"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

lundi 21 novembre 2022

DU BON USAGE DE LA CHARITE IMMIGRATIONNISTE



« Officier d'un tribunal estably contre les Juifs, Les Mores & les Hérétiques, pour s'enquerir de ceux qui pechent contre la Foy ».  Définition de l’inquisiteur au 17 e siècle

“Que d'hommes se pressent vers la lumière non pas pour voir mieux, mais pour mieux briller.” Nietzsche

« La bourgeoisie a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste » (Manifeste du Parti Communiste, 1847, K Marx et F. Engels).

« Cette catégorie de socialistes réactionnaires seront toujours, malgré leur feinte compassion pour la misère du prolétariat et les larmes qu’ils versent à ce sujet, combattus énergiquement par les communistes, car : l) ils se proposent un but impossible à atteindre. 2) ils s’efforcent de rétablir la domination de l’aristocratie, des maîtres de corporations et des manufacturiers avec leur suite de rois absolus ou féodaux, de fonctionnaires, de soldats et de prêtres, une société qui, certes, ne comporte pas les maux de la société actuelle, mais qui en comporte tout au moins autant, et ne présente même pas la perspective de la libération, grâce au communisme, des ouvriers opprimés.3) ils montrent leurs véritables sentiments chaque fois que le prolétariat devient révolutionnaire et communiste: ils s’allient alors immédiatement avec la bourgeoisie contre le prolétariat ».

Friedrich Engels, Principes du Communisme (XXIV. EN QUOI LES COMMUNISTES SE DIFFÉRENCIENT-ILS DES SOCIALISTES ? 1847)

Galas de charité médiatique

Les aventures à rebondissement « humanitaire » du bateau Océan viking du trust « SOS Méditerranée auront au moins servi, du fait du scandale médiatique, à lever pour le plus grand nombre l’hypocrisie de l’humanitaire appliqué au soi-disant sauvetage normal des migrants « exposés aux intempéries de la mer ». L’hypocrise de la gauche capitaliste est apparue dans toute son ampleur et faconde pour ce qu’elle est, charité bien ordonnée. Et surtout en tant que faux internationalisme. Pourquoi et comment ?

Traditionnellement dans toute l’histoire du mouvement ouvrier jusqu’à nos gauchistes et même notre milieu maximaliste anti-syndicats et anti-partis, on considérait l’immigration comme un phénomène naturel favorisant plutôt une démultiplication de la classe ouvrière indépendamment des diverses nations, races ou origines. La classe ouvrière, étant une classe internationale, allait pourtant se voir dissoute dans la dite mondialisation, surtout après l’effondrement du « socialisme réellement existant » au profit d’une idéologie « humanitaire » où bourgeoisie et petite bourgeoisie posent à un humanitarisme de curé supposé démontrer que le capitalisme moderne peut intégrer diverses populations, quoique avec les mêmes règles qu’au temps de la colonisation : pour faire venir et exploiter à fond des prolétaires de pays arriérés et simples havres de matières premières pour les principales grandes puissances, sans que ces impérialismes ne s’inquiètent le moins du monde de ces pouvoirs barbares qui, finalement, servent à approvisionner en main d’œuvre soumise au chantage à la misère et à l’expulsion. On a l’habitude de critiquer les vilains passeurs et maintenant leurs collabos humanitaires, mais jamais au grand jamais les Etats corrompus et sadiques de ces zones où on puise sans vergogne la « matière première humaine ».

C’est un fait désormais : les édiles bobos et un tas d’officines secrètes (banques allemandes ?) financent des ONG crapuleuses[1]. L’origine des subventions est extraordinaire de poisse idéologique et confirmation de la commercialisation de l’humanitaire et de sa source pour des emplois payés au niveau de celui des cadres supérieurs dans l’industrie ; dont les revenus s’échelonnent entre 2000 et 4000 euros pour les matelots du sauvetage… industriel. Le PDG de « SOS Méditerranée » a le culot de déclarer : « on ne fait pas de business ! on fait de l’humanitaire et on sauve des vies » . C’est doublement faux, d’abord parce que l’humanitaire devrait rester bénévole or c’est désormais une profession, plutôt bien rémunérée et attractive oécuméniquement, deuxio le sauvetage des vies, s’il a lieu, apparaît à bien l’observer comme une mise en scène planifiée. C’est presque une sinécure avec un voyage touristique en Méditerranée qui sent l’aventure et la bonne conscience charitable. Travailler dans un bureau ? Pouah ! Sillonner les mers à la recherche de pauvres hères pour les jeter dans une autre « misère loto », c’est autrement passionnant. Les subventions aux faux bénévoles sont faramineuses, pour des emplois qui sont devenus légions et qui ont pour argument la charité servant à dénoncer la non-participation de l’Etat bourgeois :

« SOS Méditerranée se veut donc un modèle. L’association opère désormais en partenariat avec la Fédération internationale de la Croix Rouge. Elle déclare disposer de 10 millions d’euros de ressources par an. Elle est financée à 89% sur fonds privés et à hauteur de 11% par des collectivités plutôt à gauche, du conseil départemental de la Loire-Atlantique (200.000 euros de subvention annuelle) à la ville de Paris (100.000 euros récemment renouvelés), en passant par Marseille, la région Bretagne, Brest, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes, Rennes ou Strasbourg. Rien de précis en revanche sur les plus gros donateurs privés ».

Dix millions de ressources par an pour se balader en bateau, voire bronzer en attendant que les collègues passeurs viennent livrer la marchandise humaine, l’aventure c’est l’aventure avec le confort à bord et le sentiment d’être le centre du monde…charitable.

La mairie « socialiste » de Paris a fait attribuer une subvention de 100.000 euros au profit du gang « SOS Méditerranée »… les bobos entretiennent les bobos. Hidalgo s’est attirée les foudres de la méchante droite « raciste et fasciste » du fait que la municipalité bobo est endettée à hauteur de 10 milliards d’euros (une de raisons pour laquelle Hidalgo a été obligée de doubler les impôts de ses braves électeurs). Ce qui choque la droite bourgeoise ne peut nous choquer nous, en tant que marxistes révolutionnaires depuis 2017, c’est du cinéma pour se faire passer pour « internationaliste » alors qu’il ne s’agit que d’une collaboration à la mondialisation capitaliste hypocrite – qu’on ne peut expliquer par le radotage bateau du CCI (la décomposition) – mais par une mystification, avec l’attirail anti-raciste, pour éviter au prolétariat en général de penser que la boutique humanitaire n’a rien à voir avec l’internationalisme mais avec la charité bourgeoise ; penser indépendamment du « prêt à penser secouriste » la  chose qui est hérétique pour les élites de la gauche et de l’extrême gauche du capital, ou alors c’est que vous êtes un fasciste. Le jeune Marx avait dénoncé l’hypocrisie de ce genre de charité gauchiste : « la bourgeoisie prêche la charité, la miséricorde, la résignation, autant d ’obstacles à la violence et à la révolution ».

« Les principes sociaux du christianisme ont justifié l'antique esclavage, glorifié le servage du moyen âge et s’entendent également au besoin à défendre l’oppression du prolétariat malgré tous les petits airs navrés qu’ils se donnent. Les principes sociaux du christianisme prêchent la nécessité d’une classe dominante et d’une classe opprimée, et n’ont à offrir à cette dernière que le pieux souhait que la première veuille bien se montrer charitable. Les principes sociaux du christianisme placent dans le ciel le règlement consistorial de toutes les infamies subies sur cette terre. Les principes sociaux du christianisme proclament que toutes les infamies des  oppresseurs envers les opprimés sont ou bien la juste punition du péché originel et des autres péchés, ou bien l’épreuve à laquelle le Seigneur, dans sa sagesse, soumet ceux qu’ii a sauvés. Les principes sociaux du christianisme prêchent la lâcheté, le mépris de soi-même, l’abaissement, la soumission, l’humilité, bref toutes les qualités de la canaille. . . Les principes sociaux du christianisme sont des principes de cafards ,et le prolétariat est révolutionnaire... »[2]

La défense des pauvres immigrés valorisation excessive de la charité

L’aspect fallacieux de la charité a été fort bien dénoncée au début du 19 ème siècle par les saint-simoniens : « C’est donc une triste mais instructive vérité à reconnaître et à mettre à profit cette impuissance de la charité collectivement et individuellement exercée. Il est donc malheureusement incontestable que cette charité, malgré son organisation puissante, malgré les nombreuses sociétés d’assistance qu’elle a fondées, malgré l’abondance des offrandes et des legs pieux, et malgré le concours actif de la bienséance municipale ; c’est une triste et instructive vérité à proclamer bien haut, que la charité, alimentée par tant de canaux et tant de sources intarissables, ne peut pas préserver la cité qui se dit et se croit la plus civilisée de l’univers, d’avoir en son sein, à côté des merveilles d’une construction gigantesque, à côté de ses fastueux palais et de ses riches comptoirs, des populations nues et affamées, dont les privations et les souffrances extrêmes ne sont pas purement locales »[3]

La charité est héritage de la religion, qui a pour but de servir d’échappatoire à la question de la révolte sociale, un des ingrédients donc de « l’opium du peuple » La charité chrétienne n’est donc qu’une forme de perpétuation éternelle de l’ordre social en cours. Charles Fourier est plus direct :

« Il fallait à l’Économie politique un beau masque pour cacher sa vilaine figure. C’est une science qui ne parle qu’à la bourse : elle devait se former un allié qui parlât au cœur, une secte qui, réduisant les jouissances du luxe et les voluptés en actes religieux, aurait prouvé que l’amour des richesses et des voluptés est très compatible avec la probité, la charité et les passions généreuses ».

C’est chez les gauchistes des deux clans trotskiens NPA et LO que la charité bien convenue est masquée sous le discours immigrationniste le plus stupide. Ils procèdent comme dans leur vassalisation à la gauche bourgeoise en faisant passer les institutions de l’ordre bourgeois (syndicats et partis politiques) comme nécessaires à la lutte de classe. Cela est conforme à leur ancien discours charitable, sur le fond, concernant les prétendues libérations nationales. D’ailleurs leur wokisme qui se fixe férocement contre le colonialisme passé (comme le fascisme passé) sert à faire oublier leur soutien indéfectible à l’arrivée au pouvoir des pires dictateurs tiers-mondistes. Leur soutien à la « lutte des immigrés » (considérée comme une catégorie spécifique était finalement aussi une lutte charitable, et, au fond, un mépris de ces peuples sous l’exaltation formelle.

Le NPA se situe hors du combat politique et balade ses jeunes adhérents hystérisés dans une dynamique très inquisitoriale sur le plan psychologique : «… les idées racistes et nauséabondes et les politiques migratoires mortifères doivent être combattues à tous les niveaux ». Hurlant contre l’hydre « fasciste », et comme les charitables faux socialistes du 19 ème, le NPA invoque le « droit international » (sans doute pour faire internationaliste) mais hélas en fait la mafia européenne :

« L’Italie de Georgia Meloni, l’extrême droite « post-fasciste », refuse de laisser accoster les bateaux, y compris contre le droit international. Cette situation permet à la France et à l’hypocrite Darmanin, mais également à la Norvège, à l’Allemagne et nombreux autres pays de leur donner des leçons de droits humains tout en ne faisant rien ». (C’est intitulé sans rire « article de la catégorie antiraciste)

Tout en ne faisant rien, l’Allemagne en particulier ? Rigolos, la moitié des bateaux ONG sont allemands et pour cause, celle-ci a besoin de main d’œuvre à bon marché et peut compter donc sur l’appui des gauchistes français et des verts allemands !

 Lutte Ouvrière, après avoir protesté contre le sort fait aux migrants, nous joue de la flûte mondialiste : « La planète est devenue un grand village où, même sans partager la langue et la culture des femmes et des hommes vivant à des milliers de kilomètres, nous en partageons les malheurs et les espoirs. Et c’est maintenant qu’il faudrait multiplier les frontières et les rendre infranchissables ? ».

Pour sûr la bourgeoisie mondiale nous invente chaque jour de nouvelles nations, mais la dénoncer cela revient-il à appeler toute l’Afrique et au reste à venir migrer en Europe ? LO est en permanence ambigu et danse d’un pied sur l’autre, laissant penser même à un moment revenir sur le terrain de classe contrairement au cosmopolite et inconsistant NPA :« Ce sont les exploiteurs à la recherche de profits qui provoquent et façonnent les migrations. Mais tout en rassemblant et en mélangeant les travailleurs des quatre coins du monde, les capitalistes ont toujours eu pour politique de les diviser et de les dresser les uns contre les autres ».

Autrement dit, et c’est là la stricte vérité, les migrants ne viennent pas s’eux-mêmes, mais parce que les patronats leur proposent la lune et la misère avec. Or, dans son édito, Nathalie Arthaud vante le beurre et l’argent du beurre, et surtout, oublie, comme CCI et tutti quanti, que le système se sert de l’immigration non seulement comme tactique éprouvée et traditionnelle de diviser la classe ouvrière mais pour liquider toute possible renaissance du véritable internationalisme qui ne supposait pas une immigration de dépeuplement, de masses transitant dans l’affolement d’un continent à l’autre, où le système a généralisé d’immenses camps d’internement et où des centaines meurent en mer du fait des chants de sirènes des capitalistes avec les chœurs gauchistes immigrationnistes irresponsables.

« Les immigrés sont tous des travailleurs et quasiment tous les travailleurs sont des immigrés. S’ils n’ont pas changé de continent ou de pays, ils ont changé de région ou de ville. La fraternité de classe doit nous conduire à être du côté des migrants contre nos exploiteurs et nos gouvernants. Car c’est ensemble que nous aurons la force de briser les chaînes de l’exploitation ».

Tout ça c’est du bla-bla qu’on a tous répété pendant des décennies, cela reste vrai, mais vain et hors d’une réalité où la bourgeoisie ridiculise cette fraternité internationale au niveau d’une charité mondialisée.

Mais derrière cet immigrationnisme qui ne déroge pas à la bien-pensance réformiste, ces groupes, d’origine stalino-trotskiste défende un programme totalement réactionnaire, comme le rfévèlent leurs critiques à l’Etat providence. >La première ébauche de l’État providence (le Sozialstaat ou "État social") a vu le jour en Allemagne. Le chancelier Bismarck mit en place un système d’assurances sociales, afin de contrer l’influence grandissante du socialisme au sein d’une classe ouvrière en plein développement. Au 20ème siècle, par suite aux deux guerres mondiales cet Etat providence a été remis au goût du jour par les diverses factions de la gauche bourgeoise de Marchais à Mélenchon. On imagine d’ailleurs ce que ferait un tel Etat restauré face à l’afflux de migrants…

 

LA DENONCIATION DE LA CHARITE DU POINT DE VUE DES BASSES CLASSES

Les précurseurs dits utopistes, bien à tort quand on compare leurs travaux à la démagogie moderne de la gauche bourgeoise et de ses gauchistes. Le progrès industriel au 19 ème supposait d’y associer le progrès social, afin d’accroître les revenus de l’ouvrier, mais surtout à le soustraire au besoin d’assistance, à lui donner, en un mot, les moyens de se passer du secours de la charité.

Les dits utopistes, plus radicaux et peu enclins à respecter les traditions catholiques, s’approprient « l’utopie des classes inférieures ».  Saint-Simon (1760-1825) reconnaît dans son Nouveau Christianisme (1825), produit de la sécularisation de la société postrévolutionnaire par l’intermédiaire des institutions étatiques, que la charité n’est jamais réellement réalisée, les carences se maintenant, de sorte que le besoin se fasse régulièrement ressentir, afin d’assurer l’hégémonie d’une classe sur l’autre. L’Église, qui se préoccupe plus de règne temporel que de l’élévation spirituelle des foules, ne parvient pas à effacer la misère morale et sociale, si elle ne l’accentue.

Les pauvres dont parle Saint-Simon sont aussi les migrants d’aujourd’hui, avec leurs misères et leurs méfaits inévitables : « Les pauvres, étant nourris par charité, sont mal nourris ; ainsi leur existence est malheureuse sous le rapport physique. Ils sont encore plus malheureux sous le rapport moral, puisqu’ils vivent dans l’oisiveté, qui est la mère de tous les vices et de tous les brigandages dont ce malheureux pays est infesté ».

Saint-Simon reproche au clergé catholique de « sacrifier » la classe des pauvres aux laïques riches et investis du pouvoir, à condition que ces derniers consentent eux-mêmes à se laisser dominer sous tous les rapports par les ecclésiastiques, comme c’est le cas surtout, hélas, avec l’islamisme aujourd’hui.

COMMENT ECHAPPER A CETTE POISSE de charité bourgeoise ?

« Prêtres et philosophes ont distingué les bonnes et mauvaises passions, prétendant qu’en exerçant de bonnes actions, telles la charité, on peut espérer le bonheur de l’au-delà ». Charles Fourier

Pour Saint-Simon, la notion de fraternité vient se substituer à la charité, accomplissant le vœu de la Révolution française, en détournant la fraternité d’armes.  La conclusion à laquelle aboutit Saint-Simon rappelle celle de saint Paul (1Cor 1,17-25), à savoir la folie du monde :

« La société actuelle est véritablement le monde renversé. Puisque la nation a admis pour principe fondamental que les pauvres devraient être généreux à l’égard des riches, et qu’en conséquence les moins aisés se privent journellement d’une partie de leur nécessaire pour augmenter le superflu de gros propriétaires »..

Saint-Simon emploie rarement le terme de charité qu’il conçoit comme négativement connoté. En revanche, il préfère le concept d’association qui exprime mieux le lien d’interdépendance qui relie tous les composants d’un même système : si l’un des maillons est faible, cette faiblesse menace l’ensemble du système ; aussi le système a pour fonction de renforcer ses faiblesses. Le besoin de charité trahit l’imperfection de la société et l’incompétence des membres et institutions qui la composent. Une pareille attitude n’est plus tenable après 1789 car la misère des uns permettrait d’élever les autres, supposant alors dans l’humanité deux espèces distinctes, reconnaissant à l’une la légitimité à exercer son « pouvoir » de charité sur l’autre contrainte à lui être redevable, l’une dotée d’une âme supérieure et l’autre condamnée aussi à la misère morale. Pour Fourier l’indigence est entretenue par la classe dominante afin qu’elle puisse exercer sa domination maligne en revêtant le masque de la bienfaisance. Il y voit l’expression d’une « volupté » qui témoigne du projet sciemment criminel de la finance soutenue par l’Église, preuve que le Christ a bien été vendu à Mammon (Mat. 6,24) et que la société célèbre le Veau d’or. Idem pour l’islam. Fourier est génial comme le nota Marx, avec sa belle écriture il va à l’essentiel :

« Il fallait à l’Économie politique un beau masque pour cacher sa vilaine figure. C’est une science qui ne parle qu’à la bourse : elle devait se former un allié qui parlât au cœur, une secte qui, réduisant les jouissances du luxe et les voluptés en actes religieux, aurait prouvé que l’amour des richesses et des voluptés est très-compatible avec la probité, la charité et les passions généreuses. (…) La charité ! elle est impossible par l’immensité des misères que nulle aumône ne peut faire disparaître ; elle est de plus dangereuse, en causant la répugnance du travail dont le peuple est détourné quand il trouve des aumônes abondantes. Il y a de plus, impossibilité de discerner les vrais pauvres d’avec les intrigants ». (…)  « la civilisation tombe dans le ridicule et l’impuissance jusque dans ses entreprises les plus louables, comme celle de secourir l’indigent  ». Le miséreux est ainsi habitué à la paresse et à la mendicité ».

Le précepte humaniste  « ne faites pas aux autres ce que l’on n’accepterait pas pour soi-même » se solde par un échec car il perd, à long terme, autant le miséreux que la main secourable. Dans la Phalange idéale, Fourier pratique une « charité fédérale », la philosophie devant toujours se méfier des séductions de la religion car cette dernière, digne des plus hautes considérations, risque de l’entraîner dans les méandres du crime (ce qui était très anticipateur de l’islam délétère au XXI ème siècle !

Victor Considérant (1808-1893), philosophe et économiste polytechnicien fouriériste, dénoncera l’extraordinaire manipulation de la charité en approfondissant les réflexions théologiques : le dolorisme du christianisme est détourné par les chrétiens eux-mêmes qui discréditent les paroles du Christ en pratiquant une charité au nom du bien tout en concourant au mal.

Osé vous paraîtra le commentaire suivant qui ne peut accepter le migrant comme un saint, à la manière de nos religieux et inquisiteurs islamo-gauchistes !

« Si la douleur, si les souffrances, si toutes les misères nous sont imposées par la volonté absolue de Dieu […] ; si nous ne pouvons mériter auprès de lui, rentrer en grâce, et gagner notre salut éternel que par ces douleurs, par ces souffrances, et par notre résignation à les supporter […], la charité alors est une très grande inconséquence… Porter secours à votre frère qui souffre, c’est tendre un piège à sa faiblesse, c’est lui enlever des mérites, des occasions, des moyens de salut […]. Voilà les conséquences où le dogme mène ».

On a longtemps cru dans le mouvement ouvrier et révolutionnaire qu’on vivrait peu à peu un effacement des frontières, que la charité laisserait la place à la solidarité…de classe et à une fraternité universelle. Or la capitalisme décadent détruit de plus en plus ces deux vertus.

L’empathie et la solidarité altruiste ne disparaissent jamais dans les basses classes et surtout dans la classe ouvrière mais l’explosion démographique et les flux en tous sens des populations, dus surtout à l’incapacité croissante du capitalisme de réguler son système et d’aller insensiblement vers l’abîme, changent les données de l’internationalisme. La bourgeoisie s’est posée désormais en moraliste antiraciste, féministe, immigrationniste, remplaçant les idéaux universalistes de fraternité des peuples, du développement des peuples dans leurs aires d’existence et de culture respective, par un capharnaüm planétaire où tous les chats sont gris et tous les migrants des victimes du racisme et pas du capitalisme déglingué.

 

 

NOTES

 



[1] Migrants: les liaisons dangereuses entre ONG et passeurs, cet article du Figaro, qui fait florès dans les médias aujourd’hui, est encore trop gentil concernant cette collaboration entre mafia des passeurs et faux bénévoles, s’appuyant lui aussi un peu trop sur l’argument humanitaire comme cache-sexe d’une exploitation de la misère des « sans patrie » pour vivre normalement : «  Les opérations de secours, comme celle menée par l’Ocean Viking, sont accusées par l’agence européenne de contrôle aux frontières Frontex d’«influencer la planification» des réseaux d’immigration clandestine. Les associations, elles, réfutent toute collusion.  Viking, Rise Above, Géo Barents, Mare Jonio, Sea Watch 3, Open Arms Uno et tant d’autres bateaux ambulants, la flotte des ONG en Méditerranée n’a jamais été aussi étoffée. La moitié est liée à des ONG allemandes. Ces navires sont au moins une vingtaine à se répartir les interventions en mer, épousant le rythme effréné imprimé par les réseaux du crime organisé qui s’enrichissent sur la détresse humaine en mettant à l’eau, principalement depuis les côtes libyennes, des embarcations surchargées d’exilés. Avec, en toile de fond, cette question lancinante dans les pays d’accueil: les humanitaires sont-ils, sans le vouloir, les garants d’un système qui ne fonctionnerait pas aussi bien sans eux? ». Les employés du Figaro n’y comprennent rien parce qu’ils ne peuvent se situer du point de vue de classe du prolétariat car il s’agit surtout d’une campagne idéologique, pas principalement pour dénoncer l’extrême droite, mais pour faire avaler une notion pourrie, cette notion fallacieuse d » charité « internationaliste », sachant surtout que lorsqu’elle est au pouvoir la gauche bourgeoise est la plus acharnée à « défendre nos frontières ». 

J'ai écrit plusieurs  articles sur cette question de la perversion de l'internationalisme, et même sa liquidation par la bourgeoisie, lire celui-ci en particulier de 2019, même si j'ai l'impression d'analyser dans le vide et sans aucune réaction: Le prolétariat universel: LA VIEILLE LEGENDE DE L'INTERNATIONALISME (proletariatuniversel.blogspot.com)

[2] Marx et Engels, Etudes philosophiques. A ce point de vue l’islamisation mondiale a largement dépassé le christianisme. Et cf https://www.cairn.info/revue-constructif-2020-2-page-15.htm

[3] François Barthélémy Arlès-Dufour ( 1797-1872), saint-simonien et légataire universel de Prosper Enfantin.