"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 18 avril 2020

PREMIERES LECONS POLITIQUES DE LA CRISE DU COVID-19

"Gardez-vous des faux prophètes. ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons (..) un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits (...) ?" (Cf. Évangile selon Matthieu, 7, 15-20)

Fin de l'indifférence dans les relations sociales marchandes sous le régime capitaliste ? Tu parles Charles !
Paradoxalement les mesures de confinement si elles ont prolongé l'idéologie d'Etat de la sauvegarde individuelle par une régression des relations quotidiennes entre les humains, avec quelques « barrières » répulsives, elles ont posé la question de notre dépendance les uns des autres. Virus pervers, et pourtant si humain trop humain, qui fait que je peux tuer simplement par l'exhalaison de mon souffle l'être qui m'est le plus cher, mon amour, mon enfant, mon ami. Comment ne pas penser un instant qu'il aurait pu être une invention diabolique du cruel humain ? Accident du labo de Wuhan comme le martèle la propagande américaine avec papy Montagnier ? Félonie des chauve-souris ? On s'en fout, la pandémie est là et aura été là comme preuve du recul de civilisation, parvenir à pérenniser ce truisme : l'altruisme n'existe pas sauf dans les infirmeries capitalistes, les hommes doivent se méfier les uns des autres.
Ce qu'il nous faut relever comme primordial c'est la TERREUR qui a été instillée dans la population mondiale, terreur de la mort soudaine au coin de la rue, en croisant un quidam dans le supermarché, pour avoir touché une poignée de porte, pour avoir discuté avec un vis à vis à moins d'un mètre. Au fond le capitalisme décadent AVAIT BESOIN DE CE VIRUS pour continuer son règne de l'individualisme frileux. La notion d'état d'exception, de prétendu sauvetage de l'humanité, est venue conforter l'esprit capitaliste égotiste. La terreur est un ingrédient indispensable à la domination par l'Etat des sept milliards d'individus plus finement que le nazisme ou le stalinisme. On aura assisté de façon transitoire et incertaine, non pas aux hypothétiques mutations du virus, mais à la mutation de la démocratie libérale en dictature « sanitaire » avec la déification de l'Etat sauveur.
Pendant un demi-siècle l'école idéologique dominante américaine a surfé sur la théorie du totalitarisme étant entendu comme produit idéologique forcément issu de 1789 et de 1917, par les «livres noirs » des réacs Hannah Arendt, François Furet et Soljetnitsyne. L'échec de 1789 n'était pas l'échec temporaire d'une bourgeoisie progressiste mais de l'idée de révolution du genre humain. L'échec de 1917 n'était pas seulement l'échec d'une révolution « prématurée » mais la confirmation de la vocation totalitaire de toute révolution. La stigmatisation des deux principales révolutions de l'histoire moderne renvoyait à une terreur immanente qui vient automatiquement mettre en cause les bonnes relations « habituelles » indispensables à la survie de tous sous un capitalisme globalement « libéral » mais totalement destructeur. Les historiens de l'école américaine dominante, unilatérale et féroce, et leurs relais universitaires européens ont été tous des menteurs qui, à chacun de leurs contes de terreur, oubliaient volontairement le facteur de la guerre en 1792 comme en 1914, le colonialisme comme l'impérialisme, et la trahison des théories de l'émancipation. De tout temps la guerre a été la source du sentiment de terreur, et pas des exactions ponctuelles de la populace de septembre 1792, ni de l'inadmissible répression de Kronstadt par l'Etat-parti bochevique.
Le même mensonge est perpétré par tous les chefs d'Etat avec la fable selon laquelle « nous sommes en guerre », une guerre de tous contre tous pourtant où il n'est nullement question de se « serrer les coudes » et où les Etats impérialistes continuent à se cracher dessus. Le facteur de la guerre n'a jamais été un élément d'unification du monde mais la preuve de l'existence de la barbarie de la société à telle époque et de l'incapacité d'évoluer vers l'unification universelle sur des principes humains. La pandémie actuelle n'est pas une guerre. Pas une guerre classique en tout cas. C'est aussi une guerre... des classes. Elle n'est une guerre « sacrée » que pour les dominants qui sont en guerre « prophylactique » contre une population mondiale qui ne veut pas être considérée comme un troupeau infecté qu'on parque en nations et en continents séparés, pour tenter de la déconfiner le plus vite possible pour la reprise « normale » de l'exploitation de l'homme par l'homme.
Il faut le constater sans émoi, la terreur du virus « chinois » participe du chaos du capitalisme actuel et de l'actualité du chaos capitaliste ; en même temps cette terreur est bonne conseillère pour la conscience des hommes d'en bas : dans quel monde sommes-nous appelés à « survivre » ? Pour les dominants, dans ce chaos il faut encore donner espoir dans la continuation d'un capitalisme protégé et vacciné. Mais la terreur a suscité, au début, l'urgence d'un protection et d'un sauvetage avec cet esprit du sacrifice qui sied si bien aux nations bourgeoises, surtout en commençant par ceux d'en bas. Elle ne peut plus suffire.
COMMENT L'IDEOLOGIE POLITIQUE REPRIT SES DROITS FACE A L'OPPOSITION MALADIVE DE LA CLASSE OUVRIERE
« Merci pour cet éclairage », ou « dans l'entourage du premier ministre on nous informe que », selon les formules du « chef du service politique » du journalisme de commentaire (qui pense à notre place), la description du paysage infecté a très rapidement été « encadrée » dans le prisme de la figuration politique traditionnelle. Face au gouvernement louisphilippard de Macron, la droite bourgeoise a opposé ses solutions « urgentes » à la pandémie, avec en premier lieu ses édiles du sud de la France, avec Douste-bla-bla, qui ont formés le choeur des pleureuses autour du druide Raoult, et sermonné Macron et son Philippe sur ce qu'ils auraient dû faire. La gauche restait muette derrière une CGT grognon ; le populiste Mélenchon alla tâter le terrain auprès du docteur starlette de Marseille, et des musulmaniaques toujours voilés sur les réseaux sociaux, mais sans plus. Le clivage droite/gauche finit par s'exprimer plus nettement en vue du déconfinement du 11 mai. Artisans et petits commerçants, clientèle électorale de la droite classique et du RN, ruaient dans les brancards depuis un bon moment : « Ce confinement est une honte, nous voulons reprendre le travail », « nous sommes en larmes devant la faillite probable de la moitié d'entre nous ».
Stupeur lorsque l'on apprit que les enseignants (ces fainéants, dixit P.Praud) annoncèrent leur hostilité à une reprise du collier éducatif au milieu des milliers d'enfants infectiologues ! Ils ne font pourtant que rejoindre l'opposition muette de ces millions de prolétaires fainéants qui ne veulent pas reprendre le travail nosocomial sans matériel minimum de protection ni monter dans les wagons de la mort de la RATP et de la SNCF. Le clivage droite/gauche retrouvait ainsi ses fondements électoraux : à ma gauche les fonctionnaires fainéants avec garantie d'emploi à vie et ces salauds d'ouvriers qui veulent continuer à être payés à rien foutre, à ma droite la principale entreprise qui produit la « richesse nationale » sans compter ses heures, le secteur privé. La campagne électorale municipale a donc résisté aux affres de l'épidémie. Jamais on n'avait vu autant de doctes docteurs donner autant de détails stupides pour ne pas porter un masque chirurgical, inutile ; puisqu'ils l'expliquaient de toutes les manières imaginables. Un temps la police reçu consigne de mettre à l'ombre les promeneurs masqués et non membres du corps médical.
Pourquoi cette hâte à redéployer le ringard « paysage » politique bourgeois ? Ils n'ont pourtant pas eu le temps de bâtir une union nationale, un « gouvernement d'union nationale », comme en période de guerre classique où tous les partis bourgeois de droite et de gauche s'unissent pour envoyer le prolétariat au casse-pipe. Tout le monde l'a compris sans qu'un parti révolutionnaire vienne nous l'expliquer : pour redémarrer au plus vite « la production ». En effet, le monde capitaliste tout entier tremble depuis des semaines, gravement infecté par sa pandémie économique qui secoue ses bourses et frôle la castration. En ce début de printemps, les millions de chômeurs poussent comme des champignons et on se fiche du suicide de nombreux petits et moyens entrepreneurs.
La course poursuite pour l'Etat qui déconfinera le premier est sérieusement engagée, même au risque de bricoler les chiffres funèbres des Salomon de tous les pays. Le Capital ne rigole pas. Le principal pays gauchiste reste l'Allemagne dont la chaîne propagandiste vante tous les jours ses efforts « solitaires » pour accueillir les migrants, et surtout afficher son désespoir que les autres pays (vassaux économiques) ne veuillent pas se charger du reste de la misère migratoire. Tard concernée par le virus, la reine de l'Europe déconfite veille à faire croire qu'elle s'en sort mieux mais tremble autant que les autres en confinant la plupart de ses petits commerces.
Pour ce weekend de la mi-mars un spectre hante les médias gouvernementaux ici : ces cons d'ouvriers vont-ils encore persister dans leur droit de retrait ? Sur les plateaux de télévision, les experts économiques se succèdent pour peser le pour patronal et le contre des ploucs invisibles. Voire pour « relancer l'économie sans relancer la pandémie », comme l'ergote une oie blanche, ravie de son jeu de mot. Songez que l'équation est cruelle. Le confinement n'a servi à rien. Il eût fallu que toute la population (plutôt les banlieues pauvres et à boulot de merde) ait été contaminée dans les, disons 60%, disent les mathématiciens de la virologie véhémente et de l'infectiologie savante, pour qu'on puisse délivrer l'industrie capitaliste sans souci de deuxième vague. Fallait pas confiner aussi bêtement, disent d'autres...

CONCLUSION "française"

La bourgeoisie française est la seule au monde "des riches" à avoir aussi honteusement fliqué la population "confinée" mieux qu'au goulag avec de nouveaux ausweiss, où le flic borné fût d'abord le représentant du percepteur mais pas de la charité hospitalière; et nous qui nous ventons d'être évolués, peuple supérieur au monde, "libres d'esprit" et indépendants, avons accepté sans honte cette vilenie. Mais il y aura toujours plus minables que nous, les larves de BFMTV (cf. Macron le grand leader, aritcle de Daniel Schneidermann dans Libé). Ces larves de journalistes acceptent aussi l'humiliation des policiers et des pompiers en banlieue islamisée sans ou pendant la pandémie.
 Les 8000 morts des EPHAD sont mis en avant de façon exagérée; certes les gouvernementeurs assuraient qu'il fallait protéger "les plus fragiles d'entre nous", tout en les laissant s'infecter les uns les autres enfermés qu'ils étaient dans leurs mouroirs réceptacles à virus en mode confiné. On doit nuancer qu'il faut noter que les plus graves, en état déplorable (Alzheimer, jets d'excréments), sont morts de leur "belle mort", et, de source médicale sûre, se sont éteints sans cris et sans douleur. Par contre les morts "au front du travail" partout dans la classe ouvrière (par ex. les chauffeurs de bus à Londres), c'est aussi inadmissible que les accidents du travail..
La lourdeur administrative de l'Etat français (gouvernement + administrations diverses) est incommensurable, plus lourde et arriérée que celle de n'importe quel pays "sous-développé". Ce n'est pas simplement la faute à une politique libérale comme le lui reproche la gauche stalinienne, c'est en effet la tradition de la centralisation parisienne très hiérarchisée et coincée. Le mensonge éhonté sur les masques restera aussi honteux que l'affaire du sang contaminé. Toute une série de manquements au plus élémentaire bon sens ne seront pas oubliés à l'heure des comptes, certainement pas parlementaires. Un exemple ancien: depuis 3 mois une entreprise française a mis au point un test ultra-rapide, qui répond à l'urgence de l'inqualifiable inaptitude de la bureaucratie étatique française à se servir de ce moyen, il est en voie d''homologation". Entre-temps plusieurs pays se sont portés acquéreurs, et l'entreprise pourra répondre aux homologateurs bureaucrates qu'ils peuvent aller se faire… homologuer!

       « Le sentiment de déclassement de nombreux Français masquait une vérité que peu voulaient connaître: la cinquième ou sixième puissance économique mondiale est un pays déclassé. L’ancienne première puissance politique, économique, militaire et démographique occidentale (selon les domaines entre les XVIIe et XIXe siècles) est devenue une puissance moyenne. Soit. Mais la promesse faite aux Français d’un État protecteur, éducateur, visionnaire et architecte, en un mot stratège, dont les premières dépenses publiques au monde sont acceptées du fait de notre contrat social, est rabaissée au rang de gestionnaire endetté et dépassé. Si la tiers-mondisation parfois dénoncée est excessive, la France est revenue à sa condition de pays méditerranéen aux côtés de ses sœurs latines, l’Espagne et l’Italie, littéralement fauchées par la crise du coronavirus ». (Pierre Vermeren).


La même bureaucratie juridique se permet d'humilier en permanence sa propre police, dès que les paumés de banlieue islamisée provoquent un crash ou un accident grave, on annonce aussitôt qu'une enquête va être menée sur le comportement policier (ainsi pendant l'union pandémique où les cons ont continué à faire les cons, on les entendait, menaçants et insultants, crier aux flics en train de soigner un excité à moto qui s'était viandé: "tu vas le payer"!); la noria des réseaux asociaux comme les comiques de "Décolonial news" s'était ruée sur place avec permission de filmer avec portables les "crimes policiers", alors que les attroupements sont interdits. Le message victimaire de la magistrature gauchiste aux "paumés" est clair: "faites confiance à la justice bourgeoise et oubliez que vous êtes des laissés pour compte à la marge du prolétariat, et finalement aussi membres du prolétariat!".(*) C'est la politique de Marie-couche-toi-là d'une puissance déchue prête à tous les reniements pour ne pas être abandonnée par ses anciennes colonies (cf.https://www.cnews.fr/monde/2019-11-06/pierre-vermeren-il-y-un-melange-dignorance-de-naivetes-et-de-condescendance-dans). Osons croire que les pays déchus avec une bourgeoisie impuissante sont le terreau des futures révolutions, à condition qu'elles ne soient pas "nationalistes".

Plein de poncifs bureaucratiques ont volé en éclats: la centralisation à la française n'est plus qu'une croquemitaine, le fédéralisme en régime capitaliste une autre fable (la gonflante Allemagne ment aussi sur les chiffres et ne fait pas mieux, elle prévoit des millions de masques… pour le mois d'août), la protection des travailleurs aura été une farce ministérielle depuis le début, les bobos sont partis à la campagne avec un total mépris pour les prolétaires du 93 et de Bagneux, etc. L'union pandémique n'aura exhibé que la plus méprisable arrogance de l'élite bourgeoise pour ceux d'en bas, mais aura révélé aux yeux de tous l'incompétence congénitale des exploiteurs, et la nécessité de les renverser tôt ou tard de leur piédestal vermoulu.

(*)  Sur l'incident de Villeuve-la-Garenne, les racoleurs sous-politiques du NPA, après avoir soutenu la vente démocratique de la drogue, apportent un grossier soutien aux apaches (en capuches) qui doivent rester maîtres des quartiers pauvres, qu'ils renomment étrangement « de nombreux habitantEs de Villeneuve-la Garenne » (qui) se révoltaient contre les forces de police. Ces courageux confinés et cons finis saluent en plus les émeutes du dimanche soir : « révoltes (qui) éclataient dans plusieurs quartiers populaires d’Île-de-France (Saint-Denis, Fontenay-sous-Bois, Gennevilliers...) alors que le journaliste Taha Bouhafs était violemment interpellé par les forces de l’ordre ».  (NB: Taha Bouhafs est autant journaliste que ma grand-mère était CRS). 

     Pour aggraver son cas, la secte petite-bourgeoise d'une démagogie sans limite, mais dans la simple figuration, assimile quelques racailles - qui viennent jouer au père la morale - aux « habitants des quartiers populaires »,  et demande la dissolution de la police. On regrette qu'ils ne demandent pas aussi la dissolution du corps des pompiers, ce bras armé de lances d'incendie ! qui est régulièrement aussi la cible de leurs amis racistes islamistes et les trafiquants. En soutenant la voyoucratie barbare et écervelée la secte NPA a perdu toute dignité politique. Ce qui n'élimine pas le fait que des policiers peuvent se comporter comme des voyous, ni d'être d'anciens voyous. C'est en revanche anti-marxiste, et étranger à la conduite du mouvement ouvrier d'imaginer une solidarité entre prolétaires et lumpenprolétariat (mais le sujet est plus complexe et j'y reviendrai).


« Le lumpenproletariat, cette lie d'individus corrompus de toutes les classes, qui a son quartier général dans les grandes villes est, de tous les alliés possibles, le pire. Cette racaille est absolument vénale et impudente [...] Tout chef ouvrier qui emploie ces vagabonds comme défenseurs ou qui s'appuie sur eux prouve qu'il n'est qu'un traître au mouvement ». Engels 

« Le NPA apporte son soutien à toutes les victimes des violences policières et aux habitantEs des quartiers populaires qui se révoltent contre la police, bras armé d’un État autoritaire. Nous réclamons immédiatement : L'arrêt des amendes, Le désarmement de la police et la dissolution de la brigade anti-criminalité. »On présume que ces admirateurs de Bakounine espèrent ainsi épauler la LFI de Mélenchon comme « médiateur social » afin de garder la main sur décoloniaux et autres délirants, médiation radicale inversée dont l'Etat justement besoin pour entretenir ce genre de population dans le culte de la violence impuissante et l'anti-flic primaire. La fonction de ces trotskiens bien de chez nous, est donc de « réussir l'intégration » des inintégrables en leur vendant une indignation, certes outrancière et caricaturale, mais au moins pour les appâter à un esprit de justice électoraliste, jusqu'au moment où une partie des excités aura grandi dans sa tête et se sera aperçu que le NPA n'est qu'une bande de rigolos immatures qui appellent, en quelque sorte, au meurtre des policiers par la mafia des "quartiers populaires". Le spectacle de la mafia des apaches sert en même temps l'Etat en renvoyant au "besoin de sécurité" … mais sous le contrôle des mercenaires bourgeois. Le NPA contestataire et odieux sert à introniser un tel spectacle. 
LE GENIE « REVOLUTIONNAIRE » DE TRUMP
Le mot révolutionnaire ne veut rien dire et n'importe qui peut s'en accaparer, mais avec Trump je
le réutilise dans le sens provocateur et plus subtil politiquement qu'il n'y paraît. Si Macron a l'allure du dernier roi de France Louis-Philippe, roi bourgeois avec la petitesse d'esprit des rentiers, Trump figure assez bien un dernier Napoléon, III, parvenu et coureur de jupons. En 2017, j'avais nuancé ma comparaison :
« Trump n'est pas Napoléon III ni Bismarck. Les ouvriers américains n'ont rien à attendre de lui. S'il leur promet le plein emploi c'est pour mieux les ressouder à la Nation, ressouder la Nation c'est la préparer à la pleine guerre. Trump ne transgresse pas les lois de l'ordre bourgeois. Trump n'est pas plus immonde que ses contradicteurs de l'Alt Left et ses confrères de l'Alt Right, il veut par tous les moyens, même militaires, préserver et agrandir l'hégémonie américaine partout dans le monde ». (...) « Partout dans l'Occident "évolué", chefs d'Etat et caciques de la gauche bourgeoise traditionnelle ont mis en garde le nouveau et "imprévisible" maître du monde sur sa politique de fermeture à l'immigration. Après avoir été décrit des mois durant comme un clown "imprévisible", Trump est à présent qualifié d'incompétent manipulé - par le "léniniste" Bannon - selon les élites journalistiques de Washington et New-York. Du nom de ce conseiller politique issu de l'extrême droite américaine qui a déclaré être fier du qualificatif avec un mélange d'humour et d'amalgame outrancier: "Lénine voulait détruire l'Etat et c'est aussi mon objectif. Je veux tout mettre par terre et détruire l'establishment". En France, un abonné au soutien sans faille à Israël et à la diplomatie US, Alexandre Adler saluait l'intelligence de Trump : « ... Trump n'est ni dénué d'astuces ni dépourvu d'intelligence, il parvient, dans son déluge verbal à faire des propositions parfois de bon sens. Je ne suis ni totalement hostile à son protectionnisme, ni totalement opposé à son idée de se replier de théâtres d'opération dans lesquels la puissance américaine a été mal engagée ». J'ajoutais aussi : « Trump exprime la vraie nature de la bourgeoisie, qui n'est pas et ne sera jamais internationaliste malgré l'affichage de ses chants islamophiles et antiracistes; il exprime moins les couches populaires et à un niveau moindre les couches ouvrières qui ont commis un vote protestataire qu'un changement de cap obligé qui fait voler en éclat la notion de mondialisation, non pour un simple repli sur un soi national, mais pour une réorientation impérialiste ». Un sous-titre suivait : « COMMENT SERA LE MONDE EN 2020? » où je notais les prévisions de la CIA (une explosion du problème de l'immigration). CIA et Attali se sont donc gourrés en beauté sur tout. Moi-même j'étais loin d'imaginer une crise sanitaire. Je revenais cependant à ma comparaison avec Badinguet (Napoléon III) : « Le populisme de Trump s'apparente en effet plus à un bonapartisme bâtard (alliance virtuelle du Chef de la Nation et de la plèbe) qu'à ce concept vague et confusionniste de populisme agité par les élites politiques bourgeoises pour désigner comme proto-fasciste meilleur démagogue qu'eux. Trump peut toute.fois s'inspirer de la manière «  ouvriériste  » avec laquelle Badinguet soignait sa popularité, en se rendant dans les écoles, les hôpitaux et les casernes, mais aussi en province  ; et de sa manière de se jouer des institutions bourgeoises classiques  ; le 30  octobre 1849, Napoléon le petit se sentit suffisamment fort pour renvoyer son gouvernement et le remplacer par un autre, composé de parlementaires de moindre envergure, des «  seconds couteaux ».
Trump renvoie régulièrement tel ou tel ministre et ne s'en porte pas plus mal. L'insécurité de ses promus de l'establishment ravit ses fans. Macron en a pris de la graine en se moquant de son parti fantoche lors du vote pour la pension de veuvage, en rendant visite au pestiféré docteur Raoult, et en balayant d'un revers de manche le confinement éternel de 18 millions de retraités. Dans le chaos capitaliste, le chef suprême inspire plus confiance que la quincaillerie parlementaire et syndicale, parce qu'il peut trancher sans bla-bla assembléiste et sans délais bureaucratiques.
Les dernières décisions de l'empereur Trump tombe sous... le bon sens. Je recopie l'analyse du Huff Post  concernant le lâchage de cette outre vide l'OMS:
« Naturellement, le président américain, critiqué aux États-Unis pour sa gestion tardive de la pandémie, cherche des boucs émissaires, extérieurs comme l’OMS et intérieurs comme les gouverneurs démocrates des États les plus touchés. Par ailleurs cette décision s’inscrit dans la continuité du logiciel America First qui guide le président américain: unilatéralisme et nationalisme, utilisation sans tabou de l’arme économique pour appuyer la poursuite des intérêts américains. Le budget américain pour 2021 prévoyait déjà une baisse considérable du soutien américain à l’organisation. Donald Trump met le doigt brutalement sur des tabous et faux-semblants de l’ordre international. Mais il serait trop simple de se focaliser sur la méthode sans s’interroger sur le fond de la critique trumpienne. L’OMS n’a pas été exemplaire dans sa gestion de crise. Dans les premières semaines de l’épidémie, l’organisation a répété sans distance les éléments de langage de Beijing. Ainsi le 14 janvier, dans un tweet, l’OMS affirme «qu’il n’existe aucune preuve claire de transmission d’homme à homme». Le Dr Tedros a loué la réponse chinoise offrant, selon lui, «un nouveau standard» dans la lutte contre les épidémies, malgré l’opacité et les mensonges du régime chinois. Certes, les organisations internationales doivent, par définition, trouver un équilibre entre les intérêts des États qui les composent, en particulier les grandes puissances, mais la proximité entre la propagande chinoise et le langage officiel de l’organisation mérite débat ».
Les commentateurs s'accordent à noter que le repli nationaliste et protectionniste après la crise de 1929 a accéléré l’effondrement du système international déjà précaire issu de la fin de la Première Guerre mondiale. Basta le passé et la focalisation sur le soit disant imprévisible Trump, la crise des masques démasque en particulier l'incurie et surtout la soumission à l'impérialisme chinois de la bourgeoisie française.
La Chine, avec la nouvelle mise en place de la Route de la Soie ou de la Banque Asiatique de Développement, a créé ses propres rapports de dépendance avec ses partenaires, en dehors des institutions post 1945. Les Etats-Unis sont cependant complètement imbriqués dans les rapports commerciaux avec la Chine, laquelle était encore à la veille du coronakrach la locomotive de l'économie mondiale.  Au grand dam des deux impérialisme dominants, la crise sanitaire renforce déjà les appels de toutes les fractions bourgeoises nationales, en Europe, à un reflux de la globalisation, déjà alimenté par les diverses pleureuses écologiques, en faveur du rapatriement de certaines chaînes de production. Et par conséquent porter atteinte au profit chinois. Je n'ai là aussi qu'à recopier la presse économique :
« Le PIB chinois plonge de 6,8 % pour la première fois depuis quarante ans. Même pendant la crise financière de 2008 qui a frappé l’Occident, la Chine n’avait pas connu de récession. Pour la première fois depuis plus de quarante ans, la Chine a vu au premier trimestre 2020 son économie effectuer un grand bond en arrière. Le produit intérieur brut (PIB) a officiellement plongé de 6,8 %, comparé au premier trimestre de 2019, selon les données publiées, vendredi 17 avril, par le Bureau national de la statistique. Ce chiffre est historique. Même pendant la crise financière de 2008 qui a frappé l’Occident, la Chine n’avait pas connu de récession. A l’époque, grâce à son gigantesque plan de relance équivalent à 13 % de son PIB, elle avait même été l’une des principales locomotives de la reprise mondiale. Cette fois, que cela soit fondé ou non, une bonne partie des Occidentaux l’accusent au contraire d’être à l’origine de la pandémie et donc de cette crise mondiale, la plus grave depuis les années 1930. Survenue en pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis, cette crise pourrait être celle de trop".Autre conséquence : il n’est pas certain non plus que la Chine parvienne à mettre un terme cette année à la grande pauvreté, comme le président, Xi Jinping, s’y était engagé. Alors que des millions de diplômés vont rentrer sur le marché du travail dans les mois à venir, la situation de l’emploi est inquiétante".
Le fanion de la direction idéologique mondiale dans la tourmente de la pandémie d'un capitalisme décadent reste américain. Depuis le début de la crise engendrée par le Covid-19, Donald Trump n'a pas caché pas la motivation principale das Kapital: voir le continent US et son économie redémarrer au plus vite. Les quinze jours de confinement national conseillé (et non imposé) étant désormais passés, il est donc grand temps de rouvrir big America. Cela ne peut avoir lieu sans une mystification à vocation mondiale. Il n'est pas nécessaire d'être grand clerc depuis le début de la pandémie pour supputer ou voir venir des révoltes "globales", des émeutes ou une "prise d'armes". La terreur mondiale infusée par l'obsession permanente de la présence du virus et de la mort, incite tout naturellement les peuples et le prolétariat à penser à un renversement violent du système d'une façon ou d'une autre, avec le diable ou sas grand-mère. L'ennemi est et reste invisible. Pas pour Trump. Il a désigné la Chine, plus fort que Hitler désignant les juifs?
La mise en accusation du laboratoire de Wuhan a envahi les plateaux télé, avec exégèses et supputations diverses aussi farfelues les unes que les autres, et où les journalistes ont brillé par leur veulerie habituelle. Versant occidental ainsi qu'un vieux machin ex prix Nobel de la paix. Trump a été plus génial encore en apportant son soutien aux zozos qui manifestent "en armes" SVP, avec casquettes marqués "Trump" contre le déconfinement. On ne sait pas en général ici que le président
des Etats-Unis a moins de pouvoir qu'un président européen, et que si le fédéralisme américain est lamentable du point de vue sanitaire, il est excellent pour l'encadrement du prolétariat. Les figurants armés gomment ainsi face au monde entier, ou plutôt ridiculisent toute "insurrection armée", ou "prise d'arme", laquelle ne peut être considérée par conséquent que comme "grogne populiste" et "antidémocratique". Subtil le Trump qui laisse dire ses médias démocratiques outrés, mais se garde de remettre en cause le droit au port d’arme et des régions “en état de siège”, soutenant implicitement ses supporters nullement subversifs pour l'ordre capitaliste, contre l'injustice et l'oppression de leur gouverneur régional. Trump est toujours du côté de la plèbe contre l'élite ! En désignant la Chine et ses concurrents politiques, IL EXCUSE LE CAPITALISME.

« Plusieurs dizaines d’opposants à la quarantaine s’étaient en effet retrouvés jeudi devant le Capitole de Richmond, siège du gouvernement de l’État de Virginie où déjà 208 personnes sont mortes. La veille, environ 3000 personnes avaient manifesté en voiture à Lansing, la capitale de l’État du Michigan, qui compte près de 2000 décès, défiant le décret de confinement émis par la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer. Parmi les manifestants, des groupes portant des armes automatiques, des gilets pare-balles, agitant des drapeaux des États confédérés d’Amérique, des vêtements portant le nom de Trump et son slogan pour l’élection présidentielle de 2020. Des démonstrations de force qui contreviennent aux consignes de confinement et que le président s’est soigneusement abstenu de condamner. “Je pense qu’ils m’écoutent. Ils ont l’air d’être des manifestants qui m’aiment bien”, a-t-il commenté jeudi ».Des groupes portant armes automatiques et gilets pare-balles étaient mêlés aux familles venues protester contre les mesures jugées trop restrictives mises en place jusqu'au 30 avril. Ils fustigeaient notamment la fermeture des commerces considérés comme «non-essentiels», qui ont plongé propriétaires et salariés de ces magasins dans la crise. Deux plaintes ont été déposées contre la gouverneure, au motif que son décret violerait la Constitution. La gestion de la crise par Gretchen Whitmer est pourtant saluée par une majorité des habitants du Michigan, un Etat remporté de justesse par Donald Trump en 2016. Ailleurs dans le pays, des manifestations pour mettre fin au confinement ont eu lieu ces derniers jours en Caroline du Sud, dans le Kentucky ou dans l'Ohio. D'autres rassemblements sont prévus samedi à Concord (New Hampshire) et à Austin (Texas).Toujours est-il que chez le reste des Américains, l’ombre d’une seconde vague d’infections à l’automne fait craindre le pire. Aussi difficile soit la situation économique, avec 22 millions de personnes à avoir perdu leur emploi ou subi une baisse drastique de leur activité avec le confinement, un sondage Pew publié jeudi note en effet que la grande inquiétude pour deux tiers des habitants serait que la levée des différentes restrictions se fasse trop rapidement.
La révolte au Liban est autrement exemplaire et respectable1.

La vente aux particuliers (plus rapide) est une source très juteuse pour la bourgeoisie chinoise



NOTE

1Les contestataires étaient mobilisés sur la place Al-Nour, épicentre des manifestations à Tripoli (nord), alors que ces derniers mois le mouvement s’est essoufflé. Ils ont incendié des pneus et sont restés même après l’entrée en vigueur à 19H00, heure locale, d’un couvre-feu imposé par le gouvernement pour enrayer la propagation de la maladie du Covid-19. Les manifestants ont scandé des slogans dénonçant le gouvernement mais aussi les banques et le gouverneur de la Banque centrale. Rares étaient ceux qui avaient un masque sur la bouche. « On meurt de faim ou on meurt du corona ? », s’est par exemple plaint Karim, jeune homme de 24 ans qui fustige une hausse des prix. Le pays connaît depuis des mois sa pire crise économique depuis la fin de la guerre civile en 1990, marquée par une forte récession, une fonte des réserves en devises étrangères et une dépréciation de la monnaie nationale ayant entraîné une forte inflation. Le Liban croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit 170 % du PIB.

vendredi 17 avril 2020

La pétition poujadiste de Priscilla Ludowski



Priscilla dans 50 ans
LA PETITE BOURGEOISIE JAUNIE SERA-T-ELLE FASCISTE ?

« Cette époque est marquée, dans les annales du monde, par les retours accélérés, par l'étendue de plus en plus vaste et par les effets de plus en plus meurtriers de la peste sociale appelée la crise commerciale et industrielle ».
Manifeste inaugural de l'AIT (1864)

"Nous sommes tous confrontés au besoin profond d'inventer quelque chose de nouveau, car c'est tout ce que nous pouvons faire"
Macron au Financial Times

« L'uniforme ne protège pas du virus ».
Général Pillistrandi

« Dans tous les cas, il s’agit toujours de s’adapter sans discuter à la mondialisation, même si on constate qu’elle détruit nos vies »
Barbara Stiegler


Vivement l'après-coronavirus ! Que tout recommence comme avant ! Plus que la chasse au virus, une épidémie, qui à tout autre époque de vulgaire campagne électorale eût semblé une absurdité, s'est emparée du personnel politique, des sociologues et des syndicalistes1 : l'épidémie de la surproduction de bobards pour sauver l'esprit de compétition capitaliste !

Une partie du prolétariat si ce n'est une grande partie de la population mondiale, au contraire des élites vantardes, craint que la pandémie de coronavirus aboutisse à un effondrement d'un pan ou de l'intégralité du système capitaliste, avec les affres d'une misère apocalyptique. Pas besoin d'avoir fait Harvard ou Sciences-Po. La succession d'événements, la gravité de la pandémie bien qu'elle soit atténuée par digressions, supputations et promesses de raser gratis, tendent à incliner à sérieusement imaginer un effondrement global. Face à cette inquiétude grandissante, la plupart des propositions politiques (nationales), sociales (syndicalisme corporatif du juste salaire), religieuses (priez pour votre propre salut), doctorales (mesures barrières sans masque) sont autant d'emplâtres sur une jambe de bois, excusez du cliché rebattu. La gouvernance de la pandémie en France continue d'être en retard sur tout, le comité des sachants à annoncer les mêmes mesures débiles et à faire des propositions écervelées. Ni la police ni la marine ne protègent du virus. Au niveau logistique, comme le porte-avions Roosevelt, le Charles de Gaulle, joyau de la puissance nucléaire française, a été paralysé par le seul virus honni sans que daesch ait eu à y déposer une bombe. Lors de la prochaine guerre on attendra aussi que les chinois produisent les uniformes tricolores. Les effets co-morbides du confinement imbécile vont peut-être causer plus de morts par les cancers non traités dans l'affolement , sans compter suicides et dépressions.

Sortie de crise et jour d'après...
Certains osent croire que, si l'effondrement est évité, l'économie pourra redémarrer comme après le plan Marshall, la crise du coronavirus autorisant l'économie à se débarrasser des bulles spéculatives et des activités qui n'étaient plus rentables... Le ciel soit avec eux ! Se voulant au-delà des peurs que la corona-crise engendre, réapparaissent les idéologues de la gauche écolo qui viennent tenter de nous vendre l'opportunité de « bâtir un monde meilleur » mais pas « nouveau », en particulier d'un point de « réchauffement climatique » mais pas du réchauffement de la lutte des classes. Certains imaginent un nouveau front popu écolo quand d'autres seraient encore prêts à rallier Macron, même en vestes jaunes, pour éviter l'arrivée au pouvoir du « populisme » (comprenez « fâchisme »).
Une inquiétude est bien plus prégnante que le ralentissement ou pas de la marche du virus, c'est l'impensable misère sociale qui s'annonce, et avec une lutte (désordonnée) des classes. Le gouvernement annonce déverser des milliards et des milliers tous les jours. Mais seuls les diamants sont éternels. Où les trouve-t-il ? On n'en sait trop rien. Sauf qu'il laisse clairement entendre qu'il faudra les rembourser et que cela prendra des années. L'austérité des présidents précédents risque bien de rester le souvenir d'une période faste face à ce qui est envisagé pour « redémarrer l'économie » capitaliste, notre « richesse nationale ». Plus de 8,7 millions de salariés sont concernés par des demandes de chômage partiel formulées par 732.000 entreprises. Et on ne parle que de la France ici. Pour le rependre le langage simple des observateurs, le scénario de « sortie de crise » est soumis à de nombreux aléas nationaux et internationaux. La perspective d'une reprise vigoureuse en forme de V paraît de moins en moins crédible pour un grand nombre d'économistes. En Chine, l'activité économique est loin d'avoir retrouvée un niveau d'avant crise et de nombreux paramètres pourraient venir bousculer le rebond de l'activité. La désorganisation des chaînes de production pourrait par exemple provoquer de nombreux retards dans l'appareil productif et les stratégies de déconfinement dans chacun des pays vont dépendre du bilan humain et des capacités de chaque économie à répondre aux chocs d'offre et de demande.
Or, un aspect, non pris en compte, ou volontairement ignoré pour l'instant, est plutôt de nature à nous inquiéter. Je le soulève après lecture de la pétition que Ludowski m'a fait parvenir, elle ou ses fans. Le mouvement des vestes jaunes n'est plus qu'un souvenir, il a jauni comme un vieux papier journal, il est vraiment dérisoire comparé à ce que vit l'humanité désormais, où l'essence ferait presque figure d'eau bénite. La révolte ne se pose plus entre citadins bobos et beaufs renvoyés dans les champs. La lutte « gouvernementale » contre la prolongation de la paralysie de l'économie, nous chante tous les jours que les travailleurs confinés ou en chômage partiel seront rémunérés, quoique
cette rémunération ne soit pas aussi éternelle que les diamants, quoique cela se transforme au bout d'un moment en chômage massif. Ce qui n'inquiète personne tant que les prolétaires se sentent un minimum « assistés ». Par contre on nous décrit un marasme croissant et on annonce des faillites en série irrémédiables pour des milliers de petites entreprises. Que vont devenir tous ces petits « entrepreneurs », ces petits « exploitants agricoles », commerçants, etc. Vont-ils prendre les armes, virer terroristes? Résurgence Facho? Ces catégories sont très peu empathiques socialement. Leur conscience est étroitement délimitée entre compétition et chiffres d'affaire. Pour la plupart ils ne se considèrent surtout pas comme ouvriers ni prolétaires. Ils se fichent d'une possible nouvelle société puisqu'ils croient pouvoir tirer leur épingle du jeu de l'actuelle, qu'ils pensent éternelle. Le mouvement des vestes jaunes, complètement anti-démocratique dans son fonctionnement, impulsif et sans mémoire politique, a exprimé d'abord une colère puis ensuite le rêve d'un accommodement possible, ce dernier est nettement persistant dans la nouvelle pétition de Ludowski. Le propos est encore conciliant, pacifique, plein d'illusions sur une utopique « vraie démocratie » où tout le monde pourrait décider de n'importe quoi, où le fédéralisme paysan serait roi aux côtés d'un Etat impartial.
Le « mouvement des gilets jaunes » resterait la pierre de touche capable de dénoncer « tous les dysfonctionnements », la référence pour « nous projeter dès maintenant dans l’établissement d’un nouveau modèle de société plus social et plus solidaire ? Ce nouveau modèle, construit collectivement, avec la participation citoyenne et grâce aux outils démocratiques ».
Suit une parodie du plus simplet article du NPA ou du Mélenchon tout cru: « La France est le pays de la zone euro à taxer le plus et le plus gros payeur européen de dividendes. La France, mais pas ses habitants, n’a jamais été aussi riche ! Et pourtant les services publics manquent de tout, les conquis (sic) sociaux sont progressivement détruits, les biens nationaux sont bradés aux plus offrants et les inégalités persistent creusant davantage l’écart. Partout ailleurs les grosses entreprises s’engraissent (jamais autant de dividendes n’auront été versés en 2019 dans le monde) et les gouvernements facilitent cette course au profit, au pouvoir ». Ludowski est vraiment étrangère au mouvement ouvrier pour parler de « conquis sociaux » - nous on parlait jadis de "conquêtes" mais pas de conquis définitifs - et sa défense de la « petite entreprise » est très artisanale, presque du Arlette Laguiller dans le texte.
La façon de soutenir le gouvernement est assez semblable à celle des maurrassiens dans les années
1930 envers l'Etat « tout de même républicain », avec cette arrogance de la petite bourgeoisie monarchiste « vous êtes nos larbins »: « Que sont les chefs d’Etats et leurs Ministres ? Ils sont nos employés ! Des employés dont nous ne pouvons contrôler le travail, sanctionner les dérives et que nous ne pouvons interpeller, alerter uniquement à travers des actions militantes souvent moquées et réprimées ! ». A croire qu'un journaleux de « Valeurs actuelles » ou Zemmour, a tenu le clavier de notre apprentie populiste !


Le populisme actuel de la petite bourgeoisie « entrepreneuriale » en désarroi annonce-t-il un retour du fascisme ?
Laissons cette supposition aux gauchistes. L'enfoncement dans la misère des couches petites bourgeoises artisanales et commerçantes – même si elles gardent leur prétention à diriger 2révoltes et jacqueries – n'est pas du même ordre que ce qui s'est passé dans les années 1930 où Trotski a noté très justement qu'il avait fallu exacerber la haine du prolétariat3. Le mouvement des vestes jaunes, emmené par ces couches de petits entrepreneurs paupérisés, de commerçants floués et d'ouvriers individualistes n'a pas été hostile à la classe ouvrière, mais celle-ci n'a pu s'y exprimer avec ses méthodes politiques propres et des perspectives de fond qui ne visent pas, ou n'imaginent pas « réformer » le capitalisme. Conjoncturellement, l'amorphisme d'une classe ouvrière éclatée, chassée du centre des grandes villes squattées par une population bobo, n'a pu poser le problème de la fusion ou du combat commun. L'aggravation non seulement de la coronacrise mais du danger de destruction de l'humanité pourra remettre au premier plan le prolétariat et faire éclater les illusions de réforme, de redémarrage, rêvées par la petite Ludowski, assez représentative des espoirs de « redressement » ou d'un vivre comme avant par ces couches éparpillées et sans référence historique de classe homogène. La jeune femme parle d'inégalités sociales, ce qui est un langage sociologique inoffensif. On l'a biberonnée à parler de couches et non pas de classes. Et l'argument de la pollution - « notre environnement » (qui est ce notre?) - est directement emprunté aux bobos des villes qui méprisèrent les gilets jaunes, quand la vraie pollution c'est le pouvoir d'Etat capitaliste.
Une autre aile de la petite bourgeoisie peut s'occuper de faire dériver dans l'impasse les boutiquiers floués et les nombreux auto-entrepreneurs qui vont se retrouver chômeurs sans avoir eu le temps de goûter aux joies de la « libre entreprise ». Cette violence ne pourra être absorbée par le RN trop légaliste et impotent, ni la réapparition d'un vrai parti nazi. Par contre les policiers leur montrent déjà la voie du côté de ce qu'ils appellent l'ultra-gauche. « D'un côté, l'ultra-gauche interprète le confinement comme la mainmise de l'Etat et un supposé totalitarisme. De l'autre, l'ultra-droite nourrit fantasmes et théories du complot sur l'origine de la crise. Nous sommes très vigilants sur les formes que prendra cette contestation à l'issue", conclut auprès du quotidien Le Parisien un membre des services de renseignement qui se prépare au "jour d’après". Les services de l’Etat constatent que "le confinement ne permet plus à la gronde populaire de s’exprimer, mais la colère ne faiblit pas et la gestion de crise très critiquée nourrit la contestation (...) Le jour d'après est un thème fortement mobilisateur des mouvances contestataires ». D’après les « services de renseignement » : « La police représente une menace plus grande que le virus lui-même (...) Le confinement est utilisé pour harceler, humilier et parfois tuer ceux identifiés à risques pour le pouvoir: les habitants des zones pauvres", tance un site militant radical repéré par Le Parisien.  Du côté de l’ultra-droite, les décisions du gouvernement sont là aussi vivement critiquées, particulièrement celle du confinement. Des militants identitaires évoquent une "phase de pré-révolution" visant à “mettre à bas cette classe politique malfaisante ». Tout cela fait partie du spectacle que l'Etat espère organiser « le jour d'après » comme « le jour d'avant », dans l'hypothèse où le chambardement social et les règlements de compte resteraient limités. Les black blocs sont à la révolution ce que les bonzes syndicaux sont au prolétariat, des faux-culs et des irresponsables.
RAPIDES REMARQUES SUR LA PETITION POUJADISTE
En décembre 2018, Priscilla Ludowski, Sainte Jeanne des vestes jaunes, avait pétitionné pour une baisse du prix de l'essence, le Président lui avait répondu en personne qu'il n'en serait rien4. La pétition avait reçu 1,2 million de signatures. Missionnaire de la charité écologique poujadiste et de la farce démocratique pour incultes, la petite Priscilla repointe le bout de son nez, espérant encore se faire remarquer, avec en arrière plan une bonification pour sa carrière personnelle soit dans l'industrie, soit en politique.
L'en-tête de la pétition a étrangement conservé l'intitulé de l'année de gloire des vestes jaunes : « Pour une baisse des prix du carburant à la pompe », alors que le sujet est carrément hors sujet, vu que le coronavirus, sur ce plan, n'a pas eu besoin depuis début mars de la moindre insurrection en veste jaune pour baisser comme jamais. La pétition ne porte pas de titre, parce qu'elle est confuse, prétentieuse et bourrée de clichés des politiciens écologiques, enfin complètement servile et veule à l'égard des gouvernements existant. Macron sera-t-il encore sensible au clin d'oeil ?

Le titrage (à rallonge), ce pourrait être, la formulation qui clôt le listage confus des propositions qui lui sont passées par la tête pour « l'après-coronavirus », un après qui semble être devenu une compétition électorale municipale pour chaque secte contestataire de la gauche et de l'extrême gauche bourgeoises, avec un mélange de chauvinisme « citoyen » et de démocratisme nunuche, ce fétichisme des contestataires sans classe ni loi. Bref l'ensemble de ce brouillon révèle que Mlle Ludowski ne connaît rien à l'histoire de la lutte des classes dans les grands moments dramatiques ou les convulsions sociales, et qu'en politique elle est aussi nulle que son pote Drouet est nul en orthographe. On tombe sur une sorte de fédéralisme caritatif.

« Faisons en sorte que nos gouvernements respectent certains fondamentaux qui pourraient 
nous fournir un minimum de garantie et participer à réduire les inégalités sociales.

Voyons plus grand car c'est l'affaire de tous: Proposons leur de prouver leurs bonnes 
intentions par la mise en place de mesures qui devront trouver leur place dans ce PACTE 
INTERNATIONAL CONTRE LES INEGALITES SOCIALES en 10 points ».

Donc ladite pétition serait un « pacte international contre les inégalités sociales ». La dangerosité d'un tel pacte nous rappelle pourtant le subversif « pour une justice fiscale » de Mélenchon et de cette partie des vestes jaunes qui étaient abonnés à Minute ou à Aspects de la France. Le listage de ces
« conseils » aux gouvernants actuels, pourtant considérés comme responsables de l'incurie et de la gabegie dans la prise en charge de l'épidémie (on pourrait donc continuer à leur faire confiance...), est aussi subversif que ceux dont nous abreuvent journellement : le journalisme de commentaires, l'opposition soumise et la noria de docteurs « Jairéponsatout », du genre « yaka» et « faukeu ». La sainte Jeanne des vestes jaunes, trop confinée, regarde trop la télé.


A.     Travailler sur des scénarios de défense contre les pandémies (santé - emploi - éducation - politique - entreprises) à l’échelle du pays, de l’Europe et plus
B.     Revoir nos traités européens et questionner notre dépendance à l’UE (aucune coordination dans la gestion de cette crise ! aucune solidarité ! aucun plan commun)
C.     Financer la recherche des suspicions de pandémies et les besoins des secteurs de soins
D.    Mettre en place des outils accessibles à tous, sur la marche à suivre en cas de crise de ce type (bonnes pratiques, faire « soi-même », prévention…) et création d’antennes psychologiques
E.     Diminuer la dépendance du pays aux productions étrangères mais aussi cesser de tout privatiser. Remettre la main sur les secteurs censés répondre à nos besoins essentiels (production de masques par ex !!)
F.     Favoriser les circuits courts  (ex : interdiction pour les super/hypermarchés de vendre des fruits et légumes français si des coopératives, des éleveurs, des agriculteurs... sont présents dans le secteur)
G.     Supprimer les taxes sur les produits de première nécessité, sains/bio et locaux
H.    Sanctionner les plus gros pollueurs ; proposer des alternatives de transports dans les zones qui en sont dépourvues et y supprimer la taxe carbone jusqu’à mise en place d’alternatives. Et plus généralement, reconnaître et sanctionner les crimes environnementaux dont les impacts socio-économiques sont encore plus importants en temps de crise
I.      Mise en place d’outils permettant de contrôler ce que le gouvernement fait avec nos sous (impôts et taxes) qui auraient dû servir à financer écoles, structures médicales et mesures préparant à la transition écologique … (où vont nos sous ??!)
J.      Réécrire les règles de notre société qui, au vu de tous ces dysfonctionnements, sont clairement obsolètes (= réécrire la Constitution)


La pauvre, elle pétitionne pour un strapontin au pouvoir, ou un poste au conseil économique et social, cette antre de fainéants inutiles. En colère quand l'Etat "élitaire" abuse, la petite bourgeoisie croit pouvoir se réfugier dans les bras de l'Etat nounou dès que l'événement dépasse sa vision étroite, casanière et nationale. Qui peut croire désormais au progrès de l'humanité, à l'entente des peuples, à la bonne volonté des gouvernements bourgeois, à la Nation, à l'Union européenne, aux pétitions ? La fin de l'espérance en un monde meilleur ou "amélioré" nous conduira-t-elle vers un nouveau totalitarisme ou vers une révolution du prolétariat universel?


NOTES

1C'est de l'humour... je me moque en parodiant la formulation du Manifeste communiste de 1848, laquelle est la suivante, si évocatrice du déclin capitaliste actuel : « Une épidémie qui, à toute autre époque, eût semblé une absurdité, s'abat sur la société, - l'épidémie de la surproduction. La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée; on dirait qu'une famine, une guerre d'extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance; l'industrie et le commerce semblent anéantis. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d'industrie, trop de commerce ».
2Notre Sainte Jeanne d'un capitalisme propre se propose même de « réécrire la Constitution », et des Droits de l'homme, avec de belles phrases contre la pollution, pour la généralisation du bio et des « circuits courts »... Un poujadisme amélioré.
3« Le fascisme constitue un moyen spécifique de mobiliser et d’organiser la petite bourgeoisie dans les sens des intérêts sociaux du capital financier. En régime démocratique, le capital financier – c’était inévitable – s’est efforcé d’inoculer aux ouvriers la confiance dans la petite bourgeoisie pacifiste et réformiste. Le passage au fascisme, au contraire, est inconcevable sans que la petite bourgeoisie ait été préalablement pénétrée de haine contre le prolétariat. La domination de la seule et même super-­classe, le capital financier, repose, dans ces deux systèmes, sur des rapports directement inverses entre les classes opprimées ». Oeuvres 1934 - https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1934/07/lt19340715.htm
4En revanche je lui avais envoyé une lettre ouverte, lui expliquant gentiment que vu sa naïveté en politique et son ignorance du prolétariat, en tant qu'égérie de couches petites bourgeoises, elle aboutissait dans un projet petit boutiquier, risible pour l'élite bourgeoise qui n'avait tendu qu'un oreille distraite. Elle ne m'avait point répondu, mais je peux vous apporter la preuve que mes stats de lectures du blog avaient fait un bond considérable.