une lutte de vieux chats déjà en retraite? |
"Quelle est l'espérance de vie des ouvriers?
- 65 ans.
- qu'on leur mette la retraite à 65 ans".
Bismarck
"Je ne connais personne en France qui fasse grève pour les autres, ils font tous grève pour leur gueule et nous le privé on est toujours baisé".
Un pote artisan jardinier
- 65 ans.
- qu'on leur mette la retraite à 65 ans".
Bismarck
"Je ne connais personne en France qui fasse grève pour les autres, ils font tous grève pour leur gueule et nous le privé on est toujours baisé".
Un pote artisan jardinier
«Le problème financier n’existe pas. Il y a des réserves»
Mélenchon
« On
est très, très loin d’un accord avec le gouvernement »
Berger (bonze syndical)
Alors
que les journées d'action à répétition de cortèges
d'hommes-sandwich des étiquettes syndicales ont déjà épuisé une
partie des grévistes, le malaise que chacun ressent face à
l'allongement de ce conflit social préfabriqué a reposé sur un
deal pervers : un gouvernement capitaliste qui pose au
« révolutionnaire » macronesque en faveur d'une retraite
« universelle » et des appareils syndicaux qui jouent aux
interlocuteurs radicaux tout en défendant des privilèges il faut
bien le dire corporatifs et tournés vers le passé et le passif
stalinien1.
Malaise aussi face à l'étonnant discours très social du bébé
Juppé. Jamais on ne vit un simple commis de la bourgeoisie française
tant se soucier soudain de la « pénibilité du travail »,
faire autant de ronds de jambe pour s'engager à garantir que les
éclopés des boulots les plus pénibles, malgré une vie raccourcie,
se verraient désormais accorder un strapontin de deux ans de
suppression de la torture
travail, avec des « bons points »
comme à l'école primaire. Au malaise s'est ajouté le dégoût
quand on apprit que c'était pourri de chez pourri, Jean-Paul
Delevoyou, grand ordonnateur de la « révolution macronesque »,
qui s'engraissait par un cumul de revenus non déclarés. Certes il
eût fallu un abbé Pierre pour, imaginons-le, que touche au cœur
des prolétaires la leçon de morale pour « sauver les finances
publiques » ou garantir le nirvana gériatrique. Pas de pot,
tous irrémédiablement corrompus, y compris le successeur de
Delevoyou et au surplus ses commanditaires qui se veulent plus
compétents qu'honnêtes.
Vu le 3 janvier sur Causeur, bravo Finki! |
A
la mi-décembre les dés apparaissent clairement pipés pourtant. Ne
sommes-nous pas devenus spectateurs de la bagarre de deux clans qui
nous sont étrangers. Elite gouvernementale et élite syndicale
débattent en spécialistes et nous on n'y pige plus que pouic. Ils
ne cessent de se féliciter mutuellement. Contrairement aux affres de
1995 (années thatchériennes), il n'est nullement question d'opérer
non plus à une casse de la gestion paritaire (syndicats-patronat) du
système de sécurité sociale pour la confier aux seuls barbouzes
élitaires de l'Etat. Certes la CFDT a remplacé FO comme chouchou
gouvernemental quand la CGT n'a plus que la troisième place
jusqu'aubouiste de figuration d'une radicalité sans lenedemain.
Le
déroulement de ce blocage généralisé par les employés des
« services publics », qui pénalise si bien le secteur
privé, empêche de fait toute extension au privé où la grève est
quasi impossible, et quasi impossible faute de solidarité réelle du
secteur public « quand c'est le moment » (lorsque les
annuités du privé sont passées en 1993 de 37,5 à 40, personne n'a
bougé dans le secteur public).
Il
n'existe pas de lutte des classes pure. Tout le scénario imposé de
fait par gouvernement et syndicat a d'abord été une réponse à de
nombreuses grèves non contrôlées (cheminots de Châtillon) ou de
luttes anciennes (hôpitaux) exprimant une colère non limitée, et
même non enfermée sur le seul objectif de la défense d'une
retraite décente. La plupart des diverses luttes du prolétariat
échappent à une classification rigide, et les leçons des grèves
du temps de Rosa Luxemburg seraient bonnes pour une manifestation
dans une cour de maternelle. Les bonzes syndicaux peuvent sembler
répondre à une juste colère en prenant les devants pour chapeauter
la colère (une colère « organisée » ai-je précisé
dans mon article précédent), avec l'intention de les contrôler
sous couvert d'unité « intersyndicale » et de plus en
plus avec des AG « inter-catégories » dont ils tirent
les ficelles (avec leur personnel gauchiste)2 ;
et enfin, dès que les promenades syndicales, les débats de
spécialistes et l'apparition de divergences entre généraux
syndicaux ont démoralisé les prolétaires, de sonner l'heure de la
retraite, pardon leur savoir-faire pour terminer une grève. Cela ne
veut pas dire qu'ils peuvent avoir un total contrôle sur le
déroulement de la lutte lorsque celle-ci est devenue massive. Une
fois en lutte, même hyper encadrés par les professionnels du
léninisme syndical, les prolétaires se rendent compte combien ils
existent comme classe et à quel point ils angoissent la bourgeoisie
régnante. Dans la période actuelle, pourtant si nihiliste, et
malgré le beau rôle dévolu aux généraux syndicaux, la méfiance
face aux pratiques syndicales reste majoritaire, c'est pourquoi les
gauchistes et autres sudistes tiennent un langage très critique
envers les appareils ; mais sommet de leur perversité, s'ils
supputent une possible trahison des chefs, ils n'en cessent pas pour
autant de racoler derrière les états-majors syndicaux de l'Etat3.
Mais
le mouvement actuel a tout d'un remake sinistre de 1995. Bébé Juppé
radote la même chose que son paternel Juppé premier qui prétendait
engager la réforme que ses prédécesseurs n'avaient pas osé mener
"depuis 30 ans"4.
Et au niveau de la classe ouvrière, je doute que ici et là on y
retrouve cette vraie solidarité inter-catégorie que l'on avait vécu
en 1995. La volonté de lutte indépendante (et avec des objectifs
clairs et vraiment unitaires) n'est qu'embryonnaire ou aléatoire et
sans conviction.
Une
grève tournée vers le passé
Le
gouvernement fait déjà des concessions encore une fois aux
corporations qui ont le plus grand pouvoir de nuisance, c'est à dire
de prise d'otage des travailleurs du privé qui ne peuvent ni faire
grève ni s'absenter de leur boulot. Cette grève minoritaire en
réalité, pour les pourcentages plus ou
moins fictifs ou trafiqués,
n'est absolument pas collective mais une somme de corporatismes ;
bien que restant étroitement contrôlée et planifiée par les
appareils syndicaux d'Etat, elle suscite encore la sympathie de la
part de larges couches de la population et même des derniers petits
canards en gilets jaunes. Il est à craindre que non seulement elle
éteigne tout autre mouvement social d'envergure pour des décennies
(ce qu'avait impliqué la « victoire syndicale »5
de 1995) mais entraîne effectivement des années de démoralisation,
ce dont on n'a pas besoin vu l'urgence qu'il y aura à réagir
politiquement aux coups de boutoir de la paupérisation « libérale »,
à la culture de l'impunité par les juges gauchistes et au soutien à
l'islamisation de la société par le stalinien Mélenchon et ses
amis trotskiens.
le journal d'une légende suiviste |
Il
existe certainement des ouvriers du secteur public qui pensent lutter
pour tous et pas pour les avantages de leur seule corporation, mais
c'est une fable, en 1995 comme en 2019. Il y a quarante ans la
revendication de la retraite à 60 ans était unitaire, même sans
casser des briques (le capitalisme n'a jamais eu et n'aura jamais
l'intention de garantir une fin de vie heureuse à ceux qu'il
exploite sans pitié)6.
Actuellement, d'autant plus avec l'argument « humanitaire »
de la pénibilité, syndicats et gouvernement souscrivent à une
retraite différenciée ou à la carte, ce qu'elle est déjà...
Beaucoup de bruit pour que rien ne bouge. Comme en 95, c'est encore
une série de conflits sectoriels, qui permet et permettra au tandem
syndicalo-gouvernemental de renouer avec la tradition du cas par cas,
en privilégiant tel secteur et en laissant les moins menaçant en
rade, par exemple les flics et les enseignants7.
Pour la journée d'aujourd'hui on assiste déjà aux manœuvres de la
clause du père Noël, des garanties données aux seuls paralyseurs
professionnels de la Retape et de la SNCF ! Fini déjà le pâle
« tous ensemble » ?
L'aspect
sectoriel était déjà patent en 1995, bien orchestré par la
syndicratie, et c'est pourquoi par contre, aujourd'hui, ils
prétendent tous, gouvernement et syndicats, parler pour tout le
monde, et que je te parle du sort des chômeurs de plus de 50 ans, et
que je te parle des femmes lésées, et que je te parle des
étudiants. Même Juan de la fraction externalisée du CCI est tombé
dans le gauchisme syndical, croyant à une lutte en passe de devenir
globalisante, où il glorifie « le sel de la terre » ces
braves cheminots et les sous-marins de la Retape, exemplaires d'une
résurgence de la lutte de classe et qu'il ne faudrait pas laisser
seuls « à la pointe du combat »... pour la défense de
leur statut. Et de s'emballer en voyant dans ce mouvement plutôt
bordélique et frustrant une sorte de réponse révolutionnaire en
devenir après tant d'années de capitalisme thatchérien et
ubérisant, alors que la série de journée d'action renouvelables et
renouvelées jusqu'à plus soif aura servi encore et toujours à nous
bercer avec les mêmes chansons creuses, « grève générale »
et « justice sociale ». La grève de « masse
syndicale » (je préfère les termes de conflit social car
« grève en masse » est trop honorable, et cette grève
ne fut jamais « massive » en réalité) n'est même pas
offensive, elle est défensive et pour les catégories les plus
privilégiées, sans se soucier de la situation d'otages de ceux du
privé8.
De plus elle tourne le dos à l'avenir. Pas de retraite pépère avec
le prochain krach ! L'Etat va continuer à s'endetter et à
s'endetter toujours plus en achetant des crédits. Tous les
syndicalistes ont le culot de crier que « l'argent il y en a »,
mais c'est prendre les prolétaires pour des imbéciles en leur
faisant croire que la crise du capitalisme n'est qu'une histoire de
pognon mal réparti par les méchants riches.
La
gauche bourgeoise (Mélenchon et Cie) ment et ment résolument. Les
déficits sont le produit d'une crise plus large du système, et qui
ne concerne pas que les retraites. Les taux de croissance ont
sensiblement baissé par rapport aux années 50, 60, et début 70,
cela signifie que les revenus du gouvernement n'augmentent pas assez
vite pour subvenir à toutes les dépenses, même si celles-ci
croissent moins vite que par le passé. En fait, ces revenus peuvent
même baisser dans la mesure où le gouvernement baisse les taxes sur
les profits pour compenser le déclin des taux de profit du grand
Capital sur le long terme, et réduit les impôts sur les plus hauts
revenus.
VOILER
LA CRISE CAPITALISTE VOLENS NOLENS
Le
Capital est en crise, non seulement par manque de liquidités mais
parce qu'il est proche de sa culbute avec la baisse de cette bonne
vieille tendance du taux de profit. La longue récession de la
première moitié des années 90 a partout contribué d'une part à
augmenter la pression sur les gouvernements et le patronat pour
qu'ils attaquent des acquis de la reconstruction d'après guerre que
les travailleurs du public tenaient pour définitifs, et d'autre part
ce qui aboutit volens nolens à déstabiliser la majeure partie des
dites « couches moyennes », toujours aliénées par les
idéologies modernistes de la gauche caviar pro-américaine :
antiracisme, antifascisme en carton pâte, messe écologique et
lamentations féministes, islamogauchisme, etc. Carcans idéologiques
qui les maintiennent hors du prolétariat sans remettre en cause leur
pose moraliste à l'encontre du prolétariat « populiste ».
VERS
UNE NOUVELLE FARCE DEMORALISANTE
« Ce
matin se confirme la prise en main politique de la grève par les
réseaux locaux de la CGT et du PCF. Nous sommes en effet partis en
cortège assister à un meeting politique organisé dans une mairie
voisine. Certes
Marc Blondel ne fait plus du retrait du plan Juppé un préalable,
selon le titre du Monde de ce soir, certes Louis Viannet accepte de
rencontrer le gouvernement, qui, de son côté, sans avoir encore
prononcé le mot de «négociation», a cependant employé hier celui
de « concertation » et semble opérer une certaine ouverture en
direction des syndicats, mais, sur le site, tout indique que la grève
est entrée dans une nouvelle phase de mobilisation. Celle-ci a pour
objectif la manifestation de mardi 12, et trouve à s'alimenter dans
les chiffres records des manifestations de province, où, ces
derniers jours, les défilés étaient plus imposants encore qu'en
mai 68 ».
A
quelques mots près et en remplaçant les noms des anciens chefs
syndicaux par les actuels on pourrait déjà anticiper la fin du
scénario. Il fallait bien s'attendre à une « prochaine fois »
après 1995, même s'il y eu 2003 et 2010 mais pas de longue durée,
et sans surprise. Pourquoi ? Parce que contrairement au
gouvernement Juppé, celui de bébé Juppé s'est bien préparé et a
tiré des leçons de sa panade face aux gilets lors de décembre
2018. Il est préparé depuis de longue date à diviser pour mieux
régner. Les syndicats sont des flics sociaux autrement efficaces que
les petits rigolos Drouet et Cie.
Malheureusement
dans les restants isolés du milieu révolutionnaire restreint, on en
reste à un mode de pensée de trois décennies en arrière sans être
capable d'intégrer les nouvelles données qui compliquent la lutte
des classes et rendent caduques les anciens mots d'ordre, et qui
oublient de dénoncer leur récupération ou plutôt liquéfaction
par les forces d'extrême gauche de la bourgeoisie. On mesure la
perte de contact également avec la réalité d'un petit noyau, voire
un individu qui se pare d'un titre ronflant : Groupe
International de la Gauche Communiste (Révolution
ou Guerre) ! La
totale quoi!Le nombril de la subversion marxiste embaumée ! Et
qui se rejoue 1995 mais à la façon des syndicats, et avec une
tonalité macho-léniniste, appelant à la généralisation des
luttes en plus reflux du mouvement :
« Entraîner,
encourager, aider, les travailleurs du privé à s’engager dans la
lutte et la grève est la priorité de l’heure si on veut faire
reculer le gouvernement ! Le blocage des transports n’y
suffira pas. La grève par procuration qui fait reposer tout le poids
du combat en grande partie sur les seuls cheminots et les
travailleurs de la RATP ne peut mener qu’à l’impasse et à
l’épuisement des grévistes. La fenêtre
de tir,
l’opportunité, l’occasion, d’entraîner et d’étendre la
grève aux prolétaires du privé est encore là. Au moins d’ici au
prochain mardi 17 et aux manifestations de ce jour. Après, il est
fort possible que la grève, réduite aux seuls cheminots et
travailleurs de la RATP pour l’essentiel, se réduise à une lutte
"bras-de-fer" sans autre but que durer le plus longtemps. À
ce jeu, la bourgeoisie et tout l’appareil d’État seront les plus
forts. Ils contrôleront, ne serait-ce qu’au moyen des syndicats,
la situation et pourront attendre que la lutte s’épuise
d’elle-même. Comme pour les cheminots en 2018 ».
Le
rédacteur de cet appel à suivre l'impasse du bourbier syndical,
certes sincère, qui est pourtant doté d'une intelligence de classe
rare, s'est non seulement mis à la remorque des recruteurs
gauchistes mais par naïveté a cru que le thème de la retraite
pouvait être une question uniificatrice, alors que c'est plutôt,
hélas trois fois hélas, un thème très interclassiste !9
Il reproche par contre a tort à son ancien groupe, le CCI, d'appeler
à « des AG qui mettent en avant des revendications nous
concernant tous : la lutte contre la précarité, contre la
baisse des effectifs, contre la hausse des cadences, contre la
paupérisation », alors
que c'était exactement comme cela qu'il fallait contrer l'impasse de
la lutte syndicale pour le mirage d'une retraite convenable pour
tous. Il confirme son aveuglement et son suivisme de la
«généralisation syndicale » foireuse et mensongère10.
CONCLUSION
Je
ne suis plus en situation pour faire grève, cela ne m'a pas empêché
d'aller à des manifestations mais surtout pas derrière les menteurs
syndicaux et gauchistes. J'ai d'ailleurs pu noter qu'il y avait bien
plus d'inorganisés de différents secteurs en avant des défilés et
que les quarterons syndicaux restaient meublés par les militants
professionnels ou affidés des confréries claniques et régionales.
Le piège tendu par les appareils gouvernementaux, comme cela a été
souvent le cas dans des luttes sociales du passé, et pour laisser
échapper un peu de vapeur, ne signifie pas que les grévistes
auraient eu tort de manifester leur colère. Ce qui est certain est
que le deal gangstériste autour « des retraites » et non
pas de la retraite ne pouvait être un mot d'ordre unificateur. Et
qu'il ne fallait surtout pas qu'il le soit pour ne pas gêner les
appareils syndicaux du gouvernement lorsqu'ils jugeront qu'il n'y a
plus aucun risque, et il n'y en a pas vraiment depuis le début du
charivari, au moment où se dessinent déjà
les premières
concessions de carnaval. La période ne s'y prête pas encore. Ne
sommes-nous pas les retraités les mieux dotés d'Europe ? A les
entendre tous... Ce charivari est resté dominé en outre par
l'apolitisme syndical sans ébranler le gouvernement bourgeois.
L'inculte Eric Drouet veut donc concurrencer Martinez? |
Des
décennies de reflux, de grèves échouées, de bourrage de crâne
sur les joies du libéralisme sans frein, n'ont pas dissout la lutte
des classes. Au contraire, même si c'est derrière les calicots et
radotages syndicaux, la colère et la frustration sont porteuses de
lendemains plus déterminés politiquement pour une classe ouvrière
revigorée qui riposte quand même dans les brancards, et qui pourra
peut-être dans un temps pas si lointain les faire voler en éclats.
Parce que la classe dominante n'a plus les moyens de lâcher des
réformes sérieuses ni de leurrer les masses avec ses promesses
électorales et syndicales. Il faudra bien comprendre que les syndicats lorsqu'ils "organisent" les grèves ne le font aucunement pour aider la classe ouvrière à s'homogéniser et à reprendre son combat historique, et qu'il faudra bien au contraire vérifier la force d'une lutte de masse à condition de les expulser de la direction du mouvement.
NOTES
1On
ne peut pas nous refaire le coup de la mue au cours de la lutte
assez bien résumée par ce cheminot en 1996 : « « Beaucoup
nous posent cette question. Mais nous ne nous battons plus pour
nous, nous faisons grève pour tous les salariés. Au début je
faisais la grève comme agent de conduite, ensuite comme cheminot,
puis comme fonctionnaire, et maintenant c'est comme salarié que je
fais grève. Alors je n'arrêterai la grève que lorsque le plan
Juppé aura été retiré. » (un cheminot en 1996). Le conflit de
la « colère organisée » est si bien corseté en deal
gouvernemental avec des critères catégoriels égrenés par bébé
Juppé que dans les faits, même s'ils nous disent lutter pour tous,
ils luttent pour leur pomme et surtout pour que tout continue comme
avant... quand bébé Juppé veut aggraver la paupérisation...
mieux qu'avant.
2L'adaptation
du syndicalisme déliquescent est comme les globules blancs, une
défense immunitaire spontanée de l'idéologie bourgeoise. Ainsi
face à la farouche volonté d'indépendance de classe et à la
désyndicalisation, SUD est créé au lendemain du mouvement de
1995. SUD n'a jamais pu devenir une véritable camarilla équivalente
au barnum CGT, il s'est surtout spécialisé dans un rôle de
rabatteur et de sergent recruteur, fonction à laquelle sont formés
les gauchistes dès leur plus jeune âge.
3On
oublie toujours de rappeler que les principaux gangs syndicaux ne
vivent pas des cotisations mais des subventions de l'Etat, on ne va
donc pas mordre la main de celui qui vous nourrit. Très subversif
la question que je pose : qui paye moustache de la CGT et crâne
rasé de FO, sans oublier le faux cul de la CFDT. Pour Martinez
c'ets ici :
https://www.capital.fr/economie-politique/le-salaire-de-philippe-martinez-alimente-par-le-loyer-dune-maternite-a-la-derive-1332357.
Cherchez vous-mêmes pour les autres bonzes. Je vous rappelle aussi
pour la gloire que Marchais était rétribué par la caisse des
concierges, Ha Ha Ha !
4Les
événements se répètent toujours deux fois disait en riant notre
ami Marx. La même valse hésitation du gouvernement de bébé
Juppé. Paul Baretz le rappelle avec ses interviews de cheminots :
« Quant
aux retraites, même s'ils disent « ne pas trop y penser vu leur
âge», ils ne peuvent pas s'empêcher de plaisanter sur la
volte-face du gouvernement, qui, en l'espace d'une nuit, a eu le
temps d'annoncer le maintien du régime spécial des cheminots... et
son contraire ! Alors que, hier, Jacques Barrot, le ministre du
Travail et des Affaires sociales, et Anne-Marie Iclrac, la
secrétaire d'État aux Transports, ont assuré les syndicats « du
maintien de la spécificité du régime spécial des cheminots», le
porte- parole du gouvernement, Alain Lamassoure, a en effet expliqué
ce matin sur France Inter que la commission Levert, chargée
d'étudier le cas des régimes spéciaux, ne pourrait les maintenir
en l'état... Si certains cheminots interprètent ces contradictions
comme une manœuvre du gouvernement pour semer le trouble dans
l'esprit des cheminots, mes deux compagnons veulent plutôt y voir
un signe comique que les ministres « perdent les pédales » .
5Le
mouvement « unitaire »de 1995 est généralement porté
au pinacle alors qu'il était en recul par rapport à la grève de
1986 concernant l'autonomie de classe, je préfère dire
indépendance de classe. «Unitaire»,
la grève le fut enfin en ce sens que les cheminots s'y sont
réconciliés avec leurs syndicats. Alors qu'en 1986 la grève avait
commencé contre les organisations syndicales, elle fut cette
fois-ci menée du début à la fin par elles ». Paul Baretz.
Quand
un mouvement du passé est systématiquement présenté comme
victorieux, il faut alors se demander à qui il a vraiment profité.
La grève de 1986 avait été très populaire avec l'apparition des
coordinations mais celles-ci furent plutôt corporatives !
6Il
faut voir la réalité et celle-ci est cruelle et sans appel comme
le montre l'excellent « Gloria Mundi » de Robert
Guédiguian. Bébé Juppé premier commis d'Etat nous a fait
beaucoup rire avec sa compassion pour les métiers pénibles comme
si tous les métiers n'étaient pas pénibles en général dans la
compétition hiérarchique et salariale !
7Les
enseignants sont très bons donneurs de leçon mais très
corporatifs et syndicalisés ; la promesse gouvernementale de
les augmenter massivement a eu l'effet recherché, la division et un
regain d'hostilité concernant leurs avantages ; j'ai eu en
main un tract d'enseignants qui avait le culot d'écrire « chaque
catégorie a ses avantages » ! Allez parler d'avantages
aux ouvriers du privé, aux nettoyeurs de la Retape ou de la SNCF !
8La
pratique syndicale du blocage des transports en commun est
dégueulasse, jamais tel n'a été le cas en Russie en 1917. La
grève générale totale a toujours été impossible et une lubie,
c'est la forme des grèves obtuses auxquelles les bonzes interdisent
de toucher. ET leurs rabatteurs gauchistes aussi. Il faut lire les
arguments fallacieux et légalistes de la scission machin du NPA qui
explique longuement que les travailleurs du public prendraient de
gros risques en faisant rouler les trains et les métros,
succomberaient à une répression judiciaire... Franchement non !
Dans un réel rapport de force, massif, les travailleurs n'ont rien
à craindre en pratiquant des actions illégales pacifistes et tout
à y gagner en termes de solidarité. Naguère j'ai participé à
des coupures de courant à EDF, c'était bien plus efficace que des
manifs flonflons ou des blablas sans fin avec les patrons. Les
blocages actuels sont une nécessité pour saboter le mouvement de
révolte et d'inquiétude pour les retraites, c'est pourquoi les
bandits syndicaux sont fermes sur le sujet, en disant que c'est
uniquement la faute au gouvernement, et quand cela lui est fort
utile comme on le verra au bout du compte.
Eléments
du langage comique et inclusif de la Tendance NPA/ARC qui se propose
de « déborder les directions syndicales et de battre
Macron » : « Enfin,
la
grève ne permet pas seulement de bloquer l’économie capitaliste,
elle permet aussi d’avoir du temps pour débattre collectivement,
décider au quotidien des suites de la mobilisation bref, de
s’auto-organiser.
L’argument n’est pas des moindres pour nous qui portons le
projet d’une société émancipée où les travailleurs/ses
décident elleux-mêmes de leur sort au quotidien.Luttons pour que
la bataille qui s’engage contre le projet de réforme des
retraites ne permette pas seulement d’imposer le retrait mais
qu’elle permette aussi de consolider l’auto-organisation des
travailleurs/ses et ainsi de poser les jalons d’une société
autre. Société où enfin ne décident pas celleux qui possèdent
les moyens de production mais celleux qui les font fonctionner ».
Avec
la même merde idéologique que la maison mère :
« Nous devons articuler les luttes des travailleurs/ses à
l’ensemble des combats des opprimé.e.s : pour les droits des
femmes et personnes LGBTQI et contre toute forme de violence
sexiste, pour l’accueil des migrant.e.s, la liberté de
circulation des êtres humains, l’antiracisme et
l’anti-impérialisme, contre les violences policières qui
touchent particulièrement les jeunes des quartiers populaires,
autant de questions qui ne sont pas des surplus à l’analyse en
termes de « classe » mais sont des combats à la fois
complémentaires et nécessaires pour envisager l’affrontement et
l’émancipation de tous et toutes. »
9Contrairement
à 1995, le successeur du FN approuve la grève ainsi qu'une partie
de la petite bourgeoisie , et donc de la petite bourgeoisie des
« services publics » où nombre de fonctionnaires ne se
considèrent nullement comme partie de la classe ouvrière, sans
oublier les mafias CGT et autres qui cogèrent ou gèrent tant
d'organismes qui autorisent les népotismes; il est des amis dont on
se passerait volontiers !
10En
commentant ainsi sa critique du CCI :
« c’est-à-dire des revendications sans lien direct avec la
mobilisation, donc abstraite et sans utilité pour la généralisation
réelle de celle-ci ».
Sa
perte de vue de la situation bien encadrée par les appareils de
l'Etat le conduit à se figurer une nouvelle prise du Palais
d'hiver :
« (les grévistes) ils ne peuvent faire l’économie de
disputer aux syndicats la direction du combat, des décisions
d’action et des revendications, et même des tâches de
négociations avec le gouvernement si elles doivent avoir lieu ».
Sur
ce plan imaginaire et utopique il est d'ailleurs rejoint par le CCI
qui titre sobrement :
« Seul
le développement de cette lutte pourra ouvrir le chemin au combat
fondamental et historique de la classe ouvrière pour l’abolition
de l’exploitation et du capitalisme ». Courant
Communiste International
(1er décembre 2019). Avec le même disque rayé depuis 50 ans : « Seule la lutte massive et unie de tous les secteurs de la classe exploitée peut freiner et repousser les attaques présentes de la bourgeoisie ». C'est le mot d'ordre du CCI soir et matin pendant toute la décadence du capitalisme. Ce qui est gonflé, décalé et contradictoire avec le contenu de leurs articles plus dubitatifs sur l'état du rapport des forces. De peur de se voir accablé d'indignité politique par les plus bornés des embrigadés ? Dont je n'ai que foutre.
(1er décembre 2019). Avec le même disque rayé depuis 50 ans : « Seule la lutte massive et unie de tous les secteurs de la classe exploitée peut freiner et repousser les attaques présentes de la bourgeoisie ». C'est le mot d'ordre du CCI soir et matin pendant toute la décadence du capitalisme. Ce qui est gonflé, décalé et contradictoire avec le contenu de leurs articles plus dubitatifs sur l'état du rapport des forces. De peur de se voir accablé d'indignité politique par les plus bornés des embrigadés ? Dont je n'ai que foutre.