Raul Modesto n'est qu'un brontosaure |
La longévité politique du « charismatique » Castro, ce
grand pote aux Staline et Kadhafi 1,
pourrait forcer l'admiration, comme lorsque vous allez promener vos
gosses au jardin des plantes et que vous leur pointez du doigt la
reconstitution d'un dinosaure. Cela prête à réfléchir, mais c'est
du domaine d'un lointain passé. Pour le musée et les vrais
dinosaures, pas pour le dictateur admiré des gauchistes et de la
gauche anti-ouvrière. Le dinosaure Castro aura pourtant continué jusqu'à
nos jours à écraser la véritable référence à la révolution
prolétarienne par subterfuge avec son passé de « lutte
armée », minimisant son occupation de dictateur d'Etat, puis
ses accointances avec tant de « collègues » des
dictatures homologues et la complaisance des démocraties bourgeoises
envers le mythe du seul adversaire prétendu aux régimes odieux de
Haïti, d'Argentine et du Chili, mais comment oublier la torture des
opposants, les milliers en fuite en Floride, les milliers qui ont
servi de chair à canon pour l'impérialisme russe en Angola, etc.
Héritage si purulent de honte quand les divers avortons et résidus
des PC staliniens ou néos avec les gauchistes parvenus vont verser
tant de larmes de crocodiles sur le « bilan Castro »,
« Cuba si », « spasibo Cuba »2. Le pape et toute la "communauté internationale" s'inclinent sur la dépouille de cet imbécile qui souhaitait que Krouchtchev utilise la bombe atomique!
UN SELFIE AVEC CASTRO VITE!
Le
dernier hommage rendu perso par Hollande, avant celui d'Obama, au
chef cubain – il devrait se rendre aussi à l'enterrement
spectaculaire à Cuba en mondiovision – sera-t-il un élément
positif de son carnet électoral ? Sans conteste, pour les
enterrements le président de la gauche en faillite idéologique et sociale3
L'usure du pouvoir, Castro mesurait 1M90 |
On ne
peut pas nier cependant le rôle central du caméléon Castro qui,
comme Johnny Hallyday dans sa catégorie, a su s'adapter à toutes
les modes du XX ème au XXI ème siècles, mais dans la variété
sanguinaire, celle du despotisme capitaliste sous couleur de
communisme de caserne, réussissant même à transformer une grande
partie du peuple cubain en propagandistes sectaires et staliniens
latinos propres à exalter leur propre misère politique et sociale,
surtout à chaque voyage féminin pour ramener un époux friqué au
bercail du grand barbu. Plus que les épisodes sanglants et délirants
des libérations nationales, « l'expérience de Cuba »
servit longtemps de vitrine et de caution aux anti-impérialistes
néo-staliniens, et à la floraison expansive et successive d'une
noria de groupes trotskystes et maoïstes ultra-sectaires et apôtres
inconscients des « guerres révolutionnaires », sans
savoir ce qu'est une guerre ni ce qu'est la révolution4.
Castro
ne fût ni un marxiste héritier de Lénine ni un sincère
révolutionnaire mais un produit opportuniste (au sens politicien
militaro-politique) de l'avortement de l'idéologie alliée de la deuxième boucherie mondiale- l'antifascisme relayé par l'anti-stalinisme:
«Le
renversement par Fidel Castro, en 1959, du dictateur soutenu par les
Américains a posé un sérieux dilemme
dans la confrontation
bipolaire de la Guerre froide et a amené les superpuissances au bord
de la guerre nucléaire pendant la crise des missiles cubains, en
octobre 1962. Au départ, le caractère de la révolution castriste
n’était pas clair. Drapé dans une idéologie de populisme
démocratique, à la sauce romantique des guérillas, Castro n’était
pas membre du parti stalinien et ses liens avec ce dernier étaient
très ténus. Cependant, sa politique de nationalisation des biens
américains dès le début de sa prise du pouvoir lui aliénèrent
rapidement Washington. L’animosité de Washington ne fit que
pousser Castro, à la recherche d’une aide étrangère et d’une
assistance militaire, dans les bras de Moscou. L’invasion de la
Baie des Cochons en avril 1961, soutenue par la CIA – prévue par
Eisenhower au départ et mise en œuvre par Kennedy – a montré
que Washington était prêt à renverser le régime soutenu par les
Russes. Pour les Etats-Unis, l’existence de ce régime lié à
Moscou dans son pré carré était intolérable. Depuis la Doctrine
Monroe formulée en 1823, les Etats-Unis avaient toujours maintenu la
position selon laquelle les pays d’Amérique étaient hors de
portée des impérialismes européens. Voir l’impérialisme adverse
de la Guerre froide établir une tête de pont à 150 km du
territoire américain de Floride, était totalement inacceptable pour
Washington »5.
Sur
mon premier blog « Archives maximalistes » vous pouvez
lire encore « un texte rare sur mai 68 » où est écrit
ceci, qui reflétait assez bien notre pensée d'époque au lycée
Buffon avec Jean-Pierre Hébert : « ces 'gauchistes'
mettaient en avant la lutte anti-impérialiste contre la guerre du
Vietnam menée par les américains, alors que les libertaires avaient
été pour la plupart guéris du tiers-mondisme, échaudés par
l'évolution de l'Algérie après son indépendance, et
n'entretenaient aucune illusion sur les régimes dictatoriaux
africains, nés de la décolonisation, ni sur le castro-guévarisme,
caricature stalinienne d'une révolution, ayant éliminé de la même
manière ses participants libertaires qui l'avaient aidée à
triompher » (…) « les "gauchistes" en étaient
encore à glorifier les dinosaures marxistes-léninistes et à se
pâmer devant leurs disciples vietnamiens ou castro-guévaristes ».
PELERINAGES DANS LA CASERNE CUBAINE
Cuba,
même sous un Castro rabougri, resta lieu de pèlerinage trotskien,
Besancenot n'a pas failli à la fausse tradition, allant rendre
visite sans son vélo à la veuve et la fille du petit Vichinsky
cubain le Che6
- qui signait ses lettres à sa mère « Staline II » - ne
sachant pas, jeune ignorant de l'histoire réelle du mouvement
révolutionnaire que le despote Castro, converti au stalinisme par
Krouchtchev, prit pour conseiller politique au début des années
1960 l'assassin de Trotsky, Ramon Mercader (cf. in mon livre sur la
guerre d'Espagne). Le spécialiste Löwy le lui avait caché pour ne
pas affadir son émotion.
Castro
n'a jamais été un héros révolutionnaire marxiste pour le
mouvement maximaliste prolétarien, quoiqu'il se soit fait appeler "leader Maximo". Putschiste nationaliste
reconverti en stalinien d'Etat, faut-il dire hélas ? Avec cet
uniforme vert-olive qui signifiait désormais que la révolution ne
pouvait être que militariste avec des militants-militaires bardés de médailles d'assassins, il n'aura été qu'un petit Staline
latino-américain qui fût finalement si utile comme repoussoir
diabolique pendant plus d'un demi-siècle à l'impérialisme, ce qui
fît dire à certains que si Cuba castriste n'avait pas existé, un
think tank américain aurait bien pu l'inventer. Cumulant les
fonctions de chef du parti et de président de l'Etat national,
Castro aura maintenu incarcéré son île à socialisme en peau de canne à sucre dans une misère relative pendant
toutes ces années pour aboutir à se coucher devant les friandises
avariées du capitalisme décadent.
La
résistance carcérale cubaine après la chute de la maison mère du
bloc de l'Est ne fut plus qu'un long intermède de misère et
d'avilissement politique et social continuel. La chute
du mur de Berlin ouvrit cependant une crise pour le cordon ombilical
jusqu'à Cuba, mais le régime castriste ne s’effondre pas et tient
jusqu’à l’arrivée du faux troc avec le Venezuela.
Evidemment
le dit échange commercial anti-impérialiste entre les deux Etats
d’Amérique du Sud, est présenté partout comme nouveau,
révolutionnaire, consommable et un défi face à l’impérialisme
US. Or ce genre d’accords commerciaux directs entre Etats
secondaires avait déjà été mis en place, par exemple entre le
Mexique et le Venezuela (accords de San José).
Le
troc, comme les coopératives, est une mesure obsolète et ringarde
que nous laissons aux anarchistes et à leurs amis de la petite
bourgeoisie politique, mais l’échange « Pétrole contre
médecins » de ce pauvre Chavez était plus vicelard. Car,
révélant l’impossibilité du troc comme au demeurant de tout
échange communiste (quoiqu’on ne sache pas trop ce que pourraient
être encore des échanges communistes), le bricolage de Chavez
visait à faire croire à une « solidarité internationaliste »
l’accouplement de deux bébés stalinoïdes ! Chavez avait
même réussi un coup de maître en osant la « solidarité
sud/nord » lors de l’accord avec la municipalité de Londres
en 2006 – un rabais de 20% sur le pétrole pour les transports en
commun – afin de diminuer par deux le billet des « pauvres
londoniens ». Facétie absolument pas généralisable par les
autres pays du sud sans pétrole et sans mégalomanie.
Curieuse
cette notion de solidarité de riches (en or noir) vis-à-vis de
pauvres (en sucre) qui ne supprime ni l’exploitation ni les
classes ! Et plutôt « solidarité de convenance
mercantile » qui, en fin de compte, a éclaté partout avec la
crise mondiale où les pays du sud se sont divisés entre « largués »
un peu plus et « émergents ». L’idéologie
« d’autonomie collective » drainée peu ou prou depuis
les conférences des non-alignés de Bandoeng s’est dissoute au
profit de la très capitaliste « solidarité conditionnée ».
Clap
de fin. Des fresques et des panneaux célébraient la fraternité
entre les deux peuples: «Cuba-Venezuela: Deux pays, un seul peuple».
La tentation de comparer le soutien vénézuélien à celui de l'URSS
d'avant 1990 était logique, avec cette terrible nuance qu’apporte
un ancien fonctionnaire cubain : « lorsque le frangin
impérialiste russe était là, l'essence coûtait 10 centimes le
litre et des cubains détournaient des camions citernes entiers de
pétrole pour le revendre».
Le 4
oct 2011 j'écrivais sur ce blog : « Avatar de la «
guerre révolutionnaire » disparue des gauchistes tiersmondistes et
des marxistes orthodoxes, les cubains accèdent au droit de
propriété. Le socialisme de caserne tant admiré par les
trotskystes et leurs demi-frères altermondialistes ploie sous
l’avancée du capitalisme qui a corrompu même pépé Castro, une
figure de légende guérillériste qui a tant ridiculisé le
communisme sous une dictature sous-développée d’un demi-siècle,
adoubée par tout ce que la terre compte de staliniens indécrottables
et de trotskiens indélébiles, qu’on se demande si ces vieux
coucous niais ne vont pas entrer en dissidence avec la notion de
capitalisme d’Etat dégénéré… ». Enfin Obama était venu
porter les premiers chrysanthèmes du vivant de Castro. Le moins
drôle, Fidel Castro gardera beaucoup de fidèles. Comme Staline.
NOTES
1Lire
l'article de la section mexicaine du CCI :
https://fr.internationalism.org/ri422/soutien_de_castro_chavez_et_ortega_a_kadhafi_quand_les_capos_se_donnent_la_main.html
2La
pamoison ridicule a déjà commencé avec la tonalité chauvine de
ce pauvre rejeton de bureaucrate à la triste figure, Laurent fils :
« "Ca a été dans le XXe siècle, l'un des dirigeants du
mouvement d'émancipation humaine. La révolution qu'il a menée a
eu lieu à l'époque de la décolonisation et s'inscrivait dans ce
mouvement de restauration de la souveraineté des peuples. C'est ça
qui restera dans l'Histoire" », mais impasse sur le
mensonge cubain hystérique, où les journalistes gauchistes de
l'Immonde excellent dans la cuistrerie :
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2016/11/26/comment-fidel-est-devenu-revolutionnaire_5038496_3222.html. Le Figaro en rajoute deux couches: "disparition du père de la révolution cubaine", "le dernier révolutionnaire"; quand le gauchiste ministériel Mélenchon appelle à un rassemblement parisien de condoléance pour ceux à qu'il veut faire fantasmer sur "une prise de pouvoir" imaginaire mais pacifiste.
3Lire
sur slate « L'hommage embarrassant de Hollande au Che » :
http://www.slate.fr/story/101591/che-guevara-hollande.
Et une toute autre version :
http://www.revolution-socialiste.info/RS26Guevara.htm
4Lire
l'excellent article sur cette genèse : Le PCF contre la
reprise de la lutte de classe :
https://fr.internationalism.org/brochures/pcf-lc68
5Cf .
Notes sur la politique étrangère des Etats-unis :
https://fr.internationalism.org/french/rint/113_pol_imp_US.html
6Il
n'aurait fait exécuter que 216 personnes, quoique des anciens flics
du régime Batista, selon ses fans en tee-shirt de Médiapart. Il
est vrai qu'il y a une hystérie à sens unique contre Castro et
Guevara par nombre de journalistes lâches qui ont toujours sucés
les boules des dictatures européennes ou sud-américaines. Ne pas
choisir un camp nationaliste contre un autre, ne veut pas dire nier le
courage et le culot politique des Castro et Guevara. Mais c'est une
autre question.