« Je
vois bien que, quand les peuples sont mal conduits, ils conçoivent
volontiers le désir de se gouverner eux-mêmes ; mais
cette sorte d'amour de l'indépendance, qui ne prend naissance que
dans certains maux particuliers et passagers que le despotisme amène,
n'est jamais durable : elle passe avec l'accident qui l'avait
fait naître ; on semblait aimer la liberté, il se trouve qu'on
ne faisait que haïr le maître ».
Tocqueville
(L'ancien régime et la
révolution, Chap 3, « Comment les français ont voulu des
réformes avant de vouloir des libertés »).
La
détestation de Macron
peut-elle mener à la révolution ? Tocqueville écrit aussi
dans un chapitre bourré de rébus et pas toujours clairvoyant:
« l'expérience apprend que le moment le plus dangereux pour
un mauvais gouvernement est d'ordinaire celui où il commence à se
réformer ».Le
gouvernement Macron ne se réforme pas – il ne peut pas réformer
l'Etat bourgeois en l'espèce – mais il prétend réformer, c'est à
dire accélérer le processus d'ubérisation d'un capitalisme mondial
hyper endetté. Il prétend mettre fin aux lenteurs et au laxisme des
gouvernements précédents. Avec une arrogance certaine,le président
Macron prétend foncer, sans se calfeutrer, vers une consécration
européenne. Tous les gouvernements précédents avaient fait l'objet
d'un état de grâce. Celui-ci fait l'objet d'une particulière
disgrâce comme on peut le constater par toutes les agitations qu'il
suscite.
MACRON
BONAPARTISTE
Difficultés
cycliques et récurrentes de la bourgeoisie française ou coup de
pied dans la fourmilière ? Prenons les choses à l'envers du
décor en gardant en tête que pour bien gouverner tout Etat doit
disposer d'une opposition conséquente, faire-valoir ou alternative.
Mettons
que Macron se casse les dents. Le pays est gagné par la paralysie,
une chienlit pire que celle qui déstabilisa De Gaulle. Quelle
alternative ? Macron obligé de dissoudre l'assemblée à sa
botte pour de nouvelles élections, chose jamais vue en début de
mandat... Quels partis pour séduire un électorat hétéroclite et
un prolétariat absent ? Ou plutôt quels programmes de la part
de la myriade de micros partis soit pour endiguer le libéralisme
« en folie » soit pour préserver un changement dans la
continuité ? Voire quel inimaginable nouveau mai 68 porteur de
changements sociétaux mais surtout pas de bouleversement
révolutionnaire de la société capitaliste ?
Résultat,
la détestation de Macron, du fait de sa surexposition, ne mène à
rien. On peut même faire la déduction de nombre de journalistes
« analystes » ou « chef du service politique »,
et proches du pouvoir : les divers mécontentements empilés
rendent service à Macron ; ils oublient d'ajouter que c'est
aussi pourquoi il mise sur la lenteur à solutionner des
contestations qui servent à revaloriser la fonction autoritaire de
l'Etat. Mais pas seulement. Le problème est qu'il n'y a plus
d'opposition crédible, ni aucun « cabinet fantôme » en
France avec l'écroulement de la fausse opposition droite/gauche. Il
y faudra des années... De la gauche unie on est passé à la gauche
plus rien, et surtout à la gauche n'importe quoi. De la droite « qui
rassemble » on est tombé dans une droite qui tremble dans ses
casemates dispersées.
En
France, en réaction à la déshérence des partis, le bonapartisme a
toujours été une solution transitoire et nécessaire, avec les
quelques grandes lignes suivantes :
.
la conception hiérarchique de la société impliquant la
constitution d'une élite fondée sur le mérite ;
- la prééminence de l'exécutif gouvernemental sur les assemblées parlementaires ;
- le bien-fondé d'une administration centralisée ;
- la volonté de réconciliation nationale par-delà les partis diviseurs ;
- la grandeur de la Patrie ;
- redonner de l'importance au clergé ;
- construction de logements sociaux, grands boulevards, livrets d'Epargne pour les ouvriers, accent mis sur l'éducation populaire, etc
- politique sociale audacieuse mais visant à favoriser émulation et arrivisme
Le bonapartisme introduit aussi des réformes
sociales novatrices, au nom du « bien de tous » mais en
réalité pour dissoudre le prolétariat comme le lui reproche, sous
Badinguet, l'AIT. Le bonapartisme réapparaît toujours dans les
périodes d'instabilité politique, mais n'explique pas tout ni ne
résout toutes les contradictions contrairement à l'analyse qu'en
fait Trotsky1 ;
il ne signifie pas à tous les coups que c'est le prolétariat qui
est menaçant.
UNE CLASSE OUVRIERE ABSENTE DANS TOUTES CES
AGITATIONS PROFESSIONNELLES ET CATEGORIELLES
Désolé pour les
adeptes d'un prolétariat invariable ou toujours sur les charbons
ardents, mais il faut bien le noter, pas seulement face aux faibles
mobilisations dans la rue, mais la classe ouvrière ne suit pas les
bobos en ébullition. Le Nouvel Obs voudrait bien dissoudre cette
notion de bobos, mais la réalité est là : au mètre carré de
manifestants ce sont surtout les bobos syndicaux qui agitent les
fanions de leur chapelle syndicale ; d'ordinaire plus il y a de
drapeaux syndicaux concentrés moins il y a de prolétaires
réellement en lutte. La minorité « bloqueuse » de bobos
étudiants du NPA n'abuse pas la majorité des braves étudiants
inquiets pour leurs examens qui risquent pourtant de ne plus leur
assurer un statut de cadres ni même de cadres du prolétariat. Les
glands de la croizade marginale en Bretagne servent de repoussoirs à
toute lutte sérieuse de classe.
L'absence d'un
engouement ou d'une pression tangible de la masse de la classe
ouvrière n'est pas simplement liée à sa méfiance vis à vis des
agitations dispersées et creuses, mais plus fondamentalement un
questionnement sur les revendications des uns et des autres. A Air
France ils ne se battent pas contre un salaire de misère. A la SNCF,
où beaucoup n'y croient plus et sont conscients qu'on les a parqués
dans une grève archi bidonnante, la notion de « bastion
ouvrier », vieille resucée stalinienne, appliquée naguère
aux grosses usines automobiles, a du plomb dans l'aile. Le mensonge
des oppositionnels (site en construction) de la gauche dite radicale
et de ses suivistes trotskiens repose toujours dur l'OUBLI, l'oubli
des trahisons successives et récurrentes des syndicats2,
l'oubli que les nationalisations c'est fini et que cela n'a jamais
été un acquis ouvrier n'en déplaise aux falsificateurs trotskistes
de toute secte3.
A la défense des
nationalisations on a substitué la « défense du service
public ». Douce plaisanterie ! Comme si on pouvait placer
sur le même plan une gestion très capitaliste et très hiérarchisée
des entreprises publiques et les coopératives ouvrières de
naguère !
OUBLI aussi de la farce
de 1995 du « tous ensemble » creux et mensonger !
Les gauchistes et leurs complices syndicalistes nous resservent cette
année comme un mythe victorieux, alors que l'éviction de Juppé n'a
rien changé au long terme et que, il faut le dire, la concession
temporaire aux cheminots, a permis par la suite de Fillon à Macron,
de faire passer toutes les réformes de retraite (qui ne sont jamais
terminées...). Le bastion ouvrier, avec ses avantages (et
inconvénients) peut bien devenir un bastion de la réaction, mais il
ne concerne pas les intérêts de toute la classe ouvrière4
ni ne représente une option de gestion alternative au capitalisme.
Par contre, la
bourgeoisie et Macron se sont moqués de la prétention à la
« généralisation » affichée avec d'autres mots par les
grands comédiens à la tête des centrales syndicales. Pas de
« coagulation » en cours a pu remarquer, narquois,
Macron. Evident mon cher Watson avec cette compil hétéroclite des
mécontents, des abusés et des cocus ! « Convergence »
a dit le moustachu de la CGT avec lunettes de soleil pour manifs
maigriches le 19 avril, mais parce qu'il fallait bien qu'un syndicat
joue au rassembleur de tous les mécontents quand les autres se
pinçaient le nez (oubli quand tu nous tiens ! Ils ont fait
exactement la même chose en 95 et à chaque épisode des défilés
corbillards pour les retraites!). Convergence est d'ailleurs aussi
creux que généralisation, et grève générale des brêles
gauchistes. Généralisation de quoi ? Encadrés dans une grève
cloisonnée non créée par les ouvriers eux-mêmes ni contrôlée
par eux... généralisation de l'enfermement corporatif oui ! Et
qu'est-ce qu'une généralisation qui ne mélange pas, qui ne permet
pas de véritables AG inter-entreprises ?
Plus grave toute cette
agitation est creuse et ne concerne en rien l'émancipation de la
classe ouvrière. Elle n'est comparable en rien au surprenant et
inclassable mai 68 où on n'entendit pas ces fadaises - « il
faut faire reculer le gouvernement », « défense de notre
statut », « augmentez les salaires » - où dominait
un sentiment confus, peut-être romantique, mais prégnant qu'on
pouvait changer la société pas en passant son temps à canarder les
CRS, ni à bêler les slogans syndicaux, ni à planter des salades et
fumer un joint à notre dame des glands !
ON OUBLIE finalement que
c'est grâce à toutes ces inutiles balades syndicales que la plupart
des « réformes » sont passées sous Sarkozy et
prédécesseurs. Les bonzes professionnels savent si bien organiser
confusion, dispersion et division.
LE SUIVISME DES RADIS
GAUCHISTES derrière la « grève loto »
Septième,
puis huitième journée de grève des cheminots, quatrième épisode
du mouvement syndicrate commencé en avril (6e selon moi), lequel ne
perturbe en rien l'Etat, reste cloisonné derrière les grilles SNCF
et les cartels syndicaux. Les usagers peuvent crever et s'ils
protestent c'est parce qu'ils sont complices de Macron. Cheminots
syndiqués, fonctionnaires encartés, retraités du syndicalisme ou
encore salariés CGT de l'énergie (EDF ubérisé) ont eu beau
converger hier dans « une première tentative de construction
d'un front commun » (sans blague) contre Emmanuel Macron, ils
n'ont abusé personne sur la mascarade en cours et leur 133
mobilisations chétives dans toute la France avec l'invitation des
gentils étudiants.
Penchons-nous
sur le raisonnement torve du NPA, dans les « numéros »
de l'Anti-capitaliste, cette antre à bobos se rend bien compte que
la classe ouvrière ne suit pas mais lui propose toujours de se
coller aux basques des grands syndicats traîtres et d'adhérer à
ses gadgets politiques bourgeois :
« Pourtant
le gouvernement, tout comme les patrons et directions d’entreprises,
campent fermement sur leurs positions. Au grand dam des directions
syndicales, ils n’offrent que des simulacres de « négociation ».
Jamais il n’a été aussi clair que pour faire aboutir les
revendications des mouvements en cours (rejet des contre-réformes,
salaires, retraites, conditions de travail, statut, service public,
accès à l’université…), la lutte secteur par secteur,
entreprise par entreprise ne peut suffire. Les revendications sont
diverses mais l’ennemi est commun. Divisés, éparpillés chacun
dans son coin, aucun de nous ne sera en mesure de gagner. Unis dans
un grand « Tous ensemble », nous pouvons mettre un coup d’arrêt
à l’offensive macronienne et commencer à imposer nos exigences.
On
le sait, ce ne sera ni simple ni facile. Plusieurs obstacles, qu’il
est nécessaire d’identifier, se dressent sur la voie de la
généralisation et de l’unification.
En
premier lieu, même si le néolibéralisme que le gouvernement porte
en étendard ne parvient pas à imposer son hégémonie idéologique
dans la majorité de la population, les
défaites et reculs du passé pèsent. Les divisions sont ainsi
évidentes au sein de la classe des salariés, entre ceux et celles
qui conservent encore certains acquis et les autres, déjà
précarisés et corvéables à merci, ceux et celles qui sont
attaqués et d’autres qui espèrent passer entre les gouttes.
L’affaiblissement des traditions collectives de lutte et
d’organisation, au profit de la recherche de solutions
individuelles, est une réalité. Cette
situation est illustrée par les sondages qui montrent, à la fois,
le rejet croissant du macronisme au sein des classes populaires et la
difficulté à réunir un soutien majoritaire à la grève des
cheminots ».
Poursuivons
la lecture du queuisme idéologique des militaires NPA, et sa façon
d'exhiber à la classe ouvrière l'exemple suprême de radicalité
anti-capitaliste anarchiste surprême de NDL... un secteur (?) en
pointe de la lutte :
« Le
gouvernement et le patronat, puissamment aidés de leur appareil
médiatique, en jouent à fond pour tenter d’isoler et discréditer
les secteurs en pointe de la lutte. A
cela se combine une politique de répression que l’on a rarement vu
se développer à un tel niveau – de l’offensive quasi militaire
contre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes jusqu’aux expulsions
violentes d’universités occupées, en passant par les persécutions
de syndicalistes
comme celle dont notre camarade Gaël Quirante est victime, sans
parler du traitement toujours plus inhumain réservé aux réfugiés.La
politique de la majorité des directions syndicales, qui ne se
résignent pas à abandonner leurs illusions dans le « dialogue
social » et à engager l’indispensable épreuve de force,
continue de tirer en arrière. C’est le cas avec la forme de grève
« perlée » imposée à la SNCF pour suivre le calendrier des
prétendues négociations avec le pouvoir.
Et que penser des organisations de la fonction publique qui, après
la grève assez réussie du 22 mars, repoussent l’appel à une
nouvelle journée au… 22 mai ? ».
Les
vieux barbons syndicaux et la machinerie étatique syndicale et leurs
« illusions » ! On se pâme devant tant de servilité
du soldat trotskiste ! Poursuivons pour mesurer le degré de
queuisme même en dénonçant au passage la supercherie
mélenchonienne, et l'illusion entretenue d'un réveil de ce pauvre
1er mai voué aux minables processions du personnel syndicrate :
« Les
choix des partis politiques qui se situent dans le camp du mouvement
ont également des répercussions. Comment
à ce sujet ne pas être dubitatif devant l’appel de la France
insoumise à une manifestation nationale le 5 mai, lancé sans
concertation avec personne et sans lien avec le développement réel
de la mobilisation sociale ? Alors
qu’à l’évidence le 1er Mai prendra cette année une
signification toute particulière ? D’autant que cet appel se
double de l’intention de créer « partout en France » des
« comités du 5 mai », au moment même où des collectifs
unitaires de défense du service public commencent à se former dans
une série de villes et quartiers. Ces
dernières initiatives, qui reprennent une expérience positive du
mouvement de 2003, peuvent en revanche s’avérer très utiles :
avec toutes les organisations qui le souhaitent, que l’on
appartienne ou non à un parti, un syndicat, une association, se
regrouper pour soutenir concrètement les grèves et mobilisations en
cours, les populariser, contrer la propagande gouvernementale – et
pourquoi pas, décider de manifestations ».
Le
préposé NPA, Jean-Philippe Divès n'a aucune honte à promettre la
lune sous les oripeaux catégoriels et syndicaux, à imaginer une
invisible extension, une généralisation creuse et une
auto-organisation... de la syndicratie, avec pour flambeau les
blocages d'une minorité d'activistes NPA déguisés en étudiants:
« Mais
l’essentiel se joue bien sûr dans et à partir des mouvements déjà
engagés : l’extension et la généralisation,
l’auto-organisation, l’unification – comme on en voit les
premières expressions dans les facs occupées et les assemblées
générales de cheminots – sont les tâches de l’heure. Macron
et ses ministres répètent sur tous les tons qu’ils « ne
croient pas à la convergence des luttes ». Tout l’enjeu est
maintenant de leur donner tort ».
L'enjeu
reste d'épuiser les grévistes obstinés, à tort ou à raison, et à
ce titre les entraîneurs trotskiens sont forts. Un deuxième pigiste
« accompagne les illusions syndicales » :
« L’affluence
tombe généralement de moitié, du premier jour au deuxième, les
responsables de la CGT étant les premiers à ne pas encourager aux
AG du deuxième jour... à quoi bon, puisque le calendrier est
fixé ? ».
Le
calendrier trotskiste est lui aussi fixé par la trilogie exemplaire
mouvement étudiant/NDDL/cheminots encadrés, mais tout ce potentiel
colérique égrené par Stella Monot a fait plouf :
« Le
mouvement étudiant continue à monter dans les facs. L’émotion
grandit face aux brutalités policières, dont celles commises à
NDDL. La manifestation de Marseille du 14 avril est apparue
comme un succès. On
peut donc s’attendre à ce que rien ne retombe chez les cheminotEs
pour la prochaine séquence les 18 et 19 avril. Sans compter que
le 19 avril est le prochain grand rendez-vous des colères, en
grève et dans la rue ».
Macron
provoque « mais il tremble », surtout face au top de la
lutte anti-capitaliste :
« La
répression et la violence touchent aussi les zadistes de
Notre-Dame-des-Landes qui, après avoir gagné l’annulation d’un
aéroport inutile et nuisible pour l’environnement, souhaitent
rester sur place pour continuer à travailler la terre et à
expérimenter un mode de vie alternatif à celui du capitalisme.
Inacceptable pour le gouvernement. Mais quoi qu’il en dise, il ne
parvient pas à mettre fin à cette occupation déterminée ».
L'expérimentation
d'un mode de vie alternatif au capitalisme a pourtant déjà tournée
court et descillé quelques-uns de ses plus naïfs admirateurs
ploum-ploum5.
La ridicule expérimentation anarchiste de marginaux désoeuvrés
permet d'éviter de parler de réelle perspective révolutionnaire
voire d'un programme de renversement de la bourgeoisie6.
Après avoir rameuter depuis le début aux ordres des appareils
syndicaux gouvernementaux, les gauchistes se hasardent à se
découvrir critiques :
« La
stratégie de « la grève loto » est ainsi remise en cause par
celles et ceux qui sont déterminés à aller vers un mouvement
d’ensemble.
Il est désormais important de regrouper localement, régionalement,
voire nationalement les grévistes qui défendent cette orientation
avec des AG inter-gares, des coordinations de salariéEs des secteurs
en grève, bref, de faire des pas concrets vers la convergence des
luttes ».
Mieux,
ils/elles surenchérissent alors que l'empilement des protestations
se tasse et n'est plus qu'une « coïncidence »
(Mélenchon) :
« Étendre
les grèves et les faire converger ! Cette
conscience qu’il faut aller vers le « touTEs ensemble » pour
infliger une défaite au gouvernement et faire ravaler un tant soit
peu leur morgue aux riches et aux patrons commence à se frayer un
chemin dans les têtes. Il faut désormais bousculer le calendrier
défini par les directions syndicales. C’est le moment d’y
aller ! ».
C'est
le moment d'y aller, mais où ? Les éditorialistes de
l'Anti-capitaliste se succèdent à la vitesse du débit oratoire
creux de Poutou mais alternant tout feu toute flamme et état
dépressif :
«... il
faut faire quelques constats politiques. Le premier est que, si la
colère est très forte, il n’y a pas de secteur suffisamment
puissant pour obtenir une victoire seul. Cela tient à la difficulté,
dans un contexte de recul du mouvement ouvrier, à construire des
mobilisations majoritaires, en raison, notamment, de la politique des
directions syndicales, et à de la détermination du gouvernement ».
On
a un résumé en creux du suivisme trotskiste et leur impuissance à
encadrer « une classe ouvrière éclatée » (j'aime bien
le lapsus politicien et militaire « nous avons besoin »)
pour leur « camp social » malgré des quêtes racoleuses
et leur fabrique de comitards prêts à relayer une « grève
loto » de plus en plus nullissime :
«
C’est pour cela qu’en gardant en tête ce sur quoi insiste
souvent LO avec raison, qu’il n’y a pas de convergence des
luttes sans luttes, le NPA a initié les réunions unitaires des
organisations politiques. Nous
avons besoin d’un mouvement profond et interprofessionnel d’une
classe ouvrière éclatée, fracturée, en recherche de stratégie,
de projet de société.
C’est pour cela que nous bataillons pour la constitution de
collectifs unitaires de soutien à la grève des cheminotEs et aux
services publics : il s’agit d’appuyer la mobilisation de notre
camp social partout, au-delà des lieux de travail, pour construire
des convergences, enrichir les débats ».
Où
le NPA rend service au FN et à « l'opinion » en
soutenant la pagaille des « zones de non-droit »
La
« colère » des militaires du NPA se trouve des
compensations face à l'ingratitude des « masses », cette
branche krivinesque du trotskisme décati a toujours fait l'apologie
de tout ce qui bouge, même les plus réactionnaires manifestations
de la décomposition de la petite bourgeoisie, du violeur Ramadan au
voyou de NDDL. La théorie du NPA c'est l'apologie de la populace et
du grabuge : la révolution commence dans les « zones »
qui échappent à l'Etat : glands de NDDL et glands du Mirail
même combat !
Je
vais citer enfin l'intégralité du communiqué de soutien toulousain
aux « jeunes » émeutiers musulmaniaques des banlieues
« défavorisées », ainsi vous verrez ce que signifie
l'engagement trotskiste caméléon, un satisfecit complet à
l'expansion de la religion musulmane, avec notions inventées de
racisme d'Etat et un comique soutien aux très bourgeoises et très
hypocrites « institutions internationales ». Que ce genre
de communiqué fasse comprendre à ceux qui me lisent en étant
dubitatifs sur la nature bourgeoise de cette clique, qu'ils font
partie des pires ennemis de la classe ouvrière, et que, si un jour
ils étaient au pouvoir ils interdiraient les grèves des cheminots
tout comme ils enverraient la troupe dans les quartiers ! C'est
avec le même raisonnement que leurs pères en trotskisme ont envoyé
à l'abattoir des « libérations nationales » des
millions d'ex-colonisés, qu'ils n'ont jamais remis en cause la
nature capitaliste du stalinisme ; ils sont par conséquent des
impotents coulés dans l'idéologie anarchiste sans principe et
étrangers à la théorie marxiste toujours vivante.
« Depuis
plus de 48h, des jeunes du quartier du Mirail à Toulouse
s’affrontent à la Police. Les raisons de la révolte avancées
dans la presse seraient liées à l’interpellation d’une femme
voilée et à la mort d’un détenu de la prison de Seysses.
Au-delà
des faits, la révolte des jeunes du Mirail exprime le ras-le-bol
face à la répression quotidienne contre les habitants du quartier :
contrôles au faciès, racisme d’Etat, islamophobie
institutionnelle, violences en prison sur les détenus.
Les
lois islamophobes donnent une légitimité à la Police pour harceler
les musulmanes jugées trop voilées dans la rue. Parce qu’elles
oppriment et stigmatisent une partie de la population, ces lois
doivent être retirées.
Les
conditions de détention en prison et les violences qui y sont
associées sont intolérables et la France a été plusieurs fois
épinglée sur cette question par des institutions
internationales. La jeunesse des quartiers, qui vit sous pression
policière et judiciaire permanente, le sait bien et ne supporte plus
cette situation dans et hors de la prison.
Le
NPA 31 exprime sa solidarité envers les jeunes et les habitantEs du
Mirail qui subissent ces violences. Nous exigeons que les forces de
répression se retirent immédiatement du quartier du Mirail et
rentrent à la caserne.
Toulouse,
le 18 avril 2018.
NOTES
1La
bourgeoisie a à nouveau eu recours au bonapartisme en 1851, en
raison de l'instabilité de la Deuxième
république. C'est ce que Marx
décrit dans Le
18 brumaire de Louis Bonaparte, à
propos du Second
Empire de Napoléon III. Marx et Engels
ont également qualifié de bonapartisme le régime de Bismarck.
Dans La
guerre civile en France (1871), Marx
généralise le bonapartisme :
En réalité, c'était la seule forme de gouvernement possible, à une époque où la bourgeoisie avait déjà perdu, - et la classe ouvrière n'avait pas encore acquis, - la capacité de gouverner la nation.[1]Le 12 avril 1890, Engels écrivait à Sorge: « Tout gouvernement actuel devient, nolens-volens, bonapartiste ». Trotsky et sa définition passe-partout du bonapartisme :
« Par bonapartisme, nous entendons un régime où la classe économiquement dominante, apte aux méthodes démocratiques de gouvernement, se trouve contrainte, afin de sauvegarder ce qu’elle possède, de tolérer au-dessus d’elle le commandement incontrôlé d’un appareil militaire et policier, d’un "sauveur" couronné. Une semblable situation se crée dans les périodes où les contradictions de classes sont devenues particulièrement aiguës : le bonapartisme a pour but d’empêcher l’explosion. »
2Que
vous pouvez vous remémorer dans mon livre : « L'aristocratie
syndicale », ed du pavé 2010.
3Lénine
n'a jamais défendu les nationalisations. Elles servent à la
bourgeoisie pour reconstruire le pays après guerre et en même
temps à diviser la classe ouvrière entre privé et public (cf. mon
livre sur le syndicalisme pourri p.223 et suivantes). La SNCF ou ce
qu'il en reste est/était une boite extrêmement hiérarchisée et
d'un culot monstre vis à vis de ses employés. Une boîte juste
défendable par les bobos trotskiens ! Tout le monde a oublié
que les grèves du mitan des années 1980 ont été non seulement
réellement prolétariennes mais motivées par l'ignominie de la
hiérarchie « nationalisée » ; par exemple à la
suite de la série d'accidents atroces de 1985, la hiérarchie ne
trouve pas mieux que de lancer un questionnaire humiliant sur la
compétence des agents (cf. p.195 de mon livre, paragraphe :
« des accidents sociaux à répétition à la SNCF »).
4Même
avec l'argutie du syndicaliste moyen : « après les
cheminots ce sera toi ! », or le toi est déjà passé à
la casserole !
5Dénomination
fort péjorative au cours des années 1960 et 1970 des anarchistes
qui défiaient la police en fin de manif ou s'exerçaient à la
casse gratuite de vitrines.
6Comme
par exemple celui-ci : QUE
VEUT LA LIGUE SPARTACUS ?