"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

vendredi 12 octobre 2012

LES REVENANTS ET L’EQUILIBRE BUDGETAIRE DES ETATS DANS LA CRISE FINALE DU CAPITALISME




Le monde compte trente millions de chômeurs de plus qu'avant le début de la crise il y a quatre ans, déplore le directeur général de l'organisation internationale du travail (OIT), Guy Rider, dans un texte publié vendredi 12 octobre à Tokyo. Près de "75 millions des plus de 200 millions de chômeurs sont des jeunes gens de moins de 25 ans", ajoute M. Ryder dans ce texte qu'il lira  samedi devant le Conseil monétaire et financier international, instance chargée de définir les grandes orientations politiques du Fonds monétaire international. Pour ceux qui ont la chance d'avoir un emploi, 900 millions d'entre eux sont "incapables de gagner suffisamment de quoi leur permettre d'être au-dessus du seuil de pauvreté de deux dollars par jour", relève encore M. Ryder pour qui il est temps de faire une pause dans les politiques d'austérité. Et si les tendances en matière de réduction de la pauvreté observées avant la crise avaient été maintenues, il y aurait aujourd'hui 55 millions de pauvres de moins dans le monde, selon M. Ryder. "Les dommages provoqués par les mesures d'austérité ont été plus profonds que ce qui avait été d'abord envisagé", ajoute le directeur général de l'OIT dans ce discours. "Dans ces conditions, il est maintenant urgent de revoir les calendriers établis pour revenir à l'équilibre budgétaire", estime encore M. Ryder. Sur les conseils de messieurs Paul Jorion, DSK et Sarko ?

 Interrogeons d’abord notre éternel revenant, Karl Marx. Il se tue à expliquer via ses écrits immortels aux vivants  la contradiction fondamentale du capitalisme qui conduit à l'apparition récurrente de crises depuis le XIXe siècle. Il l'explique par le concept de baisse tendancielle du taux de profit. Marx considère que les capitalistes sont tentés d'accroître leurs capacités de production par des innovations technologiques pour obtenir un avantage temporaire sur leurs concurrents, appelé plus-value relative. Il s'ensuit qu'ils substituent des machines à la main d'œuvre, autrement dit ils substituent du capital constant c à du capital variable v, ce qui a pour conséquence d'augmenter la composition organique du capital (proportion de c et v dans le capital). Comme la plus-value est donnée par l'utilisation de travail direct, et que le taux de profit est pl / (c + v), la conséquence en est une baisse tendancielle du taux de profit qui provoque des crises. Cependant, Marx dit qu'il existe des contre-tendances à cette baisse. Les capitalistes tentent de la compenser en accroissant leur débouchés (impérialisme, politique de blocs, grands ensembles, guerres d'ingérence, etc.), ou en augmentant le taux de plus-value (qui est le taux d'exploitation pl / v, donc en baissant les salaires par exemple), et on pourrait envisager un état stationnaire, mais le problème est que la substitution du travail par le capital engendre de plus en plus de chômage, une armée de réserve de travailleurs, ce qui conduit inexorablement la société vers des conflits sociaux. À terme donc, le capitalisme croule sous le poids de ses contradictions, générant un état de crise permanent, qui ne peut être évité que temporairement par des bricolages financiers dont Marx ne pouvait pas soupçonner l’ampleur au terme de la décadence capitaliste.
Hasard du calendrier des deux losers? Observons maintenant deux morts politiques en phase de réincarnation médiateuse, l'un en Chine (où il n'y a pas de soubrette salope) et l'autre, le lendemain, à New York (surveillé par sa femme).

 LES CONTRADICTIONS DU PERVERS X.

Plusieurs lecteurs ont cliqué sur mon blog à la recherche de mon article du 12 novembre 2011 DSK L’ARBRE QUI CACHE LA FORET DU POUVOIR PEPERE ET PERVERS. Fort bien. Nulle inquiétude à avoir sur le come back de ce gugusse. Il est fini.  Ce puissant adoubé par une partie de la mafia idéologique française (du Nouvel Obs au Monde et à Marianne, les mêmes qui lui taillèrent des sondages présidentiels sur mesure il y a à peine un an, exagérant outrageusement les capacités de leur gourou obsédé sexuel) s’en revient donner des leçons au monde entier, sans honte férir. Ce serait faire rire et pitoyable à la fois si cette prestation chinoise ne venait pas jeter le trouble sur mon palier et chez les internautes. Au lieu d’aller à l’essentiel, - (peu importe ce que cet arrogant personnage libidineux peut bien dire, aucun économiste de renom n’est fichu de solutionner la crise capitaliste) -, voilà que chacun se chiffonne entre partisans énamourés de « Dominique » qui est un génie, et ceux qui refusent de discuter avec un « violeur » même protégé par la justice de classe (ses avocats US sont les meilleurs défenseurs des mafiosos). Même cet ami, prof d’université me tarabuste : « m’enfin il n’a rien fait de mal… bon il a été en boite échangiste mais la moitié des français y vont… et tu me dis qu’il est pervers comme le capitalisme… mais le capitalisme qui licencie ne fait pas vœu de chrétienté… ». Chez les profs de droite comme de gauche ou gauchistes la politique est toujours basée sur une sentimentalité à fleur de peau, voire une mièvrerie apolitique qui frise l'immoralité.

Je me suis, il y a longtemps, posé cette question difficile : pourrais-je discuter de politique ou de tout autre sujet avec un criminel ? Je posais que non, un criminel ne se met-il pas au ban de la société, comment pourrais-je discuter sérieusement ou à tout le moins prendre en considération un zigoto qui fait peu de cas de l’espèce humaine ? Un vieil ami, disparu au fond de la Méditerranée m’expliqua un jour qu’il n’y avait rien d’impossible, qu’il allait régulièrement pêcher dans la Seine au pied de la prison de Melun, et conversait amicalement avec tout prisonnier qui le hélait derrière les barreaux, sans se soucier de la nature de ses forfaits. D’autres amis, qui, passés par  la case prison, m’expliquèrent qu’ils étaient eux tout de même gêné de causer avec des violeurs et tueurs d’enfants…

Deux considérations peuvent être faites concernant DSK. Pour la première, admettons qu’il ait été « blanchi » par les tribunaux bourgeois et qu’en effet il y eût un long acharnement médiatique assez disproportionné (il n’a tué personne contrairement à Kadhafi), il est tout de même mort politiquement; au sens bourgeois de la bienséance familialiste et religieuse on ne se présente pas à la présidence de la République en continuant à fréquenter les partouzes et méprisant un « vulgaire troussage de domestique » noire (comme ses amis juifs ou échangistes de sa femme, les Askolovitch {ah l’analyse très profonde et indiscutable du guru !], Lang, Y.Levaï, JF Kahn qui accoururent – et rampent encore - pour minimiser une « simple » affaire de jupon, quand tous les éléphants du PS protestaient de l’honnêteté du bourgeois libidineux pour finalement l’abandonner pour un autre poulain dit normal, mais cravaché par deux méchantes morues). Quand bien même DSK serait l'innocent victime d'un complot (ce que je ne crois pas pour l'essentiel) le soutien véreux de ses amis et du parti bourgeois dit socialiste a révélé la nature de classe cynique, arrogante et puante de toute cette engeance de "fabricants d'opinion", le mépris pour la domestique, la femme, la noire, la prolétaire assimilée à une simple pute! Je vous crache à la gueule sales cons de bourgeois!

Oubliées les parties carrées avec les flics mondains, les putes, etc. C’est une généralité de la bourgeoisie moderne, dirait mon ami, grand professeur, et à côté de la plaque comme tous les profs, plus par bêtise que par cynisme. Fin de partouze.

Deuxième considération, qui peut être ici la nôtre (en me bouchant le nez) : peu importe celui qui dit quelque chose, il faut considérer la validité du propos en soi.

·         La solution de X à la crise capitaliste de la zone euro

Malgré sa retraite forcée, l'ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI), X., continue de réfléchir à une sortie de crise pour la zone euro. Ce week-end, lors du Yalta European Strategy Forum organisé par Stéphane Fouks (un savonneur présidentiel déçu), d'Euro RSCG, pour le compte du milliardaire Viktor Pinchuck, l'économiste a défendu l'idée d'un système alternatif aux eurobonds. L'objectif est notamment d'atténuer l'effet délétère des écarts de taux d'intérêt payés par les pays de la zone euro pour s'endetter - 1,7% ce lundi pour les obligations allemandes à 10 ans, contre 5% en Italie, 5,8% en Espagne et 8% au Portugal.
Selon Les Échos, X. propose que les pays, comme l'Allemagne et la France, qui s'acquittent de taux d'intérêt faibles «remettent au pot une partie de cet écart de taux», de telle sorte que la facture des pays dont la prime de risque est la plus élevée - l'Espagne et l'Italie par exemple - soit allégée. Les pays de la zone euro se réuniraient par exemple tous les quinze jours pour déterminer quelle part de taux serait reversée.
Selon X., ce système aurait les effets bénéfiques des eurobonds - alléger le fardeau des pays qui paient les taux d'intérêt les plus élevés - sans les inconvénients. Les Allemands, en particulier, refusent à ce jour de mutualiser la dette des pays de la zone euro de peur d'avoir à endosser celles de pays moins disciplinés. Ils craignent qu'un tel système ne soit la porte ouverte au laxisme. Avec le système imaginé par X., «chaque pays reste au contraire entièrement responsable de sa dette», souligne-t-il. Les pays les mieux jugés par les marchés auraient de leur côté intérêt à accepter un tel surcoût pour stabiliser la zone euro. Il n'est cependant pas évident que l'idée de X. remporte outre-Rhin plus de succès que celle des eurobonds. La crise accroît en effet l'euroscepticisme des Allemands, qui ont le sentiment de payer pour les excès des pays du sud de l'Europe. Selon une étude de la fondation Bertelsmann publiée ce lundi, 65% des Allemands interrogés estiment qu'ils «iraient mieux personnellement sans l'euro», contre 36% seulement des Français. Si ce qu'il veut dire c'est qu'il devrait avoir davantage de parité de taux d'intérêt entre tous les pays de la zone euro obligés d'emprunter, malgré l'imparité du risque, il a peut-être raison.
Car si un pays membre de la zone euro est en difficulté, évidemment tous les pays sont en difficulté. La BCE ne peut pas continuer à favoriser un pays avec un taux zéro, en attendant qu'un autre assume plus que 6%. Sans une solidarité et une politique économique conforme pour tous les membres à l'égard des emprunts, le problème ne serait jamais résolu. Il ne dit pas qu'il faut partager les emprunts, il dit qu'il faut un seul et unique taux d'emprunt pour tous les états de la zone euro, par exemple comme aux USA ou en Suisse. Et il y a un seul taux d'intérêt, un plus cher pour les uns et un peu moins lourd pour les autres, on évite une faillite générale à terme. Parce que ceux qu'o met à genoux en ce moment, ce sont qui achètent nos produits ...  DSK, pardon X. dit simplement : on emprunte tous au même taux, mais chacun garde sa dette chez lui, et la gère lui même. Ça coûte plus cher à certains, moins à d'autres.
Même si on oublie que X est DSK. Ce personnage est noyé dans son arrogance et sa suffisance . Il est convaincu d'avoir la vérité révélée et fait savoir que c'est un scandale que ses idées ne soit pas reprises ni même commentés alors que il est mort politiquement et professionnellement.  Il a beau faire tout les plans com que lui concote Euro RSCG (sa mafia avec Fouks et le maire louche de Sarcelles) il est aussi impuissant et incapable que tous les autres économistes bourgeois ; à la tête du FMI il n’a pas plus vu venir la crise de 2008 que les autres pékins. La seule chose qui lui reste c'est ses bouffées de suffisance alors qu'il n'a jamais rien fait de sa vie en tant qu'économiste ; il n'a rien théorisé mis à part le libéralisme sans complexe, la prostitution universelle et les 35H . Quel exploit !
Résumé fourni par un commentateur perspicace : « N'oublions pas que certains journalistes laissent entendre que ce n'est pas sur ses talents de financier qu'il a été invité à s'exprimer en chine mais seulement parce que cette dernière se souvient qu'il a été un de ses grand défenseur quand le monde entier disait qu'elle trichait sur la valeur réelle du Yuan. Renvoi d'ascenseur en quelque sorte. Le meilleur Économiste de France se fait payer par la Chine pour critiquer la France et l'Europe. Bravo pour la moralité d'un actuel ex futur président. Ouf, on l'a échappé belle ».

L’ARGUMENTAIRE DU PETIT BOUTIQUIER PERVERS NARCISSIQUE

 Puisque perversion rime avec capitalisme, et qu’il ne faudrait pas s’en choquer, ou même le nier (en choisissant le camp bandit réformiste bourgeois comme mon prof d’université qui méprise la classe ouvrière), examinons la prestation de l’autre revenant. Remarquons en passant que ces retours de pourris compromis ou déchus, totalement protégés par la justice bourgeoise, sont bien le diapason du règne de l’injustice de la classe dominante dont les règles sont simples : vaut mieux être agresseur que victime, vaut mieux être violeur que violé (cf. le jugement scandaleux de la dernière tournante médiatisée). L’injustice arrogante de la démocratie occidentale n’est que le reflet de la charia orientale, en plus subtile.

Cinq mois après sa défaite à l'élection présidentielle française, Nicolas Sarkozy, appelons-le Nigaud, pour dépersonnaliser et se débarrasser de son ancien uniforme, qui est aussi illettré en économie que feu Tonton, a expliqué un certain nombre de choses à New York devant des banquiers. Voici les principaux points de son intervention, dont le verbatim a été publié par Europe1.fr. Après une courte introduction prononcée dans un anglais de caserne épouvantable, Nigaud est revenu sur l'histoire de l'Europe, "la partie du monde où, pendant un siècle, il y a eu le plus de guerres, le plus de cruauté et le plus de morts". Une manière pour lui d’expliquer l'importance du couple franco-allemand et  le caractère "incontournable" de "l'idée européenne.

"Elle est mauvaise", a expliqué Nigaud. Il expliqua même "que dans les deux années à venir l'Europe va malheureusement connaître des difficultés" dont elle ne sortira que "par le progrès technologique et le travail en plus. Mais, a-t-il expliqué, l'Europe n'éclatera pas et l'euro ne disparaîtra pas. Je vous explique que dans dix ans, l'euro sera toujours une monnaie qui compte".
Problème, a expliqué Nigaud à son auditoire, "dans la politique dans la démocratie, la décision rapide est impossible parce qu'il y a le parlement, parce qu'il y a l'opposition qui se bagarre avec la majorité, parce qu'il y a les médias parce qu'il y a l'exigence de résultats immédiats". C’est ce qu’il explique. Il fait faire comprendre aux gens vous savez.
A plusieurs reprises, Nigaud a expliqué les choix qu'il avait fait pour lutter contre la crise de la zone euro. "Pourquoi avec Mme Merkel nous nous sommes battus pour payer pour la Grèce finalement ? Mais parce que nous nous sommes aperçus de quelque chose que vous, les chefs d'entreprises, pouvezcomprendre. (...) Si on accepte que la Grèce fasse défaut, tous les marchés regardent l'Europe en demandant qui est le prochain (...) et alors comment aurait-on pu sortir le Portugal, l'Irlande. (...) L'exemple de la Grèce montre à la fois la solidité des liens en Europe et la complexité des relations. Je l’expliquais à  Barack Obama. Il me disait : 'C'est compliqué aux Etats-Unis, j'ai le Congrès...' Mais je lui ai expliqué : 'Imagine en Europe, on a 27 congrès' !'"
Nigaud s'en est pris à l'ONU et au conseil de sécurité, critiquant la "religion du consensus", expliquant : "Regardez les Nations unies : parfait exemple d'une idée brillante, qu'on est en train de fracasser sur la stupidité, qui veut qu'on n'avance que si tout le monde est d'accord. Comment voulez-vous qu'une organisation qui compte deux cents pays puisse décider, si on doit  attendre que tout le monde soit d'accord ?" , enfin je vous explique. Réfléchissez.
Puis, justifiant la création du G20, il a fustigé l'organisation du conseil de sécurité : "Mais réfléchissez au scandale que représente une situation où il n'y a aucun pays africain membre permanent du Conseil de sécurité. L'Afrique, c'est 1 milliard d'habitants. Dans trente ans, c'est 2 milliards d'habitants. Sur ce milliard d'habitants, il y en a 60 % qui ont moins de 17 ans. Et aucun pays africain membre du Conseil de sécurité. Pas un pays d'Amérique latine – 450 millions d'habitants – membre permanent du Conseil de sécurité. Je vous le demande et je vous l’explique : Comment voulez vous que ça fonctionne ?"
Après avoir expliqué l'explosion de la dette dans les pays de la zone euro, Nigaud a expliqué quelques solutions pour voir celle-ci se résorber. "Il faut à la fois réduire le déficit, retrouver la compétitivité et ne pas provoquer d'explosion sociale. La solution est simple, mais très difficile à expliquer : travailler davantage, pas moins", a-t-il expliqué, appelant de ses vœux la formation d'un gouvernement économique européen.
De manière plus personnelle, et alors que certains s'interrogent sur un possible retour en 2017, Nigaud a exprimé quelques mots sur son avenir, entretenant le suspens sur la suite. "Je veux maintenant une nouvelle vie, mais pas seulement pour faire des conférences. Ce que j'aime, ce n'est pas la politique, c'est faire. Faire, dans la politique ou ailleurs. Alors où ? Je ne sais pas."
Ces banquiers ont-ils payé pour écouter ces analyses dignes d'un élève de terminale (la syntaxe en moins)??
L'avenir de l'Europe, de la zone euro et de l'euro ne dépend pas de X. ni de Nigaud, mais de l'analyse qui est faite de la crise et des réponses qui y sont apportées. En comparant l’ intervention de Pékin de Nigaud et les déclarations récentes du gouvernement hollandais et de Nigaud, il est difficile de les prendre tous au sérieux. Selon X., les dirigeants européens se focalisent sur les mesures d'austérité, ce qui aggravera le ratio dette/PIB ; ils sont toujours dans le déni de leurs problèmes et passent d'un sommet de la dernière chance à l'autre. Le gouvernement hollandais gauche moule frites veut inventer chaque jour de nouveaux impôts. Nigaud radote toujours qu’il faut travailler plus même pour gagner moins.
Pour conclure cet épisode des revenants gavés à prix d’or pour leurs parades publiques, notons qu’une chose a été dite et intéressante (et vite oubliée). DSK est le premier big mafieux a supputer la guerre mondiale aussi ouvertement. C’était le 2 février 2011 : « Guerre? Le mot tabou a été prononcé cette semaine par un autre haut responsable, français et socialiste, d'une institution internationale. Dans un discours prononcé à Singapour, Dominique Strauss-Kahn a mis en avant les nouvelles menaces économiques que craint le FMI : "Alors que les tensions entre les pays s'accroissent, nous pourrions assister à une montée du protectionnisme, sur le plan commercial et financier [...], voire une instabilité sociale et politique croître entre les nations, et même la guerre", a énoncé le directeur général du FMI. Entendre le probable candidat à la présidence de la République en France, et donc principal partenaire et compétiteur du président français du G20 au cours des douze prochains mois, évoquer publiquement le mot «guerre », même en anglais, n'est pas anodin ». Mais il est capable de pisser dans le violon le plus commun en déclarant chaque année la même antienne : « Dominique Strauss-Kahn souligne également une autre source de tension : le gonflement de la population active mondiale. "Nous sommes face à la perspective d'une 'génération perdue' de jeunes, destinée à souffrir toute leur vie d'une détérioration des conditions sociales et du chômage. La création d'emplois doit être une priorité non seulement dans les économies avancées mais aussi dans les pays plus pauvres." Et d'ajouter : "Sans l'emploi et la sécurité des revenus, il ne peut y avoir rebond de la demande intérieure et au final, pas de reprise durable ». La reprise durable, on s’en fout pourtant en haut lieu, l’essentiel n’est-il pas de maquiller les bulles financières et de pressurer toujours plus le bon prolétariat international et à moitié paralysé par des syndicats bourgeois muets et une absence de parti communiste mondial pour foutre en l’air tous ces pervers dominants, et dans le lot  les fans’ clubs des DSK, Sarko et Hollande.

mercredi 10 octobre 2012

LA GUERRE SAINTE DU GENERAL CAMOIN



CETTE VIEILLE POLEMIQUE SUR LE MYTHE DE LA « GUERRE REVOLUTIONNAIRE »


« Les guerres anti-dynastiques de la révolution bourgeoise française,
par Robert Camoin (285 pages, à compte d’auteur, 2012)

« Eh quoi ! parce que des mandataires infidèles, les hommes d’Etat (les girondins) ont appelé sur notre malheureuse patrie le fléau de la guerre étrangère, faut-il que le riche nous en déclare une plus terrible encore au-dedans ? ». Jacques Roux
« Oui, Messieurs, c’est la guerre entre les riches et les pauvres : les riches l’ont voulu ainsi ; ils sont en effet les agresseurs ». Blanqui

Auteur prolixe, Robert Camoin n’arrête jamais d’écrire, auteur « maudit » par les éditions généralement bourgeoises, il n’a eu de cesse de publier à ses frais depuis près de 50 années revues révolutionnaires (Cahiers du Communisme de Conseil, Jalons, Présence Marxiste), une vingtaine d’ouvrages et des centaines d’articles pour le mouvement ouvrier et pour la révolution maximale. Il est doué d’une plume musclée, chatoyante et aime parsemer ses écrits de mots rares comme cerise sur le gâteau, ce qui oblige à le lire avec un dictionnaire à portée de main. Son écriture manuscrite est digne des moines copistes de l’Ancien régime, elle s’envole en courbe gracieuse, comme si elle voulait enlacer le verbe oral trop prosaïque et plagie la calligraphie antique artistique chinoise ou arabe ; un graphologue y décèlerait sans nul doute une volonté de puissance et de séduction un peu étrange car le tracé scripturaire frôle l’illisibilité parfois.
Je me dois tout d’abord de le remercier de m’avoir fait parvenir son ouvrage par la sainte poste républicaine, et pour avoir mis sept ans à répondre à ma thèse de l’obsolescence de la théorie de la « guerre révolutionnaire », laquelle parution avait fortement indisposé le fier maître en orthodoxie qu’il prétend être ! J’ai publié en effet : « La guerre révolutionnaire de Robespierre à Lénine » en 2005, en particulier pour déniaiser la position vindicative d’étudiants maximalistes à la G.Sabatier,  position anti-parti farouchement belliciste de stratèges en chambre germanopratins faisant la leçon au « dictateur  Lénine » pour sa gestion aléatoire du traité de Brest-Litovsk, mais – et c’est pourquoi je n’ai nullement à répondre à R.C. – je décortiquais aussi la position inverse de l’autre tendance du courant maximaliste, qui nullement critique des atermoiements de Brest-Litovsk, juge le parti comme bon s’il se comporte comme un QG militaire et excellent s’il massacre à Kronstadt, et dont R.C. ne fournit qu’un aspect caricatural et oscillatoire ; tout militant communiste serait un soldat !
Ces deux tendances, la première anti-léniniste qui se voulait plus militariste que Lénine quitte à prêcher l’irresponsabilité populiste et anarchiste et la seconde qui, exaltant la terreur d’Etat, foule au pied les massacrés de Kronstadt, ne sont que des tendances opportunistes, d’imaginations enfiévrées, rigides et momifiées par l’histoire.
J’ai donc lu avec attention et patience le nouvel ouvrage de R.C. qui a voulu jouer au professeur d’histoire en prétendant répondre à un niveau de l’orthodoxie la plus pure concernant le maniement des armes  plus  qu’au  progrès émollient du marxisme sous la geste militariste léninienne, sans jamais s’abaisser du reste à me citer. En introduction, R.C. s’exagère grandement l’importance du sujet et la notoriété de la polémique :
« D’année en année, enfle et se fait plus agressive toute une littérature qui décrie la guerre révolutionnaire comme la mort de la révolution. C’est la sentence ex abrupto prononcée par les prêcheurs social-démocrates de la paix sociale et par tous les esprits brouillons de l’ultra-gauche « déjacobinisatrice » et « débolchévisatrice », l’un n’allant pas sans l’autre. D’aucuns, tel le « Courant Communiste International » et sa demi-douzaine de satellites – regroupés en un ludion libre comme « Les Editions du Pavé » - prophétisent, avec une pédanterie marquée au coin du kautskysme, que la révolution ne peut plus naître de la matrice d’une guerre impérialiste transformée en guerre civile par le défaitisme des soldats et des ouvriers qui disloque l’armée de la bourgeoisie, parce que de guerre impérialiste il n’y aura plus. Tout simplement !
Nous les retrouvons répartis en trois groupes :
-          On rejette la révolution sous toutes ses formes.
-          On refuse la violence armée, afin d’éviter à la révolution la souillure indélébile des effusions de sang.
-          On supprime la violence physique par un assembléisme déversant sa spiritualité démocratique pour éviter les « horreurs » de la guerre civile avec ses prises d’otages, ses représailles. Plus de rue Haxo ! Plus d’Ekatérinburg ! Plus de Tchéka ! »[1].
Une pincée du général Lénine vient ponctuer bruyamment cet appel aux armes en matière d’introduction. On passera sans s’inquiéter outre mesure de l’agression verbale dont je suis l’objet indirectement (toujours pas nominé) : « …seul un fripon fieffé, ou un incurable imbécile, peut affirmer qu’il ne s’agit là que d’une exaltation du militarisme guévariste ».
C’est passer un peu vite sur le rab de casserole du guévarisme qui fût originellement bien une mixture de cuisine girondine et léniniste. R.C. exagère avec emphase une inexistante marée de littérature sur la guerre révolutionnaire. Ramenons-le sur terre. Ma publication en 2005 à 50 exemplaires m’a coûté la peau des fesses, environ 1400 euros ; mon imprimeuse m’a roulé en beauté et je n’ai pas écoulé la moitié de ces livres. R.C. publie à 70 exemplaires à compte d’auteur un ouvrage qui ne va pas faire se précipiter les foules dans les librairies de Marseille ou de son village auvergnat, s’il en existe une à côté de la vieille forge. En réalité, tout le monde s’en fout. Même le microcosme maximaliste où chacun trône dans un fier isolement sur son petit blog ou son site de textes en accordéon. La charge verbeuse contre les « social-démocrates » et les « kautskystes » sent trop la naphtaline néo-stalinienne pour qu’elle possède quelque effet rédempteur sur ses victimes désignées. Et la déformation des réelles analyses des uns et des autres empaquetés dans le papier kraft de R.C. prête à sourire plus qu’à gloser inutilement. Arrêtons-nous un instant sur la phrase condensée et consternante livrée comme dans un souffle au bord de la catatonie : « …la révolution ne peut plus naître de la matrice d’une guerre impérialiste transformée en guerre civile par le défaitisme des soldats et des ouvriers qui disloque l’armée de la bourgeoisie, parce que de guerre impérialiste il n’y aura plus ».
Tâchons de traduire ce langage alambiqué en trois temps et sans virgules, ou plutôt de le restaurer dans sa simplicité proverbiale. 1- Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la plupart des révolutionnaires dits anarchistes ou marxistes, professaient que la guerre restait la mère de la révolution. 2- les soldats fuient le front et rencontrent les ouvrières et ouvriers en grève, ce qui aboutit à la désagrégation de l’armée bourgeoise. 3- il est supputé que les fieffés fripons prétendent qu’il n’y aura plus de guerre impérialiste ; qui sait ?
Cela fait mauvais effet en général de déformer les propos de l’adversaire d’emblée, sauf peut-être pour les ignorants. R.C. radote dans la confusion la plus totale, hors de la réalité historique. Il végète encore sur la minable colline de Valmy. Ne rêve-t-il pas chemin faisant à ces merveilleux galons de général épinglé qu’il n’a jamais été ?
Mauvais coucheur ou piètre accoucheur le camarade Camoin ? La mère de la révolution, la Première guerre mondiale, a été une bien singulière marâtre puisqu’elle a fini par enfanter deux ignobles bâtards : Staline et Hitler. Ne sont apparus ni un clone de Lénine ni un prolétariat insurrectionnel au cours de la seconde boucherie mondiale. On s’interroge encore sur l’absence du bébé révolutionnaire à la maternité de la rue des martyrs.
Quant au processus de « défaitisme » tassé en une phrase, R.C. serait bien en peine de l’expliquer. Ou plutôt si, comme le montre son nouvel ouvrage, il méprise le réel processus de prise de conscience du prolétariat face à la guerre autant qu’il surestime l’impact du parti social-démocrate futur  prototype bolchevique parfait.
Tout son raisonnement doctoral et citationniste centré non sur ladite révolution bolchevique mais sur la révolution jacobine bourgeoise ignore les préoccupations des bras nus, les fait passer pour des crétins impatients d’aller se faire tuer pour la patrie, et ne voit pas du tout au contraire combien la guerre « externe » entraîne des émeutes de la faim, louables, mais aussi d’hystériques et cruels massacres inutiles. Les bras nus n’intéressent R.C. qu’une fois en rang d’oignons, cheveux bien coupés (il ignore que c’est Napoléon qui a lancé la vogue de la boule à ras pour les trouffions), et surtout pas déserteurs. Il passe le plus clair de son relevé des citations militaristes et des bouffonneries diplomatiques des « grands » généraux, des « grands » princes, qui accumulent les médailles comme ma collection de pièces de l’ère jacobine et de l’Empire bling bling, à louer ces dominants d’un autre âge, alors que je pisse sur leur tombe de chefs de guerre.
Toute la confusion de la position actuelle de R.C. se trouve donc dans cette entrée en matière biscornue qui mélange tout, et voile à demi une vision très hiérarchisée de la révolution : à défaut du parti il exaltera tel ou tel généralisme, beau comme Artaban sur son cheval ; à défaut de mouvement ouvrier dynamique et offensif, il imagine les futurs prolétaires en révolution pioupious cheveux bien dégagés sur les oreilles, prêts à se jeter poitrine nue au-devant des mitrailleuses des derniers réduits de la bourgeoisie mondiale, féroce et pourrie jusqu’à la moelle.
R.C. se pique de tout connaître, comme bien des militants blanchis sous le harnais, et les professeurs. Ils ont des lacunes immenses, et jamais comblées. Et qui n’en a pas ? Or je soupçonne R.C. de ne pas avoir étudié sérieusement l’histoire de la révolution française, ni lu les principaux historiens  sérieux en ce domaine. Sa référence appuyée à l’historien néo-stalinien Eugène Tarlé ne laisse d’inquiéter. J’irai même jusqu’à estimer qu’il ne connaissait pas les écrits contre la guerre « externe » des Robespierre, Marat et Babeuf avant d’avoir lu mon livre ; au bout de 40 ans de militantisme, n’ignorait-il pas que Staline était la matrice de l’Opposition militaire et ses exactions en Géorgie. Il va crier que c’est pas vrai et que je suis un vrai fripon. Pour preuve j’en ai qu’il ne fait quasiment jamais référence aux écrits géniaux de ces trois hommes, et s’efforce par esquive, circonlocutions – il est d’ailleurs le roi de la circonlocution -  et divers évitements de nous les reformater en partisans farouches de la poussiéreuse « guerre révolutionnaire ».
Le premier chapitre intitulé « Du guerillérisme comme ouvriérisme militaire », circonvolution abconse et non démontrée, se sépare comme du diable de la théorie maoïste (il oublie de préciser aussi stalinienne) de la guérilla, des ânes du Blak Bloc, des anarcho-marxistes du GCI (c’est eux les « ouvriéristes » du militarisme), de l’aventurier Makhno, très bien. Mais pour vanter le navet de Trotsky, « Terrorisme ou communisme »[2].
Il y a diverses sortes de guerre, mais de Valmy à la guerre d’Indépendance américaine, à la Commune de Paris et à l’offensive militaire bolchevique contre Varsovie en 1920, il n’y a qu’une « juste cause », psalmodie R.C. avec son père putatif Wladimir Oulianov. Mais, n’en disconvenez point citoyens lecteurs voici le ci-devant Robert Camoin qui va nous mener sabre au clair et vareuse bien boutonnée à la recherche des armées perdues.
Voici la naissance de l’artillerie française, sœur jumelle de l’éveil national français. Tout à son jacobinisme sentimental, notre chevalier Camoin ignore superbement les deux terribles défaites de Crécy et Azincourt. Avant de se précipiter à nous parler des chassepots, de s’exciter sur le chef de bande Du Guesclin et la Pucelle d’Orléans (à la manière de Jean Fréville ?)[3] il eût fallu rappeler le mode de production, de conquête et les avancées des autres nations.
Il s’ensuit des recopiages de faits et de biographies puisés dans des ouvrages rarissimes dont la bibliothèque de Marseille détient les secrets ; mais notre général des lettres maximalistes n’a pas besoin de citer ses sources, oseriez-vous demander au maître d’où il pompe ce savoir encyclopédique et biographique jusqu’à la nausée ?
Le maître du pont d’Arcole n’a nul besoin de raisonner face à des petits fripons comme vous. La longue litanie des biographies des « grands généraux », des « grands princes », suffit. Prenez des notes  satanés bougres! Soulignez ! Attendez qu’il ait fini avant de poser vos questions stupides !
A l’étalage de biographies pesamment recopiées s’adossent des apartés pour régler ses comptes avec untel groupe ou tel autre. Babeuf est évoqué au début sans préciser ni qu’il était opposé à la guerre externe ni qu’il a protesté contre les massacres en Vendée. Carnot semble égratigné (quelques petites crapuleries le fourbe) mais il possède la « science des armes ». Et qu’est-ce qu’on se fout des morceaux à rallonge du genre : « Charles Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu, l’Oratorien et conseiller au parlement de Bordeaux devenu président à mortier » (ouf !) ; et des digressions identitaires et médaillées qu’on décompte à foison et que çà lasse le lecteur. Sans doute le futur biographe de Camoin reprendra la même antienne : Sir Robert Camoin, grand conseilliste devant l’éternel, passé baron du CCI et de RI, successeur de l’Onorevole Bordiga à la tête de Présence Marxiste et principal continuateur de marxisme au XXIème siècle.
Pourtant le marxisme camoinien est un marxisme dangevilien, néo-engelsien (excuse-moi lecteur ignorant de ces néologismes !) l ’histoire ne progresse plus dans l’imaginaire camoinesque par la lutte des classes mais par le perfectionnement de l’artillerie, sous les efficaces conseils de cette pourriture de La Fayette qui envoya combattre « … sous les ordres du maréchal Jean-Baptiste Donation de Vimeur, comte de Rochambeau, qu’accompagnait son fils Donatien-Maris-Joseph, colonel commandant le régiment de Picardie » (ouf ! et pas du 62 ?). Comme on le perçoit aisément la polémique sur la validité de la « guerre révolutionnaire » progresse au pas militaire de notre professeur d’artillerie en état de marche dans les calanques accidentées et au chant d’un blabla de remplissage.
Louons sa capacité de démonstration de la capacité de l’armée « libératrice » à développer « la liberté », ce qui vous permettra de mieux « comprendre la guerre révolutionnaire bourgeoise qui viendra ». L’armée en effet se « laisse gagner aux Lumières » et se mêle de « discuter des affaires publiques ». Le général Camoin est pourtant infoutu de clarifier les notions classiques de la guerre. N’est pas Clausewitz qui veut. Camoin s’ingénie bientôt à nous tresser des fleurs pour la « fraction pro-guerre », les tristounets Brissotins, taisant que cette fraction est la plus liée au commerce et aux agioteurs. L’évoque-t-il par devers la fraction pour la « guerre d’expansion » ? Notre général en culottes courtes (c’est l’été dans les calanques)  est irrité que Robespierre aille à contre-courant du « patriotisme des sans-culottes » et termine son paragraphe (intitulé misérablement « Robespierre pacifiste momentanément ») en citant Dangeville, qui va hélas (trois fois hélas) complètement à contre-courant de toutes les salades militaristes du général d’opérette maximaliste, et fustige les va-t-en guerre Girondins comme complices des aristocrates (page 53). Voilà qu’on nous narre guère plus loin que Robespierre se rallie à la guerre, soulagé Robert ? Mais pourquoi évitez-vous systématiquement  cher maître sans galons à citer ces longues déclamations et mises en garde contre la guerre externe que persiste à faire le subtil Robespierre ?
Pourquoi restez-vous muet après la longue et magnifique déclaration de Robespierre contre les « missionnaires armés » ? (pages 58-59). Si vous le permettez, vous traficotez bassement la question de la guerre défensive derrière les impondérables du moment, avec un argumentation retournée qui ressemble comme une goutte d’eau à celle des social-démocrates va-t-en guerre en 1914 ou à l’évanescent  et cornélien « oui, mais… » trotskien : « La Montagne était née précisément pour empêcher une guerre extérieure extrêmement périlleuse et qui, selon Robespierre (NB le « selon »), portait le césarisme dans ses flancs. Mais une fois cette guerre extérieure déclenchée, la Montagne ne se dérobera pas à sa tâche patriotique de participation à la levée en masse et de conduire la nation en armes. Le gouvernement robespierriste s’organisera comme un instrument de guerre révolutionnaire » (p.60).
Le général Camoin persiste à tout mélanger, une fois ses pages en ordre de marche : « Dès lors patriotisme et civisme devinrent synonyme de révolution et de guerre ». En résumé, les braves petits soldats, cheveux dégagés sur les oreilles, sont supposés acquis à « une guerre totale, la guerre intérieure et la guerre extérieure » (p.61) pour pouvoir bouffer. On ne prête qu’aux riches, or c’est du pipeau, les meilleurs historiens, Mathiez, Lefebvre, Kropotkine, Dommanget, Guérin, Dupuy, etc. ne brossent pas un tableau idyllique de l’ardeur patriotique mais révèlent les misères du peuple, les luttes contre la vie chère et les privilèges, luttes qui ne sont pas pacifiques mais prioritaires « à l’intérieur » de la nation (et tournent le dos à tout impérialisme « révolutionnaire »).
Mais les luttes sociales ne sont rien comparées à « l’amélioration du rendement des armes de guerre » selon le général Camoin qui invoque les billevesées de son compère, feu le « général Engels » dont la démonstration sur la colonne militaire pour discipliner les chevelus parisiens ne nous convainc absolument pas d’un rôle révolutionnaire de l’armée qui, peu après deviendra avec Carnot et Napoléon une armée « impérialiste », selon le terme de R.C.lui-même, qui bordera étrangement alors son raisonnement au moment de Thermidor.
Puis on saute d’un sujet à un autre, d’un personnage à un autre comme si cette compilation de biographies servait à la fois d’explication à 1789 et à justifier la guerre révolutionnaire foireuse. Babeuf vient tout à coup contredire toute la démonstration de R.C. qu’on en est gêné pour lui. R.C. est interloqué que Babeuf se prononce contre la guerre avec la Hollande, pardi ! « …à condition que ce ne soit pas une libération par voie militaire ». Comment ne pas rougir ? R.C. saute dans un aparté sans lien, le paragraphe nous parle des qualités du duc de Brunswick et nous apprend qu’il est le futur époux d’Anne d’Angleterre, élément consistant en effet pour épouser la théorie de la guerre révolutionnaire. Cet idiot de Babeuf n’est après tout qu’un « partisan d’une autre façon de libérer la Hollande » ! Ben voyons ! Mais non il est partisan de la libération de la Hollande par le peuple hollandais lui-même pas par les « missionnaires armés » fussent-ils auvergnats, marseillais  ou parisiens ! La démonstration du paragraphe de la page 66 finit en eau de boudin. Quiz de tout raisonnement ou appréciation, on dérape dans le contingent presque le fait divers puisqu’il faut ridiculiser cet idiot de Babeuf : « Babeuf s’enrôla dans la Légion batave ; mais un mois plus tard, de graves soucis d’argent l’obligèrent à rejoindre sa femme. Il trouva un emploi auprès de Jean-Baptiste Eustace, combattant de la guerre d’indépendance américaine. En même temps il prêtait sa plume à Fournier dit l’ « Américain » pour une attaque en règle de Marat ». On se perd dans l’infinitésimal avec notre général historien pour midinettes ou bobonnes!
Voici le talentueux orateur Vergniaud, autrement plus brillant à la tribune que le fluet Robespierre, qui permet au général Camoin d’effacer la mauvaise impression d’un Babeuf limité à son intendance personnelle. Voici la fleur de la Gironde belliciste qui fait la joie des belles spectatrices de l’Assemblée et gagne à ses arguties même les méchants adversaires robespierristes de la guerre extérieure (Camoin  se garde d’évoquer les discours captieux de Brissot dont se moque Marat). On se contrefiche du beau discoureur. Vergniaud a bouffé à tous les rateliers. Il avait écrit à Louis XVI pour lui proposer de le protéger s'il acceptait de rappeler les ministres girondins et leur laisser les pleins pouvoirs, mais bernique. Contrairement à Babeuf, il est de son temps, résolument promoteur de la République bourgeoise, de la propriété et de la guerre de conquête. C’est la conception d’une partie des fractions de la bourgeoisie mais elle n’est pas à notre sens applicable au futur « ennemi de l’intérieur » le prolétariat. Vergniaud n’était pas vraiment un politicien, plus un sentimental moitié girondin (« brissotin ») moitié montagnard. Son attaque contre le duc de Brunswick et son appel à "la patrie en danger" sont restés épatant pour la postérité mais dès lors que l'ennemi numéro un,  le roi, a été déchu, et que tout restait à faire, Vergniaud ne brilla plus. Il prononçait toujours de sublimes apostrophes mais celles-ci étaient souvent sans but. La passion va enfin s’emparer de Paris et mener au fameux 10 août 1792. L’opportunisme de la Gironde triomphaliste est pourtant à moitié démasqué, mais Camoin aussi en tant que girondin lié aux masses…plébéiennes et ploucs. En brave anarchiste émeutier il salue les massacres de septembre soi-disant « par les masses, décidées à tout prix à ne pas revenir en arrière », triste épisode dont Marx et Engels ont été d’accord pour considérer que ces massacres ont été l’œuvre des petits boutiquiers déchainés mais pas des « bras nus ».
Voici Valmy qui ravit plus Camoin que Goethe, et qui avec « nos ancêtres les gaulois » a été intégralement intégré à l’histoire nationaliste française. Comme je le rappelais dans mon propre livre, Henri Guillemin disait que sur le terrain, la bataille de Valmy ne fut pas très héroïque et que la victoire de l’armée révolutionnaire fut plus circonstancielle que due aux cris des sans-culottes chevelus. Le Manuel d’histoire Malet et Isaac a toujours relativisé l’événement : « L’action se borna à une canonnade ». Claude Delmas rappelait que la conception française du soldat-citoyen l’emporta cependant partout en Europe:
« Ainsi l’homme du peuple, jusqu’alors méprisé comme appartenant à un groupe inférieur de la société, se vit offrir l’occasion de prendre les armes pour la justice, incarnée d’abord par les assemblées révolutionnaires, puis par un seul homme, Napoléon. Les militaires prussiens remarquèrent alors que la discipline telle qu’ils la concevaient n’était à elle seule un moyen suffisant de conquête ou même de défense : il en résulta que quelque chose de la conception française de l’homme du peuple donna au nationalisme une vigueur nouvelle. Le soldat-citoyen et La Marseillaise ne sont pas seulement des motifs de légende. Ils ont constitué l’un des éléments essentiels de l’histoire depuis le premier quart du XIXe siècle. La discipline militaire plus efficace, la nouvelle conception de la nation en armes pour la défense du Droit, contribuèrent à répandre plus largement que jamais l’ardeur au combat. »
Mais la discipline militaire est à la conscience de classe ce que la musique militaire est à la musique classique, comme disait le camarade Einstein[4].
Après l’exaltation de Valmy, apprise par le général Camoin à l’école communale de la République une et indivisible démarquée par de solides frontières naturelles, notre historien pour midinettes  et bobonnes temporise grâce à l’Abbé Grégoire qui : « mit en lumière les dangers de faire des généraux de la République des « missionnaires de la Constitution »… proposition du millionnaire prussien Anarcharsis Cloots, « point de conquête et point de rois ». Le général Camoin eût été plus avisé de rappeler ici que le dénonciateur des « missionnaires armés » avait été Maximilien Robespierre. Va-t-il ranger son arc et ses flèches girondines ? Une pincée de Bordiga hors époque concernant la décolonisation moderne pour donner un coup de pouce à une notion typiquement bourgeoise moderne, la solidarité nationale !?
Notre général girondin nous balade longuement en Savoie, mais le chapitre court à la catastrophe pour notre stratège girondin avec la description d’Engels de l’invasion de Nice par les soudards français qui pillent violent et incendient. Et ce pauvre Engels de déplorer en cœur avec le général Camoin que « le bonapartisme s’appuie sur la racaille ». Non pas sur la racaille en soi mais sur l’armée ! Comme Staline plus tard au moment de la contre révolution en Russie, en Géorgie pour commencer, mais tout cela autant le général Camoin l’ignorait dans sa suffisance de maître du pont d’Arcole, autant il préfère éviter d’en parler ; on est à un cours sur la révolution française du XVIIIe siècle, n’est-ce pas ? Nice aurait dû rester italienne, voilà la seule déduction de notre stratège auvergnat.
On saute à 1795 puis on revient magiquement à 1793, où tel Lyssenko ou un salafiste de base, Camoin nous apprend que la « guerre devait être organisée scientifiquement » ; après le socialisme scientifique, le stalinisme scientifique, l’islamisme scientifique, voici venue l’ère du camoinisme scientifique. Le paragraphe n’est que la reproduction du discours de Saint Just en faveur de la réorganisation de l’armée… « scientifique » ?
Retour à Valmy concernant la trahison de Dumouriez, ce qui permet au général Camoin, déguisé en historien, de nous refiler la comparaison avec Kornilov, ainsi crucifiée préhistoriquement « sa kornilovade », comme on dit de Vercongétorix qu’il avait des moustaches comme un hélicoptère.
Le paragraphe page 110 s’intitule « L’agitation économique des bras-nus » mais que nenni n’en cause point du tout, laquelle agitation est remplacée par l’enrôlement de milliers de volontaires pour filer dare dare en Vendée « y combattre l’émeute royaliste » ; en réalité c’est plus compliqué mais comme notre général épinglé se base sur un vague historien stalinien et que la Vendée et Kronstadt c’est bandit pendu et pendu bandit, on n’épiloguera pas sur des détails de la terreur « révolutionnaire ».
On constatera au pas de charge que notre général peu étoilé ne finit pas ses paragraphes ni n’analyse les discours ampoulés des petits bourgeois jacobins. Cela doit lui suffire. A nous pas.
Il faut une bonne dose de perversité pour annoncer en paragraphe suivant : « La lutte de classe des bras-nus et la guerre éliminent le parti de la guerre » !?  De démonstration du ci-devant Camoin point. Il zigzague entre les fractions politiques petites bourgeoises, re-cite à tour de bras son héros du blabla,  le ci-devant, bientôt ci-gisant Vergniaud, pour finir par nous annoncer sa décapitation ainsi que celle de Mme Manon Roland « bonne musicienne et claveciniste », info majeure à cette étape de la polémique si l’on songe que cela lui fit une belle jambe polyphonique séparée de sa tête.
Après un coup de chapeau à « l’arsenalisation de Paris », pour mieux montrer qu’il maîtrise son sujet, entendu que son histoire de la « science militaire » atteste un perfectionnement militaire ininterrompu (voire darwinien), notre général empire en rendant hommage  par un remplissage généreux des bricolages militaires du fameux Gilbert Romme (voir wikipédia, ne pas confondre avec Rommel) et surtout aux « généraux de très haute valeur ». Il est aux anges pour décrire le pouvoir des apparatchiks très-grands-russiens de la République, quoique presque aussi totalitaires que leurs lointains imitateurs russophones. Oubliées les prévenances de Maximilien et de l’Abbé Grégoire : « Des Représentants en mission furent envoyés aux armées – nous dirions aujourd’hui, après l’expérience de la guerre révolutionnaire panrusse « Commissaires du peuple ». Le plus souvent, ils étaient au nombre de quatre. On leur conférait des pouvoirs pratiquement illimités, des pouvoirs de proconsuls… ». Et cela ne le fait pas rire ?
Pas d’explication concernant le fédéralisme girondin, et, comme on le voit ensuite, le général Camoin n’a pas la subtilité de Rosa Luxemburg qu’il a bien fait de citer en annexe, le renforcement de l’Etat ne commence pas avec la révolution de 1789, il est parachevé.
L’assassinat de Marat sert à nous balancer une nouvelle entourloupe. Marat, comme Robespierre et Babeuf gênent considérablement notre général épinglé avec leur dénonciation de fond de la guerre offensive ; il se sent mieux à l’aise de son point de vue anarcho-blanquiste fossile avec les brissotins comme Vergniaud.  En novembre 1792, Marat, presque seul s'abstint dans le vote sur l'annexion de la Savoie à la France ; et en ce qui concerne les territoires occupés par la France, il prêcha à l'hiver 1792-1793, la modération à l'égard des forces aristocratiques et du Clergé que les Brissotins voulaient exclure de la vie politique. Tout cela n'était pas contradictoire avec sa plaidoirie pour la guerre à outrance contre les puissances coalisées, dans la mesure où elle était devenue « défensive ».
Juste avant sa mort le 12 juillet 1793 à l'occasion d'un renouvellement il demanda l'éviction de Barère du comité de salut public  qui, montagnard non jacobin, fut toujours partisan de la guerre d'attaque. A la manière des staliniens, le général Camoin efface Marat et nous colle la citation d’un anarchiste hébertiste du nom de François Vincent : « On veut détruire la liberté par la guerre. C’est par la guerre qu’il faut la sauver ». Ne voilà-t-il pas une facile péroraison pour éviter la guillotine, effet de manche qui permet à Camoin d’esquiver encore une fois la question du comment et pour quoi de la généralisation de cette révolution.  Il fait le pitre en se servant de Marat mort contre Marat vivant toujours hostile à la « guerre de conquête »: « L’assassinat de Marat donna un nouvel élan à la revendication terroriste des sans-culottes contre les royalistes ». C’est quoi « la revendication terroriste », la vengeance de quelques abrutis déchaînés ? Le goût de Camoin pour les films gores ? Ou son faible penchant anarcho-hébertiste désuet pour la « guerre à outrance » ?
Camoin revient porter plus loin des chrysanthèmes fielleux sur la tombe de Marat avec ses habituels « selon lui » : « Au moment de la crise de Varennes, Marat était contre la perspective de la guerre étrangère qui, selon lui, cachait un nationalisme annexiste et aggraverait la situation économique. (…) A la nécessité de la guerre extérieure, il opposait la nécessité de la guerre intérieure. D’opposant à la guerre extérieure il en deviendra un partisan ». Le général Camoin a tout appris de son propre chef où il occupe le sommet du commandement et des opérations d’enfumage des ennemis de toute sorte qui l’environnent. Il veut ridiculiser Marat alors que Marat concède la guerre comme nécessité uniquement dans sa dimension « défensive » contre-indiquée pour notre brissotin bougnat.
De l’Armée du Rhin, au siège de Toulon, à Bonaparte « qui paye de sa personne », à Buonarroti « qui mérite bien de la patrie », on saute en Pologne où, peau de balle ce sera kif kif bourricot pour l’Irlande. Et Camoin de faire choir le couperet de son terrible jugement sévère (ce manque d’internationalisme militariste de Bonaparte…) suivi d’une ballade irlandaise (p194), sous oublier que la mère patrie de la guerre révolutionnaire ne fit rien pour les patriotes aux ordres de Kosciuszko ! Robespierre repasse sous le billot de guillotin Camoin, il est jugé inconséquent à l’aune de notre stratège marxiste émérite deux siècles plus tard et en gravitation universelle hors de la chronologie historique : « Dans la stratégie marxiste, la subordination nationale du mouvement polonais au parti jacobin de Paris eût seul permis de mener les deux mouvements à la victoire ».
Du délire mon cher Watson, imaginez un peu si Du Guesclin et la Pucelle s’étaient alliés comme ils auraient boutés hors de France les Anglais perfides ! Le général Camoin est tout sauf marxiste en s’imaginant un internationalisme « national » (et surtout militariste) dans les premiers pas de la jeune bourgeoisie.
S’il repeint les couleurs d’un Robespierre belliciste sous toutes les coutures désormais, c’est après avoir enterré ses objections et celles des Marat et Babeuf, avec l’apparition ex-nihilo camoinesque d’un « comité Robespierre », « qui avait la haute main sur la guerre » (« scientifique » ?), qui devient le Comité de Salut public : « … s’employant avec une inflexible rigueur à faire triompher les méthodes terroristes, méthodes salutaires ». Le général Camoin se fait plus maratiste que Marat. Un certain Noël Pointe est glorifié pour sa rigueur envers les ouvriers, non pour exiger qu’ils suivent le programme de la télé mais « pour la réalisation du programme de fabrication des canons », sans doute premier pas du « programme communiste » dans l’acception de notre généralissime en bravades terroristes en carton pâte. Camoin ne s’intéressent guère aux ouvriers comme producteurs d’armes disciplinés mais bien plutôt aux va-nu-pieds attifés en soldats, avec ces derniers notre général d’opérette ne craint aucune désobéissance.  Il égratigne au passage C.Desmoulins « bien loin d’encourager les exécutions sommaires » que lui, le général Camoin n’aurait pas hésité à encourager, bave aux lèvres et protégé comme Sarko par 50 commissaires du peuple à la terreur scientifique, pardon « au salut public ». Quelle indécrottable pacifiste geignard ce Desmoulins : il « abhorre trop de sang » avec son « autel de la miséricorde », et son opposition « aux marches ensanglantés », hein ? oui… il « frisait la guillotine » méritée ! Heureusement on coupa sans tarder le kiki à cette apologiste des institutions de la Perfide Albion, et celui de sa bonne femme. Point barre.
Notre professeur d’histoire terroriste glisse ensuite dans son nirvana des digressions imbitables avec de doctes « nous savons » ne faisant que recopier sur internet, ou à la grande bibliothèque de Marseille, un nouveau cortège de biographies. Thermidor enfin est relativisé comme « réaction politique de droite » et non pas début de la contre-révolution, ce qui est inexact, c’est un coup d’Etat de l’armée ; à la dictature personnelle de Robespierre, Carnot oppose la voie vers la dictature militaire.
Et en recopiant son père en bordiguisme Dangeville, Camoin sort une nouvelle ficelle en affirmant que la Terreur était une mesure de guerre. Non mon généraliste ! il fallait préciser de « guerre interne ». Et il ne dit pas sur qui s’appuie le Directoire réactionnaire. La remise en ordre s’appuie comme toujours en début de contre-révolution sur l’armée, et en l’espèce avec Carnot futur sponsor de Bonaparte. Où Camoin va-t-il chercher que la production d’armement a été rendu « partiellement » à des entreprises privées ? Encore une invention sans source de références. Il contredit tout son charabia antérieur sur l’armée révolutionnaire « scientifique » en reconnaissant par après que l’armée se fait « l’instrument docile des thermidoriens ». Le raisonnement patriotard stalinien et hors réalité apparait soudain avec la dénonciation des insoumis et déserteurs « pour se mettre au service de la jeunesse dorée » ; pure affabulation, la fuite des jeunes paysans visait à revenir donner des bras indispensables à la marche de la ferme, et des déserteurs face à la barbarie guerrière il y en eût à toutes les époques, et en général ils obéissent au sauve qui peut plus qu’à une volonté de servir le camp d’en face.
On approche de la fin de la saga technico-militaire et national-mystique de notre général épinglé, espérant de la suite dans les idées ou une argumentation plus allongée et moins copiste des biographies de dictionnaire concernant les avatars étranges de cette pauvre guerre révolutionnaire constamment avortée. C’est alors que Camoin lance sa fanfare, sa « fête de la musique ». La musique aux armées remonte « à la plus haute Antiquité » nous apprend le maître en terrorisme scientifique. En effet les Grecs ne connaissaient pas l’harmonium de Madame Lelonbec. Mais voici les fameux musiciens d’époque dont personne n’a jamais entendu parler mais que Camoin sort de la fosse d’orchestre – et quelles musiques ! La marche lugubre, la musique funèbre, le chant du départ l’hymne pour la fête de la vieillesse… On en redemande. Une nouvelle notion apparaît dans le défilé militaire chantant, la « guerre civile révolutionnaire », alors que notre général devenu imprésario se contentait jusque là de faire l’apologie de la guerre externe et de tancer les partisans de la guerre interne, les Robespierre, Marat et Babeuf (idem avec Jacques Roux, et Sylvain Maréchal, grand absent du dictionnaire camoinesque, qui réclamait l’abolition de l’armée).
Les flonflons de la musique militaire, comme on l’imagine, si funèbres étaient-ils, consolaient les familles des héros patriotes morts au combat. Camoin n’a certainement jamais vu le spectacle d’Ariane Mnouchkine après 1968, où elle sut admirablement mettre en scène la dramaturgie phrygienne, mais sa dérive artistique si incongrue d’apparence a pour but de défendre une vision terroriste apocryphe et bien pensante de la guerre externe puisque pour sa guerre impérialiste Napoléon « conserva » ces scies ! Passons, le lecteur n’a pas oublié ce que Einstein disait de la musique militaire. Je le pense aussi sans honte au risque de me faire traiter de moderniste par maître Camoin et de vulgaire apologiste du MP4.
Après ce détour par une musique de merde, comment revenir au sujet qui pose problème ?
Il suffit de faire l’apologie de la Terreur « réééévolutionnnnnaire » exemplaire pour le monde entier. La révolution française est un bloc disait un ancien socialiste devenu ministre. La vraie contre-révolution c’est lorsque  les thermidoriens sont prêts à faire la paix avec « l’ennemi du dehors » (finalement Camoin doit être d’accord avec Sabatier, selon qui Lénine et Trotsky furent « thermidoriens » en signant la paix de Brest-Litovsk…). Sur qui s’appuie notre ci-devant professeur de radicalité terroriste  pleurnicharde  qui se régale des noyades de Nantes? Sur Marx ? Sur Engels ? Sur Michelet ? Je vous le donne en mille : sur Eugène Tarlé, fameux historien passé au service de l’histoire nationalisée du stalinisme ![5] Le tout enveloppé dans de nouvelles divagations littéraires sans aucune méthode d’analyse.
Comme on sait que Camoin n’a pas digéré les aigreurs babouvistes concernant la « question militaire », il en remet une couche en ciblant l’adjoint de Babeuf, Buonarrotti qui défendait le soldat-citoyen mais uniquement en cas d’agression extérieure, sans compter que ce cancre « voulait que des mesures fussent prises qui missent en garde contre l’amour des armes ». Crime de lèse majesté pour notre auguste Camoin qui lui suinte l’amour des armes au bout de son clavier pépère. Sur le mode de l’ironie légère le paragraphe se moque du pacifisme présumé de Buonarrotti pour ensuite citer benoitement le décret militaire des conjurés babouvistes, suffisamment terroriste pour plaire à notre général de salon, et achever de gagner Buonarrotti à la cause fictive et au-delà des siècles du général Camoin, transposable à toute époque avec sa pipe et son béret de bougnat. Buonarrotti en exil « a théorisé l’extension de la guerre révolutionnaire au-delà des frontières nationales » ! Aucune preuve ni référence de cette affirmation mais peu importe, Buonarrotti n’est pas un exemple de révolutionnaire éternel, il a correspondu à son époque, au carbonarisme, à la franc-maçonnerie clandestine, et donc à des formes de luttes plus proches du complot révolutionnaire de l’époque bourgeoise des clubs jacobins et girondins qu’aux luttes modernes, au grand jour, du prolétariat.
« Les guerres du Directoire deviennent de moins en moins révolutionnaires mais de plus en plus des guerres de rapine brutales », concède notre général, sans remettre en cause la stratégie terroriste militariste…Après un court panégyrique de Bonaparte il est bien obligé de reconnaître avec guillemets que la réalité de sa guerre révolutionnaire à la Napoléon est un désastre en Italie : « le gouvernement « révolutionnaire » (des notables) se livrait bientôt à de graves exactions ».
Notre général tourne casque carrément en page 234 et nous ressort de sa paillasse théorique la tête de Robespierre, qui fût si critique contre la « guerre révolutionnaire ». Elémentaire mon cher Watson vu que Directoire et Napoléon se conduisent en pillards des peuples envahis ! Revoici la tête de ce pauvre Robespierre agitée à nouveau sans perruque pour sauver la mise à notre historien pour midinettes. Est évoqué le discours « flamboyant » du corps sans tête, en novembre 1793, apostrophant le caractère impérialiste de la guerre entre la France et l’Angleterre, seulement ? Et trop tard pour rattraper le vide argumentaire de notre général en retraite théorique.
La conclusion, qui se veut fort prétentieusement « théorie générale de la guerre révolutionnaire » accouche d’une souris aveugle. Camoin veut à tout prix recoller les morceaux de cette théorie défunte en liant guerre civile intérieure et guerre extérieure. Et de citer Lénine à témoin. Or Lénine dit tout le contraire, et l’on mesure que Camoin n’y comprend que pouic. Lénine ne mélange pas tout lui. Il parle de « guerre défensive », ce qui est évident et correct du point de vue marxiste : « la France révolutionnaire se défendait », ajoute-t-il et « Napoléon fît perdre aux guerres de la France leur caractère défensif pour en faire des guerres de conquêtes ». Lénine sépare bien les deux types de guerre. En ce sens il est conforme aux objections de Robespierre contre les « missionnaires armés » ; on n’impose pas une révolution à la pointe des baïonnettes. Lénine aurait dû s’en souvenir en 1920 avant d’envoyer au casse-pipe son armée rouge. Dans mon livre j’avais fourni une remarque subtile de Bordiga qui permet de mieux comprendre la notion de guerre défensive qui échappe aux neurones de notre stratège en chambre : « « Réticent tout d’abord à l’égard de toute guerre des peuples, et après la déclaration contre toute guerre de conquête territoriale, il trouva dans la fureur de la défense, le levain de la force de la révolution qui permit d’incroyables victoires contre une foule d’ennemis».
Une deuxième couche de conclusion s’efforce de prêter une conscience militariste au peuple : « L’exaltation patriotique servit de comburant aux sentiments et dispositions révolutionnaires du peuple ». Hélas notre général est un mauvais instructeur, le vrai carburant de la colère du peuple avaient été les incessantes guerres des dynasties féodales impavides, et la misère dûe à la crise économique. Girondins et Brissotins ne font que reprendre l’idéologie royaliste où la guerre extérieure a toujours été « purificatrice » des problèmes sociaux internes.
L’espoir d’un vrai changement social et politique avait été exprimé par le bouillonnement du peuple, et l’exaltation du patriotisme ne comportait pas de véritable ingrédient révolutionnaire puisque, assez rapidement, la guerre extérieure devient but en soi pour profiteurs et hommes en armes. Il n’est pas question de faire une seule concession au pacifisme mais la possession des armes n’a jamais été facteur primordial de conscience ni de « science » politique, et cela RC n’a jamais voulu l’admettre. Son imaginaire de soldats-citoyens s’effondre avec les soudards de Napoléon. Il mélange  les moments où les bras-nus agissent et décident comme civils citoyens (et sont combattus par la petite bourgeoisie robespierriste) et ceux où, sous l’uniforme, ils n’ont plus qu’à obéir. Il cite à nouveau Lénine qui s’en sortait par une pirouette, après la guerre révolutionnaire (de défense) du début de la révolution, faisant succéder la guerre impérialiste napoléonienne… laquelle avait du bon puisqu’elle suscitait à son tour des « guerres nationales », révolutionnaires à leur tour. Pas vraiment en général. Beaucoup de zigzags pour rien puisque le capitalisme se développa surtout par son économie plus que par les coups de canon et que les libérations nationales ne furent pas la généralité, quand au seuil du XXe siècle la révolution prolétarienne ne pouvait plus être issue ni devenir une guerre révolutionnaire.
Citer le confus Boukharine en fin de compte pour justifier une théorie morte, est inopérant, et frise l’esquive car, théoricien de la guerre à outrance à Brest-Litovsk, avant de ranger ses cartouches rhétoriques, Boukharine avait travaillé pour le grand guerrier Staline, et reconnu son erreur d’avoir théorisé une version bolchevisée de la guerre sainte. Camoin aurait dû avouer, logiquement, qu’il se range désormais aux côtés de l’anti-parti Sabatier au moment du traité de Brest-Litovsk !
La tâche de renversement violent de l’Etat bourgeois dans tous les pays reste de la responsabilité du prolétariat DANS tous ces pays et ne se résoudra certainement pas en termes de stratégie militaire ni en espérant la renaissance d’une armée rouge même internationaliste chargée de libérer des prolétaires trop faibles politiquement ou trop peu armés pour le faire. A moins qu’un droit d’ingérence, du genre de celui invoqué par les impérialismes « humanitaires » ne fasse partie de l’arsenal fictif du général Camoin. Mais c’est une tout autre discussion face à la décadence capitaliste et à ses impondérables.

JLR


PS : RC aurait dû lire plus attentivement Dangeville que je citais longuement. la « guerre défensive » n’est pas une panacée[6]. Roger Dangeville en a très bien résumé la problématique pour l’époque moderne:
« … la tendance naturelle d’une nation est de se défendre lorsque l’ennemi envahit son territoire. Mais, cela ne signifie aucunement que sa cause devienne juste pour autant. Ce serait rompre avec les critères d’appréciation marxiste d’une guerre qu’il faut appuyer ou combattre. Les partis sociaux-démocrates ont utilisé l’argument de la défense du territoire pour justifier leur politique d’union sacrée avec leur bourgeoisie, de sorte que, dans chaque camp, la guerre se trouva justifiée. Les marxistes – et Lénine en tête – ont combattu avec force cette falsification fondamentale des positions marxistes face à la guerre. Enfin, Marx a montré qu’une guerre « défensive » (ou mieux une guerre qui trouve l’appui du prolétariat), ne se caractérise nullement par des critères contingents et liés au succès des armes – attaque ou défense – mais aux caractères historiques, économiques, politiques et sociaux de la guerre – et pour autant que ces caractères durent. Ainsi, la guerre nationale progressive de la Prusse se transforma en guerre impérialiste, et se heurta dès lors à l’opposition – armée si possible – du prolétariat. Cela n’a rien à voir avec la guerre défensive au sens de la défense du territoire envahi : « Kugelmann confond une guerre défensive avec des opérations militaires défensives. Ainsi donc, si un individu m’attaque dans la rue, j’ai juste le droit de parer ses coups, et non de le terrasser, parce que je me transformerais alors en agresseur ! Le manque de dialectique se lit dans chaque mot que prononcent ces gens ! »[7].
Une autre précision enfin : « C’est la guerre qui contraindra les gouvernements à des mesures d’exception contraires aux principes de 1789 ; c’est de la guerre enfin qu’en 1799 sortira, pour quinze ans, la dictature napoléonienne »[8].; le boucher Carrier fût lié aux jusqu’auboutistes hébertistes, petits bourgeois militaristes qui avaient pour fonds de commerce la terreur à outrance. Avant cet auteur, Jean-Clément Martin avait remarqué que : « La Vendée est d’abord le résultat des maladresses, des incompétences, des illusions désastreuses des républicains, qui n’ont pas voulu comprendre la nature de cette guerre, qui ont donné la priorité à leurs propres querelles (…) les républicains ne voulurent jamais reconnaître leurs propres erreurs qu’ils firent de la Vendée cette énigme contre-révolutionnaire, argument idéologique spécieux, mais qui leur garantissait l’impunité de leurs fautes et permettait la poursuite d’une politique aveugle » (cf. La Vendée et la France, ed du Seuil, 1987, p.132-133). Les soldats « bleus » engagés dans les colonnes infernales avaient été nombreux à dénoncer les exactions, mais la terreur est atténuée en Vendée surtout au moment de l’élimination de la fraction hébertiste. L’idée révolutionnaire ne nourrit aucun fanatisme exterminateur,  les généraux tueurs Carrier et Turreau obéissent à une logique d’Etat et de clan dans les luttes pour le pouvoir à Paris. L’historien américain Timothy Tackett estime qu’il n’y a pas de lien direct entre révolution et terreur.















[1] R.C. présente les meilleures références du théoricien en chambre courageux par ces trois exemples destinés à faire « radical », bave aux lèvres. Rue Haxo en 1871, épisode lamentable de la populace en furie, exécution de 50 otages plus un fédéré qui avait pris leur défense. Ekaterinburg en 1918, lieu où toute la famille et le csar, comme il l’appelle avec snobisme, sont massacrés. Il semble vénérer de bout en bout La Tchéka, que chacun connaît plus ou moins en oubliant qu’elle fût au début un organe de défense légitime face aux attentats terroristes des fous anarchistes et populistes va-t-en guerre après la pause de Brest-Litovsk.  RC ne dit rien, il ne finit ni ses phrases, ni ses affirmations dont on ne sait s’il approuve ou désapprouve. La lucidité sur des violences ou dérapages inévitables en période de révolution ne se justifie certainement pas par l’approbation muette des massacres scandaleux des précédentes. Couper le kiki à Louis XVI en 1793 était compréhensible, exécuter la famille impériale entière en 1918 a manifesté des traits d’arriération du sol russe, même si je ne plains pas l’autocrate qui avait envoyé à la mort des millions de prolétaires et de paysans en buvant tranquillement son thé en 1914.
[2] Que j’ai démonté dans mon livre « Les avatars du terrorisme », 2011, ainsi que la déification de la Commune de Paris par tutti quanti gauchiste et ultra-gauchiste.
[3] A force d’exalter la révolution française R.C. en vient à minorer l’importance de la révolution de 1917, la révolution de 1789 est ainsi l’une des plus grandes révolutions de tous les temps et ne peut-être comparée « qu’avec Octobre 1917 en Russie, qui, du reste, s’en est approché par maints côtés ». Du reste ? Par maint  côtés ? Hé hé le jacobin qui sommeille surpasserait-il le léniniste farouche qui s’éveille en Robert ?
[4] Il a dit mieux encore: « Un homme qui peut marcher au son de la musique militaire n'a reçu son cerveau que par mégarde; sa moëlle épinière lui aurait amplement suffi ».

[5] Sous la pression de Staline, Tarlé doit réviser sa copie historique du rôle de Napoléon et glorifier la défense nationale russe. Du patriotisme au nationalisme et même au messianisme, le pas est rapidement franchi. Eugène Tarlé refit son histoire de la guerre napoléonienne (comme il avait refait celle de la guerre de Crimée) : pour la décrire comme une lutte purement nationale et patriotique, un modèle et un précédent, il doit abandonner son analyse marxiste, renoncer à l'analyse de classe qui l'avait conduit à affirmer que Napoléon, en despote bourgeois, avait renoncé à une victoire aux fruits incertains en se refusant à affranchir les serfs. En réécrivant sur commande, tous les éléments émotionnels traditionnels du passé russe sont ressuscités, mis en vedette, développés de façon à mobiliser, à galvaniser la résistance, de préférence aux motifs de classe.


[6] Ernst Kantorowicz rappelle que : « le but des croisades a le plus souvent, et toujours dans les premiers temps, été formulé en termes de guerre défensive, une défense des frères chrétiens et des églises de Terre sainte, et non présenté comme une guerre d’agression contre les infidèles. » (cf. p141 de « Mourir pour la patrie »)
[7] Page 652 des Ecrits militaires, extrait d’une lettre de Marx à Engels, du 17 août 1870.
[8] Réédition poche Marabout/Hachette 1960, Les révolutions 1789-1848, p.62.