« Dans
l'idée de rendre plus dociles des peuples ignorants et sauvages,
leurs premiers législateurs inventèrent des religions (…) On
effraya les hommes sans les rendre meilleurs ». Baron d'Holbach
« Je
ne suis pas un nationaliste, je suis un patriote » Mélenchon
(23 fev 17)1
"Abolissez l'exploitation de l'homme par l'homme et vous abolirez l'exploitation d'une nation par une autre nation."
Karl Marx - 1818-1883
Lors
de cette longue et navrante campagne de tricherie électorale, le mot
« patriote » si utilisé par toutes les factions en lice,
qu'il sembla interloquer via divers pages du web – les médias sont
dans l'ensemble des libéraux mondialistes post-stalinisme – fait
pourtant depuis belle bluette partie du vocabulaire du résidu PCF ;
du reste, depuis une dizaine d'années le personnel syndicaliste CGT
ne se gêne point pour l'utiliser au nom de la sauvegarde de « nos
entreprises ». Sous le premier gouvernement Hollande, le pitre
Montebourg, éphémère ministre hystérique pour un « redressement
productif », en mannequin pour maillot rayé made in chez nous,
avait demandé aux « français » d'être « patriotes ».
Mélenchon pour sa part, espérant damer le pion à la mère Le Pen,
proclama à la fête de L'Huma millésime 2013 : « je ne
suis pas nationaliste, je suis un patriote ».
"Le
président des patriotes", l'anaphore "être patriote",
terme, massivement employé par le Front national, est apparu par
après dans les discours du produit pour supermarché européen
Emmanuel Macron2.
Lire la verbosité creuse de sa définition :
"Être
patriote, ce n'est pas la gauche qui s'est rétrécie sur ses
utopies. Être patriote, ce n'est pas la droite qui se perd dans ses
avanies et l'esprit de revanche. Être patriote, ce n'est pas le
Front national, le repli et la haine qui
conduira à la guerre civile. Être patriote, c'est vouloir une
France forte, ouverte dans l'Europe et regardant le monde."
Plus creux et tu serais alter-nationaliste !
Question
sentiment, le Front national n'a pas le monopole de la revendication
d'un amour pour la France, un électeur quelconque peut aimer la
patrie... comme sa mère (vieille chanson populaire, mais pas encore
populiste), ou comme son porte-monnaie, ou comme son patrimoine
immobilier. Certes le FN nous saoulait de fumée depuis au moins la
guerre d'Algérie avec le mot « patriote » et son dérivé
patriotisme à tout crin. Le mot sonne ringard en diable. Il n'a plus
ni le sens révolutionnaire bourgeois de 1792 – les patriotes de
Valmy défendaient la République contre les monarchies réacs – ni
le sifflet recruteur des Déroulède et Hitler3.
C'est tout simplement devenu un mot creux, mais dont suinte encore
l'arrière goût fade et ignoble d'une notion fantasmatique d'un
chez nous interclassiste qui exigeait d'envoyer au sacrifice des
millions de prolétaires et de paysans pour les « marchands de
canon », voire protéger du viol ennemi nos femmes et « nos
capitaux ».
Utiliser
un tel mot si chargé de sens négatif et passéiste pour la lutte de
classe obéit chez le mitterandolâtre aigri et pervers Mélenchon à
une volonté de confusion, pour recruter d'abord banalement la
clientèle chenue des derniers dinosaures staliniens, quelques
ouvriers arriérés attirés par le vote FN et par après la mouvance
bobo des professions intellectuelles avec le milieu du business
écolo. Pour leur faire avaler que la défense des intérêts
nationaux (localistes), mais au surplus, au milieu de la crise
migratoire, seraient mieux pris en compte que par les autres
compétiteurs de la gauche antiraciste mondialiste et islamophile. Un
peu comme à la cantine on sert les premiers arrivés surtout s'ils
ont la carte du parti français.
Le
mot ne plaît pas trop à un certain nombre d'embrigadés de France
insoumise, qui pensent être surtout des internationalistes
libertaires, ouvert à tous les peuples, sauf aux migrants qui
viendraient polluer leur propre jardin. Dans le programme
mélanchonesque, nullement internationaliste ni révolutionnaire, on
trouve néanmoins bien des concepts idéalistes de cette gauche
libérale-libertaire (absence des questions et soucis concernant
l’insécurité, légalisation du cannabis, discours universaliste
et utopique sur l’immigration à tout va) qui est finalement depuis
des décennies, le credo des ultra-libéraux bourgeois, concrétisé
à chaque fois par leur soutien à un terrorisme policier accru s'ils
sont en position de pouvoir et un soutien purement verbal au
« malheur » des migrants. Mélenchon se livre à
d'excessifs moulinets d'estrade, flattant un public crédule qui
psalmodie : « tous sont pourris mais au moins on a
Mélenchon ». Et lui au moins, il ne cesse de dénoncer Merkel,
sauf sur la question migratoire.Il n'a pas encore compris l'ex-sous
ministre de Mitterrand que ce qui est excessif est insignifiant.
QUAND LE MOT
INTERNATIONALISME N'AVAIT PAS DISPARU...
L'antimilitarisme à la
veille de la guerre de 14 semblait être le moyen principal pour
empêcher la guerre. Anarchistes et socialistes protestaient contre
l'accroissement des budgets militaires et se moquaient des défilés
armés. La polémique ne cessait jamais contre les bourgeois
pacifistes, tenant de cette cynique imposture de la classe dominante
qui n'avait pour but, avec ses discours humanitaires, que de faire
diversion face à la réalité de la permanente guerre économique
menée contre les prolétaires. La guerre serait toujours évitée
grâce aux arbitrages internationaux, assuraient les vieux messieurs
barbus et en chapeaux quand Jules Guesde tonnait qu'il fallait faire
confiance au parti socialiste qui saurait en temps voulu faire
obstacle au bellicisme capitaliste grâce à la mobilisation de
l'auguste Seconde Internationale.
Cet antimilitarisme était
cependant autre chose que les chimères humanistes et secouristes
d'Angélique Merkel et de tous les intellos gauchistes français à
sa suite. Il contenait une réelle critique de fond de la marche du
capitalisme : « le capitalisme c'est la guerre » et
pas une possible société de paix éternelle, écologique,
islamophile et antiraciste. Plus loin il y avait l'idée d'une
nécessaire démoralisation de l'armée et des troupes mercenaires de
l'Etat (police, gendarmerie) pour que la révolution soit possible.
Les mutineries de 1907 avaient réellement inquiété la bourgeoisie
d'époque, pourtant repue de ses massacres et viols en juin 1848 et
mars 1871.
Le patriotisme fonctionna
par contre hélas en effet comme une nouvelle religion. Les religions
en général ne sont qu'une expression particulièrement
mystificatrice du mensonge fondateur de la société des classes ;
à l'origine de la plupart des Etats antiques, elles sont toutes
bellicistes même si elles se prétendent toutes de nos jours ce
vulgaire mirage « d'amour et de paix ». L'Union
nationale patriotique fonctionna sur le modèle de l'imposture
religieuse. Le nouveau Moloch sacré fût la patrie qui réclamait à
son tour le sang sacrificiel des hommes. La foi patriotique eût ses
dévôts comme Charles Péguy, ancien socialiste, ancien anarchiste
pacifiste, qui fût rapidement sanctifié par une balle « boche ».
La montée à la guerre était devenue communion, rassemblement
sacré. Le christianisme convenait parfaitement à cette résignation
à la guerre et à la soumission aux curés militaires pour une durée
prétendue éphémère, « fraîche et joyeuse ».
Chassé par la fenêtre
en 1905 le cléricalisme rentrait par la porte de l'armée4.
A l'époque on bénissait encore les ouvriers en assemblée d'usine à
la prise du travail comme on bénissait les régiments avant le
départ au combat. C'est bien la peine de montrer du doigt de nos
jours les embrigadés guerriers musulmans comme exceptionnelle
étrangeté barbare5.
L'antipatriotisme
n'empêcha pas la guerre pourtant parce qu'il n'était pas la réponse
aux enjeux d'une guerre mondialisée, parce qu'il était encore
limité aux conceptions nationales des anarchistes et des socialistes
qui ne concevaient pas encore le phénomène révolutionnaire comme
international, quand bien même ils reprenaient le concept du
Manifeste de Marx : « les prolétaires n'ont pas de
patrie, on ne peut leur enlever ce qu'ils n'ont pas » (concept
assez confus encore chez Marx comme on l'analysera plus loin). Mais
répété sans analyse des circonstances et du rapport des forces le
concept relève de la méthode Coué idéaliste6.
Un des plus acharnés contempteurs de la « collaboration de
classe » que signifiait le patriotisme, Gustave Hervé, passera
d'un coup à l'Union sacrée ; il signait jusque là ses
articles : « un sans patrie » ; il faut
toujours se méfier des radicaux extrémistes de la phrase qui
cachent souvent une simple girouette, capable de tourner casaque au
moment fatidique (ils furent nombreux dans la deuxième
Internationale comme dans la troisième stalinisée!).
L'antipatriotisme, par
ses outrances, ne sera pas pris au sérieux par la classe ouvrière
imbibée de religiosité patriotique et de revanchisme (l'Alsace et
la Lorraine). Le syndicaliste Dumoulin a le courage de tirer la leçon
en 1921 : « Notre propagande antimilitariste, plus
tapageuse que réelle nous a trompé (…) nous nous sommes trompés
en nourrissant notre orgueil dans des congrès bruyants avec des
motions boursouflées et pleines de suffisance ».
Cet échec historique de
l'antipatriotisme, comme doctrine séparée de la lutte de classe
gréviste, a été finalement un peu comme l'antiracisme moderne qui
est devenu un idéalisme interclassiste qui peut faire communier le
prolétaire comme le bourgeois dans un statut d'observateur indigné,
et le conduire à se laisser mobiliser dans la guerre à la manière
du recrutement antifasciste. Echec également de l'internationalisme
vu, telle que la mythique grève générale, comme un vœu pieux et
supplanté par le mondialisme communautariste.
Cela ne signifie pas
qu'il faudrait en revenir au patriotisme miteux, ou rejoindre ce
demi-patriotisme électoraliste à la Mélanchon qui n'est ni un
internationalisme déguisé ni une base pour défendre les intérêts
et la nature du prolétariat. Comme tous les autres compétiteurs des
diverses solutions bourgeoises aux problèmes nationaux, la faction
de Mélenchon ne propose que de mirifiques plans de sauvetage de
l'économie bourgeoise en crise, dont la nationalisation est le
sommet du ridicule et la glorification des syndicats un conte de fée.
LE CONCEPT D'IDENTITE
NATIONALE (patriotique?)
Bien que Sarkozy ait
proposé un débat large sur le sujet, aucune des factions
bourgeoises n'a tenu finalement à ce qu'il ait lieu. Trop risqué.
Trop fouillis. Le faux communisme parodiait le marxisme en appelant à
la fin des nations, masquant son propre impérialisme et son
encouragement à la création de nations croupions dans les zones
décolonisées. L'Europe d'après-guerre a officié à la
planification de la disparition des « vieilles nations »,
sous pression américaine. La monnaie unique comme l'abolition des
frontières intra-européennes étaient une façon de faire la nique
au projet communiste originel et de le reléguer dans son statut
d'utopie incrédible et vieillerie invariante. Les vieilles nations
ont bel et bien résisté à l'annonce de leur mort prochaine par
Hannah Arendt, célèbre politologue acquise au mensonge américain.
L'implosion du bloc de l'Est a généré une foule d'autres
mini-nations très vindicatives et arrogantes. Le capitalisme
semblait avoir trouvé la parade à l'hégémonie bipolaire des blocs
et un moyen de survie à son système destructeur de marche à
l'abîme. Ce retour au pullulement national s'est accompagné fort
opportunément, comme s'en vante d'ailleurs 7.
Poutine dans l'interview
complaisante que lui a servi Oliver Stone, du grand remplacement du
stalinisme par la religion. Mieux qu'Obama, le tsar Poutine se
félicite d'une longue mixture des religions en Russie, orthodoxe,
musulmane et juive, comme base du fonctionnement « pacifique »
(hic!) de la société russe actuelle, nation éternelle s'il en fût.
L'islam sert à l'ouest comme à l'est d'arme à double face :
une positive et l'autre négative, mais comme la religion pendant la
guerre de 1914 et 1945 (les croix chrétiennes des tombes ont été
bien plus nombreuses que les croix gammées sur les fanions)
Ce que l'on nomme depuis peu repli sur soi nouveau,
à la suite du Brexit et de l'élection de Trump, n'est qu'un trompe
l'oeil. Les nations européennes sont toujours restées jalouses de
leurs prérogatives, caractéristiques et identités (de langue et de
culture, de religion et de mode de vie). Ce n'est pas demain la
veille ni avec la menace du « grand remplacement musulman »
que les choses changeront. Ce que l'on peut constater est que les
vagues migratoires – et leurs à-côtés scandaleux – servent à
blinder à nouveau le concept d'identité nationale mais dans un sens
opaque qui mêle défense économique, mode de vie et racismes divers
(non avoués)8.
La disparition des nations, envisagées par le
marxisme, peut-elle être confondue avec la oumma islamique et sa
prétention à conquérir l'univers ?
La bourgeoisie mondiale dominante n'a pas du tout
l'intention de laisser triompher un mode de domination arriérée,
comme elle n'a pas permis au stalinisme de triompher. La musulmanie
lui sert autant que le stalinisme pour une période donnée, et cette
« expansion » apparente, avec ses bigotes voilées et ses
burkinades ridicules, reste superficielle. Elle va de pair avec la
fable des nouvelles, non pas indépendances nationales, mais
prétendus exigences des minorités, politico-religieuses, raciales,
communautaristes, à faire croire que l'humanité peut rester
émiettée en catégories séparées, hostiles culturellement et aux
modes de vie incompatibles, donc en guerres permanentes par respect
pour les croyances de chacun.
MARX ET TOUS LES ANARCHISTES ET SOCIALISTES DU
XIXe SIECLE SE SONT-ILS TROMPES EN ENVISAGEANT LA FIN DES PATRIES ?
Marx et Engels, dans leurs analyses plus fouillées
à la fin de leur vie, voyaient le capitalisme évoluer vers la
constitution de grands ensembles. Ce qui a en effet tendu à se
dessiner avec les deux grands blocs puis avec les marchés
nord-américains, européens, asiatiques. Sauf que la réalité d'une
tendance à une économie unifiée sembla contrebattue par
l'expansion de tant de nouvelles patries du tiers-monde jusqu'à
l'implosion du bloc de l'Est. Le pullulement de nations fantoches
n'est pourtant pas incompatible avec l'existence de grands marchés
dominant les orientations politiques de tel ou tel Etat, et même
fractionnant les Etats les plus puissants. Le social-traître Kautsky
avait été combattu par le lucide Lénine en prétendant qu'un
ultra-impérialisme pourrait dominer un jour la planète. Et c'est
l'anti-léniniste Poutine qui donne raison à Lénine finalement en
contestant régulièrement depuis quinze ans la prétention à
l'hégémonie mondiale par l'hyper puissance américaine. En effet le
capitalisme ne peut pas mettre fin à la concurrence intrinsèque qui
régit les rapports de domination et de production. Mais il y a un
phénomène nouveau et que, finalement, avec malice, Poutine est le
seul en catimini à soulever : s'il y a une domination
incontestable, économique et militaire, de la « patrie
américaine », elle n'est pas unitaire, elle est bicéphale,
voire tricéphale. Le scandale d'une prétendue manipulation des
élections américaines par les très compétents services
informatiques de Poutine (hérités de la maestria du KGB) est
révélateur de la scission entre fractions américaines, sur la
question pétrolière et sur la guerre en Syrie. Même au faîte de
leur prétendue domination du monde les capitalistes américains ne
peuvent même pas prétendre avoir réalisé l'ultra-impérialisme
d'un seul, car les intérêts économiques du mode de vie du
capitalisme ne le permettent pas. Le capitalisme ne peut pas aspirer
à l'unité, disons à la paix avec un commerce « équitable »
(idéologie hulotienne très en vogue chez les bobos), ce qui
signifierait sa mort car il est basé encore et toujours sur la
compétition acharnée.
D'où l'intérêt pour les Poutine et Trump de
continuer à tromper les masses en faveur du mythe de l'indépendance
nationale. Ce n'est pas non plus un repli sur soi, comme le
prétendent de naïfs militants maximalistes à la suite des
journaleux. Le système reste dominé par de grands cartels
pétroliers et bancaires qui se fichent d'indépendance nationale
comme de leur propre zone d'appartenance. Le capitalisme compétiteur
et destructeur est même plus « internationaliste » que
ne l'est encore le prolétariat. Mais voilà qu'il mélange patrie et
mode de vie et religion.
Revenons aux
projections de Marx.
Le Manifeste de 1848 disait :
« En outre, on a accusé les communistes de
vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n'ont pas de
patrie. On ne peut leur ravir ce qu'ils n'ont pas. Comme le
prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le
pouvoir politique, s'ériger en classe dirigeante de la nation,
devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique
nullement au sens bourgeois du mot. Déjà les démarcations
nationales et les antagonismes entre les peuples disparaissent de
plus en plus avec le développement de la bourgeoisie, la liberté du
commerce, le marché mondial, l'uniformité de la production
industrielle et les conditions d'existence qu'ils entraînent. Le
prolétariat au pouvoir les fera disparaître plus encore. Son action
commune, dans les pays civilisés tout au moins, est une des
premières conditions de son émancipation. Abolissez l'exploitation
de l'homme par l'homme, et vous abolirez l'exploitation d'une nation
par une autre nation. Du jour où tombe l'antagonisme des classes à
l'intérieur de la nation, tombe également l'hostilité des nations
entre elles. »
Je déplore depuis des années qu'il n'y ait plus de
réflexions approfondies sur la nécessaire période de transition du
capitalisme à une société humaine, qu'on la nomme communisme ou
post-capitaliste. Un chercheur, dont j'ai eu l'occasion de louer les
qualités9,
Henri Maler, nous fournit quelques réflexions pertinentes :
« Mais le moins que l’on puisse dire
c’est que le pronostic d’un dépérissement des démarcations
nationales et des antagonismes entre les peuples ne s’est pas
vérifié, en dépit de l’universalisation de l’exploitation
capitaliste et, partant, d’une tendance à l’uniformisation (sous
le joug capitaliste) des conditions d’existence du prolétariat.
Ces tendances à l’universalisation et à l’uniformisation ont
été d’emblée minées par la concurrence entre nations, largement
contemporaine de la mondialisation capitaliste, elle-même déjà
partiellement et tendanciellement à l’œuvre quand Marx écrit. En
cela, les formes nationales des luttes ont toujours eu des effets sur
leur contenu.
En tout cas, quoi que dise ou laisse entendre Marx dans le
Manifeste, force est d’admettre que, dans le cadre des sociétés
existantes, l’appartenance de classe n’abolit pas l’appartenance
nationale et que les travailleurs ont bien une nationalité, comprise
non pas au simple sens de sa définition juridique et encore moins au
sens d’une identité substantielle, mais comme construction
historique et sociale. Cette construction a culminé avec celle des
États-nation : des États de classe qui ne sont pas
naturellement voués à clore l’histoire des pouvoirs publics. Mais
cette construction s’est, depuis le XIXe siècle, intensifiée sous
l’effet à la fois des conquêtes sociales propres à chaque pays
et de la mise en concurrence des prolétariats nationaux.
Dans la mesure où la
dissolution des démarcations nationales et de l’hostilité entre
nations ne s’est pas réalisée, l’internationalisme peut-il et
doit-il être remisé dans le bric-à-brac des idées mortes ?
Le postulat d’une universalité essentielle du prolétariat, non de
condition (sociale), mais de privation (d’appartenance nationale)
est intenable. Si l’internationalisme devait se fonder sur une
universalité de privation de nationalité qui serait porteuse d’une
universalité sans délimitation, ni démarcation nationale
(fussent-elles provisoires), il serait sans objet. Si
l’internationalisme est une nécessité politique et un objectif
stratégique, c’est aussi parce que les prolétaires ne sont pas
sans nationalité et que cette nationalité affecte, parfois pour le
pire, le contenu de leurs luttes.
Or celles-ci sont pour le moins équivoques : on ne peut plus
guère soutenir, comme Marx tendait encore à le faire en 1848, que
la vocation révolutionnaire du prolétariat et la vocation
communiste de la révolution dérivent de l’existence d’un
prolétariat qui serait la dissolution en acte de la société
bourgeoise, et d’affirmer que l’universalité de cette vocation
est inscrite dans la privation de nationalité ou de patrie de ce
même prolétariat. L’internationalisme
ne peut être fondé sur une telle privation, si du moins on prend au
sérieux le fait que, pas plus en ce début de XXIe siècle que
durant le précédent, la mondialisation capitaliste n’efface les
démarcations nationales et n’assèche les mouvements
nationalistes. On pourrait d’ailleurs affirmer le contraire :
en accroissant la concurrence entre travailleurs de différents pays
et de différentes régions du monde, mais aussi entre les États
dont le rôle n’a nullement décru avec la mondialisation, cette
dernière stimule les pires passions nationalistes.
Mais
l’internationalisme est à la fois l’affirmation d’une
universalité de condition sociale et le projet d’une solidarité
internationale à construire. Or cette solidarité n’est pas
seulement celle de combats communs et convergents.
L’internationalisme est une perspective stratégique et
organisationnelle que les défaites cumulées depuis la rédaction du
Manifeste ne permettent pas de congédier. Une perspective
stratégique que traduit ce mot d’ordre impératif :
« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
Comment, dans quelles limites et dans quel but ? C’est une
autre affaire. C’est même la principale affaire ».
Or,
si le questionnement paraît juste, en effet partout les passions
nationales, pas forcément nationalistes comme le suggère notre ex-trotskien, semblent avoir repris le dessus. Or, si on n'oublie pas le
passé trotskien (LCR et Révolution ! De Maler) il manque
visiblement d'imagination, ou en tout cas de la capacité d'analyse
du maximalisme, que certains nomment encore « gauche
communiste » (pouah je préfère encore « droite
capitaliste »!). Maler ne connaît visiblement rien aux débats
sur la période de transition parmi les Gauches de la 3e
Internationale. Bien sûr que l'abolition des frontières partout
sera nécessaire et possible mais à condition d'une révolution
mondiale, mais en tirant vers le haut l'expérience de toutes les
nations les plus évoluées vers la vraie liberté qui suppose
l'éradication de toutes les pratiques et sanctions barbares de
toutes les religions et en particulier de la principale aliénée
l'islam, en faveur d'un véritable « mode de vie communiste »
sans entraves marchandes ni religieuses, et qui conservera les
meilleurs acquis culturels (pas cultuels) des diverses nations.
On
peut trouver les formulations du Manifeste imprécises, voire
troublantes ou insuffisantes, mais sur le fond oui les prolétaires
n'ont pas de patrie et on ne peut leur enlever ce qu'ils n'ont pas,
ce qui n'empêche qu'il existe des culturelles nationales plus
évoluées et des zones où la femme n'est plus considérée comme
une chienne. D'ailleurs, à son niveau dérisoire et encore encadré
par les lois capitalistes, la libre circulation (d'européens
exclusivement et de toute classe) en Europe de Schengen révèle un
réel confort de déplacement et élimine la bureaucratie douanière
et celle des bureaux de change10.
Bordiga écrivait dans
les années 1950, bien qu'avec des illusions sur les libérations
nationales, mais ne fallait-il pas en passer par ce processus, même
pour prouver la fausseté des décolonisations (n'en déplaise aux
puristes luxemburgistes de RI) ?:
« Alors
que pour nous le marché national et l'Etat capitaliste et national
centralisé ne sont qu'un passage inévitable pour arriver à
l'économie internationale sans Etat et sans marché, pour ces grands
prêtres de la démocratie que Marx raillait en la personne des
Mazzini, Garibaldi, Kossuth, Sobieski, etc., la formation des Etats
nationaux démocratiques constitue un point d'arrivée qui mettra fin
à toute lutte sociale. Ce qu'ils veulent, c'est un Etat national
homogène où les patrons n'apparaissent plus comme un corps étranger
parmi des travailleurs exploités. En réalité, à ce moment
historique, le front éclate et la classe ouvrière va se jeter dans
la guerre civile contre l'Etat de sa «patrie». C'est au cours du
processus des révolutions et des guerres nationales bourgeoises pour
la formation des Etats en Europe (et aujourd'hui en Asie et en
Afrique) que ce moment se rapproche et que ses conditions mûrissent:
tel est le problème sans cesse changeant, aux développements
extrêmement variables, qu'il faut déchiffrer ».
Si
Bordiga a fait fausse route en misant sur une nouvelle étape de
libérations nationales progressistes dans le tiers-monde du XXe
siècle, sa réflexion de base marxiste n'en reste pas moins
autrement plus profonde que les simplismes d'un certain maximalisme
eurocentré et superficiel :
«Ce
serait une très grave erreur de ne pas voir ou de nier que les
facteurs ethniques et nationaux ont encore un impact très important
dans le monde d'aujourd'hui. Parmi les tâches actuelles s'impose
donc l'étude précise des limites historiques et géographiques dans
lesquelles les soulèvements pour l'indépendance nationale liés à
une révolution sociale contre les formes pré capitalistes
(asiatiques, esclavagistes, féodales), ainsi que la fondation
d'Etats nationaux de type moderne, représentent encore une condition
nécessaire pour le passage au socialisme (par exemple en Inde, en
Chine, en Egypte, en Iran, etc.). L'évaluation précise des
différentes situations est rendue difficile, d'une part par la
xénophobie suscitée dans ces pays par l'impitoyable colonialisme
capitaliste, et d'autre part par la large diffusion dans le monde
entier des ressources productives et des produits qui atteignent les
marchés les plus reculés; mais à l'échelle mondiale la question
brûlante de 1920 (qui se posait même dans l'aire de l'ex-Empire
russe), la question du soutien politique et armé aux mouvements
d'indépendance des peuples d'Orient, continue à se poser. Dire par
exemple que le rapport entre le capital industriel et la classe
ouvrière se pose de la même façon
en Belgique et au Siam,
et que dans un cas comme dans l'autre on peut mener la lutte sans
tenir compte des facteurs de race et de nation, ce n'est pas faire
preuve d'extrémisme révolutionnaire, c'est montrer que l'on n'a
rien compris au marxisme.Ce n'est pas en amputant le marxisme de la
profondeur, de l'étendue et de la complexité de son analyse qu'on
acquiert le droit de dénoncer et un jour d'abattre les misérables
qui le renient ».
Mais
appliquer sans précaution ce même raisonnement de Bordiga en 1950,
relativement plus juste à l'époque que les naïvetés
luxemburgistes, reviendrait à cautionner le paternalisme politique
des gauchistes vis à vis des migrants et leur secourisme en peau de
lapin, à applaudir les libéraux au pouvoir qui n'aiment jamais tant
que les «migrants » conservent leurs sinistres traditions
tribales pour une paix sociale assurée et un cloisonnement des
classes ouvrières. Le fond de la crise politique mondiale n'est
qu'un avatar du développement inégal du capitalisme décelé par
les meilleurs marxistes au début du XX e siècle, et la dite crise
migratoire n'est pas due pour l'essentiel aux problèmes climatiques
ou à la seule guerre en Syrie, mais de l'incapacité ou plutôt de
la volonté du capitalisme de ne pas industrialiser le tiers-monde
mais bien pour y pomper à la demande un prolétariat terrorisé et
soumis ; la fable des nations émergentes ne concernant qu'une
poignée de grands pays où reste freinée voire interdite le partage
des technologies haut de gamme, même si les chinois se démènent
dans l'espionnage industriel.
L'IDEOLOGIE
PATRIOTIQUE RENFORCEE PAR L'IMMIGRATIONNISME
Dans
un très intéressant article, JF Daguzan11,
pose le problème d'une orientation vers une « patrie et
démocratie ethno-confessionnelle » :
« La
Nation à contrat social tend elle à s’effacer au profit de l’Etat
identitaire ? Si la démocratie demeure une demande forte des
populations, on détecte une tendance à ne la réserver qu’à son
environnement paroissial. Finalement, les Basques, les Catalans, les
Kosovars, les Corses, les Ecossais, les Touaregs, les tribus,
militant pour leur indépendance, admettent parfaitement un jeu
démocratique à la condition exclusive qu’il soit circonscrit dans
les limites de leur appartenance ethno-linguistique. On retrouve
alors la première définition de l’UNESCO de l’Etat-nation dans
laquelle fusionnent la logique d’un groupe et d’une forme de
gouvernement. C’est valable aussi pour de plus grosses masses,
comme en Irak (et peut-être demain en Syrie) où Chiites, Sunnites
et Kurdes se séparent progressivement tout en maintenant la fiction
d’un Etat fédéral ».
Daguzan
fournit une analyse très lucide par après de la situation mondiale
et de la perte de vue (et de perspective) du projet communiste de fin
des nations :
« Si
la nation a été depuis la fin du XIXème siècle plutôt inscrite
dans le cadre frontalier de l’Etat, d’autres propositions ont
existé. Le communisme a été une « patrie »
transnationale dans laquelle se sont reconnus des
millions d’hommes avant que cette idée ne sombre dans la
découverte sinistre du totalitarisme stalinien et de son cortège
d’épouvante. La
fin de l’Union soviétique quasi-ultime représentante paradoxale
de ce modèle – car fortement construite autour de l’Etat – en
sonna le glas. L’islamisme radical universaliste d’Al Qaida
est un autre exemple de ces propositions. Fondé sur
le principe coranique d’une Umma (communauté des croyants) sans
frontières, les leaders d’Al Qaida proposent l’avènement d’un
Dar al Islam (le monde de l’islam) vidé de toutes les influences
délétères (occidentales d’abord, ou pré-islamiques).
Or, depuis son émergence (le début des années 1980) et malgré ses
succès « publicitaires » (le 11 septembre 2001 au
premier chef), Al Qaida et sa nébuleuse ont perdu
toutes leurs batailles sur le terrain (la dernière
en date au Mali, 2013) et si des succès tactiques viennent ici ou là
rappeler la nocivité de ce mouvement, il n’en demeure pas moins
ravalé au rang de mouche du coche. Il
n’y aura pas de « Grand soir » islamiste pas plus qu’il
n’y a eu de « Grand soir » communiste.
De la même façon la crise économique et financière
mondiale a brisé les modèles de destruction de l’Etat –
considérés pendant un temps par les ultra-libéraux comme
économiquement obsolète. Si l’Etat-nation est
remis en cause aujourd’hui, ce n’est pas par la pression des
grands ensembles économiques mais par la pression socio-culturelle
de populations qui lui dénient le rôle de gouvernance. Finalement,
seules les diasporas, qui ne relèvent que partiellement d’un
modèle idéologique, devraient continuer de survivre en tant que
nations transnationales mais le phénomène devrait aller en
s’affaiblissant. La question de l’Union européenne, entité
fédérale en devenir ou ensemble multilatéral conjoncturel fruit de
la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre froide mérité également
d’être posée tout comme celle des modèles équivalents (ASEAN,
etc.) ».
LA
PRESSION SOCIO-CULTURELLE DES POPULATIONS ?
Là
cet auteur nous déçoit. Qu'est-ce que cette « pression
socio-culturelle », il ne le développe pas. Or, du point de
vue marxiste, nous voyons bien une orchestration des Etats, une
focalisation sur la question religieuse et des règles de vie
opposées. Les populations en général ont bon dos, mais elles
restent encadrées par des mafias étatiques, tant capitalistes
qu'islamistes ou dictatoriales. L'Etat est la religion de la société
capitaliste comme la religion est la meilleure expression désormais
des volontés de l'Etat capitaliste. Ce ne sont pas les aspects
ethniques, raciaux, climatiques qui divisent les peuples et les
prolétariats, mais bien des modes de vie qui permettent de rendre la
liberté impossible ou utopique : liberté de circuler, liberté
sexuelle, solitude si utile au marché capitaliste, etc. L'islam est
bien en ce sens la religion number one de la réaction bourgeoise
mondiale, pas sa oumma ni l'utilisation du terrorisme islamique comme
terreur ...des Etats dominants (qui en profitent pour renforcer leur
propre terreur étatique). Le rigorisme de l'islam est mille fois
supérieur disons à la période victorienne puisque, dans tous les
pays, il impose une ghettoïsation de la femme, une morale ascétique
très famille-patrie. Il s'immisce comme mode de vie dans la plupart
des capitales occidentales avec la bénédiction des Etats
démocratiques et de leurs contreforts gauchistes. Il est l'ordre
moral dont ce système pourri jusqu'à la moelle prétend sauvegarder
ses turpitudes financières et ses crimes impérialistes12.
Daguzan
remarque finalement que l'émiettement en micro-nations n'est pas
fait pour complaire au capitalisme moderne ni destiné à durer, et
il cite le fameux rapport de la CIA de 2012 dont j'ai déjà parlé
ici - Global Trends 2030 - qui souligne un phénomène
d’hybridation : « L’Etat-nation ne devrait pas
disparaître, mais les pays organisent et orchestrent de plus en plus
des coalitions « hybrides » d’acteurs étatiques et non
étatique qui changent selon l’objet. ».
La
seule classe capable de mettre fin aux idéologies patriotiques est à
l'heure actuelle complètement incapable de remettre en cause
dispersions nationales et hybridations diverses, elle reste dominée,
non par un rejet raciste, comme disent les rigolos gauchistes, mais
par des appréhensions non d'invasion non plus, mais d'attaques sur
le mode de vie occidental ; et cela personne n'en parle, même
pas les révolutionnaires maximalistes amateurs, et Mélenchon le
sait par contre qui met un bémol à l'immigrationnisme industriel à
la Merkel13.
L'internationalisme
de la classe ouvrière ne peut non plus aucunement se développer en
applaudissant aux migrations massives, qui aboutissent logiquement à
renforcer l'illusion patriotique14,
aussi bien en France que, par exemple, en Algérie où « les
autorités » ne s'embarrassent guère de gants pour laisser
crever les migrants dans le désert, ce dont l'ex-tiers-mondiste
patenté le journaleux bourgeois Plenel se garde de parler15.
Je
laisse la conclusion, pessimiste, à Michèle Tribalat :
« En Allemagne,
le pic de l’enthousiasme a correspondu à septembre 2015 après la
mort du petit Aylan sur les côtes turques : 79 % des Allemands sont
alors d’accord pour qu’on répartisse les migrants qui arrivent
entre les divers pays européens et pour en accueillir une partie.
C’était le début de la grande vague migratoire déclenchée par
le discours d’Angela Merkel. Rappelez-vous, c’était le 31 août
: « Le monde voit dans l’Allemagne une terre d’espoir et
d’opportunités. Et ce ne fut pas toujours le cas ». Tout le monde
comprend alors, en Allemagne et ailleurs, qu’Angela Merkel fait
référence à l’époque nazie. Beaucoup d’Allemands se sont
alors mobilisés avec enthousiasme pour être à la hauteur. Mais la
proportion d’Allemands répondant favorablement à l’accueil des
migrants a quand même perdu 18 points de pourcentage en moins de
deux ans. (...) On s’est beaucoup
félicité de l’évacuation de la jungle de Calais sur le moment.
Mais on sait maintenant que des migrants reviennent ou viennent à
nouveau dans le coin. Donc, la maîtrise du phénomène est encore à
démontrer. Le développement de barrages sur l’autoroute, avec la
mort d’un chauffeur de camion mardi dernier a sans doute encore
rafraîchi les bonnes volontés. Il y a donc une fluctuation des
réponses à ce type de sondage en fonction des événements, mais
les Français restent majoritairement opposés à la
répartition des migrants qui débarquent sur les côtes européennes.
C’est seulement après la diffusion des photos sur le petit Aylan
que la proportion de Français favorables à une répartition des
migrants a frisé les 50 %. Quand ils répondent ce qu’ils
répondent, on peut supposer que les Français souhaitent échapper à
la déferlante. Répartir les migrants ce n’est pas maîtriser les
flux migratoires. Ça peut même être compris comme étant tout le
contraire : se faire à ce qui nous arrive ».
D'où
la popularité du renforcement des frontières ! Surtout parmi
la classe ouvrière ancienne ou nouvelle.
NOTES
1
Lire sur le site de RI : Jean-Luc
Mélenchon, un serviteur de la nation et du capital | Courant
Communiste International
et voir LO :
https://journal.lutte-ouvriere.org/2017/04/19/melenchon-un-patriote-professionnel_88474.html
2Pendant
toute la campagne son pensum « Révolution » barrait
l'entrée de tous les supermarchés, ce sont maintenant des rayons
entiers qui sont dédiés à la saga Macron. On se croirait plongé
dans une librairie roumaine des seventies, à la gloire du couple
Ceausescu, tout auteur désirant entrer dans la carrière étant
invité à tresser une ode livresque au président des présidents,
au bourgeois des bourgeois, au gigolo de la finance ravie.
3Le
patriotisme est historiquement autant une notion de droite que de
gauche. La Ligue des Patriotes de Déroulède mène campagne pour
l'union nationale contre les Prussiens, (comme le parti socialiste
qui avait appelé à l'union nationale en 1914) et surtout contre
l’occupant juif incarné par la figure du capitaine Dreyfus. Le
Parti des Patriotes de Taittinger qui a également pour ennemi
principal les Juifs, lui succède au cours des années 1930. Pendant
l’Occupation, tout le monde est patriote ; les résistants
sont patriotes contre l’occupant nazi. Vichy est patriote contre
l’envahisseur "judéo-communiste"sponsorisé par Londres
et Moscou. A la Libération le PCF caracole sous les termes de
« front national ».
4Les
historiens officiels reprochent encore aux syndicalistes
révolutionnaires et à Paul Lafargue d'avoir été les tenants
d'une déchristianisation sectaire, Lafargue s'en fichait :
« La bourgeoisie a besoin d'une religion qui lui promette une
vie céleste pour continuer sa vie terrestre de fainéant et de
jouisseur ». Voir aussi les multiples interprétations de la
loi de 1905 par les missi dominici du système, qui la révisent et
prétendent qu'elle servait à adapter les religions mais pas à les
supprimer complètement de la sphère civile et politique.
5On
prie le Seigneur de sauver la peau des combattants mais surtout de
les autoriser à massacrer sans vergogne. La joie et l'indifférence
face au meurtre n'est pas une nouveauté dans l'histoire chaotique
de l'humanité. Le grand historien de l'Antiquité, Paul Veyne,
décrit comment spectateurs des arènes romaines et chrétiens
étaient parfaitement indifférents aux meurtres et égorgements des
gladiateurs. Dolf Oehler – Juin 1848 : le spleen contre
l'oubli – décrit l'absolue indifférence des flics lorsqu'ils
étripent à la baïonnette les prolétaires insurgés. Ce qui
choque de nos jours une grande partie de l'humanité consciente n'en
émeut pas une autre partie à l'instinct primaire et à qui cela ne
fait pas plus d'effet que d'écraser des mouches, surtout en temps
de guerres.
6C'est
la révolution russe de 1917 qui pose la question de
l'internationalisme conçu comme fin des frontières, beaucoup plus
clairement in vivo que n'avait pu le faire Marx.
7Parmi
les nombreux mensonges de Poutine, qui conchie régulièrement les
origines du socialisme comme le grand nettoyage religieux des
bolcheviks. La majeure partie de la population musulmane serait dans
la région de Moscou, et cette confrérie est très choyée par le
tsar Poutine, comme sa consoeur orthodoxe. Bernard Guetta, lors du
débat suivant l'émission, salue comme Hubert Védrines,
l'importance du rôle de Poutine : sa victoire écrasante en
Tchétchénie aurait évité à la Russie de devenir une république
musulmane. C'est le discours inverse de l'empire US mais cela y
ressemble étrangement. Des milliers de russes musulmans seraient au
service de daesch, et le malin tsar laisse entendre, comme tous les
sites dits « révisos », en tout cas critiques du big
brother Washington (Réseau international, Voltaire, etc.), que
daech n'est qu'une faction de la bourgeoisie américaine. Poutine ou
Lavrov ont les infos et une parfaite compréhension de ce qui se
passe entre fractions de la bourgeoisie US et en jouent avec
beaucoup de malice. Caldwell : « Alors
pourquoi les gens se soucient-ils autant de Poutine ? Parce
qu’il est devenu un symbole d’auto-détermination nationale. Les
conservateurs populistes le voient de la manière dont les
progressistes ont vu Fidel Castro, comme la seule personne qui dit
qu’il ne se soumettra pas au monde qui l’entoure. »
8Le
charity business des associations pour réfugiés, vanté par Le
Monde et les gauchistes spectateurs, fait partie de l'économie
capitaliste : appel d'offres sur les centres de rétention
administrative, développement d'hébergement de réfugiés chez des
particuliers, l'accueil des réfugiés et demandeurs d’asile est
(plutôt mal) réalisé dans des permanences spécialisées de
Frontex (une bureaucratie cynique qui les traite par-dessous la
jambe) et diverses autres dépendantes d'aides étatiques et qui
surexploitent des bénévoles « en stage ». Face à des
bateaux de fortune qui arrivent avec des migrants enchaînés,
expédiés ainsi par leur Etat d'origine, un gisement d'emplois est
là pour conseils et aide juridique à toutes les étapes de la
procédure, même en les faisant tourner en bourriques (envoi à
Berlin puis retour à Rome, puis Vintimille, etc.) : dossier Ofpra,
recours à la cour nationale du droit d’asile (CNDA), admission au
séjour, procédure de réadmission « Dublin III », défense
contre les abus des préfectures, ou encore réunification familiale
des réfugiés. etc ...
Tout ce cinéma rapporte des millions aux assocs à but non lucratif... et sert l'idéologie du bon accueil antiraciste, si mensonger.
Tout ce cinéma rapporte des millions aux assocs à but non lucratif... et sert l'idéologie du bon accueil antiraciste, si mensonger.
9Cf.
mon livre « Dans quel « Etat » est la
révolution ? ». Que je suis étonné de voir en vente,
ainsi que mon histoire du maximalisme, à des prix scandaleux, très
chers, par des quidams sur Amazone alors que j'ai tant d'invendus
que je brade. La thèse de Maler « Convoiter l'impossible »
est une très utile réflexion pour le communisme, si on le
retrouve.
10L'Europe
de Schengen n'est évidemment pas cette fable longtemps rêvé par
nos trotskiens nationaux « d'Etats-unis socialistes
d'Europe », invention d'un Trotsky qui voulait faire
concurrence aux « Etats-unis communistes » de Staline,
mais une impasse de pays riches et la place du principal marché
mondial pour fournisseurs des grandes puissances !
11https://www.diploweb.com/La-fin-de-l-Etat-Nation-Surprise.html
12Macron
a été très activement soutenu par l'UOIF des frères musulmans -
organisation considérée comme terroriste par la Russie et que les
républicains aux Etats-Unis ont vainement tenté de faire classer
de même.
13
Mélenchon radotait en 2012 sur la Canebière, avec ce terrorisme
verbal hérité de sa kultur trotskienne, que « notre
chance, c’est le métissage »
avant de louanger les « Arabes et
Berbères» ayant importé « la
science, les mathématiques ou la médecine »
sur le Vieux Continent. En revanche, son livre-programme, Le
Choix de l’insoumission (Le Seuil,
2016), développe une vision de l’immigration moins gauchiste
angélique : « Si on ne veut
pas que les gens viennent, il vaut mieux qu’ils ne partent pas
[...] Donc
éteignons l’une après l’autre les causes de leur départ.
Elles sont très simples, c’est la guerre et la misère. Une fois
que les gens sont là, que voulez-vous faire ? Les rejeter à
la mer ? Non, c’est absolument impossible. Donc il vaudrait mieux
qu’ils restent chez eux. » A
Florange, en janvier dernier, il se déclarait favorable
à la « régularisation
des travailleurs sans papiers mais pas pour le déménagement
permanent du monde, ni pour les marchandises ni pour les êtres
humains ». Protectionniste et
antilibéral, il n’en prétend pas moins rester partisan d’une
« république universelle »
par la généralisation du droit du sol et des naturalisations.
Mais sans destruction de l'Etat capitaliste ! Et sans en
référer au fait que les petites nations sous-développées doivent
rester de simples réservoirs à main d'oeuvre corvéable et
encadrée sagement par l'islam. Plus à droite, si je puis dire, que
Mélenchon on trouve un site du PCF 'Réveil communiste' qui récuse
l'enchantement immigrationniste et ne se bouche pas la vue avec la
généralité « nos frères de classe », mais avec un
arrière-goût très marchaisien :
http://www.reveilcommuniste.fr/pages/Les_communistes_et_limmigration_quels_principes_adopter_augmente_1382011-5126356.html
14Ce
que certains commentateurs anonymes qualifient, pas à tort à mon
sens de « folie migratoire », comme celui-ci : « Le
problème ne vient pas des migrants mais de nos politiques qui
refusent d'admettre la colonisation par l'islam et qui font
bénéficier les clandestins de l'état providence destiné aux
citoyens qui ont travaillé et cotisé ; l'envoi des enfants
mineurs depuis l'Afrique est devenu une source de revenus pour des
villages entiers ! De plus, ces migrants vont se transformer en
des poches de problèmes car ils viennent avec leurs traditions
contraires à notre république et notre mode de vie ! Avant
d'envisager des arrivées nouvelles de personnes à la logique
communautariste, il est utile de solutionner les zones à problème
existantes sur notre territoire et combattre sans complaisance ceux
qui veulent imposer leurs traditions et culture moyenâgeuse hors de
notre conception sociétale ». Le questionnement dans le
désarroi contient des vérités mais encore une fois dans l'espoir
que l'Etat « providence » bourgeois pourrait remédier à
une situation bordélique... dont il a besoin pour continuer à
diviser la société !
15Le
rédacteur du minuscule GIGC s'est bien fait avoir par la propagande
autour de l'exhibition du cadavre du petit Aylan, un « petit
frère de classe » ! S'il récuse de se laisser entraîner
par les campagnes de solidarité humanitaire gauchiste, il ne
propose que la lutte gréviste (!?) pour mettre fin à la barbarie
et au massacre des migrants, comme saut dans le Grand Soir
libérateur ! Or, où est le programme maximaliste :
attentisme + attitude de spectateur indigné ! Ne faut-il pas
par contre que les minorités maximalistes insistent, d'une part
comme le fait partiellement Mélenchon sur la nécessité de l'arrêt
de la guerre, et surtout la perspective d'une « réorganisation »
de la société en laissant les gens là où ils sont plutôt que
d'encourager une soit disant prolétarisation, prolifération qui
confine à ghettoïsation du salariat et généralisation du mode de
vie islamique (ce que le malin Poutine a fort justement glissé dans
l'interview au journaliste américain) (cf . Sur le site Guerre
ou Révolution et le tract informatique : « Exode massif
sur tous les continents, ce sont nos frères de classe que le
capitalisme assassine).