LENINE ET TROTSKY POSSEDAIENT-ILS DES OBJETS DE LUXE ?
On ne saurait reprocher à Julien Dray une addiction de collectionneur. A chacun ses goûts et couleurs. Je comprends la passion des collectionneurs de pièces de monnaie, de timbres, moins celle des voitures de sport, des tableaux de maître… J’ai trouvé moi-même une fois une curieuse montre, derrière l’Eglise de la Porte de Choisy, qui nous louait jadis une de ses salles de réunion pour nos réunions internes régulières de principal groupe maximaliste en France. Je servais de tampon avec un brave curé autoritaire qui entrait dans la pièce, chaque mercredi – les réunions ayant été arrêtées à ce jour de la semaine au début des 70 pour convenir aux cadres enseignants. Il entrait sans crier gare dans la pièce en regardant sa montre, laquelle indiquait 23H30 moins deux ou trois minutes, hurlant qu’il fallait vider la salle. Je tempêtais avec lui : « dehors bordel ! ». Ce qui permettait de sauver la mise et laissait le temps aux camarades d’évacuer la salle pendant que je consolais le curé, il est vrai âgé de 75 bougies. J’étais toujours le premier à pester contre les réunions qui se terminaient vers les trois heures du mat, parce que moi je bossais à sept heures le lendemain alors que les cadres de l’orga, cadres dans la vie civile pour la plupart, ne regardaient jamais leur montre.
La montre donc, qui avait due être fauchée quelque part offrait un large cadran. Lorsqu’on la secouait elle repartait d’elle-même. Sous mes yeux ébahis de plouc prolétaire je découvris que c’était une rolex (rollex ou roleix ?). Je la portais pendant un mois environ avec une certaine fierté de posséder un objet de luxe. Hé pourquoi pas ? Ne se moque-t-on pas assez des jeunes qui bavent et ruinent leurs parents pour des « marques » ? Mais basta, au fond, nous les demi-moines révolutionnaires on s’en branle des objets de luxe. On n’irait pas fonder un Etat prolétarien pour s’en mettre plein les poches.
Je passais une annonce sur Libé. Le jeune homme élégant qui me fixa rendez-vous chez lui au cœur du XVIème arrondissement était un juif fou d’horlogerie. Il y avait des horloges partout et des vitrines avec de superbes montres. Il me montra les bottins de mise à prix de ce type de montre. Elle devait valoir dix mille francs de l’époque (environ 1400 euros), mais « neuve » précisa-t-il. Il me l’acheta pour mille francs (150 euros). Cela me suffit pour offrir un lecteur de CD à ma pauvre femme atteinte d’une « maladie incurable ». Le type portait des montres à chaque poignée et même aux chevilles. J’étais un peu sidéré qu’il dédie tout son argent à ces objets. Je laisse au lecteur supputer les torrents de phantasmes qui peuvent habiter un tel collectionneur : remonter le temps, régler son temps, le temps c’est de l’argent, la montre est un mécanisme créé par les hommes pour maîtriser le temps, etc. La même passion pour not’cardiaque président ne me choqua pas non plus. Il y a certainement un complexe d’ancien raté de famille, voire une peur de la pauvreté des objets de « série » qui taraude le bourgeois et que la possession d’une Rolex tranquillise.
Quant à l’ancien djeun député Dray, sponsorisé par Mitterrand après avoir fait ses classes dans le particule de Besancenot qui tétait encore le sein de sa mère - Tonton s’y connaissait en montres de luxe - le problème n’est pas tant dans sa passion horlogère coûteuse, mortifère pour l’heure eu égard à son avenir politique. Le problème n’est pas lié non plus à la déliquescence d’un vieux parti bourgeois, abâtardi par l’intelligent bonapartisme (bon a-partisme) du blaireau cardiaque, sous-produit de la dictature du jeunisme éternel (avatar du fascisme moribond) qui a coulé toute opposition présentable en sponsorisant un tas de râclures transfuges du PS.
TOUCHE PAS A MON OSEILLE
Le problème est surtout que l’affaire Dray fiche par terre la vertueuse idéologie anti-raciste de la bande para-gouvernementale des « touche pas à mon pote » de l’ère de Tonton ex-ministre de De Gaulle et de Pétain. Laquelle propagande servit à dessein à fabriquer deux ou trois générations d’électeurs de gauche caviar. Laissons de côté que Dray aurait été approché par Sarkozy pour rejoindre les râclures Kouchner, Rocard et Cie, et que, vu son refus irréfléchi, les SS (services secrets) de sa majesté n’eurent qu’à balancer le petit rigolo. Les « révélations » policières et du parquet salement bourgeois suffisent à condamner l’impétrant, non en justice, puisque celle-ci n’est qu’une pute, mais aux yeux de « l’opinion », entre autres nous pauvres prolétaires gagne-petit et pue-la-sueur. « Tous pourris » titrera le prochain RI.
Les sommes qui transitaient via l’assoc SOS racisme étaient faramineuses. Elles auraient pu servir simplement, comme on pouvait légitimement le croire, à alimenter le paiement des colleurs d’affiches et la location des salles pour les chanteurs de variété « anti-racistes » mais fort bien rétribué pour leur générosité artistique black-blanc-beur.
Avec les « révélations », la réalité doit toujours dépasser la fiction, vous faire perdre votre latin comme on disait naguère entre riches, cultivés et exploiteurs. Non, les faramineuses sommes, via de menues ponctions pour les sous-fifres, transitaient vers monsieur Dray, sévère potentat oligarchique, selon les dires de certains complices-militants. Drôles de militants « socialistes ». Les sommes étaient en effet « hénaurmes », à vous couper le souffle vous le traîne-la-galère, à faire pâlir l’endetté chronique et à pétrifier le gugusse interdit bancaire.
Ainsi la noble campagne « touche pas à mon pote » n’était qu’une vulgaire SA (société anonyme) pour permettre à un collectionneur « socialiste » d’assouvir sa passion horlogère. Et si, comme vous n’en doutez pas, Dray n’était qu’un arbuste pour cacher la forêt ? Ne vaut-il pas mieux voter « à droite », cette aile de la bourgeoisie si honnête avec les ouvriers, si pingre pour les producteurs de lait, si dispendieuse pour les pauvres patrons floués de la crise systémique, que « voter socialiste » ?
A la bonne heure ! Vous m’avez compris.
PS : ni Lénine ni Trotsky ne possédaient de Rolex. Mais qui sait, Lénine s’est peut-être vu offrir une montre en tant que chef d’Etat, objet d’envie légitime à l’époque. Je rappelle que, pendant la guerre, les vainqueurs piquaient en premier lieu sur les cadavres ou sur les prisonniers, leur montre, avant les godasses.