C. Mir |
« Le
citoyen soviétique possède, à mon avis, une entière liberté de
critique ».
Sartre
(journal Libération, 15 juillet 1954)
« Mao
libère l’humanité des valeurs bourgeoises ».
Philippe
Sollers1
Les
révolutionnaires professionnels en retraite sont en vacances comme
la classe ouvrière, mais comme ils s'ennuient je me suis douté
qu'ils s'occupaient à philosopher. Dans le mille, je lis ceci sur le
site du CCI :
« Le
legs dissimulé de la gauche du capital (V): Le débat : conflit
brutal pour la bourgeoisie, moyen indispensable de clarification pour
le prolétariat Soumis
par Révolution Inte... le 4 août, 2019 – 16:59. »
Pensez-donc,
un militant à 16 H 59 avait posté – alors que vous bronziez au
soleil - ce qui était jusque là réservé aux heureux lecteurs
internes ou à la lecture interne, le texte intégral (5e chapitre)
des œuvres de C.Mir (ex Peter puis Colonel Fabien, puis, surnom plus
conforme à un qui s'admire et se mire depuis 50 ans) rapporteur
inamovible d'insipides rapports de congrès miniatures et qui fait la
pluie et le beau temps dans une version relookée de l'ingénieur des
âmes. Mais rien que le titre ! Quel panache ! Quoique le
sous-titre soit moins mystérieux. La secte nous a habitué depuis
longtemps à d'étranges contorsions théoriques qui, sous prétexte
d'approfondissement, masquent une inanité politique flagrante. On
tombe pourtant encore sur de très bons articles, concernant les
modes idéologiques de la gauche bourgeoise, mais rien n'y fait, le
néo-stalinisme repointe toujours son nez et son arrogance.
Absent
depuis plus de vingt ans des virevoltes et crises du CCI je ne suis
plus très au fait des divers règlements de compte qui se sont
succédé intramuros – aboutissant toujours, à chaque fois, à
l'élimination de supposés compétiteurs du couple de gourous qui
mène la danse après avoir éliminé, comme Koba, la plupart des
fondateurs du groupe en 1968. J'avais tiqué en lisant des articles
sur la « culture du débat », notion plutôt étrange
concernant un groupuscule politique peu cultivé au sens prosaïque
et hermétique à toute libre discussion du fait d'une ambiance
paranoïde. J'ai consacré deux articles récemment à la nouvelle
culture de la morale... prolétarienne2.
Je ne pensais pas qu'ils iraient jusqu'à théoriser la parlote comme
arme de combat afin de pourfendre la bourgeoisie, avec un fond
d'explication à la Gramsci (théoricien italien qui se mit au
service de la « morale » stalinienne) où le marxisme
n'était plus considéré que comme une réforme intellectuelle et
morale. Les raisons d'ignominies de deux décennies de mises en
accusation et d'exclusions diverses n'ont jamais
été purgées. Nul n’aura jamais eu à rendre compte. On
chercherait en vain la moindre explication de ce naufrage politique,
le moindre repentance3.
On ne peut s'empêcher de penser à tous ceux qui sont restés. Quand
on a avalé de telles quantités de sornettes et qu’on est toujours
sur le dedans la secte, aussi réduite soit-elle, comment n'est-il
pas possible d'avoir honte ?
Halte
là ! Les rapports-fleuve et les textes à rallonge du penseur
central sont basés sur un truc, le truc idoine classique :
suffit de rejeter la faute sur les autres, ces divers petits
bourgeois, parasites, individualistes, voire flics déguisés qui
ralentissent la marche glorieuse des meilleurs représentants du
prolétariat. La stratégie de « la faute aux autres »,
surtout disparus ou exclus, est le mécanisme habituel de la
projection comme à l'armée l'argument patriotique sert à rendre
l'autre étranger. Cette stratégie évacue toute possibilité de
penser que vous pourriez avoir eu tort à un moment donné dans votre
parterre militeux. Cette technique revient à reprocher à l'autre ce
qui vous caractérise mais que vous refusez d'admettre, que ce soit
un argument démagogique, un mensonge ou un impair. On projette donc
sur l'autre ce qui ne nous plaît pas en nous. Cela dit, la secte CCI
n′a pas été non plus totalement responsable de ce qui lui est
arrivé. Et les responsabilités ont été parfois partagées voire
occultées. Les opposants discriminés n'avaient-ils pas été
eux-mêmes des Fouquier-Tinville pour les wagons de « parasites »
précédents ? Le « vieux » Marc Chirik qui avait
été capable pendant près de trois décennies de contenir les
tensions et rivalités n'était plus là. Pour être cruel je dirai
que Charlemagne n'avait eu pour « legs » que des nains.
La classe ouvrière n'avait pas livré ses secrets de ses supposées
« années de vérité » d'un « cours historique »
devenu une cour hystérique. Hélas, en général seul un individu
peut reconnaître (sous la torture) qu'il s'est trompé pas un parti.
On
peut donner cependant une manière de mea culpa dans la façon de
présenter les choses. Lisons cette « apparence »
d'amende honorable :
« La
seconde raison essentielle qui a poussé le CCI à revenir sur la
question d'une culture du débat a été notre propre crise interne,
au début de ce siècle, qui a été caractérisée pas le
comportement le plus indigne jamais vu dans nos rangs. Pour la
première fois, depuis sa fondation, le CCI a dû exclure de ses
rangs non pas un mais plusieurs de ses membres. Au début de cette
crise interne, s'étaient exprimées au sein de notre section en
France des difficultés et des divergences d'opinion sur la question
de nos principes organisationnels de centralisation. Il n'y a pas de
raison pour que des divergences de ce type, en elles-mêmes, soient
la cause d'une crise organisationnelle. Et elles ne l'étaient pas.
Ce qui a provoqué la crise, cela a été le refus du débat interne
et, en particulier, les manœuvres visant à isoler et calomnier
-c'est-à-dire à attaquer personnellement- les militants avec
lesquels on n'était pas d'accord.
A
la suite de cette crise, notre organisation s'est engagée à aller
jusqu'aux racines les plus profondes de l'histoire de toutes ses
crises et de ses scissions. Nous avons déjà publié des
contributions sur certains de ses aspects. L'une des conclusions à
laquelle nous sommes parvenus est qu'une tendance au monolithisme
avait joué un rôle majeur dans toutes les scissions que nous avons
connues. A peine des divergences apparaissaient-elles que certains
militants affirmaient déjà qu'ils ne pouvaient plus travailler avec
les autres, que le CCI était devenu une organisation stalinienne, ou
qu'il était en train de dégénérer. Ces crises ont donc éclaté
face à des divergences qui, pour la plupart, pouvaient parfaitement
exister au sein d'une organisation non monolithique et, en tous cas,
devaient être discutées et clarifiées avant qu'une scission ne
soit nécessaire.
L'apparition
répétée de démarches monolithiques est surprenante dans une
organisation qui se base spécifiquement sur les traditions de la
Fraction italienne qui a toujours défendu que, quelles que soient
les divergences sur les principes fondamentaux, la clarification la
plus profonde et la plus collective devait précéder toute
séparation organisationnelle »4.
Il y
a une dizaine d'années le philosophe number one de l'orga avait déjà
pris son bâton de Moïse pour faire la leçon à sa poignée de
sectateurs, cette année là il faisait la pluie :
« Les
premières communautés agraires ont vite compris qu'elles
dépendaient de la pluie par exemple, mais elles étaient loin de
comprendre les conditions dont dépendaient les chutes de pluie.
L'invention d'un Dieu de la pluie est un acte créateur pour se
rassurer, donnant l'impression qu'il est possible, au moyen de
cadeaux ou par la dévotion, d'influencer le cours de la nature. Homo
sapiens est l'espèce qui a misé sur le développement de la
conscience pour assurer sa survie »5.
Mais
il nous sert désormais le beau temps par l'auto-promotion :
« De
notre côté, nous avons été surpris par la réaction de cette
nouvelle génération envers le CCI lui-même. Les nouveaux camarades
qui sont venus à nos réunions publiques, les contacts du monde
entier qui ont commencé une correspondance avec nous, les différents
groupes et cercles politiques avec lesquels nous avons discuté nous
ont dit, de façon répétée, qu'ils avaient vu la nature
prolétarienne du CCI autant dans notre comportement, en particulier
à travers la façon de discuter, que dans nos positions
programmatiques ».
La mégalomanie accompagne toujours la vantardise basée
sur le néant, aucune preuve de ces « contacts du monde
entier » (pourquoi pas de la lune?) ni de ces différents
groupes et cercles politiques ».
L'entourloupe
tape ensuite sur l'épaule de la vantardise :
« L'un
des effets les plus corrosifs de l'individualisme bourgeois est la
façon dont il détruit la capacité de discuter et, en particulier,
d'écouter et d'apprendre les uns des autres. Le dialogue est
remplacé par la "parlotte", le gagnant étant celui qui
parle le plus fort (comme dans les campagnes électorales
bourgeoises). La culture du débat est le principal moyen de
développer, grâce au langage humain, la conscience qui est l'arme
principale du combat de la seule classe porteuse d'avenir pour
l'humanité. Pour le prolétariat, c'est le seul moyen de surmonter
son isolement et son impatience et de se diriger vers l'unification
de ses luttes ».
Pour
moi qui ai assisté à tant de congrès du CCI en France ou dehors,
je peux assurer que la parlotte y était dominante ; quant à
l'action, elle était secondaire ou non noble6.
On notera l'apport scientifique indéniable du théoricien simiesque
qui nous apprend que la conscience se développe « grâce au
langage humain » car nous pensions jusque là que ce n'était
qu'au moyen de signes visuels et de poignées de main. De plus il
nous est enseigné que parler « est le moyen pour le
prolétariat de surmonter son isolement » alors que nous
pensions jusque là que rester muet était sa meilleure façon de
dire merde au capitalisme.
La
fable de l'abstraction se moque de l'entourloupe :
« Ce
qui est caractéristique de la mentalité de cercle, c'est la
personnalisation du débat, l'attitude consistant à substituer
l'argumentation politique à la polarisation non pas sur "ce
qui
est dit" mais sur "qui
le
dit". Il va sans dire que cette personnalisation constitue une
énorme entrave à la discussion collective fructueuse. ...Déjà le
"Dialogue socratique" avait compris que le développement
du débat n'est pas seulement une question de pensée ; c'est une
question éthique ».
Ce
vieux cliché, qui était d'ailleurs un radotage du vieux Marc pour
faire supérieur et rendre le contradicteur évanescent7,
ne pisse pas loin – il s'agit de faire passer le quidam pour un
crétin – puisqu'il est question une nouvelle fois de morale (foi
de morale!), donc de raisonnement de curé à moustache démesurée.
UN
MEME REFRAIN ALEATOIRE OU IL N'Y A QU'A CHANGER LES TERMES
Mettez
culture du débat à la place de gauche en opposition ou à la place
de décomposition du capitalisme et hop c'est joué !
Revenons
à la présentation de ce cinquième volet de l'oeuvre du marabout C.Mir qui se fait médium du mode de pensée (hors domination idéologique) et définit l'orga carrément comme une nouvelle secte :
« L’article
ci-dessous fait partie de la série : Le
legs dissimulé de la gauche du capital,
dans laquelle nous mettons en évidence une chose difficile à saisir
pour de nombreux groupes et militants de la Gauche communiste :
il ne s’agit pas seulement de rompre avec les positions politiques
de tous les partis du capital (populisme, fascisme, droite, gauche,
extrême-gauche) mais il
faut rompre également avec leurs méthodes organisationnelles, leur
morale, leur mode de pensée.
Cette rupture est absolument nécessaire mais elle est cependant très
difficile car nous vivons
quotidiennement avec le poids des idéologies ennemies de la
libération
de l’humanité : bourgeoise, petite-bourgeoise et
lumpenproletariat ».
Au
milieu de tant d'ennemis (et de complots) il faut capuche porter,
voire se munir de bâtons pour « rompre
également avec leurs méthodes organisationnelles, leur morale, leur
mode de pensée ». Or,
politiquement, fonctionnellement et formellement a les mêmes
méthodes « léninistes contestataires » que ses
concurrents gauchistes, de morale elle n'a point, et le mode de
pensée sur les grèves, les migrants et les catastrophes climatiques
est de la même guimauve de gauche bourgeoise chrétienne, humaniste
et compatissante que tout l'arc de l'islamo-gauchisme. Pourquoi se
prétendre différent? Parce que le CCI est le seul à porter un
chapeau au milieu de tant de chauves ! Or le mode de « penser »
des humains reste compliqué. Selon l'école de Piaget, à
un instant donné, un individu n'utilise qu'un seul mode de pensée.
Au cours d'une réflexion ou d'une conversation, un individu peut
utiliser différents modes de pensée. Il est difficile pour un
individu d'utiliser tous les modes de pensée, et même de les
comprendre tous. Une condition nécessaire pour que la communication
entre deux individus soit une communion, est que les deux individus
utilisent le même mode de pensée au même moment. Cela n'est même
pas possible au sein d'une secte puisque personne n'a été élevé à
l'identique. Ce n'est que la fausse communion politique illusoire.
Cet
exclusivisme ou cette prétention à se croire seuls vrais critiques
du système d'abrutisssement capitaliste et en dehors de l'idéologie
dominante est typique de l'esprit de secte, cf. wikipédia :
« Le
mot « secte »
désigne d'abord un ensemble d'individus plus ou moins important qui
s'est détaché d'un enseignement officiel philosophique,
religieux
ou politique pour créer leur propre doctrine, et qui travaillent à
faire valoir et imposer leur point de vue dans le monde. . Les
responsables de ces groupes sont souvent suspectés d'une part
d'étouffer la liberté
individuelle au sein du groupe ou de manipuler
mentalement
leurs disciples, en s'appropriant parfois leurs biens et les
maintenant sous contrôle entre autres par la fatigue,
et d'autre part de menacer l'ordre
public.
Cette connotation négative du terme « secte » est
récusée non seulement par les groupes visés, mais aussi par un
certain nombre de juristes et de sociologues (sic, eux-mêmes
sectaires ».
L'usage
du mot secte devient lassant voire rédhibitoire car inapte à tout
expliquer, notamment cette emprise du plumitif qui pond à peu près
la même tambouille théorique depuis des décennies. Il n'est pas
un simple faiseur de la pluie et du beau temps. En 1921
dans « Psychologie des foules et analyse du moi »,
Freud postulait en l’humain une composante « phylogénétique »8
permettant au groupe en tant qu’entité de vivre à travers les
individus qui le composent. Le CCI ne menace aucunement l'ordre
capitaliste et se concentre seulement sur les façons de manipuler
mentalement ses disciples. Mieux, dans cette façon de jongler avec
le nouveau gimmick 9–
ladite culture du débat – les virevoltes sur les notions de
« discussion collective fructueuse » ne rendent pas le
mensonge déconcertant mais ridicule. Il n'y a pas de débat réel
dans la secte. La femme-gourou, qui se faiasit appeler Avril comme
les thèses de Wladimir Ilitch, n'avait-elle pas déclaré que les
bulletins internes sont une poubelle ? Tant pis pour les
« ordures » qui la remplisse !
Il
suffit d'assister à leurs réunions « publiques » et
pudiques où la (petite) salle est composée à 90% de leurs
disciples venus en train ou à dos d'âne de leur province, où il
faut à ces mêmes disciples demander la permission pour
intervenir, à condition d'avoir précisé le contenu de la
déclaration au sergent chef qui préside à la table de tribune.
La culture du débat, c'est en fin de réunion faire parler tous
les disciples (encadrés) à tour de rôle, dans une parodie de
démocratisme où même celui ou celle qui n'a rien à dire est
obligé de donner satisfecit aux clichés et banalités
« prolétariennes » qui ont égayés un « vrai
débat sur un terrain de classe » à défaut d'un vrai ébat
sur un terrain de chasse.
L'adepte
qui parle à son tour pour ne rien dire de spécialement consistant
peut toujours s'imaginer qu'il est une part de l'âme collective
quand le gourou (absent) jouit du plaisir narcissique de faire
croire à une droit à la parole idéal, supérieur au faux débat
des spécialistes bourgeois. La culture du débat sombre ici dans
la connerie pure et simple du petit soldat adepte à qui l'on fait
croire que s'il n'est rien socialement il est tout comme militant,
de ce tout anti-individualiste du moment de communion collective où
la parole de colonie de vacances est la voix unique de l'orga dans
cette quête rémanente du communisme ici et maintenant10.
BESOIN
DE PARLER OU DROIT D'EXPRESSION ?
« Sans
théorie révolutionnaire pas de mouvement révolutionnaire »
Lénine
S'il
n'est pas dépressif, tout être humain ressent le besoin de
parler, et pis encore de s'exprimer, pas simplement par la parole,
s'il appartient aux classes inférieures. C'est une banalité de
base que les discoureurs du CCI – qui comme n'importe quel
blabateur n'aiment jamais que s'écouter parler et surtout
expliquer – découvrent subitement comme le nec plus ultra d'une
conscience révolutionnaire qui ne pourrait plus s'exprimer que de
manière philosophique et sociologique. Dans ce cinquième article
de la série, ils (lui) traite(nt) de « la question vitale
du débat ». Révélant le peu de cas que le militant lambda
fait de l'expression du non encaserné, il n'est pas étonnant que
le gourou principal du CCI n'utilise que le terme débat, terme
prisé par nos intellos bourgeois et pas celui autrement
significatif, pour les prolétaires d' « expression »; dans le vocabulaire politique généraliste "s'exprimer" signifie d'ailleurs "prendre position"; cela n'élimine pas le fait que la prise de parole est action; Bourdieu dit d'ailleurs: "dire, c'est faire".
Notre maître du métalangage blabla oublie d'en référer à cet étrange « droit à l'expression » dans l'entreprise que le code du travail s'efforce de maquiller11. Il n'utilise pas non plus les termes « liberté d'expression » puisque la liberté de penser n'existe plus dans la secte (car elle est « pensée »). Les totalitaires en récusent la définition officielle :
Notre maître du métalangage blabla oublie d'en référer à cet étrange « droit à l'expression » dans l'entreprise que le code du travail s'efforce de maquiller11. Il n'utilise pas non plus les termes « liberté d'expression » puisque la liberté de penser n'existe plus dans la secte (car elle est « pensée »). Les totalitaires en récusent la définition officielle :
« La
liberté
d'expression
est le droit reconnu à l'individu de faire connaître le produit
de sa propre activité intellectuelle à son entourage.
Elle procède de la faculté de communiquer entre humains,
qui a longtemps été seulement considérée comme un simple
phénomène naturel conditionnant la vie sociale, avant d'être
solennellement érigée en liberté individuelle, aujourd'hui
juridiquement garantie mais en réalité assez étroitement
encadrée »12.
Chez
les marxistes de chaire et de secte, avec leur penchant à
l'absolutisme, il faut toujours s'attendre qu'au nom du « collectif
sacré » ils rêvent d'appliquer à nouveau la loi Loi
des suspects (1791) qui
prévoit
d'arrêter et de
condamner à mort toute personne soupçonnée d'avoir une opinion
contraire à la Révolution.
Le
petit rapporteur de l'histoire revisitée en salon de thé
(théoricien ! Ah Ah!) aurait pu plagier l'excellente citation
de Lénine, qui se serait aussi moqué des poujadistes en veste
jaune sans théorie et sans tête : sans débat
révolutionnaire pas de mouvement révolutionnaire. Par un simple
retournement, en attribuant au seul prolétariat une capacité à
débattre qui n'est nulle part démontrée, le gourou espère faire
avaler que la secte qui s'en réclame débattrait, elle, vraiment
et ne serait nullement une assoc de suivistes craintifs. Discuter
dans une assoc aux principes indiscutables serait bien la moindre
des choses pourtant. Comme il n'y a plus depuis un moment de grands
mouvements de protestation gréviste (excepté ces minables en
veste jaune) il ne reste plus au « guide du prolétariat »
qu'à se faire philosophe, voire psychologue à deux sous en
bricolant des extraits de Marx, le
tout émaillé de suppositions farfelues :
« Le
prolétariat, la classe du débat. Le
débat est source de vie pour le prolétariat, lequel n’est pas
une force inconsciente luttant complètement à l’aveugle,
motivée par le déterminisme des conditions objectives, il est au
contraire la classe de la conscience dont le combat est guidé par
les compréhensions de ses nécessités et de ses possibilités sur
le dur chemin vers le communisme.
Cette
compréhension n’émane ni de vérités absolues formulées une
fois pour toutes dans le Manifeste
du Parti communiste
ni de l’esprit privilégié de chefs géniaux mais il est le
produit “du
développement intellectuel de la classe ouvrière [qui
devait résulter]
de
l’action et de la discussion communes ».
Le
suc des révolutions n'est plus l'agitation de rues, l'émeute, la
violence, les atteintes aux symboles du pouvoir mais le débat. Le
débat devient dans la nouvelle théorie la seule source de la
conscience des malheurs du monde et qui produit automatiquement
messianisme prolétarien. Par cette géniale trouvaille du gimmick
de la discutaille on est projeté au-delà des sempiternels
radotages entre conscience apportée de l'extérieur ou conscience
intrinsèque des masses. La grève généralisée est remplacée
par le blabla généralisé, ce qui est une hérésie
anti-marxiste. Les mouvements de révolte ne procèdent jamais à
partir de gentilles discussions entre pauvres exploités ni de
débats sans limite, quoique de mille façon la bourgeoisie au
pouvoir empêche en effet de véritables débats ou censure ceux
qui pourraient devenir inquiétant lors des manifestations (c'est
pourquoi elle dispose de casseurs professionnels pour pisser sur
les flics et provoquer rapidement la répression).
Ce
qui nous intéresse nous les ennemis de l'ordre existant ce n'est
pas de philosopher sur le débat idéal, merveilleux et possible ou
iùmpossible, c'est de mettre en évidence qu'on est obligé de
cogner avant de parler.
A ses débuts compréhensibles et honnêtes le mouvement des vestes jaunes n'a pas explosé grâce au même type de blabla minuté des indignados bobos urbains mais en passant à l'action. En cela il a été exemplaire de comment la révolte peut et doit exploser. Les révolutions ne s'érigent pas d'abord en « gigantesque débat de masses » des « ouvriers, jeunes, femmes et retraités » (nouvelle catégorisation prolétarienne cciesque). La révolution russe ne fut pas basée sur un « débat permanent » mais par une passion collective où la discussion n'était pas forcément le moteur du tempétueux mouvement d'insurrection fait d'impulsivité et de bordel généralisé plus souvent anarchiste que conscient, où nous n'étions pas plus présent que notre gourou volant et où la référence livresque ne démontre rien. Quant à la référence romancée, voire un peu gaga à un Mai 68 où les « masses » auraient causé comment détruire l'Etat, où l'écoute aurait été reine, quelle rigolade ! C'est prêter à la majorité des ouvriers nos rêveries estudiantines. Le gauchisme ridiculisait la grève généralisée sans blabla. On blabatait dans la cour de la Sorbonne, tu parles Charles ! Je repense à ce vieil ouvrier qui me répliqua contre ma joie d'exhiber les débats « révolutionnaires » : « bande rigolos vous avez couvert de peinture Pasteur mais lui il a apporté à l'humanité ce que vous ne lui apporterez jamais ! ».
A ses débuts compréhensibles et honnêtes le mouvement des vestes jaunes n'a pas explosé grâce au même type de blabla minuté des indignados bobos urbains mais en passant à l'action. En cela il a été exemplaire de comment la révolte peut et doit exploser. Les révolutions ne s'érigent pas d'abord en « gigantesque débat de masses » des « ouvriers, jeunes, femmes et retraités » (nouvelle catégorisation prolétarienne cciesque). La révolution russe ne fut pas basée sur un « débat permanent » mais par une passion collective où la discussion n'était pas forcément le moteur du tempétueux mouvement d'insurrection fait d'impulsivité et de bordel généralisé plus souvent anarchiste que conscient, où nous n'étions pas plus présent que notre gourou volant et où la référence livresque ne démontre rien. Quant à la référence romancée, voire un peu gaga à un Mai 68 où les « masses » auraient causé comment détruire l'Etat, où l'écoute aurait été reine, quelle rigolade ! C'est prêter à la majorité des ouvriers nos rêveries estudiantines. Le gauchisme ridiculisait la grève généralisée sans blabla. On blabatait dans la cour de la Sorbonne, tu parles Charles ! Je repense à ce vieil ouvrier qui me répliqua contre ma joie d'exhiber les débats « révolutionnaires » : « bande rigolos vous avez couvert de peinture Pasteur mais lui il a apporté à l'humanité ce que vous ne lui apporterez jamais ! ».
Les
derniers mohicans d'un CCI décomposé s'étaient enthousiasmés
pour la lutte contre le CPE qui allait nous produire des milliers
de jeunes révolutionnaires, où sont-ils passés ? Et aussi
les indignés dont les partis en Espagne ou en Italie sont allés
gouvernés avec les camarades d'extrême droite...
Ce
ne sont plus les catégories de conscience, de capacité
d'organisation ou d'initiative surprenante qu'il faut parler au
cours de la révolution rêvé mais de cette abstraction « le
débat », « nerf
vital de la classe ouvrière », surtout quand on sait que les
politiques (bolcheviques ou autres) monopolisent le débat entre
eux pendant les révolutions13.
Cette nouvelle invention lui permet de se démarquer du
« monolithisme bordiguiste », mais cette politique de
girouette est bien pire que « l'invariance bordiguienne »
qui mérite encore notre respect.
Dans
ce qui suit, in extenso, j'ai simplement remplacé parti bourgeois
par le mégalomaniaque CCI, et cela résume bien l'ambiance des
« débats des années 1990 », que cette longue sérénade
sur la méchanceté des partis bourgeois a pour vocation d'effacer:
« Pourquoi
parlent-ils de “débat” alors qu’en réalité c’est un duel
à coups de gourdins ?
Cependant
les militants qui sont passés par le CCI ont vécu dans leur propre
chair que ce “débat” est une farce et une source évidente de
souffrances. Dans tous les partis gauchistes ou maximalistes, quelles
que soient leurs couleurs, le “débat” prend la forme du “Duel
à coups de gourdins”, le fameux tableau de Goya que l’on peut
contempler au Musée du Prado.
Les débats de congrès relèvent plus du “débat-poubelle”14
au vu de la quantité d’insultes, d’accusations, de linge sale,
de pièges, de coups bas, etc. qui en ressort. Ce sont des spectacles
de dénigrement et de règlements de comptes : conçus comme un
match de boxe où la clarté, la vérité, la réalité ne comptent
pas. Le seul enjeu est de voir qui gagne et qui perd, qui va duper et
mentir le mieux, qui va manipuler les esprits avec le plus de
cynisme.
Dans
le CCI, la “libre expression” est une pure fumisterie. On laisse
dire les choses jusqu’à une limite qui ne remettrait pas en
question la domination des “dirigeants”. Lorsque
ce seuil est dépassé, une campagne de calomnies est organisée
contre ceux qui ont osé penser par eux-mêmes, quand on ne les
expulse pas directement et manu
militari
du parti en invoquant un prétexte quelconque.
Ces pratiques ont lieu dans tous les partis où aussi bien les
bourreaux que les victimes y ont recours. (...)
Dans
les congrès, personne n’écoute les présentations
qui consistent en exposés ennuyeux où l’on affirme en même temps
une chose et son contraire. On organise des conférences
sectorielles, des colloques et bien d’autres événements qui ne
sont rien de plus que des opérations de relations publiques. Le
“débat” surgit lorsqu’il s’agit de déboulonner la clique au
pouvoir et de la remplacer par une nouvelle. Ceci peut se produire
pour diverses raisons : intérêts de factions, déviance en ce
qui concerne la défense des intérêts de l'organisation, mauvais
résultats des ventes de la presse… Dès lors éclate un “débat”
qui s’avère être une arme de lutte pour le pouvoir. En certaines
occasions, le
“débat” consiste en ce qu’une faction invente une “thèse”
alambiquée et contradictoire et l’oppose violemment à celle de
ses rivaux, recourant à de féroces critiques au travers de mots,
d’adjectifs incendiaires (“opportuniste”, “abandon du
marxisme”, etc.) et d’autres prétextes sophistiqués. Le cours
du “débat” n’est qu’une succession d’insultes, de menaces,
de linge sale lavé en public, d’accusations… jalonnée de temps
à autre par des actes diplomatiques d’accolades pour “démontrer”
l’amour de l’ “unité” et que l’on “apprécie” des
rivaux qui seraient avant tout
des “camarades”. Il y a des moments, enfin, d’équilibre des
forces entre les différentes factions en lice faisant du “débat”
une somme “d’opinions” que chacun défend comme sa propriété
et qui ne donne lieu à aucune clarification mais plutôt à une
somme chaotique d’idées ou de textes “conciliateurs” qui
mettent dans le même sac des idées opposées.
Ainsi
donc, nous pouvons conclure que le “débat” dans le CCI (quelle
que soit sa place sur l’échiquier politique qui va des parasites
aux modernistes) est une farce et un moyen de se livrer à des
attaques personnelles incendiaires qui peuvent engendrer de graves
blessures psychologiques pour les victimes et qui montre de la part
des bourreaux, une cruauté, un cynisme et une absence de scrupules
moraux réellement hallucinants. Enfin, c’est un jeu dans lequel
parfois ceux qui furent bourreaux peuvent devenir à leur tour
victimes et vice-versa. Les mauvais traitements qu’ils ont subis,
ils peuvent les infliger au centuple à d’autres dès qu’ils
obtiennent une once de pouvoir ».
OU
DEDALE du Cécéi renie ICARE du Jéhigécé
Ici
il est clair qu'est visé « Moileparti », c'est à dire
le dernier des opposants politiques du CCI resté debout et ayant la
misérable vocation à refonder un CCI flambant neuf et débarrassé
de ses hystériques et de son éclectisme politique caméléon, Icare
du Jéhigécé15.
C'est « Moileparti » qui est visé par « Nousleparti »
comme porteur de gourdin dans ce qu'on vient de lire. Icare ne peut
pourtant que se brûler les ailes plus que Dedale Peter (se mire). Ce
que le CCI était il y a vingt ans a abouti à ce qu'il est
maintenant. Icare n'est pas plus capable de « débat fraternel,
public et international » que son ancêtre CCI16.
Il nous propose un remake pantelant. Il ne peut être en désaccord
par exemple avec la nouvelle théorie de big brother CCI, où ce
n'est plus la liberté d'expression qui est souhaitée mais une
« centralisation du débat » (brrrrr...) :
« Le
prolétariat est une classe internationale et pour cela le débat
doit avoir une nature internationale et centralisée. Si le débat
n’est pas une addition d’opinions individuelles, il ne peut pas
être non plus la somme d’une série de positions locales. La force
du prolétariat est son unité et sa conscience qui cherchent à
s’exprimer au niveau mondial.Le débat international, intégrant
les contributions et les expériences des prolétaires de tous les
pays est celui qui donne une clarté et une vision globales qui
rendront plus forte la lutte prolétarienne ».
(C'est Mir,
11 juillet 2018).
L'invention
du gimmick « culture du débat » fait un flop dans la
mesure où elle tente d'esquiver ce qui pèse encore et va peser
longtemps sur les nouvelles générations révoltées : si vous
changez le système ce sera automatiquement un nouveau stalinisme !
CHASSEZ
LE STALINISME IL REVIENT AU GALOP
Le
CCI qui n'a jamais visé le pouvoir et jamais n'y pourra prétendre,
ne peut plus que singer, en moins grave et inoffensif certes (mais
cela fait pitié), les contorsions du stalinisme. Aux temps du
stalino-brejnévisme l'épuration spectaculaire (nouveau gimmick
idéologique ou arrestations arbitraires) était la façon dont la
propagande stalinienne avait présenté par exemple l’arrestation
des médecins juifs dans les années trente sous prétexte de
mobilisation morale. Dans
ces années 1930, marquées à la fois par la crise systémique
profonde du capitalisme et par l’installation du stalinisme –
surtout après 1934, date de l’assassinat de Kirov prétendant à
la direction de l’URSS à la place de Staline -, avait été
installé la nouvelle morale. Elle allait servir de justification à
la fois aux procès de Moscou – 1936-37 -, aux capitalistes et aux
fascismes en se résumant dans la formule « la fin justifie les
moyens ». Pour Staline, réfutant toute dimension
internationale à la Révolution et prônant contre toute la
tradition marxiste le « socialisme dans un seul pays »,
le rôle des Partis Communistes se résumait dans la défense de la
patrie du socialisme, cette morale servait de paravent à la contre
révolution politique de l’URSS. Tous les moyens étaient bons
s’ils permettaient de défendre l’URSS, pourtant nouvelle forme
de capitalisme d'Etat à l'échelle continentale. Ces moyens allaient
de la politique « classe contre classe » dénonçant les
sociaux-fascistes suivie de la politique dite des « Front
populaire » d’alliance avec des partis de la bourgeoisie. La
réaction courageuse de Trotsky restait plombée par sa considération
a minima pour le stalinisme qu'il ne voulut jamais assimiler à un
capitalisme primitif arriéré. Comme le CCI il se mit à faire des
oeillades au démocratisme des Dewey, au débat... juridique pour
contrer avec des bourgeois le stalinisme. Les staliniens défendaient
la « nation bolchevique », Trotsky le « vrai parti
bolchevique » mais nettoyé des scories staliniennes et le CCI
« son organisation » inamovible et éternelle (comme la
morale).
Avec
Icare du Jéhigécé on retombe dans la même mégalomanie :
« La
bataille pour la reconfiguration du camp prolétarien, du parti en
devenir, est lancée. Pourquoi
dédier tout un numéro de notre revue à l’état des forces
communistes dont l’influence et l’impact sur la situation
immédiate semblent si faibles ? D’une part, parce qu’en
tant qu’expressions les plus hautes de la conscience de classe, les
groupes de la Gauche communiste internationale sont un élément,
produit et facteur, de la situation mondiale, de l’évolution du
rapport de forces entre les classes. Que leur influence directe sur
les luttes prolétariennes et la situation soit plus ou moins
importante, souvent insignifiante à première vue, ne change rien au
fait qu’ils sont une expression de la réalité de ce rapport de
forces. D’autre
part, parce qu’après des décennies de conformation (relativement)
stable, une reconfiguration du camp prolétarien est en cours avec
l’émergence d’une nouvelle génération et de nouvelles forces
communistes et l’épuisement relatif de la vieille génération et
des groupes politiques qui s’étaient développés après 1968 ».
« (…)
C’est ainsi qu’a surgi Nuevo Curso en Espagne, défendant avec
brio les positions de classe, débordant de dynamisme – son blog
publie pratiquement une prise de position par jour –, avec une
démarche politique certes particulière. Dans sa foulée, animés et
encouragés par son dynamisme, en particulier en Espagne et sur le
continent américain, sud et nord, de jeunes militants et groupes ont
commencé à discuter et à se regrouper. Une véritable dynamique de
discussion et de regroupement s’est alors développée tout
spécialement autour de groupes, parmi d’autres, comme le Workers
Workers Offensive
et
le Gulf Coast Communist Fraction. C’est
tout naturellement que cette nouvelle génération de militants sans
expérience s’est tournée vers la Gauche communiste
internationale, et tout particulièrement vers sa principale
organisation, la Tendance Communiste Internationaliste (et à un
degré moindre vers notre propre groupe). D’autres jeunes camarades
des États-Unis se sont aussi rapprochés du courant dit
’bordiguiste’ en rejoignant un de ses groupes ».
Bon,
sachant que la plupart des blogs ne sont qu'un individu ou deux, on
peut émettre des doutes face à tant d'enthousiasme envers un
picrocholin réveil de cercles aspirant à la révolution
prolétarienne, fort loin du foisonnement post-68. Mais le problème
est que ce camarade, beau et très intelligent, après n'avoir eu
pour culte que le CCI et avoir été probablement le meilleur orateur
du groupe en milieu ouvrier, s'entiche de la técéi, autrement dit
ce vieux fleuron Battaglia Comunista, vieux rival de Bordiga :
« À
ce jour, seule la TCI pouvait, et peut toujours, constituer ce pôle
de référence historique, politique et organisationnelle autour
duquel le reste du camp, du parti en devenir, peut et devrait se
réunir. Ce point – que nous ne cessons de défendre depuis notre
constitution – est d’autant plus difficile à faire prévaloir et
comprendre que la TCI elle-même hésite fortement à assumer ce rôle
et parfois même y tourne le dos ».
J'ai
produit dans mes Archives maximalistes une histoire (sinueuse) de ce
groupe, franchement s'il disparaissait ce ne serait pas une grosse
perte. Mais pourquoi Icare trompe-t-il son ex-père Dédale avec des
ritals ? Parce que ce sont des ritals : l'histoire a
octroyé au Parti communiste d'Italie le rôle sublime de porteur
unique du maximalisme communiste et que Icare n'a « ni
ce lien organique, ni le corpus programmatique, ni donc la légitimité
et l'autorité politiques »17.
Icare |
Icare
ne rate jamais une occasion de noter les dérives confondantes du CCI
mais pas toujours aussi idiotes ou réacs qu'elles en ont l'air18,
et il nous éclaire sur les polémiques sur le parasitisme (notion
qui permettait au CCI d'exclure ses concurrents et de se proclamer
seul au monde) mais hélas au service de la secte Técéi :
« L’impact
de la Décomposition
expliquerait la croissance du parasitisme
dans les rangs de la Gauche communiste. Malgré ses efforts, le CCI
n’a pas réussi à convaincre les autres composantes de la Gauche,
dont le BIPR, aujourd’hui la TCI, de ce danger au point qu’elles
sont toutes passées de « la
neutralité [vis-à-vis
des groupes parasites] à
la tolérance, puis à la coopération active avec de tels
éléments ».
Alors que « la
réponse du milieu communiste (…) aurait dû exclure de [tels
groupes] du camp
prolétarien »,
c’est, selon l’article lui-même, le CCI qui s’est retrouvé
isolé ! « Leur
principal but [celui
des parasites] a été
de construire un mur autour du CCI, de l’isoler des autres groupes
communistes et de détourner les nouveaux éléments qui surgissent
de s’intéresser à nous ».
Bref, le résultat de cette lutte du CCI contre le parasitisme
en-dehors de ses propres rangs et vieille d’au moins deux décennies
est un fiasco complet.
Et
l’article de poursuivre, signalant ainsi toute l’ampleur de la
déroute théorique et politique, que la réaction du CCI fut alors
sectaire
et opportuniste :
« ce
fut le côté sectaire de notre réaction. Mais aussi, il y eut un
côté opportuniste » .
Le rédacteur aurait-il été frappé à son tour par le parasitisme
et le clanisme
pour oser reprendre nos propres caractérisations politiques sur la
dérive du CCI? Passons ».
Comme
Dédale du CCI, Icare avertit le monde entier sur les réseaux
sociaux de la malfaisance de « l'esprit de cercle ». Le
combat de nos vaillants révolutionnaires est rude sur internet, les
touches du clavier sont usées et leurs fesses de retraités ont des
esquarres :
«
À tous : les forces en présence, une gauche encore hésitante
et qui se cherche et une droite opportuniste et sectaire tenante de
la lutte contre les parasites, sont identifiées. Nul ne pourra
échapper à la bataille qui est lancée. Autant l’aborder avec
détermination et décision.
Le
GIGC, juillet 2019 .
ET
SI NOS BRAVES MAXIMALISTES dispersés et haineux NOUS PARLAIENT DE
SEXUALITE ?
Faites
l'amour pas la guerre !
Dans
la pose moralisatrice d'apologiste du débat convivial, le militant
chef figure à nouveau le vieux stal qu'on nommait jadis espèce de
saint laïque,
dans
cet univers stalino-petit-bourgeois parfaitement nunuche où les
femmes étaient des « mamans » et où les enfants s'appellaient les
« petits » règnait un conformisme moral et sexuel à faire pâlir
l'islam ou le catholicisme traditionnel. On aimerait par exemple que
le gourou, qui fût un coureur de première dans sa jeunesse, qui s'occupait des sympathisantes autrement que pour les intégrer politiquement, nous confie ce que pense le CCI en matière
sexuelle.
Alexandra à poil |
DES BOLCHEVIQUES PAS TRES PUDIBONDS...
On raconte que lors des nuits suivant les
congrès à Moscou la baiseuse, Bordiga et les autres séducteurs
italiens ne s'ennuyaient point.
En
1898, une certaine Alexandra se rend à Zurich, alors un lieu de
bouillonnement révolutionnaire, et entre en contact avec les
marxistes allemands. Là, elle entame une liaison passionnée avec le
syndicaliste bolchevique Alexandre Chliapnikov. « Il
est d’origine prolétaire, ce dont elle se réjouit dans une lettre
à une amie. Elle ajoute que grâce à son amant, elle comprend la
vie et les besoins des ouvriers,
note Magali Delaloye19.
Sa sexualité a une composante politique. » A
ce sujet, elle avance des idées qui agacent les bolcheviques russes.
Ainsi, Alexandra Kollontaï s’insurge contre « la double morale de
la société bourgeoise, qui permet aux hommes de coucher avec qui
ils veulent, alors que c’est interdit aux femmes ». La militante
promeut « l’amour-camaraderie », dépourvu de jalousie et guidé
par l’autodiscipline. Au-delà de cet aspect, elle s’inscrit dans
la pensée du social-démocrate August Bebel (1840-1913) pour
développer ses propres écrits théoriques, où elle défend
l’émancipation des femmes. Fin 1917, juste après la Révolution,
elle devient Commissaire du peuple à l’assistance publique pour
quelques mois. Elle crée le zhenotdel, soit l’équivalent du
Ministère chargé des affaires féminines, avec Inessa Armand,
maîtresse de Vladimir Illitch Lénine.
Ce
dernier, pratiquant lui-même la « double morale », déteste
cordialement Alexandra Kollontaï, qui va progressivement être
éloignée du pouvoir. Elle est nommée ambassadrice en Norvège en
1923, puis au Mexique et finalement en Suède. Peu avant la fin de sa
vie, en 1951, elle écrit à Joseph Staline pour lui demander
l’autorisation de verser ses archives personnelles à l’Institut
Marx-Engels-Lénine de Moscou. « La correspondance de ces deux
personnes, qui n’ont plus que quelques mois à vivre, est empreinte
de nostalgie. Ce sont des vieux compagnons de route solitaires qui se
retrouvent », commente Magali Delaloye. Leur relation devait être
particulière pour que la bouillonnante activiste, dont les idées
naviguent souvent à contre-courant de l’orthodoxie bolchevique,
échappe au peloton d’exécution.
En
parallèle, une autre figure féminine se démarque : Nadejda
Kroupskaïa (1869-1939), compagne
de lutte de Lénine et son épouse
depuis 1899. Brillante, cette institutrice devient « la première
dame du Kremlin rouge », comme l’écrit Magali Delaloye. « Elle
produit ses propres textes théoriques, notamment sur l’éducation,
tout en supervisant ceux de son mari », ajoute la chercheuse. De
plus, la militante s’occupe de la correspondance du journal
l’Iskra, l’organe du parti, et mène une campagne contre
l’illettrisme dans les campagnes, pendant la guerre civile
(1917-1923).
Croupeskaïa |
Parfaitement
au courant de la relation de « son » Lénine avec Inessa Armand,
elle pousse le dévouement jusqu’à garder les enfants de cette
dernière. Ils formeront un triangle amoureux/amical peu banal.
L’amante meurt toutefois de manière prématurée en 1920. Vladimir
Illitch, qui disparaît quatre ans plus tard, en reste « écrasé
par la tristesse », comme le rapporte Alexandra Kollontaï.
L’arrivée
de Joseph Staline au pouvoir change tout. En effet, Nadejda
Kroupskaïa est en très mauvais termes avec le « Père des peuples
», qui l’a menacée de trouver une autre veuve à Lénine ! Le
message est clair et la militante se retire. Elle n’est de loin pas
la seule femme à passer en coulisses à ce moment-là. L’ère
stalinienne est marquée par l’effacement progressif de la présence
féminine au Kremlin, un phénomène décrit en détails, avec de
nombreux exemples, dans l’ouvrage de Magali Delaloye.
Le
cercle qui entoure « Koba » – son nom de clandestinité – est
composé de ses amis, compagnons de lutte. Les épouses de ces
derniers, issues le plus souvent de milieux très simples, sont des
bolchéviques du plus beau rouge, mais pas des intellectuelles.
Pendant quelques années toutefois, ce microcosme amicalo-familial
vit dans une certaine insouciance. Leurs vies privée et publique se
mêlent20.
Car
« à cette époque, un ennemi du peuple, c’est quelqu’un qui
connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un », explique Magali
Delaloye. Hospitalisée, la malheureuse Evguenia Solomonovna envoie
deux lettres maladroites au Maître du Kremlin, des missives qui
prouvent qu’elle n’a pas perçu que sa vie privée et la vie
publique de son mari sont totalement liées. Le 19 novembre, la
malheureuse se suicide avec l’aide de son conjoint. Un sacrifice
inutile, puisque Nikolaï Iejov est fusillé le 4 février 1940, à
la suite d’un procès dont la chercheuse expose la vertigineuse
cruauté dans son ouvrage.
Lors
de ses interrogatoires, le chef déchu du NKVD s’accuse lui-même
de turpitudes sexuelles, et notamment d’avoir eu des amants. « Il
amorce ainsi une pratique qui va se poursuivre, explique la
chercheuse. Un ennemi du peuple est unidimensionnel : sa débauche
est aussi bien morale que sociale. » Il faut signaler que
l’homosexualité – masculine uniquement – est criminalisée en
1934.
Elle
était particulièrement défendu par les révolutionnaires issus de
la bourgeoisie urbaine, mais la pléthore d'enfants abandonnés, la
situation difficile de nombreuses femmes et la bigamie finirent par
donner raison à Staline et aux communistes issus des campagnes plus
attachés à la morale traditionnelle, qui introduisirent des
restrictions de plus en plus importantes au divorce en 1936, puis en
1944. Un tel retour en arrière devint difficilement supportable au
cours des années 50 et conduisit à un nouvel assouplissement
NOTES
1Ces
citations et d'autres inoubliables à retrouver sur ce blog :
https://fabrice-nicolino.com/?m=201701
2La
morale mène à tout même à la disparition politique. Avec
le cercle Socialisme
et Barbarie le
projet de la revue était de restaurer la crédibilité morale du
projet communiste en dénonçant le catéchisme stalinien, ses
dérives et ses apories. Venu du trotskysme et à cheval sur
un« socialisme
humaniste »
qui reconnaîtrait l’autonomie critique des individus contre
l’abstraction des forces productives, Castoriadis pourfendait le
« stalinisme
qui, comme le capitalisme, réduit l’être humain à n’être
plus qu’une chose, une pure marchandise ou un appendice des
machines » mais finit par préférer le capitalisme libéral
au communisme forcément stalinien !
3Puissiez-vous
ne pas bronzer idiot, lire la saga triste et le dédale délirant du
comité central du CCI :
http://igcl.org/L-Historique-du-Secretariat
. Si vous arrivez à vous y retrouver, quoique l'ambiance asile
psychiatrique suffise à masquer une lutte pour le pouvoir sur
« l'orga », à ne pas confondre avec orgasme.
6A
l'époque (fin des années 1970), sans réelle expérience
d'organisation digne de ce nom, les recrues récentes restaient
cantonnées à des tâches subalternes, saisie de textes et
diffusion de tracts ; certaines et certains se sentirent
humiliés et partirent vers le pôle bordiguiste. Cette hiérarchie
élitaire qu'il était indécent (et criminalisé) de mettre en
cause ne nous empêchait pas (nous la base) de nous en moquer, même
face aux foudres du « vieux » et de ses « nobles
serviteurs » suivistes -comme ceux d'aujourd'hui croyant qu'on
peut emprisonner ou limiter la « pensée individualiste »
ce cauchemar de tous les totalitaires (cf. le couplet
« L’individualisme,
ennemi du débat ».
Les groupes gauchistes en revanche utilisent des leurres pour
masquer l'appareil hiérarchique en refilant tout un tas de
« responsabilités » figuratives à leurs exécutants
(responsable de stand, délégué régional, secrétaire à
l'antiracisme, préposé au contact avec la famille Traoré,
responsable écologique, rapporteur des méfaits de la police... je
vous laisse imaginer le nombre de fonctions bidons qui servent à
booster le militant de base..
7Marc
était passé par l'école du PCF, et pas totalement étanche de
relents de stalinisme dans sa façon de ridiculiser quelques fois de
façon sexiste, sadique ou phallocratique ses critiques. Il utilisa
souvent le terme « consoler » pour décrédibiliser ses
opposants, certes souvent bobos universitaires (qui « avaient
usé leur fond de culotte sur les bancs des facs »), mais
assez macho, car on ne console que … les femmes ! Malheur à
celui qui était taxé de chercher « à se consoler » !
L'argument l'excluait du raisonnement politique ad hoc et le
féminisait.
8Une
classification phylogénétique suppose que l'on regroupe les êtres
vivants en fonction de leurs liens de parenté. Dans le cas de la
secte CCI ils ne sont pas tous frères et sœurs ni pères et fils
(bien qu'il y en ai), c'est plus ésotérique, les militants vous
jusqu'à penser être analogues et homologues du théoricien chef,
tout comme les politiciens populistes se pensent les exécutants de
la populace.
9Le
grand « guide » Marc Chirik (Dédale) était le
spécialiste unique et incontestable des modes et gimmicks tous les
5 ou 10 ans ; après « la gauche en opposition »
qui foira grâce à Mitterrand, « les années de vérité »
expirèrent à Longwy et enfin « la décomposition du
capitalisme » (qu'il certifiat avoir trouvé seul, alors que
les premiers congrès de l'IC y font référence comme je le lui
avais dit, oh sacrilège !) sert toujours de canne blanche au
CCI actuel. C. Mir (Icare) n'a pas l'envergure du père Dédale !
Parmi les nombreuses confidences que cet homme très intelligent me
glissait à l'oreille : « j'aime bien entendre les
camarades exprimer ma pensée ».
10Dans
d'autres textes sidérants du grand penseur « prolétarien »
on trouve parfois cette image du communisme (approximatif) vécu ici
et maintenant dans l'orga prolégomène du communisme virtuel.
11
Les salariés sont invités à exprimer leur avis, formuler des
souhaits et propositions, présenter des observations personnelles
sur le travail dans l’entreprise. Articles
L 2281-1 et 2281-2 du Code du Travail
12Et
la référence historique toujours si actuelle :
« Le
Procès
de Socrate,
poursuivi et condamné pour avoir tout à la fois corrompu la
jeunesse, méprisé les dieux de la Cité et tenté de leur en
substituer de nouveaux, illustrait bien les risques encourus à
exprimer des conceptions heurtant les titulaires du pouvoir. Platon
en avait conclu que les dirigeants des cités grecques n'avaient pas
la sagesse nécessaire à l'exercice de leurs fonctions, et qu'à
l'époque il fallait absolument «quand on veut combattre pour la
justice et si l'on veut vivre quelque temps, se confiner dans la vie
privée et ne pas aborder la vie publique».
13Lire
l'étonnant « Les questions du mode de vie » de Trotsky,
personnage pour lequel il m'est difficile de ne pas garder
admiration malgré la décadence de son courant.
14Rappelons
que la femme-gourou du CCI avait fait cette réflexion au gourou en
chef : « les bulletins internes siont une poubelle ».
16Avec
le radotage de la même plaidoirie démocrate : « Dans
une organisation communiste, il faut combattre le suivisme, vice
consistant à s’aligner, sans réfléchir, sur la position d’un
“militant éclairé” ou d’un organe central. Dans une
organisation communiste, tout militant doit préserver un esprit
critique, ne pas prendre pour argent comptant mais analyser ce qui
est exposé, y compris ce qui vient de “dirigeants”, d’organes
centraux ou de “militants plus avancés” ». Combattre le
suivisme quand on voit celui qui règne actuellement... Ou la façon
préremptoire dont « Moileparti » Icare traitait au
début ses nouveaux amis canadiens de Klasbatallo.
17Ce
déplacement d'amour est de l'ordre de la consolation, comme le lui
aurait dit Marc Chirik, qui le couvait : « La
nature a horreur du vide. C’est dans cet espace libéré par la
TCI et que personne ne pouvait occuper à sa place, pas même nous,
que les principales forces anti-partidistes
du
moment, celles qui prônent la lutte contre la décomposition
et
le parasitisme,
le
CCI et son
satellite
en parasitisme,
Internationalist
Voice, se sont dépêchées de s’engouffrer afin de polluer la
réflexion et le travail de réappropriation de ces jeunes camarades
au moyen du poison destructeur, destructeur des groupes communistes
et des convictions politiques des militants, de la théorie du
parasitisme ».
18Icare
montre qu'il a encore un mode de penser gauchiste simpliste en
dénonçant l'article du CCI sur les suicides de flics. L'anti-flic
primaire est avec l'antifascisme cacahuète le mode de pensée du
gauchiste de base. Les flics ne sont pas des nazis mais aussi des
êtres humains mais exécutants. Faudra-t-il tous les éliminer
après la révolution ?
19Magali
Delaloye,
Une
Histoire érotique du Kremlin Paris,
Éditions Payot et Rivages, 2016. Je vais le lire pour vous.