« Les manuels d’économie sont remplis d’équations
et de graphiques, qui sont presque toujours vides de sens, sinon comme
exercices élémentaires de calcul différentiel et d’algèbre linéaire ».
Castoriadis (1997)
Dans le monde régit par la « révolution
managériale » tous les anciens clivages et concepts de classe sont
dissous. L’exploitation et les inégalités ne sont pas la conséquence de
rapports sociaux imposés par la société bourgeoise, mais la conséquence de choix
hasardeux, d’opportunités que l’individu n’a pas su choisir, de malchances
accumulées, de mauvaises orientations. L’individu n’existe plus comme membre
d’une classe, simple agrégat de diplômes, de formations ou petit cumul d’échecs
n’a plus affaire qu’à l’organisation anonyme qui décide s’il doit vivre ou
mourir, ou au moins être reconnu intégrable et « gérable », où
l’individualisme n’est que la fin de la dignité de l’individu, où perte
d’emploi rime avec « mort sociale ».
Dans son fameux texte de 1929, le plus radical qui ait
été écrit en France concernant le passage des syndicats à l’ordre bourgeois (bien
avant les Munis et Chiric) – Faut-il conquérir les syndicats ou les
détruire ? – André Prudhommeaux tirait le bilan depuis Marx : « Dans
le siècle passé, au début du mouvement de la classe ouvrière, Karl Marx fut
porté à considérer dans les organismes syndicaux, les formes par lesquelles la
lutte de classe avait abouti à une lutte politique et révolutionnaire. Les
expériences du chartisme en particulier contribuèrent à étayer historiquement
l’opinion de Marx suivant laquelle les syndicats, école du socialisme, seraient
l’arène de la Révolution. Ce jugement ne peut pas être condamné si l’on
considère la période historique, où il fut formulé. Mais si l’on se reporte à
l’époque actuelle, il faut constater que les syndicalistes ont indignement
spéculé sur l’ancienne opinion de Karl Marx, pour attribuer aux formes
syndicales l’exclusivité du rôle révolutionnaire. C’est un fait généralement
ignoré en France et en Italie, que Marx, en observateur scrupuleux du
développement de la lutte des classes, et en adversaire inlassable de toute
conclusion dogmatique n’a nullement manqué de réviser son point de vue à la
lumière de l’expérience historique. Il se rendit compte que les syndicats
enlisés dans les sables de la résistance économique n’étaient plus les organes
naturels de la lutte de classe, comme l’affirment encore les épigones de
l’école léniniste, (Trotskistes, Bordiguistes, Brandleristes, etc.) mais que
leur fonction se limitait à résister à la tendance des capitalistes de réduire
au minimum possible les frais d’existence du capitalisme.
Il est avéré que cette résistance des syndicats ne
saurait amener aucune amélioration réelle et générale dans la situation
ouvrière. La lutte économique dans les limites de la société capitaliste ne
permettrait à l’ouvrier que de perpétuer sa vie d’esclavage lors même que les
crises de chômage ne viendraient pas enlever à de larges masses leurs moyens
d’existence.
D’autre part Marx remarqua que les syndicats manquaient au rôle d’éducateurs révolutionnaires du prolétariat. Et c’était là, pour lui, l’élément essentiel de développement de la lutte de classe vers la victoire du socialisme. Il va de soi qu’aucun révolutionnaire ne saurait perdre de vue le point de vue fondamental qui contient en soi la libération du prolétariat et de la société toute entière. Ce que Marx ne pouvait encore voir, c’est la fin des organisations syndicales dans le marais de la collaboration de classe. C’est ce que nous avons vu pendant et après la guerre (de 1914-18) ». (texte intégral sur le site Espace contre ciment »
D’autre part Marx remarqua que les syndicats manquaient au rôle d’éducateurs révolutionnaires du prolétariat. Et c’était là, pour lui, l’élément essentiel de développement de la lutte de classe vers la victoire du socialisme. Il va de soi qu’aucun révolutionnaire ne saurait perdre de vue le point de vue fondamental qui contient en soi la libération du prolétariat et de la société toute entière. Ce que Marx ne pouvait encore voir, c’est la fin des organisations syndicales dans le marais de la collaboration de classe. C’est ce que nous avons vu pendant et après la guerre (de 1914-18) ». (texte intégral sur le site Espace contre ciment »
Après la guerre mondiale et la révolution russe, deux
tendances se trouvèrent en face dans le mouvement communiste, deux tendances
qui donnaient au problème syndical des solutions complètement différentes. Les
uns, les Léninistes, préconisaient la nécessité de conquérir les syndicats, c’est- à- dire de remplacer les chefs
réformistes par des chefs communistes, ou bien de révolutionner les syndicats réformistes.
Les autres, extrémistes d’Allemagne, tribunistes de Hollande, préconisaient la destruction des syndicats. Aux
syndicats, comme instruments de lutte directe de la classe prolétarienne,
étaient opposés les conseils révolutionnaires surgis spontanément en Allemagne
au cours des mouvements insurrectionnels de 1918- 1919 ».
Il va de soi que ces deux tendances ne se
manifestaient pas sans degrés intermédiaires. Il y avait encore des éléments
soit communistes, soit syndicalistes qui préconisaient la sortie des syndicats
réformistes, pour former des syndicats révolutionnaires. Il faut remarquer que
le léninisme avait déjà rendu compte, surtout pendant la guerre, de la nature
contre- révolutionnaire des syndicats et de la nature bourgeoise de leur bureaucratisme.
Il est bien étrange que cette étude ne l’ait pas poussé sur des positions
radicales. C’est qu’en 1920 l’école léniniste a senti le besoin de capter la
sympathie des masses et c’est ainsi qu’elle a amené le mouvement
révolutionnaire dans le cercle vicieux de la conquête des syndicats. En fait,
la théorie d’après laquelle les syndicats seraient les organes naturels du
prolétariat n’avait aucune justification historique. Si même ces organes
avaient été tels dans leur origine, ils avaient donné déjà la preuve de leur
dégénérescence pendant et après la guerre. Ils n’étaient plus seulement des
organes non- révolutionnaires, ainsi que Marx les avaient définis, ils étaient
aussi des organes qui avaient mené à la collaboration de classe, à la victoire
des forces contre- révolutionnaires. Et ce n’est pas sans déplaisir que nous
lisons dans le discours de Bordiga au 2ème congrès du Komintern sur la question
parlementaire que «le syndicat même quand il est corrompu reste toujours un
centre ouvrier!». Cette affirmation est si enfantine, que n’importe qui peut en
saisir 1’évidente inconséquence. Bordiga, qui veut légitimer la théorie de la
conquête léniniste, légitime la possibilité de cette conquête même par les
organes syndicaux réactionnaires, même par les corporations fascistes. Cette
manière d’envisager le problème syndical est d’ailleurs abstraite et
anti-historique. Si les syndicats sont corrompus, ce n’est pas certes à cause
de l’existence du réformisme. Le réformisme est au contraire un produit de
l’évolution des syndicats dans le sens contre-révolutionnaire. Le révisionnisme
en Allemagne se développe dans la social- démocratie et la domine, mais il a
ses racines, sa force dans les syndicats. La théorie de la conquête, qui admet
la régénérescence syndicale, part évidemment du point de vue que des forces
extérieures ont corrompu les organismes de la résistance prolétarienne et qu’il
faut les chasser pour mettre à leur place des forces révolutionnaires. Si on
part de ce point de vue, que la corruption syndicale comme phénomène historique
trouve sa raison d’être dans la nature du syndicat, il ne peut être question de
vouloir concilier les nouvelles formes révolutionnaires avec les vieilles
formes surannées corrompues de la lutte de classe ».
La révolution managériale qui se passe des
syndicats :
Ce n’est pas parce qu’une ancienne arme de la classe
ouvrière est dénoncée par les capitalistes rois de la flexibilité et du
brigandage que cette arme pourrait retrouver de son tranchant à être
ressuscitée. La violence du modèle managérial actuel - qui démantèle tous les
systèmes de protection sociale ou de défense a minima des prolétaires, qui
prétend généraliser une exploitation illimitée, qui conduit à la
« liberté » de travailler à n’importe quelle heure du jour ou de la
nuit, à travailler le dimanche, à être licencié si on est malade, à renoncer à
toute retraite – procède en désamorçant systématiquement les revendications
collectives, en marginalisant et dénigrant des syndicats pourtant depuis si
longtemps inféodé au capitalisme moderne. Deux questions sont posées : les
syndicats sont-ils encore utiles à la domination bourgeoise, et les prolétaires
atomisés pourraient-ils faire un pas vers la restauration de la solidarité de
classe en reprenant les anciennes tactiques et structures syndicales ?
1. Les syndicats ne s’usent que si l’on
s’en sert :
La bourgeoisie n’a nullement l’intention de supprimer
les syndicats. Sans eux point de tranquillité sociale. Il n’est qu’à observer
les cinq ans de règne du blaireau de l’Elysée pour mesurer à quel point la
complicité dans l’Etat a été généreuse face à la syndicratie, et comme le pays
a été calme socialement ; si le président sortant semble montrer quelque
agressivité à leur égard, cela est pure conjoncture électorale pour leur redonner
un simple lustre contestataire.
Sans la collaboration – non pas de classe, car les
syndicats ne représentent plus la classe ouvrière – intéressée des
professionnels partenaires sociaux, l’attaque contre les retraites ne serait
pas passée. Sans les prébendes luxueuses servies sous la table à cette
aristocratie ouvrière – qui n’en mérite même pas le nom aristocratique ni
l’adjectif ouvrière – à cette syndicratie donc, les luttes eussent pu éclater
et ne pas être réfrénée systématiquement ou organisées à la légère sans
décision des prolétaires et sans lendemain contrôlé. Les divers syndicalismes
obéissent au même clientélisme patriotard et charognard que les divers partis
de politiciens.
Dans ce cadre marécageux, comme le remarquait il y a
80 ans Prudhommeaux, redresser les syndicats serait comme prétendre redresser
les jambes aux chiens… du capital. Pas un mot à changer dans ce constat de
1929 :
« Pour le prolétariat, comme classe, le mouvement
syndical est une impasse dans l’état actuel du capitalisme. Alors que les
syndicats au siècle dernier représentaient les organes d’unification du
prolétariat dans la résistance à la baisse des salaires, ils représentent,
aujourd’hui, des organismes par lesquels s’introduit une inégalité de
conditions et de situations dans la classe prolétarienne. Pour le grand nombre
ils sont un instrument inutile, pour d’autres, un moyen pour se constituer des
privilèges et les sauvegarder par des compromis de classe… ».
2. Est-il possible de restaurer la
solidarité de classe en recréant des syndicats ?
Les Dejours, Enriquez, De Gaulejac ont du mérite de s’efforcer
de caractériser les réels malaises dans le monde du travail, de tenter de
décrire l’oppression psychologique, souvent en des termes bien faibles comparés
à la plume de Marx. Ces socio-psychologues devraient être lus par les militants
ringards qui se contentent d’en rester aux revendications prosaïquement dites
unificatrices, ou qui considèrent que la grève est le seul moyen d’exprimer sa
colère individuelle et collective. Mais à notre époque où les syndicats ne
négocient même plus le coût de la force de travail, ni des augmentations de
salaire réelles, simples girouettes de la figuration du partenariat social,
voici la triste réalité : « Aujourd’hui les conflits sont toujours présents,
mais ils s’expriment de moins en moins dans des affrontements
« sociaux ». Ils le font plutôt dans des manifestations
individualisées de souffrance, dont le suicide est l’expression la plus
tragique. Les stratégies managériales ont encouragé le traitement individualisé
des mécontentements et le désamorçage systématique des revendications
collectives. La mobilité permanente, la compétition fondée sur la poursuite
d’objectifs personnalisés, l’opacité des promotions et des augmentations de
salaire, l’évitement et le contrôle des collectifs de travail, la
marginalisation et le dénigrement des organisations syndicales, autant de
pratiques qui conduisent à déplacer les conflits du travail des registres
socio-organisationnel et politique aux registres relationnel,
comportementaliste et psychosomatique » (de Gaulejac, p.301).
Evidemment que « marginalisation et dénigrement
des organisations syndicales » ne perdurent que tant que la colère ne
s’exprime pas massivement chez les prolétaires ; évidemment que cette
marginalisation et ce dénigrement des sadiques du management chaotique est
encore rendre service à la syndicratie et à ses apprentis anarchistes et
gauchistes.
Nos sociologues cliniciens du travail aliéné – qui ne
les a pas attendus pour être aliéné et perfectionné dans l’aliénation –
oublient qu’il subsiste des différences notables dans la classe ouvrière :
on se suicide moins chez les ouvriers que chez les employés et les petits
cadres. La réaction « physique » est toujours présente (et valable)
en milieu ouvrier (Rosa Luxemburg parlait du poing viril de l’ouvrier…) ;
on ne livre pas les statistiques des licenciements pour faits de violence
contre les petits culs de la hiérarchie ou les patrons libidineux (une
secrétaire a tué dernièrement son patron, et no comment dans la presse
bourgeoise). La plupart des prolétaires des entreprises et des bureaux ne sont
pas non plus lobotomisés à l’aune de la « révolution managériale ».
On ne peut que regretter qu’ils se joignent passivement aux enterrements en
réel de vrais suicidés, persécutés et détruits par une hiérarchie tout à fait
identifiable et non pas opaque.
Sans que les sociologues comme de Gaulejac s’en
rendent vraiment compte, en restant fixés sur les nouveautés de la cynique et
inhumaine « révolution managériale » (gestion par le stress et
compétitivité jusqu’à la destruction des concurrents du même niveau social ou
classiste), le capitalisme libéral (que les gauchistes dénoncent comme
« ultra-libéral ») ne fait que reprendre une forme psychologique du stakanovisme
stalinien : être le meilleur et le plus productif afin d’être
« reconnu » et « récompensé ». Pas bien nouveau au fond ce
« contrat narcissique » : « …en complément du contrat de
travail, contrat par lequel l’organisation propose de projeter l’idéal
individuel de chacun dans un idéal collectif, de renoncer à ses désirs
personnels pour les réaliser dans l’organisation, de satisfaire ses désirs de
conquête et de toute puissance de l’organisation. « Ce que ne dit jamais
l’entreprise c’est que ce discours est un leurre comme Freud l’avait bien
pointé en ce qui concerne la civilisation, la satisfaction obtenue n’est jamais
à la hauteur du renoncement exigé (cf. Enriquez) » (de Gaulejac, p.286).
Mais nos braves « cliniciens » de la
sociologie se fourrent le doigt dans l’œil jusqu’au coude en rêvant que l’on
puisse recommencer à zéro, sans tricherie managériale et syndicale, en vue de
ce truisme patronal le « goût du travail bien fait », cette sornette
de chef de service « la réussite collective », ces nuages de sueur
managériale la sécurité et la considération, cette hérésie pour débiles
profonds « des profits partagés de façon plus égalitaire entre les
actionnaires, les salariés et l’entreprise ». Gaulejac nous définissait
pourtant page 225 que la libre circulation des capitaux financiers a
« changé la donne » et empêche désormais « tout compromis » :
« Dans ce contexte les effectifs sont considérés non comme une ressource,
mais plutôt comme un coût, les salaires comme une charge qu’il convient de
diminuer à tout prix pour améliorer le rendement du capital et la productivité
du travail. Au modèle fordiste va se substituer le modèle Walmart ».
Marx décrivait en 1867 un monde étrangement semblable
à l’actuel, mais qui n’est plus le même : « A mesure que diminue
régulièrement le nombre de magnats du capital qui usurpent et monopolisent tous
les avantages de ce procès de mutation continue, s’accroit le poids de la
misère, de l’oppression, de la servitude, de la dégénérescence, de
l’exploitation mais aussi de la colère d’une classe ouvrière en constante
augmentation, formée, unifiée et organisée par le mécanisme même du procès de
production capitaliste ».
Or, le procès de production capitaliste est déconnecté
de la circulation des capitaux financiers qui s’accompagne d’une augmentation
constante et faramineuse de la dette. Le capitalisme est entré dans un
processus de destruction où il détruit toute possibilité de négocier, où seule
la lutte à mort peut trancher. Dans ce rouage infernal les syndicats ne sont plus
voués qu’à faire de la figuration, en trahissant toujours même les faibles
parties de la classe ouvrière qu’ils contrôlent (secteur public surtout car
dans le privé ils sont zéro !). Les syndicats ont participé à la
constitution de la classe ouvrière en classe ; ils étaient même utiles au
capital pour cela, parce que le capital avait besoin de fabriquer cette
nouvelle catégorie sociale : l’ouvrier de fabrique, puis d’usine, puis
l’employé des diverses industries, avec une « mentalité » de type
collectif social et national, où un but commun pouvait émerger (défense
nationale) ou diverger (révolution internationale). Les syndicats n’ont plus
été la seule forme d’organisation des ouvriers en lutte dès le début du XXème
siècle. Il est consternant d’avoir à le rappeler. Pas seulement les révolutions
russe et allemande, mais toutes les luttes des années 1920 jusqu’à la deuxième
boucherie mondiale ont montré que le prolétariat savait créer de multiples
organisations de type collectif et de classe : comités, conseils, soviets,
etc. Nombre de ces organismes ne se sont pas créés à partir d’une grève ou
d’une entreprise mais d’un « besoin » de lutter et de se regrouper
contre la répression, contre la guerre, contre des abus, etc. Cette créativité,
ou plutôt les ingrédients pour l’apparition de ces formes de la lutte de la
classe révolutionnaire (n’en déplaise aux bobos modernistes et écologisés qui n’ont
jamais rien su du mode de vie ouvrier) s’accumulent, certes lentement, et à nouveau.
La tâche des prolétaires conscients, révoltés, en
colère sourde, qui vomissent les exigences d’une hiérarchie dictatoriale, néo-nazie,
ultra-con ou ce que vous voudrez, reste semblable historiquement à l’action de nos
ancêtres et à leur obsession révolutionnaire : se regrouper même
petitement au début, faire appel aux autres secteurs, défiler, aller frapper
aux portes, ouvrir des discussions de rue en tant que prolétariat en lutte pas
en tant qu’indignés frileux. En affirmant que hors de cette dynamique
d’extension ne réside que des défaites, encore des défaites et des suicides
toujours.
Dans cette dynamique renaîtra et se développera le
projet de renversement du capital en vue de l’établissement d’une société enfin
humaine. Contre la société de consolation par la drogue, le fric et la violence.
Et conclure avec Rosa Luxemburg et Prudhommeaux que la classe ouvrière peut: « …
prendre conscience par elle- même des développements historiques accélérés qui
la mettent en face de sa tâche ou de son suicide, et se lancer à corps perdu
dans une mêlée où les prolétaires «ont un monde à gagner, et tout au plus des
chaînes à perdre».