PEUT-ON
DISCUTER AVEC UN TROTSKIEN GENETIQUE ?
Curieux débat
que vous pouvez suivre « en direct », à la minute près sur le site
Matière et Révolution, sous la rubrique « La contribution de Jean-Louis
Roche », ce qui est apparemment me faire trop d’honneur et, sous la
flatterie ponctuelle, me faire passer pour un des derniers mohicans de
l’extrémisme (infantile dixit Lénine) dit ultra-gauche puis maximaliste,
politique qui, qualifiée de « diamétrale » par R. Paris exclurait
tout compromis dans le combat pour renverser le pouvoir bourgeois, sous-entendu
toute alliance ou lutte commune avec les partis démocratiques bourgeois et les
syndicats. R.Paris procède constamment avec un double langage, un double
raisonnement, un coupage de cheveux en quatre qu’il nomme dialectique ou
philosophie, selon l’orientation de son clavier. Ainsi je découvre sur son site
une série de commentaires de rectifications (précisions) que je n’ai jamais
reçus dans ma boite e-mail dans le déroulé du soit disant débat. Pas plus
d’ailleurs que d’autres intervenants que R.Paris lui-même se succédant à
lui-même par une série de rectifications repoussant tout développement de ma
part au rang de contribution superfétatoire, comme il est de coutume dans les
partis staliniens comme LO. Robert Paris avec la méthode du
petit-prof-qui-a-toujours-raison semble s’adresser d’ailleurs à son propre
petit public avec de multiples entorses à la vérité historique, des à peu près
lamentables, une logorrhée qui se mord la queue, dont la quintessence
philosophique est le « oui-mais » trotskien, qui permet de faire
avaler les plus galantes turpitudes réformistes et syndicalistes. Il ne répond
jamais directement à mes observations, en particulier du dernier mail du
message blog précédent. Il ne discute pas, il professe. Il ne discute pas il
radote bolchevik modeste pour dénoncer derechef trotkien « l’incompétence
maximaliste ». Et voici qu’il va « cadrer longuement le débat avant
même d’avancer mes réponses personnelles » et « tenter de répondre
sur le fond », et surtout planter le décor et pas le trancher » (toujours la même fausse modestie et politique
fuyante). La pensée et son expression reflètent un cerveau modelé par le
trotskysme made in LO : rien que dans cette page blog on trouve une
dizaine de fois l’expression « dirigeants », exsudant une
problématique très léniniste. La diamétralité invoquée est une variante du
oui-mais inculquée par la secte. R.Paris ne sait même pas jongler avec les mots
ni les concepts ce qui donne un énoncé assez simpliste qui débouche sur toutes
les vieilleries idéologiques de la gauche et de l’extrême gauche
bourgeoises : antifascisme ringard, action syndicale unie, généralisation
foutoir, utilisation du parlement et permutation des militants de partis divers
même bourgeois (fadaises plus visibles sur ses tracts de boite).
Je vous livre
un échantillon de sa façon de procéder avant commentaires: UN ECHANTILLON
DE POLITIQUE FUYANTE
« C’est
la critique de la révolution russe in vivo et post festum qui nous arme
aujourd’hui. » dis-tu. Certes ! Et critique
veut dire aussi l’interprétation[1].
Mais cela
signifie aussi les révolutions allemandes, italienne, hongroise, finlandaise,
en fait la révolution en Europe. Là aussi la critique des politiques menées par
les extrêmes gauches révolutionnaires. Et leur majorité sont des maximalistes
de diverses sortes.
Sur ce plan
tu écris : « La bourgeoisie a été plus forte que nous, le cours de
l’histoire n’a pas accouché de la révolution mondiale, les masses sont restées
majoritairement soumises et réformistes. »
Non !
Il y a eu une révolution internationale et elle a été battue non seulement à
cause de ses assassins réformistes mais de ses incompétences révolutionnaires.
Et les leçons ne sont pas tirée : la meilleur preuve est ta phrase.
La
révolution allemande a été trahie et assassinée consciemment par la
social-démocratie certes, mais aussi affaiblie par les incompétences spartacistes et communistes dues aux erreurs
maximalistes. Voir aussi le KAPD de 1921.
Une
précision : tu contestes que Bordiga était aux manettes dans la révolution
italienne et tu dis que c’étaient les syndicaux ou sociaux démocrates de
droite. Je parlais des directions du courant révolutionnaire et pas
contre-révolutionnaire bien évidemment[2].
Cela signifie qu’en Italie, personne ne défendait le point de vue du type de
Lénine et Trotsky.
Une autre
rectification. Tu écris sur « la position girondine et militariste de
Trotsky concernant l’invasion de la Pologne en 1920 » alors que
Trotsky était virullement et publiquement contre l’intervention militaire en
Pologne contre les dirigeants révolutionnaires polonais...[3]
· 16
juillet 14:30, par RP
Une autre
précision ! Lénine et Trotsky étaient loin de vouloir que les communistes
des autres pays imitent simplement la politique des révolutionnaires russes[4].
C’est les Zinoviev, Kamenev et autres dirigeants de l’Internationale Communiste
qui le défendaient et Lénine a même écrit contre cela et fait des interventions
au congrès contre la résolution adoptée sur la politique des partis
communistes, dictée par Zinoviev. Zinviev jouait ainsi d’autant plus au bon
élève qu’il était contre la stratégie de Lénine quand elle s’était posée en
Russie, notamment en octobre 1917…
·
16 juillet 14:34, par Robert Paris
Encore une
précision : je n’estime nullement que Lénine et Trotsky ne se sont jamais
trompés. Les dieux ne sont pas mes copains ni les interprètes des dieux. Lénine
s’est complètement trompé sur le caractère de la révolution russe jusqu’en 1917
et Trotsky sur le parti et très probablement également Trotsky n’a pas
entièrement préparé les révolutionnaires au tournant à prendre sur la nature de
la Russie avec la venue de la guerre mondiale, notamment lors de l’accord
Staline-Hitler. Il n’y a pas de révolutionnaires qui ne commettent pas
d’erreurs. Ce n’est pas là mon problème[5].
·
17 juillet 20:18, par Robert Paris
Cher
Jean-Louis,
Je continue à te répondre mais, bien sûr, en même temps j’écris pour nos
lecteurs qui sont moins au fait de cette question que toi qui l’a étudiée et sur laquelle tu as écrit. Tu m’excuseras donc de
rappeler des questions évidentes pour toi mais que bien des militants, selon
moi, ignorent souvent. Et aussi de cadrer longuement le débat avant même
d’avancer mes réponses personnelles.
Je vais
tenter de répondre sur le fond de la question et ce n’est ni rapportable de
manière brève, ni de manière simpliste. L’opposition
entre point de vue léniniste-trotskyste[6]
et point de vue des gauches communistes ou maximalistes encore appelées
communisme de gauche ou gauchistes ne permet pas les simplifications sommaires,
à moins de ne rien vouloir en comprendre. Il n’y a pas d’un côté des
révolutionnaires et de l’autre des contre-révolutionnaires, d’un côté des
dirigeants politiques responsables du mouvement prolétarien révolutionnaire et
de l’autre des incapables et des irresponsables qui ne jouaient aucun rôle. Les
uns comme les autres se réclament généralement de la révolution russe et de la
construction d’un courant communiste mondial séparé du courant socialiste
réformiste et des directions syndicales. Les uns comme les autres sont pour le
pouvoir au soviet. Les questions qu’ils débattent ne sont pas des questions de coupage
de cheveux en quatre en vue de se diviser inutilement. Ce sont des véritables
questions fondamentales pour la révolution et pour la lutte prolétarienne. Ce
sont des véritables questions fondamentales sur la manière d’organiser
l’avant-garde militante et de concevoir ses liens avec les masses
prolétariennes. Il n’y a pas de moyen de trancher simplement ces questions de
manière définitive et ultimatiste, pas d’autre moyen que de les étudier et de
se les reposer à chaque fois.
Ces
divergences portent sur de multiples points qui sont de fond et pas seulement
stratégiques ou tactiques, sur la conception même de la révolution, du
communisme, du prolétariat révolutionnaire, du parti et je n’ai même pas encore
tout cité. Ce n’est donc pas un débat à balayer d’un revers de main en
prétendant qu’il est définitivement tranché.
Encore moins
est-il facile de prétendre que la prise du pouvoir d’Octobre 1917 donnerait
nécessairement raison aux bolcheviks puisque d’autres révolutions n’y sont pas
parvenues. Même si cela était possible, cela ne prouverait même pas que ce ne
seraient pas les conditions particulières de la Russie qui seraient en cause.
Enfin, on ne
peut non plus balayer dédaigneusement les gauches communistes en prétendant que
ce sont des petits groupes car, à l’époque, ce n’était nullement le cas[7].
Le débat a
atteint son stade de crise en 1919-1921 et, à cette époque, Lénine et Trotsky
reconnaissent être minoritaires face aux gauches communistes aussi bien dans
l’Internationale Communiste ou troisième internationale qu’ils ont eux-mêmes
initiée que dans la direction du parti bolchevik lui-même et de l’Etat russe.
Et, à cette
époque, on n’est même pas encore dans la période de déclin de la révolution en
Europe qui se profilera en 1923-1924. Lénine n’est pas encore disparu et le
stalinisme n’est pas encore triomphant.
Ce premier texte vise donc seulement à planter le décor du débat et pas à
le trancher.
Je vais
d’abord souligner quelques difficultés inhérentes à la question posée. Tout
d’abord parce qu’elle se repose dans quatre situations très différentes :
avant la révolution d’Octobre, suite à la révolution d’Octobre, dans la phase
de retraite de la révolution d’Octobre et enfin dans l’époque stalinienne.
Il faut se
rendre compte que, si la révolution russe et la vague révolutionnaire en Europe
à laquelle elle appartient sont très largement débattues, le débat a en fait
commencé bien avant, par exemple entre Rosa Luxembourg et Lénine. La plupart
des dirigeants des gauches ne sont pas plus des jeunots sans expérience que les
dirigeants russes.
Bien sûr,
aucun n’a l’auréole que donne la victoire d’Octobre mais certains ont dirigé
des soviets, des gouvernements révolutionnaires, des combats révolutionnaires.
Si Lénine et
Trotsky jugent sévèrement les positions des « gauches », jamais ils
ne remettent en cause leur convictions révolutionnaires, prolétariennes et
communistes et, pour l’essentiel, les gauches font de même. C’est donc bel et
bien un débat interne au courant communiste international.
D’autre
part, ce débat est aussi interne aux bolcheviks. Il y a des bolcheviks de
courants gauches.
D’une
manière générale, le débat porte sur la manière de lutter contre l’opportunisme
qui a caractérisé l’essentiel des directions des anciennes organisations
prolétariennes politiques et syndicales et qui a mené à la grande trahison de
la révolution suite à la capitulation de ces directions durant la première
guerre mondiale, ces directions trompeuses rejoignant leur bourgeoisie
nationale dans cette boucherie mondiale. Partout le réformisme a eu le même
sort.
C’est les
appréciations sur les causes de cette trahison de l’opportunisme et sur les
conséquences dans les politiques à mener pour les révolutionnaires qui sont les
points principaux de divergence même s’il y a souvent divergence sur un fond
bien plus important : un fond portant sur l’interprétation du mouvement
communiste révolutionnaire lui-même, sur la spontanéité révolutionnaire, sur la
conscience communiste, sur le mode d’organisation révolutionnaire et même, et
nous y viendront, sur la dialectique révolutionnaire.
Ce n’est
jamais un combat de coupage de cheveux en quatre, car ces militants sont tous
engagés dans des révolutions où ils risquent leur vie avec leurs camarades de
parti, et que les questions qu’ils posent ont des conséquences très concrètes
et très importantes pour l’avenir de la révolution.
Ce n’est pas
non plus un combat de chefs qui se disputeraient la direction pour des raisons
de personne, par égocentrisme ou par ambition. Rappelons par exemple que
Bordiga critiquera durement Trotsky, et inversement, mais Bordiga défendra
Trotsky devant l’Internationale Communiste stalinisée et s’en fera exclure pour
se motif, exigeant même que Trotsky soit nommé à nouveau à sa direction !
Trotsky combattra les thèses de Bordiga mais souhaitera toujours se retrouver
dans un même parti avec lui !
Rien de
comparable donc avec les attitudes des groupes actuels qui se méprisent
inutilement souvent sans débattre vraiment des questions dont les militants de
l’époque débattaient eux vraiment.
Il ne s’agit
dans ce qui précède d’idéaliser la lutte de tendances qui a toujours un
caractère difficile, polémique, et qui mène à des affrontements entre des
appareils. Mais il s’agit de réaliser que ces militants s’estimaient et
comptaient souvent les uns sur les autres, même si leur chemin allait parfois
les conduire à se condamner politiquement et à s’exclure mutuellement à tort ou
à raison.
Bien des
militants d’aujourd’hui ont un peu facilement tranché le débat puisqu’ils ne
l’ont jamais mené, ni même connu et étudié. Et c’est d’autant plus regrettable
que ce débat reste indispensable aux révolutionnaires car il se repose et se
reposera dans toute révolution.
Ce n’est pas
un débat conjoncturel, dépassé par les événements, ni purement théorique, ni
définitivement tranché par l’Histoire.
Il convient
de remarquer aussi que les militants léninistes, trotskystes et gauches sont
tous pour combattre l’opportunisme, le réformisme, les trahisons
social-démocrates et syndicales mais ils ne font pas de la même manière et
chacun estime même que la politique de l’autre courant fait la part belle aux
réformistes. Ils sont tous pour la révolution prolétarienne et soviétique en
Europe mais ils ne la voient pas de la même manière et cela a des conséquences
cruciales sur les politiques menées.
Toujours
pour souligner la difficulté de rapporter correctement le débat qui s’est
déroulé, je vais d’abord lister quelques unes des questions déterminantes sur
lesquelles ce débat a porté :
le dépassement de la démocratie
bourgeoise en période de révolution (et notamment la participation ou non des
communistes aux élections bourgeoises)
le dépassement des organisations
syndicales par le développement des comités révolutionnaire (et notamment la
participation ou non communistes aux organisations syndicales)
le rôle de la spontanéité
révolutionnaire du prolétariat et le rôle de la direction politique du parti
communiste révolutionnaire (soviets ou parti ?)
le rôle des conditions objectives
de la révolution (crise de la domination bourgeoise et situation
révolutionnaire pour les opprimés) et la possibilité de forcer ces conditions
par des minorités des prolétaires ou même par des armées révolutionnaires
(thèse de la guerre révolutionnaire, tendances putschistes)
le rôle de la stratégie et de la
tactique du prolétariat : toujours offensif ou pouvant accepter des reculs
momentanés et des compromis (et lesquels ?) : tout compromis et tout
recul est-il opportuniste ? La révolution peut-elle accepter des retraites
provisoires, des ententes avec des ennemis dans le seul but de tenir une
position défensive en attendant une nouvelle offensive ?
le rôle au sein de la révolution
prolétarienne des objectifs démocratiques bourgeois (revendications paysannes,
des nationalités opprimées et des revendications politiques démocratiques)
le lien entre l’Internationale et
la Russie se pose aussi du fait que la révolution en Russie étant la seule à
avoir triomphé, l’Internationale est largement dominée par les bolcheviks, à
tort ou à raison…
la politique économique et
sociale à mener dans les pays gagnés par la révolution : réalisation des
tâches bourgeoises par le prolétariat ou seulement des tâches communistes.
Rappelons que personne, ni léninistes, ni trotskystes, ni gauches n’imaginent
même pas un objectif scandaleux et ridicule comme le « socialisme dans un
seul pays » de Staline.
Cette
discussion nécessite l’étude de la politique bolchevik en Russie mais aussi
dans les autres pays d’Europe touchés par la révolution et aussi l’étude des
thèses mais aussi de la pratique politique des gauches en Russie et en Europe.
C’est vaste
et même trop vaste pour un simple texte mais il est inévitable d’aborder
ensemble toutes ces questions car elles sont reliées entre elles dans les
conceptions de chacun des dirigeants ou des courants.
Il est donc
difficile de rapporter ce débat de manière simplifiée sans tricher.
Même le
débat avec les opportunistes n’est pas nécessairement aussi simple que
d’opposer en parole révolutionnaires et contre-révolutionnaires car on peut
passer, y compris par erreur, de l’un à l’autre. Des militants et dirigeants du
parti socialiste indépendant d’Allemagne, par exemple, sont plusieurs fois
passés d’un côté à l’autre. En Russie, Boukharine est passé du courant gauche à
la droite…
Le débat sur
le gauchisme n’est pas simple parce que chacun peut être doublé sur sa gauche
par un autre courant. Par exemple, des gauches par des putschistes, des
anarchistes, etc… On est toujours le gauchiste de quelqu’un et l’opportuniste
de quelqu’un. Il faut donc en débattre sérieusement et avec arguments développés
ou renoncer à rien y comprendre.
La suite va
venir à condition de ne pas s’impatienter...
·
18 juillet 10:48, par Robert Paris
Je poursuis
donc la discussion...[8]
Et dans
toutes les questions qui étaient posées, la manière de raisonner (la
philosophie) est déterminante. En effet, tout dépend si on veut définir des
conceptions d’oppositions diamétrales ou dialectiques. Donnons des exemples de
positions diamétrales. Ou on est pour des compromis ou on est contre tout
compromis. Ou on est toujours pour militer dans les syndicats on n’est jamais
pour y militer. Ou on est pour participer aux élections bourgeoises ou on n’y
participe jamais. Ou on considère que la démocratie bourgeoise est dépassée ou
on considère qu’elle ne l’est pas. Ou la révolution est bourgeoise ou elle est
prolétarienne. Une révolution communiste ne se donne que des tâches
communistes. Une révolution qui se donne aussi des tâches bourgeoises est
bourgeoise et non communiste ni prolétarienne. Etc, etc…
Ce type de
position diamétrale supprime toute possibilité de stratégie du prolétariat, toute
démarche en vue de conquérir les masses au cours de la lutte et au travers de
prises de position partant d’un certain niveau de conscience et de lutte, pour
aller plus loin. Elle exclut toute alliance avec tout groupe qui n’est pas
intégralement communiste révolutionnaire. Elle exclut non seulement les
programmes de transition, les tentatives de stratégie d’unité pour enlever les
masses aux appareils réformistes. Elle exclut l’utilisation des instruments de
la démocratie bourgeoise. Elle exclut que le prolétariat se serve des
contradictions au sein de la bourgeoisie, par exemple entre la grande et la
petite, entre la bourgeoisie et des peuples opprimés. Elle exclut l’utilisation
de la question nationale comme une question explosive permettant au prolétariat
de prendre la tête de couches opprimées. Elle exclut aussi que l’Etat ouvrier,
momentanément isolé, mène une politique sociale et économique en vue de tenir
la position afin d’attendre la maturation révolutionnaire du reste du
prolétariat.
Dans les
positions en ou/ou, on ne dispose que de deux couleurs dans la palette :
ou la situation est révolutionnaire ou elle ne l’est pas, ou la révolution est
prolétarienne et communiste ou elle ne l’est pas, ou un parti est intégralement
communiste révolutionnaire ou il est contre-révolutionnaire, etc…
Le
maximalisme a ainsi voulu s’opposer diamétralement à l’opportunisme. Est-ce la
meilleure manière de le combattre ?
Mais l’opposition
diamétrale, si elle sert à définir quelques positions de principe de base (ou
Etat ouvrier ou Etat bourgeois, ou parti ouvrier ou parti bourgeois, ou
programme communiste ou programme bourgeois), elle est trompeuse dans les
situations révolutionnaires où, de manière rapide un facteur se change en son
contraire. Par exemple, les syndicats allemands pactisent avec toutes les
forces bourgeoises, y compris Etat-Major et fascistes des corps francs, dans la
révolution ouvrière de 1918-1919. Et, immédiatement après, ce sont les
syndicats qui organisent la riposte ouvrière au coup d’Etat d’extrême-droite de
Kapp. Celui qui en est resté à l’idée qu’il n’y a que la contre-révolution à
attendre des syndicats ne peut que se tromper de politique et rester en dehors
des événements dans lesquels la classe ouvrière va pourtant intervenir.
D’ailleurs, l’opposition diamétrale amènera à considérer que le régime des
sociaux-démocrates contre-révolutionnaires est de même nature que le régime de
Kapp et des généraux d’extrême-droite car tous deux défendent le même ordre
bourgeois.
Le
maximalisme a tendance à défendre des positions pures. Cela n’a rien de
choquant quand on sait à quel point le syndicalisme et la social-démocratie ont
perverti les positions ouvrières mais cela peut amener à perdre la boussole
dans des situations de changements rapides qui nécessitent d’adapter rapidement
la stratégie de la minorité révolutionnaire pour faire face aux expériences que
vivent les masses.
Par exemple,
des modes d’organisation ou de lutte peuvent changer de caractère en cours de
route. Des comités ouvriers qui restent réformistes peuvent devenir
révolutionnaires ou des comités révolutionnaires au moment de la poussée des
masses peuvent devenir des instruments de la contre-révolution.
Bien
entendu, il serait caricatural de prétendre que les maximalistes seraient tous
antidialectiques et les bolcheviks tous dialecticiens. Tel n’est pas notre
propos. Ainsi, nous avons rapporté sur notre site les idées de Karl Korsch, un
des dirigeants des gauches allemandes, qui défendait la philosophie
dialectique. Reste à discuter s’il l’appliquait en politique ou s’il affirmait
seulement abstraitement lui être favorable.
Considérer
qu’il y a une dialectique de la révolution, c’est concevoir que, dans ce type
de situations, un facteur peut se changer en son inverse. Par exemple,
l’aspiration nationale des Parisiens de 1871 devient la conscience communiste
internationaliste de la Commune de Paris. L’aspiration à la démocratie
bourgeoise du peuple russe se transforme en construction de la démocratie
prolétarienne. On a vu comment, en 1920, les syndicats réformistes allemands,
principal facteur de démobilisation des travailleurs dans la révolution de
1918-1919, devient le seul centre de mobilisation prolétarienne face au putsch
militaire d’extrême droite de Kapp.
Au cours de
la révolution russe, les soviets ont connu des phases révolutionnaires et aussi
contre-révolutionnaires.
Le parti
révolutionnaire est lui aussi un facteur à appréhender de manière dialectique.
Le meilleur
des partis pour se changer en organe conservateur. Cela s’est produit plusieurs
fois en ce qui concerne le parti bolchevique, notamment après la révolution de
février et jusqu’en avril 1917. Cela a également été le cas après la mort de
Lénine.
Considérer
le parti uniquement comme révolutionnaire, c’est renoncer à comprendre que la
réalité est bien plus contradictoire.
En ce qui
concerne ses dirigeants, il en va de même.
Lénine et
Trotsky n’ont pas été des dirigeants éclairés du prolétariat de manière
permanente et constante. Ils ont commis des erreurs politiques ou
organisationnelles majeures sans pour autant devenir ni opportunistes, ni
réformistes, ni des bureaucrates du type de ceux de la période stalinienne.
Ce serait un
contre-sens de considérer comme un but en soi la politique (dite de retraite)
que ces deux dirigeants mènent en Russie quand la révolution y est isolée. La
signature du traité de Brest-Litovsk avec l’impérialisme allemand, la NEP, le
capitalisme d’Etat et la politique de front unique sont considérés comme des
trahisons de la politique révolutionnaire par les gauches communistes mais il
semble que tout recul tactique soit considéré de même par eux…
Bien avant
cette politique de recul tactique, la divergence de fond existait sur la nature
même de la révolution en Russie et même en Europe.
Les thèses
d’avril 1917 de Lénine reprenaient les thèses de « révolution
permanente » de Trotsky que les gauches récusent d’une manière générale.
L’idée même
qu’une révolution prolétarienne doive réaliser des tâches historiques que la
bourgeoisie n’a pas été capable de réaliser leur paraît une idée non seulement
complètement farfelue mais dangereusement fausse : ou la révolution est
prolétarienne ou elle est bourgeoise. Ce
n’est pas au prolétariat de réaliser les tâches de la révolution bourgeoise
pour les gauches. C’est une divergence fondamentale et, à mon sens comme je
l’ai dit plus haut, elle découle de toute une philosophie non dialectique.
La
dialectique examine les situations non pas en cherchant ce qui est positif et
en l’opposant diamétralement à ce qui est négatif mais, dans le sens inverse,
cherche dans chaque système quel interaction des contraires est en œuvre.
Ainsi, c’est la montée de la contre-révolution qui lance la révolution et
inversement. Les deux sont inséparables et sans cesse en rétroaction.
Sans la
révolution soviétique pas de putsch de Kornilov mais aussi sans le putsch de
Kornilov pas de révolution d’octobre. Sans la montée de la révolution espagnole
pas de putsch de Franco mais sans le putsch de Franco, pas de développement
révolutionnaire d’Espagne.
Si on
considère que Kérensky égale Kornilov, que le gouvernement républicain espagnol
égale Franco, on a une position juste de base en termes de classe (ces gouvernements
défendent exactement le même ordre social) et une politique fausse au sein des
masses car c’est en luttant contre la
contre-révolution que se prépare la révolution prolétarienne. Voilà le genre de
raisonnements que récusent les gauches.
·
18 juillet 13:53, par Robert Paris
LE DRAME DES MILITANTS TROTSKIENS HAS BEEN
Pendant 26
ans à LO, R.Paris n’a pas eu le droit d’écrire une seule ligne. A charge de
revanche, Google nous offre à chacun un blog où nous épancher. Ce peut-être un
moyen de correspondre plus largement ou d’informer un cercle d’amis, un moyen
pour se sentir moins seul, voire un moyen pour recruter pou tout apprenti
gourou. Je ne me suis jamais fait trop d’illusions sur ce « médium »
moi-même. Outil ambigu, diamétral dirait R.Paris, il correspond au triomphe de
l’individualisme en même temps qu’il est un outil intéressant d’expression
qui économise les timbres. Les blogs, de support personnel au départ, sont de plus en plus bouffés par la propagande publicitaire, n'importe quelle réclame vient se nicher sur un mot surligné à notre insu. C'est la nature totalitaire mercantile du Capital qui reprend toujours le dessus.
Mon blog est généralement répertorié à côté des sites « Gauche communiste », et je m’en flatte. Matière et mémoire peut être aisément répertorié dans les sites « gauchistes décomposés » ou en tout cas dans les aires propices à la confusion idéologique pour gogos. R.Paris assure que « nous voulons tous la même révolution » (gauchistes + maximalistes), mais que nous différons sur les moyens. C’était la rengaine de LO en 1968. Rien n’est plus faux. Il existe mille conceptions différentes de ce que chacun envisage comme révolution sous couvert de la « société communiste de l’avenir ». Mais il existe UNE DIFFERENCE insurmontable qui départage révolutionnaires et révolutionnaires de pacotille : c’est celle qui consiste à dire qu’on ne peut plus REPETER LE PASSE. On ne refera ni la Commune de Paris ni Octobre 1917. Une autre différence concerne l’histoire des échecs révolutionnaires, on ne peut pas TRAFIQUER LE PASSE, à la manière de R.Paris qui, de façon statique, à la manière anarchiste, imagine une permanence et simultanéité de la révolution et de la contre-révolution. Il mélange tout à la manière des révisionnistes, Kornilov et Franco, etc. C’est un survol en deltaplane trotskien des moments et conditions de la révolution, qui aboutit à défendre des fronts uniques bourgeois ultérieurs nullement générateurs de révolution prolétarienne ni capables d’empêcher le retour de la Guerre mondiale.
Mon blog est généralement répertorié à côté des sites « Gauche communiste », et je m’en flatte. Matière et mémoire peut être aisément répertorié dans les sites « gauchistes décomposés » ou en tout cas dans les aires propices à la confusion idéologique pour gogos. R.Paris assure que « nous voulons tous la même révolution » (gauchistes + maximalistes), mais que nous différons sur les moyens. C’était la rengaine de LO en 1968. Rien n’est plus faux. Il existe mille conceptions différentes de ce que chacun envisage comme révolution sous couvert de la « société communiste de l’avenir ». Mais il existe UNE DIFFERENCE insurmontable qui départage révolutionnaires et révolutionnaires de pacotille : c’est celle qui consiste à dire qu’on ne peut plus REPETER LE PASSE. On ne refera ni la Commune de Paris ni Octobre 1917. Une autre différence concerne l’histoire des échecs révolutionnaires, on ne peut pas TRAFIQUER LE PASSE, à la manière de R.Paris qui, de façon statique, à la manière anarchiste, imagine une permanence et simultanéité de la révolution et de la contre-révolution. Il mélange tout à la manière des révisionnistes, Kornilov et Franco, etc. C’est un survol en deltaplane trotskien des moments et conditions de la révolution, qui aboutit à défendre des fronts uniques bourgeois ultérieurs nullement générateurs de révolution prolétarienne ni capables d’empêcher le retour de la Guerre mondiale.
Le
gauchisme, et sa partie trotskienne en particulier, est un formidable
destructeur de conscience politique. L’exemple en est encore ce simili débat,
que j’avais intitulé, unilatéralement « Débat sur les tares du
bolchevisme », non pas pour une confrontation entre vieux machins
trotskiens et l’aire dispersée et filandreuse du maximalisme, mais pour cadrer
le débat vers la nécessité d’une autre façon d’envisager la révolution, en
soulignant les faiblesses de l’expérience russe – non encore toutes listées
(sur la soit disant guerre révolutionnaire, le rôle du parti, quel Etat ?
etc.) – et pas ce cadre flou néo-léniniste proposé par R.Paris :
« …des véritables questions fondamentales pour la révolution et pour la
lutte prolétarienne… sur la manière d’organiser l’avant-garde militante et de
concevoir ses liens avec les masses prolétariennes ». R.Paris tente de
réduire le débat sur une autre société au débat étriqué de 1921
bolcheviks/ultra-gauches infantiles, mais retoqué bisbilles entre sectes
gauchistes, en éliminant au passage non simplement le courant dit ultra-gauche,
opposé aux dérives des Lénine et Trotsky, mais pour mieux éliminer les vraies
questions de fond qui n’ont pas leur solution dans Octobre 17, dont le
« cadre » est posé par Marx face aux anarchistes : période de
transition contre les imbécilités de la communisation immédiate, rapport des
prolétaires et du parti, Etat et parti, Etat et Conseils ouvriers. Toutes ces
questions ont été ébauchées de 1917 à 1923, mais restent irrésolues. Ce sont
ces questions qui nous intéressent pas « la manière d’organiser
l’avant-garde militante » (appel du pied de R.Paris aux quelques recrues
qui fréquentent son fragile cercle hétéroclite et voiture balai de LO).
Lorsqu’il
liste ses questions, R.Paris reste dans l’ornière trotskienne, il ne part pas
du rôle historique attendu du prolétariat, de ses besoins. Il part de la
politique abstraite, le dépassement des élections, des « organisations
syndicales », de la « direction politique du parti », des
compromis, des revendications paysannes, etc. La réponse à ces questions
résiderait dans une nouvelle étude de la « politique bolchevik » et
« aussi des thèses mais aussi de la pratique politique des gauches en
Russie et en Europe ». Bof, tout cela a déjà été fait. Il existe de bons
livres d’historiens. Peut-être R.Paris veut-il faire réaliser des exposés à la
Mutualité, façon Cercle Léon T., niveau cours moyen deux ? En ressassant
la nécessité de l’imitation du valeureux exemple bolchevique ?
Nos
trotskiens désenchantés sont perdus et ne peuvent que ramer avec des
vieilleries hors des réalités du monde actuel et d’une lutte de classe qui pose
des besoins pour l’humanité à la fois plus urgents, plus complexes et plus
nécessaires que jamais. Ce n’est qu’en partant de ces besoins que l’expérience
échouée du passé peut servir de référent et/ou de repoussoir. Je préfère une
révolution qui a échouée (cf. en Allemagne) qu’une révolution qui a réussi (cf.
en Russie). Les leçons des échecs de l’une ne peuvent aucunement trouver leur
solution en se référant à l’autre, qui n’a que très peu réussi au demeurant. Le
simplisme trotskien pour expliquer l’échec en Allemagne 18-23 – l’absence du
parti « dirigeant » - est une vieillerie platonique, qui demeure une
constante chez R.Paris et qu’il nomme « erreurs des maximalistes ».
Son raisonnement politique reste pollué par les simplismes du trotskysme. Sans
connaître la véritable histoire du courant maximaliste comme je le lui ai dit
au début, il ne fait que ressasser les billevesées de l’opportunisme léniniste
sur la présumée rigidité du maximalisme ; il se félicite que Rosa ait été
« demi-maximaliste », c'est-à-dire qu’elle n’ait pas été vraiment
contre les syndicats ni pour l’insurrection prématurée. Mais on touche là aux
limites des qualificatifs. Nombre de politiques maximalistes ne furent point
pour la « révolution à tout prix » ou n’importe comment. Le trotskien
léniniste guette toujours l’anarchiste… maximaliste au coin de la rue pour lui
asséner un coup du buste léninien.
Sa théorie fumeuse de l'accouplement perpétuel révolution et contre-révolution est une improvisation stupide de ce qu'il imagine être la danse prolétariat/bourgeoisie: " la montée de la contre-révolution qui lance la révolution et inversement. Les deux sont inséparables et sans cesse en rétroaction". On entre ici dans le domaine de l'improvisation intellectuelle sur des moments différents de l'histoire. La révolution se produit contre une classe dominante affaiblie ou qui a dévoilé injustices et contradictions insurmontables. La contre-révolution n'existe pas avant la révolution. Les conditions de la montée révolutionnaire ne sont pas les mêmes que son reflux. On ne peut pas assimiler les bandes armées de Kornilov et celles de Mussolini et Hitler. Face à la tentative de putsch de Kornilov, si des alliances sont nouées avec la bourgeoisie démocratique c'est parce que le prolétariat et ses partis révolutionnaires sont en position dominante. Le recours aux bandes armées contre-révolutionnaires des deux dictateurs fascistes n'est possible pour la bourgeoisie qu'une fois le prolétariat vaincu politiquement et partiellement défait par les exactions militaires. R.Paris mélange tout avec cette théorisation simpliste et linéaire, le putsch de Kornilov comme celui de Franco et celui d'Hitler,et sans nous définir ce qu'est la contre-révolution ni quand elle a lieu, ni quand elle s'impose. La contre-révolution ce n'est pas simplement des bandes armées ni le fascisme ou le stalinisme.
En réalité, sous couvert de « concession dialectique », le Robert Paris-en-bouteille nous livre la plus belle description de la compromission politique et de l’appartenance, avec ses critères binaires de philo de CM1, du gauchisme décati au concert politique bourgeois traditionnel et anti-révolutionnaire (ah cette fleur de rhétorique politicarde trotskienne élimée "enlever les masses aux appareils réformistes"!) :
Sa théorie fumeuse de l'accouplement perpétuel révolution et contre-révolution est une improvisation stupide de ce qu'il imagine être la danse prolétariat/bourgeoisie: " la montée de la contre-révolution qui lance la révolution et inversement. Les deux sont inséparables et sans cesse en rétroaction". On entre ici dans le domaine de l'improvisation intellectuelle sur des moments différents de l'histoire. La révolution se produit contre une classe dominante affaiblie ou qui a dévoilé injustices et contradictions insurmontables. La contre-révolution n'existe pas avant la révolution. Les conditions de la montée révolutionnaire ne sont pas les mêmes que son reflux. On ne peut pas assimiler les bandes armées de Kornilov et celles de Mussolini et Hitler. Face à la tentative de putsch de Kornilov, si des alliances sont nouées avec la bourgeoisie démocratique c'est parce que le prolétariat et ses partis révolutionnaires sont en position dominante. Le recours aux bandes armées contre-révolutionnaires des deux dictateurs fascistes n'est possible pour la bourgeoisie qu'une fois le prolétariat vaincu politiquement et partiellement défait par les exactions militaires. R.Paris mélange tout avec cette théorisation simpliste et linéaire, le putsch de Kornilov comme celui de Franco et celui d'Hitler,et sans nous définir ce qu'est la contre-révolution ni quand elle a lieu, ni quand elle s'impose. La contre-révolution ce n'est pas simplement des bandes armées ni le fascisme ou le stalinisme.
En réalité, sous couvert de « concession dialectique », le Robert Paris-en-bouteille nous livre la plus belle description de la compromission politique et de l’appartenance, avec ses critères binaires de philo de CM1, du gauchisme décati au concert politique bourgeois traditionnel et anti-révolutionnaire (ah cette fleur de rhétorique politicarde trotskienne élimée "enlever les masses aux appareils réformistes"!) :
« Ce type de position diamétrale supprime toute possibilité de
stratégie du prolétariat, toute démarche en vue de conquérir les masses au
cours de la lutte et au travers de prises de position partant d’un certain
niveau de conscience et de lutte, pour aller plus loin. Elle exclut toute
alliance avec tout groupe qui n’est pas intégralement communiste révolutionnaire.
Elle exclut non seulement les programmes de transition, les tentatives de
stratégie d’unité pour enlever les masses aux appareils réformistes. Elle exclut
l’utilisation des instruments de la démocratie bourgeoise. Elle exclut que le
prolétariat se serve des contradictions au sein de la bourgeoisie, par exemple
entre la grande et la petite, entre la bourgeoisie et des peuples opprimés.
Elle exclut l’utilisation de la question nationale comme une question explosive
permettant au prolétariat de prendre la tête de couches opprimées. Elle exclut
aussi que l’Etat ouvrier, momentanément isolé, mène une politique sociale et
économique en vue de tenir la position afin d’attendre la maturation
révolutionnaire du reste du prolétariat.
Dans les positions en ou/ou, on ne dispose que de deux couleurs dans la
palette : ou la situation est révolutionnaire ou elle ne l’est pas, ou la
révolution est prolétarienne et communiste ou elle ne l’est pas, ou un parti
est intégralement communiste révolutionnaire ou il est contre-révolutionnaire,
etc… ».
Au-delà de
ce bricolage théorique, resucée de la confrontation léninisme/gauchisme
infantile, les véritables questions posées par le maximalisme - concernant la
transition au communisme, la place du prolétariat détruite par le parti
bolchevique, la nécessité de combattre la démocratie bourgeoise pour établir
une véritable démocratie qui inaugure la fin du politique, quel Etat
transitoire ?, la démarcation définitive avec les organismes passés à la
bourgeoisie est-elle soluble dans des retrouvailles avec les anciens partis
bourgeois, échéances de l’abolition du salariat et des hiérarchies, etc – sont
ignorées. On reste dans le monde froid des « bureaux politiques » et
de leurs « directions ». On discute mais de « stratégies »,
pas de principes prolétariens. On joue au philosophe lémurien-léninien. On peut passer
d’un parti à un autre comme on cueille des fleurs ou des navets. C’est le drame
de tous ceux qui sont restés trop longtemps dans le giron des trotskismes. Ils
ont tout désappris et ne savent plus penser. Ils prétendent encore « faire
la leçon », enseigner des rudiments même avariés et enrobés de superlatifs "réalistes" léniniens.
Quand bien même ils ne peuvent même plus discuter, dégager questions
principales des secondaires, soupeser vraiment l’argument opposé. Alors ils
escamotent en radotant comme tous les militants des partis officiels encore en
service. Ils ne peuvent pas remettre les bases doctrinales militancières de
toute une vie. Le débat n’est plus alors que le monologue du petit prof qui se
parle à lui-même. Ses élèves ont déserté sa classe. Il reste seul sur son
estrade, un peu hébété, mais rassuré par sa propre voix.
[1]
R.Paris pense que je consens à causer avec lui
au niveau de l’interprétation mais oublie de mentionner ce que je lui
réponds : « En tout cas aujourd'hui nous ne pouvons plus rester dans
l'interprétation mais aligner les constats: l'expérience russe a pesé plus
négativement en Allemagne que les faiblesses du KAPD ».
[2]
C’est le genre de réponse politicarde et de mauvaise foi typique du sectaire de
base LO, façon « parle à mon cul, j’ai mal à ma tête ».
[3]
Rien n’est moins sûr concernant le chef de guerre bolchevique, qui savait si
bien se solidariser avec l’appareil d’Etat une fois les manettes actionnées par
Lénine ; il est sûr par contre qu’il a été parmi les premiers à dénoncer
les actions criminelles « des membres de l’armée rouge plus arriérés (qui)
avaient arrachés le cœur des prisonniers polonais » (p.169 de mon livre
contre le mythe de la guerre révolutionnaire).
[4]
C’est vrai et faux en même temps, ils souhaitaient à la fois une insurrection à
la Palais d’Hiver mais comme cela apparut de plus en plus comme une vue de
l’esprit, ils appuyèrent les vieilles ficelles politiques social-démocrates et
syndicalistes.
[5]
Si c’est son problème puisqu’ils chargent systématiquement ceux qu’il appelle
les « dirigeants maximalistes » d’incompétence comparée à la…
compétence bolchevique en matière d’accommodement et reniements des principes,
ce qu’il nomme dialectique anti-diamétrale !
[6]
C’est clair notre dialecticien d’une philosophie de l’à peu près dévoile ici
d’où viennent sa « position » et ses éternuements dialectiques-toc.
[7]
Concession numérique de pure forme et qui ne coûte rien au défenseur
néo-trotskien des accommodements (dits stratégie) en tout genre avec la
démocratie bourgeoise et son syndicalisme, vu que tout est réversible : un
parti peut être bon aujourd’hui mais mauvais demain, idem pour un syndicat.
[8]
Il poursuit tout seul, ne me laissant pas le temps de répondre au galimatias
précédent.
[9] C’est malhonnête, il ne fait pas le renvoi demandé à
l’autre texte de Laugier que j’évoquais : L’IRRUPTION
DE LA DISCUSSION SUR LA REVOLUTION ALLEMANDE, qui est trop
confondant pour sa mixture de théorie gauchiste philosopharde de comptoir de bistrot – il est
d’ailleurs complètement nul en philo – et dont il esquive l’analyse géniale du
stalinisme (et du trotskisme) comme nouvelle forme du réformisme
« nationalisé ».