(Le poutinisme à
l’œuvre)
Ce qu’il y a de
franchement marrant avec le suffrage universel est que celui des vieillottes
démocraties libérales s’est aligné sur le carnaval de consultation électorale
des pays les plus arriérés. Vous pouvez vous moquer de la plouc Croatie avec
les portraits géants du président aussi omniprésents que sous les dictateurs
Tito et Brejnev. Vous pouvez sourire en observant la « confiance
renouvelée » du « peuple syrien » au boucher Bachar El Assad
dont les portraits géants ne cachent pourtant pas le plus grand bain de sang
mondial depuis deux ou trois ans. Vous pouvez tiquer en observant l’omniprésence
en images du nabot impérialiste Poutine. En réalité, partout, le suffrage
universel n’est plus qu’une coquille vide apolitique. Le barnum électoral personnaliste
américain avait il est vrai montré l’exemple depuis des décennies. On élit « à
la gueule du candidat » avec flonflons et petits drapeaux nationaux pour
enfants arriérés. Il suffit de voir l’engouement entretenu par Le Figaro pour
ce crétin ridicule et exhib de Sarkozy, pourtant plombé par la corruption
massive de la faction de droite, pour saisir combien le petit bourgeois de
base, majoritaire dans les scrutins, aime la corruption et l’enrichissement
et considère les petites merdes comme Copé et Sarko comme ses idoles. C’est un
peu pareil en Turquie où la petite bourgeoisie enrichie par le « charisme »
(cf. tjrs Le figaro) Erdogan a fait pencher la balance vers les pâles 51,8%, chiffre qui,
bien que truqué (faible participation des ouvriers non prise en compte et aussi révélant une faible marge autorisant n'importe quel bourrage d'urnes) fit
plus crédible que les 99% classiques en URSS brejnévienne, à Cuba ou à Téhéran.
Le trucage électoral s’est donc raffiné en pays arriérés. Que tous les naïfs de
l’idéologie bourgeoise élitaire au pouvoir aillent à confesse, pour avoir cru
que les sympathiques protestations de rue changeraient la donne dans le domaine
parfaitement maîtrisé de la dictature universelle des consultations publiques
cadenassées par le fric et la propagande du pouvoir ininterrompu de la bourgeoisie
multicolore et multireligieuse !
NOUVEAU LOOK DE LA SUPERCHERIE ELECTORALE EN PAYS RELIGIEUX
Mieux le « poutinisme » fait
tâche d’huile. Le poutinisme électoral consiste à se faire élire à des
fonctions aléatoires une fois comme premier ministre et la fois suivante comme
président, c’est l’alternance dans la continuité ; un pâlichon Medvedev
sert de point de relais mais le dictateur « charismatique » contrôle
toujours les rênes sur quelque fauteuil ministériel qu’il pose ses augustes
fesses. C’est un peu ce que souhaitait Sarkozy avec Fillon, mais parfois le
toutou adjoint se rebelle.[1].
Besir Atalay est le Medvedev turc.
En été 2013, une
partie de la population turque avait massivement manifesté contre la «dérive
autoritaire» et «islamiste» du régime du « charismatique » Erdogan
qui est aux rênes de la Turquie depuis 2002. La bourgeoisie turque qui ne
reconnait pas plus le génocide des Arméniens qu’Israël ne reconnaît être l’assassin
de centaines d’enfants palestiniens, vaut bien tous les régimes musulmaniaques pour l’oppression
de la femme, quoique nombre de femmes turques de la middle class se battent
avec courage et ironie[2]
sans grand soutien de la classe ouvrière turque, elle-même dominée par l’arriération
machiste et meurtrière (« je tue ma fille si elle veut convoler avec un
non musulman ou un étranger… »). Après le port du rideau noir sur la tête
réinstauré dans les universités (Mustapha Kemal Atatürk se retourne dans sa
tombe), il leur était déconseillé récemment de rire fort[3].
L’oubli est le
principal critère qui nourrit l’imbécillité électorale des peuples. Oublié le
scandale de corruption du « charismatique » Erdogan. En décembre 2013,
l’ex-premier ministre arrogant avait été pincé grâce à un enregistrement
téléphonique (comme le gamin Sarko avec son portable à deux balles).
Dans l'enregistrement
daté du 17 décembre, l’ex-Premier ministre népotiste, comme un vulgaire
Sarkozy, conseillait à son fils aîné Bilal, déjà entendu comme témoin par les
procureurs en charge de l'enquête anticorruption, de se débarrasser d'environ
30 millions d'euros, quelques heures seulement après un coup de filet de la
police visant des dizaines de proches du régime : « Fils, ce
que je veux te dire, c'est de faire sortir tout ce que tu as chez toi, d'accord
? ». Sitôt diffusée, cette écoute téléphonique, énième d'une série
qui décrivait jusque-là les pressions directes du ministre auprès des médias, a
enflammé les réseaux sociaux et contraint le gouvernement à mentir immédiatement.
Le cacique « charismatique » avait alors perdu de son charisme
hurlant devant les députés de sa faction politique qu’il s’agissait d’une
"attaque haineuse".
L'opposition
de circonstance, qui dénonçait depuis des semaines la corruption du régime
islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002, avait exigé le départ
"immédiat" du premier ministre pour « dérive autoritaire et
islamiste ». Cela avait eu autant d’effet que les multiples demandes de
démission de Hollande par le pitre Mélanchon.
LA PETITE BOURGEOISIE PROTESTATAIRE NE PEUT PAS REMPLACER LE PROLETARIAT
La clique islamiste au pouvoir - dite soft - garde toujours une série d'obligations civiles, concernant la consommation
d'alcool ou la généralisation du port du foulard idiot, qui a déjà largement alimenté la colère
qui s'était déversée contre le régime dans les rues du pays à la fin du printemps
2013, mais qui reste une goutte d'eau face à la masse électorale lobotomisée..
Depuis son
arrivée au pouvoir en 2003, la petite bourgeoisie féministe tient la dragée
haute au dictateur « démocratique », et lui sert de faire-valoir « démocratique »
et juridique absolument pas subversif, et confortant la classe ouvrière dans sa
passivité politique. La volonté du caïd d'Ankara de restreindre le droit à l'avortement et
l'utilisation de la pilule du lendemain, ses appels répétés pour que les femmes
aient au moins trois enfants ou son hostilité aux dortoirs mixtes pour les
étudiants ont alimenté de multiples controverses avec ces bourgeoises. Erdogan a mis de l’eau
dans son vin pour faire risette l’Europe conviviale et a été contraint de
battre en retraite sur certains de ces projets anti-femmes. Il y a un an,
ce gros plouc avait répondu aux manifestants qui le défiaient dans la rue qu'il
ne recevait d'ordres que "de Dieu". En visitant leur dortoir,
le Premier ministre a recommandé à un groupe de jeunes filles dûment
recouvertes d'un foulard islamique de ne pas être trop "difficiles"
au moment de se choisir un mari; entendez surtout pour les vieux vieux électeurs mâles et moches...
Malgré l’agitation
juridique petite bourge, les violences faites aux femmes, les mariages forcés
et autres "crimes d'honneur" restent une tare endémique en Turquie, exportable en immigration.
Oublié
électoralement le terrible crime industriel de la mine à la mi-mai, et oubliée
l’immense protestation ouvrière des usines au campus d’Ankara. Les manifestants
avaient si bien conchié le « charismatique » Erdogan qu’il marchait
queue basse au milieu des mineurs éplorés.
Le drame, l'une des pires
catastrophes prolétariennes de Turquie, avait provoqué une forte réaction hélas
que sur les réseaux sociaux (et pas plus fort que la protestation féministe ni avec un contenu politique de classe) envers le gouvernement,
accusé de négligence et d'indifférence au sort des travailleurs et des plus
démunis en général. Des manifestations sporadiques avaient ensuite lieu à
Ankara et Istanbul. Dans cette dernière ville, plus ouvrière, une quinzaine de personnes s’étaient
couchées pendant dix minutes sur le sol du métro de Taksim, place emblématique
de la mégapole où un bras de fer avec le pouvoir avait eu
lieu l'année dernière, pour rendre
symboliquement hommage aux victimes. Dans la ville de Soma, théâtre de la
catastrophe, la colère avait été la plus forte. La foule regroupée autour de la
mine, souvent composée de proches des mineurs, avait vu les secouristes sortir
péniblement les cadavres La venue du premier ministre n'avait fait qu'exacerber les tensions. Dans la foule, des ouvriers lui avaient jeté des pierres au
cris de « assassin » et « voleur ». Les prolétaires manifestants
s'en étaient aussi pris à son véhicule officiel malgré un dispositif policier.
Le pacha qu’était mal était sorti de la voiture sous les huées des ouvriers et
avait été se réfugier dans un commerce. La colère a ensuite gagné le centre-ville, où
une foule de prolétaires âgés d'une vingtaine d'années s'était regroupé autour
de l'hôpital, protégé par des barrages de police.
Selon les médias locaux, trois
semaines avant le drame, la deuxième farce institutionnelle de la pitrerie électorale
bourgeoise, le Parlement avait refusé de former une
commission pour faire un état des
lieux sur la sécurité des mines en Turquie. Les trois partis d'opposition
avaient soumis avec humilité des propositions qui avaient toutes été refusées par l'AKP, le
parti majoritaire « de la justice et du développement » comme l’appelle
sans rire le népotiste corrompu Erdogan réélu par les couches moyennes commerçantes.
Le régime avait décrété une minable
journée de deuil national Seule une minorité des prolétaires conscients se bat en Turquie contre l'omniprésence militaire et religieuse du régime en attendant que les autres prolétariats ne restent plus spectateurs de leur propre misère ou admiratifs des pleurnicheries féministes en Turquie, apolitiques et superficielles.
[1] Et c’est pourquoi Sarko est cuit
et peut toujours faire le malin en scooter en Une de Paris-Match, il n’est plus
pris au sérieux par les fractions souterraines qui tirent les ficelles de la
comédie démagogique.
[2] J’ai eu l’occasion de faire des
parties de jambes en l’air avec une journaliste turque mais lors des réunions
festives de la « communauté » à Paris, nous devions faire semblant de
ne pas nous connaître.
[3] «Une femme doit conserver
une droiture morale, elle ne doit pas rire fort en public», avait affirmé le
vice-Premier ministre turc, Bulent Arinç, suscitant une polémique en Turquie,
un pays musulman mais laïque qui fêtait l’Aïd al-Fitr. «L’homme doit être moral,
la femme aussi, elle doit savoir ce qui est décent et ce qui ne l’est pas»,
avait précisé M. Arinç influent membre du gouvernement islamo-conservateur dont
il est aussi le porte-parole, lors d’un déplacement dans sa circonscription de
Bursa. Et d’ajouter: «Elle ne doit pas rire fort devant tout le monde, doit
absolument conserver sa décence à tout moment».