Comparons
avec les temps de la peste...
« A
un moment le virus va se fatiguer de circuler dans les organismes » (Femme
médecin sur C News le 8 mars)« La nature aliénée du travail apparaît nettement dans le fait que, dès qu'il n'existe pas de contrainte physique ou autre, on fuit le travail comme la peste ». Marx, Ébauche d'une critique de l'économie politique. (Pléiade, Gallimard, II. page 60)
« Au
cours des crises, une épidémie qui à toute époque, eût semblé
une absurdité, s’abat sur la société – l’épidémie de la
surproduction. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de
civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d’industries,
trop de commerce.
Ou encore les
forces productives sont devenues trop puissantes. Le système
bourgeois est devenu
trop étroit pour contenir les richesses qu’il crée ». Manifeste
du parti communiste
Voyons
du côté de l'indignation marxiste simpliste ce que suggère
l'épidémie du « connardvirus ». Il fallait bien
s'attendre à ce que nos dinosaures prolétariens trouvent
immédiatement la causalité diabolique du virus. Celui-ci :
« Tant dans son origine que dans sa propagation, l’épidémie
de coronavirus est une épidémie du capitalisme ».
Tautologie ou connerie ?Que cette épidémie ait lieu dans le
capitalisme, je ne le contesterai point, mais qu'il en soit la cause
relève de l'interprétation eschatologique aux temps de la peste
noire. Elle relève d'un déterminisme scientiste cette
stigmatisation de la Chine où le coronavirus ne serait tout
simplement que « le produit direct en Chine de
l'exploitation intensive du travail par le capital pour les besoins
de la guerre commerciale »1.
A défaut de trouver une explication rationnelle, comme ce fût le
cas lors des vagues successives de pestes dans le lointain jadis, on
trouva un bouc-émissaire, c'est rassurant quelque part. Face aux
ravages de la pandémie au Moyen âge, on voua au bûcher juifs et
homosexuels. Heureusement nous n'en sommes plus là, même s'il y a
eu, ici ou là, des actes de racismes anti-asiatiques.
Pas
question non plus ici de nier les mensonges des Etats capitalistes, à
commencer par le mastodonte « communiste » chinois, car,
même si les différents Etats continuent à distiller des petits
mensonges, la pandémie est là, croissante, ils ne peuvent plus ni
la nier, ni en atténuer les effets. Ils sont impuissants avec leurs
misérables mesures de prophylaxie tardive où ils se prennent les
pieds dans le tapis entre mesures sanitaires et répression
sécuritaire. Là est le scandale et le révélateur qu'il nous
faudra analyser2.
Et ce n'est pas le retour à l'Etat d'assistance gaullo-stalinien
avec des hôpitaux fournis en nombre respectable de soignants qui
pourrait endiguer le truc. Il ne faut pas non plus s'imaginer que les
Etats en profitent pour mieux contrôler leurs populations ni que
celles-ci auraient oublié révoltes grévistes ou les causes de la
crise économique mondiale3.
Le virus défini comme allié de la bourgeoisie, il allait
l'inventer ! Nos doux rêveurs syndicalistes radicaux ont-il
déjà vu, voire imaginé, des révoltes ou révolutions au temps des
épidémies qui ont jalonnées l'histoire de l'humanité, ou
l'épidémie aurait été facteur d'insurrection4 ?
Il n'y en eût jamais. Dans des circonstances aussi tragiques et
inquiétantes le prolétariat ne peut même pas être cet autre virus
qui menacerait la classe dominante, comme le fantasment les
anarchistes. Ou alors un prolétariat confiné, chacun se tenant à
un mètre des collègues dans les AG et toujours en train de chercher
à se laver les mains... belle ambiance pour développer unité et
solidarité face à la maladie et au risque de mort !5
On peut être d'accord avec la conclusion rationnelle d'un
article du CCI :
« Quoi
qu’il arrive avec ce nouveau virus du Covid-19, qu’il devienne
une nouvelle pandémie, qu’il s’éteigne comme le SRAS, ou qu’il
s’établisse comme un nouveau virus respiratoire saisonnier, cette
nouvelle maladie est un nouvel avertissement que le capitalisme est
devenu un danger pour l’humanité, et pour la vie sur cette
planète. L’énorme capacité des forces productives, y compris la
science médicale à nous protéger des maladies se heurte à la
recherche meurtrière du profit, à l’entassement d’une
proportion toujours plus grande de la population dans des villes
immenses, avec tous les risques de nouvelles épidémies. La menace
du capitalisme ne s’arrête pas là, il y a aussi les risques de
pollution, de destruction écologique et de guerres impérialistes de
plus en plus chaotiques ».
Du
jamais vu ?
Tous
les jours on est assommé par l'avancée du virus qui se propage dans
le monde entier sans fléchir. Aujourd'hui
l'épidémie a dépassé les 105.000 contaminations avec plus de 3500
morts dans au moins 98 pays et territoires. En France, 19 décès et
1126 cas sont désormais confirmés. Suivez les dernières
informations ou déformations de pseudo-toubibs éclairés...
L'Italie est le deuxième pays touché après la Chine mais parce que
c'est le pays européen qui contient le plus de vieux, c'est pas
pareil ; faut pas tout lui mettre sur le dos à ce connardvirus.
Dans
le nord du pays, les mesures draconiennes pèsent sur le quotidien
des habitants. Il s'agit clairement d'une militarisation de la vie
sociale, temporaire dans la durée ou intemporelle dans
l'inefficacité ? Les militaires
ne seront plus aux barrages mais dans les villes avec la police pour
dire aux gens de rester chez eux ; couvre feu obligatoire aussi
où ils autoriseront seulement les déplacements urgents". Autre
image d'exode (de guerre) : dans la première région
industrielle autour de Milan 15 millions de personnes sont confinées,
et certains essaient de s'échapper de ce confinement.
L'Italie est notre futur plan 3 geignent les journalistes. Les
fermetures d'écoles, de crèches, de cinémas, de stades de foot,
vont se multiplier. Ce soir le ministre de la santé a appelé chacun
à la responsabilité civique et nationale : travail, mouchoir,
mains lavées ; et surtout « ne vous embrassez plus »
(que va devenir notre vie sexuelle?). Combien de temps ça va durer ?
On ne sait pas ? Y aura-t-il un vaccin ? On ne sait pas.
Combien de masques disponibles ? On ne sait pas. Peut-on faire
confiance aux médecins généralistes ? On ne sait pas ou oui
plutôt qu'au personnel politique. Quoique... nous sommes tous égaux
devant le virus, déjà deux députés sont touchés eux aussi comme
l'électeur lambda et mis en quarantaine.
Comme
je l'ai déjà remarqué, on se croirait en temps de guerre6,
quoique sans propagande efficiente. On ne sait pas. Dans une guerre
chantante on exulte, on va aller foutre la pâtée aux salauds d'en
face et porter haut le fanion patriotique... là, l'ennemi est
intérieur, invisible. On en sait pas. Patrons et généraux sont
infoutus de l'identifier vraiment. Plus soucieux de la santé de
l'économie du profit, les PDG font grise mine. Bizarre guerre où il
n'y a pas de front, où pioupiou comme officier peuvent tomber
victimes, pauvre comme riche, vieux comme jeune, patron comme
ouvrier7.
Qu'un
système de domination politique et sociale puisse devenir nocif pour
toute l'humanité est très bien perçu par le jeune Marx par sa
lecture révélatrice, pour lui philosophe en chambre, de l'ouvrage
de son nouveau pote Engels – La situation de la classe laborieuse
en Angleterre – ouvrage qu'il trouve « tout à fait
extraordinaire ». Conscient du gaspillage à son époque, il
écrit un jour à Engels : « au lieu de jeter tous ces
nutriments dans la Tamise, on ferait mieux d'en faire de l'engrais
pour l'agriculture ». Plus tard, il dénoncera l'incroyable
gaspillage du capitalisme au moment des crises. Mais n'allons pas
chercher l'écolo-bobo chez le jeune Marx ni un frangin des potesses
féministes.
L'apparition
d'épidémies dans la longue histoire connue de l'humanité est
probablement liée à un châtiment divin au XIV ème siècle8,
à la méchanceté bourgeoise en 1918 et en 2020, mais voyons plus
sérieusement comment cela se déroule au temps de la peste. Où l'on
verra que la société de l'époque fût aussi impuissante que notre
actuelle société moderne et « développée », si
éloignée, nous assurait-on, de la... barbarie.
Comme
si un malheur ne suffisait pas, la peste apparaît alors que de
nombreux pays sont confrontés à un contexte économique, politique
et social particulièrement dégradé. Les royaumes de France et
d’Angleterre sont en guerre depuis 1337, la couronne d’Aragon,
plongée dans une âpre guerre civile, ou la péninsule italienne
connaissent de nombreux troubles politiques et militaires entraînant
la misère, la famine et le brigandage liés, notamment, au
déplacement des troupes. Toutes ces crises, plus ou moins graves, et
surtout répétées, ont naturellement des répercussions sur une
courbe démographique, jusque là ascendante, qui stagne à partir
des années 1310-1320. La Peste noire, par conséquent, n’arrive
pas dans un “ciel démographique serein”, mais dans une
conjoncture “déjà profondément dégradée”. Pour de nombreuses
contrées, elle ne va être que le paroxysme d’une série de
calamités9.
En
cette fin de première moitié du
xive siècle,
en l’espace de quelques années, la peste, après avoir ravagé
l’Italie, la France, l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre, le
Danemark, la Norvège, l’Europe centrale et de l’est, les villes
allemandes, la Pologne, la Lituanie la Hongrie, la Bohême, la
Suisse, etc, laisse un monde désemparé et diminué. Elle fait 28
millions de morts. La France perd 40% de sa population. Progressant
généralement suivant un rythme saisonnier, dû très certainement à
l’activité biologique des puces, elle-même influencée par le
climat dont les interactions précises avec la Peste noire sont
encore sujettes à discussions ; régressant au cours de
l’hiver, si elle ne prend pas une forme pulmonaire, plus vive au
printemps et en été, la peste à partir de 1347 s’installe
pour plusieurs siècles en Occident : c’est la naissance de la
seconde pandémie.
Face
à ce fléau, tous les traitements recommandés par les médecins se
révèlent inopérants. Les hommes de l’Art ne peuvent que
constater leur impuissance. Ils tentent, pourtant, de trouver des
explications au mal qui les frappe. Partout, que les terres soient
musulmanes ou chrétiennes, de nombreux traités de peste sont écrits
à partir de 1348 par de célèbres médecins ou profanes.
Malheureusement, et cela est aussi commun à tous, les moyens
curatifs proposés sont totalement inefficaces, souvent inaccessibles
aux plus pauvres, extrêmement douloureux et fréquemment dangereux,
comme l’incision des bubons, technique alors couramment pratiquée.
Les seules chances de salut résident en fait dans la préservation,
c'est à dire le même genre de confinement que pour notre ami le
connardvirus. Dès le XIIIe siècle, on avait pris l'habitude chasser
les pestiférés hors de la ville. On leur demandait d’aller
mourir à la campagne. On dressait des murailles pour éviter de les
voir revenir. Un garde était chargé de vérifier qui entrait et qui
sortait de la cité... comme à Milan en ce moment A partir du XVème
siècle, on ne chasse plus les malades hors de la ville mais on les
confine dans des quartier ou des rues bien précises. Les bulletins
de santé du XVIIIe siècle permettent une mise en quarantaine de 9,
20, 40 jours ou plus. Si t’es pas mort au bout d’un certain délai
et que tu sembles aller mieux, tu peux sortir de chez toi. Pas
avant ! En 1720, un capitaine de santé est chargé de frapper à
toutes les portes de son secteur pour vérifier qu’il n’y a pas
de nouveaux malades. Si c’est le cas, il doit quitter sa maison. Si
un malade tente de cacher sa contamination, il risque la mort. Si
quelqu’un cache la maladie d’un autre, même principe : au
bûcher. Ils pratiquent aussi l’abstinence sexuelle pour éviter de
propager la maladie d’un humain à l’autre ; cela ne nous a
pas été encore demandé par le nouveau ministre de la santé, mais
cela nous pend au nez. Père du masque chirurgical en papier, on
invente le masque à bec de canard . On pense que la peste,
comme de nombreuses maladies, se transmet par la bouche, le souffle
et la salive. Alors pour se protéger, on imbibe une éponge de
vinaigre blanc, d’absinthe, de genièvre ou encore de marjolaine,
sauge, clou de girofle, romarin et camphre qu’on considère comme
désinfectants et on se le met devant la bouche. C’est d’ailleurs
pour ça que le médecin De Lorme a créé le masque au bec de canard
que l’on connaît
bien, on y plaçait les éponges ou les plantes
aromatiques désinfectantes et en avant ! Les médecins se
vêtaient d’une grande cape, d’un chapeau, de gants et de leur
masque pour entrer en contact avec les victimes et tenter de les
soigner. En vain. Tout le monde pensait que le masque et les plantes
permettaient aux médecins de ne pas attraper la peste, en réalité,
c’est leur grande cape en cuir qui les protégeaient des piqûres
de puce !10
En
même temps, bien que désemparées, les autorités réagissent et
instaurent, avec plus ou moins de rapidité et de réussite, des
mesures préventives et souvent coercitives, visant à empêcher la
venue de la peste ou à la circonscrire lorsqu’elle se manifeste.
Des mesures d’“hygiène publique” sont immédiatement prises ou
réactivées, un peu partout, et même le roi de France tente de
réagir en promulguant en 1352, une ordonnance établissant,
pour le royaume, des règles sanitaires à suivre afin d’éviter
les risques de surmortalité, après la triste expérience de la
Peste noire. Malheureusement, la réalité politique, financière,
mais aussi la méconnaissance des règles d’hygiène les plus
élémentaires, feront de ces tentatives des échecs constants.
Enfin, gardons toujours à l’esprit, que toutes ces mesures sont
prises non pas pour combattre un péril microbien, d’ailleurs
méconnu et conséquence de l’insalubrité, mais pour éviter,
conformément aux croyances médicales du temps, la “corruption”
de l’air, donc un risque de contagion provenant des mauvaises
odeurs exhalées par tous les détritus. Parallèlement, les corps de
ville de quelques grandes cités, dans un premier temps surtout
italiennes, se montrent particulièrement réactifs face à la menace
que représente ce nouveau fléau.
Si
les quarantaines, les hôpitaux de peste et les mesures de
désinfection sont promis à un bel avenir, pour beaucoup, se
protéger de l’épidémie et de la panique régnante est synonyme
tout simplement de fuite. Nombreux sont ceux qui, conformément aux
préceptes médicaux, quittent leur cité sinistrée pour se réfugier
en des lieux qu’ils espèrent plus cléments. Malheureusement, cela
ne fait que contribuer à la propagation de la maladie. Quant à
l’isolement, s’il limite réellement la contamination
interhumaine, il reste sans doute relativement inefficace, car les
rats et puces sont partout présents et leur rôle dans les épidémies
est complètement ignoré par les contemporains.
De
ce fait, il y a de bonnes raisons de penser que, face à l’agression
d’une bactérie à la virulence nouvelle et exacerbée, les
Européens, jusque-là non immunisés, se sont trouvés dans une
situation semblable à celle des Amérindiens lors de l’invasion
des conquistadors apportant la variole. Ceci peut expliquer, en
partie, l’extraordinaire coût démographique de l’épidémie.
Les
villes sont particulièrement touchées, car l’entassement de la
population, l’extrême insalubrité et les fréquentes difficultés
d’approvisionnement favorisent la contagion. Cette impression de
catastrophe démographique urbaine (malheureusement et généralement
réelle), est d’autant plus renforcée à nos yeux, que les sources
sur la Peste noire encore existantes sont très souvent des “archives
urbaines” produites par les corps de ville, officiers royaux, corps
ecclésiastiques, etc. Gardons par conséquent à l’esprit que
c’est une vision fragmentaire de l’épidémie, car elle se répand
en fait partout dans un monde – l’Occident – où quatre vingt
dix pour cent de la population est rurale.
IMPUISSANCE
DES AUTORITES A EXPLIQUER LA PROPAGATION DE LA PESTE
Une fracture est
engendrée par la Peste noire. Sa rapidité à tuer, l’impossibilité
de trouver un remède efficace, la terreur qu’elle suscite
déclenchent des attaques contre des groupes aussi divers que les
juifs, les clercs, les étrangers, les mendiants, les pèlerins et
les musulmans auxquels nous pouvons rajouter les lépreux. Quels que
soient les moteurs et les racines profondes dans lesquels ces actes
de violence de rejet, se nourrissent il en résulte que ces groupes
sont fréquemment accusés de disséminer la peste, d’introduire le
mal dans une communauté en souillant les portes du pus des
pestiférés, en empoisonnant les puits, en entretenant des rapports
avec le Mal, etc. De nombreux échanges épistolaires, entre quelques
communes des royaumes de France et d’Aragon, nous éclairent
parfaitement sur l’impuissance des autorités à expliquer la
propagation de la peste, si ce n’est par des actes délétères,
commis par des étrangers à la cité. C'est déjà un constat
positif que la crise du coronavirus confirme l'existence d'une
conscience universelle que tout le monde peut être touché, et cette
conscience est générée par le prolétariat mondial et indique
ainsi, paradoxalement, malgré son invisibilité, qu'il ne peut
tomber dans les bras d'une classe dominante « prophylactique »
et médicinale, ni croire à l'opération du saint esprit. De là à
ce qu'il incline à penser que le monde peut être changé ou devra
être remplacé, il y a une marge.
La
peste
n'a pas été une maladie propre au Moyen
âge et toutes les épidémies qui ont frappé les humains à
cette période n'étaient pas due à la peste. Il n'en est pas moins
vrai que les immenses ravages occasionnés par cette maladie ont
inscrit tout au long du Moyen âge de profondes ornières. Le XIVe
siècle qui est sûrement le temps
qui fut le plus éprouvé par les calamités, voit ainsi à la peste
noire, s'ajouter aussi quantité d'autres maux : des hivers
rigoureux, des chaleurs excessives, des invasions d'insectes,
de sauterelles, des tremblements de terre, des guerres, qui
concourent à tous à la famine et à la maladie, sans que la
mortalité causée par l'une ou l'autre ne puisse être dissociées.
Et, si la peste continua à sévir au cours des siècles suivants, ce
fut d'une façon moins meurtrière. Déjà, au XVe
siècle, l'évidence de la contagion
de la peste avait conseillé quelques mesures de prophylaxie
publique.
Par la mortalité
qu’elle cause, l’épidémie bouleverse l’économie et entraîne
de nombreuses perturbations maintenant bien connues comme la hausse
du prix des produits agricoles. À cause de la crise dont les
composantes sont la peste, mais aussi la guerre, les disettes (en
Aquitaine, 1373-1375), les déprédations des routiers, la
surmortalité d’un grand nombre de contribuables, l’interruption
des échanges commerciaux, etc. Les nobles, les commerçants, mais
aussi les finances municipales connaissent parfois une baisse
significative de leurs revenus. En revanche, les survivants
bénéficient de la carence de main-d’œuvre et, par contre coup,
d’une hausse des salaires urbains, pouvant entraîner un exode
rural. Les richesses sont aussi redistribuées et parfois concentrées
à la suite d’héritages quelquefois inespérés et multiples. Au
final, comme le souligne Georges Duby, « l’épidémie a
déterminé une hausse générale du niveau de vie » mais pas à
une révolution.
A
l'époque de Boccace il faut bien constater que les liens sociaux se
trouvent pour ainsi dire rompus; l'épouvante des populations est à
son comble, d'autant mieux qu'à cette lugubre époque la guerre est
presque universelle et que les années 1346,1347
se signalent par leurs mauvaises récoltes. Restriction de la vie sociale, interdiction des manifs de plus de mille personnes, voire moins, les grèves n'en parlons pas (elles encouragent la proximité et l'affection de la solidarité), tout cela est un grand complot de la bourgeoisie infectée et affectée assurent nos faux marxistes du NPA aux micro-sectes qui veulent "généraliser" une maladie mortelle pour le capitalisme… et l'espèce qui va avec.
La grippe n'a pas été éradiquée; on dit qu'elle tue encore dix mille personnes par an en France et son vaccin ne sert à rien. Le capitalisme avec ses progrès en médecine n'aura pas pu tout résoudre. La
peste existe toujours mais, grande différence, le coronavirus n'a
aucune chance de réveiller les interrogations eschatologiques et
apocalyptiques des confréries en sorcellerie, ni de redonner une
audience électorale à la réforme capitaliste, qu'elle soit
macronienne ou trumpienne, sauf à laisser végéter et prophétiser
d'obscurs cénacles fossilisés de barbus sans barbe.
1Interprétation
d'un niveau crypto-stalinien simpliste par la secte Nuevo Curvo, on
peut même dire du niveau intellectuel des « complotistes » .
2
Le PCI-Le Prolétaire est à moitié lucide dans son titre :
« Coronavirus : une épidémie que la bourgeoisie ne
contrôle pas... mais qu’elle utilise pour accroître son contrôle
politique et social » ; ce
qui est faux tant au plan national qu'au plan social où partout la
classe ouvrière est dubitative et inquiète. Ce résidu gauchiste
du maximalisme soutient Erdogan
dans sa politique de chantage aux migrants qu'il faudrait accueillir
par centaines de milliers en tant que nouveaux substituts du
prolétariat européen« raciste » ; que vont dire
ces trois pelés face aux mesures de confinement qui seront requises
aussi pour limiter la propagation du virus chez les migrants, et ces
pauvres hères ne vont-ils pas être accusés comme les juifs et les
homos au Moyen âge de le propager ?
3Un
individu écrit : « Le
coronavirus est aussi l’occasion pour la bourgeoisie mondiale de
reprendre la main vis-à-vis du prolétariat international aux plans
médiatique et idéologique pour effacer des esprits et des mémoires
la succession de luttes ouvrières et de révoltes sociales massives
de ces derniers mois. Les appels à l’union nationale au nom de la
santé et de la lutte contre l’épidémie sont systématiques. Et
surtout, la propagation du virus est déjà le cache sexe avancé
pour cacher les causes réelles de l’explosion de la crise
économique et financière qui vient ».
4On
lit aussi cette invraisemblance : « « Produit
et facteur, certes tout particulier et temporaire, des
contradictions du capital, l’épidémie de coronavirus devient à
son tour un élément, mineur et tout aussi momentané, mais réel
et à part entière, des confrontations massives entre les classes,
qui sont le prélude à la résolution dans un sens ou dans l’autre
de l’alternative historique révolution ou guerre ».
5Le
CCI n'apparaît pas aussi délirant que les quelques néo-marxistes
simplistes évoqués ci-dessus. Il pointe du doigt l'urbanisation
accélérée, l'entassement sans hygiène des populations, le fait
que la pollution généralisée confirme la décadence du
capitalisme, mais il tombe dans le même type de Cette
pandémie a fait plus de victimes que toute la guerre mondiale, avec
une mortalité majeure pour les hommes de 20 à 40 ans. Cette
grippe est considérée comme la pire de toutes les épidémies
connues. Pire, même, que celles qui ont accompagné la chute de
l’Empire romain ou que la peste bubonique, la peste noire du Moyen
Âge . Le capitalisme s'avère encore plus formidablement
destructeur que tous les régimes qui l'ont précédé.
causalité simpliste concernant la grippe espagnole en la rattachant à la guerre de 14-18. Elle se développa après la guerre, par une mutation aléatoire et elle se serait développée (comme le coronavirus) même s'il n'y avait pas eu la guerre ; quoique les mouvements de troupe aient accéléré l'épidémie. Epidémie qui a massacré plus que la guerre mondiale ! C'est sûr que si l'avion avait existé au Moyen âge et pas la charrue à bœuf, la peste se serait diffusée à plus vive allure.
causalité simpliste concernant la grippe espagnole en la rattachant à la guerre de 14-18. Elle se développa après la guerre, par une mutation aléatoire et elle se serait développée (comme le coronavirus) même s'il n'y avait pas eu la guerre ; quoique les mouvements de troupe aient accéléré l'épidémie. Epidémie qui a massacré plus que la guerre mondiale ! C'est sûr que si l'avion avait existé au Moyen âge et pas la charrue à bœuf, la peste se serait diffusée à plus vive allure.
6A
l'Elysée se tenait ce soir : un « Conseil de défense ».
Clémenceau es-tu là ?
7Je
n'ai trouvé qu'un crétin sur Slate, de formation populo
stalinienne certainement, pour laisser entendre que les riches
pourraient être épargné par l'infection généralisée et se
protéger : "Les riches mettent le paquet pour
se préparer au coronavirus. « Pour les entreprises qui
vendent ce genre d'équipements luxueux, l'épidémie apparaît
comme du pain béni. La plupart ont d'ailleurs écoulé leurs stocks
de masques, gels hydroalcooliques (35 dollars –soit 31 euros–
les 30 millilitres ici)
ou encore sacs d'urgence. »
8Cf.
le mouvement des flagellants et Saint Roch.
10Cf.
Gallica.