sur la suggestion d'un camarade canadien
Quelques brefs éléments afin de mieux comprendre le «printemps» québécois.
23/05/2012
1-
Au Québec, la crise économique ne se laisse pas voir directement, la
plupart des gens croit encore que le pays s’en sort bien parce que le
taux de chômage n’a pas grimpé en flèche comme aux États-Unis, beaucoup
de monde pense que le pays n’est pas en crise. Les raisons pour lesquels
le Canada et le Québec sont en mesure d’absorber les effets directs de
la crise ne seront pas traitées ici. Cependant, considérant que la crise
touche en fait un capitalisme mondialisé, le Canada et ses provinces ne
sont pas exemptés d’appliquer à leur tour des plans d’austérité
permettant aux capitaux internationaux de se revaloriser et aux
entreprises financières de renflouer les coffres. Donc, bien que les
effets de la crise furent tant bien que mal amortis par les politiques
gouvernementales, ces mêmes gouvernements doivent désormais rendre des
comptes aux grandes institutions capitalistes.
La hausse des frais de scolarité fait
partie du plan d’austérité que doit appliquer le gouvernement de Jean
Charest, premier ministre du Québec. L’augmentation des frais de
scolarité vise minimalement deux objectifs précis :
a) l’augmentation des frais aura pour
conséquence une augmentation de l’endettement étudiant et qui dit
endettement dit aussi taux d’intérêt qui profitent surtout aux banques ;
b) la hausse des frais se veut également
un moyen de rentabiliser et de favoriser la compétition des universités
québécoises sur le marché mondial de l’éducation. Le gouvernement
Charest cherche ni plus ni moins à remplacer la masse des étudiants
locaux par une masse d’étudiants étrangers qui sont près à payer plus
cher pour étudier ici.
Pendant que le gouvernement québécois se
tape une grève générale étudiante face à ses politiques de hausse, le
gouvernement fédéral canadien de Steven Harper dépose en bloc un projet
de loi omnibus qui ouvre la porte à de multiples déréglementations au
niveau du travail et de l’environnement, à un durcissement du système
juridique et pénitentier, à des coupures de postes dans la fonction
publique ainsi qu’un désengagement de l’État du filet de sécurité
sociale. Avec de telles mesures venant des différents palliers de
gouvernement, la crise, au Québec, apparait davantage comme une
offensive gouvernementale et par conséquent comme une crise qui se donne
à voir sous une forme politique : ici, l’austérité est avant tout un
choix du gouvernement plus qu’une nécessité économique visible pour
tous.
2- Ceci dit, revenons à la grève
étudiante et aux politiques d’austérité du gouvernement Charest. Depuis
le début de cette grève – qui aujourd’hui par son étendu et sa durée
dépasse tout ce qui a été connu jusqu’à maintenant comme grève étudiante
– le gouvernement de la province ainsi que les grands médias
capitalistes du Québec cherchent à contenir et à brouiller le mouvement.
Déformation des concepts, répression et campagne de salisage, démagogie
et faux dialogue… Les deux mamelles de la désinformation se sont fait
un plaisir de jouer des mots transformant une « grève » en « boycott »
de service public et l’accessibilité à l’éducation un « droit »
supérieur à celui de « faire la grève » et de tenir des lignes de
piquetage. Cette manoeuvre gramatico-juridique a ouvert la porte aux
injonctions que certains étudiants opposés à la grève se sont fait
plaisir d’utiliser afin de casser le mouvement et de pouvoir enfin
accéder à leur cours malgré la grève. Le problème c’est que la majorité
des étudiants en grève n’ont pas respecté les injonctions, ce qui a
forcé le gouvernement les faire respecter par la force. Mais la présence
des policiers ne fait qu’augmenter la tension et provoquer des
altercations qui se terminent par des arrestations et des blessés.
Devant cette violence qui menace leurs enfants, les parents ont vite
fait d’intervenir entre les étudiants et les flics, rendant inefficace
le travail d’intervention des policiers. Sans compter que les profs, qui
se voient dans l’obligation par la loi de se présenter en classe malgré
la grève et les lignes de piquetage, se sont solidarisés avec les
étudiants en refusant de donner leurs cours sous prétexte que la
situation contrevient à la loi sur la santé et la sécurité au travail.
Finalement, devant cette incapacité à faire respecter les injonctions,
les recteurs d’école se sont vus contraints d’annuler les cours et de
fermer les portes donnant ainsi gain de cause à la grève.
C’est donc devant cet insuccès de la
stratégie juridique et l’obstination des étudiants à poursuivre la grève
que le gouvernement Charest en vient à exiger en coulisse la démission
de la Ministre de l’éducation, Line Beauchamp, pour la remplacer
immédiatement par l’ancienne Ministre, Michelle Courchesne. Tout ceci
n’est qu’une manoeuvre qui répond à l’échec d’une entente de principe
dans laquelle le gouvernement ne s’est pas privé d’afficher toute sa
mauvaise foi avant même que cette entente soit discutée dans les
assemblées étudiantes en grève. Le gouvernement n’a jamais eu
l’intention de se compromettre dans ce dossier et face à un mouvement de
grève qui en fait tout autant, le gouvernement a finalement décidé de
déposer un projet de loi spéciale (loi 78) dans le but non seulement de
permettre aux étudiants qui « veulent étudier » d’accéder à leur cours,
mais aussi et surtout de criminaliser le mouvement de grève dans ces
aspects les plus dérangeants : soit les lignes de piquetage et les
manifestations.
3- Ce n’est pas la première fois que le
gouvernement adopte une loi spéciale face une grève qu’il ne tolère pas.
Cette pratique anti-grève existe au Québec depuis le début des anées
80, mais cette fois, la loi dépasse le schème habituel d’encadrer et
d’étouffer la grève en rendant illégal tout ce qui donne du pouvoir à la
grève. En effet, cette loi spéciale ne fait pas que limiter
l’efficacité des lignes de piquetages en interdisant sa pratique à moins
50 mètres de l’institution visée ou encore en décrètant que la grève
est terminée puisque la sessions des 14 cégep et 11 facultés
universitaires en grève est suspendue jusqu’à l’automne, elle franchit
aussi le pas d’interdire pratiquement toute forme de manifestation… ce
qui est un nouveauté.
Donnant l’impression de vouloir se
montrer d’avant-garde dans la course mondiale à la répression, le
gouvernement du Québec (qui possède la majorité des sièges au parlement
et se sent donc légitime de faire ce qu’il veut) a tout simplement
décidé que la contestation de son pouvoir était un crime contre la
nation. Désormais, toute manifestation organisée qui prévoit plus de 50
personnes oblige les organisateurs à transmettre à la police
l’itinéraire de la manif sans quoi la manifestation est déclarée
illégale. De plus, la police a le pouvoir discrétionnaire de modifier
l’itinéraire de la manif ou simplement de l’annuler. Mais ce n’est pas
tout, car une fois que la manif est autorisée par la police, il n’en
demeure pas moins que tout acte criminel commis par un manifestant est
ultimement passible d’incriminer les organisateurs eux-mêmes… Bref, plus
personne n’osera organiser des manifs de peur d’être des criminels en
puissance.
En ce qui concerne la ville de Montréal,
cette loi spéciale adoptée par le gouvernement provincial s’accompagne
d’une loi municipale sur le port du masque que la mairie de Gérald
Tremblay cherchait à adopter depuis quelques temps. Cette double
législation a pour résultat de permettre aux policiers d’user d’un
abitraire immense sur le déroulement des événements. Par exemple, les
lois anti-terroristes ont déjà permis d’arrêter et d’accuser 4 jeunes
étudiants et étudiantes (1 gars, 3 filles) pour avoir commis des actes
dans le but d’ « incité à craindre un acte terroriste… » et sont donc
suceptibles de 5 ans de prison pour des actes qui non seulement ne
furent pas commis par eux (puisque cela semble difficilement possible)
mais dont les preuves tiennent à des photos prisent hors contextes par
des citoyens délateurs. L’arsenal législatif dont se sert la police
contrevient présentement à toute les chartes sur les droits humains du
pays et seront probablement condamnés par l’ONU comme ce fut déjà le cas
envers la police de Montréal dans les années 2000 qui abusait de sa
tactique d’arrestations de masse. C’est donc en raison de toute cette
folie répressive que les manifestations à Montréal sont volontairement
et formellement illégales dès le départ, car, comme disent les
manifestants : « Ta loi spéciale, On s’en calisse ».
L’adoption de ces mesures répressives
par le gouvernement n’a fait qu’élargir la base d’une grève qui
commençait à succiter de la sympathie pour la frange de la population
qui était directement touchée par cette grève et sa répression : les
parents et les profs. Maintenant, c’est tout ceux et celles qui
considèrent le droit de manifester comme inaliénable qui descendent dans
la rue. Dans les manifs, depuis l’adoption de la loi spéciale, ce sont
des familles, des personnes âgées, des travailleurs, des militants de
tout horizons et, évidement, des étudiants qui défilent dans les rues.
La loi spéciale a finalement transformé la grève générale étudiante en
lutte politique de désobéissance civile. Cette métamorphose du mouvement
a la particularité de faire revivre différemment le mouvement passé des
indignés, mais l’indignation a ici pour cible le gouvernement Charest
et ses politiques répressives.
Du côté mouvement étudiant lui-même,
cette métamorphose de la grève étudiante en mouvement de désobéissance
civile, a provoqué la première scission dans le discours unitaire des
trois syndicats étudiants (CLASSE, FEUQ et FECQ). La CLASSE qui est
majoritaire dans le mouvement de grève a finalement choisie de se faire
le représentant du mouvement de désobéissance civile contrairement aux
deux fédérations étudiantes (universitaire et collégienne) qui ont
choisie une alliance avec les trois grandes centrales syndicales
ouvrières (CSN, FTQ et CSQ) afin d’appeler au respect de la loi et au
dialogue avec le gouvernement. Ce qui se dessine, selon moi, dans cette
alliance, c’est une tentative de récupérer cette grogne populaire contre
le gouvernement Charest en vue d’accélérer le processus de négociation
ou encore le déclenchement des élections et, dans le même temps, de
renouveler la base électorale du Parti Québecois (opposition officielle)
ou encore d’élargir celle de Québec Solidaire.
Du côté policier, la surcharge de
travail qu’impose plus de 100 jours de grève qui compte pas moins de 250
manifestations et 2000 arrestations, plusieurs émeutes ou actions de
pertubation et 29 jours successifs de manifestation nocturne (ce sont
les chiffres de Radio Canada), augmentent considérablement les risques
de dérapage pouvant conduire à des tragédies mortelles. Un tel dérapage
dans une conjoncture où le mouvement acquiert de plus en plus de
sympathie pourrait faire basculer une situation de luttes sociales
passablement pacifique en situation pré-insurectionnelle dans laquelle
le gouvernement fédéral serait tenté d’user de la loi des mesures de
guerre comme ce fut le cas face à la crise d’octobre de 1970. Si
beaucoup se souviennent de l’armée qui occupait les rues de Montréal,
d’autres se souviennent du FLQ et d’un certain Pierre Laporte en
scandant des slogan comme : « Dans un coffre de Charest » (il faut
mentionner que le Ministre Laporte a été retrouvé mort dans un coffre de
voiture). Chose certaine, tout-le-monde est d’accord pour dire que la
conjoncture est explosive et que tout semble possible.
Amer Simpson
22 mai 2012
sous un bruit de casseroles...
LETTRES DE MONTRÉAL
par Feuille d’érable
vendredi 25 mai 2012.
On trouvera ci-dessous un récit de Montréal, dont l’auteur préfère conserver l’anonymat (j’ai choisi son pseudonyme).
C. G.
1.
Eh bien, c’est super chouette ce qui se passe.
Bien sûr, il y en a qui paient le prix... violence policière, arrestations, amendes...
Le 22 mai, une manifestation d’environ 200 000 personnes
a eu lieu et elle était illégale. Elle s’est divisée en trois
manifestations qui se sont joint, à la fin, à la manifestation syndicale
qui elle avait négocié son trajet avec la police (les assos nationales
de droit- fecq et feuq- sont restées avec les syndicats). Le slogan de
la manif était « 100 jours de grève, 100 jours de mépris ». Seul le
syndicat étudiant radical LA CLASSE a ouvertement invité à défier la loi
spéciale. D’ailleurs, tu peux aller sur le site nouveau de La Classe :
« arrêtez-moi quelqu’un ! » les gens se prennent en photo, comme pour la
police, et y écrivent « je désobéis ». C’est plutôt drôle...
Aussi drôle dans la manif du 22 mai, des syndicalistes
et le mouvement communautaire se sont retrouvés dans les manifs
illégales.... et heureux d’y être.... et même de scander : « On est plus
que cinquante ! on est plus que cinquante ! » - d’après la nouvelle loi
il faut annoncer le trajet quand on est plus de 50. On commence à
réfléchir à la Formule 49 dans le cadre de la Formule 1.
Puis, dans la nuit du 22 mai, une autre manif illégale a
eu lieu en soirée jusqu’à 3 heures du mat. On compte quelques
arrestations.
Depuis quelques jours (samedi le 22), il y a des
manifestions de casseroles (en souvenir du Chili des années 70-
Pinochet). Cette reprise de type de protestation, ici contre la loi 78,
est superbe, car elle est transformée dans le contexte québécois de
2012. Depuis samedi, le 22 mai, à 8:00 p.m. les gens sont invités à
sortir sur leurs balcons ou sur les trottoirs avec leurs casseroles. Le
mot d’ordre est sur facebooke, twitter, etc. : « A vos casseroles ! ».
La population est invitée à faire du bruit contre la loi spéciale qui
interdit le manifester sans annoncer l’itinéraire, etc.
Là où ça déborde, c’est extraordinaire, car les gens
(familles, enfants, grands-parents, etc.), de plusieurs quartiers de
Montréal et ailleurs dans d’autres villes, sortent à la rue et se
mettent à manifester de manière spontanée, dans la joie et le bonheur,
en faisant un bruit d’enfer ! Créant eux-mêmes des manifestations
illégales. C’est rendu qu’on attend 8:00 p.m. pour faire du bruit et se
mettre en marche. Hier mercredi, des manifestations spontanées se sont
rencontrées au centre-ville et la police a arrêté 400 personnes (la
ville de Québec a connu une centaine d’arrestations). Mais la loi 78
n’est pas appliquée, ou très partiellement (à part dans la ville de
Sherbrooke - une trentaine d’arrestations). C’est la loi municipale
d’attroupement illégal qui s’applique principalement. et personne ne
comprend pourquoi, même si on défie la loi spéciale, elle n’est pas
appliquée. Est-ce que l’État attend de le faire une fois qu’on reviendra
en classe et tentera de lever les cours afin de faire respecter le
mandat de grève ? Car c’est là que ça risque de faire réellement mal....
Aujourd’hui, trois manifs casseroles sont parties de
trois points\quartiers différents et on parle d’environ 10 000 personnes
dans les rues qui cognent de la cuillère sur les chaudrons. C’est la
dérision pure. C’est génial. C’est l’euphorie. Il y en a même un qui a
décidé de faire rouler son barbeque dans la manif pendant que son copain
cognait dessus avec la spatule (bien sûr sans la bonbonne de gaz).
Bref, la population s’amuse à ridiculiser le premier
ministre du Québec, Jean Charret, qui a fait voter cette loi. La
population est en train de lui dire qu’elle ne la respecte pas.
C’est du jamais vu ! tout le monde s’amuse à dire : « La loi spéciale,
on s’en câlisse ! » (on s’en fout).
Les journalistes analystes de la situation (le canal LCN
avec Jean Lapierre, un sympathisant du parti au pouvoir) parlent de
crise d’autorité et disent que le mouvement étudiant, en ce moment, a un
réel rapport de force. C’est la première fois depuis le début de la GGI
(grève générale illimitée) que l’on parle en ces termes, surtout à la
télé, dans un des canaux les plus à droite. Ce n’est pas peu dire. Il
est même lancé comme idée trois solutions : renégocier (Etat - Mouvement
étudiant), déclencher des élections ou appliquer la loi.
La ministre de l’éducation veut renégocier, mais dit
déjà ne pas vouloir discuter de la hausse des frais de scolarité. La
FECQ (asso collégiale) veut se mettre à table et faire des compromis. la
FEUQ (asso universitaire de droite) veut également faire des compromis,
mais parle de la hausse et exige que LA CLASSE y soit présente. LA
CLASSE ( l’assé- asso progressiste) exige de parler de la hausse et
revendique un gel et la gratuité scolaire. Mais cette dernière n’a pas
encore dit qu’elle voulait se mettre à table avec la ministre.
Bref, ce qui est intéressant ici est de constater que
depuis que la population conteste la loi spéciale, le gouvernement est
obligé de relancer une invitation aux négociations, même si le processus
et la rencontre relèvent plutôt de l’ordre du cosmétique !
Dans un autre ordre d’idées, mais toujours en lien avec
la grève, aujourd’hui est sorti de prison un des quatre étudiant-e-s qui
avait été arrêté pour un fumigène dans le métro. On connait le copain.
On les accuse de méfait (10 ans de prison) et de vouloir faire craindre à
un geste terroriste (5 ans de prison). Ils sont en liberté
conditionnelle avec une liste de conditions extrêmement sévères. Je n’en
dirai pas plus, car c’est un sujet délicat. Bien sûr nous on soutient
la famille et les quatre du métro.
2.
Ma participation aux assemblées à titre de gréviste m’a fait comprendre
une chose. Les diverses générations d’étudiant-e-s en grève veulent un
possible qui leur est inaccessible. Les étudiant-e-s savent que peu
d’avenues se présentent à eux (à court terme) et luttent pour un droit
de cité (semblable à celui des générations d’avant). On veut un diplôme,
un travail, un salaire, etc., et des services sociaux. D’autres encore
remettent en question cette idéologie. Associé à ces désirs, il y a chez
elles et eux un espoir incommensurable, voire rarissime et un courage
teinté de ludisme : pas peur de l’État ni des injonctions ni des
administrations ni de la police ni de perdre la session scolaire ni de
devoir recommencer. J’ai rarement vu cela. Il faut dire que cette
réaction est occasionnée aussi par une attitude autoritaire d’un
gouvernement austère. Bref, chaque fois que l’État réplique au
mouvement, celui-ci lui répond, le contourne et détourne l’action vers
une résistance encore plus forte, ou tout simplement plus engagée,
consciente, organisée, inventive...
Je ne cherche pas à idéaliser ce mouvement, car il est
de prime à bord réformiste, faisant même partie d’un agenda
électoraliste, etc. mais il contient une poésie hors commun, un soupçon
de rêve, un désespoir refoulé ou un espoir assumé et combien inspirant.
Au-delà de l’affirmation suivant laquelle le mouvement n’implique pas
l’idée de révolution, il contient de minces bribes subversives. C’est
ici où je me situe. C’est ce que je cherche à comprendre afin de poser
des gestes dans cette direction suivant mes valeurs politiques (comme
gréviste maintenant ou comme prof à l’automne). J’ai fait quelques
interventions en assemblée dont une en particulier en rapport à la peur
qu’a le mouvement syndical de faire une journée de grève sociale.
Un professeur représentant le syndicat des profs
universitaires (UQAM) est venu parler en assemblée étudiante de l’appui
au mouvement, mais que cela excluait la grève. Je l’ai interpellé et
posé l’hypothèse suivante : l’attitude austère qu’a l’État à l’égard du
mouvement étudiant est un terrain d’essai qui vise à vérifier le niveau
de solidarité communautaire, ouvrière, syndicale, prolétarienne. ce que
subit le mouvement étudiant en ce moment sera imposé aux travailleuses
et travailleurs lors des prochaines négociations des conventions
collectives prévues dans le secteur public pour 2015 environ. Aucune
lutte isolée ne peut gagner sa cause. La solidarité est plus que
nécessaire. Cesser d’avoir peur de perdre, peur d’être puni, peur de...
constitue une des clés de la mise en marche d’un nouveau mouvement
social. C’est peut-être là où se situe la contribution de la grève
générale illimitée étudiante au mouvement social. Elle défie les
calendriers, les lois spéciales, les injonctions, l’anti-émeute, etc.
Certes mon hypothèse est limitée et qu’on peut en poser tout plein
d’autres. Lorsque je l’ai posée, ce fut dans la perspective
d’interpeller le syndicat des profs de l’université, parce que mon
propre syndicat de profs au collège a peur des représailles prévues dans
la convention collective s’il fait grève sociale...
3.
...La vison humaniste et sociale démocrate mais de belles images et de
belles phrases... ronflantes et nationaliste mais quand même :
ici.
Montréal, le 25 mai 2012
Feuille d’érable
Aussi un vidéo démocrate et nationaliste mais qui représente bien
le mouvement réel pour la très grande majorité malheureusement, la
frange radicale de la rue va plus loin mais jusqu'où ? voilà la question
qui doit se répondre sans un enthousiame puéril et malgré l'ivresse que
procure toute cette mobilisation sans précédent ici. Je te fourgue ça
pour te donner une idée de ce qui se passe.