UN
NOUVEL EXOTISME POLITIQUE
« Quand
j'entends le mot écologie, je sors ma poubelle ». Anonyme
"C'est
par la désobéissance et la rébellion que l'homme a progressé. On
loue parfois les plus pauvres pour leur frugalité, mais conseiller à
un pauvre d'être frugal est grotesque et insultant". Oscar
Wilde1
«Ça
me fait chier, ils n'ont toujours pas compris l'essentiel ».
Nicolas Hulot
Déjà au 18 ème et au 19 ème siècle, pour échapper à un monde bourgeois de plus en plus prosaïque où la science ne laisse plus d'espace au merveilleux et où la religion elle-même avait moins affaire avec la foi ardente qu'avec la morale la plus plate, des idéalistes puis les romantiques rêvent à ce qu'il y a de plus lointain de l'univers social qui devrait être le leur, l'exotisme. Les écrivains ces éternels petits bourgeois voyagent beaucoup. Ils ont visité l'Espagne, l'Italie, le Proche et le Moyen-Orient. C'est l'aspect peu civilisé et barbare qui séduit face à l'ennui d'une société moraliste tout dandy au ventre bien plein. Les sorcières de Goya comme les cavalcades des sauvages en Algérie excitent l'imagination des gens de bien. Mais naturellement les romantiques n'ont fait que voyager et ne se sont pas préoccupés de changer le sort des esclaves. La petite bourgeoisie européenne, politique et surtout trotskiste, a reproduit ce même engouement avec son exaltation des libérations nationales dans les sixties comme aujourd'hui elle défend l'islam pour le bien des anciens colonisés ; c'est une répétition historique des modes et du mental des couches intermédiaires intellectuelles2.
L'écologie
pittoresque et hystérique est le nouvel exotisme de la bourgeoisie
et de la petite bourgeoisie mondiale. Dans un monde sans âme et où
la religion musulmane a remplacé le stalinisme, l'écologie bien
pensante est un supplément d'âme pour le capitalisme décadent, la
compensation idéale face à un monde sans aventure ni changement de
société possible pour tous les bios bien nourris mais désormais
hostiles aux voyages en avion pollueur et ennemis de
l'auto-individualisme (à gazole ou à bio-carburant).
L'hebdomadaire
de la pensée gauche verte bien séante, plus fière que le journal
du bien pensant Joffrin, l'OBS a été transcendé par le (petit)
miracle électoral de la clique à Jadot : « La transition
énergétique a transcendé les clivages politiques (…) la liste de
Yannick Jadot a réussi à s'imposer comme la première force de
gauche (…) Sans surprise, le groupe EELV arrive largement en tête
chez les 19-24 ans, avec 25% des voix (…) Tous (les partis écolos)
ont un socle en commun, en faveur d'une Europe plus juste, plus
sociale, plus respectueuse de la planète. Tous incarnent un idéal
progressiste que les partis de gauche traditionnels ne portent plus
(…) Un ciment vert pour construire un autre projet, plus soucieux
de l'environnement, plus humain que celui incarné par la
technostructure de Bruxelles »3.
L'OBS
a toujours été la principale girouette de la gauche bourgeoise en
France depuis les sixties et a ainsi pu rouler successivement pour
Mendès-France, Rocard, Mitterrand, Hamon et tutti quanti. Pas sûr
que sa transcendance pour le dadet Jadot soit une bonne pioche. Mais
voilà les clans journaleux espèrent toujours pouvoir se prévaloir
d'influencer le pouvoir. L'Elysée s'inquiéterait de la progression
des Verts : « Depuis quelques mois, Emmanuel Macron, le
président du « Make our planet great again », a déjà
multiplié les signaux en direction de cette partie grandissante
(sic) de l'opinion qui souhaite voir ses dirigeants (resic) agir
enfin pour la préservation du climat (…) Macron doit désormais
convaincre de la sincérité de son engagement environnemental, sous
peine de voir grandir l'audience d'un EELV recentré et donc apte à
séduire de nombreux ex-électeurs LREM (…) Et la défense de
l'environnement s'impose comme la mère des batailles de l' « acte
II du quinquennat ».
Les
journalistes bourgeois de l'OBS cèdent bien évidemment à un
immédiat éphémère et dérisoire. Les 13,5% de votes pour les
Verts face à 50% d'abstention c'est moins que rien. Les élections
européennes intéressent encore moins la classe ouvrière que des
élections plus sociales comme les municipales ou les parlementaires
qui touchent plus à la vie quotidienne locale et peuvent laisser
croire à un contrôle du « peuple ». Les élections
européennes c'est bon pour les couches moyennes encore très
nombreuses. Chaque clan politique a prétexté que des gilets jaunes
avaient voté pour lui, comme les stats truquées en laboratoire qui
nous refilent une majorité de djeuns votant verts (la démagogie se
sert toujours de la naïveté de la jeunesse indistincte). Les soumis
à Mélenchon étaient d'ordinaire plus représentatifs que le PS
disparu, les bobos verts, le minuscule PCF ou que la secte LO d'une
partie du prolétariat dégoûté du jeu politique « démocratique »
mais plein d'illusions électoralistes, mais la secte mélanchonienne
a subi son premier coup d'arrêt, malgré sa dose de confiture
écologique et de romantisme de gauche radicale . La FI s’est
si indigénisée, si communautarisée avec les pires errements du
gauchisme exotico-culturel qu’elle a perdu une partie importante de
ses soutiens tant militants que votants. L'internationalisme des
sectateurs de la mafia à Mélenchon consiste à « niquer les
français ». Dans un message publié le soir des élections
européennes, une certaine Manon Monmirel a déclaré que «la France
et tous les Français aillent niquer leurs mères». Ce n'est que la
suppléante du député indigéniste et indigeste Éric Coquerel.
Dans sa missive de démission, un ex-apparatchik, Kuzmanovic scelle
la vérité de ce barnum isalmo-gauchiste4,
immigrationniste et communautariste autant que les apparatchiks verts
et trotskistes.
LE
MOUVEMENT MAXIMALISTE MARXISTE A -T-IL RATE UN TRAIN ?
Du
côté des véritables continuateurs du marxisme, comme théorie de
la lutte des classes et primauté du prolétariat, on ne peut pas
dire que la question écologique a été prise au sérieux depuis des
décennies, non pas inconscience mais par rejet du ramdam bourgeois
(récent) sur le sujet, et sans prendre en compte finalement que
cette question démontre bien paradoxalement la décadence du
capitalisme et provient bien de racines ultra-réactionnaires5.
C'est une secte, le CCI, qui étrangement souligne cela6.
Peut-on mettre cette négligence sur le même plan que notre
aveuglement sur la montée du PS après mai 68 ? Les éléments
révolutionnaires peuvent en effet sous-estimer les capacités
d'adaptation de l'Etat bourgeois, se tromper d'analyse, d'époque,
mais la négligence de l'écologie hypocrite bourgeoise n'est pas à
mettre sur le même plan, ce ne fût pas grave. Ce qui serait grave
ce serait de ne pas être capable de dénoncer MAINTENANT les
manœuvres idéologiques écologiques de privation et de
culpabilisation de la classe ouvrière et des pauvres en général.
Le
souci de l'écologie est somme toute récent. Il est perçu désormais
comme une urgence absolue, une urgence vitale dans un monde
néo-libéral triomphant totalement dérégulé. Il est repris
en boucle dans les médias. Il cristallise l'attention d'esprits
sincèrement inquiets de l'accélération de la destruction de la
nature et de ses espèces, qui souhaitent un réel changement et/ou
agissent pour celui-ci, mais qui ne se rendent pas toujours bien
compte qu'ils sont susceptibles de cheminer vers des solutions
aveugles, voire dangereuses, des solutions qui ne prennent pas en
compte les conditions concrètes, si ce n'est matérielles. Ce souci
bruyant de l'écologie cristallise également l'attention d'une
petite caste politique et financière prompte à prononcer de
grands discours officiels pour la sauvegarde de cette nature quand
leurs décisions politiques en prennent l'exact contre-pied. Le but
de la caste bourgeoise est de maintenir sa domination, de faire
perdurer le système néo-libéral en place, voire de profiter de
cette aubaine pour financiariser la nature, récupérer les
problématiques écologiques pour régenter les esprits et faire
rebondir un capitalisme effréné en phase d'essoufflement.
Le
thème de l'écologie est poisseux. Véritable question, sujet à
controverses, casse-tête pour les moralisateurs du vieux monde, il a
une nature spécifique qui échappe à la politique. La nature ne se
situe-t-elle pas hors de toute lutte sociale ? La nature
n'a-t-elle pas toujours été divinisée, conçue comme un absolu
même étranger à l'homme ? L 'écologie en la sublimant à
nouveau n'est-elle pas désarmante ? Un de ses papes imagiers
Yann
Arthus-Bertrand, avec son film diffusé mondialement « Home »
produit grâce aux subsides de grands capitalistes, mis en scène la
culpabilisation de l'homme barbare face à la Nature grandiose. Mais
le sujet redevient banalement politique lorsqu'il est question d'
« économie d'énergie », de « taxe carbone ».
L'Etat s'arroge de mener alors une « écologie punitive ».
Parallèlement, une marge d'intellectuels déclassés, d'inspiration
bucolique et frugale, militent pour la « décroissance »,
ils enjoignent souvent à quitter la ville viciée,
polluée, déshumanisée pour retrouver l'air pur de la campagne,
devenir acteur de son propre destin en
cultivant son propre jardin,
tisser des liens sociaux, solidaires et bienveillants. Le
représentant actuel le plus médiatique est Pierre Rahbi. Le zigoto
se met en scène comme écrivain et penseur sous l'allure d'un vieux
paysan algérien au visage buriné. Il joue au sage, fustigeant le
consumérisme béat, le capitalisme ravageur, plaidant pour
l'empathie entre les hommes et pour un respect de l'animal. Il se
dévoile pourtant très vite pour ce qu'il est, le guru d'une petite
secte, qui fait la leçon aux hommes égoïstes, et moque une
cupidité transhistorique et congénitale. Il patauge dans
l'idéalisme abstrait et des généralités sur l'homme en dehors de
cadre capitaliste a contrario de ce dont le mouvement ouvrier s'est
généralement débarrassé : l'étouffement social et la
tradition sclérosante des campagnes7.
Pierre Rahbi conseillant la comtesse |
PRESERVATION
DE LA NATURE OU DU CAPITAL ?
Sans
nous pencher sur les grands conclaves écologiques mondiaux ou
nationaux, ni sur les discours des multiples associations de beaux
parleurs verts, prenons deux questions qui servent de vade-mecum à
l'Etat bourgeois « qui veut sauver la planète »
Prenons
un exemple: la voiture, son utilisation et la pollution intolérable
qu'elle génère. Ce propos généralisant oublie de nombreuses zones
d'un questionnement plus pertinent. La culpabilité pèse sur
l'ensemble de la population censée être égoïste car inconsciente
d'utiliser un moyen de locomotion polluant. Or, c'est faire l'impasse
sur la propagande incessante pour la commercialisation automobile et
les raisons de l'utilisation croissante de l'automobile, un emploi
éloigné du domicile ou un décentrement pour vivre dans les
périphéries à cause du prix des logements réservés à une
minorité bobo en centre ville; des magasins excentrés qui obligent
à être véhiculés; un réseau de transports en commun défaillant
dans son offre et disparaissant progressivement; une absence de mise
sur le marché de voitures non polluantes afin de préserver un
marché mondial vital pour la reproduction et la marchandisation
capitaliste. C'est avec plein d'arguments écologiques vertueux en
novembre dernier que Macron et son premier larbin se sont cassés la
gueule.
Six
mois d'agitation des gilets jaunes ont-ils réussi à faire plier le
gouvernement Macron ? Pas du tout. Les prix de l'essence sont
remontés naturellement et c'est la faute aux cours mondiaux pas aux
taxes de l'Etat français. Et toc ! Pas un gilet jaune pour
faire remonter la mayonnaise ! L'Etat bourgeois ne plie que si
on le renverse.
Deuxième
exemple de lutte écologique bourgeoise, la démolition de la
nationalisation EDF.
Le
gouvernement
« envisage tous les scénarios pour la structure du groupe EDF,
y compris de la maintenir en l’état »
avait affirmé le mercredi 11 octobre 2018 le nouveau larbin de
Macron, bombardé ministre de la Transition écologique et solidaire,
François de Rugy, en remplacement d'un Hulot
hululant.
Le résultat de cette réflexion devait être annoncé en même temps
que la publication de la Programmation pluriannuelle de l’énergie
(PPE) – une feuille de route attendue fin octobre – ou bien
ultérieurement, avait encore précisé M. de Rugy. Elle
pourrait se traduire par une séparation des activités nucléaires
du reste des activités (énergies vertes, services énergétiques,
etc.) ; on va voir de quelle séparation il s'agit. Encore
seulement ministre, Macron
avait évoqué l'idée de sanctuariser les activités nucléaires
- « Nucléaire de France » -. Mais sans être
plus explicite. Question hypocrisie gouvernementale,
c’est le démissionnaire Nicolas Hulot qui en a parlé le mieux. Il
a dit, en quittant ce gouvernement, que sur l’écologie, c’était
une mystification. On va voir que l'équipe Macron a attendu la fin
de la séquence électorale pour annoncer une hausse importante du
prix de l'électricité et attaquer... les salariés d'EDF.
La
presse résuma en précédant l'attaque d'un gentil commentaire de
gestionnaire :
« Actionnaire
à 83,66 % d'EDF, l'Etat pointe fréquemment l'impact de la
libéralisation (européenne) du secteur de l'énergie, les
deux-tiers des ventes d'électricité d'EDF (en volume) étant
désormais exposés aux prix de marché, ce qui fait peser un risque
sur la rentabilité d'EDF. En 2021, EDF devra aussi commencer à
rembourser ses obligations hybrides, ce qui pourrait nécessiter de
renforcer ses fonds propres. Enfin, l'électricien veut construire de
nouveaux réacteurs nucléaires, mais avec une nouvelle régulation
financière. Autant de dossiers complexes, et pour lesquels il faudra
en outre tenir compte des règles européennes de la concurrence ».
Puis
on envoya Rugy rugir le véritable message gouvernemental pour sauver
la planète :
«
La hausse de 5,9% des tarifs réglementés de l’électricité
est
notamment due à la dérive des coûts de production d’EDF ces
dernières années."Ce
n’est pas en rejetant la responsabilité sur les taxes qu’on
améliorera la situation d’EDF"8,
ajouta le ministre. "EDF s’endette parce qu’elle n’arrive
pas à couvrir ses coûts de production avec ses recettes",
a-t-il poursuivi, ciblant les "coûts salariaux" d’EDF et
les "dérives sur le parc électro-nucléaire français". "Tous
les ans, la Cour des comptes dénonce le fait qu’à EDF, les
salariés ne paient que 10% du prix de l’électricité",
a relevé le ministre. Il a aussi pointé les "dérives de coût
colossales et de temps", pour l’EPR de Flamanville, regrettant
qu’EDF soit "incapable de donner une date de mise en
service ».
Le
compte-rendu des journalistes collait comme un gant aux propos du
ministre laquais écolo, Le Figaro fût le plus zélé9 :
« Le
« tarif agent » permet à ses salariés, depuis la création d’EDF
en 1946, de ne s’acquitter que de 10 % à 15 % du montant payé par
le reste de la population. Soit entre 75 et 110 euros par an, contre
750 euros. En 2013, la Cour des comptes avait révélé qu’EDF
avait dû provisionner, pour l’année 2010, pas moins de 2,3
milliards d’euros pour le financer. Et précisait que c’est bien
le reste des 33 millions de consommateurs qui supporte
majoritairement le coût de cet avantage.
« Le
groupe EDF représente l’essentiel des coûts de l’électricité.
Or ses coûts, et notamment ses coûts salariaux, ont largement
dérivé ces dernières années, s’est emporté (sic) François de
Rugy. Chaque année, la Cour des comptes dénonce ce fameux tarif
agent. Peut-être que le PDG d’EDF pourrait changer cela. »
PAS DE POT
POUR RUGY !
Rugy s'est
bien gardé de dénoncer ce qui est la principale plaie des
entreprises publiques, il y a trop de petits chefs, au moins deux
tiers du personnel à mon avis à EDF (mais je ne sais quelle partie
de cette entreprise désormais fractionnée en entités au nom
ridicule) et surtout l'entretien d'une armada de permanents syndicaux
qui ont toujours enrichi le PCF avec leurs tractations municipales et
le favoritisme de la nationalisation.
Pas
de pot donc pour le langage vertueusement « écolo » du
petit télégraphiste de Macron, fin mars 2019, l’Autorité
de la Concurrence expliquait que cette augmentation avait pour but de
favoriser la concurrence en relevant artificiellement les tarifs
d’EDF et permettrait donc, à ses concurrents de proposer des prix
égaux ou inférieurs.
Bien joué, monsieur le ministre de la Transition écologique, les
tarifs vont augmenter de 6% suite à VOTRE décision et vous nous
faites croire que c’est de la faute des pauvres, des petits, des
employés du service public.
L'association de consommateurs CLCV, a dénoncé jeudi 30 mai "un
système un peu fou où l'on augmente les prix d'EDF pour faire vivre
la concurrence"10.
Le
« consommateur » paye surtout les énergies renouvelables
éoliennes photovoltaïques par le coût de l’énergie que doit
racheter EDF, les taxes Européennes, et celles sur l’électricité.
Ce ministre est un gros menteur. Il s'est gardé de signaler le 1% du
chiffre d'affaires (au lieu de 1% des salaires dans les autres
entreprises) prélevé au profit des syndicats et du CE (une partie
servant par exemple à financer des stands à la fête de l'Humanité
ou des publicités dans les publications néo-staliniennes de LFI).
COMMENT
MENER LE COMBAT CONTRE L'HYPOCRISIE ECOLOGIQUE DU GOUVERNEMENT ET DES
PARTIS BOURGEOIS ?
Le
vice peu caché de l'écologisme gouvernemental est l'idéologie
d'union nationale, ou plutôt de communion universelle supposée de
« nous tous », de « l'humanité », derrière
ces « sauveurs de la planète » que sont les ministres,
députés et autres notabilités. Ces bouffons sont appuyés bien sûr
par une noria d'assocs d'écologistes patentés qui
invitent à la sobriété heureuse comme si la plupart des hommes ne
savaient pas se refréner et ne vivaient que pour la
possession consumériste. C'est faire fi des inégalités, de la
malbouffe et de la misère. C'est surtout faire injure à ces
millions de de pauvres et de prolétaires qui combattent chaque jour
pour la survie! La rébellion élitaire contre les pollueurs
indifférenciés n'est pas prête d'empêcher la rébellion contre
les attaques de l'Etat capitaliste ; André Gorz a très bien vu
dès 1974 qu'il faudra combattre ce capitalisme « écologique »
mais pas en misant sur sa croissance à lui :
«
Les
productions polluantes deviendront des biens de luxe, inaccessibles à
la masse, sans cesser d’être à la portée des privilégiés ;
les inégalités se creuseront ;
les pauvres deviendront relativement plus pauvres et les riches plus
riches. La
prise en compte des coûts écologiques aura, en somme, les mêmes
effets sociaux et économiques que la crise pétrolière. Et le
capitalisme, loin de succomber à la crise, la gérera comme il l’a
toujours fait : des groupes financiers bien placés profiteront
des difficultés de groupes rivaux pour les absorber à bas prix et
étendre leur mainmise sur l’économie ».
Le
sinistre écologisme bourgeois nous ressort la recette mitée de la
libération « personnelle », et réussit assez largement
à ce que nombre de gens – l'esprit moutonnier étant largement
répandu – se traumatisent s'ils ont jeté du verre à la place du
papier. Le sergent chef écologique est entré dans votre tête et
instille que la révolution (de la propreté) passe par vous et votre
détermination à ainsi sauver la planète en évitant de jeter votre
mégot n'importe où. Cela a un côté Big Brother.
L'homme pollueur doit combattre sa part mauvaise et c'est dans cette
transformation personnelle que résidera le changement de toute la
société.
Le
moralisme écologiste qui se répand avec de multiples variantes
sectaires des végans aux féministes, incite d'abord à la rébellion
anarchiste. Comme Octave Mirbeau on s'étonne que « les
misérables ne brûlent pas plus souvent la cervelle aux
millionnaires qu’ils rencontrent », et en ajoutant aussi aux
prêtres de l'écologisme ! Le dandy Oscar Wilde se serait moqué
avec tout son talent de cet écologisme à vomir, lui qui dénonça
en 1891 les réalités sordides de la société victorienne, la
démocratie (« le bâtonnement du peuple par le peuple et pour
le peuple ») et
un grand soir prolétarien qui déboucherait sur une « caserne
industrielle », une tyrannie collectiviste, une négation des
désirs individuels (L’Âme
de l’homme sous le socialisme).
L'écologisme
est aussi une forme de charité dont Wilde se gaussait, cette charité
ordinaire qui « abaisse, démoralise » et encourage la
soumission. « Ne
nous dit-on pas souvent que les pauvres sont reconnaissants de la
charité qu’on leur fait ? Certains, sans doute, mais les
meilleurs d’entre eux ne le sont jamais. Ils sont ingrats,
mécontents, désobéissants, révoltés. Ils ont bien raison. La
charité n’est à leurs yeux que ridicule et dérisoire esquisse de
restitution, ou une aumône sentimentale que les sentimentaux
accompagnent généralement d’une arrogante prétention à exercer
leur tyrannie sur la vie privée des pauvres. Pourquoi ceux-ci
devraient-ils se montrer reconnaissants des miettes qui tombent de la
table des riches ? Ils devraient y être assis, et ils
commencent à s’en rendre compte. Quant à être mécontent,
quiconque ne le serait pas dans de tels décors et avec un tel mode
de vie ne serait qu’une parfaite brute. La désobéissance, pour
qui connaît l’histoire, est la vertu spécifique de l’homme.
C’est par la désobéissance qu’il a progressé, par la
désobéissance et par la révolte. On loue parfois les pauvres de
leur frugalité. Il est aussi grotesque qu’insultant de conseiller
aux pauvres la frugalité. C’est comme si on conseillait à un
homme qui meurt de faim de moins manger. Il est absolument immoral
pour un travailleur de la ville ou de la campagne de cultiver la
frugalité. L’homme n’est pas fait pour prouver qu’il peut
vivre comme un animal mal nourri. Il doit refuser ce genre
d’existence, et se mettre à voler (…) Quant à la mendicité, il
est moins dangereux de mendier que de voler, mais il est plus noble
de prendre que de mendier. Non : un pauvre, qui se montre
ingrat, peu frugal, mécontent, et révolté, a des chances d’être
une véritable personnalité et d’être capable de grandes
choses. »
Wilde
nous a bien amusé et son esprit de désobéissance nous enchante
mais la mystification écologique est grave de nos jours. Il est de
peu d'intérêt d'engager une éventuelle discussion avec les
gouvernants sur le thème de la décroissance. Ce thème est une
hérésie pour le capitalisme fonctionnant bien. S'il est question
d'arrêter la croissance, il meurt plus vite qu'avec un grand soir
prolétarien. Qu'est-ce que peut signifier la décroissance invoquée
par le gouvernement et ses clercs verts ? La privation pour les
classes dépossédées. La perpétuation des inégalités par la
raréfaction de la production dans plusieurs domaines. Le capitalisme
français a produit trop de HLM par exemple et il doit en démolir
des milliers désormais du fait de la désindustrialisation. Il a été
incapable d'anticiper l'incendie de Notre Dame de Paris. Tous les
jours il y a des catastrophes écologiques dont l'action impérialiste
en Afrique est l'épicentre. Il n'y a rien à discuter avec nos
oppresseurs. Qu'ils lavent leur culotte eux-mêmes.
POST
SCRIPTUM
LE FAMEUX
TEXTE d'André Gorz de 1974 :
LEUR
ECOLOGIE ET LA NOTRE
Evoquer
l’écologie, c’est comme parler du suffrage universel et du repos
du dimanche : dans un premier temps, tous les bourgeois et tous
les partisans de l’ordre vous disent que vous voulez leur ruine, le
triomphe de l’anarchie et de l’obscurantisme. Puis, dans un
deuxième temps, quand la force des choses et la pression populaire
deviennent irrésistibles, on vous accorde ce qu’on vous refusait
hier et, fondamentalement, rien ne change.
La prise en
compte des exigences écologiques conserve beaucoup d’adversaires
dans le patronat. Mais elle a déjà assez de partisans capitalistes
pour que son acceptation par les puissances d’argent devienne une
probabilité sérieuse. Alors mieux vaut, dès à présent, ne pas
jouer à cache-cache : la lutte écologique n’est pas une
fin en soi, c’est une étape. Elle peut créer des difficultés
au capitalisme et l’obliger à changer ; mais quand, après
avoir longtemps résisté par la force et la ruse, il cédera
finalement parce que l’impasse écologique sera devenue
inéluctable, il intégrera cette contrainte comme il a intégré
toutes les autres.
C’est
pourquoi il faut d’emblée poser la question franchement : que
voulons-nous ? Un capitalisme qui s’accommode des contraintes
écologiques ou une révolution économique, sociale et culturelle
qui abolit les contraintes du capitalisme et, par là même,
instaure un nouveau rapport des hommes à la collectivité, à leur
environnement et à la nature ? Réforme ou révolution ?
Ne répondez
surtout pas que cette question est secondaire et que l’important,
c’est de ne pas saloper la planète au point qu’elle devienne
inhabitable. Car la survie non plus n’est pas une fin en soi :
vaut-il la peine de survivre [comme se le demande Ivan Illich],
dans « un monde transformé en hôpital
planétaire, en école planétaire, en prison planétaire et où la
tâche principale des ingénieurs de l’âme sera de fabriquer des
hommes adaptés à cette condition » ? (…)
Il vaut
mieux tenter de définir, dès le départ, pour quoi on lutte
et pas seulement contre quoi. Et il vaut mieux essayer de
prévoir comment le capitalisme sera affecté et changé par les
contraintes écologiques, que de croire que celles-ci provoqueront sa
disparition, sans plus.
Mais
d’abord, qu’est-ce, en termes économiques, qu’une contrainte
écologique ? Prenez par exemple les gigantesques complexes
chimiques de la vallée du Rhin, à Ludwigshafen (Basf), à
Leverkusen (Bayer) ou Rotterdam (Akzo). Chaque complexe combine les
facteurs suivants :
— des
ressources naturelles (air, eau, minéraux) qui passaient jusqu’ici
pour gratuites parce qu’elles n’avaient pas à être reproduites
(remplacées) ;
— des
moyens de production (machines, bâtiments), qui sont du capital
immobilisé, qui s’usent et dont il faut donc assurer le
remplacement (la reproduction), de préférence par des moyens plus
puissants et plus efficaces, donnant à la firme un avantage sur ses
concurrents ;
— de
la force de travail humaine qui, elle aussi, demande à être
reproduite (il faut nourrir, soigner, loger, éduquer les
travailleurs).
En économie
capitaliste, la combinaison de ces facteurs, au sein du processus de
production, a pour but dominant le maximum de profit possible (ce
qui, pour une firme soucieuse de son avenir, signifie aussi : le
maximum de puissance, donc d’investissements, de présence sur le
marché mondial). La recherche de ce but retentit profondément sur
la façon dont les différents facteurs sont combinés et sur
l’importance relative qui est donnée à chacun d’eux.
La firme,
par exemple, ne se demande jamais comment faire pour que le travail
soit le plus plaisant, pour que l’usine ménage au mieux les
équilibres naturels et l’espace de vie des gens, pour que ses
produits servent les fins que se donnent les communautés
humaines. (…)
Mais voici
que, dans la vallée du Rhin notamment, l’entassement humain, la
pollution de l’air et de l’eau ont atteint un degré tel que
l’industrie chimique, pour continuer de croître ou même seulement
de fonctionner, se voit obligée de filtrer ses fumées et ses
effluents, c’est-à-dire de reproduire des conditions et des
ressources qui, jusqu’ici, passaient pour « naturelles »
et gratuites. Cette nécessité de reproduire l’environnement va
avoir des incidences évidentes : il faut investir dans la
dépollution, donc accroître la masse des capitaux immobilisés ;
il faut ensuite assurer l’amortissement (la reproduction) des
installations d’épuration ; et le produit de celles-ci (la
propreté relative de l’air et de l’eau) ne peut être vendu avec
profit.
Il y a, en
somme, augmentation simultanée du poids du capital investi (de la
« composition organique »), du coût de reproduction de
celui-ci et des coûts de production, sans augmentation
correspondante des ventes. Par conséquent, de deux choses l’une :
ou bien le taux de profit baisse, ou bien le prix des produits
augmente. La firme cherchera évidemment à relever ses prix de
vente. Mais elle ne s’en tirera pas aussi facilement : toutes
les autres firmes polluantes (cimenteries, métallurgie, sidérurgie,
etc.) chercheront, elles aussi, à faire payer leurs produits plus
cher par le consommateur final. La prise en compte des exigences
écologiques aura finalement cette conséquence : les prix
tendront à augmenter plus vite que les salaires réels, le pouvoir
d’achat populaire sera donc comprimé et tout se passera comme si
le coût de la dépollution était prélevé sur les ressources dont
disposent les gens pour acheter des marchandises.
La
production de celles-ci tendra donc à stagner ou à baisser ;
les tendances à la récession ou à la crise s’en trouveront
aggravées. Et ce recul de la croissance et de la production qui,
dans un autre système, aurait pu être un bien (moins de voitures,
moins de bruit, plus d’air, des journées de travail plus courtes,
etc.), aura des effets entièrement négatifs : les productions
polluantes deviendront des biens de luxe, inaccessibles à la masse,
sans cesser d’être à la portée des privilégiés ; les
inégalités se creuseront ; les pauvres deviendront
relativement plus pauvres et les riches plus riches.
La prise
en compte des coûts écologiques aura, en somme, les mêmes effets
sociaux et économiques que la crise pétrolière. Et le capitalisme,
loin de succomber à la crise, la gérera comme il l’a toujours
fait : des groupes financiers bien placés profiteront des
difficultés de groupes rivaux pour les absorber à bas prix et
étendre leur mainmise sur l’économie. Le pouvoir central
renforcera son contrôle sur la société : des technocrates
calculeront des normes « optimales »
de dépollution et de production, édicteront des réglementations,
étendront les domaines de « vie programmée »
et le champ d’activité des appareils de répression. (…)
Direz-vous
que rien de tout cela n’est inévitable ? Sans doute. Mais
c’est bien ainsi que les choses risquent de se passer si le
capitalisme est contraint de prendre en compte les coûts écologiques
sans qu’une attaque politique, lancée à tous les niveaux,
lui arrache la maîtrise des opérations et lui oppose un tout autre
projet de société et de civilisation. Car les partisans de la
croissance ont raison sur un point au moins : dans le
cadre de l’actuelle société et de l’actuel modèle
de consommation, fondés sur l’inégalité, le privilège et la
recherche du profit, la non-croissance ou la croissance négative
peuvent seulement signifier stagnation, chômage, accroissement de
l’écart qui sépare riches et pauvres. Dans le cadre de l’actuel
mode de production, il n’est pas possible de limiter ou de bloquer
la croissance tout en répartissant plus équitablement les biens
disponibles.
Tant qu’on
raisonnera dans les limites de cette civilisation inégalitaire, la
croissance apparaîtra à la masse des gens comme la promesse —
pourtant entièrement illusoire — qu’ils cesseront un jour d’être
« sous-privilégiés », et la non-croissance comme leur
condamnation à la médiocrité sans espoir. Aussi n’est-ce pas
tant à la croissance qu’il faut s’attaquer qu’à la
mystification qu’elle entretient, à la dynamique des besoins
croissants et toujours frustrés sur laquelle elle repose, à la
compétition qu’elle organise en incitant les individus à vouloir,
chacun, se hisser « au-dessus » des autres. La devise de
cette société pourrait être : Ce qui est bon pour tous ne
vaut rien. Tu ne seras respectable que si tu as « mieux »
que les autres.
Or c’est
l’inverse qu’il faut affirmer pour rompre avec l’idéologie de
la croissance : Seul est digne de toi ce qui est bon pour
tous. Seul mérite d’être produit ce qui ne privilégie ni
n’abaisse personne. Nous pouvons être plus heureux avec moins
d’opulence, car dans une société sans privilège, il n’y a pas
de pauvres.
André Gorz
André Gorz
est décédé en septembre 2007. Ce texte est paru en avril 1974
dans le mensuel écologiste Le Sauvage.
NOTES
1La
citation intégrale : « Il
est absolument immoral pour un travailleur de la ville ou de la
campagne de cultiver la frugalité. L'homme n'est pas fait pour
prouver qu'il peut vivre comme un animal mal nourri. Il doit refuser
ce genre d'existence, et se mettre à voler ou s'adresser à
l'Assistance publique, ce que d'aucuns considèrent comme une forme
de vol. Quant à la mendicité, il est moins dangereux de mendier
que de voler, mais il plus noble de prendre que de mendier. Non: un
pauvre, qui se montre ingrat, peu frugal, mécontent, et révolté,
a des chances d'être une véritable personnalité et d'être
capable de grandes choses. Il constitue, de toute façon, une saine
protestation. Nous pouvons, certes, avoir pitié des pauvres qui
pratiquent la vertu, mais nous ne saurions les admirer. Ils ont
pactisé avec l'ennemi et ont vendu leurs droits naturels pour un
bien mauvais plat de lentilles. Ils sont sans doute aussi d'une
extraordinaire stupidité ». Oscar Wilde
http://fraternitelibertaire.free.fr/th_oscar_wilde.htm
2Au
XVIIe siècle
aussi,
la société française se passionnait pour les voyages :
l'arrivée du « grand mamamouchi » dans Le
Bourgeois gentilhomme
de Molière
(1670) est un signe annonciateur, puis on compte la traduction de
Les
Mille et Une Nuits
par Antoine
Galland
(1704),
les Lettres
persanes
de Montesquieu
(1721)
et Bougainville
qui narre ses multiples voyages. Voltaire
et Diderot
profitent de cet intérêt de l'exotisme pour critiquer la société
par exemple dans Candide
ou Supplément
au voyage de Bougainville.
Depuis trois siècles, sans être du tout subversif, le phénomène
s'est poursuivi dans les arts plastiques, la musique, la
philosophie, dans toutes les expressions culturelles. Même s'il y a
parfois des reflux, une mode comme la world
music
avec le design et les idées qu'elle véhicule montre que des
consommateurs occidentaux aiment toujours à rêver d'étranger.
3Jadot
lui-même ne se gonflait pas les chevilles, le milieu vert reste un
vivier pour partis politiques et gouvernement et aucunement une
force bourgeoise compacte : «
Après, nous ne sommes pas majoritaires et, trop souvent, les
conservateurs, les socialistes et les libéraux s’allient pour
soutenir les accords de libre-échange ou l'austérité budgétaire.
« Le
gouvernement n’a pas de politique écologique. LREM a la capacité
à distribuer des postes. Que des écologistes rejoignent, dans une
liste, des candidats qui sont proglyphosate, pronucléaire, qui
défendent les accords de libre-échange… C’est leur choix, mais
c’est une faute.Nous, pour cette élection, avons voulu une liste
de combat, avec des paysans, des chefs d’entreprise, des acteurs
de la vie sociale, des élus locaux qui, ces dernières années, ont
prouvé qu’ils ne naviguaient pas en fonction de qui tenait la
barre. »
4Deux
raisons à sa démission : « La première tient à
l’organisation du mouvement. Dénoncée par la vaste majorité des
militants et des responsables régionaux, celle-ci se caractérise
par un manque profond de démocratie. La forme horizontale et
gazeuse du mouvement, censée reposer sur les initiatives du
terrain, recouvre, comme souvent, l’extrême concentration du
pouvoir aux mains d’un petit groupe de nouveaux apparatchiks et
bureaucrates, aux convictions mollement sociales-démocrates, qui,
parce qu’ils n’ont jamais été élus, ne peuvent pas non plus
être démis de leurs fonctions. L’absence apparente de hiérarchie
assure un fonctionnement largement arbitraire : les décisions sont
prises par cette petite nébuleuse, sans appliquer de règles
(absentes) ni consulter la base (dépourvue de structure et de
moyens d’expression). Ainsi, par exemple, les groupes d’action –
cellules de base de la FI – peuvent être, du jour au lendemain,
supprimées par la direction et leurs initiatives, interdites parce
que contrevenant à de mystérieux « fondamentaux » du mouvement.
Un cas parmi d’autres, le
GA Hébert du 18ème arrondissement de Paris s’est récemment vu
rayer d’un trait de plume,
pour le crime d’avoir organisé un débat sur « l’entrisme
islamiste dans les syndicats ». Peu importe si la réunion était
animée par des militants d’origine maghrébine témoins de la
décennie noire du FIS en Algérie et qu’en page 29 de L'Avenir en
commun, les Insoumis sont invités à « combattre tous les
communautarismes et l'usage politique des religions ». Ces méthodes
autoritaires, dans un mouvement qui se veut populaire, révoltent
les militants de terrain, provoquant lassitude, désespoir et
abandons ».
5Un
auteur, Stéphane François (in L'écologie politique. Une vision du
monde réactionnaire ? Ed du Cerf, 2012) revient sur la genèse
de l'écologie, noria de divers discours « fondamentalistes »
anti-Lumières opposant l'antiproductivisme à l'idée de progrès,
idéologie décrite comme conservateur sans relier ce nouvel ordre
écologique directement au nazisme comme le fait Luc Ferry.
6
Cette secte m'épate par ses beaux restes. Etre une
secte n'est pas en soi négatif, car si vous êtes coupé de la
société dite normale, vous en voyez d'autant plus les défauts ;
regardez moi tout seul je suis aussi une secte à ma façon !
On peut lire cette remarque datant d'il y a quelques années :
« Au sein de la tradition marxiste, cela a signifié un
sérieux coup pour la réflexion créative concernant la nature et
l'équilibre écologique. À part Christopher Caudwell et Amadeo
Bordiga (dans Le Fil du Temps), la réflexion sur le lien
indissociable entre homme et nature s’est presque totalement
arrêtée jusque dans les années 1980 ».
Et
ces très bons articles :
https://fr.internationalism.org/search/node/mystification%20ecologique
« C'est
le capitalisme qui pollue la terre » :
https://fr.internationalism.org/rinte63/ecologie.htm
7Le
sujet écologie permet de réfléchir aussi à une constante,
l'effritement des barrières politiques et la porosité des grandes
questions que Jean-Louis Amselle aborde (Les nouveaux rouges bruns).
Dans
ce nouveau livre, Jean-Loup Amselle examine donc le phénomène
« rouge brun » et le racisme qui lui est lié sous
l’angle, non seulement du primitivisme proprement dit, mais aussi
de toutes les notions « élémentaires » qui le
charpentent : l’autochtonie, la racine, le peuple, la nation,
le groupe, la communauté, la culture populaire, la race, la
« blanchitude », la « francité », la
diaspora, la laïcité et le « Made in France ».Mais
s’agissant de ce transfert de l’(extrême) gauche vers
l’(extrême) droite, l’auteur se demande également si le
marxisme n’a pas sa part de responsabilité. Chez Marx et Engels
en premier lieu, mais aussi et surtout chez les anthropologues
marxistes qui ont recherché dans les sociétés exotiques les
ancêtres contemporains de l’humanité, et qui ont rallié le
populisme et le primitivisme. Les penseurs ou des idéologues de
tout poil (journalistes, essayistes, philosophes) se sont ainsi
emparés des aspects les plus caricaturaux de cette discipline et il
en résulterait que le primitivisme et le populisme auréient
dorénavant paradoxalement partie liée avec le racisme, expliquant
sa nouveauté au phénomène rouge brun actuel. (note repiquée qui
me rend dubitatif)
8Sic !
Taxes qui sont européennes !
9Le
Figaro : « Le fournisseur d’électricité, qui
augmentera ses tarifs de 5,9% au 1er juin, se trouve dans une
situation économique difficile. Pourtant, ses agents profitent
toujours de nombreux avantages et de salaires surévalués ».
10Le
larbin de Macron se ridiculise pourtant en voulant salir les
salariés d'EDF, leurs avantages sont relatifs et restent
imposables, ils sont indiqués sur la feuille de paie sous la
mention « avantages en nature », donc font partie du net
imposable. Mais à ce compte toutes les corporations ont des
avantages respectifs, sans parler des prébendes faramineuses de
monsieur le ministre et ses confrères.