« La prostitution n’est qu’une expression
particulière de la prostitution générale de l’ouvrier et comme la prostitution
est un rapport où entrent non seulement le prostitué mais aussi celui qui le
prostitue – dont l’abjection est plus grande encore – le capitaliste, etc.,
tombe aussi dans cette catégorie ».
KARL MARX
(Manuscrits de 1844, économie politique et philosophie,
se reporter également aux diverses discussions de Marx sur le travail et la
prostitution des femmes qui citent et commentent les textes d’économie
politique en France dans les années 1840).
1.
L’ETAT
MAQUEREAU ET LES INEGALITES SEXUELLES
Le « mac » décide à la place de sa
prostituée. L’Etat fait de même avec ses citoyens, jugés tour à tour
comestibles ou pervers. Il détient la propriété du corps électoral comme du
corps intime. On ne copulera que dans les règles pour s’éviter toute
contravention, a édicté le pape François 2 sur France 2. Face au nouveau
« sexuellement correct » mariage pour tous (mais interdiction de la
sexualité pour tous) vous êtes vous les moches, les vieux, les célibataires et
les sans-papiers comme les premiers chrétiens face à Rome l’impériale. Sachez,
honorables humains que l’Etat protecteur de la putain et de la catin peut vous
ligoter les mains pour empêcher la masturbation mais il n’empêchera pas les
rêves érotiques. Pour l’Etat sous l’œil de Monseigneur Dupanloup restauré et
d’une vierge écologiste la prostitution des pauvres n’est pas un travail mais
une hérésie immorale, qui bafoue la dignité de la ménagère. N’était la faible virilité du pingouin de
l’Elysée, on se croirait presque face au « Ministère de l’Amour » du
1984 d’Orwell ! Big Brother bobo et big sister gauchiste veillent sur
votre libido ! Surtout tarifée ! Pour ne pas dénigrer un taxe qui
échappe à l’Etat décroissant.
Tenez-vous bien. L’Etat français sous François 2
roi des bobos, va révolutionner des mœurs pluri-centenaires à défaut de
diminuer chômage et augmenter les salaires. Fin 2012 le cinémascope hollandais
avait scénarisé la fin du « harcèlement » sexuel surtout pour
oblitérer qu’au travail, sans harcèlement « hiérarchique » des petits
chefs la « croissance » ne verra jamais le jour ni la nuit. Le
premier type de harcèlement ne reste qu’une affaire secondaire de fesses dont
les effets resteront toujours déroutants.
On verra que l’Etat bourgeois moraliste s’attaque
surtout à la possible jouissance (tarifée) des travailleurs immigrés en transit
alors qu’il envoie en stage tous ses cadres dans les pays où les enfants sont
tarifés et les putes à disposition sans gêner les droits de l’homo erectus.
Thaïlande et Allemagne sont idéales pour que les cadres puissent éponger leur
libido entre les harassantes conférences de firmes et de commerciaux. L’immigré
sans femme, qui couche sur les chantiers, peut toujours s’astiquer le poireau
lors de ses mornes soirées, sur le magazine cucul de Beigbeder. Le gouvernement
a lui fait sa révolution conceptuelle communiante. Foin d’une sélection des
politiciens provinciaux, l’Etat maquereau industriel aligne désormais des
conseils de ministres avec quotas diversifiés, arabe, noir, femmes, sensibilité
écolo, sensibilité policière, sensibilité productive, etc. La répartition du
travail sexuel semble moins maquée que sous Chirac et Sarkozy, mais sans doute
est-ce parce que le chef est cornaqué par une drôle de rombière.
Dans le Manifeste communiste de 1847 Marx et
Engels vont plus loin que l’équivalence travail-prostitution (cf. en exergue de
cet article) des écrits de jeunesse de 1844 : « « Moins le
travail exige d'habileté et de force, c'est-à-dire plus l'industrie moderne
progresse, et plus le travail des hommes est supplanté par celui des femmes et
des enfants. Les distinctions d'âge et de sexe n'ont plus d'importance sociale
pour la classe ouvrière. Il n'y a plus que des instruments de travail, dont le
coût varie suivant l'âge et le sexe ». Le travail (= torture) devient donc
au cœur de la révolution industrielle une prostitution généralisée aux hommes
et aux enfants ; nos chers maîtres anti-bourrage de crâne auraient pu
ajouter à l’époque, « et aux diverses races exploitées », mais ils
les comprenaient déjà en en référant aux prolétaires du monde entier.
Prémonitoire ! De vulgaires « instruments de travail », ces
« choses » ouvrières ne peuvent prétendre à la jouissance,
fusse-t-elle tarifée ![1]
La loi pour pénaliser les clients des prostituées
n’est pas étonnante de la part des élites jouisseuses, vénales, féministes et
moralisatrices qui gouvernent le pays et enfument la lutte des classes. Ce
sexuellement correct est très proudhonien (réac) comme vous le découvrirez
certainement plus loin. Elle s’inscrit dans le traditionnel accaparement des
corps, et du corps intime, par l’Etat bourgeois succédant à la calotte à l’orée
du XXe siècle, comme Freud l’avait remarqué. Et surtout la morale d’Etat est
annexion totalitaire du corps du prolétaire. Car les clients du bordel, s’ils
appartiennent à toutes les couches sociales, sont certes avant tout
majoritairement issus des classes pauvres et surtout du prolétariat immigré. Il
ne suffit plus de les domestiquer dans la décadence et crise capitaliste encore
faut-il pouvoir les humilier complètement en les confinant à la masturbation à
condition d’acquitter la taxe d’internet. Le clan sarkozien humiliait les
chômeurs quand le clan de Hollande a décidé d’humilier les travailleurs
immigrés avec le cortège habituel des laids, des vieux, des sans-papiers, en
leur faisant payer au prix fort des besoins jugés irrecevables par les dames
journalistes baisées par leurs politiciens. Le mépris aristocratique des
« bas besoins » du peuple fait toujours florès. De partout les
féministes bobos frigides incitent « nos mâles » à aller
« régler leurs problèmes de testostérone en Allemagne »[2].
Demain leurs successeurs déferont cette loi imbécile.
La fraîche loi prohibitionniste rappelle les époques les plus lointaines de
l’obscurantisme, émanant des think tanks de la cervelle abstraite de
bourgeoises et bourgeois immobilièrement et sexuellement repus, avec la
prétention de :
-
Moraliser le client (surtout s’il ne sait
ni lire ni s’exprimer): contravention de 1500 euros, doublée en cas de récidive
(etc. si mineure dans les parages, banco)[3].
-
Créer une
contravention de 5e catégorie (amende de 1.500 euros) pour les clients (surtout
prolétaires immigrés pue-la-sueur) ayant recours à la prostitution d'une
personne majeure. L'amende sera doublée en cas de récidive.
-
« sensibiliser » les (pervers)
clients pendant six mois avant application d’une bonne dose de campagne
idéologique (morale d’Etat garantie).
-
créer un stage de sensibilisation à « l'achat
d'actes sexuels »[4]
comme pour le permis de conduire, payé par le client puni (pourra-t-il
récupérer ses points de vertu ?)
-
De supprimer le délit de racolage public
(recette sarkozienne), qui punissait les « travailleuses du sexe »,
ce qui signifie qu’elles pourront recommencer à racoler, même en mettant en
danger leur lient….(Créé en 2003, ce délit était passible de deux mois
d'emprisonnement et de 3.750 euros d'amende)[5].
-
Promesses
de redonner un emploi de femme de ménage à toutes les prostituées volontaires
pour « changer de métier ».
-
D’ autoriser provisoirement le séjour in France
six mois (et droit au travail) pour les prostituées étrangères sans qu'elles
soient obligées de dénoncer leur réseaux (poil au dos, lire la clause suivante
qui l’annule).
-
De Renouveler,
jusqu'à la fin de la procédure judiciaire, le titre de séjour délivré pour les
personnes prostituées qui témoignent ou portent plainte contre leur réseau de
proxénétisme.
-
D’octroyer
un soutien financier temporaire, l'allocation temporaire d'attente, pour
les prostituées étrangères qui s'engagent dans un parcours de sortie (mon
œil !).
2. L’OUVRIERE, LA PUTAIN ET LE PURITANISME DE
HOLLANDE
Villermé décrit ce qu'on appelle le «
cinquième quart de journée » à Reims et qui est devenu courant. Beaucoup
de filles et de jeunes femmes des manufactures abandonnent souvent l'atelier
dès six heures du soir, au lieu de sortir à huit heures, et vont parcourir les
rues, dans l'espoir de rencontrer quelque étranger qu'elles provoquent avec une
sorte d'embarras timide.
N'oublions pas enfin les droits que s'arrogent parfois des employeurs et des contremaîtres sans scrupule. Il faut céder ou accepter le renvoi... La mortalité dans la classe ouvrière est sensiblement plus précoce que dans la classe bourgeoise, pourquoi ne pas « prendre du bon temps » surtout lorsqu’il est bref La prostitution permet de tenir en période de grèves ou de marasme industriel. Cette prostitution ouvrière clandestine, souvent occasionnelle, échappe au contrôle des pandores de l’Etat. Il est plus rentable de vendre ses charmes que de travailler en usine… comme de nos jours. De toute façon les femmes étaient par définition des travailleurs inférieurs, même pour les ouvriers eux-mêmes. La putain ouvrière est forcément une exclue de la norme maritale, lieu naturel de régulation de la moralité :
N'oublions pas enfin les droits que s'arrogent parfois des employeurs et des contremaîtres sans scrupule. Il faut céder ou accepter le renvoi... La mortalité dans la classe ouvrière est sensiblement plus précoce que dans la classe bourgeoise, pourquoi ne pas « prendre du bon temps » surtout lorsqu’il est bref La prostitution permet de tenir en période de grèves ou de marasme industriel. Cette prostitution ouvrière clandestine, souvent occasionnelle, échappe au contrôle des pandores de l’Etat. Il est plus rentable de vendre ses charmes que de travailler en usine… comme de nos jours. De toute façon les femmes étaient par définition des travailleurs inférieurs, même pour les ouvriers eux-mêmes. La putain ouvrière est forcément une exclue de la norme maritale, lieu naturel de régulation de la moralité :
« Le terme qui servait à désigner les
ouvrières sans soutien familial était ambigu. Sous ce régime qui réglementait
la prostitution, l’expression « femmes isolées » était l’appellation
des prostituées clandestines celles qui n’étaient pas inscrites sur le registre
de l’une des maisons où ce commerce était autorisé. Dans les enquêtes sur les
ouvriers, par exemple dans la « Statistique de l’industrie » préparée
par la Chambre de commerce de Paris en 1848, « femmes isolées »
désignait des femmes salariées (habituellement des couturières) qui vivaient seules
dans une chambre meublée où elles cousaient pour la confection des vêtements
rémunérés à la pièce. L’utilisation des mêmes mots dans les deux cas n’avait
rien d’accidentel. Depuis l’importante enquête de Parent-Duchâtel sur la
prostitution en 1836, il était admis que les prostituées occasionnelles se
recrutaient parmi les ouvrières : « De toutes les causes de la
prostitution, particulièrement à Paris, et probablement dans les autres grandes
villes, il n’est pas de plus active que le défaut de travail et la misère,
suite inévitable des salaires insuffisants que gagnent nos couturières, nos
lingères, nos ravaudeuses et en général toutes celles qui s’occupent de
l’aiguille ». L’analyse de Parent comportait des explications qui
n’étaient pas directement liées aux salaires ou aux conditions de travail. Il
était d’avis que, en plus de la pauvreté, « la vanité, et le désir de
briller sous des habits somptueux avec la paresse, est une des causes les plus
actives de la prostitution, particulièrement à Paris ». Le goût du luxe
assez répandu chez les prolétaires qui en ont marre de « se priver ».
C’est le mouvement ouvrier socialiste organisé en
partis qui, avec Marx et Engels (mais totalement contre l’idiot sexiste
Proudhon) souligne historiquement que la vente de la force de travail n’était
guère différente de la vente du corps féminin, que l’exploitation économique et
l’exploitation sexuelle étaient de même nature, avec cet aspect dérangeant que
les hommes ouvriers – au bordel – font partie des exploiteurs…
Avec l’avènement des machines et la
simplification de leur utilisation sur le poste de travail la division sexuelle
du travail est laminée. Les ouvriers et Eric Zemmour protestent contre cette
fin de la ségrégation sexuelle qui rend les femmes concurrentes et
« féminise » la société. La large reconnaissance faite à la femme en
usine, non plus comme putain mais comme maman, est gage d’une classe ouvrière
docile, comme de nos jours sous la Hollandocratie l’obtention des papiers
d’identité nationale (après un parcours de combattant au pied des préfectures
bureaucratiques) est gage de reconnaissance par l’heureux travailleur immigré
rebaptisé. Mais les sociologues d’époque comme Julie Daubié et Jules Simon sont
désolés de constater que « sous le rapport sanitaire » la position
des ouvrières « est beaucoup plus déplorable que celle des
prostituées »[7].
HOLLANDE, ONFRAY, SORAL MEME COMBAT
Un conseiller de Hollande au 19e
siècle explique comment il faut éviter aux femmes de devenir des putains :
Proudhon. Proudhon hait autant les grèves que les femmes. Il faut lire comment
Daniel Guérin se moque de ce cocu et homosexuel refoulé ("Proudhon un refoulé sexuel") : « Proudhon
n'est pas tendre pour le sexe faible. Il ne trouve pas de mots assez dégradants
pour stigmatiser la femme que l'amour possède. Elle jappe, elle redevient une
bête, une folle, une catin, une guenon, elle est atteinte de luxure
inextinguible, elle est un puits de coquinerie. « La femme sollicite,
agace, provoque l'homme ; elle le dégoûte et l'embête encore, encore, encore !
». Pour Proudhon, la femme est une créature inférieure, « subalterne
». Elle ne sera jamais un «esprit fort ». Il nie radicalement le génie
féminin. « Une femme ne peut plus faire d'enfants quand son esprit, son
imagination et son cœur se préoccupent des choses de la politique, de la société
et de la littérature. » Sa vraie vocation est le ménage : « Nous
autres hommes, nous trouvons qu'une femme en sait assez quand elle raccommode
nos chemises et nous fait des biftecks ». Accorder à la femme le droit de
vote serait « porter atteinte à la pudeur familiale » et Proudhon, qui
a fini par prendre pour épouse une ménagère, profère cette risible menace : «Le
jour où le législateur accordera aux femmes le droit de suffrage sera le jour
de mon divorce ». Proudhon n'hésite donc pas à appeler le législateur, le
gendarme, le juge à la rescousse. Qu'on interdise le divorce, qu'on assimile la
sodomie au viol et qu'on la punisse de vingt ans de réclusion. Mieux encore,
qu'on déclare légalement excusable le meurtre, par le premier venu, d'un « sodomite
» pris en flagrant délit. Proudhon songe sérieusement à adresser une
dénonciation au procureur général afin de faire poursuivre pour « immoralité
» l'école phalanstérienne : « Désormais, triomphe-t-il, on est en droit de
dire aux fouriéristes : vous êtes des pédérastes (...) S'il est démontré que le
fouriérisme est immoral, il faut les interdire (...) Ce ne sera pas de la
persécution, ce sera de la légitime défense ». Proudhon prône, pour en
finir avec la luxure, le plus implacable des eugénismes : « Il faut exterminer
toutes les mauvaises natures et renouveler le sexe, par l'élimination des
sujets vicieux, comme les Anglais refont une race de bœufs, de moutons et de
porcs ». Le socialisme, tel qu'il le conçoit, emploiera les grands moyens.
Le tort du christianisme n'est pas, selon lui, d'avoir voulu condamner tout
rapport sexuel hors légitime mariage, mais de n'avoir pas su le faire. La
Révolution, elle, le fera. Nous voici prévenus : « Tout se prépare pour des
mœurs sévères. » Dans la société future, « une guerre perpétuelle
» sera faite « aux appétits érotiques », « une guerre de plus en
plus heureuse ». On saura bien nous inculquer « le dégoût de la chair
». Ainsi, pour éteindre « le feu du sang » qui le consume, Proudhon,
anarchiste en matière d'organisation sociale, tombe dans le plus autoritaire
des puritanismes ».
C’est le même puritanisme donc chez Hollande et
son clan de politiciens rose-verts. Mais plus étonnant encore Hollande se
retrouve en compagnie d’Alain Soral et de M.Onfray !
Soral défend aussi drastiquement le
mariage en position du missionnaire que Hollande et ses amis défendent le
mariage pour tous les chiens et chats. Soral qui assure que le capitalisme a
besoin de la « pensée libertaire » (come lui) ne sait pas qu’il est
dans le même bateau que les libertaires camusiens nihilistes à la M.Onfray,
lesquels ont autant besoin du réac Nietzsche que du réac Proudhon pour trouver
des failles dans l’horrible pensée marxiste. Onfray a salué la parution d’un
dictionnaire Proudhon « fort
opportunément pour montrer qu’il existe une gauche libertaire n’ayant rien à
voir avec la gauche autoritaire des marxistes nourries de nostalgie
bolchevique ». Mais hélas, au vu des inepties et conneries politiques
de Proudhon, il doit réfréner son envie de le placer au Panthéon des grands de
l’anarchisme, alors il tente de sauver cette nullité politique en reprochant à
Marx d’avoir mis les rieurs de son côté : « Le proudhonisme est un pragmatisme,
autrement dit, le contraire d'un idéalisme. D'où ses propositions concrètes et
détaillées : la fédération, la mutualisation, la coopération comme autant de
leviers pour réaliser la révolution ici et maintenant, sans qu'une seule goutte
de sang soit versée...(hé hé) Proudhon ne pense pas le réel à partir de
catégories philosophiques idéales, mais à partir du réel le plus concret. Ce droit d'inventaire effectué, et il est
terrible, mais nécessaire, reste un philosophe ayant pensé un socialisme
libertaire (ultra réac, pré-facho
et borné, ndt) que Marx et les siens ont critiqué, moqué, ridiculisé
(songeons à Misère de la philosophie d'un Marx
qui répond à la Philosophie de la misère de Proudhon et met les rieurs de son côté, mais
au détriment des idées du philosophe français recouvertes par le sarcasme
marxiste) ».
Merci au sarcasme marxiste d’avoir recouvert ce tas de
merde ! Onfray mérite tout autant le sarcasme marxiste qu’il se retrouve
en compagnie de l’autre fan de ce pauvre Proudhon : Soral. A. Soral
vante sur sa tribune internet le dernier livre de Proudhon « La
pornocratie », et d’appuyer ce besoin bourgeois normal du mariage
« couple androgyne » bcbg[8]
et l’apport du pape de la petite bourgeoisie qui bredouillait: «Nous
vivons à une époque de décadence ». Aujourd’hui, savez-vous qui pose
devant le peintre ? L’avarice, le jeu, l’orgueil, la luxure, la mollesse avide
et désœuvrée, le parasitisme féroce, la prostitution… ». (…) « Nous
avons à instruire le peuple, à lui donner (…) les vraies joies du travail. (…)
Nous avons à refaire l’éducation des femmes et à leur inculquer les vérités
suivantes : - l’ordre, et la propreté dans le ménage valent mieux qu’un salon
garni de tableaux de maîtres. (…) La femme est artiste ; c’est justement pour
cela que les fonctions du ménage lui ont été départies ».
Non
au bordel, vive la femme de ménage éternelle !
Les
fonctions du ménage
« départies » à nouveau, promises à quelques putes recyclées
c’est l’engagement du président normal dans sa courageuse lutte contre
« les réseaux » !
3.
LES PUTES
VICTIMES OU PROFESSIONNELLES CONTRARIEES DANS LA CRISE CAPITALISTE ?
Le nec plus ultra de la gauche frigide au pouvoir
est de faire passer les putes pour des victimes. Tout est relatif cependant
dans les salons des ministres bourgeois. D’aucuns n’ignorent point que lors de
leur juvénilité boutonneuse et lycéenne , traiter une condisciple de pute
parce qu’elle avait refusé d’aller « plus loin » n’était que dépit
suite à un « rateau ». Toutes les putes ne sont pas des putes de même
niveau ni spécialement victimes. Ma mère me dit un jour « plutôt que
recommencer ma vie à faire la femme de ménage, je ferai pute » ; ou
une autre fois, apercevant une prostituée avec son sac à main elle
lançait : « encore une qu’a pas voulu travailler à
l’école ! ». Pour la génération de l’après-guerre, les putes
installées étaient simplement des femmes qui avaient généralement choisi un
« métier » qui rapportait plus que celui, minable, d’ouvrière d’usine
ou d’employée de bureau poussiéreuse. Traditionnellement la pute, courtisane de
l’Antiquité, comme péripatéticienne aux Champs Elysées se caractérise par son
goût du luxe ; elle cache à son ou à ses enfants son drôle de
« métier » en les élevant avec toutes les gâteries nécessaires afin
qu’ils « montent » dans la société. La pute traditionnelle est
peut-être une « travailleuse du sexe », comme disent ses amis
libertaires, mais elle n’est plus une prolétaire. Son « métier »
relève tout au plus de l’artisanat individuel ou de la TPE (très petite
entreprise avec patron mac). D’une certaine manière elle est femme émancipée du
mariage et de la position du missionnaire. Elle est une petite bourgeoise
arriviste. Elle n’est pas toujours perdante et ouvre un bistrot avec ses
économies en fin de carrière.
Avec la crise mondiale de la fin des années 1960 jusqu’à nos jours, la
prostitution a cependant globalement changé de nature. Elle n’est plus du
domaine artisanal et fonctionnel – réservoir pour les moches et les obsédés,
utile à la limitation des viols – mais du domaine industriel. De plus la
prostitution s’est colorée. Sur le trottoir s’alignent de pauvres filles
d’Afrique, d’Asie et d’Europe de l’Est, souvent grosses et pas très belles.
L’envie d’aller au bordel a du coup pâli pour le « petit blanc
européen »: peur du sida, répulsion raciale, allergie à la capote, ou même
pour nombre d’hommes simplement refus de profiter de la misère vraiment
« noire » à notre époque et à faire se retourner dans son caveau
Villermé.
Après avoir parcouru les divers avis des uns et
des autres, des sites officiels et des blogs de particuliers, je constate que c’est
le site de Lutte Ouvrière qui met le doigt sur le principal scandale de la loi de
la Hollandocratie pour punir les « usagers » : « 90% des personnes se prostituant dans
la rue, presque exclusivement des femmes, sont étrangères et la plupart sont
sous l’emprise de réseaux de traite et de proxénétisme (…) Ces réseaux, qui se
sont renforcés d’abord dans les pays de l’Est dans les années 1990, orchestrent
maintenant dans de nombreux pays la traite d’êtres humains (…) Il faut y
ajouter la vulnérabilité liée au manque de connaissance de la langue et des
droits élémentaires. Enfin, la précarité liée à l’absence de titre de séjour
est une arme entre les mains des proxénètes. (…) les solutions d’hébergement
sont insuffisantes » (Marion AJAR)[9].
Parce que l’Etat pourrait faire mieux avec Arlette présidente ?
La prostitution généralisée a été de pair avec la
crise de l’immigration, à la fois incontrôlable sous le flux de la misère
croissante des pays du « Sud » et de l’Est, et de plus en plus
envahissante, donc visible… donc répréhensible pour un électorat qui donne des
ulcères antifascistes aux gouvernants. Les vagues d’immigration d’avant-guerre,
polonaise, espagnole ou italienne étaient déjà accompagnées du curé du village,
du proxénète et de ses collaboratrices… Mais cela était artisanal et consensuel
comparé à maintenant. Le capitalisme ne peut plus prospérer que par magouilles
bancaires, trafic des drogues et de plus en plus trafic des êtres humains, des
enfants. Ce n’est pas tant la question de la victimisation des putes en général
qui est la réalité ignoble que le fonctionnement mafieux du capitalisme dans
tous les domaines.
4.
CONSTANTES
DE LA PROSTITUTION
Le corps comme objet d’achat n’est pas nouveau.
De l’esclavage antique à la vente d’un rein ou d’une valseuse le corps humain a
toujours été plus ou moins monnayé. Il l’est toujours en amour comme en amitié.
On jauge de la tête au pied celui ou celle qu’on approche. Celle-là a plus de
valeur parce qu’elle est grande et belle. Celui-là compense sa petite taille
par une belle vivacité d’esprit, etc. L’amour le plus pur n’est souvent que
vénaux calculs comme en témoignent cinématographie et pipoles exhibitionnistes.
L’exemple vient toujours d’en haut !
La cause de la prostitution reste toujours d’abord
économique et pas une question de femme en soi ni de réelle jouissance… Qui
aime jouir en dépendant de l’argent ? La libido est une activité naturelle
immémoriale… qui ne s’achète pas.
La classe bourgeoise a toujours pris soin de ses
bordels de luxe. Pourquoi personne ne parle-t-il des
« collaboratrices » attitrées au parlement européen ? Parce
qu’il n’en sourd rien pour troubler « l’achat sexuel » des
« élus » de la jouissance républicaine, avec viagra gratos SVP !
Qui est vraiment « la pute » : celle qui est exposée sur le
trottoir aux humiliations et violences ou la secrétaire de direction qui couche
avec le patron et « vend » ses collègues ? Le syndicaliste qui
se couche sur les intérêts des « salariés » ? Les femmes
journalistes qui couchent avec députés et ministres ?
Comment devient-on prostituée ? Pas toujours
à la suite du viol de tonton ou des attouchements de papa dans la petite
enfance, ni suite aux coups de Julot casse-croûte. De témoignages recueillis
personnellement à tel film de Pasolini, l’argent peut être la motivation
perverse principale. Avec les risques du métier. Après un licenciement. Après
un divorce. Après avoir fui la misère d’un pays arriéré…
Par contre l’Etat Mac est inconstant, aléatoire.
Il ne voit rien à redire aux maisons closes des années 1930[10],
pendant la période de l’avant-guerre et des soubresauts d’une révolution
prolétarienne en Europe ; ne faut-il pas s’abstenir de contrarier les
« bas instincts » du prolétariat ? A partir de la libération de
la Normandie où le soldat US se livre à de nombreux viols, il est prudent de
généraliser les bordels « de campagne » prophylactiques, comme ce
sera le cas aussi pour le contingent en Algérie quelques années à peine après.
En 1947 avec la dame patronnesse Marthe Richard, la fermeture des maisons
closes est présentée par la SFIO et le parti de Thorez comme une
« révolution » : faut oublier le plaisir et ne plus penser qu’au
travail pour reconstruire le pays ; retour au travail, famille, patrie
néo-pétainiste et à la position réglementaire du missionnaire, voire de
l’Andromaque à l’occasion de la mort de Staline ! Après l’ébranlement de
mai 68, on peut vivre « la révolution sexuelle » « sans temps
morts » pour oublier une dangereuse confrontation des classes, même si le
très pudibond maire de Tours Jean Foyer,
précurseur des Hollande Clémentine Autain et Morano, doit subir l’action
« syndicale » des putes qui parodient désormais les manifs gauchistes.
De Marthe Richard à Hollande, de César à Rosalie
la féministe, jamais personne n’a réussi à mettre fin à la prostitution. Non
pas qu’il faille la conserver ad eternam mais parce qu’elle est toujours
intrinsèque à la société de classes, au fric et aux inégalités sexuelles, et au
mépris de la bourgeoisie pour les besoins sexuels des prolétaires. Ainsi nos
dames patronnesses d’un gouvernement de nains bourgeois prétendent botter en
touche leur parrainage de l’exploitation industrielle et normaliser par la
répression financière la misère sexuelle des masses. Ces politiciens repus, à
la vie sexuelle équilibrée se lamentent tous en faveur de l’abolitionnisme à
échéance toujours repoussée. Le pauvre PCF a soutenu un appel de « 1000
jeunes » ficelé par l’appareil dont la radicalité[11]
s’est lamentablement échouée sous les pieds des parlementaires qui s’étaient
déjà cirés les chaussures. La loi anti-client de la prostitution se mord la
queue en dépénalisant à nouveau le racolage passif. Sur de telles questions, ce
gouvernement de nains et d’affidés de la boutique à parlottes disent tout et le contraire de tout et
finissent pas se tirer eux-mêmes une balle dans le pied. L’Etat nounou va
envoyer au chômage des « travailleuses du sexe » (mais elles se
rattraperont au noir) et s’étant engagé « à obtenir réparation des
dommages », comment va-t-il évaluer la valeur des passes non
réalisées ?
A quand l’abolition de la
prostitution du mariage ?[12]
MAINTENANT LISEZ CET ETONNANT TEXTE DE 1931
Les Éléments
de la Prostitution dans le Mariage (1931)
Avoir un homme ou une femme à soi, en toute propriété,
c'est cela le mariage ; et on considère cela comme respectable. Coucher avec
l'homme ou la femme d'autrui est appelé adultère et considéré comme criminel.
Se servir d'une femme qui se donne à plusieurs hommes pour de l'argent est pire
que l'adultère ou le crime, mais résulte d'un commerce patenté et autorisé. De
même est patenté et autorisé le mariage comme respectable.
Quelle est, après tout, la différence entre le mariage
et la prostitution ? La prostitution est l'utilisation publique d'un certain
corps alors que le mariage est le monopole privé d'un certain corps. Pour le
reste, nous allons voir que les mêmes éléments sont à l'œuvre dans la
prostitution comme dans le mariage.
Tout homme peut posséder une femme en toute propriété
et garder « son amour » tant qu'il a l'argent nécessaire pour entretenir
son corps. « Quand la pauvreté entre par la porte, l'amour sort par la
fenêtre » est un proverbe très familier chez nous. Quand l'amour et la
misère sont forcés de cohabiter, les querelles prennent la plus grande partie
du temps qu'on vit ensemble. « Quand il n'y a plus de foin au râtelier,
les animaux se battent ». L'argent détermine la longueur et l'intensité de
ce qui passe ordinairement pour être de l'amour.
Dans l'état de prostitution, une femme passe un
contrat volontaire pour peu de temps avec un homme, puis, les clauses du
contrat exécutées, « transfère » son affection et son contrat à un
autre homme, dés lors qu'il est prêt à verser 1a somme requise. Lorsqu'une
prostituée trouve un homme disposé à l'entretenir continuellement, ses
difficultés sont finies. Une prostituée est semblable à l'ouvrier payé à
l'heure ou à la pièce et qu'on remercie, sa tâche achevée. Dans l'état de mariage,
une femme passe généralement contrat avec un homme – pour aussi longtemps
qu'elle le désire ou qu'elle est attachée à lui ou qu'il l'entretient. Le
mariage est un contrat indéfini qui peut, à un moment donné, être résilié
définitivement. La femme peut aimer l'homme, l'homme peut aimer la femme – ils
peuvent s'aimer mutuellement – mais c'est le droit à la possession exclusive du
corps qui fait durer le mariage plus longtemps que la prostitution.
On peut objecter que, dans le mariage, la femme choisit
son amant habituel, ce qui n'existe pas dans la prostitution. La femme qui
choisit son amant permanent peut très bien ne pas être guidée par l'amour ;
ayant choisi une fois pour toutes, elle ne peut pas se dédire facilement. C'est
comme l'ouvrier qui choisit son patron, contracte un engagement – l'ouvrier
sachant qu'il ne manquera pas de travail tout le temps que durera le contrat et
le patron sachant qu'il obtiendra un meilleur rendement, de cette façon, que
s'il changeait fréquemment d'ouvrier. La femme choisit son mari parmi plusieurs
prétendants comme cet ouvrier choisit son patron parmi plusieurs exploiteurs.
Très souvent sa femme ou l'homme qui cherche à se marier n'épouse pas du tout
le partenaire qui lui conviendrait – tantôt pour raisons économiques, tantôt
pour motifs d'ordre social. Même lorsqu'il ou elle a choisi ce qu'il y avait de
mieux, le mari ou la femme doit supporter les défauts de son conjoint, jusqu’à
ce qu'ils se séparent. La question de l'amour passe alors au second plan. C'est
le support des défauts mutuels qui occupe la première place. Ce support mutuel
des imperfections des conjoints est ce qui porte le plus de tort à
« l'amour conjugal ».
Y a t-il quelque chose de pire dans la prostitution ?
La prostituée peut, elle aussi, choisir un client parmi plusieurs qui la
sollicitent, et elle ne le supporte que pendant le temps prescrit par le
contrat : moments, une heure, une nuit. Elle peut même aimer son amant de
passage, le recevoir sans pour cela être obligée de cohabiter avec lui. La prostitution,
sous ce rapport, est supérieure au mariage.
C'est surtout dans l'art d'aimer qu'il n'y a pas de
différence entre le mariage et la prostitution. Dans les deux états, la femme
doit être désirable. Elle doit avoir tel air, s'habiller de telle façon, se
conduire de telle manière. Pour attirer, charmer l'homme, il lui faut ne pas
dépasser telle taille, tel poids ou vice-versa ; elle doit posséder
« la ligne » à la mode ; user de coquetterie, s'offrir, se refuser,
fleureter, etc.
C'est un jeu qu'elle a appris à mener dés son enfance.
Il n'y a pratiquement aucune différence dans la façon dont s'y prend une
« honnête » fille pour « gagner » un mari et, une
prostituée pour « faire » un client.
Dans le mariage, la femme doit même apporter de
l'argent, sinon un trousseau. L'amant trouve en effet, que sans dot, une femme
coûte cher à habiller.
Il est très difficile de savoir si c'est pour imiter
leurs sœurs respectables que les prostituées se vêtent luxueusement ou si c'est
pour imiter leurs sœurs prostituées que les femmes honnêtes font de la
toilette. Quoi qu'il en soit, les magasins de nouveauté fournissent les mêmes
vêtements aux unes et aux autres et ce sont très souvent les prostituées qui
déterminent la mode – mode qui doit en premier lieu plaire aux hommes qui les
entretiennent.
La jeune fille en quête d'époux – la future maîtresse
de maison – doit, pour gagner un mari, se rendre plaisante, agréable à tous les
hommes. Si elle ne l'est pas naturellement, elle doit avoir recours à des
artifices. Chez elle, une femme peut être aussi insignifiante et laide qu'il
est possible d'imaginer ; à l'extérieur, il faut qu'elle brille et plaise. Tout
futur époux se pose donc cette question : « combien cela me coûtera-t-il
pour que ma future épouse brille et plaise en société ? ». Toute future
épouse se demande quelles ressources possède son prétendant pour lui permettre
de briller et plaire en société. Un train de maison luxueux, une situation
solide, des « espérances » sont des éléments de séduction
incontestables. – Le prix d'une prostituée ne dépend-il pas lui aussi de son
train de maison, de sa situation ?
Les femmes honnêtes apprennent rapidement quelles
toilettes plaisent, aux hommes et à tout ce que la perversité d'esprits oisifs
peut inventer sous ce rapport, elles se soumettent facilement. Si elle
parviennent à triompher des prostituées pauvres, c'est simplement parce
qu'elles sont entretenues par un homme et que le contrat qui les lie à cet
homme est plus difficile à rompre que l'engagement qui lie à la prostituée ou
femme entretenue son amant de passage ou son entreteneur. L'art de la
prostitution est un art de théâtre, que les dames respectables pratiquent avec
assiduité ; en régime capitaliste, on appelle cela de la « culture ».
La prostituée n'a pas honte de coucher avec l'homme
qui l'a engagée. La femme honnête est même orgueilleuse de montrer qu'elle
accomplit l'acte sexuel, dans des conditions qui, de méprisable, l'ont
sanctifié ou légalisé ; non pas, remarquez-le, pour le plaisir qu'elle en
retirera. Au Japon, les prostituées encagées doivent accomplir la cérémonie
nuptiale avant de coucher avec chacun de leurs clients ; je trouve cela plus
logique, plus romantique. En Perse, (j'ignore si ce système a survécu à la
modernisation d'après-guerre) tout homme pouvait se marier, en accomplissant la
cérémonie requise, pour l'espace d'une semaine, d'un mois, selon les termes
d'un contrat expressément établi. Dans l'Inde, le mariage était un contrat
monogamique (tout au moins pour la femme) qui durait non seulement toute la vie
du mari, mais que la mort de celui-ci ne résiliait pas ; l'amour n'y tenait
aucune place ; c'est le sort (calculs astrologiques) qui décidait de l'union.
C'était la cérémonie nuptiale qui constituait l'acte essentiel ; venait ensuite
la procréation des enfants. Mourir sans enfants déconsidérait la femme ; mourir
sans s'être mariée était considéré comme un péché.
Le mariage et la prostitution sont deux termes d'une
même opération, qu'il s'agisse de l'Europe où de l'Asie. Le mariage est de la prostitution
prolongée, la prostitution est un mariage temporaire.
L'amour – c'est-à-dire la consommation de l'acte
sexuel pour le plaisir qu'il procure – ne compte que rarement dans le mariage.
Le sexe est affaire de possession, propriété privée, et le propriétaire des
organes sexuels n'est pas libre de s'en servir quand il le désire et de la
façon dont il le désire. Il ne s'agit plus d'une coopération mutuelle,
volontaire, visant à l'accomplissement d'une fonction vitale ou à la recherche
d'un plaisir partagé ; mais d'une affaire offrant plus ou moins de profit
matériel, d'une entreprise vénale, ce qui est justement la caractéristique de
la prostitution.
M. Acharya L'En-Dehors
°202-203, 15 mars 1931 source : Le Grenier des Insoumis
J'ai déjà
rapporté, dans Arcadie (1), que
Proudhon, sans d'ailleurs avancer de preuves, soupçonnait Charles
Fourier, le grand utopiste du début du XIXe siècle, d'avoir, entre
autres, « sanctifié » l'amour «
unisexuel ». Mais je manquais
alors de matériaux pour établir le bien-fondé de cette suspicion. Un éditeur
avisé vient de combler la lacune en publiant un important inédit de Fourier : Le Nouveau monde amoureux (2). Les
phalanstériens (3), ses
disciples, s'étaient gardés de livrer à l'impression un livre aussi osé et en
avance sur son temps. On y trouve la confirmation que l'érotisme est une des
clés de l'anticipation fouriériste. L'amour est au centre de la société future
décrite sous le nom d'Harmonie. Mais dans les autres traités il fallait le lire
entre les lignes ou se contenter d'allusions éparses. Avec cet inédit, tout
devient clair. Plus encore qu'un réformateur social, Fourier est un sexologue
avant la lettre. Il enquête à la manière de Kinsey. Il reproche aux moralistes
de n'avoir pas procédé à l'analyse systématique et au classement de chaque « vice ». Et il ajoute : « Ce tableau ferait sentir la nécessité de
faire en amour comme en toutes passions la part du feu ». C'est après
avoir interrogé « les femmes qui ont
eu beaucoup d'amants et les hommes qui ont eu beaucoup de maîtresses »
qu'il a appris « par leurs récits que
les manies sont variées à l'infini ». Quelques années avant Stendhal (4), il ose
analyser le fiasco qu'il nomme « échec
matériel » et il attribue cette défaillance masculine à un phénomène de
« profanation sentimentale ».
Pour s'excuser d'aborder des sujets aussi scabreux, il observe : « Ce livre est comparable à ceux qu'on réserve
aux médecins et aux confesseurs et qui doivent traiter de matières interdites à
d'autres ouvrages. » L'étude des passions que Fourier entreprend est « vraiment la région des ténèbres ». « Nous sommes en étude passionnelle des
commençants ». Il s'indigne de « la
profonde ignorance des savants sur tout le passionnel ». Les philosophes
veulent diriger les passions « sans
avoir la moindre connaissance du mécanisme que leur assigne la nature ».
Depuis trois mille ans, on n'a proféré à leur sujet que des « sornettes éloquentes ». Fourier a une
certaine intuition de la société primitive. Les passions, selon lui, y « étaient plus violentes qu'elles ne le sont
aujourd'hui. Les hommes n'avaient rien de cette simplicité pastorale qui
n'exista jamais que dans les écrits des poètes. Ils étaient fiers, sensuels,
esclaves de leurs fantaisies, exempts de préjugés ». Ils « ne songèrent nullement à déclarer crime la
liberté amoureuse ». Ils s'adonnaient « aux orgies, aux incestes et aux coutumes les plus lubriques ».
Garçons et filles pratiquaient « une
galanterie de genre collectif ». « On a retrouvé quelques vestiges de liberté amoureuse, simple et brute,
à Tahiti ». Il fallut « bien du
temps pour faire naître les circonstances qui obligèrent à restreindre la
liberté amoureuse » et apparaître des « règlements coercitifs de l'amour ». Comme le confirmera, de
notre temps, Wilhelm Reich, l'origine de ces interdictions remonte à « l'établissement du patriarcat, ou despotisme
masculin », « un ordre dans
lequel chaque père devient un satrape, qui exerce sur sa famille la tyrannie la
plus révoltante ». En dépit de l'avènement de l'état de choses actuel
que Fourier dénomme, péjorativement, « Civilisation
», la nature, bien que réprimée de toutes les façons, conserve, dans une
certaine mesure, ses droits. La polygamie, « quoique gênée et secrète, est déjà si générale parmi toute la jeunesse
». « Chez nous, où le sérail et la
polygamie sont défendus, que fait la jeunesse masculine ? Elle sait se créer
des sérails secrets, voltiger de belle en belle ». Chaque homme aimerait
avoir un millier de femmes et chaque femme « voudrait pareil assortiment d'hommes ». Les parties carrées
préfigurent les croisements collectifs, les « quadrilles » de la future société d'Harmonie. C'est ainsi que
Fourier donne en exemple une association de Moscovites, qui s'intitulait « club physique » et dont les membres,
après s'être dévêtus dans un cabinet, entraient dans une salle obscure « où chacun palpait, fourrageait, opérait au
hasard sans savoir à qui il avait à faire ». Cette invention d'une
séance obscure était aux yeux de Fourier une « très belle idée », car elle conciliait « le penchant naturel à l'orgie avec l'obstacle qu'opposent les défiances
et jalousies civilisées». Arcadie n°168 et n°169, Daniel Guérin, décembre
1967 et janvier 1968
Et l’article de Guérin – Proudhon refoulé sexuel – se trouve
sur ce site : CULTURE ET QUESTIONS QUI FONT DEBATS
[1] Freud observait
que la religion fût et est un des moyens dont disposait la société pour
contraindre les hommes à des renoncements aux satisfactions
pulsionnelles ; la répression libidinale de l’abbé Hollande est un apport
incontestable à la civilisation des bobos et de leurs clubs libertins
privés ! Les toubibs modernes remplacent les curés en exigeant le port de
la capote en cas d’infection des mariés.
[2] L’hypocrisie du sexuellement correct
gouvernemental atteint des sommets de religiosité disons
christiano-musulmaniaque – il n’est pas étonnant que Mlle Belkacem mène le bal
– en argumentant ainsi : « 99%
des acheteurs sexuels sont des hommes (ouah la trouvaille !). On nous
parle de prétendus « besoins sexuels irrépressibles » à assouvir,
comme si nous étions au stade primaire de l’évolution de l’humanité. Peu
importe si ces envies sont assouvies au détriment de vies humaines ? Il
nous faudrait pour les envies de quelques-uns continuer de sacrifier la vie de
certaines femmes (de référence les plus précaires) ? ». Je vous laisse décortiquer alternance du
mépris de la vie sexuelle des hommes immigrés et position noble
d’intellectuelles de Saint Germain des Près qui se font sodomiser après chaque
réunion ministérielle.
[3] L’Etat français sexuellement
correct encourage le tourisme en Thaïlande comme il pille les matières
premières d’Afrique. Et en plus il souhaite que les malheureuses putes d’icelle
région ne soient pas « tarifées » mais demeurent honorables bonniches
à Neuilly-Passy.
[4] Il n’est pas précisé si la
réclame pour les voitures ou les petites culottes supprimera l’exhibition de
mannequins licencieuses en tenue licencieuse sur le capot, ni si l’éducation
sexuelle à l’école intègrera une explication sur la misère sexuelle et des
inégalités sexuelles.
[5] Valls a fait savoir que les
policiers n’étaient pas d’accord car cela leur enlève le pain de la bouche…
[6] Lire sur Persée
l’excellentissime article de Joan W.Scott : « L’ouvrière, mot impie,
sordide… Le discours de l’économie politique française sur les ouvrières,
1840-1860 ». cf. Columbia University Press 1988.
[7]
Cf. Joan Scott, p. 13. Cela
n’a pas change sous Hollande 1er, mais apparemment ce pingouin est
plus soucieux de faire payer les clients des prostituées que les patrons qui
licencient à tour de bras les ouvrières et les ouvriers ! Sans doute pour
prouver qu’il est avant tout du côté de la morale hypocrite que du prolétariat
jeté à la poubelle.
[8] Venant d’un coureur invétéré…
Comme son maître Pétain queutard
incorrigible, pas croyant pour deux sous, vieux pervers jusqu’au bout (lire
l’excellent bouquin du pote de Sarkozy P.Buissson : « 1940-1945
années érotiques » (ed de poche).
[9] Brièvement vendeur de journal de
cette secte en 1970 j’étais choqué de m’entendre dire qu’un « militant
révolutionnaire » ou un ouvrier ne devaient pas aller au bordel, sachant
l’échangisme régnant chez ces cons de profs de secte. A dix sept ans j’avais
été m’initier au sexe tarifé. Elle avait un corps magnifique de star. La
prostituée avait ouvert de grands yeux lorsque je lui avais confié que je me
masturbais. Il faut que tu cesses, c’est mauvais pour ta santé m’avait-elle
objecté. Chacun défend son petit commerce.
[10] Elles
avaient été créées au 19e siècle pour réglementer la
« prostitution sauvage » et limiter les risques d’épidémie. La bonne
bourgeoisie mâle prend soin de son sexe et ne fréquente que les maisons
« de tolérance » de luxe certifiées « propres ».
[11] Cf. la
terrible phrase « la prostitution est aujourd’hui la forme la plus brutale
de la domination masculine » pour égayer leur « tour de France de
l’abolition » et ridiculiser toute réflexion marxiste sur la nécessité de
se tenir hors de tous ces petits arrangements contre la vérité.
[12] La vie
sexuelle est vitale pour tout être humain. Il est évident que l’abolition de
l’argent dans la société communiste peut seule abolir la prostitution. Il y a
aussi toutes les inégalités et malformations dues à la nature et aux héritages
génétiques. Seul Charles Fourrier a apporté un début de réponses, souvent
pertinentes à ces difficiles questions, mais ce n’est pas l’objet de cet
article concernant la morale conservatrice et pusillanime de la
propagandastafel de la gauche bourgeoise, aussi impuissante qu’elle est ergoteuse.