"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 17 septembre 2022

CONSIDERATIONS EDUCATIVES SUR LES (nouvelles) IDEOLOGIES DU VIEUX MONDE QUI NOUS FONT CHIER



« Le mythe de la révolution dévale sur le monde moderne. (…) Nous assistons à un usage outrageux du terme "révolution", tout et n'importe quoi est aujourd'hui qualifié. (…) Pour bien mesurer l'abus de mots, il faut comprendre en profondeur que la technique produit une société essentiellement conservatrice, intégratrice, totalisante, en même temps qu'elle entraîne d'énormes changements. Mais ce sont les changements d'un rapport à soi toujours identique. La technique est antirévolutionnaire mais, par les "progrès" effectués, donne l'impression que tout change, alors que seules des formes et des moyens se modifient. Elle anéantit la pulsion révolutionnaire en accroissant tous les conformismes à sa propre structure intégrée ». 
Jacques Ellul, Autopsie de la révolution (1969)« Regrettez-vous le temps où d'un siècle barbare


Naquit un siècle d'or plus fertile et plus beau ?

Où tous nos monuments et toutes nos croyances

Portaient le manteau blanc de leur virginité ? » Alfred de Musset

« Il me semble que nous sommes à la veille d'une grande bataille humaine ; les forces humaines sont là ; seulement je ne vois pas le général ». Balzac

TRISTE TRAJECTOIRE DE RI à RI !

« Les bouleversements technologiques actuels devraient permettre de reconstruire, à partir d’une base beaucoup moins idéologique, moins influencée par les images de la révolution française et de la révolution russe, une conception plus concrète de la nouvelle société à bâtir ».

Raoul Victor

« Toutes les technologies sont révolutionnaires, or l'ère du numérique est une technologie, donc le numérique est révolutionnaire » ! Ainsi parlait Zarathoustra ou au moins Aristote ? Non c'est un syllogisme de Raoul Victor passé de Révolution Internationale à Révolution Informatique.

On peut désormais ajouter cet ancien camarade (fondateur du 1er RI) dans le marais du wokisme, tout du moins dans son aile ultra-gauche pacifiste et conseillante, quand les autres se considèrent comme « éveillants » (wokistes) aux conneries de Sardine Ruisseau1 et tutti haschich. Pas besoin de citer les longues tartines de RV sur les miracles de la technologie, une poignée d'extraits suffit à démontrer ses délires repris des plus bêtes scientistes bourgeois :

«  Les bouleversements technologiques actuels devraient permettre de reconstruire, à partir d’une base beaucoup moins idéologique, moins influencée par les images de la révolution française et de la révolution russe, une conception plus concrète de la nouvelle société à bâtir ».

Il fallait le faire. Il l'a fait. Pour la première fois dans l'histoire moderne, un révisionniste distingué peut nous faire le coup de n'importe quel bourgeois humaniste du siècle de Marx : le mouvement de révolte contre la société moderne abrutissante a tout intérêt à s'inspirer des avancées anti-hiérarchiques et des idées novatrices grâce à la technologies du corpus même de la domination bourgeoise, laquelle serait plus ou moins consciente, par exemple, n'est-ce pas, avec son discours écologique si caricatural et punitif !

« Jamais auparavant, l’évolution des forces productives n’avait posé de façon aussi concrète la nécessité et la possibilité d’une société sans hiérarchies, sans nations, sans échange marchand. En ce sens, cette révolution technologique devrait être aussi la dernière pour le capitalisme. (…) Il ne s’agit pas de penser que le développement des technologies va nous conduire à une société communiste tout naturellement, progressivement et qu’un jour, sans que la bourgeoisie mondiale ne s’en aperçoive, nous nous réveillerons dans un monde devenu « gratuit » (…) ... si on peut, sans crainte de tomber dans des spéculations hasardeuses, affirmer que la réalité de la mondialisation accélérée de la vie économique du capital, du développement de moyens de communication qui rendent caduques grand nombre de hiérarchies, de l’apparition et le développement d’un secteur « économique » qui préconise le « gratuitisme » comme rapport de distribution et de production, toute cette nouvelle réalité constitue et constituera de plus en plus un élément important pour la définition et perception concrète de ce que pourra être une société post-capitaliste, le vrai communisme ».

Ce raisonnement basé sur une série de syllogismes2, copie au fond une similarité du passage du féodalisme au capitalisme, au sens où celui-ci était déjà contenu dans les rapports marchants de celui-là. Avec son raisonnement simpliste, sans oublier ce ton professoral sentencieux et condescendant qui épatait tant ses fidèles nigauds comme Max naguère intramuros RI one, RV imagine que des rapports communistes préexisteraient dans notre monde capitaliste, dont les linéaments ne sont rien d'autre que les vieilles conceptions libertaires et anarchistes qui, toutes n'ont rien à voir avec la liberté et les besoins (débarrassés de l'artificialité marchande) projetée sur un avenir communiste mais sur l'individualisme le plus crasse qui sévit partout, à tous les niveaux de cette société pourrissante ; individualisme totalement porté et étendu universellement sur les réseaux de tout acabit et de tout bar tabac, du portable à la chasse d'eau connectée. Si l'on en croit l'enchanteur Raoul, suave et langoureux, la mise en cause des piscines privées et des jets privés préfigurent l'abolition de la propriété privée et la fin du gaspillage pour lequel a lutté deux cent ans de socialisme! Le bond vers la société libérée du capitalisme ne sera plus qu'un saut de puce.

Or, ce que ne voient ni Raoul ni son ancienne organisation, le CCI, c'est qu'il y a bien un changement du mode de production, dans la façon d'ordonnancer la production (délocalisation planétaire et non pas mondialisation des besoins) qui a pour but de dissoudre la classe ouvrière. On ne construit plus des usines en Europe mais de grands immeubles vitrés où les gratte-papiers passent leur temps à envoyer messages et commandes au sud ou en Chine. Au même moment, des milliers de travailleurs dans le bâtiment, étrangers ne parlant pas notre langue, précaires migrants, serveurs et garagistes africains, suent le burnous dans la poussière et les accidents... il paraît que cette situation est due à la baisse de natalité et au fait que les français ne veulent plus faire le sale boulot... c'est ça la révolution technologique et les idées immanentes d'un futur communiste nettoyé du ciment et du stalinisme ?

Le "refus du travail" (vieille mode hippie de l'anarchisme post-68) a été remis à la mode à la suite du temps arrêté du covid. Le télétravail ou les dispositifs de chômage partiel, en éloignant les salariés de leur lieu de travail, ont facilités les demandes de rupture conventionnelle et les démissions. Les journalistes bourgeois ont glosé et déliré. On a laissé éructer telle petite bourgeoise: "«Je ne veux plus du tout travailler!» C'est dit. À 58 ans, Caroline est formelle: elle n'attendra pas l'âge de la retraite et compte bien «retrouver sa liberté» le plus rapidement possible. Cadre dans une entreprise de logistique de la région nantaise, elle témoigne ne plus se sentir capable de reprendre ses fonctions". Ne voilà-t-il pas une ébauche de pensée communiste? en aura conclu l'enchanteur Raoul. Plaisanterie! Le même genre de déclaration de cadre outré par le travail en entreprise était le fait d'arriviste qui entreprenaient déjà de créer leur propre entreprise!

TERRORISME INDIVIDUEL OU INDIVIDUALISME TERRORISTE

« Le populisme et le fondamentalisme sont des réponses au double désordre écologique et économique. Assez inadéquates, semble-t-il. Mais assez dynamiques pour jouer leur rôle : l’accélération du désordre en question.

Pascal Ory, Ce que dit Charlie : treize leçons d'histoire, éd. Gallimard, 2015

Durant mes années au travail je dois reconnaître que le militantisme, mieux qu'une religion m'avait aidé, je le dis carrément, à vivre, comme l'a dit un jour un grand écrivain prolétarien. Les humiliations ne me concernaient pas moi finalement, ce Je était un autre. Ce qui ne m'empêchait pas de découper et ranger soigneusement les articles de Libération sur les exécutions de patrons ou de contremaîtres par des femmes ou hommes, « gens de peu », victimes de ce qu'on ne nommait pas à l'époque perversion narcissique. Il y en eût nombre par exemple en 1996, et bien en France :

  • Deux morts pour une mauvaise note : à Versailles elle tue son chef pour une titularisation retardée. Et se suicide.

  • Quinze ans de réclusion pour le peintre du Bon Marché qui a tué son chef de service.

  • « Il était le chef et il était méchant ». Devant les assises, Philippe Jegado répond du meurtre de celui qui l'avait fait licencier.

  • « Kapo aux ordres » pour l'atelier, « homme super » pour sa femme, le chef est mort, dix-huit ans requis contre l'homme qui l'a tué.

  • Dulio Garces, plutôt tueur que chômeur. Un ouvrier abat son contremaître, blesse son patron et se tue.

Je ne résiste pas à vous extraire un résumé du meurtre au Bon Marché :

« Philippe Jegado , employé à l'atelier de peinture du Bon Marché, à Paris, a d'abord cogné sur son chef, Claude Mauger. C'était le 15 juillet 1992 en fin d'après-midi, à l'heure de la sortie. (…) Aux policiers, les employés du magasin ont raconté que le peintre, ancien intérimaire de 35 ans à l'époque des faits, célibataire, sans domicile, ne supportait plus les « réflexions fréquentes » du chef d'équipe (…) Claude Mauger venait de demander le licenciement de son subordonné. Ce qui avait été accepté. Après le coup de poing, Philippe Jegado est allé boire un café au premier sous-sol. Puis il est allé chercher dans son placard au vestiaire, une boite noire et rouge, avec des cartouches à l'intérieur, il a sorti son pistolet de sa cachette... Et il s'est rendu à l'atelier. Il a fait mettre tout le monde à genoux. Il s'est assis sur l'établi, et il a commencé à vider son sac, à dire que Claude Mauger était un incapable, qu'il ne lui faisait que des « ennuis », il lui a pointé le pistolet sur la tempe, en répétant au moins dix fois, selon les autres peintres : « je vais te mettre une balle dans la tête. A 18H03, il a tiré. (les magistrats lui font raconter sa vie avant, la mère avait le cancer et le mari ivre battait femme et enfants, la mère est morte quand il avait quinze ans, il vit dans les caves de Clamart, LSD, morphine, héroïne, des vols...). Il avait été embauché au Bon Marché en 1988. Mais voilà, il y avait Monsieur Mauger : « Il était le Chef. Quand on est chef on n'a pas besoin d'être qualifié professionnellement, on peut tout se permettre, on a toujours le dernier mot. Il était méchant et il nous disait : « Vous ne pouvez rien faire. Je peux vous parler comme j'en ai envie, il y a une barrière et vous êtes du mauvais côté ». Chaque mois le peintre économisait 1600 francs pour acheter une maison. Il avait fait une demande de prêt au Bon Marché. « Mon chef m'avait dit : « Tu as fait une demande pour le 1% patronal ? Fais-moi confiance tu ne l'auras pas ». C'était un mois avant l'assassinat.

J'ai mon Trotski sous le coude pour nous donner bonne conscience et ne pas paraître lâche :

« Si nous nous opposons aux actes terroristes, c'est seulement que la vengeance individuelle ne nous satisfait pas. Le compte que nous avons à régler avec le système capitaliste est trop grand pour être présenté à un quelconque fonctionnaire appelé ministre. Apprendre à voir tous les crimes contre l'humanité, toutes les indignités auxquelles sont soumis le corps et l'esprit humain, comme les excroissances et les expressions déformées du système social existant, dans le but de diriger toutes nos énergies en une lutte contre ce système - voilà la direction dans laquelle le désir brûlant de vengeance doit trouver sa plus haute satisfaction morale »

C'est beau comme un camion, mais cela ne m'a pas empêché certaines nuits de désirer buter tel ou tel chef odieux, ni d'admirer ceux qui étaient passés à l'acte. Tout ce passé qui renvoyait aux attentats individuels anarchistes pouvaient être rationnellement compris, déploré ou regretté, mais aujourd'hui quand la plupart des crimes individuels ont une justification religieuse, comment raisonner et comprendre avant de haïr ?

Un journaliste anglais formule bien notre questionnement :

« Les services de sécurité et les gouvernements à travers le monde sont vigilants face à la menace qu’exercent les terroristes isolés dans nos villes. Mais quand il n’y a pas de manifestation d’une intentionnalité ou d’une idéologie explicite, quand on en vient à soupçonner un problème de santé mentale et une propension, de la part de groupes comme l’État islamique, à revendiquer à peu près n’importe quelle attaque, alors comment définir le terrorisme individuel ? »3.

Ce terrorisme est principalement le produit de NOTRE époque, dit Pascal Ory4, mais peut-on vraiment le différencier du terrorisme individuel anarchiste du temps jadis ? Quand Ory analyse cette « désorganisation » qui a envahi la société capitaliste actuelle, il n'est pas loin de la temporalité du CCI liée aux causalités de la chute de la maison stalinienne pour doper la renaissance du religieux :

« Mais la forme dite «religieuse» que prend ce radicalisme est, elle, liée à ce que j'ai appelé jadis la «Révolution de 1975» - entendons le grand basculement intellectuel issu de la simultanéité, sur fond de fin de la croissance, de la dernière victoire léniniste (le Vietnam) et du succès de l'Archipel du Goulag de Soljénitsyne, des premiers succès néolibéraux (Thatcher, Reagan) et des premiers triomphes néoreligieux (Jean Paul II et Khomeiny, à quelques mois d'intervalle). Nous en sommes encore là. Plus profondément encore, la révolution culturelle, sur le long terme, est d'essence individualiste. Le terrorisme 2015 est très individualiste, la réaction de la société française l'a été tout autant. Pour un «quarante-huitard» comme moi (né en 1948, 20 ans en 1968) la différence est frappante : les «marches républicaines» de janvier, les monuments spontanés de novembre devant les lieux d'attentat sont des manifestations de masse d'individualistes ».

Enfin autre explication pénétrante :

« Jusqu’au siècle des Lumières, les grandes révolutions sont religieuses - le christianisme, l’islam. Et les trois premières révolutions modernes (Provinces-Unies, Royaume-Uni, Etats-Unis) puisent leur énergie dans le protestantisme. La particularité de la France - vieux pays catholique et étatique - est de proposer une révolution laïque : il n’y a pas ici de place pour deux Eglises. Le fondamentalisme nous rappelle opportunément que dans l’univers dit «païen», il n’y a pas de séparation du religieux et du politique : ce que les modernes appelleront «religion» n’est jamais que la symbolisation du politique. Je postule donc, comme Olivier Roy, l’islamisation d’un radicalisme plutôt que la radicalisation de l’islam ».

Or, Ory ne semble pas prendre en compte que ce nouveau terrorisme individualiste n'est pas social, en tout cas ne relève pas de la lutte des classes. Il relève à la fois de l'irrationnel et surtout de MA démarche individualiste: je tue au nom d'Allah parce que, étant malheureux de naissance, j'ai tous les droits , même celui de tuer un français. L'individu islamiste tue de son propre chef (même si le crime lui a été commandité), au nom d'un Allah imaginaire. Les dieux des religions n'ont pourtant pas pour mission d'encourager au meurtre. L'imaginaire divin est plutôt considéré comme miséricordieux, vantant l'amour du prochain et n'exigeant pas une déontologie du meurtre, sauf pour les interprètes fanatiques et assoiffés de sang. L'arabe assassin n'est ni un produit de l'islam ni de sa nationalité propre, il n'est qu'un  déchet d'une société capitaliste pourrissante et cynique. On ne peut pas se voiler les yeux avec la gauche bobo, en faisant mine d'ignorer que la plupart des attentats sont commis en Occident par des arabes, même s'il y en a d'autres, des fanges d'extrême droite ou des services secrets d'Etat comme chez Poutine. Même s'il y a quelques français aux longues barbes effilés c'est la preuve que notre société est incapable d'intégrer les êtres humains et produit des fauves terroristes, ce qui n'excuse en rien les crimes de masse et les égorgements impulsifs.

On pourrait par contre constater qu'il n'y a pas une grande différence d'appréciation du système politique bourgeois entre ouvriers musulmans et français. Les immigrés ne peuvent pas se sentir représentés par les divers politiciens, tels les rigolos de la Nupes qui vont aller trouver des justifications wokistes à une espèce de retour du bâton du colonialisme ! On peut comprendre que l'immigré ou le migrant tentent d’échapper à tout engagement envers l’État en s’impliquant dans des réseaux transnationaux. Leurs critiques de la représentation et du cinéma politique du personnel bourgeois ne peuvent être étrangères au rejet civique des institutions élitaires par la majorité de la classe ouvrière en France.

Pour les non-intégrés, dits islamistes radicaux, partir de la religion en croyant lutter et dénoncer ce système d'une façon heuristique en tuant aveuglément n'est même pas anarchiste (l'anarchiste combattait l'injustice et l'Etat oppresseur) mais profondément individualiste, comme la prière et l'agenouillement. Or, cette aliénation ne nous est pas étrangère. Formellement elle est le produit d'une société en déshérence. Pour aussi injustifiable que soit l'attentat islamiste individualiste, il est l'aboutissement aussi de cette simili « révolution technologique » qui, en vérité, détruit les rapports humains, favorise la solitude qui est le principal ferment de l'envie de tuer pour exister, facteur déterminant auparavant chez le nazi de base. Comme quoi la décadence capitaliste date d'hier.

La physiologie de l'islamisme c'est Trotski qui la définit parfaitement dès 1933 :

« Le fascisme a amené à la politique les bas-fonds de la société. Non seulement dans les maisons paysannes, mais aussi dans les gratte-ciel des villes vivent encore aujourd'hui, à côté du XX° siècle, le X° et le XII° siècles. Des centaines de millions de gens utilisent le courant électrique, sans cesser de croire à la force magique des gestes et des incantations. Le pape à Rome prêche à la radio sur le miracle de la transmutation de l'eau en vin. Les étoiles de cinéma se font dire la bonne aventure. Les aviateurs qui dirigent de merveilleuses mécaniques, créées par le génie de l'homme, portent des amulettes sous leur combinaison. Quelles réserves inépuisables d'obscurantisme, d'ignorance et de barbarie ! Le désespoir les a fait se dresser, le fascisme leur a donné un drapeau. Tout ce qu'un développement sans obstacle de la société aurait dû rejeter de l'organisme national, sous la forme d'excréments de la culture, est maintenant vomi : la civilisation capitaliste vomit une barbarie non digérée. Telle est la physiologie du national-socialisme ».

LA MYSTIFICATION DES RICHES CONTRE LES PAUVRES

La définition de la gauche aujourd'hui ne peut s'arrêter au qualificatif de bourgeois. Elle est un marais glauque où se mêle les eaux fétides d'un néo-stalinisme, incarné surtout par une morale féministe et sans humour, d'un libéralisme exhibitionniste suranné et une mixture du vieil anarchisme hippie mal digéré des années de jeunesses des derniers vieux barbons et de leurs progénitures. On peut déjà réfléchir au fait que la petite bourgeoisie politique a pris en otage la bourgeoisie depuis des années, via le PS, le PCF et la clique à Mélenchon, lui faisant perdre du temps sur le nucléaire, ignorant la gravité dans l'Eduque Naze, temporisant concernant la racaille islamiste, etc. (je développerai ultérieurement cette découverte constitutive de la décadence capitaliste, grâce en particulier à une plume de paon5.

Dans l'aile minable de cette bobocratie, les gauchistes anti-communistes ont inventé une formule qui n'existe ni dans le Manifeste communiste de 1848 ni dans les œuvres de Marx et Engels : « les frères de classe », reprise globalement par les sectes anarcho-ultra-gauches. La notion de frères étant utilisée essentiellement dans les religions, elle convenait aux idéalistes prêcheurs comme Weitling et aux bouddhistes post-68. La formule convient parfaitement à l'idéologie gauchiste devenue wokiste qui s'accommode à toutes les campagnes idéologiques bourgeoises, tout en postulant à une critique radicalement altermondialiste et « intersectionnelle » du système (où les vaches sont bien gardées, les féministes s'occupant du féminisme et les islamistes de l'islamisation du système) ; sans doute les linéaments de la « révolution technologique » et du refus du travail à la mode chez les cadres rassasiés, qui "refusent les travail" qui font rêver l'enchanteur Raoul Victor. La notion de « frères et soeurs » utilisée en particulier par le NPA pour les migrants en général et pour les électrices voilées permet de légitimer l'islamisme bon teint comme le radical (radical parce qu'il est armé n'est-ce pas comme les soldats du stalinisme vietnamien). Dans la nation et au front on était « tous frères », camarades « patriotes », terme remis à la mode depuis quelques années par la CGT et Mélenchon6, lequel ne s'adresse plus à ses fans comme à des « camarades » mais à « mes amis », comme n'importe quel politicien hâbleur en campagne promotionnelle. On ne peut plus parler sérieusement de question nationale (conçue comme libératoire ou émancipatrice) après la longue série des fausses décolonisations du tiers monde dans le temps, lesquelles ont empêché la création d'un prolétariat conscient ; il n'y a plus que de nouvelles constructions artificielles de l'impérialisme dominant (cf. l'Ukraine et l'Ecosse) ou, toutes aussi artificielles les diverses autonomies qui veulent devenir indépendantes (Catalogne, Ecosse, Pétaoutchistan, etc.).

Le nouveau chauvinisme « insoumis », qu'il se pare d'un néo-gaullisme désuet, de la défense des pauvres contre les riches, de Zemmour à Mélenchon, n'est que le kaléidoscope du populisme plan-plan. Le populisme va avec cet adjectif populaire qui ne voit que riches et pauvres, sans se soucier que tel ouvrier peut être plus riche qu'un bourgeois ou qu'un bourgeois puisse être plus conscient que certains ouvriers. Le populisme a en horreur les classes. Zemmour, avant de plaider pour la France raciste des campagnes, ne cesse de défendre les petits patrons car « il faut payer moins d'impôts » quand Mélenchon en appelle à « l'insurrection des pauvres » : plus creux cela ne s'invente pas.

Il me faut rappeler qu'une partie du NPA a rejoint le clan Mélenchon et n'a aucune honte à ressortir le joujou patriotique comme à soutenir le joujou catalan, la Palestine et l'islamisme. En 1891, Rémy de Gourmont  fît scandale avec ce joujou patriotisme:

« Le jour, pourtant viendra peut-être où l'on nous enverra à la frontière : nous irons, sans enthousiasme ; ce sera notre tour de nous faire tuer ; nous nous ferons tuer avec un réel déplaisir. « Mourir pour la patrie » ; nous chantons d'autres romances, nous cultivons un autre genre de poésie (…) S'il faut d'un mot dire nettement les choses, eh bien ! - Nous ne sommes pas patriotes » (Ed Pauvert, 1967).

Et c'est le flamboyant Octave Mirbeau qui le soutint :

« Aujourd'hui la presse est libre, mais à la condition qu'elle restera dans son strict rôle d'abrutissement public. On lui pardonne des écarts de langage, pourvu, comme dans la chanson de café-concert, que le petit couplet patriotique et final vienne pallier et moraliser les antérieures obscénités. On tolère qu'elle nous montre des derrières épanouis, des sexes en fureur ou en joie, encore faut-il que ce soit dans un rayonnement du drapeau tricolore. Soyons vulgaires, abjects ; remuons les sales passions et les ordures bêtes, mais restons patriotes. On peut voler, assassiner, calomnier, trahir, être une brute forcenée, un lâche brigand, cela n'est rien, si l'on organise du « boucan » dans les théâtres, si l'on insulte les femmes qui viennent d'Allemagne, si l'on vomit sur le génie des belles œuvres... ».

Si quelqu'un voit une différence avec notre morne époque wokiste et islamisée, qu'il m'écrive.


LE TRAVAIL C'EST PAS LA FAINEANTISE JOUISSIVE

« Je ne partage pas la proposition de garantie d’emploi, on va se couper du monde ouvrier, qui travaille dur ! » Fabien Roussel

« Le travail ne produit pas que des marchandises ; il se produit lui-même et produit l'ouvrier en tant que marchandise, et cela dans la mesure où il produit des marchandises en général ». Marx (1844)

Les députés ne travaillent pas et sont trop bien payés, c'est donc assez comique de les entendre parler du travail... des autres. La remarque de Roussel sur les assistés a fait florès. Les mêmes qui défendaient le même raisonnement par le passé (Mélenchon et le PS) l'ont dénoncé comme un féal de la droite, qui reprend un refrain d'extrême droite par démagogie électoraliste. Dans son programme présidentiel, Jean-Luc Mélenchon proposait démagogiquement une garantie d’emploi, rémunérée au SMIC par l’Etat dans les secteurs de la transition écologique ou du social pour tout chômeur de longue durée volontaire.... (d'où la saillie de sa collègue Sardine Ruisseau sur un droit à la paresse irresponsable, totalement étranger à l'humour de Lafargue). Toute une tartufferie qui accompagne et renforce la mode de mépriser le travail (surtout manuel) et qui fait ultra révolutionnaire comme s'en extasie l'enchanteur Raoul Victor.

Or, foin du démagogue populiste Mélenchon, le capitalisme ne veut PAS du plein emploi, et il tournerait plus vite casaque que son idole Mitterrand en 1983 s'il parvenait par chance à obtenir une place de premier commis d'Etat.

François Ruffin, qui avait lui-même lancé le débat en rapportant avoir entendu, dans sa circonscription de la Somme, des critiques sur la gauche au sujet de l’assistanat, a néanmoins condamné les déclarations de Fabien Roussel. « Opposer “la France qui bosse’ à ‘la France des allocs’, ce n’est pas le combat de la gauche, ce ne sont pas mes mots », a tweeté le fondateur du journal Fakir. Avant d’ajouter : « Les assistés sont là-haut, gavés de milliards par Macron : c’est notre travail politique quotidien que d’unir le bas contre le haut. 

Puis Roussel a fait une mise au point où il semble s'aligner sur les mêmes garanties utopiques du bateleur de foire Mélenchon :

« Le chômage tue. Les allocations, le chômage et le capitalisme entretiennent un système qui repose sur des revenus de substitution qui permettent de faire pression sur le travail, les conditions de travail et les salaires ». Il a estimé que "l'ambition" que doit avoir la gauche pour le pays est de "garantir à chacun de trouver sa place dans la société par le travail, une formation et un salaire".

Oui l'assistanat est un problème. Un problème qui révèle d'abord l'incapacité du capitalisme à développer la société, puis une méthode de charité pour limiter l'explosion du chômage, et enfin aussi un moyen de diviser et atomiser la vie ouvrière.

Oui, il y a une classe ouvrière qui travaille pour payer des allocations à ceux qui ne travaillent pas ou qui ne veulent pas ou plus travailler, et des migrants qui débarquent et ont besoin d'être aidés dans l'attente d'un emploi qui ne viendra peut-être jamais. L’assistanat est un paravent et un pare-feu. Et il y a aussi la réputation d'assistanat française et de "sécurité" sociale qui attire les pauvres du tiers-monde dont les frères Fassin sont les plénipotentiaires terroristes contre "l'occidentalo-centrisme". On bat en brêche un colonialisme éternel pour faire oublier que le capitalisme pouvait tout aussi bien développer industriellement l'Afrique et qu'il ne reste plus qu'à accueillir toute la misère du monde.

Il faut être en milieu ouvrier, sans généraliser, pour constater que dans la misère il y a une misère plus grande encore et plus choquante de ces assistés ; non leur pauvreté ou saleté, mais un sentiment d'étrangeté face à des attitudes qui méprisent ceux qui travaillent « pour rien », qui ont tous les droits auprès des services sociaux, qui traitent comme moins que rien les ouvriers qui viennent réparer leur logement ou livrer. (je l'ai vu et entendu) ; où la frontière entre trafic de drogue et larçins quotidiens est effacée quand la sécurité civile n'existe plus. Autour de la classe ouvrière pauvre des banlieues existe un lumpen sur lequel la gauche bobo se pince le nez et crie au racisme dès qu'on s'étonne de la concentration de certaines populations ou de la propagation d'une culture saharienne, même si le sable ne leur souffle pas dans les yeux. Faudrait-il laisser la lucidité à la seule extrême droite parce qu'il est interdit de penser par le bobo-stalinisme?

Une bonne partie de la population reléguée dans les barres en béton est de plus en plus constituée aussi d'immigrés récents qui ne se pensent pas comme ouvriers, ne se sentent pas plus de gauche que de droite. Elle n'est pas la clientèle de Mélenchon qui recrute surtout les petits bourgeois de toutes les classes. Elle pencherait plutôt pour le vote d'extrême droite. Enfin elle se moque de l'empathie de l'organe de gauche qui vend des voitures haut de gamme à ses lecteurs cadres. L'OBS a pris la défense des « allocataires » en tout bien tout honneur  car «L’assistance ne s’oppose pas au travail », ce qui dans l'abstrait est juste. Mais les Paugam et cie ne vivent pas dans ces banlieues. On voit l'énorme différence avec les années 1950 et 1960 où il n'y avait personne dans les rues quand la journée de travail occupait toutes les forces vives. Aujourd'hui, les parkings des supermarchés restent pleins toute la journée. Des hommes et des femmes de tout âge circulent comme si on était en weekend. Le questionnement n'est pas seulement chez les ouvriers mais aussi chez les cadres qui en ont marre de payer des impôts pour tout le monde. Le journal des cadres friqués l'OBS ne craint pas de complexifier la situation, même en celant certaines vérités :

« Le discours sur la « gauche des allocs » occulte par ailleurs la réalité du marché du travail aux franges de l’assistance. La frontière entre le travail et l’assistance est devenue poreuse du fait de la multiplication des emplois précaires qui ne permettent pas toujours à celles et ceux qui les exercent d’éviter la pauvreté. Depuis le début des années 2000, plusieurs dispositifs successifs ont contribué à brouiller cette frontière : la prime pour l’emploi en 2001, le principe du RSA adopté en 2008 permettant de cumuler un revenu d’activité et un revenu d’assistance, la prime d’activité en 2016… Autant de mesures destinées, soit à venir en aide aux travailleurs pauvres, soit à encourager les allocataires sociaux à travailler à temps très partiel. Elles contribuent ainsi à créer une catégorie mouvante et incertaine de salariés précaires assistés. La circulation entre la sphère de l’assistance et celle du travail est aujourd’hui plus complexe que ne semble l’admettre Fabien Roussel ».

C'est bien le raisonnement très spéculatif de genre député "socialiste", on décrit une situation "complexe" pour mieux la complexifier tout en vendant les mesures d'assistance sans critiquer cette même assistance qui est foutage de gueule et défense du capitalisme défaillant. Puis l'OBS en rajoute une couche en prétendant s'appuyer sur le gentil humoriste Lafargue, lui empruntant ses citations les plus dérisoires mais ridicules volontairement: "Le prolétariat, trahissant ses instincts, méconnaissant sa mission historique, s’est laissé pervertir par le dogme du travail. Rude et terrible a été son châtiment". La principale revue des bobos, qui invoque au passage le pitre Benoît Hamon, ne se rend pas compte combien elle est ridicule...sans le savoir, car ce qui compte c'est faire plaisir aux bobos qui méprisent le prolétariat.

Fabien Roussel peut bien vendre lui la vertu du travail salarié comme ses pères staliniens, mais toute la coterie mélenchonienne enchanteresse qui vante l'assistanat amélioré est encore plus irresponsable. En milieu ouvrier on vomit depuis toujours les riches glandeurs, mais ce n'est pas visible au quotidien. Ce qui est visible par contre pour « ceux d'en bas », c'est qu'il leur semble n'être plus qu'une minorité à travailler et qu'ils ont affaire en effet à un lumpen qui parade ou se moque, appuyé par une intelligentsia qui n'est pas dans le besoin et veut enchanter un monde qui éclate de toute part. Les services sociaux des mairies de la gauche bobo, qui se croient supérieurs et possédants du tonneau des Danaïdes, regorgent de demandes d'assistances et dans ce domaine la concurrence fait rage, des ouvriers français qui font la queue au milieu de gens qui ne sont ni d'Auvergne ni du Poitou, sont interdits de penser qu'il y a quelque chose qui cloche au royaume du Danemark.

LE RETOUR DES GUIGNOLS

Pourquoi la gauche n’est-elle plus perçue comme le camp du « travail » mais comme celui des « assistés » ? Question de journaliste cucul-la-praline; la gauche est surtout perçue comme bourgeoise et foutage de gueule. Dans son dernier ouvrage « Je vous écris du front de la Somme », le Ruffin tire son bilan de la séquence politique passée, où le vote pour le Rassemblement national continue de progresser au cœur des anciens bastions rouges et dans les zones « hors-métropole ». Partant des interactions et des anecdotes recueillies lors de sa campagne des élections législatives, le fringuant député de la Somme partage son analyse de l’éloignement historique entre la gauche et le travail (la formule est risible, elle peut servir à un syllogisme : « toute la gauche n'est pas pour le travail, or le travail n'est pas à gauche, donc la gauche ne travaille pas ».

L'ouvrage du petit Kiki d'Amiens paraît peu ordinaire par rapport au discours bienheureux « pas de vague » de la gauche rétro, il constitue, dit un journaliste admiratif ou un pisse-copie de la maison d'édition : « l’esquisse d’une voie pour que la gauche renoue avec le projet d’une émancipation collective et individuelle par le travail et que la France retrouve un dessein commun ». Extraits de l'oeuvre d'art de cet autre faux-cul au titre très patriotique, mais assaisonnée de vérités pas bonnes à dire parmi la gauche caviar et bobo, ni dans ce milieu ultra-gauche si bien nommé :

« C’est que la mondialisation a tracé comme un fil à couper le beurre entre vainqueurs et vaincus : tandis que le chômage stagnait chez les CSP+, il était multiplié par quatre chez les ouvriers non qualifiés, dont les revenus plongeaient (-5 % entre 1984 et 1994). Les ressources des ménages employés ne bougeaient pas (0 %). Les cadres, eux, ne connaissaient pas la même austérité (+13,2 %). Quand les professions libérales ramassaient discrètement le pactole (+38,7 %).

Les enseignants, les cadres, la fonction publique, les journalistes, les parlementaires, eux ne furent guère frappés, leurs enfants ne furent pas en première ligne. Aussi ne sont-ils pas, ou pas forcément, les partisans acharnés d’une « mondialisation heureuse ». Néanmoins, ils la tolèrent, ils laissent faire, ils l’habillent de « valeurs », de « multiculturalisme », d’ « ouverture à l’autre », voire pointent l’esprit étriqué, xénophobe, des prolétaires. C’est le « passivisme des éduqués », comme le nomme Emmanuel Todd »7. Et avec cet « inconscient inégalitaire », au fond, jamais prononcé mais bien présent : l’ordre mondial broie les plus fragiles ? On s’apitoie, certes, mais sans agir. C’est de leur faute, au fond. Ils l’ont mérité. Ils n’avaient qu’à mieux étudier, mieux se former. La gauche raisonnable, de gouvernement, a mené une politique économique, commerciale, qui a détruit le monde ouvrier ! Qui a laminé sa base sociale ! D’où ma bataille, et depuis un bail, pour du protectionnisme. D’où ma lutte, au sein de la gauche, de la bonne gauche, pour qui une taxe à 17 % sur les pneus importés de Vietnam relèveraient quasiment du « racisme anti-asiatique », pour qui ce serait « monter les peuples les uns contre les autres », etc. D’où mon combat pour que cette « folie », la mondialisation, soit bridée, régulée, entravée ».

Chimère l'assistanat ?

« Au porte-à-porte, sans cesse, nous sommes renvoyés à cette « injustice »-là, au voisin qui ne fait rien, au jeune qui ne se lève pas, aux « cassos » qui ne se lavent pas. Ces supposés profiteurs du système. Et nos bons citoyens qui paient pour tout ça, pour ces paresseux, suggèrent, à leur tour, de « se mettre au chômage », « de ne plus rien glander », « puisque c’est comme ça ». C’est un écœurement puissant, quotidien, que suscitent ces « profiteurs du système ». Opposer « la France qui bosse » à « la France des allocs », ce n’est pas le combat de la gauche, ce ne sont pas mes mots. Les assistés sont là-haut, gavés de milliards par Macron : c’est notre travail politique quotidien que d'unir le bas contre le haut ».

Ce n'est pas son combat mais c'est une réalité non pas de simple division de classe mais d'un prolétariat entouré de couches de lumpen et de petits bourgeois en guenille, désaxés et violents qui permettent à l'Etat de faire croire que le salut ne réside que dans une plus grande présence de la police !

Si les rigolos de la Nupes avaient lu Marx, ils sauraient que ce sont les producteurs qui assurent le nécessaire à la société et dont la plus-value du travail est confisquée par les dominants, à savoir aujourd'hui la finance. Cette finance distribue un peu de cette plus value au peuple non productif pour éviter les troubles. Les producteurs, paysans ouvriers, travailleurs du tiers monde valent mieux que les assistés.

Les managers eux-mêmes tombent malades du travail, priés de se donner corps et âme à leur organisation, de ne jamais se laisser aller, et de « performer » sans cesse, tels des Sisyphe des temps modernes. Les statistiques produites récemment par la Dares sur les conditions de travail confirment le diagnostic partagé par tous ceux qui connaissent le travail et ses souffrances. Les travaux de Christophe Dejours ont, notamment, montré la souffrance de ceux qui ont à faire souffrir les autres, de toutes celles et de tous ceux qui souffrent de leur impuissance dans un système qui s'emballe (Souffrance en France est disponible en poche, dans la collection « Points » du Seuil, depuis 2014). Dépressions, burn-out et autres pathologies sont en train de se développer dans les organisations du travail. Ces dernières en ont pris conscience et montent des cellules de prévention des risques psychosociaux pour faire entrer la souffrance humaine dans un calcul économique et lutter contre l'absentéisme qui coûte cher. Sans oublier que ceux qui continuent à venir au travail vouent aux gémonies ces charmants collègues adeptes de droit à la parsse bobo, et champions de l'assistanat, une race d'assistés qui se fiche de toute solidarité au nom du dégoût du travail et du capitalisme...

Marx a été le premier à souligner l'aliénation du travail (sous sa forme DANS le capitalisme) mais il a toujours défendu le travail comme constitutif de l'espèce humaine et réalisation de soi.(tu bouffes comment connard si plus personne ne produit?). Lafargue est bien gentil de s'être appuyé sur la nécessaire diminution du temps de travail, mais ce n'est pas un hasard si Marx le considérait comme un brave anarchiste. Le problème n'est pas le travail mais l'exploitation du travail.

Les bobos s'approprient le gentil Lafargue, libérés dans leur jouissance de bosser « à la maison » pendant le covid ; ils ne font qu'exalter l'absence de lien social que représente pourtant le travail informatique dans sa cuisine sous la bénédiction de la « révolution informatique ».





NOTES


1 La «valeur travail» est-elle de droite ou de gauche ? Interrogé à ce sujet ce vendredi matin sur Sud Radio, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez louvoie : «je n'entre pas dans ce genre de considération». Mais le débat fait rage à gauche. Sandrine Rousseau a déclaré cette semaine que le travail était «quand même une valeur de droite», en réponse à la défense de cette même valeur par le communiste Fabien Roussel. Pour Sandrine Rousseau, par ailleurs, il est juste de réclamer un «droit à la paresse», par le biais des allocations-chômage. Le problème n'est ni de droite ni de gauche, c'est l'exploitation du travail... qui donne envie de paresser au travail.

2Robin Goodfellow s'en est bien moqué : https://www.robingoodfellow.info/pagesfr/rubriques/Raoul_Victor_Consultants.htm

Quelques rares allusions à cette nouvelle fabulation pacifiste et anti-marxiste furent le fait de l'ami Marcel, féroce contre les facéties du groupe CWO, avant qu'il ne vire sa cutie pour fonder Controverses Belgique, où règne le même pacifisme révisionniste : https://fr.internationalism.org/rint128/economie_baisse_tendancielle_taux_profit_reponse_CWO.htm

3Qu'est-ce que le terrorisme individuel ? https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2018-02-05/quest-ce-que-le-terrorisme-individuel-44bf5556-e306-4cbc-8bc1-13cda13ffad9 Suit une bande dessinée qui s'efforce d'expliciter le terrorisme islamique, mais insuffisamment selon moi.

5N'importe quel petit bourgeois enragé ne pouvait devenir Hitler, mais une partie d'Hitler est contenue dans chaque petit bourgeois enragé. La croissance rapide du capitalisme allemand avant la guerre ne signifia nullement la disparition pure et simple des classes intermédiaires ; en ruinant certaines couches de la petite bourgeoisie, il en créait de nouvelles : les artisans et les boutiquiers autour des usines, les techniciens et les administrateurs à l'intérieur des usines. Mais en se maintenant et même en se développant - elles représentent un peu moins de la moitié du peuple allemand - les classes intermédiaires se privaient de leur dernière parcelle d'indépendance, vivaient à la périphérie de la grande industrie et du système bancaire et se nourrissaient des miettes qui tombaient de la table des trusts monopolistes et des cartels, et des aumônes idéologiques de leurs théoriciens et politiciens traditionnels.

La nation d'Hitler est l'ombre mythique de la petite bourgeoisie elle-même, son rêve pathétique d'un royaume millénaire sur terre.

L'individu et la classe - le libéralisme et le marxisme - voilà le mal. La nation c'est le bien. Mais cette philosophie se change en son contraire au seuil de la propriété. Le salut est uniquement dans la propriété individuelle. L'idée de propriété nationale est une engeance du bolchevisme. Tout en divinisant la nation, le petit bourgeois ne veut rien lui donner. Au contraire, il attend que la nation lui distribue la propriété et le protège de l'ouvrier et de l'huissier. Malheureusement, le III° Reich ne donnera rien au petit bourgeois, si ce n'est de nouveaux impôts.

le particularisme des " terres " allemandes, qui s'appuyait sur les particularités de la petite bourgeoisie, a fait place nette pour le centralisme policier capitaliste. Chaque succès de la politique intérieure et extérieure du national-fascisme marquera inévitablement la poursuite de l'étouffement du petit capital par le grand. Trotski 1933