"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

dimanche 6 mars 2022

CRISE DE LA GUERRE TRADITIONNELLE (épisode 7)


 Résilience (définition simple) : Psychologie. Capacité d'un individu à supporter psychiquement les épreuves de la vie. Capacité qui lui permet de rebondir, de prendre un nouveau départ après un traumatisme.

«Vous subirez des conséquences que vous n’avez encore jamais connues». Poutine


Un plan de Résilience... du commandant Macron

Depuis longtemps nous sommes habitués à ce que la politique ne soit plus qu'une question de psychologie. Les analyses officielles et journalistiques relèvent désormais de réflexions comportementales, de conceptions morales, de moralisme racial dans le cas du wokisme. La psychologie « politique » sert plus encore à faire la leçon de ce qui est loi Pas trop de différences au fond avec hier quand les staliniens culpabilisaient les ouvriers rétifs en les traitant de fascistes ou d'ennemis de la défense de la nation, et que les syndicats vous traitez d'allié du patron si vous contestiez leurs ordres de marche. C'est plus accentué aujourd'hui pour empêcher de poser les vraies questions politiques. C'est aussi pourquoi la guerre ne peut plus être abordée de la même façon, la défense de la patrie fait ringard, on veut nous enrôler avec la défense de la bouillie démocratique bourgeoise au nom de laquelle le président comédien Zelensky appelle les hommes ukrainiens à aller se faire tuer (vu la faible crédibilité de notion de patrie ukrainienne).

Prétendu négociateur de paix, tout en fournissant des armes sous la table au Guevara en carton pâte d'Ukraine, Macron est venu se pointer avec la prétention d'anticiper les conséquences de la guerre qui se font déjà sentir pour les entreprises et la population française. Macron a promis mercredi 2 mars un « plan de résilience » pour soutenir l’économie française :

« Nombre de secteurs économiques souffrent ou vont souffrir, soit parce qu'ils dépendent des importations de matières premières venues de Russie et d'Ukraine, soit parce qu'ils exportent vers ces Pays. Notre croissance va être impactée ».

D'aucuns, plutôt modestes prédisent qu'une crise mondiale, comparable à celle de 1973, se profile à l'horizon de Kiev. D'autres encore tirent la sonnette d'alarme en vue d'une paupérisation qui sera susceptible de provoquer des mouvements de protestation plus plus grave que celle de nos ringards gilets jaunes drogués au comique RIC, psaume à une démocratie de carnaval interclassiste ridiculisé par ce que la bourgeoisie est en train de bafouer en Ukraine : chaque camp n'a aucune parole, chacun joue le rôle du bon et du méchant, tous se menacent. La psychologie du candidat Macron, aussi « oligarque » que son pote Poutine, relève pourtant d'un infantilisme et du foutage de gueule. Les traumatismes des couches paupérisées, en particulier de la classe ouvrière, ne vont pas tomber en « résilience » mais sont plutôt menaçants. 

Après le "quoi qu'il en coûte" du 39 aout 2020 qui ne rassure pas pour l'épongement de la dette étatique, le "pardon" équivaut lui aussi à l'improvisation du "quoi qu'il arrive" pour prévenir l'insurrection sociale... D'une part parce que l'Etat ne peut plus pomper les déshérités qui ont du mal à joindre les fins de mois, et d'autre part parce qu'ils sont réputés prêts à tout faire péter, et pas par des grèves gentiment corporatives. Surtout parce qu'ils sauront se moquer et conchier le terme résilience, anti-social, et qui signifie surtout PARDON !

Macron ne peut dire la vérité, car elle aussi est dangereuse. L'Etat pour trouver de l'argent doit donc désormais taper sur les couches moyennes. Et ça c'est super, même si la petite bourgeoisie (médecins, ingénieurs, profs, etc.) va encore voter Mélenchon, Jadot, Arthaud, ou même Zemmour (artisans, flics, paysans), elle va être amenée à « tomber dans le prolétariat » (dixit Marx) ; j'analyserai une autre fois cette dynamique intempestive et subversive.

La montée à la guerre n'est plus ce qu'elle était...

Au risque de me contredire, puisque je vous ai affirmé dans ma communication précédente que tout semblait concourir vers la der des der, malgré l'avancée cynique et pachydermique de la soldatesque poutinienne, rien n'est simple dans la crise guerrière. Les mensonges et chantages de Poutine sont grossiers et à pisser de rire (il n'y a que ses bureaucrates péteux pour faire semblant de les prendre au sérieux. Côté occidental, la dramatisation à outrance sert à tenter de faire oublier la responsabilité des impérialismes rivaux qui se la jouent sainte Nitouche. Luc Ferry touche juste sur les causes de la guerre « défensive » du magma russe : Luc ferry

« Certains pensent pouvoir tout expliquer par la personnalité de Poutine, son autoritarisme et son rêve fou de reconstituer la grande Russie. Je crains que les choses ne soient plus compliquées, que les anathèmes moralisants, quelle que soit leur part de vérité, interdisent de comprendre le fond de l’affaire. Pour commencer, nous aurions dû nous opposer, comme Nicolas Sarkozy et Angela Merkel le demandaient, à la promesse faite par l’Otan en 2008 d’intégrer l’Ukraine. Il fallait à la place organiser une grande conférence sur la sécurité en Europe  (…) Ce fut un casus belli pour la Russie et, loin de protéger l’Ukraine, on la mettait en danger. Du reste, le président Zelensky lui-même se dit aujourd’hui prêt à discuter d’un «statut neutre» de son pays».

L'analyse de Ferry transparaît et est vérifiée en quelque sorte par un moment de sincérité du truand Poutine. Il a averti que l'Ukraine pourrait perdre son «statut d'Etat» si elle continuait à refuser de céder aux exigences russes, réclamant notamment un statut «neutre et non nucléaire» pour l'Ukraine et sa démilitarisation, ce que la bande à Zelenski, qui cherche à adhérer à l'Union européenne et à l'Otan, juge inacceptable. Les autorités ukrainiennes «doivent comprendre que si elles continuent de faire ce qu'elles font, elles mettent en question l'avenir du statut d'Etat ukrainien. Et si cela se passe, elles en seront entièrement responsables», a ajouté Poutine au cours d'un repas grotesque avec la table à rallonge qui a fait suffoquer le monde entier, garnie par une rangée de pétasses, à l'occasion de la prochaine Journée de la femme, une des fêtes staliniennes les plus célébrées dans le pays.

Curieuse guerre médiatisée avec dramaturgie prononcée mais toujours les mêmes images en boucle côté occidental : immeubles éventrés, quartiers vides, fumées au loin, mais quasiment pas d'images de cadavres, pas de film de la "résistance" comme on avait pu en voir sur la guerre civile espagnole, la résistance héroïque reste invisible ! Mensonges comme Poutine. On dénonce des bombardements par avions, or nul avion n'est visible depuis le début du conflit. On donne des chiffres fantaisistes, invérifiables sur le nombre de civils et de soldats tués, et de blessés.

Poutine est bien un criminel de guerre comme il l'a prouvé lors des guerres précédentes, mais il ne fait pas tirer indistinctement dans le tas comme en Syrie. L'Europe transparente est juste à côté. Les civils ne sont pas visés sauf ceux qui se déguisent en soldats. Hélas la soldatesque tire souvent à l'aveugle et le matériel militaire russe est parfois déficient.

LES EMBARRAS DE DU MAITRE CHANTEUR POUTINE

Comme je l'ai dit au tout début, Poutine voulait une blitzkrieg qui lui aurait permis de mettre la main illico sur l'Etat et d'y placer à la manière classique stalinienne un personnel fantoche. Au lieu de quoi tout a été ralenti, en effet par la résistance de la population, et de plus en plus par l'indignation mondiale.

Plus la guerre d'invasion dure, plus la chute de Poutine sera dramatique, comme le lui prédit l'ancien conseiller de Gorbatchev, Andreï Gratchev Cette guerre vient de plus ouvrir les yeux au brave « consommateur » qu'il soit petit bourgeois ou ouvrier, sur ce que le capitalisme est capable de faire en temps de guerre, mais qui est plus opaque en temps de paix : te faire fuir sous les bombes, détruire ton immeuble, te pousser à n'emmener que quelques vêtements, voire à faire partir ta femme et tes gosses pour te faire tuer pour la patrie, aux ordres désormais d'un ex-comédien de télé, intronisé chef de guerre avec tee-shirt décoré ! Dépouillé de tes pauvres biens tu peux imaginer que l'envahisseur fera occuper ton appartement et récupérer le peu d'objets que tu possédais au profit du successeur... Il s'était passé la même chose, et en pire, en Syrie mais c'était loin et ça concernait des arabes...

Or cette fuite éperdue de millions d'ukrainiens n'était pas envisagée par Poutine grâce à une guerre éclair ; ce qui fait que la situation, se prolongeant de manière catastrophique, tourne à un certain irrationalisme (comme dit le CCI). Quel intérêt de faire cesser le travail partout dans un pays, de faire fuir des millions ? La table rase absurde ? Un simple objectif géopolitique d'encercler une région et une zone côtière ? Puis de restaurer tout l'ex bloc russe ? lancer de mini bombes nucléaires, voire envahir les autres pays européens (comme le crie le boutefeu Zelenski) ?

Restaurer des zones tapons face aux autres impérialismes, certainement ! mais ni expansion outre mesure ni guerre mondiale, comme nous le content les autres boutefeux, d'ailleurs minoritaires en Europe (comme le sinistre BHL).

Ce qu'il faut considérer, hors des cris de putois occidentaux à prétention pacifiste - comme cet automobiliste qui a giflé un cycliste et qui s'est pris un gnon puis dénonçant une tentative de meurtre – c'est que le dit « stratège » Poutine s'est mis dans la merde. Et que cela a des conséquences pour l'ensemble de la bourgeoisie.

UNE GUERRE A EFFET SOCIAL BOOMERANG MONDIAL

Le boycott des produits russes et les sanctions économiques sont déjà en train de se retourner aussi contre le bloc occidental ; nous faisant doublement rire avec une résilience impossible, et l'impossibilité pour le prolétariat mondial de croire que Poutine en serait responsable seul !

Il se produira de graves conflits sociaux bientôt en Russie. Le bla-bla psychologique et dramatisant des journalistes occidentaux dits « libres » accumule les confusions. Les comparaisons fleurissent avec l'avant Deuxième Guerre mondiale. La Tchécoslovaquie fut envahie militairement par l'armée nazie. Ce pays avait été sacrifiée par le ministre Daladier, président du Conseil français, et Chamberlain, son homologue britannique, qui avaient cédé, par pacifisme et volonté de négocier aux exigences du Führer par l'accord de Munich en 1938. « Nouveau Munich » pour le ministre de la Défense britannique ! Poutine = Hitler ? Pourquoi chercher du côté allemand pour qualifier le maître du Kremlin, alors qu'un autre dictateur, du même pays, a agi de la même manière ? En septembre 1939, sur l'ordre de Staline et en vertu d'un accord secret avec Hitler, l'armée russe occupa la partie orientale de la Pologne. En novembre 1939, Staline attaqua la Finlande et, au terme d'une guerre de plusieurs mois, y conquit une province. En juin 1940 également, l'armée russe annexa les trois États baltes : l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Et comment oublier la famine organisée par l'Etat stalinien en Ukraine...1

Or, s'il faut faire une comparaison, ce n'est pas avec la guerre en Yougoslavie et ses massacres "ethniques"; Poutine ne se livre pas à un massacre ethnique, vise à éviter la tuerie des civils, et parce cette guerre est plus déstabilisante avec ses répercussions économiques et sociales; c'est bien avec Prague 1968, et ses conséquences que la comparaison s'impose. La période du printemps « démocratique » de Prague prend fin lors de l'invasion qui a lieu dans la nuit du mardi 20 au mercredi 21 août. 400 000 soldats, 6 300 chars des pays du Pacte de Varsovie appuyés par 800 avions, 2 000 canons, envahissent le pays. « L'opération Danube » préparée depuis le 8 avril, mobilisa pour l’essentiel des troupes russes. Cette invasion de la Tchécoslovaquie provoque la mort de 72 à 90 personnes et fait plusieurs centaines de blessés. Alexander Dubček appelle son peuple à ne pas résister. L'armée russe avait gagné mais non seulement perdu la bataille de l'opinion mondiale, mais sapé ses propres fondations staliniennes au long terme.

L’invasion provoqua une importante vague d’émigration qui finit par s’arrêter quelque temps plus tard : on estime le nombre des départs à 70 000 immédiatement après l’intervention. Sur toute la période des dernières années du bloc stalinien, 400 000 Tchécoslovaques quittèrent leur pays. Cet événement marqua le début de la décomposition du bloc de l'Est, même s'il fallut attendre deux décennies. Aujourd'hui, avec la crise économique mondiale qui va être aggravée, tout va être plus rapide. D'abord le criminel de guerre (en fin de règne), s'il aura pu envahir ou s'il peut envahir totalement le pays, sera incapable de tenir 44 millions d'habitants, même s'il a souhaité en faire partir quelques millions. Et, sans doute contrairement aux tchèques les ukrainiens se donneront les moyens de revenir...

En Russie, la population n'apparaît pas complètement aveuglée par le nationalisme néo-stalinien. Les réseaux sociaux font circuler les informations gênantes pour le dictateur et ses larbins bureaucrates. Malgré une batterie de menaces la population réagit progressivement.

La Douma a voté à l’unanimité une révision du code pénal prévoyant jusqu’à quinze ans d’emprisonnement en cas d’«informations mensongères» sur les forces armées.

Les médias russes ont été enjoints de parler uniquement d’une «opération militaire spéciale» - le terme labellisé depuis qu’il a été employé par Vladimir Poutine -, certainement pas d’invasion ou d’attaque. C’est ce grief, qui a officiellement été invoqué pour suspendre deux derniers médias indépendants encore en activité, l’emblématique radio Écho de Moscou et la chaîne de télévision Dojd («Pluie», en russe). Le ton est donné par les chaînes fédérales qui font tourner en boucle le récit officiel sur l’«opération spéciale» et ses objectifs: «démilitarisation et dénazification» de l’Ukraine, un pays «qui n’existe pas historiquement» et qui se retrouve «dans la main des Américains». Avec le verrouillage de l’information, l’heure est aux appels à l’«unité». «Ce n’est pas le moment de se diviser, c’est le moment de s’unir. (Mais contre un nazisme inexistant?) Et s’unir autour de notre président», a estimé vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Gratchev lui n'est pas tendre avec ce pauvre Poutine :

 « Les sondages fiables manquent pour mieux cerner l’état d’esprit des Russes, préciser les clivages face à cette crise majeure, mais les signes épars d’un malaise sont palpables. De là également, la communication officielle mise sous le boisseau concernant les pertes militaires. Un sujet ultra-sensible car susceptible de raviver le traumatisme des guerres d’Afghanistan et de Tchétchénie. Une chape de plomb tombe sur la Russie, mais le retour des cercueils plombés ne pourra pas longtemps être caché. Déjà 5000 morts dont deux généraux russes en Ukraine...
Poutine croit pouvoir recréer l’URSS de 1950, mais c’est impossible : il n’a pas un PCUS de dix millions d’adhérents, des goulags où envoyer des millions de personnes, ni un régime de terreur stalinien : va-t-il faire exécuter des centaines de milliers de russes comme en 1937-38 ?
Enfin, il a 69 ans, il règne depuis 23 ans, les jeunes russes n’ont jamais connu que lui, et ils sont ouverts sur le monde, ne fut-ce que par Internet. Quel avenir propose-t--il aux jeunes russes, sinon la guerre et la dictature ?Sa guerre contre l’Ukraine sera son tombeau »2.

Une pétition, lancée par un vétéran de la défense des droits de l’Homme, Lev Ponomarev, a réuni près de 1 million de signatures. Signe de défi au régime terroriste et de l'ampleur de la remise en cause de la guerre « nationale » près de 10.000 personnes ont été arrêtées en Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février, selon l’ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations.

Même s'il écrase la résistance nationale ukrainienne, Poutine restera disqualifié mais aura rendu service au système tout entier en ayant fait croire que la seule alternative était démocratie US contre knout russe, ou même laissé au second plan plus grave, comme le prédit Ferry, possiblement la constitution d'un bloc sino-russe.

Je reprends en conclusion, sans résilience, deux commentaires piochés sur le web.

« Le terrain ukrainien pourrait ainsi rapidement se transformer en une sorte d’Afghanistan bis [la guerre d’Afghanistan, entre 1979 et 1989, a été un échec pour l’URSS, la population se révoltant contre les nombreux décès]. Pour Poutine, s’il s’entête en Ukraine, alors la colère grondera en Russie et, comme pour l’URSS avec l’Afghanistan, cette guerre pourrait devenir un des facteurs du rapprochement de la fin du régime ».

« Aussi parce que, face aux géants du XXIe siècle que sont les Etats-Unis et la Chine, la Russie n’a pas d’atout. Elle n’a rien pour se maintenir au niveau et ne sait pas comment se protéger de ces deux impérialisme rivaux. La seule carte qui lui reste, c’est l’usage de la force, héritée de la puissance soviétique. Et, comme le temps manque à Poutine, comme la stabilité le menace, il a pris cette décision soudaine de renverser la table. Pour mieux préparer son effondrement ?


NOTES

2« Avec cette guerre en Ukraine, nous assistons aux dernières convulsions de l’empire russe [qui, officiellement, a couru de 1721 à 1917, NDLR], dont l’idéologie a été reconduite sous l’empire soviétique, et dont les restes demeuraient aujourd’hui. Le rapport avec feu l’Union soviétique est très présent dans toutes ces manœuvres. Et d’ailleurs, il ne se fait pas sentir qu’en Ukraine : tout l’espace de l’ex-URSS est frappé, avec encore récemment le conflit autour du Haut-Karabakh [entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan], sur le Kazakhstan – un autre champ de mines pour son mélange entre les populations russophone et kazakhe – et sur la Biélorussie – dont la situation aujourd’hui n’est que le fait de reste de l’Union soviétique [le pays sert de base arrière aux militaires russes] ».