"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 29 août 2015

QUELLES MIGRATIONS? OU LES ABOMINATIONS D’UNE GUERRE MONDIALE OPAQUE

Le livre que tout révolutionnaire devrait lire

(la manipulation bourgeoise par la psychologie des émotions, la dépossession politico-sentimentale
 des «foules» face à l'exode des "demandeurs d'asile"


«Ne pas se laisser envahir par une émotion quelle qu’elle soit, et fabriquer des émotions avec beaucoup de justesse, tels sont les secrets des parfaits menteurs».
Claudine Biland (Psychologie du menteur, p.33, ed Odile Jacob 2004)

Aux expositions de centaines et centaines de corps des "demandeurs d'asile" noyés s’ajoutent celles de cadavres réfrigérés sur terre, qui ont tenté (vainement) eux aussi au mépris de la mort de passer par la terre ferme de l’est européen pour rejoindre le prétendu Eldorado des pays du vieux capitalisme; fuite occultée des syriens chrétiens ou laïcs pour échapper à telle ou telle bande armée islamiste qui se propose de les zigouiller une fois au pouvoir. Les campagnes de culpabilisation des Etats «qui ne font pas assez» pour sauver ceux qui tentent par milliers de «se réfugier» visent psychiquement à soulever l’émotion en cachant les responsabilités de l’ensemble des dirigeants capitalistes dans les causes (militaro-impérialistes) de ces fuites éperdues; c’est un peu comme si on demandait aux habitants et gouvernements collabos de l’Europe sous la botte de Hitler de venir en aide aux millions de prisonniers dans les camps et aux juifs dans les camps de la mort. Sauf qu’en 39-45, beaucoup de choses n’étaient pas sues et qu'il n'était ni possible de faire grève ni de déclencher une quelconque révolution. On SAIT presque tout de l'horreur du monde de la guerre et de la finance aujourd’hui mais on reste pétrifié devant l’horreur et chacun de croire éternelle la politique de l’autruche, comme si la guerre mondiale rampante n’allait en reste qu’à l’exhibition du malheur et de la mort des autres. Bordiga a eu entièrement raison de dire que le fascisme a triomphé finalement en 1945. Le système démocratoc utilise les mêmes ficelles émotionnelles que décrivait en 1939 Tchakhotine. Il n’est pas jusqu’à la querelle sémantique entre les termes «migrants» et «réfugiés» - qui sert de rempart supplémentaire au mensonge christiano-impérialiste de tous ces faux-culs de journalistes - qui ne prête à se poiler en lisant l’extrait qui suivra où Tchakhotine se moque des distinctions du très limité Le Bon entre «le peuple» et «la foule». Ortiz, réac en chef de l’Huma, dit quelques vérités sous son titre provocateur («Non à «l’invasion» des migrants») en dénonçant l’arrière-salle impérialiste, mais dans un discours de fond stalino-chrétien en faisant croire à des solutions nationales de charité. Si les malheureux demandeurs d'asile en quête de refuges sont bien des «damnés de la terre», ils ne sont pas un prolétariat en constitution, mais une masse en exode de déshérités de plus en plus inintégrables au long terme qui débarquent avec une prison dans la tête (la religion) et sont destinés à servir à généraliser l’implantation de vastes camps de réfugiés en «pays riches» comme c’est la coutume depuis des décennies en pays sous-développés de la dite périphérie d’un capitalisme décadent et étouffant. Le résidu du PCF n’est toujours pas plus internationaliste que ma grand-mère n’était chanteuse de variétés, il reste un menteur sibyllin! Je n’ai point lu L’Huma protester contre la vente de «Rafales» et autres «Mirages»! Par défaut, cela ne dope-t-il pas le «produisons français»?

C'est une immigration de guerre, ou plutôt d'un exode auquel nous avons abruptement affaire, pas à ce mensonge libéral d’une simple migration de la misère (ou la version christiano-trotskienne, cette vieillerie de «réservoir de main d’oeuvre") c'est çà qu'il faut dénoncer (pas les pauvres victimes bien sûr), nous n'avons pas à réclamer des gouvernements bourgeois une mansuétude qu'ils sont incapables d'apporter (ils se la jouent compatissants et pleureuses avec leurs médias). Nous ne sommes ni chrétiens marxistes ni marxistes cyniques, ce n'est pas en pointant du doigt les drames terribles que nous contribuerons, nous les has been d’un communisme pur improbable, à conjurer le sort des victimes mais en dénonçant les guerres des impérialismes, non?
 Je m'étonne de parler dans le vide. Rapellez-vous les sixties; le mot d'ordre génial était "stop à la guerre du Vietnam" et enflammait la jeunesse du monde entier (plus que la vieillesse de la classe ouvrière)... mais désormais, en pleine ère glaciaire du regain du sabre et du goupillon, personne ne dit plus rien et masse comme individus consummérisés assistent en observateurs impuissants. Puis tout le monde s'était tu... les boat-people étant considérés comme des ... anti-communistes, tout à fait inintégrables et gérables dans leurs divers China Town!
Ce qui dégouline et fait gerber sous nos yeux est une guerre mondiale qui ne dit pas son nom, où la dénonciation de la guerre impérialiste peut passer pour caduque; en effet nous n'aurions affaire qu'à une guerre du bien contre le mal (les salauds Assad, Daesch, Poutine, etc.) et une Amerrikke blanche n'exposant plus ses soldats mais envoyant des drones... Alors le résultat va s'avérer pire qu'en 39-45: de moins en moins de soldats tués dans le "camp du bien" mais de plus en plus de civils victimes des guerres opaques de la bourgeoisie et de son incapacité à absorber, sauver ou secourir les populations sans défense qui subissent les diverses exactions des "pogromes impérialistes"! Combien de temps va durer cet exode ininterrompu vers la mort?
Quand le prolétariat mondial ira-t-il se plaindre du terrible viol psychique dont il est victime auprès du commissaire du parti au coin de la rue?

Tchaktotine nous interpelle dès le début du texte suivant - «aucune société, même animale, n’est concevable sans un certain respect de la vie d’autrui» - or ce que nous laissons faire, par notre soumission psychique aux Etats vendeurs d’armes montrent que nous sommes tombés en dessous des animaux avec le triomphe du «chacun pour soi», des divers «chacun chez soi», et d’une indifférence qui fait honte à l’humanité et même à tout ce long combat qui avait nom socialisme et «respect de la vie d’autrui».

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LE VIOL DES FOULES PAR LA PROPAGANDE POLITIQUE
par Serge Tchakhotine

... Il ne peut y avoir de doute que le point de départ de toute analyse psychologique des activités collectives humaines ne peut être autre que la constatation qu’aucune société, même animale, n’est concevable sans un certain respect de la vie d’autrui, objet d’un «tabou» formulé ou silencieusement admis. Ce tabou n’est même pas particulier à l’homme: il plonge ses racines dans l’animalité. Les faits rapportés par Sighele, qu’en Sicile, dans une révolte causée par la famine, des femmes faisant partie d’une foule, avaient arraché et avalé des morceaux de la chair humaine des corps des gendarmes tués, n’infirment pas l’existence, dans toute société, de ce tabou: nous avons devant nous, dans le cas rapporté, un comportement pathologique, dévié; quoique on ne saurait perdre de vue qu’un milieu social déterminé peut imposer toujours et partout des formes particulières aux phénomènes qui se produisent dans son sein.
La «psychologie des foules» a été souvent l’objet d’études poussées. C’est surtout Gustave Le Bon en France qui a inauguré la série d’écrits sur ce sujet, écrits qui datent déjà de plus d’un demi-siècle. Il parle d’ «âme» des multitudes là, où nous disons aujourd’hui «comportement» et mobiles. Il distingue «le peuple» et «la foule» et dit que le milieu et l’hérédité imposent à tous les individus d’un peuple, un ensemble de caractères communs, stables puisque d’origine ancestrale, mais que l’activité consciente de ces individus, rassemblés en foules, s’évanouirait et donnerait place à une action inconsciente, très puissante mais élémentaire. Le Bon, dont les idées ont fait école dans la sociologie moderne, a tendance à attribuer aux foules tous les maux dont nous souffrons, et à faire retomber sur elles toute la responsabilité des déboires de la vie politique et sociale de notre époque, qu’il nomme «l’ère des foules». Si l’on tient compte de ce que cette opinion a été émise vers la fin du siècle dernier, où l’allure des événements, comparée au dynamisme de nos jours, laisse apparaître l’époque en question comme une période de stagnation, on n’est guère persuadé que l’opinion de Le Bon ne lui ait été dictée par un parti pris et par une exagération de l’influence réelle que l’activité des foules peut avoir sur la vie des Etats. Il y a aussi une confusion des notions des diverses catégories des collectivités humaines. En effet, il paraît aujourd’hui puéril de mettre sur le même plan une foule qui procède à un lynchage, une armée défilant à une parade et une séance de la Chambre des Communes en Angleterre. Seul un certain affolement d’esprit, peut justifier la phrase suivante de Le Bon: «D’universels symptômes montrent, dans toutes les nations, l’accroissement rapide de la puissance des foules. L’avènement des foules marquera peut-être une des dernières étapes des civilisations d’Occident, un retour vers ces périodes d’anarchie confuse, précédant l’éclosion de sociétés nouvelles». Il est vrai que déjà Platon, dans sa «République» disait que le pouvoir des foules est une ivresse qui prépare fatalement le triomphe de quelque tyrannie.
Mais ce qui caractérise, en vérité, l’époque où nous vivons, est plutôt une décroissance de l’influence réelle des collectivités sur la vie publique; elles deviennent plutôt des instruments dociles entre les mains des dictateurs et même des usurpateurs, qui, en utilisant d’une part, une connaissance plus ou moins intuitives des lois psychologiques, et d’autre part, disposant de formidables moyenstechniques que leur donne aujourd’hui l’Etat moderne, et ne se laissant freiner par aucun scrupule d’ordre moral, exercent sur l’ensemble des individus composant un peuple, une action efficaceque nous avons présentée ici comme une sorte de viol psychique. Il est naturel qu’ils soient obligés, de temps à autre, d’avoir recours à des manifestations bruyantes, où ils exploitent et déchainent les forces inhérentes aux foules; par exemple, les parades militaires à grand fracas, des exhibitions spectaculaires, comme les Congrès de Nuremberg de Hitler, ou les harangues de Mussolini du haut de son balcon. Et cela s’explique très simplement: nous avons vu plus haut, qu’un réflexe conditionné, s’il n’est pas de temps à autre «rafraîchi», c’est à dire accompagné d’un réflexe absolu, perd de son efficacité; lorsque l’on emploie comme méthode de gouvernement la méthode psychique (cf. comme «l’antiracisme de gouvernement», note de JLR), la force des symboles agissant sur les 9.10ème des masses, c’est à dire la force agissante des ordres impératifs sur les suggestionnés, sur les «esclaves psychiques», s’évanouit peu à peu, si on ne touche pas périodiquement les cordes, que la peur ou l’enthousiasme sont capable de faire vibrer chez eux. C’est pourquoi l’art de gouverner des dictateurs (et des démocraties, note de JLR) comprend toujours deux formes ou phases essentielles d’action: I. r    rassembler les masses en foules, les impressionner par un coup de fouet psychique, en les haranguant violemment et ne leur faisant percevoir en même temps certains symboles - clefs de leur affectivité -en ravivant chez eux la foi en ces derniers; 2. disperser de nouveau ces «foules», en les transformant en «masses», et les faire agir pour un certain temps, en les entourant de tous côtés par les symboles devenus de nouveau agissants.
En France, les idées de Le Bon ont rencontré une opposition véhémente de la part de Durkeim et de son école sociologique, qui se sont dressés contre la tendance psychologique de Le Bon. Selon Durkheim, la foule n’est pas un phénomène primitif, présocial, elle est plutôt une société in statu nascendi (en train de naître). Ce qui caractérise une société évoluée, est sa structure sociale fixée (les institutions), qui exclut la foule, privée de cette structure. Enfin, selon Durkheim, l’idée de Le Bon sur l’influence des foules sur la vie social, est exagérée: les faits capitaux de la vie de la société ne trouvent pas leur solution par des coups brisques et tragiques dans la rue; ces derniers ne peuvent que renforcer les mouvements de la société même, qui y sont déjà à l’état latent.
Des courants sociaux exercent une pression sur l’individu qui se transmet aux masses. Cette pression s’exerce ainsi du dehors, mais là où il y a formation de foules, la pression peut avoir le caractère plus primitif des instincts (à base de pulsions). Durkheim repousse l’idée d’un psychisme collectif qui se manifesterait dans la foule. Dupréel arrive à entrevoir la nécessité de distinguer les foules et les masses, qu’il nomme «les foules diffuses».
Si l’on suit les idées de Le Bon, on voit que ce qu’il dit de la «domination» des foules dans la vie moderne, n’est aucunement applicable aux pratiques des dictateurs, mais on constate qu’il vise à frapper surtout l’idée démocratique, en insinuant que les assemblées, souvent houleuses, irréfléchies, «chaotiques», imposent des solutions, des actes visiblement irrationnels, qui aggravent parfois les difficiles situations politiques, au lieu d’y remédier. Un peu de vérité réside dans cette affirmation. Mais, à notre avis, c’est justement le cas d’une révolte des masses contre une oppression psychique qui devient intolérable, c’est une réaction saine qui précède une vraie révolution, ou qui se manifeste à ses débuts. La «masse diffuse», passive, soumise, devient «foule», qui passe plus facilement à l’action: elle est agitée et donne libre cours à ses passions, si celles-ci ne sont pas freinées et canalisées par un tribun, un homme qui, en conformité lui-même avec les aspirations de la foule, sait exploiter les forces déchaînées et les diriger vers un but qui renferme le salut. C’est précisément la tâche des vrais meneurs ou chefs de l’humanité, en ces périodes de fermentation et de révolte plus ou moins consciente des âmes, de savoir utiliser les énergies qui se déchaînent, pour aboutir à des situations, d’où l’on voit se dessiner les horizons lumineux de l’avenir de l’humanité, émancipée aussi bien de l’esclavage matériel que de l’esclavage psychique. Ce sont alors de vrais prophètes  de temps meilleurs».







BIOGRAPHIE (1883-1973): Né en 1883 en Turquie, Tchakhotine entame sa scolarité à Odessa (actuelle Ukraine) avant de rejoindre l'université d'Heidelberg où il soutient, en 1908, une thèse de doctorat portant sur le statocyste des hétéropodes (biologie). Menchevik1, il s'oppose à la Révolution d'Octobre, il devient, pendant la guerre civile russe, le conseiller à la propagande du général Piotr Krasnov des armées blanches anti-bolchéviques, avant de s'exiler en Allemagne et de se mettre au service du SPD.

En 1930 Tchakhotine est chercheur invité à Heidelberg au sein de l'institut Kaiser-Wilhelm qu'il quitte en avril 1933 pour s'exiler d'abord au Danemark, puis en France. Il fait également un séjour en Italie, à l'institut de pharmacologie expérimentale de l'université de Messine. Durant cette période, Tchakhotine conserve une grande influence en Allemagne où il reste l'idéologue en chef du Front de fer qui s'est organisé autour du SPD et de la confédération générale des syndicats pour s'opposer au nazisme. En 1932, avec le chercheur et politicien Carlo Mierendorff (de), il invente la figure des trois flèches (en) qui devient le symbole du Front d'airain (1931-1933). Trois flèches, dont il théorise l'usage dans Le Viol des foules par la propagande politique : mises sur un mur après ou avant un autre symbole (par exemple une croix gammée) censé les rayer, on voit dans les deux cas le symbole de l'autre camp rayé par ces trois flèches, et non l'inverse. En France il participe à l'élaboration de la propagande du Front Populaire en collaboration avec Marceau Pivert, mettant notamment en scène les meetings et les films de la SFIO2.

En 1958, Tchakhotine retourne en URSS, menant ses recherches dans différents instituts au sein de l'Académie des sciences notamment à Leningrad, puis à Moscou. Par la suite, il vit dans plusieurs pays d'Europe, restant un adversaire convaincu à la fois de la révolution russe, du fascisme et du nazisme, combat pour lequel il met en application ses propres théories.

Ami d'Albert Einstein et d'Ivan Pavlov, dont il expose et utilise les théories psychologiques dans Le Viol des foules par la propagande politique, il est considéré comme l'un des inventeurs des méthodes de la propagande moderne et l'un des premiers théoriciens de la psychologie des masses à la suite des travaux du français Gustave Le Bon.

Sur le blog de Huyghe on trouve d’intéressantes précisions:

Viol des foules...

"La période de l’avant-guerre se clôt par un ouvrage au titre inoubliable « Le viol des foules par la propagande politique » de Serge Tchakhotine (1883-1973). Le titre vaut mieux que le contenu qui, avec le recul du temps, paraît singulièrement daté (il est écrit en 1939), ne serait-ce que dans ses références scientifiques.
Tchakhotine se veut en effet un disciple de Pavlov, l’homme du réflexe conditionné. Tout le monde connaît le fameux chien qui, habitué à recevoir de la nourriture lorsque retentit le son d’une cloche, est rapidement conditionné à baver dès qu’il entend la cloche, même si aucun repas ne suit. Un schéma que les pavloviens appliquent à l’homme en qui ils voient une créature sans intériorité, pur produit du conditionnement exercé par leur environnement.
À certains égards, le pavlovisme n’est pas très différent du béhaviorisme et de son schéma stimulus-réponse : il n’y a pas de nature humaine – nous sommes tous des pages vierges sur lesquelles s’inscrit le texte venu du monde extérieur. Tout ce que nous sommes est le résultat de l’apprentissage. Tout ceci n’est pas sans conséquences politiques. Le béhaviourisme connaît un grand succès aux U.S.A., à la fois comme science « purement américaine », dont le pragmatisme s’oppose aux complications de la psychologie européenne plus littéraire et comme message optimiste : si les hommes sont le produit de l’environnement, c’est qu’ils sont au départ foncièrement égaux et qu’ils peuvent toujours être améliorés. Quant à Pavlov, il va devenir le psychologue officiel de l’U.R..S.S. et sa théorie du réflexe, la science orthodoxe conciliable avec le marxisme : en effet, si l’homme peut être ainsi conditionné, rien n’empêche d’espérer produire l’homme nouveau promis par le socialisme, débarrassé des tares de la psychologie bourgeoise. Vision à laquelle adhére entièrement Tchakotine : après avoir été un praticien de la propagande social-démocrate face à celle du NSDAP, il se réfugie en URSS et chante la gloire de Staline.

En dépit de ses simplifications théoriques et de ses compromissions idéologiques, Tchakhotine reste pourtant un auteur incontournable sur la question, ne serait-ce que par la manière dont il a contribué à répandre la peur d’une propagande toute-puissante qui permettrait demain aux minorités de dominer les foules hypnotisées, en s’adressant « directement à leur inconscient » et en profitant de leur suggestibilité.
Quelle est la théorie qui explique ainsi le conditionnement des masses par le slogan et l’image ? Elle repose sur l’idée d’association. Nous sommes mus, dit en substance Tchakhotine, par quatre pulsions fondamentales : combative, alimentaire, sexuelle, parentale d’où découlent toutes les réactions humaines. La propagande consiste à créer à travers des symboles, si possible simples, visuels, répétitifs, faciles à interpréter, un équivalent du réflexe conditionné. Ce n’est plus l’objet réel (repas, partenaire sexuel, enfant à protéger, adversaire à vaincre) qui sera désiré par le sujet, mais l’objet imaginaire qui lui a été substitué. Ainsi, la pulsion maternelle est comme redirigée vers le parti national-socialiste au fur et à mesure que le sujet est exposé à des affiches montrant une mère et son enfant blond associés à la croix gammée.
À partir de ce schéma de base – l’inconscient manipulé par des symboles – Tchakhotine retrace une histoire terrifiante des symboles efficaces, montrant comment la propagande qui fait le moins appel à la discussion et à la raison et qui recourt le plus aux logos simples, slogans répétitifs et emblèmes évidents est souvent la plus opérante.
Foules hypnotisées, foules violées (le propagandiste tenant ici le rôle du mâle brutal face à la foule femelle et passive), ère des masses, robots psychiques, véritables « chiens de Pavlov » conditionnés sans le savoir : toute une mythologie terrifiante s’est mise en place qui fait de la propagande l’arme absolue d’une Histoire faite par les minorités.

mardi 25 août 2015

AFFLUX DES MIGRANTS ET Relativité HISTORIQUE


 Suivi de : POURQUOI L'EUROPE ET LE PROLETARIAT DEVRAIENT-ILS AVOIR HONTE?



Les milliers de migrants partis de Grèce pour les prétendus Eldorados anglais et allemand font l’objet depuis des mois et de plus en plus d’un traitement intensif par les médias, mais au ras des pâquerettes, avec la double perversité de les faire plaindre (nombreuses noyades en mer et violences des policiers) mais aussi d’attiser préjugés et peurs exagérées de l’étranger («africanisation de l’Europe», envahissement de l’islam, etc.). Dans le même sens que mon article de juin («Derrière le voile et sous l’immigration actuelle: la dissolution du prolétariat) je m’efforcerai cette fois-ci de placer la question au niveau historique en rapport avec la gabegie et l’incurie capitaliste, voilées sous le masque humanitaire et antiraciste, inconséquences révélées par le développement des guerres mystifiées entre grande puissances et impasse croissante de la crise économique; avec un nouveau krach mondial qui se profile.
En 2003 on dénombrait environ 11 millions de réfugiés dans le monde, soit environ 0,17% de la population mondiale (6,3 millions d’habitants de la planète terre). On dénombrait par contre 175 millions de migrants, soit 2,8 % de la population mondiale!
La majorité des réfugiés se trouvent en Asie et en Afrique. Ce sont les pays pauvres qui accueillent la majeure partie de ces populations fragiles et démunies.
Quelques stats:
- en mai 1945 l’Europe comptait plus de 40 millions de personnes déplacées,
- fin des années 1950, la décolonisation de l’Afrique provoque des millions de déplacements,
- années 1970: boat-people...
- années 1980: affrontements entre grandes puissances par Afghanistan interposé...
- années 1990: réapparition des réfugiées européens avec l’éclatement de la Yougoslavie.

Les pays pourvoyeurs de migrants suite aux guerres internes et externes: Soudan, Erythrée, Angola, Libéria, Somalie, Burundi, Congo, etc. Les guerres, attisées par les impérialismes en lice et les guerrillas locales feront passer la pauvreté absolue dans ces régions de 315 à 404 millions (peu importe comment sont avancés ces chiffres) mais c’est équivalent à une guerre mondiale dans la mesure à 40 millions de personnes subiront la famine dans les dix années à venir.
Deux décennies de guerre puis de guerre civile, consécutives à l’intervention russe en Afghanistan en 1979, ont poussé plus de six millions d’Afghan à quitter leur pays pour se réfugier principalement au Pakistan et en Iran.

La première grande vague d’immigration pour la période moderne a lieu lors de la première révolution industrielle au milieu du XIXe siècle. Le capitalisme en développement a besoin de bras, de chair fraîche, et son industrie a faim de prolétaires taillables et corvéables, enfants comme femmes. En ce sens ce capitalisme jeune est ouvert au brassage des populations et même progressiste puisqu’il permet au socialisme de devenir internationaliste. Par contre la deuxième vague d’immigration, si elle a lieu pendant et après une première guerre mondiale très barbare, ne fait pas appel à une croissance d’un prolétariat à vocation internationaliste, mais aboutit à réquisitionner femmes et colonisés pour ses destructions de guerre, et pour un fordisme visant à cloner le prolétaire comme consommateur. Quand en 1917 la France bourgeoise accueille à bras ouverts les russes blancs ce n’est pas pour renforcer le prolétariat; alors que par contre de nombreux juifs d’origine russe et d’italiens d’origine italienne, laïcs convaincus, contrairement à la majorité des maghrébins de nos jours, s’identifient complètement à la classe ouvrière, fondent ou participent à la création de syndicats et du parti communiste.
Dans les années 1930 les travailleurs étrangers employés en France sont à 90% d’origine européenne. Malgré une sale période de remontée vers la guerre mondiale les divisions ethniques ne peuvent être utilisées par le capitalisme, et les rivalités d’origine face au marché du travail restent secondaires; l’antisémitisme reste aussi marginal, contrairement aux affabulations des mercenaires du bourrage de crâne actuel, Joffrin et Cie, jusqu’à la deuxième moitié des années 1930. Ce n’est pas un antiracisme qui est à la mode mais l’embrigadement derrière l’antifascisme, pour mieux entraîner les ouvriers de tous les pays dans la reprise de la guerre mondiale.

DEBLAYER LE FATRAS IDEOLOGIQUE DE L’ENTRE-DEUX GUERRES

On parle beaucoup des migrants juifs obligés de fuir les pogromes de la Russie tsariste après l’assassinat du tsar Alexandre II en 1881 (alors qu’il n’y avait qu’un juif parmi les conjurés), mais en oubliant de préciser qu’ils étaient d’abord les premières victimes d’une situation économique désastreuse. Cette hémorragie de population se poursuit même après la révolution de 1917 (en particulier lors de la famine de 1921), mais ne concerne plus exclusivement les juifs. Les émigrés de cet entre-deux guerres appartenaient aux classes les plus diverses de la société russe; on y trouvait aussi bien d’anciens militaires que des représentants de l’élite administrative de l’empire, des notables urbains. Les immigrants paysans constituaient seulement le tiers de ces arrivées en France, comme l’explicite Catherine Gousseff (cf. L’exil russe). Cet afflux d’immigrés russes hétérogènes - anti-communistes primaires et dont beaucoup ont fui pour ne pas être embrigadé dans l’armée dite rouge - ne risquait en rien de propager la révolution bolchevique en France!
Déjà, plus que les pogromes, c’est la guerre capitaliste qui est la principale pourvoyeuse d’exilés, et surtout on a la mise en évidence que l’immigration n’est plus une nécessité industrielle en premier lieu, mais est la conséquence de déplacements massifs de populations consécutif au redécoupage des frontières après-guerre.

Contrairement au laxisme qui prévaut aujourd’hui avec des institutions européennes empotées, le caractère massif de cette émigration mène les Etats européens de l’époque (nota bene: pas encore inféodés à plus grandes puissances qu’eux) à créer en 1920 un Bureau d’information et d’enregistrement des réfugiés russes, puis en 1921 du Haut commissariat aux réfugiés russes, qui défendit une politique d’aide au retour en URSS.
Sous couvert de l’hypocrite tradition d’accueil républicaine, la bourgeoisie française est en réalité très contente:
1. d’accueillir des réfugiés anti-bolcheviques
2. de récupérer les «cadres» (comme les pieds noirs en 1962) pour faire suer le burnous aux inférieurs qui répondent aux besoins de main d’oeuvre primaire de l’économie française en reconstruction.

Et, comme la politique perverse à Calais des complices bourgeoisie anglo-française, l’ouverture «républicaine» répondait à la loi de l’offre et de la demande: lorsque le marché de l’emploi ralentissait, le gouvernement diminuait le nombre des attributions de statut de réfugié; en collaboration avec le Bureau International du Travail, l’Etat français procédait à une sélection des exilés, veillant à les répartir selon les secteurs d’activité et sur le territoire national (croit-on que c’est différent de nos jours?). La carte industrielle de l’époque permettait une forte assimilation de cette population étrangère, de plus d’obédience chrétienne.

Phénomène accru et mis en relief comme conséquence de la Première Guerre mondiale, l’élaboration du statut de réfugié a pris une dizaine d’années, sous l’égide de la Société des Nations de 1922 jusqu’à 1933. Ce phénomène dépasse chaque Etat, aucun ne peut le résoudre seul puisque le réfugié est la conséquence de l’impérialisme de tous. A l’initiative du Dr Nanzen est créé le premier organisme international chargé de s’occuper des réfugiés: le Haut Commissariat de la Société des Nations, à partir de 1921, chargé de s’occuper des réfugiés russes blancs, des arméniens, des bulgares, des turcs, des grecs. Commissariat modeste puisque ne comptant en 1939 que onze employés et un faible budget. Ce n’est qu’à la fin de son existence (en tant que Comité Intergouvernemental pour les Réfugiés) qu’il commencera à participer activement à l’organisation de l'émigration de masse des réfugiés.
En 1945, les armées alliées trouvent en Allemagne environ dix millions de personnes déplacées et de réfugiés, originaires de tous les pays occupés par l’armée allemande (pour contribuer à l’effort de guerre de l’économie allemande pas pour le plaisir d’être prisonniers), y inclus les milliers qui avaient fui les massacres de l’armée «rouge». Ces armées organisent donc au pied levé hébergement et nourriture de ces millions de réfugiés, en attendant leur rapatriement. 9 millions rentreront chez eux entre 1944 et 1947. Mais il en restait tant, juifs persécutés, républicains espagnols, etc., qu’il fallut créer un organisme temporaire qui donnera naissance ultérieurement en 1946 à l’Organisation Internationale pour les Réfugiés (L’OIR).
Cet organisme exercera la protection juridique et l’assistance matérielle aux réfugiés européens jusqu’en 1951. Il se heurta aussi à l’époque aux désirs de plusieurs centaines de milliers de réfugiés qui ne pouvaient ni ne voulaient se fondre dans la «communauté nationale», sans être pour autant internationalistes.
L’OIR n’a pas mission de s’occuper des «néo-réfugiés», c’est à dire des millions de réfugiés du reste du monde. Elle n’a pas le droit de s’occuper des dix millions réfugiés allemands, ni des millions de réfugiés de l’Inde et du Pakistan, ni des 700 000 réfugiés arabes obligés de quitter la Palestine. Elle est accusée d’avoir organisé et financé une grande partie de l’émigration juive vers la Palestine. Dans son bilan d’octobre 1950, Pierre Jacobsen définit les quatre rubriques obligatoires pour ce type d’organisme humanitaire: assistance matérielle, rapatriement, réétablissement, protection juridique. L’OIR a permis de «caser» un nombre important de réfugiés dans l’économie allemande en reconstruction et à réadapter des hommes détruits par des années de promiscuité dans les camps de prisonniers et de réfugiés; il souligne le succès de ce travail qui confirme en outre «la vitalité et le caractère profondément sain des réfugiés». P.Jacobsen ne cèle pas les logiques des quatre rubriques:
- le rapatriement, le retour au pays, est la tâche première et essentielle;
- le réétablissement : autrement dit l’établissement sur place, il n’est possible «que dans un nombre limité de cas», il ne saurait par ailleurs être question de faire émigrer de nouveau ceux qui sont «en voie d’assimilation» ou «définitivement établis». Il fallut pousser à l’émigration hors d’Allemagne du plus grand nombre possible de réfugiés: «pour des raisons politiques car les réfugiés constituent une menace pour la tranquillité, l’ordre et la paix, pour des raisons morales, car ils ont souffert pour beaucoup de l’Allemagne et ne peuvent admettre d’y rester et, pour des raisons démographiques et économiques par que l’Allemagne de l’Ouest, surpeuplée, se relevant à peine des ruines de la guerre, n’est pas en mesure de les absorber.»
L’OIR a réussi de plus à faire accepter: «... par les pays d’immigration qui pendant la durée de la guerre n’ont pratiquement pas reçu d’immigrants, des réfugiés à la place de leurs immigrants traditionnels; cette immigration porte essentiellement sur des personnes valides, d’un intérêt immédiat, aux points de vue économique et démographique».
Mieux encore, à l’encontre des pays d’immigration qui ne veulent accepter qu’une main-d’oeuvre jeune et en bonne santé et sans famille, l’OIR a rendu plus libérales et plus humanitaires les conditions d’entrée pour ceux qui sont classifiés «groupe résiduel». Par exemple, en France Les Petites Soeurs des Pauvres ont offert d’héberger jusqu’à la fin de leur vie 1000 vieillards choisis parmi les plus déshérités d’Allemagne, d’Autriche et d’Italie. La Norvège a pris la presque totalité des aveugles et le gouvernement d’Israël les cas les plus difficiles (tuberculeux, fous, etc.). Enfin, l’OIR a créé un service de placement chargé de provoquer des offres d’emploi pour tous ceux qui ne peuvent être acceptés par les voies normales, en particulier les intellectuels qui : «de tous les réfugiés rencontrent le plus d’obstacles pour se faire une vie nouvelle».
- la protection juridique : la quasi-unanimité des réfugiés rejetant la protection diplomatique de leur pays d’origine, il convient qu’ils jouissent des mêmes droits que les nationaux (à l’exception des droits politiques).
Les créateurs de l’OIR pensaient que la question des réfugiés ne se poserait plus avec autant d’acuité à l’avenir, tout en restant méfiants. En tout cas, en lisant le résulat probant de leur travail, j’ai envie de dire qu’ils pourraient donner bien des leçons d’humanité et de réalisme aux internationalistes rêveurs.

Peu avant la dissolution de l’OIR, en décembre 1950, et avec des pouvoirs plus étendus, est créé L’Office du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, agence qui a pour mandat de coordonner l’action internationale visant à protéger les réfugiés dans le monde entier, de garantir à toute personne asile et refuge sûr dans un autre Etat, avec option de retourner chez elle de son plein gré. En France est créée en juillet 1952 la Commission des recours des réfugiés, qui deviendra Cour nationale du droit d’asile, rattachée en 2009 au Conseil d’Etat (elle est connue sous l’appellation d’OFPRA: Office français de protection des réfugiés et apatrides, régit par une mafia d'anciens notables de pères en fils, le cul sur deux chaises, soutenant telle ou telle ethnicité ou nationalité contre une autre (cf. la thèse de Karen Akoka: la fabrique des réfugiés de l'Ofpra (1952-1992).
La Convention de Genève définit la notion de réfugié:
«Le terme de réfugié s’applique à toute personne craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques».
Le champ de protection est limité dans le temps colonialiste en France: les événements doivent être antérieurs au 1er janvier 1951. Il est limité dans l’espace: lorsque la bourgeoisie française ratifie cette convention en 1954, elle choisit d’en restreindre l’application aux ressortissants des pays d’Europe!

L’EXPLOSION DE LA CRISE MIGRATOIRE après la big crise économique de 1975!

En 1971, la bourgeoisie française a du revoir sa copie sous pression américaine et éliminer toute borne temporelle ou géographique. Jusqu’à la fin des années 1970 c’est l’engorgement, et cela s’accroit dans les années 1980; en 1984 un requérant asperge le personnel de l’OFPRA de gaz lacrymogène (en 2015 en Suède, un migrant éconduit a poignardé une mère suédoise et son fils... mais nombre d’agressions sont tues car soit elles aggravent la paranoïa publique soit et/ou elles révèlent une détresse inouïe chez les sans-patrie). En 1990, explosion des recours mais la juridiction parvient à traiter 120 000 requérants, qui auront poireauté en moyenne deux mois et demi...
L’asile politique est plus facilement accordé que l’asile économique. Les épreuves subies par les réfugiés entrainent aussi des troubles mentaux nombreux. L’association Françoise et Eugène Minkowski est créée au début des années 1960 permettant la consultation pour la santé mentale des migrants; 1964: consultation pour les espagnols; 1965: consultation pour les portugais; 1972: pour les pays du Maghreb; 1975: pour ceux d’Afrique noire, du sud-est asiatique; 1979: pour les turcs.
En 1949 a été créé l’UNRWA, Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palsetine dans le Proche Orient. On compte plus de 4,4 millions de réfugiés palestiniens enregistrés. Les services de l’UNRWA couvrent:
- l’enseignement primaire et préparatoire,
- la formation professionnelle et technique,
- l’ensemble des soins de santé primaires, y compris la santé de la famille,
- l’aide en cas d’hospitalisation,
- l’hygiène du milieu dans les camps de réfugiés,
- les secours aux ménages particulièrement nécessiteux,
- et la promotion sociale des femmes, des jeunes et des personnes handicapées.

DANS LES CAMPS DE REFUGIES DEUX CLASSES COMME DANS LES CAMPS NAZIS

Cela fait quarante ans que l’on assiste à la misère des bantoustans palestiniens, et que, pour toute promotion sociale on n’a eu que des mitraillettes (européennes, russes ou allemandes à leur fournir comme outil de travail). Des camps de réfugiés améliorés sont envisagés comme «l’hébergement en appart partagé», afin de «permettre la mixité culturelle, pallier aux méfaits de l’isolement et diminuer la dépendance communautaire» (sic).
Si l’on en croit les bébés onusiens ou européens tous les camps de réfugiés du monde seraient des «gisements d’emplois»; le sigle petit nègre CERF (conseil emploi réfugiés formation) accouché par les technocrates européens en 1999 servait à promouvoir une politique de «définition de projets professionnels et d’accès à l’emploi», pour faire bénéficier un plus vaste publique de son expertise (sic)»; laquelle expertise est:

«Les 5 métiers favorisant particulièrement l’accès des réfugiés statutaires à un premier emploi (qui) sont les suivants: agents de surveillance, aide à domicile, agent d’entretien, aide cuisine, employé libre-service».

L’Eldorado européen dans toute sa splendeur, vous voyez! Et c’est pour ces métiers de merde que ces pauvres gens (la classe d’en bas pas le bobos qui peuvent se payer l’hôtel) auront risqué leur vie? Métiers régis souvent au black! Dans son rapport du 18 mai dernier à Genève, l’OIT a déclaré que le salariat ne représente plus que la moitié de l’emploi dans le monde, où les statistiques sont en général truquées comme aux Etats-Unis où le milliardaire Donald Trump n’a pas hésité à ridiculiser les chiffres du chômage, en y ajoutant (comme parasites) les étudiants et les retraités (ce qui n’est pas faux). Pour l’OIT, en dépit des promesses de rajeunissement de la vieille Allemagne par de jeunes et fringants syriens (800.000 prévus cette année) le chômage qui atteignait 201 millions de personnes dans le monde de 2014, devrait bondir un peu plus, mais c’est la faute au ralentissement économique de la croissance plombée à 3%, même si n’était pas encore prise en compte la bulle chinoise favorisée par les ambitions de propriété privée de leurs millions de petits bobos. L’OIT reconnaissait que 52 millions d’emplois domestiques dans le monde sont sans protection sociale; et c’est ce qui attend les migrants en Angleterre et en Allemagne.

Pas tous les migrants car, comme l’ont remarqué en passant certains médias (pas Libé-Rotschild ni Rue 89, ni Médiapart), il y a ceux qui ont les moyens de dormir à l’hôtel et ceux qui traînent une tente Décathlon. Dans les camps de l’Allemagne hitlérienne il y avait ceux réservés au travail des prolétaires, et ceux réservés aux officiers.
Les autorités des pays «d’accueil» ont également d’étranges sollicitudes pour certains mais pas pour d’autres. Par exemple les syriens obtiennent plus aisément le droit de passage; lesquels syriens ne sont même pas les bobos ingénieurs dont parlait Le Monde mais de vrais bourgeois propriétaires terriens dont un des clans pétroliers américains saura se servir en temps utile comme plénipotentiaires intermédiaires avec les Etats de la région. La bourgeoisie française qui a armé les djihadistes contre Assad a réaffirmé sa volonté d’éliminer le clan Assad par la bouche de Hollande (et son supplétif Filliu). Mais des discussions ardues sont en cours (bien loin de la culpabilisation de l'Europe égoïste) - Poutine ayant menacé de faire de la Syrie son nouveau Stalingrad - et la bagarre entre clans pétroliers US a aussi pour but d’empêcher l’Iran de livrer son pétrole en Méditerranée. Daesch n’est qu’un des bras armés d’une fraction US.
Dans tous les cas, la question des migrants, comme de l’immigration en général, est traitée de façon à diminuer un peu plus la classe ouvrière autochtone, insultée comme raciste, traitée comme indifférente aux malheurs de «réfugiés» pourtant culbutés et jetés à la mer par les canailles bourgeoises coalisées dans la leçon de morale.

POURQUOI L’EUROPE DEVRAIT-ELLE AVOIR HONTE?

Pourquoi cette campagne «honte à l’Europe» qui n’assume pas son «quota» de migrants, qui fait preuve d’un égoïsme incommensurable? Et voyons qui sont les accusateurs moralistes: Merckel la prude, le caméléon Kouchner qui «a honte de l’inaction de l’Europe, Libé Rotschild, Haski pape de Rue 89, le journaleux Quatremer l’ONU qui «dénonce la banalisation du discours haineux en France», le commissaire européen récemment nommé le grec Dimitris Avramopoulos a fait acte d’allégeance à l’indignation élitaire contre «l’Europe forteresse», à l’unisson des relais pétitionnaires du marais bobo-écolo Karima Delli et Cie, les anars de base et les curés (notons que les groupes gauchistes et ultra-gauchistes restent très laconiques affichant une simple protestation humanitaire quant à cette «leçon de morale» des puissants à tous les «beaufs» européens, surtout français et autres «rouges-bruns» qui freinent les ardeurs américanophiles).
L’oubli est toujours de mise lorsqu’on vous stigmatise, vous en perdez votre latin ou votre grec, mais durant les années 1980, les groupes de résistants armés islamiques et afghans, contre «l’empire communiste», utilisaient des villages de réfugiés au Pakistan comme bases militaires, et y recrutaient. Ils étaient soutenus pour la bourgeoisie américaine, unie pour une fois derrière son Etat durant la fin de la guerre froide, et leurs vassaux alliés et certains pays islamisés (que vous connaissez sans nul doute) qui ont la réputation de dépenser sans compter aide financière et matérielle aux chômeurs islamistes. Les généreux donateurs fermaient les yeux sur la présence de ces chômeurs armés dans les camps de réfugiés, malgré un détourneent substantiel de l’aide humanitaire. La confrontation impérialiste et la guerre des blocs s’asseoient sur toutes les aides humanitaires universelles. Jamais les villages afghans n’ont été démilitarisés. Du coup lors des affrontements «inter-impérialistes», qui allaient se solder par la défaite russe, de nombreux réfugiés-otages seront tués sans que ni les Etats-Unis ni la Russie ne soient couvert de honte par la «communauté internationale»!
En 2002, le retour de plus de deux millions d’afghans (ex-réfugiés donc) à la suite de l’intervention US contre les tarés taliban et Al Qaïda, a représenté le plus grand rapatriement de réfugiés depuis 1945.
L’implosion de la Yougoslavie provoquée par la bourgeoisie allemande (honte à elle!) a provoqué la plus grave crise de réfugiés en Europe depuis la dernière boucherie mondiale. Mitterrand s’est couché devant Kohl, et personne n’a reproché à l’Allemagne de n’avoir accepté de recevoir aucun des milliers de cadavres de Srebrenica... Après la paix de 1995 plus de la moitié des 4,4 millions de citoyens de Bosnie-Herzgovine sont déplacés... et seulement 345 000 en Allemagne. Rien n’a été fait pour empêcher la «purification ethnique» alors qu’on s’autorisait vertueusement à laisser construire un monument en souvenir de la Shoah en plein Berlin.
Le 24 mars 1999, sans l’autorisation préalable du Conseil de sécurité de l’ONU, l’OTAN déclanche des frappes aériennes sur la Yougoslavie pantelante, y compris le Kosovo. Environ 800 000 kosovars s’enfuient. Variante du «partage de la charge», les réfugiés sont éparpillés un peu partout dans des camps de la misère. En temps de guerre, l’action humanitaire est aussi une méthode de guerre et ledit secours matériel alimente l’économie de guerre.

TOUS CES MORALISTES PRETENDUS DEFENSEURS DES MIGRANTS OU DES REFUGIES, POUR QUI SE PRENNENT-ILS? NOUS NE SOMMES PAS RESPONSABLES DE LEURS GUERRES! QU’ILS CESSENT D’ATTISER LES CONFLITS GEOPOLITIQUES ET PETROLIERS! QU’ILS CESSENT LEURS VENTES D’ARMES! ET LEURS SUPPLETIFS ECOLOS CES RIGOLOS QU’ILS CESSENT DE SA CACHER DERRIERE DES PLEURNICHERIES HUMANITAIRES ET QU’ILS DENONCENT LES CAUSES MILITAIRES DE LA FUITE EPERDUE DES POPULATIONS AU LIEU DE SE LA JOUER CROIX ROUGE ET ASSISTANAT CHARITABLE!
La question des réfugiés à l’époque actuelle est bien loin de celle de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, question qui pouvait être soluble dans le reconstruction et un capitalisme encore dynamique. Aujourd’hui, l’intégration de masses immenses de déshérités n’est plus possible, il n’y a plus assez de travail pour la majorité de l’humanité et le travail n’est plus considéré comme source de richesse. Cette évidence n’est pas un racisme provenant de la classe ouvrière mais la négation de cette réalité, et expression de la pourriture du Kapital financier à la dérive, est la morale perverse des dominants.
Le chaos, nul besoin de Thierry Meyssan - les marxistes maximalistes et les prolétaires conscients l’avaient analysé dès les années 1980 - pour comprendre qu’il est planifié par la bourgeoisie américaine et ses fractions rivales, que Sarkozy n’en a été que le missi dominici en permettant l’élimination de Khadafi, comme Hollande au Mali et en Syrie et vendre ses mirages à des généraux criminels. L’impérialisme US a besoin de ridiculiser l’Europe - et sans honte en n’accueillant que 5 à 6000 syriens - mais sans affaiblir complètement ce principal marché mondial où les collègues alimentent également l’incendie belliciste tout en prétendant en éteindre les conséquences pour les populations terrorisées.
Le combat titanesque entre oligarques russes et milliardaires américains n’est qu’une parodie ridicule de la guerre froide où les nouveaux riches chinois ne sont que des tigres de papier.

lundi 24 août 2015

L’EFFONDREMENT CHINOIS... UNE BONNE NOUVELLE

L'auguste journal bourgeois Le Monde est catastrophé et le monde entier retient son souffle (leur souffle), non face au typhon qui s’approche du Japon mais du tsunami qui guette la Chine:

«Les marchés asiatiques ont plongé, lundi 24 août, entraînés par une nouvelle débâcle de la Bourse de Shanghaï, qui a perdu 8,5 % en clôture, son plus net recul en séance depuis 2007.
Concrètement, que se passe-t-il ?

La baisse de ce lundi a été déclenchée par la conviction de plus en plus forte des investisseurs qu’un atterrissage brutal de l’économie chinoise, locomotive de l’économie mondiale pendant les dernières années, est désormais inévitable.

Que la Bourse dévisse de la sorte signifie que les investisseurs ont décidé que les valeurs cotées sur la place chinoise valaient moins qu’avant. Ou, plus précisément, celles regroupées dans son indice « phare».


L’autre problème de ce recul des marchés chinois est son amplitude. Au total, l’indice composite de la Bourse de Shanghaï a baissé de 38 % depuis son pic de juin. Avant de s’effondrer mi-juin, la Bourse de Shanghaï s’était envolée de 150 % en l’espace d’un an, dopée par l’endettement et de façon totalement déconnectée de l’économie réelle.

C’est ce qu’on appelle une « bulle » : les investissements des Chinois sur leur marché relativement récent ne reflètent pas la valeur des entreprises qui y sont cotées. Plus de 40 millions de comptes boursiers ont été ouverts entre juin 2014 et mai 2015. La Chine serait plus proche d’une croissance de 2 ou 3 % pour cette année, que des 7 % fixés par Pékin.

C’est grave ?

Assez, oui. Selon les observateurs aguerris des marchés, on peut parler d’un début de panique : « Les choses commencent à ressembler à la crise financière asiatique de la fin des années 1990. Des spéculateurs se débarrassent des actifs qui semblent les plus vulnérables », avance Takako Masai, directeur de recherches à la Shinsei Bank de Tokyo.

Par ricochet, la déprime touche aussi les matières premières : le cuivre, considéré comme un baromètre de la demande mondiale, a atteint lundi son cours le plus bas depuis six ans et demi. Cette débâcle du marché chinois se double d’une chute du prix du pétrole, le brut américain repassant sous la barre des 40 dollars. Même si les consommateurs (les industries principalement) peuvent se féliciter d’une réduction de leur facture d’approvisionnement, ces baisses de prix ne sont pas une bonne nouvelle pour l’économie mondiale : la désinflation signifie généralement un ralentissement de la croissance et donc à la clé moins de création de valeur, moins de consommation, moins d’emploi, moins d’investissement, etc.

En quoi la baisse des Bourses asiatiques nous concerne ?

Qui dit mondialisation des échanges, dit aussi interdépendance entre les marchés financiers. L’argent circule d’une économie à l’autre par le biais des devises, des crédits, etc. Et les investisseurs sont des multinationales qui réfléchissent dans un monde interconnecté.

Ainsi, les principales Bourses européennes ont essuyé de lourdes pertes lundi. La Bourse de Paris a terminé sur une chute de 5,35 % à 4 383,46 points. A Francfort, le DAX a subi une baisse à la clôture de 4,70 % à 9 648,43 points, son plus fort recul en pourcentage sur une séance depuis novembre 2011. La Bourse de Londres, qui avait perdu plus de 6 % en séance lors de l’ouverture de Wall Street, a fini en baisse de 4,67 %. A Madrid, l’indice Ibex-35 est largement passé sous la barre symbolique des 10 000 points, plongeant de 5,01 % à la clôture.La Bourse de Bruxelles a pour sa part enregistré une forte baisse de 4,99 %.

Pour les spécialistes, l’analyse est claire : les investisseurs s’inquiètent des conséquences du ralentissement chinois sur la croissance mondiale. « L’absence d’annonces de mesures par les autorités chinoises afin de stabiliser l’économie a mis le feu aux poudres, avec à la clé un effondrement des indices boursiers partout en Asie, qui contamine l’Europe ce [lundi] matin », résument les stratégistes chez Crédit Mutuel-CIC.

Jacques Attali a même prédit une « dépression planétaire » sur son blog. Expliquant que les 200 millions de membres de la classe moyenne chinoise ont investi la moitié de leur épargne en Bourse, et que l’autre moitié est investie dans l’immobilier (qui risque de souffrir considérablement d’un ralentissement de la croissance dans l’empire du Milieu), l’économiste avance :

    « La récession chinoise, si elle se confirme, entraînera celle du Brésil, qui provoquera celle des Etats-Unis, puis la nôtre. »

En clair, la Chine va exporter son ralentissement dans d’autres économies émergentes : ces dernières, qui ont joué le rôle de relais de croissance quand la crise financière a frappé en 2007, ne pourront malheureusement pas rééditer l’exploit en cas de nouveau coup de froid sur l’économie mondiale.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/08/24/trois-questions-pour-comprendre-l-effondrement-de-la-bourse-chinoise-et-des-marches-mondiaux_4735336_4355770.html#wmUFMs3e5OXuZeqI.99

L’édito du Monde est encore plus clair dans la peur de l’effondrement du Capital:

«Editorial. S’il fallait une preuve de plus de la dépendance du monde à la Chine, la tourmente monétaire de ces derniers jours en a apporté une éclatante démonstration. En baissant à trois reprises en trois jours la valeur de sa monnaie, le yuan, par rapport au dollar, Pékin a déclenché une onde de choc, voire un début de panique, sur les marchés mondiaux. De Francfort à Séoul, toutes les Bourses ont vacillé, et le cours des matières premières, pétrole en tête, a plongé vers des niveaux inédits depuis plus d’une décennie.
Il faut dire que ce mouvement, que les autorités persistent à présenter comme une forme d’ajustement après des années de hausse, intervient dans un contexte inquiétant. Depuis un peu plus d’un an, la croissance chinoise s’essouffle et certains marchés, comme celui de l’automobile, donnent des signes évidents de ralentissement. La bulle immobilière se dégonfle, jette les investisseurs vers une Bourse immature, qui s’est à son tour effondrée début juillet, contraignant le pouvoir à utiliser la manière forte pour stopper la chute. Les mauvais chiffres du commerce extérieur, publiés en début de semaine, ont achevé de semer le doute.
Il est donc manifeste que l’hypercroissance du pays appartient au passé et l’on sent confusément que le pouvoir tente par tous les moyens d’enrayer la chute. Or le monde entier a intérêt à ce qu’il trouve une solution au plus vite. La locomotive chinoise est indispensable à la croissance mondiale, et pas seulement aux marques de luxe françaises et aux constructeurs automobiles allemands. La Chine achète, par exemple, à elle seule entre un tiers et la moitié de la plupart des matières premières produites dans le monde.

La dévaluation actuelle, la plus importante depuis 1993, semble taillée sur mesure pour soutenir ses millions d’entreprises exportatrices, notamment dans le sud du pays, et présente tous les attributs d’une déclaration de guerre monétaire. Mais elle doit aussi être considérée comme une évolution souhaitable vers une libéralisation du yuan, préalable à son entrée dans le concert des grandes devises mondiales, au côté du dollar, de l’euro ou de la livre sterling. Une stratégie entreprise de longue date par Pékin.
Dès son arrivée au pouvoir, le président chinois, Xi Jinping, s’est engagé à remédier à ces maux. Mais la croissance a faibli davantage que prévu et la méthode éculée des plans de relance par l’investissement dans les infrastructures, le train à grande vitesse par exemple, ne suffit plus à tirer le convoi et creuse l’endettement.

Dans les palais de Zhongnanhai, au cœur du pouvoir chinois, on semble hésiter. En partie par crainte de l’instabilité, mais surtout parce que, dans l’opacité du système qu’a créé le parti unique, se dissimulent des groupes d’intérêt qui ont longtemps profité du statu quo. Maintenant que la Chine s’est imposée parmi les toutes premières puissances, c’est la planète entière qui est suspendue à sa capacité à se réformer».

Oui mais à réformer quoi? La crise endémique d’un système à l’agonie? Qui ne peut que générer une nouvelle guerre mondiale...