action », 1968)

***

Ceci, qui est fondamental, est relié dans le texte « Le KAPD et le mouvement prolétarien » (1971) avec le thème de « la classe universelle » :

« La dissolution de la société est désormais en acte aux E.U. L’unité du prolétariat classe universelle ne peut s’y actualiser qu’à la suite d’une lutte tenace, décidée, sans compromis, contre le capital et dans une certaine mesure à travers une lutte au sein de la classe universelle elle-même. Il n’y a pas à revendiquer la reformation du prolétariat classique, ce qui équivaudrait à vouloir restaurer le passé comme l’on comprit certains révolutionnaires noirs américains (Boggs par exemple).»

(…)

Comme prévisible, l’abandon de la théorie du prolétariat se traduisit par un virage à 180° dans la direction prise par la revue. Dans les « Thèses provisoires », (1973) signale déjà que « l’affirmation de la dimension biologique de la révolution etc., conduisirent les camarades produisant Invariance à essayer de préciser et d’exposer une certaine représentation positive du devenir de l’humanité, de la venue de la révolution […] et l’on constatait l’immensité des sujets qui inévitablement se présentaient à nous. »


Répercussion directe de l’œuvre de Jacques Camatte

En France : Il y a une influence claire et importante de J. Camatte sur « l’ultragauche » (fr. dans le texte) post 1968 en général, à travers la publication des textes des classiques maudits de la gauche communiste, sur La Vieille Taupe, Le Mouvement Communiste, Dauvé —avec certaines spécificités que nous examinerons plus loin— sur des groupes tels que Négation, Le Voyou, Les Amis de 4 Millions de Jeunes Travailleurs (influence plus marginale, ce dernier groupe fut en effet plus influencé par Dauvé et l’IS) ; on ne peut également pas comprendre la crise d’ICO sans l’influence d’Invariance sur Dauvé et d’autres. En général —chose rarement mise en relief— à partir de 68, tout le courant autogestionnaire (ou de « gestion ouvrière ») basée sur les théories de « S.ou B. » [Socialisme ou barbarie] entre en crise, et ce fut précisément alors que les anciens de « S. ou B. », Castoriadis, Lyotard, Lefort débutèrent leur carrière de stars intellectuelles.

En Italie : Invariance influença des groupes et des individus minoritaires mais significatifs, qui critiquaient les limites des conseils en tant qu’idéologie opérante, dans une large mesure car les staliniens et gauchistes (opéraistes inclus ) ne les laissaient pas intervenir dans les assemblées. Parmi ceux-ci, l’Organisation Conseilliste de Turin, ou le groupe « Ludd », formé en 1969 à partir d’éléments d’origine anarchistes en majorité, dissout en 1971.

En Grande Bretagne, à partir de 1975 le groupe Solidarity entre en crise prolongée. C’est de cette année là que date le « texte perdu » “The illusions of Solidarity”[18] publié seulement en 2011, œuvre de David Brown, membre de Solidarity qui traduisit un bon nombre de textes de Camatte en anglais, et fit une critique approfondie de ce groupe qui disparaîtra l’an suivant (1976), bien que son agonie se prolongea un peu encore.

En Espagne? L’influence la plus perceptible s’exerça sur le Movimiento Ibérico de Liberación (MIL), au travers de la librairie La Vieille Taupe (« lettre de la Vieille Taupe au MIL », Paris, 8 février 1971 ) où l’on peut lire ceci : « Généralement notre opinion se trouve exprimée dans les textes [Cahiers ] Spartacus que nous vous avons donné : ceux de Guillaume et Barrot dans le Kautsky, le prologue au texte de R. Luxembourg autour des grèves en Belgique, et tous les Invariance. Ces écrits suivent notre évolution et nous sommes d’accord avec eux, à exception de certains points qui demandent des précisions et des critiques, puisque Invariance comprend deux sortes de textes

1) Textes classiques et historiques du mouvement bordiguiste.
2)Textes rédigés par les personnes qui publient 
Invariance.

Dans ces textes importants et enrichissants, nous avons trouvé des points inacceptables —léninisme, date de la Révolution, etc.— . Nous pensons que le numéro 3 d’Invariance (Théorie du Prolétariat) est particulièrement important. Faites-nous savoir ce que vous en pensez. »

On peut donc supposer que les gens de La Vieille Taupe n’étaient pas en complet accord avec certains textes de Camatte en 1971, alors que Camatte n’avait pas encore abandonné la théorie du prolétariat, ni rien de tel). 

PS: j'ai su qu'il avait apprécié certains de mes livres et bien rigolé à la lecture de mon Précis de communisation, ignoré par les intellectuels crétins du CCIE.

lundi 7 avril 2025

LA GUERRE ...UNE POLLUTION PARMI LES AUTRES ?

 

la guerre secondaire par rapport à l'écologie

« La biodiversité, c'est le tissu vivant de notre planète. Nous, humains, appartenons à une espèce qui constitue l’un des fils de ce tissu. ».

Site gouverrnemental


«La couleur du mouvement international de lutte contre le réchauffement climatique est aussi verte que les dollars qui le financent» anonyme



Dans l'histoire de l'humanité la guerre n'a pas toujours eu une simple connotation létale ou inutile, conférer guerres de conquête, guerres révolutionnaires bourgeoises, guerres mondiales, etc. Mais jamais comme avec la prédication écologique on ne l'avait placée au niveau d'une nuisance environnementale. C'est fait avec une petit groupe maximaliste dans sa surenchère avec la parole biblique gauchiste. Un journal trimestriel muet jusqu'en ce mois d'Avril était consacré à la nuisance écologique alors que le monde entier est confronté à deux guerres principales ignobles et qu'il n'y a aucune insurrection contre ces guerres ni des pacifistes ni du prolétariat1. Leur nouveau manifeste, certifié écologiste, est dédié à cette idéologie rédemptrice, saturé de recopiages des médias distingués dits scientifiques dans cet environnement « culturel » propice à l'imprégnation capillaire de la principale idéologie d'un capitalisme « pacifiste » et « réformiste ».

Dans un cadre belliciste international, la prédication écologique gauchiste ou maximaliste relève de la prophétie religieuse. Politiquement c'est comme l 'antifascisme d'opérette des Mélenchon, Attal et toute la gent journalistique qui s'indignent qu'on ait osé attaquer la justice bourgeoise.des magistrats impavides pour éliminer le seul méchant parti voleur2. En gros elle ne souffre pas la discussion, c'est « l'explication que l'on doit au peuple », masse que « l'on doit instruire ». Le sermon est militant,  un parler simple de tous les jours, de façon à ce que chacun puisse comprendre ce qui est dit, surtout les ânes et peu importe s'ils le resteront.

Cette prédication d'un capitalisme bienveillant et réformable vise donc à instruire les ignorants, réconforter les malheureux, réveiller les inconscients confondre les mauvais fascistes, et encourager les bons antifascistes. S'adonner à la sainte annonce écologique revient à proférer la bonne nouvelle de l'Evangile marxiste : la lutte prolétarienne et le combat pour le communisme ! Entre les deux, éteignez vos cigarettes.

Et de reproduire, à cette occasion, le message de repentir et de conversion à la démocratie bourgeoise juridique et judiciaire. qui en est partie intégrante. ; le militant prédicateur doit énoncer une parole « informative », « indépendante », « éducative » comme elle prétendait l'être dans l'école de Jules Ferry. La soudaine focalisation du CCIE (courant communiste international écologique) pour une écologie « de classe » est une posture petite bourgeoise alarmiste qui sert à atténuer les causes de la guerre capitaliste au nom d'un tous ensemble pour sauver la terre et non l'humanité. La conscience écologique est devenue un moteur de la conscience de classe : « L’ampleur de la décomposition est parfaitement illustrée, sur un plan strictement écologique, (...) De fait, les sommets mondiaux sur le climat passent du stade d’engagements totalement creux à l’imposture ouverte ! ».

CE CHARMANT PARADOXE DE METTRE LA POLLUTION SUR LE MEME PLAN QUE LA GUERRE IMPERIALISTE

C'est une inversion des voleurs de l'idéologie dominante. L'idéologie bourgeoise s'est emparée depuis des décennies, post 68, à piller les termes du mouvement révolutionnaire prolétarien, pour mieux les dévitaliser : révolution informatique, révolution écologique, transition écologique, changer le monde pollué, mondialisation au lieu d'internationalisation, etc.

On évoque la guerre éternelle comme une atteinte à la "santé de la terre", surtout pas comme une causalité de la propriété privée . « La terre souffre » et c'est bien par la faute des hommes, ces cons anonymes, ma bonne dame ! Les éruptions volcaniques, les tremblements de terre et les inondations impromptues c'est toujours la faute des hommes avec leur absurde réchauffement climatique. La nature, elle, est toujours innocente pas les humains « qui impactent le climat »..

Pendant le déroulement des guerres en Ukraine et à Gaza, il faut manger bio, saluer les moulins à vent renouvelables, mesurer votre empreinte carbone personnelle sur l'environnement, lâcher des animaux sauvages dans des territoires montagneux trop civilisés par les moutons, interdire la construction d'autoroutes pour ces gueux d'automobilistes, tout en les chassant des villes en transe vélocipédique. Au supermarché, comme les bio-bobos, vérifiez l'étiquette carbone, sachez que produire des steaks de bœuf n’a pas le même impact environnemental que produire des escalopes de poulet ! Ou mieux bouffez végétaro et adhérez à la secte d'Aymeric Caron.

L'écologie c'est le progrès contre ces clochards d'une société de consommation ringarde. Quand vous vous levez le matin vérifiez donc votre impact sur le climat même si vous jetez votre mégot sur le trottoir. Méfiez-vous des repas surchargés où vous vous rendrez responsable d'une forme d'émissions de gaz à effet de serre en équivalence carbone (CO2e).

Pourtant la classe ouvrière et les couches moyennes qui périclitent ne regardent que le prix sur les étiquettes. Les magasins bios sont délaissés pas seulement à cause de leur cherté mais parce qu'ils ressemblent à des pharmacies.

PETITE HISTOIRE DE LA RECONVERSION IDEOLOGIQUE DE LA GAUCHE POURRIE

Autant il est comique de voir la gauche bourgeoise, ses bobos électeurs et ses satellites merdiatiques (Libération, Le Monde, l'OBS , LFI, les résidus petits bourgeois verts) défendre mordicus « l'état de droit » aux côtés des magistrats politiques impavides, donc de faire croire à une justice politique dans l'acharnement des élites corrompues à ne cibler que le RN, autant toute l'historique et la politisation de la question écologique sont de l'ordre de l 'enfumage idéologique, j'allais dire de pollution politique, depuis des décennies. Le fascisme supposé est une menace plus importante que les préparatifs de guerre de Macron soutenu par son garçonnet Attal (premier ennemi du fascisme) et l'indifférentisme des rebelles écolos.

L'écologie est avant tout une idéologie contre-révolutionnaire clientéliste, fabriquée par la petite bourgeoisie intellectuelle et commerçante. Elle s'est lentement imprégnée dans la société au début des années 1970 en France et ses pères putatifs les plus récents, René Dumont et Fournier de Hara-Kiri, passaient pour de gentils fachos méprisant le prolétariat consommateur. Pendant des années ses tenants, gauchistes recyclés, se prétendent apolitiques et ne recueillent que des scores électoraux minables. C'est le colonialiste Mitterrand qui impulse politiquement Génération écologie contre les Verts. L'écologie sera dorénavant une « idée de gauche »3. Mais elle n'est pas encore débarrassée de son côté artificiel servant à la reconversion d'énarques gauchistes ou de scientifiques arrivistes. Ces divers arrivistes sont si arrogants et donneurs de leçon que ces cliques concurrentes de l'écologie politique naissante assistent à une chute inexorable de leur nombre d'adhérents (années 1990).. La bourgeoisie elle même tenant à la marge ces idéologues petits bourgeois. À la fin des années 2010 et au début des années 2020, l'écologie est devenue un axe prioritaire de la plupart des partis. L'invention de la décroissance qui sépare Europe Ecologie Les verts  reste un débat d'intellos en marge de la classe ouvrière qui s'en bat l'oeil. L'écologie de la gauche bourgeoise croit connaître une embellie électorale mais celle-ci se révèle fugace. Elle ne reste qu'un parti riquiqui de la gauche unie comme le vieux parti radical (sic) d'antan de Robert Fabre. L'écologie politique s'effondre petit à petit depuis 2020 (au moment où le CCIE lui attache de l'importance) face à la crise économique et la paupérisation de la plus grande partie de la classe ouvrière, même si l'aristocratie ouvrière (services publics, EDF, SNCF, RATP) reste proche des bobos bios, eux-mêmes de plus en plus paupérisés. Aujourd'hui elle ne représente plus rien mais les médias lui maintiennent une place disproportionnée avec sa secrétaire championne de la bêtise institutionnalisée.

Ses intellectuels marginaux et ses sociologues continuent de vanter des métropoles qui sont dles laboratoires d'initiatives écologiques : éco-quartiers autonomes en énergies propres, agriurbanisme, transports en commun, lutte contre l’étalement urbain…La transition écologique, c’est aussi une affaire rentable pour de nombreux commerciaux, pas du tout marginaux eux, tels que les lobbies environnementaux. C'est la farce d'un renouveau capitaliste par la petite entreprise à indice carbone raisonnable - et ses multiples artisans du "profit renouvelable", sponsorisés par l'Etat pour "améliorer l'habitat et poser des panneaux solaires -  mais toujours avec les mêmes patrons et la peur du lendemain pour leurs ouvriers sans défense.. Les bobos d'extinction rébellion sont les balayeurs de service grâce aux dollars.4

La chute récente de l'idéologie écologiste est évidemment en lien avec la crise politique générale de tous les partis politiques dans le monde. Que cette crise soit interprétée comme montée du fascisme par les bourgeois gauchistes ou de décomposition par le CCIE, il faut bien en dénicher les causes plus complexes et les aboutissants moins fascistes qu'on veut nous le faire croire. Deux causes sont indéniables: la cause économique, la classe ouvrière (ceux d'en bas) conchie cette écologie surtout punitive et qui paupérise les plus fragiles, et depuis des lustres (tant pis pour la bonne conscience écolo et le sauvetage du bateau à gogos la terre multiclassiste!) La deuxième est la guerre qui dure depuis bientôt quatre ans; se soucier de manger bio ou de la déforestation est dérisoire quand les bombes assassinent des milliers de civils et de militaires. Indifférent à toute dénonciation centrale et dans la rue du massacre, le marais de la petite bourgeoisie continue de pleurnicher sur sa biodiversité et sur le danger de l'amiante ou des poulets en batterie, sans du tout sortir de ce petit souci de la santé des français au  niveau national.

L'individualisme vert

Marcel Gauchet, dans son livre: Comprendre le malheur français, fait deux remarques sur les mouvements écologiques en France. Il écrit que les Verts français sont prisonniers d’une contradiction majeure : ils sont, comme tous les partis de gauche aujourd’hui, les défenseurs des droits des individus et privilégient le combat en faveur des minorités (en particulier les nationalistes palestiniens) ; mais en même temps, ils savent que l'Etat bourgeois ne pourrait mettre en œuvre une authentique politique écologique sans un bouleversement complet de son appareillage politique. Ce qui relève donc de l'utopie électoraliste, qui ne berne même plus les « invisibles » pour la gauche élitaire indifférente.

. Or, l’état actuel de la mystification démocratique occidentale condamne tout le blabla écologique, et le populisme a beau jeu de s'emparer du rejet institutionnel des invisibles et de lui opposer le concept de la colère (électorale) des « oubliés» du système »5. En effet, la considération des classes a été abandonnée au profit d’une idéologie néolibérale, ou illibérale comme ils disent maintenant) pour laquelle il n’y a que des individus :

« L’essence du néolibéralisme, c’est de mettre en œuvre jusqu’au bout un principe philosophique simple, très ancien dans ses racines, mais qui devient pour la première fois la règle ultime du fonctionnement collectif : il n’y a que des individus – des individus qui sont définis par leurs droits, sur le plan abstrait, juridique, et par leurs intérêts sur le plan concret, économique. […] Le problème politique n’est plus dès lors que celui des moyens de faire coexister les droits des individus et de leur permettre de maximiser leurs intérêts. »(Gauchet)

L'écologie radicale n'est qu'une dépolitisation radicale, une radicale réduction de la politique à un amour idéaliste de la nature qui revient...à laisser les gouvernants gouverner, mais qui explique le mouvement de désinstitutionnalisation. Mais cette désacralisation de l'Etat par la mise à nu de l'Evangile écologique réveille la conscience de classe opprimée par les classes...écologistes (décroissance rime parfaitement avec privation). Un hypothétique démocratie bourgeoise, non régie par le fric, et permettant au peuple et au prolétariat (sans obéir aux juges, généraux ou patrons) pourrait peut-être ouvrir une voie à d'éventuelles consultations des masses sur tous les sujets et pas prioritairement sur celui de l'écologie. Sur la guerre en premier lieu. Tiens donc !

QUEL EST LE SCORE CARBONE DES BOMBES A POUTINE, TRUMP ET MACRON ?

Au plus loin dont je me souvienne, mon principal argument contre la piétaille écologiste a toujours été de répliquer que la principale pollution pour l'humanité, avant déchets industriels ou alimentaires, fumée de cigarette ou le nucléaire, est la guerre capitaliste. Tout le reste est apolitique et relève de la bonne conscience petite bourgeoise. Mon avis n'a pas changé. Et je rejoins Gauchet :

« Les écologistes seront-ils capables de nous proposer une vision de l’avenir ? Ils mettent en avant des impératifs de préservation, qui peuvent d’ailleurs être tout à fait justifiés, mais ils ne nous proposent pas une vision alternative de ce que pourrait être plausiblement une société moderne construite autour de la réconciliation avec la nature. »

Sauver la planète ? Le discours de la catastrophe, comme tous les discours millénariste de la fin des temps, empêche de réfléchir aux réalités des gouvernements des sociétés humaines. Mieux tout internationalisme ce classe est banni. Le monde idéologique bourgeois n'a pas changé de base, au péril atomique de la guerre froide a succédé le péril écologique (pourtant largement re-dépassé à l'heure actuelle par le renouveau du péril atomique). Promesse de l'apocalypse pour les uns si le prolétariat ne se réveille pas, votez pour notre clique selon les autres plus officiels. Discours moral qui vise non à dénoncer le système mais à culpabiliser l'individu « humain contre nature ». Le discours écologique mis à nu n'est plus que simple propagande pour la domination « démocratique bourgeoise ». Cette démocratie affichée n'est que la « volonté de puissance » d'une minorité comme l'avait fort bien vu Tocqueville.

Le catastrophisme officiel comme celui du CCIE précédemment évoqué ne laisse la place qu'à une vision réformiste impuissante face à l'aggravation effective des conditions climatiques, et impose de poser à une « radicalisation » plus philosophique que politique. Ce radicalisme, bien entendu bourgeois défensif, c'est le populisme, pourtant si conchié par les autres factions bourgeoises et gauchistes, qu'ils e oublient son rôle de cordon de sécurité face au prolétariat. Ce même prolétariat qui n'a même plus besoin d'accumuler grèves ou manifestations syndicales pour exploser de solidarité et de force au moment crucial grâce aux réseaux sociaux . La bourgeoisie a fourni les moyens qui permettront de l'abattre . En attendant, le CCIE partage avec la même théorie de la décomposition chez les milieux bourgeois la croyance en une refondation automatique d'une autre société, en l'occurrence réellement communiste, quand les bourgeois croient fermement en une refondation écologique...capitaliste , d'un capitalisme pourtant vide ; tout en considérant « l'homme démocratique » comme une connerie avec la participation présumée d'un « homme citoyen »:

« D’ailleurs, s’il est exact que notre démocratie se décompose, pourquoi ne pas susciter et organiser une réforme démocratique totale qui répondrait à l’urgence écologique ? Comme souvent en philosophie politique, l’imminence de la décomposition peut être lue comme une fin ou comme un recommencement, une promesse de refondation. Nous privilégierons cette seconde hypothèse et envisagerons, avec ce qui suit, la crise actuelle et les solutions institutionnelles qui pourraient favoriser en France l’action en faveur de l’écologie6

DEMAIN LA GUERRE ?

AH la bonne question dérangeante mais limitée!

« Les fabricants et les utilisateurs d’armes sont-ils soumis à la taxe carbone ? Quelle est l’estimation de l’impact des conflits armés sur le dérèglement climatique ? », demande un lecteur de Saint-Berthevin (Mayenne) à OUEST-FRANCE. Cette même interrogation de la presse provinciale que le CCIE ne les mène pas pour autant à la dénonciation de la guerre  impérialiste qui se prépare partout. C'est le fond de l'idéologie écolo officielle, on en reste au niveau du constat et on se garde de critiquer l'Etat et le nationalisme.

Peut-on calculer le bilan carbone d’une guerre ? Au-delà des chiffres macabres des pertes humaines, il semble ne plus rien avoir d’indécent aujourd’hui dans la prise en compte environnementale d’un conflit armé. Une façon, sur le long terme, de penser à l’humain. Alors obus, bombes, missiles, roquettes, carburant des engins en tout genre de l’armée, incendies, déplacements de populations… À quelles données se fier et les armées permettent-elles cette transparence ?

Soyons reconnaissant au CCIE d'avoir étalonné dans son Manifeste cet aspect quasiment jamais évoqué par les putains des médias dominants. Ce journal provincial y répond bien mais sans faire le lien avec la guerre, première causalité capitaliste, quand le CCIE imagine que l'argumentation éccolo pourrait être révolutionnaire, et à inclure dans la liste des catégories wokistes du NPA par exemple.


Les institutions militaires en 4e position des plus gros émetteurs (merde alors!)

Mais certaines zones, comme celles des trafics, restent particulièrement opaques. Celles des conflits armés aussi. Si on a l’habitude de calculer d’abord, et c’est normal, les tristes chiffres des pertes humaines, il est nécessaire de questionner également, comme vous le faites cher lecteur, l’empreinte écologique de la guerre, de la même manière que nous prenons en compte ses bilans humains, et économiques. Le problème ? C’est que les activités des armées, tout comme la consommation d’énergie de leurs engins, sont méconnues la plupart du temps. Alors comment compter quand le protocole de Kyoto négocié en 1997 admet que l’armée soit exemptée de l’obligation de déclarer ses émissions de gaz à effet de serre. Jusqu’ici, les meilleures estimations que nous avions étaient qu’en temps de paix, les institutions militaires généraient de 5,5 % à 6 % des émissions mondiales de CO2 liées aux énergies fossiles, selon des données fournies par « The Military Emissions Gap » et « Scientists for Global Responsibility », deux organismes de surveillance de l’impact des militaires sur l’environnement. Avec près de 6 % des émissions globales, soit 2,75 milliards de tonnes de CO2 par an, les forces armées mondiales, regroupées, arriveraient en 4e position des plus gros émetteurs, derrière la Chine, les États-Unis et l’Inde, et devant la Russie.

Plus de CO2 qu’un pays en une année

Les émissions de gaz à effet de serre générées par les deux premiers mois de combat entre Israël et le Hamas avaient fait la Une du quotidien britannique The Guardian, en janvier 2024. Selon les calculs réalisés par des chercheurs britanniques et américains, ce bilan carbone serait équivalent à celui produit par la combustion de 150 000 tonnes de charbon. La reconstruction future des 100 000 bâtiments détruits dans la bande de Gaza, la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas entre le 7 octobre 2023 et janvier 2024 pourrait générer davantage de C02 que la Nouvelle-Zélande en une année. The Guardian ajoute que ce chiffre est supérieur à celui de 135 autres pays et territoires, dont le Sri Lanka, le Liban et l’Uruguay. Mais au fait, sur quoi ces calculs sont-ils basés ? Sur le carburant des avions de ravitaillement en provenance des États-Unis, sur la fabrication des munitions, sur l’explosion de bombes et de roquettes, sur la construction de tunnels sous terre par le Hamas. Et de nombreux détails qui permettent de réaliser, sinon l’exactitude des calculs, l’ampleur des dommages environnementaux de la guerre. La reconstruction future des 100 000 bâtiments détruits dans la bande de Gaza, la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas entre le 7 octobre 2023 et janvier 2024 pourrait générer davantage de C02 que la Nouvelle-Zélande en une année. The Guardian ajoute que ce chiffre est supérieur à celui de 135 autres pays et territoires, dont le Sri Lanka, le Liban et l’Uruguay. « La situation environnementale à Gaza est désormais catastrophique, car une grande partie des terres agricoles, des infrastructures énergétiques et hydrauliques ont été détruites ou polluées, avec des conséquences dévastatrices sur la santé probablement pour les décennies à venir », explique The Guardian. L’impact environnemental des conflits ne peut plus être ignoré. En somme, entrent en compte dans les calculs : obus, bombes, missiles, roquettes et munitions de petits calibres ; carburant des engins en tout genre de l’armée ; incendies (feux de dépôts de carburant et d’infrastructures pétrolières, feux de déchets et de débris, feux de forêts et de champs), et déplacements de populations (déplacés internes, réfugiés…) qui obligent à un recours accru aux automobiles, cars, trains, bateaux et avions.

Un autre indicateur permet de calculer le bilan carbone des conflits armés : le budget de défense. En utilisant son budget de défense comme indicateur, une nouvelle étude estime que l’empreinte carbone militaire annuelle de référence d’Israël, sans tenir compte du conflit, était de près de sept millions de tonnes métriques d’équivalent CO2 en 2019. Cela équivaut à peu près au CO2 émis par l’ensemble de la nation de Chypre, et 55 % d’émissions de plus que l’ensemble de la Palestine. Concrètement, les études sont récentes, les méthodes de calcul ni homogènes ni formalisées, mais l’étude du bilan carbone des conflits armés émerge, et la question semble moins indécente qu’il y a encore quelques années, où parler du climat face au nombre de pertes humaines aurait pu l’être. Aujourd’hui, nous le savons, penser à la planète, à l’impact des guerres sur le réchauffement climatique, c’est nécessaire, et c’est aussi penser à l’humain, sur le long terme ».

On peut pas citer ici tout le Manifeste écolo du CCIE mais les descriptions eschatologiques tout à fait réelles et effarantes sont probantes mais dérisoires au même niveau que Ouest-France en reprenant les concepts bobos de l'idéologie écolo tels le « sauver le climat » :changement climatique, perte de biodiversité, la sécurité alimentaire, effondrement des écosystèmes »7 :

« La dévastation de Gaza par l’armée israélienne a des effets similaires sur l’environnement alors qu’elle massacre et affame la population par dizaines de milliers. Les guerres actuelles montrent que cette stratégie de la terre brûlée a été renforcée : détruire les ressources d’un environnement afin d’affamer l’adversaire. C’était d’ailleurs l’un des objectifs de l’utilisation du napalm au Vietnam. Et pour boucler la boucle, toutes les dépenses militaires colossales à venir conduiront même les gouvernements à abandonner leurs engagements insignifiants en faveur du climat : coupes sombres dans les programmes de réduction des émissions de CO2, dans la recherche d’énergies alternatives, etc. C’est le monde tel qu’il est depuis 1914, un monde en guerre permanente qui engloutit les ressources et brûle des régions entières. Si rien n'est fait pour stopper cette dynamique, les États continueront leur folie meurtrière et les foyers de guerre s'étendront jusqu'à jusqu'à ce qu'ils consument tout ».Ce long déclin a atteint une phase terminale, une impasse où la guerre, les crises de surproduction et les destructions environnementales ont atteint le point où toutes ces manifestations de l’impasse historique du système agissent les unes sur les autres pour produire un terrible tourbillon de destruction. Mais il existe une alternative au cauchemar dans lequel nous plonge le capitalisme : la lutte internationale de la classe exploitée pour le renversement du capitalisme et la construction d’une société communiste mondiale.

« Chaque guerre provoque des désastres environnementaux dont l’impact se fera sentir encore pendant des siècles, voire des millénaires : métaux lourds, produits chimiques, éléments radioactifs… Même les conséquences de la Première Guerre mondiale se font encore sentir aujourd’hui. Le plomb et le mercure issus de la dégradation des munitions contaminent les nappes phréatiques partout où il y avait des tranchées ».

Ouais ouais, mais en quoi ces arguments pacifistes et écologiques vont-ils « instruire » de la nécessité d'une révolution prolétarienne e « conscientiser » des masses de bobos pour qui la classe ouvrière reste invisible ? En rien car l'essentiel c'est de convaincre les petits bourgeois de venir à la révolution depuis leur posture arrogante de bobo-écolo :

« nous appelons ceux qui se sont laissés entraîner dans le "militantisme écologiste" à réfléchir, regarder courageusement la réalité en face et reconnaître l’impasse de cet activisme et à orienter leurs énergies vers la lutte prolétarienne et le combat pour le communisme, qui constitue le seul moyen de lutter contre la destruction de la planète ».

Vous avez bien lu « contre la destruction de la planète. Ce même langage que les bourgeois et leurs généraux écolos ! Et vous pouvez compter sur le petit bourgeois écolo qui va abandonner sa conviction réac moderniste et wokiste pour venir sur le terrain de la principale classe révolutionnaire!

Jean Doute


NOTES


1Macron s'engage dans la guerre sans être contesté par un quelconque parti ou syndicat, les suivistes de Mélenchon défilent en faveur d'un groupe terroriste militariste. Seul le groupe « Les chanteurs anonymes » a glissé sur le web cette belle chanson : « Macron au front ».

2Les attendus du tribunal pour enfin éliminer la principale porte-voix diabolique du peuple raciste et facho sont un modèle de putasserie aussi bien stalinienne que maccarthyste : « « Le tribunal prend en considération le trouble majeur à l’ordre public démocratique qu’engendrerait en l’espèce le fait que soit candidat, par exemple et notamment à l’élection présidentielle, voire élue, une personne qui aurait été déjà condamnée en première instance, notamment à une peine complémentaire d’inéligibilité, pour des faits de détournements de fonds publics et pourrait l’être par la suite définitivement » ? Toutefois on ne va pas plaindre la mafia du RN les doigts pris dans le pot de confiture.

3Témoignage anonyme : J’ai voté "vert" pendant vingt ans. C’est une cause utile et légitime. Mais elle prend un mauvais chemin. Elle n’engage aucune politique d’ensemble. Le mouvement des Verts est frappé d’apathie. Son discours n’est ni crédible ni entraînant. Mais elle envahit le débat d’idées. Avec des propositions qui constituent des régressions. Je suis donc allé aux sources idéologiques pour comprendre sa version la plus irrationnelle. Nous classons habituellement l’écologie à gauche mais elle puise ses racines très à droite. Pour moi José Bové est un maurassien d’extrême gauche. (cf. Les idéologies de l'écologisme | Cairn.info)

4Les militants d'Extinction Rebellion sont financés par de très riches philanthropes américains venant soutenir la désobéissance civile anticapitaliste sur le climat car ils ont peur pour leurs immenses propriétés privées Un don de près de 550 000 euros a été effectué. Si aux États-Unis et au Royaume-Uni le mouvement se réjouit de ses nouveaux investissements, en France, on hésite encore à accepter une partie de la somme de peur de ternir son image. C’est un enfumage financé par des oligarques et le capitalisme, jusqu’aux États-Unis”, accuse un homme dans une longue diatribe partagée lundi soir par Éric Drouet, ce dernier avouant “se poser exactement les mêmes questions”.

Mais surtout, la branche française du mouvement prend soin d’éclaircir sa position vis-à-vis d’une information à l’origine de nombreuse suspicions. Contrairement aux autres antennes internationales du mouvement, notamment britanniques et américaines, les militants français n’auraient pas bénéficié du Climate Emergency Fund (CEF)

5On notera tout de même ici combien ce terme d'invisibles est approprié ; à la suite de la négation et disparition de la classe ouvrière par les amis du colonialiste et pétainiste Mitterrand au long des années 1980, ils ont cru la faire disparaître vraiment mais au moment où elle semble réapparaître, heureusement qu'on la qualifie de raciste et anti-immigrationniste.

6La transition écologique et la démocratie : quelques remarques philosophiques, politiques et anthropologiques par Pierre Statius.

7Qu'est-ce qu'on a à foutre de la « sécurité alimentaire » et de la biodiversité quand des bombes tuent des milliers d'humains des populations civiles qui n'ont pas le temps...d'avoir faim ou de se soucier du climat qu'il fait ?


La dictature écolo, comme en Iran ils pénètrent dans votre jardin perso