« Le procès de valorisation du capital a
essentiellement pour but de produire des capitalistes et des
travailleurs salariés ». Marx (Grundrisse, cité par Robin
Goodfellow)
Les dernières estimations de l'INSEE sur une énième « disparition
de la classe ouvrière » accumulent incohérences et inepties.
Le titre général de leur dernière enquête est typiquement
macronesque et sarkozien : « Depuis 1982, les ouvriers ont
autant disparu que les fonctionnaires ont augmenté ». Pourquoi
lier la baisse (qualifiée exagérément de « disparition »
et radotage permanent de l'idéologie) du nombre d'une des catégories
du prolétariat à l'augmentation du nombre des fonctionnaires ?
Alors qu'il coule de source que les « destructions d'emploi »
ne sont pas plus compensées par l'embauche de fonctionnaires - si longtemps adoubée comme variable d'ajustement anti-émeute - ni
combattues par l'honnêteté patronale ! Cela pue en plus la
stigmatisation d'une classe ouvrière en CDI quand de Macron à son
idole Sarkozy la mise en danger permanente du statut de prolétaire
est indispensable au capitalisme en crise, comme sa ghettoïsation à
la campagne quand la ville ne doit plus être que l'habitat majeur du
bobo et de l'immigré. Haussmann avait déjà commencé le boulot avec
ses grands boulevards...
Nulle neutralité de la part de cet institut aux ordres : « sus
aux fonctionnaires » c'est le vieux radotage de la droite
bourgeoise si humble pourtant lors de chaque tuerie terroriste face à
« nos » policiers et aux ramasseurs de crottes des
services municipaux lorsque cette petite noblesse bourgeoise se
pavane dans la rue, et si hargneuse si fifils n'a pas eu de bonnes
notes de la part de ses profs gauchistes. Dans ces « infographies »
de 30 années domine un crétinisme de bureaucrate à tampon. Certes,
l'évolution de l'emploi en France de 1982 à 2014 par rapport au
niveau de formation, à la répartition géographique révèle la
paupérisation des zones rurales et industrielles, et l'inflation des
emplois administratifs. D'abord qui dit paupérisation devrait
s'interroger sur ses causes, et sur l'inflation des emplois
administratifs mettre ce phénomène non pas simplement sur le plan
du facteur désindustrialisation mais informatisation. Au même
niveau, ras des pâquerettes nationales et de la sociologie
hexagonale, certains combattent l'intox sur la disparition des
« classes populaires »1.
En quoi en plus de 30 ans, le paysage de l'emploi en France a-t-il
radicalement changé ? Encore un titre « neutre » et
en gras : « Le grand recul de l'industrie et la victoire
de l'administration ». Comme la féminisation de l'orthographe
et la suppression du mot race, on invente des concepts vides :
que signifie « victoire de l'administration » chez un
crâne d'oeuf de l'INSEE ? Qu'il n'y a pas de crise économique ?
Que tous les politiciens ne sont pas des menteurs ? Que le
socialisme est encore au pouvoir et se moque du bon patronat privé ?
Que, plus léninistes que Lénine, les anonymes ministres
macronesques mènent une sévère lutte pour détruire « l'Etat
bureaucratique », comme aurait dit Castoriadis, pour abolir la
séparation dirigeant étatique et exécutant privé ?
Contre d'autres têtes de cons prévisionnistes de la fin du travail
ou même mieux de la fin du salariat, les insanes de l'INSEE
constatent que « l'emploi a progressé presque partout,
malheureusement pas au même rythme que la population active, le taux
de chômage passant de 6,7% en 1982 jusqu'à plus de 10% en 2014 ».
Mais le chômage, dans leurs étroits calculs, ne demeure que
quantité négligeable non lié à la révolutionnaire et macronesque
flexibilité. Le chômage de longue durée, plutôt du genre définitif, c'est pas la fin du travail PRESENT et la fin ACTUELLE du salariat pour ses malheureuses victimes? Et non cette pauvre spéculation imaginaire, l'hypothétique prévision moderniste enchanteresse d'un monde débarrassé du travail, animé par la seule abondance du supermarché reconverti en gratuité céleste, concitoyenniste et utopique bourgeoise?
De façon résiduelle et « sans surprise » le seul
secteur qui « a chuté » (on se garde d'utiliser le terme
destruction d'emploi ici) de l'ordre de 2,8 millions est le secteur
industrie et agriculture, quoiqu'on ait constaté une légère hausse
des cadres industriels ; quand les ouvriers industriels sont
détruits il se trouve qu'on conserve les cadres industriels (DRH,
licencieurs, reconvertisseurs en blabla, etc.). Miracle de la
statistique, les ouvriers non qualifiés ne représenteraient plus
que 8,4% des emplois !? Ce qui est pure hypothèse car peu de
choses différencient souvent ouvriers qualifiés et non qualifiés
et sur les chantiers du BTP la majorité est souvent composée de
travailleurs migrants formés sur le tas et non comptabilisés. Il
est précisé en outre que les professions intermédiaires comme les
ouvriers qualifiés ou les secrétaires ont également fondu au
rythme des fermetures d'usine, ce qui n'a déjà plus rien à voir
avec le titre général de l'enquête ni ne relève de la
responsabilité des « fonctionnaires ». L'Insee évoque
sans rire les secteurs particulièrement touchés du textile, de
l'automobile, quand au contraire les boulots de merde du bâtiment et
du nettoyage ont « résisté », boulots adorés par les
sans-papiers et leurs passeurs gauchistes.
LE GRAND REMPLACEMENT DES « FONCTIONS D'INTERMEDIATION »
Les emplois zigouillés ont été remplacés par un déplacement vers
ce que l'Insee appelle les «fonctions d'intermédiation», c'est à
dire les métiers du commerce inter-entreprises et de l'ensemble
transports-logistique: environ 600.000 postes dans ce domaine ont été
créés en quelque 32 ans (il n'est pas précisé sur les routiers
sont tous polonais ou bulgares).
Il eût été choquant que dans la société de la marchandise
aliénante les emplois dans le commerce n'augmentent point, tout
comme les services de proximité où les africaines remplacent les
portugaises de plus en plus). L'emploi non qualifié dans ces
secteurs est même qualifié de «moteur» de l'emploi en France, ce
qui est se ficher du peuple et du prolétariat, torchon en main. La
« mercantilisation relative » (euphémisme des insanes
pour valoriser la mercantilisation totale des rapports humains) a
donné la part belle aux activités de distribution (on ne produit
plus qu'en Chine et en France « on distribue »). La
totalisation opérée ensuite est à pisser de rire quant à la bonne
santé du capital français : l'embellie existe, tenez-vous
bien, pour les métiers de la culture, « en incluant les
salons de coiffure, boutiques telecom et tous les services, le gain
global dans ces domaines est estimé à 2,2 millions d'emplois en
plus. L'étude cite notamment les serveurs et employés de la
restauration, ou encore les agents de sécurité ». Je ne fais
que citer la fierté nationale d'accumuler des métiers de merde,
mais empaquetés avec ceux, nobles, de la kultur !
FINANCIARISATION ET TECHNICITE ACCRUE DE L'ECONOMIE GLOBALE
Qu'en forme ampoulée elle est dite la putréfaction de l'idéologie
de l'élite bourgeoise : « Signe de financiarisation et de
la technicité accrue de l'économie globale, les métiers réservés
aux «fonctions intellectuelles supérieures» ont aussi prospéré,
la définition regroupant les métiers de la conception, de la
recherche, des prestations intellectuelles et de la gestion. Les
consultants et ingénieurs de tous domaines sont en effet 1,7 million
de plus qu'au début des années 1980 ». Mais on va voir que
ces ingénieurs ne sont plus tellement ingénieurs...
Mais attention, additif saignant ajouté au succès de la loi
Travaille !, le rugissement insane contre les fonctionnaire
s'abat comme hache de Damoclès sur infirmières, employé(e)s de
bureaux, gestionnaires, archivistes, magasiniers, vigiles en CDI,
gardiens d'immeuble, etc. :
« Mais le métier le plus «popularisé» pendant les années
Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande, est bien celui de
fonctionnaire, quel que soit son niveau de formation. Entre
l'étatisation assumée, les décentralisations créatrices de
doublons, et les crises économiques régulées par l'emploi public
et «aidé», le secteur «administration et santé» s'est accru de
2,7 millions d'employés. La masse salariale de l'État n'a cessé
d'enfler, avec une
progression des effectifs de 0,6% par an sur la dernière décennie,
soit deux fois plus vite que dans le privé! On pense
irrémédiablement aux enfants des villages de province, ayant
rejoint la fonction publique dans la «grande ville» la plus proche,
comme le pressentait dès 1964 Jean Ferrat, avec une tendresse
mélancolique dans sa chanson sur la «Montagne»: «leur vie? Ils
seront flics ou fonctionnaires...».
La charge est quasi stalinienne et Ferrat passerait presque pour un
barde macronien, et le règne des prédécesseurs de Macron pour un
socialisme ininterrompu. Parce que l'Etat n'a pas besoin de flics,
d'instituteurs, d'employés aux diverses gestions administratives et
sociales ? Parce que ces millions de fonctionnaires sont
inutiles ? Trop payés ? C'est la « masse salariale
de l'Etat » qui n'a pas cessé d'enfler ou le capital qui est
devenu de plus en plus improductif ? C'est qui qui a « enflé » ?
La situation misérable des chômeurs et des petits salaires ou les
salaires mirifiques des marionnettes du CAC 40, les retraites
chapeaux des milliardaires patronaux, sans compter ces milliers et
milliers de petits patrons qui roulent 4X4 ?
LES CADRES SONT PARTIS TRANSFORMER LES VILLES...
Les « enfants des villages de province ont été rejoindre la
fonction publique » nous dit-on entre deux graphiques plus
haut, mais peu après on nous renseigne ainsi : « L'économie
paysanne en perdition, les cadres partis transformer les villes » !?
Qui fait quoi dans la marche du capitalisme ? L'Etat
engraisserait des fonctionnaires, des villageois ramèneraient leur
fraise en ville, puis des cadres (d'où venus?) seraient « partis
transformer les villes » ? Une variante de structuralisme
aussi bêbête que celui de Françoise Parturier. L'analyse est
strictement nationale bien entendu car il ne saurait y avoir
d'ingérence de la compétition capitaliste mondiale dans l'étroit
hexagone franchouillard, de même que le nuage de Tchernobyl s'était
arrêté à nos frontières, par pur respect des convenances
écologiques. Dans leur délire nos insanes précisent, sans se
relire cette saillie : « La géographie de
l'emploi ne s'est pas trouvée fondamentalement modifiée, et il n'y
a pas eu de réorganisation profonde de la carte de l'emploi. Mais
par exemple, la chute de l'emploi ouvrier a été plus forte dans les
grandes villes que dans les zones rurales, accentuant la
précarisation des campagnes. En effet, les ouvriers agricoles ont
stagné, car leur métier n'est pas délocalisable ». Pauvres
ouvriers agricoles, contrairement aux ouvriers urbains ils ne peuvent
même pas être délocalisables à merci, belle leçon de citoyenneté
sociale. Comprenez que s'il n'y a plus d'embauche en ville les
ouvriers de base peuvent rester dans leur foin à la campagne, et
oubliez (ce serait un argument du FN que diable !) que les
professions du BTP et de nounous sont occupées déjà pour la
plupart par des prolétaires non nationaux et bien plus corvéables
et exploitables (mais l'INSEE n'en dira rien). Principale leçon :
plus le capital est improductif plus il a besoin de prolétaires
soumis et sans défense.
LES PROFESSIONS « INTELLECTUELLES » EN EXPANSION EN VILLE
Gommant l'expansion des services de l'immigration – deuxième
composante de l'habitat urbain – nos insanes statisticiens sur
commande s'émerveillent du corollaire à ce qu'ils ne nomment pas
destructions d'emploi « non intellectuel » ; voici
la masse des indignados : « ils constituent 25% des
salariés des «pôles urbains de plus de 100.000 habitants. Une
proportion qui grimpe jusqu'à 30% en Île-de-France ». Les
insanes insistent alors sur la « disparition des ouvriers »
- qui n'ont pourtant pas disparus après trois couches de graphiques,
qui sont autant ces milliers de « manuels » toujours
présents en ville, charpentiers comme nounou africaine ou serveur
sans patrie – et pour se moquer pour une fois bien de la nouvelle
petite bourgeoisie : « Combinée à la disparition des
ouvriers, cette concentration progressive des cadres dans les grandes
villes explique aisément la «gentrification»
de certains quartiers, anciens
faubourgs populaires transformés en repères de diplômés
pleinement intégrés à l'économie mondialisée ».
LA NEGATION DE LA CLASSE OUVRIERE N'EST QUE SA PRECARISATION ET SA
DISPERSION
Avec ces calculs d'apothicaire nos insanes statisticiens participent
du camouflage de l'exploitation et du profit où à la honte de jeter
dehors les prolétaires en surnombre, s'ajoute l'ostentation à
mépriser ceux et celles qui ont travail stable (parce qu'ils sont
forts en nombre mais hélas encore corporatisés et caporalisés par
les bandits syndicaux), et s'ajoute pire encore la honte de ces
patrons antiracistes qui spolient les « immigrés » des
services culinaires et chiottes compris dans les villes gentrifiées
où les bobos ont toute bonne conscience de se faire servir en
ignorant ce qui se passe dans l'arrière cuisine.
L'argument « il n'y a plus d'ouvriers » ou « les
ouvriers ne sont plus qu'une minorité », rabâchés depuis 30
ou 40 ans, ne vaut rien, pas plus que le « livre noir du
communisme » n'a démontré que le communisme aurait fait des
millions de victimes, quand c'est le capitalisme, et d'Etat, qui a
produit camps de la mort et guerres mondiales. Dans sa première
phase de développement, le capitalisme n'employait qu'une minorité
d'ouvriers, cela ne l'a pas retenu de développer en nombre cette
classe, plus de la fractionner ni de faire passer l'immense majorité
des salariés et des chômeurs pour les faire passer pour des
non-ouvriers, parce que le nom serait devenu plus intellectuel !
Par contre le capitalisme dit désormais « globalisé »
(après mondialisé) en revenant à de petites unités de production
signe sa régression, sa tentative de se raccrocher aux petites
bouées entrepreneuriales, comme aux fictions d'indépendances
régionalistes. Ce capitalisme faible est européen, et concerne les
vieilles anciennes puissances réduites à végéter sous le bon
vouloir des grands dominants.
Marx avait prévu dès 1857 le gonflement des classes moyennes mais
aussi leur paupérisation. Il voyait très bien comment le mouvement
du capital tendait à faire du bourgeois un personnage superflu, ce
qu'a confirmé 50 ans de capitalisme d'Etat russe, de welfare state
américain et de gestion nationalisée française. Le bourgeois de
droite comme son homologue merdeux macronien voudrait se croire à
nouveau un personnage important, mais bernique, le capital n'a plus
besoin, dans l'élite, que de « fonctionnaires salariés »
au service des anonymes actionnaires et des banksters.
PROLETARISATION OU MARGINALISATION DES CADRES ?
Le nombre des cadres a en effet doublé, en ville. Ce phénomène n'a
pas la même signification qu'on lui attribue généralement d'un
relèvement du niveau culturel ou d'un bon ascenseur social. Cette
promotion est à son tour frappée de malédiction. Ils sont pour la
plupart tous bientôt inquiétés par l'avenir (tiens un
questionnement très ouvrier?), ils sont vieux pour l'entreprise dès
45 piges. Se rendent-ils compte qu'ils sont prolétarisés dès
lors ? Non pas vraiment, ou alors c'est en toute fin de
carrière, et au placard, qu'ils commencent à se rendre compte qu'on
les a traités comme de vulgaires prolétaires manuels. En attendant,
ils s'indignent et se laissent séduire par les âneries gauchistes
comme la « citoyenneté dans l'entreprise », la
« tentation de l'artisanat ». Leur propre monde, factice
et m'as-tu-vu – le monde des cadres – les insupportent. Et je
complète avec cette enquête du Figaro : « D’abord à
cause d’un phénomène massif, durable et maintenant mieux compris:
l’ennui et la perte de sens au travail. De plus en plus d’employés
perçoivent désormais leur poste comme un bullshit job ou «
job à la con », tel que théorisé en 2013 par l’anthropologue
américain David Graeber, et s’y ennuient profondément. En cause ?
La répétitivité des tâches, l’absence de créativité et le
manque de résultats concrets, griefs les plus redondants. La
généralisation de l’ordinateur au travail, à partir du milieu
des années 1980, a modifié profondément les rythmes et la
productivité, contrebalançant un pouvoir de calcul foudroyant par
des normes et des procédures de contrôle (« processes ») toujours
plus strictes ».
L'enquête interroge ensuite une cadre dégoûtée qui insiste
justement sur la croissante « inhumanité du travail »
que la révolution macroniste n'a surtout pas pour but d'abolir ;
arrivée chez BNP Paribas au début des années 90, elle a vu son
travail se transformer sous l’effet de la dématérialisation des
tâches. « Désormais, la quasi-totalité du travail d’un banquier
s’effectue devant un ordinateur », explique-t-elle. « Le contact
humain est réduit à sa portion congrue, et même la production
écrite tend à disparaitre. » Conséquence supplémentaire,
les relations au travail changent et tendent à se détériorer : le
client n’est plus devant soi mais à des milliers de kilomètres,
le collègue situé un étage au-dessus se contente de communiquer
par mail, etc. Dans cet environnement, certains s’adaptent ou ne
perçoivent pas d’aliénation particulière ; d’autres ne
tiennent plus en place ».
« Les emplois classiques qui rebutent certains des jeunes
reconvertis. Pour Edouard, 27 ans, il a suffi de deux ans en finance
à Londres pour comprendre qu’il aurait plus d’impact, et de
gratification, en restaurant des voitures anciennes ; un marché
d’ailleurs particulièrement en forme, ce qui est assez rare pour
s’y intéresser. Car dans des économies occidentales faisant du
sur-place depuis quelques années, l’entreprise se fige, comme les
carrières. Dans son livre la Révolte des premiers de la classe
sur le phénomène de reconversion, Jean-Laurent
Cassely cite le spécialiste Denis Monneuse, qui a calculé que
le
salaire d’un cadre est aujourd’hui en moyenne 2,7 fois celui d’un
ouvrier, alors que le rapport était de 1 à 4 dans les années 1960.
Une banalisation progressive, et un sentiment de déclassement social
relatif que certains ressentent amèrement. « Nous sommes des
ouvriers des temps modernes », confie Juliette Bouzou. «
Surdiplômés, certes, bien payés, mais des ouvriers quand même. »
Une autre enquête, plus intéressante que celle, orientée et
frauduleuse, de nos insanes de l'INSEE, soulignait que, en France, 6
millions de personnes manquent de travail. Les plus touchés: les
jeunes, les seniors, les descendants d'immigrés mais surtout, et
quel que soit l'âge, les «peu qualifiés»: ils représentent 5,9
points des 10,3% de chômage dans l'Hexagone (au sens du BIT). Malgré
la création en 1984 d'un régime spécifique de solidarité et les
modifications des indemnisations des chômeurs depuis les années
1990, environ un demandeur d'emploi sur deux ne touche pas
d'allocations chômage et plus d'un tiers vit sous le seuil de
pauvreté. Il ne s'agit donc pas du tout d'une disparition de la
classe ouvrière mais de sa paupérisation, ce qui est révoltant et
ne relève pas de la froideur des chiffres.
La génération du baby boom entre en retraite, mais de plus
en plus tard, et alors que les jeunes qui arrivent sur le marché du
travail sont à la fois un peu plus nombreux que ces dernières
années, mais aussi plus qualifiés. «Même si la proportion de
diplômés du supérieur parmi les jeunes s'est stabilisée depuis
2005», nuance le rapport. Avec le développement du numérique et de
l'automatisation, l'emploi va, sans aucun doute, se polariser. Cela
signifie qu'il y aura plus de postes peu qualifiés et plus de postes
très qualifiés, avec le risque que les employés «intermédiaires»
se déclassent et concurrence le travail des peu qualifiés. Selon
une étude qui a fait grand bruit, celle
d'Osborne et Frey, 47% des emplois seraient menacés de
destruction à moyen terme par la robotisation. Un chiffre toutefois
largement relativisé, notamment par l'OCDE,
qui a récemment
chiffré les risques d'extinction de certains emplois à 9% et
celui de profondes modifications d'autres emplois à 20% ».
Evoquer la disparition ou la destruction d'emplois comme planifiée
ou agitée comme tsunami inévitable, sert à accroître la peur du
lendemain (Babeuf) et à terroriser pour empêcher de croire une
lutte possible contre l'escroquerie de la globalisation
modernisatrice. Cadres n'attendez pas le retraite pour comprendre que
vous êtes désormais aussi des prolétaires !
L'avenir de vos enfants c'est mort aussi. L'apprentissage en France
est une farce de longue durée et
qui reste opaque et inutile. Le débat sur les 35 heures s'est éternisé et n'aura été qu'un gadget pour salariés « garantis ». Les CDD sont de plus en plus courts. Cadre tu es aussi superflu dans l'entreprise dans le moyen terme que l'inqualifiable manuel que tu vois passer derrière ta cage vitrée. Et la solution n'est pas dans l'artisanat individualiste et borné.
qui reste opaque et inutile. Le débat sur les 35 heures s'est éternisé et n'aura été qu'un gadget pour salariés « garantis ». Les CDD sont de plus en plus courts. Cadre tu es aussi superflu dans l'entreprise dans le moyen terme que l'inqualifiable manuel que tu vois passer derrière ta cage vitrée. Et la solution n'est pas dans l'artisanat individualiste et borné.
S'il fallait que la classe ouvrière repense le travail, par
elle-même, et pas via la prétention de tous ces pitres de
spécialistes en stratégies sociologiques et propositions
macronesques, ce n'est pas avec l'intox sur les méfaits de la
« modernisation numérique » mais en posant le problème
de la réorganisation de la société après avoir foutu en l'air la
bourgeoisie et ses « fonctionnaires salariés », je
précise bien, du haut, ministres, députés, chefs syndicalistes,
patrons et collabos de la petite hiérarchie. En attendant, guerres,
désindustrialisations, délocalisations, destructions d'emplois et
immigrations de masse, perpétuent de manière routinière un chômage
de masse.
CADRES REJOIGNEZ SANS CRAINTE LES PROLETAIRES DANS LEUR COMBAT POUR
FICHER EN L'AIR LE CAPITALISME !
1Le
géographe Christophe Guilluy, révélé par Fractures françaises
(Flammarion, 2013) et par La France périphérique. Comment
on a sacrifié les classes populaires (2014), s'inspire
indirectement et faiblement du marxisme par ses remarques sur les
mutations des classes populaires où il réfute plusieurs idées
reçues sur la banlieue. Son nouvel ouvrage, Le Crépuscule de la
France d'en haut (Flammarion). Selon ce « géopgraphes »
la baisse de la proportion d'ouvriers est réelle, mais elle s'est
accompagnée d'une augmentation de la proportion d'employés. Les
catégories populaires - qui comprennent aussi les petits
agriculteurs - n'ont donc en rien disparu. Elles sont
simplement moins visibles, puisqu'elles vivent loin des grands
centres urbains où se concentrent décideurs publics et privés. Si
l'on considère l'ensemble du territoire national, la part des
catégories populaires dans la population française est restée à
peu près stable depuis un demi-siècle. Le problème social et
politique majeur du pays c'est que, pour la première fois depuis la
révolution industrielle, la majeure partie des catégories
populaires ne vit plus là où se crée la richesse. Or, Christophe
Guilluy l'affirme: les catégories sociales qui soutiennent la
mondialisation sont trop peu nombreuses pour que leur projet de
société continue à s'imposer longtemps encore à la France
périphérique. Il ne nous dit pas lui non plus quel pourrait être
un projet de société de ces « classes populaires »
alors qu'elles n'en ont même pas plus loin que l'horizon du
supermarché.