"Vous ne nous avez protégé de rien pendant 5 ans. Au contraire. Même pas de vous-même". F.Hollande
Pour
l’essentiel, excepté la petite manip de l’ordure sondagière concernant les
seconds rôles Le Pen et Mélanchon, les sondages ne se trompent pas et ne se
sont pas trompés au premier comme au second tour de piste; et avec un large écart que je prévoyais compte tenu de la détestation justifiée de "l'anormal" sorti, même pour une frange de la bourgeoisie, désolée de n'avoir pu lui trouver un remplaçant dans la faction (minable et grossière) de la droite caviar. Cela serait presque désespérant si la sondagerie était naturelle et non
pas basée sur un découpage bien réglé des catégories de citoyens et de leur
degré d'aliénation infra-politique soumise à telle ou telle faction de l’arc en ciel de la
religion électorale.
La religion électorale bourgeoise a confirmé que ses
adeptes étaient encore majoritaires. L’élection attendue de Hollande est et aura
été un simple vote de rejet du gugusse sortant et sorti. A la différence de mai
1981, il n’y a pourtant aucune illusion sur la gauche bobo libérale, apologiste des PME
et de la croissance pour le profit national; le nouvel impétrant ne peut pas se lancer dans une nouvelle comédie des nationalisations de l'époque du premier ministre Mauroy, au risque d'un effondrement immédiat de la "confiance des marchés bourgeois"; Hollande sait qu'il va devoir composer. Vote empiriste et circonstanciel, comme ailleurs dans le monde (sauf
dans la Russie gangstériste de Poutine) aucun chef d’Etat n’échappe à l’élimination
électorale. Depuis des mois, malgré un battage haineux de 90% des médias acquis
au PN de l’Elysée, il était déjà « licencié » par la population
votante et passive. Moins réjouissant que l’élimination de Sarkozy est la
confirmation de cette passivité des masses ouvrières comme petite bourgeoises à
poser la question de la sortie de la religion électorale truquée et l’incapacité
à prendre en main politiquement une alternative révolutionnaire de société. L’oligarchie
change de veste avec la même religion politique, la continuité dans le
changement d’autres apparatchiks qui feront ce qu’ils voudront durant les cinq
années qui viennent.
VOTER COMME DEVOIR ET SOUMISSION
Je n’avais pas
connaissance de l’ouvrage d’Emilio Gentile – « Les religions de la
politique » (Seuil 2001) lorsque j’ai rédigé mon petit livre – « La
croyance électorale et ses origines ». Ouvrage d’un érudit, fort
intéressant bien qu’il s’appuie trop souvent sur des auteurs réactionnaires et
catholiques, il n’en constitue pas moins une pertinente analyse de la
statolâtrie et de la commune religiosité des régimes totalitaires et de
l’hypocrite démocratie, comme de la complicité des masses consentantes, ainsi
que nos élections hexagonales viennent d’en être l’illustration misérable
simplifiée : le combat du bien « normal » (Hollande) contre le
mal « anormal » (Sarkozy), pour en définitive ne rien changer à
l’ordre exploiteur établi. (Quoique je sois aussi heureux qu’un chef d’Etat
débile ait été « licencié »).
Survolons
quelques extraits éclairants de l’ouvrage de E.Gentile avant de tirer quelques
leçons de la dernière mascarade de la « religion civile ».
« …L’interprétation
du phénomène religieux que nous pourrions appeler fidéiste, proposée par
Gustave Le Bon à la fin du XIXème siècle, accorde à la religion de la politique
toute sa validité. Le concept de religion n’impliquerait pas nécessairement,
selon lui l’existence d’une divinité transcendante. Les deiux sont le fruit de
nos rêves :
« C’est l’homme sans aucun doute, qui a créé
les dieux mais après les avoir créés, il a été immédiatement asservi par eux.
Ils ne sont pas les fils de la peur, comme le prétend Lucrèce, mais de
l’espérance, et leur influence sera donc éternelle (…) Certes les dieux ne sont
pas immortels, mais leur esprit religieux est éternel. Assoupi pendant quelque
temps, il se réveille à peine est créée une nouvelle divinité ».
Le spécialiste
de la psychologie des foules considérait le phénomène religieux, quelle que
soit sa manifestation, comme l’expression d’un irrépressible sentiment humain.
La religion puise son origine aux sources du plus impérieux des instincts
« le besoin de se soumettre de toute façon à une foi ; divine,
politique ou sociale » :
« Ce sentiment a des caractéristiques très
simples : adoration d’un être supposé supérieur, crainte de la puissance
magique qu’on lui suppose, soumission aveugle à ses commandements,
impossibilité de discuter ses dogmes, désir de les répandre, tendance à
considérer comme ennemis tous ceux qui ne les admettent pas. Qu’un sentiment
s’applique à un Dieu invisible, à une idole de pierre ou de bois, à un héros ou
à une idée politique, du moment qu’il représente les caractéristiques
précédentes, il reste toujours d’essence religieuse (…) On n’est pas religieux
seulement quand on adore une divinité, mais quand on met toutes les ressources
de l’esprit, toutes les soumissions de la volonté, toutes les ardeurs du
fanatisme au service d’une cause ou d’un être qui devient le but et le guide
des pensées et des actions ».
Fruit de ce
sentiment, les croyances religieuses sont la force primordiale dont naissent et
sur laquelle se fondent les empires et les civilisations. La puissance de la
religion tient à son pouvoir de façonner et de transformer le caractère d’un
groupe humain en donnant aux individus qui le composent une communauté de
sentiments, d’intérêts et d’idées. Se libère ainsi une formidable dynamique
génératrice d’enthousiasme et d’action, qui fait converger les énergies
individuelles et collectives vers le but unique de faire triompher leurs
croyances : « de l’évolution des idées religieuses est indirectement
née la majeure partie des événements historique. L’histoire de l’humanité est
parallèle à celle de ses dieux. La naissance de nouveaux dieux a toujours marqué
l’aurore d’une nouvelle civilisation ».
Pour preuve, Le
Bon citait l’exemple de la révolution française, lorsque le monde vit « ce
que peut l’esprit religieux ; car ce fût vraiment une religion nouvelle
qui se fondait alors, animant de son souffle tout un peuple. Les divinités qui
venaient d’éclore étaient sans doute trop fragiles pour pouvoir durer ;
mais aussi longtemps qu’elles subsistèrent, elles exercèrent un empire
absolu ». Pour Le Bon, la société moderne, espace de conflit entre les religions
traditionnelles déclinantes et les aspirations des masses à les remplacer par
de nouvelles divinités et de nouvelles croyances, était un terrain extrêmement
propice à la naissance et à l’affirmation de nouvelles religions laïques comme
le fût, selon lui, le socialisme.
Dans les
premières décennies du XXe siècle, d’autres spécialistes du socialisme se sont
réclamés de cette interprétation. Les masses, observait Roberto Michels, en
étudiant la sociologie du parti politique, « éprouvent un besoin profond
de s’incliner non seulement devant de grandes idéalités, mais aussi devant les
individus qui, à leurs yeux, représentent celles-ci. Leur idéalisme les pousse
à s’agenouiller devant des divinités temporelles auxquelles elles s’attachent
avec un amour d’autant plus aveugle que la vie qu’elles mènent est plus
rude ».
(…)
L’interprétation fidéiste se situe à l’opposé de l’interprétation
charlatanesque dans l’évaluation des aspects religieux propres aux mouvements
politiques. Elle considère en effet que les mythes et les rites ne sont pas
l’invention des seuls chefs dans le dessein de tromper et de gouverner les
masses, mais qu’ils peuvent aussi être l’expression spontanée du peuple en
quête de nouvelles croyances, que la dévotion à la personne du chef ou à une
idéologie garante de bien-être et de salut leur permet de satisfaire. Cette
perspective ne réduit pas la religion de la politique à un pur artifice, mais
l’envisage aussi sous l’angle d’une nouvelle religion répondant à l’exigence
séculaire, particulièrement lorsque de profonds bouleversements viennent
ébranler les anciennes croyances et que l’espoir en l’avènement d’un monde
meilleur se fait plus pressant ».
RELIGION CIVILE
ET NATIONAL-SOCIALISME
(Selon
l’écrivain catholique Hilckman)
« Pour le
national-socialisme, toutes les valeurs sont fonction de la politique. Le
national-socialisme est peut-être le cas le plus extrême de socialisme d’Etat,
d’étatolâtrie : l’Etat est tout, les individus n’ont aucune valeur en
eux-mêmes : voilà l’Evangile des hitlériens ouvertement confessé ; on
pourrait parler de culte, d’adoration de l’Etat ; l’Etat est la source de
tout droit et de tout devoir ; il est la négation absolue et totale de
tout droit naturel et divin. Et les national-socialistes ne cachent pas cette
étatolâtrie païenne : l’omnipotence de l’Etat divinisé est le premier
article du credo hitlérien. Il n’est pas difficile de trouver les racines de
cette conception inhumaine de la politique ».
RELIGION CIVILE
ET VICTOIRE DEMOCRATIQUE
« (…) La
Seconde Guerre mondiale fût menée et vécue par les Alliés comme une guerre de
religion dont dépendant le destin de l’humanité : « La victoire
signifie pour nous la victoire de la religion », avait déclaré le 2
janvier 1942 le président Roosevelt dans son message annuel au congrès : « Nos
ennemis sont animés par un cynisme brutal, par un mépris impie pour le genre
humain. Nous sommes mus par la foi qui refait surface, traversant les époques
depuis le premier livre de la Genèse : « Dieu a créé l’homme à son
image ». Nous luttons pour rester fidèles à cet héritage divin. Nous
combattons, comme ont combattu nos pères, pour défendre les principes selon
lesquels tous les hommes sont égaux devant Dieu. Sur le front opposé, il y a
ceux qui luttent pour détruire cette foi profonde et pour créer un monde à leur
image – un monde de tyrannie, de cruauté et d’esclavage ».
(…)
« Les pays
occidentaux – déclara Gerhard Leibholz lors d’une conférence à Oxford en 1942 –
mènent actuellement une guerre au nom de principes, de valeurs et d’idées
universelles. Pour cette raison, on a comparé le conflit en cours à une sorte
de croisade, ou à une guerre sainte, ou à une guerre de religion (…) Voilà
pourquoi ce conflit a été toujours plus
fréquemment décrit comme une lutte entre le bien et le mal ».
(…)
La victoire
couronna la lutte des démocraties occidentales alliées à la Russie stalinienne.
Emportées et détruites par l’écroulement définitif de leurs régimes, les
religions politiques du fascisme et du national-socialisme désertèrent la scène
politique, vouées à la damnation éternelle de la mémoire collective qui les
jugeait responsable des horreurs de la persécution, de la guerre et de
l’extermination. Mais le phénomène de sacralisation de la politiques dont elles
étaient issues ne s’épuisa pas pour autant : les religions de la
politique, en tant que religions civiles ou religions politiques, connurent
durant les cinq dernières décennies du second millénaire un renouveau
international, donnant naissance à des situations tantôt durables, tantôt
éphémères, dans un contexte parfois troublé par de nouvelles explosions de
fanatisme et d’intégrisme qui sacrifièrent encore des millions de victimes au
triomphe d’entités politiques sacralisées ».
LE CAS DE LA
France
« Catholique
et nationaliste, chantre des valeurs de la France révolutionnaire et
républicaine, de Gaulle (1958-1968) a été le principal acteur de cette nouvelle
religion civile réconciliée avec la tradition catholique. Il partageait la
« religion de la grandeur française », et avait donné à son idée de
la France une majesté sacrale : « La France vient du fond des âges.
Elle vit. Les siècles l’appellent. Mais elle demeure elle-même au fond des
temps ».
(…)
« Adversaire
acharné de De Gaulle, François Mitterrand hérita du général le sens dramatique
et théâtral dévolu au rôle quais sacerdotal de la présidence de la nation et de
la république, y adaptant volontiers, au cours de sa présidence (1981-1995), sa
personnalité d’intellectuel sophistiqué et de politicien socialiste. La visite
qu’il effectua le 21 mai 1981, après sa première élection à la présidence de la
république, au Panthéon, le plus grand temple de la religion républicaine où,
seul, d’un pas religieux et lors d’une cérémonie solennelle, il rendit hommage
aux grands hommes vénérés par la patrie reconnaissante, est un rite de religion
civile ».
PARTOUT UN
REFLUX DE LA RELIGION CIVILE
« A l’aube
du troisième millénaire, les religions de la politique apparaissent partout en
reflux. Il n’est pas possible de prédire, du moins pour l’historien que je
suis, quel sera leur avenir et si elles en ont réellement un, sous quelle forme
il se manifestera ni si la sacralisation de la politique connaitra de nouvelles
saisons et quels fruits elle produira. (…) Cette époque a été marquée par le
déclin progressif puis l’effondrement de croyances, de mythes et d’institutions
qui avaient été des siècles durant sacrés et intouchables, ainsi que par
l’émergence tumultueuse de nouveaux credo, de nouveaux mythes et de nouvelles
institutions en quête de sacralité ».
(Eric Hobsbawm avait
lui aussi identifié les caractéristiques d’une religion sécularisée dans la
politique bourgeoise du XXème siècle) :
« Le court
XXème siècle a été une ère de guerres de religion, bien que les plus militantes
et assoiffées de sang de ces religions aient été les idéologies séculières du
XIXème siècle, tels que le socialisme et le nationalisme, qui avaient remplacé
les dieux par des abstractions ou par des hommes politiques vénérés comme des
divinités ».
RETOUR SUR LA REALITE AMERE DE LA CROYANCE ELECTORALE
Evidemment Sarkozy n'aura jamais eu "la classe" de De Gaulle ou de Mitterrand, mais Hollande, même avec une chaise bien réglée pour son dos, n'a pas les moyens ni des solutions miracle dans le siège royal élyséen pour faire rêver prolétaires et chômeurs.
Hyarion a bien
résumé sur son blog la faillite inévitable du sarkozisme :
« Du reste, au delà du
bilan, le quinquennat qui s'achève incarne surtout l'échec d'un homme, à la
personnalité et au comportement insupportables... lesquels expliquent largement
l'impopularité qu'a connu Nicolas Sarkozy durant presque la totalité de son
mandat. On a souvent dit qu'il n'était pas aidé par une bonne partie de la
presse, réputée être de gauche ou au moins anti-sarkozyste, mais il me semble
cependant clair que Sarkozy doit avant tout s'en prendre à lui-même pour ce qui
est de ce déficit de popularité. Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa n'est pas un
idiot... et pourtant je crois, néanmoins, qu'il a très mal mesuré, dès le
début, la teneur fortement symbolique de sa charge. Il a reconnu lui-même, durant
la campagne électorale de cette année, qu'il a commis l'erreur de rester
ministre dans sa tête, au lieu de tout de suite habiter pleinement la fonction
présidentielle, comme ses prédécesseurs se sont généralement efforcés de le
faire dès leur élection. Ces histoires de soirée au Fouquet's, d'insulte au
Salon de l'Agriculture, etc. tout cela n'a l'air de rien, bien sûr, dira-t-on,
et tout cela n'a guère d'importance en soit, certes, mais je crois que l'impact
- plutôt fort, symboliquement - dans l'opinion publique de ce genre de
péripétie surmédiatisée n'a pas contribué à entretenir durablement sa
popularité et à mettre en valeur une bonne image de lui en tant que chef de
l'État. De fait, s'il a bénéficié d'un "état de grâce" assez long en
2007, il se trouve que par la suite, il a constamment été impopulaire durant
son mandat, ce qui, me semble-t-il, est assez inédit dans l'histoire de la Ve
République. Le fait de se déplacer en province
systématiquement entouré d'une véritable armée de policiers, dans des
proportions particulièrement excessives, n'a sans doute pas aidé non plus :
avec des interlocuteurs toujours triés sur le volet devant les caméras, et un
tel écran sécuritaire entre lui et les citoyens, j'ai l'impression que Sarkozy
s'est imaginé que les gens l'aimaient bien au fond, malgré les enquêtes
d'opinion, alors qu'en fait, il était rarement en contact véritable avec le
pays réel. D'où le fait qu'il a eu l'air de tomber des nues lorsqu'il s'est
retrouvé très mal reçu à Bayonne, lors d'un de ses premiers déplacements de
candidat en campagne, sans l'énorme dispositif de sécurité habituel. Sur le
moment, il a accusé la gauche et d'autres d'une sorte de coup monté, alors
qu'en réalité, il a juste été reçu comme il aurait pu l'être n'importe quand
durant son mandat, s'il n'y avait pas eu toutes sortes de filtres entre lui et
les Français. Je peux toujours me tromper, mais il me semble que l'explication
est là, tout simple, s'agissant de cette mauvaise image qu'il n'a pas su
vraiment améliorer, et ce même s'il y a bien d'autres facteurs expliquant son
impopularité. Et pourtant, malgré son caractère souvent emporté, il n'y avait
pas forcément de raison qu'il échoue dans ce registre de la sympathie auprès de
l'opinion... Que l'on regarde, à cet égard, Silvio Berlusconi en Italie : avec
des scandales d'une toute autre ampleur que les erreurs de Sarkozy, il a tout
de même réussi à se faire durablement aimer des Italiens (contre toute raison,
à mon sens), même s'il a fini par se faire dégager in fine, faute de crédibilité face à la crise. En France, Sarkozy a, en
somme, tout simplement échoué, surtout, à se faire aimer d'une majorité de
Français, comme Jacques Chirac avait su, lui, très bien le faire avant lui,
malgré toutes ses casseroles judiciaires...
Mais comment, cependant, pouvoir
aimer, ou même simplement apprécier, quelqu'un comme Nicolas Sarkozy de
Nagy-Bocsa, sachant que sa personnalité a tout de celle du pervers narcissique
? Égocentrique, déstabilisateur excessivement confiant en lui-même,
manipulateur systématique, menteur éhonté, incapable de reconnaître ses fautes,
créant et entretenant volontairement la discorde dans sa sphère d'influence
sans jamais l'assumer, tout en étant paradoxalement soucieux de séduire, même
au prix parfois de la destruction psychologique d'autrui : sans être un expert
de la chose, pour moi, Sarkozy est un pervers narcissique. Ce genre de
personnalité est toujours à fuir, dans la vie quotidienne, car le cas de ce
genre de personne est incurable, alors que dire lorsqu'il s'agit d'un
dirigeant, qui plus est élu démocratiquement ? A ce niveau-là, on ne peut rien
y faire, sinon voter contre lui à la prochaine élection...
La campagne
électorale présidentielle de 2012, qui s'est
officiellement terminée hier soir, a été, dans son ensemble, d'une grande
médiocrité, sur le fond comme sur la forme. On aurait tort de trouver qu'en
comparaison, la précédente campagne de 2007 était "bonne" : même en
regard de celle de 2012, ladite campagne de 2007 était également consternante dans
son genre, l'aspect faussement "nouveau" de certains candidats
masquant mal l'aberrante démagogie des inconséquentes promesses faites alors
par les candidats, et notamment par le gagnant du moment, Sarkozy de
Nagy-Bocsa. Aujourd'hui, évidemment, cinq ans après, tout le monde a la gueule
de bois, et ce n'est pas simplement la faute à cette crise dont on nous rebat
les oreilles depuis quatre ans, et devant laquelle les politiciens n'ont pas de
véritable solution crédible. De tout ce qui s'est dit,
n'est finalement restée qu'une chose, présent dans les esprits depuis bien
longtemps : la nécessité, pour une majorité d'électeurs, de sortir
le candidat sortant ».
Hyarion décrit
assez bien finalement le sentiment général, la détestation qui s’est
généralisée contre l’olibrius qui a tant désacralisé la fonction de président
de la République. Et pourtant ne devrions-nous pas lui être reconnaissant
d’avoir désacralisé cette fonction régalienne, aristocratique et quelque peu
ridicule de « président » de rien du tout… car, tous, successivement,
même après les inaugurateurs de chrysanthèmes de la IVème république, du
maurrassien guindé De Gaulle, au bedonnant Pompidou nominé par la banque
Rothschild, de l’arrogant Giscard à l’illettré économique Mitterrand, du nul
Chirac à l’agité du bonnet Sarkozy, tous n’ont été que du vulgaires commis
d’Etat aux ordres de la machinerie obscure qui fait copuler technocrates
auto-promus et banques véreuses. L’histoire désormais décadente de la bourgeoisie
ne peut plus produire que des nains. Après le nain Sarkozy, le nain Hollande
n’aura pas plus de panache. Les masses d’électeurs auront été aussi minables
que les politiciens qu’elles jaugeaient assez lâchement et sans exiger plus de
hauteur ni de projet de société.
Qu’une partie,
atomisée, assistée et alcoolisée de la classe ouvrière ait pu voter pour la
débile Marine Le Pen en dit long sur le poids de l’aliénation consumériste, la
misère individuelle et l’assistanat pour lumpen moderne. Qu’un débat final
entre les deux derniers prétendants – où le technocrate apparatchik Hollande
fut brillant et altier face au boutiquier lamentable Sarkozy – n’ait été perçu
que comme affligeant du fait… du « manque de correction » de
Hollande, inversant les rôles en interrompant (avec intelligence pourtant) le
roquet habitué du crétin « je vous explique », révèle que cette
partie de la classe ouvrière des PME est régentée par une mentalité
d’esclave ; le prolétaire des petites entreprises est en général soumis à
l’idéologie du père, du chef et du dictateur en cours : contester le
maître des lieux lui apparaît offensant. L’ouvrier servile se place toujours du
côté du plus fort. L’ouvrier du secteur public qui laisse les syndicats
collabos penser à sa place ne vaut pas mieux. Cet état d’aliénation n’est pas
la faute aux prolétaires en général, dont beaucoup heureusement, de manière
croissante sont désormais abstentionnistes face à la démocratie truquée. C’est
le résultat d’une division orchestrée, chacune à leur manière, par les factions
de gauche et de droite du capital. La droite oppose fonctionnaires et salariés
du privé. La gauche entretient les avantages (garanties indéniables) dans le
secteur public. Les deux factions sachant bien que ces prérogatives
particulières doivent être maintenues pour favoriser la faiblesse du
prolétariat. Le grand mensonge économique de la droite est de faire croire que
la réduction du nombre des fonctionnaires favoriserait une bonne santé
économique du libéralisme, alors qu’il ne s’agit que d’une entourloupe pour
faire pression terroriste sur le travail, atomisé et jetable. Le grand mensonge
de la gauche est de faire croire que des services publics pléthoriques seraient
utiles à une société « plus humaine », farce tragique car, des contingents
d’apparatchiks syndicaux aux intermittents du spectacle, le capitalisme
décadent a développé une nuée de parasites sociaux improductifs. Dans les deux
cas, gauche et droite, non seulement divisent la classe ouvrière, masquent
qu’elle comporte un gros pourcentage de parasites nullement intéressés au
renversement du système (assistés professionnels, chômeurs abonnés,
intermittents petits bourgeois, etc.), mais entretiennent divisions
corporatives féodales (que Sarkozy avait promis de rompre alors qu’en fait il
les a maintenues, cf. sa grande collaboration avec les syndicats
« compréhensifs » tout au long de la foire aux retraites).
LA DROITE MONDIALE
EST-ELLE EN CRISE ?
Si des votants
demeurent des crétins naïfs qui adhèrent à ce truisme du fair-play dans les débats
politiques, d’autres restent indécrotablement figés à la religion du
libéralisme criminel et voleur. Beaucoup auront voté Sarkozy en se bouchant le
nez, arguant qu’ils n’avaient pas le choix, que bien que Sarkozy soit dément,
ils ne pouvaient choisir l’effondrement virtuel mais relatif de leur profit
avec la victoire du pourtant très libéral Flamby.
Aucun chef
d’Etat n’a été réélu pendant la période de crise actuelle puisque tous ces
perdants avaient géré les affres de la crise par une exploitation accrue du
prolétariat; Obama sera-t-il l'exception parce qu'il est le seul à s'être soucié de la "couverture santé"?
Aucune solution claire n’émerge des divers cas de figure
en Europe. La gauche aléatoire est éliminée en Espagne au profit d’une droite
encore plus impuissance et féroce contre la basse classe. En Italie pas de
nette majorité de gauche mais un mic-mac politique. En Angleterre, on vote à
gauche mais la droite continue à tenir le manche. En réalité, l’oligarchie se
maintient sans mal partout en niant toute alternative de classe ennemie
identifiable, noyant tout choix radicalement différent sous les discours
cacophoniques de ses économistes menteurs et ergoteurs.
Le retour de la
gauche caviar (fort modestement libérale) en France (même avec 30% en moins du salaire du ténor en chef)
n’est qu’un pis aller, pas très dramatique : les législatives ne sont pas
gagnées par cette fraction rose-PME et Hollande sera obligé de se tenir coi comme
Sarkozy face à l’Allemagne dominatrice. Hollande ne sera qu’un intermède comme
Jospin, en plus libéral et sans la gonflette du Front de Gauche du PN
Mélenchon, lequel jouera le rôle du préposé oppositionnel avec des syndicats en partie blanchis de leur accointance avec Sarkozy. D’une certaine façon, comme dans le cas d’Obama, la temporisation
d’une gauche libérale peut permettre de limiter les risques d’explosion sociale
face à la torture croissante des conditions de travail et aux plans sociaux
anarchiques. A l’arrogance racaille d’un Sarkozy, l’écoute hypocrite et
consensuelle d’un Hollande pourra, sans doute brièvement, calmer des ardeurs
impulsives (contre les riches mais pas contre le système bourgeois comme
totalité) sans orientation politique et dénuées de réflexion vraiment politique
qui se sont manifestées au long de cette lassante campagne de religiosité
déplacée, dans l’impasse de la simple haine contre un PN, plus préoccupé à
chercher des déménageurs en fin de parcours qu’à reconnaître son déficit
intellectuel.
Je vais vous expliquer... Faites gaffe pauv'cons, vous vous souviendrez de moi!
La plume acérée de Willem avant le 1er tour
INDEMNITES DU PRESIDENT DES RICHES LORS DE SON LICENCIEMENT
(et encore il aura pas assez pour frimer auprès de sa milliardaire de femme mannequin de luxe)
6.000 euros de retraite, des voyages gratuit, un
appartement... Comme tous les anciens présidents, Nicolas Sarkozy va
bénéficier d'avantages dus à son ancienne fonction. «D'abord, il
percevra une indemnité de 6.000 euros brut, accordée à tous les "ex",
quelle que soit la durée de leur séjour à l'Elysée. Ensuite, il pourra
siéger au Conseil constitutionnel, en tant qu'ancien Président et
percevoir, à ce titre, une indemnité de 11.500 euros net par mois»,
explique le site challenges.fr. Pour le moment, Nicolas Sarkozy n'a pas
précisé s'il comptait siéger dans cette institution mais il pourrait
redevenir avocat.
1,5 million d'euros pour l'Etat
A ces avantages, Sarkozy bénéficiera d'avantages en nature. Un
appartement de fonction, deux fonctionnaires de la police nationale pour
assurer leur protection rapprochée, une voiture de fonction avec deux
chauffeurs, sept collaborateurs L'ancien président pourra également
voyager gratuitement, grâce à deux cartes de circulation illimitées,
l'une sur Air France, en classe affaires, l'autre à la SNCF première
classe.
«Pour l'Etat, la facture de ces nombreux avantages est salée: La
charge financière -que personne ne connaît compte tenu de la dispersion
des financements- peut être estimée à 1,5 million par an et par ancien
président, souligne le député René Dosière dans son livre "L'argent de
l'Etat" (Seuil)», détaille Challenges.fr.