"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

vendredi 27 novembre 2020

LA BAVURE EST INSTITUTIONNELLE

 


Le 10 février 2017, j'écris sur ce même blog au moment de la « bavure » Théo :

« C'est une bavure inédite, faut être vraiment taré pour avoir fait cela. Si on n'est pas anti-flic primaire, on peut penser qu'elle n'est  pas admissible pour un policier ou une policière moyenne. Le flic taré a du coup fait perdre tout le capital de sympathie que la police en général avait obtenu malgré elle (cf. la répression au moment du 49.3) dans la population régulièrement abreuvée d'actes (en effet) délictueux, dans l'ambiance des attentats terroristes. Mais attention encore une fois au double langage du pouvoir, il se dédouble en agissant à deux niveaux: il ne peut se désolidariser de ses flics (donc la "justice" de classe les couvre en tentant de minorer l'enculage à la matraque qui n'est pas un viol en effet mais une humiliation raciste) et de l'autre on envoie Hollande qui n'a plus rien à perdre pour tenter, lui (au-dessus de la mêlée ?), d'éviter l'expansion d'émeutes. Mais gaffe l'opinion est (serait?) pour la défense indéfectible des flics ; hier cette radio au passé louche, Sud Radio, avec son recensement (incontrôlable) assurait qu'une majorité mettait en doute le jeune Théo! Puis vu que le débat entre le flic syndicaliste et les rappeurs toulousains tournait mal, silence soudain, puis musique sans paroles pendant les deux heures qui restaient pour une "confrontation des points de vue" étrangement disparue... Le standard avait-il sauté ou un coup de fil de Cazeneuve ? »

DES BAVURES TOUJOURS PLUS "EXCEPTIONNELLES"

Chaque année, la répétition d'agressions ignobles – dont le nombre est toujours sous-estimé voire effacé en l'absence de caméra - en particulier contre des personnes noires, fait partie du rôle de la police « démocratique » . La bavure n'est pas inscrite dans la loi mais elle en fait partie. On a tort de parler de policiers voyous car ce sont des voyous policiers de la voyoucratie institutionnelle. Le « parquet » informé de la bavure l'avait classé immédiatement « sans suite », c'est ce qui révèle bien plus le régime de terreur d'Etat du même ordre que celui de daech, qui est d'ailleurs surtout du domaine de la terreur d'Etat. En continuant à faire passer les dites bavures, de telles « exceptions » ne font que confirmer la règle, le pouvoir d'Etat est violence incorrigible. La police des polices fait partie de la même mafia et sert à protéger les voyous policiers, qui seront soit mutés soit recasés ailleurs. On ne va pas se passer de « lâcher les chiens » (formule d'un gendarme en fonction), surtout face aux grévistes ou à des gilets jaunes.

Après avoir pénétré sans vergogne, comme de vulgaires racailles dans le domicile et lieu de travail d'un citoyen ordinaire, homme au demeurant très respectable, cette bande de voyous policiers se comporte en prédateurs de la pire espèce. L'acte ignoble des quatre zélés fonctionnaires racistes contre le producteur de musique noir vient exhiber non seulement la haine de petits flics de merde mais surtout la fonction réelle de la justice et de la police. Elles ne sont pas les amies des prolétaires quelle que soit leur couleur de peau.

Cependant, il n'y a pas de commune mesure avec l'instrumentalisation de l'occupation de la place de la République quelques jours avant, où en plus grand nombre et sous les caméras du monde entier avait été diligentée une grande bousculade de bobos avec certes queqlues actes méprisables des cognes. Dans l'affaire qui scandalise tout le monde aujourd'hui, le gouvernement se trouve une nouvelle fois ridiculisé par sa propre police, et la gauche trafiquante de faire les gorges chaudes ; ces polichinelles de l'indignation de pacotille ne rappellent jamais que face à chaque crime policier il faudrait rappeler qu'une des premières mesures au moment de la révolution sera d'abord la suppression de la police bourgeoise.

Pourquoi tant de zèle terroriste d'une police « qui nous protège du terrorisme » ? Mais parce que cet Etat est faiblasse et ne peut même pas contrôler ses flics les plus tarés. Mais parce la fonction de la bavure ne change pas avec le fond de la politique de répression sanitaire : l'Etat se protège plus qu'il n'a le souci des citoyens en général, et il croit pouvoir continuer à nous impressionner éternellement.

Darmanin avec sa petite voix et sa petite cravate ne fait vraiment pas ministre de l'Intérieur, il n'en a ni l'étoffe ni la carrure. Et les sondages bidons sur une majorité de français ayant confiance à la police relèvent de la fabrique dérisoire, élimée et incrédible. La vérité est que la bavure sert A FAIRE PEUR. LA BAVURE EST NORMALE ET AUTORISEE DE FAIT. ELLE EST LA NORME POUR FAIRE COMPRENDRE QUE SI TU NE PORTES PAS DE MASQUE ET SI TU PROMENES TON CHIEN OU SIMPLEMENT PARCE QUE TU AS LE TORT D'EXISTER DANS LA RUE , TU ES HORS LA Loi.

La jeune victime l'a déclaré hier : « j'ai peur maintenant ». Peur à la vue de n'importe quel uniforme, peur de représailles des polices parallèles, etc. Et ni les indignations des bobos ni les protestations des polichinelles politiques ne pourront désormais évacuer cette peur.

Quand on voit les cognes se laisser aller au racisme primaire (ils devaient penser que c'était un migrant en fuite!), on comprend vraiment les jeunes des banlieues dans leur volonté de harceler la voyoucratie policière.

Leur article 24 ils peuvent se le mettre au cul. De toute façon, maintenant, dès que je vois des flics, je sors ma caméra. C'est mon article 25.


PS: ce samedi 28, aucune solidarité ni prise de position visible sur le site du NPA pour le producteur tabassé Michel Zecler, nos islamo-trotskiens s'étaient pourtant précipités pour soutenir la machination des assocs chariteuses et de la bande des bobos à Méluche place de la République (Méluchon qui se sert des victimes pour booster sa campagne électorale). Un simple fait divers?



mardi 24 novembre 2020

Une instrumentalisation de migrants importés place de la République qui a fait le buzz

 

Soldats repos!

Chronique de la machination parisienne d'un symbole de polichinelles et du scoop inattendu d'un ministre de l'Extérieur

« Dans l'entreprise de déconstruction, l'ethnicisation et l'instrumentalisation du racisme ou du fascisme auront joué un rôle déterminant. A ce tire on ne soulignera jamais assez à quel point la grille de lecture imposée par le monde politique, médiatique et universitaire qui divise la société entre facho/pas facho, « raciste/antiraciste », aura contribué non seulement à exacerber les tensions identitaires, mais aussi à rendre illisible le conflit de classes au plus grand bénéfice de la classe dominante ». Christophe Guilluy (Le temps des gens ordinaires)

"Des gens sont venus nous voir pour nous demander de les suivre et de nous rassembler place de la République, dans des tentes, car ils nous ont dit qu'ils devaient nous distribuer ensuite à chacun une maison". Un migrant Place de la République

« L'Assemblée nationale doit justement voter mardi après-midi la proposition de loi controversée sur la «sécurité globale» qui pénalise la diffusion malveillante de l'image des policiers, au grand dam de ses opposants, vent debout contre un texte jugé «liberticide1».

Le Figaro écrit : « Après l'opération de police qui a délogé 2500 personnes dans ce camp au nord de Paris en début de semaine dernière, «800 sont restées sans solution d'hébergement», déplore Kerill Theurillat, coordinateur terrain de l'association Utopia 562. «On a décidé de visibiliser leur situation», ajoute-t-il. Dès 20 heures, les forces de l'ordre ont commencé à enlever une partie des tentes, parfois avec des exilés encore à l'intérieur, et sous les huées des militants et des migrants. Une heure et demie plus tard, le campement a été démonté ».

Le principal quotidien des bobos parisiens explique :

« Le témoignage effaré du vidéaste de Brut, Rémy Buisine, qui n’en est pas à sa première évacuation de campement et qui a lui même été frappé plusieurs fois lundi soir, est particulièrement saisissant. Il décrit des policiers plus déchaînés que dépassés, repoussant violemment les migrants, leur arrachant leurs tentes et pourchassant lacrymo à la main dans les rues alentour ceux qui tardaient à s’éloigner. Plusieurs vidéos montrent des groupes de migrants retourner ensuite en pleine nuit à pied en Seine-Saint-Denis, sans point de chute mais escortés ou plutôt encadrés par des voitures de police. C’est justement pour attirer les regards et alerter sur leur sort qu’ils avaient choisi République pour se rassembler, entourés d’avocats et d’associations. Mais de la République, ils n’auront goûté qu’à une opération de «dispersion» selon le mot utilisé par le ministre dans son tweet. Comme à la fin d’une manifestation qui dégénère. Sans ménagement donc. Et même avec un usage manifestement excessif de la force qui s’apparente à de la violence gratuite. Aux commandes de ce grossier déblayage, Didier Lallement, préfet de police de sinistre réputation qui s’est illustré dans la répression du mouvement des Gilets jaunes. Ce dernier pourrait cette fois avoir, enfin, des comptes à rendre. Le choc et la revanche des images non floutées ».

L'instrumentalisation des migrants par la gauche parlementaire bobo

Paris-Actu note : « Nouvelle soirée d'entrave au travail de la presse ». Mais le scoop inattendu est le lâchage de la politique par son présumé patron : « Le ministre de l’Intérieur a pris conscience que quelque chose avait dérapé. « C’est en tout cas ainsi qu’il a tweeté, affirmant en fin de soirée que devant les «images choquantes» qu’il avait vu circuler, il avait demandé au préfet de police un «rapport circonstancié» sur «la réalité des faits», promettant «des décisions dès sa réception» dans les heures qui viennent. Où comment prendre les devants, au moins en façade, alors que les images de violences des forces de l’ordre à l’encontre de migrants, d’abord, mais aussi de journalistes, ne peuvent qu’embraser encore un peu plus la scène politico-médiatique ». (Libération : Les images de la honte).3

Veut-on rendre la police victimaire à son tour ? En tout début de matinée, à son habitude Bourdin pose brutalement la question à Dati : « Est-ce que Darmanin doit limoger le préfet de paris ? », elle bafouille et botte en touche. Seul le petit chauve du sud, Ciotti, qui aspire à être ministre de l'Intérieur dans le cas d'un retour de la droite classique au pouvoir, lâche que Darmanin est lâche.

LA VERSION MATINALE DE FRANCE INFAUX

Le premier lièvre de la machination parisienne est lâché par un de ses organisateurs, comploteur de faible envergure cependant, Coquerel, un sous-fifre de Méluche. Il avait déjà fait sa déclaration préparée, ç'est à dire qu'il avait déjà : « appelé Gérald Darmanin à retirer "sa loi" ». Le député LFI était présent lundi soir place de la République au moment où des migrants ont été parfois violemment dispersés par la police. Il avait parlé de "répression totalement disproportionnée" et pointé du doigt le "fameux article 24" de la proposition de loi "sécurité globale"

Je me préparais mon café après avoir allumé la radio et je fus tout ouïe. Il est le premier à être interviewé ce matin dès potron minet, par France info. Il répond avec un calme olympien, ne s'énerve pas comme un vulgaire Besancenot et « veut calmer le jeu » alors que la colère espérée... n'éclate nulle part. Nul trouble ni indignation impulsive. Le scénario était écrit:

« On a assisté à une répression malheureusement pas inédite, c'est-à-dire totalement disproportionnée. Y avait-il un risque pour les policiers ? Non, ils en conviennent. Y avait-il le même risque pour une détérioration de matériel ? Non. Donc, cela a été une répression qui s'est abattue, je le rappelle, sur des gens qui demandent juste qu'on respecte leurs droits humains, sur des militants pacifiques, sur des journalistes et des élus sans distinction. Cela s'était déjà passé mardi dernier, alors cela avait été un peu plus dans le silence. Vous savez comme moi que des journalistes avaient été sommés d'arrêter de faire leur travail et certains mis en garde à vue. Et là, cette fois-ci, c'est un cran supplémentaire ». (…) Pour moi, il y a une chose évidente, c'est que si les policiers se permettent cela de cette manière-là dans les rues de Paris, c'est que cela a évidemment un lien avec la loi sécurité globale, c'est-à-dire qu'il n'y a plus aucun frein par rapport à cette répression ».  Maintenant, il faut absolument faire baisser la tension, faire baisser l'escalade qui est en cours et notamment retirer cette loi. Cela fait longtemps qu'on alerte le pouvoir sur le fait que les consignes, la manière dont ils appliquent une doctrine policière qui ne va pas dans ce pays depuis maintenant deux ans, qui a fait, je vous le rappelle, des dizaines d’éborgnés, des milliers de gardes à vue. Il faut absolument changer de doctrine. Pour commencer, il ne faut pas l'aggraver avec une loi de la surveillance généralisée et ce fameux article 24. Hier les policiers, mardi dernier c'était la même chose, empêchaient des journalistes de travailler. Imaginez que cette loi passe. (...). On se rapproche plus de ce que j'appelle un régime autoritaire, voire policier ».

Je n'y voyais pas malice, mais c'est l'interruption apparemment naïve de la journaliste, au cours de l'interview, qui m'a réveillé et permis de réfléchir : « est-ce que cette manifestation n'a pas été préparée en lien avec le vote à l'assemblée aujourd'hui de l'article 24 ? ». Coquerel écarte la question d'un revers de la main : « pfft cela relève de la théorie complotiste ». L'interview a poursuivi son cours avec un député au ton monocorde, comme satisfait de sa prestation courtoise et évidente.

Je me suis penché ensuite plus attentivement sur le témoignage du journaliste qui a pris un coup de pied au cul par un policier. Tout s'éclaira. Ci-joint la photo et le commentaire du journaliste Rémy Buisine sur le « repos » présumé des migrants réquisitionnés par les diverses assocs du parti bobo. Les tentes sont alignées militairement et les migrants assis tout habillés, masqués, dans l'attente de la descente de police dont chacun était au courant. Pour compléter le pitre Buisine on dira que c'est un repos... provocateur de petits soldats, malgré eux. Migrant jeté hors de sa tente « en train de se reposer », or il apparaît habillé de pid en cap et sac à dos, tout à fait en position pour jouer le cinéma de la provocation organisée.


Le plus vient des rangs mêmes des soi-disant protecteurs syndicaux de la police, qui apparemment veulent contribuer comme le patron ministre à la culpabilisation systématique de la police dès qu'il s'agit de l'immigration clandestine. Ce qui est appelé par tous les journaleux « un camp de migrants évacué à Paris », et non pas opération héliportée de la gauche bobo parisienne, permet au monsieur syndicaliste de chier à son tour sur ses collègues : «On voit des gestes inappropriés de la part de certains gendarmes ou policiers », reconnaît David Le Bars. Le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) estime que ce sont des images qui "nuisent à l'ensemble de l'institution »4. Comme coup de poignard dans le dos il a eu pire de la part des syndicrates de tout acabit, et il n'y a pas de raison que les policiers ne se fassent pas baiser régulièrement par les syndicats d'Etat, les ouvriers eux en ont perdu l'habitude et se passent d'eux lorsqu'ils veulent réellement se défendre. Ce comportement de lâchage du ministre et du sous-fifre syndicaliste nous interroge, j'essaie d'y répondre plus loin5.

Toutefois une remarque sur la « violence policière exagérée » du lundi soir. Franchement pas bien grave. Les flics ont déboulé la plupart tête nue, et ont commencé avec un gros camion benne à déménager les tentes (vides de vêtements) des pseudos insoumis migrants. Celui qui se fait rouler par terre, se relève tranquillement avec son sac à dos et s'éloigne. C'est cela qui émeut toute la bobologie parisienne, la même que feu Nuit debout, blanche et sans problème de loyer ?

Et puis s'en va pépère!

Qu'on compare à une véritable violence disproportionnée contre telle grève ou avec les yeux crevés des gilets jaunes, je veux bien mais là ce fut peu de chose. Eric Coquerel a sans doute un peu sali son pantalon. Et qui étaient les manifestants, déjà prêts à manifester depuis les rues avoisinantes ou parmi ces faux flâneurs qui tournaient dernière les tentes disposées au cordeau militaire ?

LFI va-t-il me trouver une maison?
Toute la racaille judiciaire, politique et journalistique : avocats, élus municipaux et journalistes constituaient le gros des troupes réunies pour parfaire la provocation organisée par leurs filières « humanitaires » (certes piètres comploteurs, comme ils le laissaient deviner et comme vous l'avez lu avec ce que j'ai mis en évidence en caractères gras) : installer en plein Paris sur une place de révolte symbolique des migrants pour enclencher une normale action policière contre cette provocation.

Je ne suis pas là pour défendre la police, mais n'importe quel gouvernement, y compris avec Coquerel comme ministre de l'Intérieur, aurait fait dégager manu militari et sans discussions de tels provocateurs sur une place centrale de Paris. On les laisse camper au bord des autoroutes ou dans le 19e, mais, peut-être pas les migrants manipulés, mais les zigotos de la gauche bobo, eux, savaient très bien que les flics seraient envoyés illico par le préfet, celui-là ou un autre. L'enjeu principal n'était pas et n'est toujours au fond de reloger les migrants manipulés mais de défendre les bobos journalistes et photographes6. Le buzz si bien orchestré par les plateaux du journalisme de commentaires permet d'abord de remplir le vide informationnel (après des semaines de faits divers avec plaidoiries et détails atroces) mais il est évidemment destinée à faire mousser « l'opinion », à l'intéresser au débat de ce jour au parlement pour faire plaindre journalistes et photographes « empêchés de faire leur travail ». Ce dont nous les prolétaires n'avons que foutre, ils veulent valider leur société « démocratique », qui les engraisse. On s'en fout nous que ce soit filmé ou pas les coups de la police ! Les prolétaires les gardent eux les coups et les handicaps. Les journalistes sont déjà passés à un autre sujet quand on est rentré chez nous. Aucun journaliste n'a fait autant de bruit pour lancer une campagne pour la suppression des LBD que pour cette misérable bousculade de représentants de la bourgeoisie.

Or, qu'ils filment ou photographient ces professionnels de l'information contestataire perverse ne servent qu'à deux choses, la première c'est de répercuter de façon « protestataire » la capacité de répression de l'Etat mais sans que cela y change quoi que ce soit, deuxio lorsque la répression est autrement plus virulente que la simple bousculade de bobos journalistes et de charlots avec écharpe bleu-blanc-rouge, cela ne change rien non plus (dixit les yeux crevés des gilets jaunes). Au lieu d'avoir mené campagne pour une suppression des LBD ou du délit de sale gueule, on nous bourre depuis des jours sur la liberté du voyeurisme des instruments du pouvoir élitaire, les journalistes et leurs potes des centres villes huppés ; ce qui est au demeurant la meilleure défense de la poubelle des réseaux sociaux et de la chasse islamiste à l'uniforme « français ».

LES SUIVISTES A LA RESCOUSSE...

« Le Monde avait écrit d'une manière un peu trop laconique: « A peine une heure après l’installation, les forces de l’ordre ont commencé à enlever une partie des tentes, parfois avec des personnes encore à l’intérieur, sous les cris et huées de militants et de migrants. Et c’est finalement sous les tirs de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement que quelques centaines d’exilés et leurs soutiens ont finalement été dispersés par les forces de l’ordre dans les rues de l’hypercentre de Paris ». A 11H30 L'immonde durçit le ton : « Les images du démantèlement brutal d’un camp de migrants place de la République à Paris.VIDÉO Des centaines de migrants, en grande partie des Afghans, ont été expulsés de la place de la République à Paris, parfois sous les tirs de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement ».

A 13H Ian Brossat, clone du PCF, adjoint de la mairie de Paris en charge notamment de l'accueil des réfugiés."La seule réponse des autorités, c'est la force. Et la force, en période de crise sanitaire, ce n'est pas acceptable". Il passe lui aussi à son tour à France Infaux. Le journaliste est sirupeux et complaisant, lui sert la soupe : « oui il y a une persécution policière... on n'est pas capable de les héberger...on les empêche de se poser sur le trottoir pour se reposer (c'est aussi minable que l'argutie du journaliste Buisine... surtout quand on voit les photos des « mobilisés ») ». Comme dans couloir de France infaux, on a dû avoir des remontées d'auditeurs qui trouvent eux aussi la ficelle un peu grosse, on lui repose la question de la matinale comme à l'autre polichinelle Coquerel, la réponse se veut évasive : « ...il y avait une volonté des associations de faire un symbole... ». Après c'est le bla-bla classique du bobo parisien qui se soucie des pauvres comme d'une guigne et de la migration anarchiste comme de son premier caleçon : « on les traite comme des chiens... l'hébergement des réfugiés c'est le rôle de l'Etat... nous avons tendu une perche à l'Etat ».

Ou un hochet ?

Il y a eu une floppée de journalistes rampant sur les autres plateaux jusqu'à Marianne, dont la ligne de conduite était de ne pas offusquer des collègues, certes comploteurs à la manque, mais corporation hâbleuse et fort bien rétribuée oblige ; j'en épingle un7. Il ne manquait plus que les islamo-gauchistes. Ils ne rappliquent qu'en début d'après-midi sur le site du NPA, preuve qu'ils n'ont pas été invités au complot minable, aussi ne manquent-ils pas de rajouter la petite touche antiraciste, mais sur un ton un peu moins hystérique que l'orsqu'il s'agit de glorier leur activisme débridé et phraseur (mais inclusif). En tout cas, soutien total des bobos aux grands bobos !

« Hier soir, sur ordre de la préfecture, les forces de police ont violemment démantelé un camp de migrantEs qui s’était installé un peu plus tôt place de la République à Paris. Avec laide de différentes associations de solidarité avec les migrantEs, plusieurs centaines de tentes y avait été installées suite à lévacuation du camp de porte de Paris à Saint-Denis il y a tout juste une semaine. Sous des tirs de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement, avec un usage intensif de la matraque, des centaines de migrantEs ainsi que différents soutiens et même des éluEs ont été violemment dispersés dans les rues alentour.

Unis contre les politiques racistes, pour laccueil des migrantEs et la défense des libertés de touTEs, la mobilisation va continuer ces prochaines semaines, avec en particulier lacte 4 des sans-papiers et des manifestations dans tout le pays le 18 décembre, mais aussi avec les initiatives contre toutes les lois liberticides visant à museler la solidarité et le combat contre les violences policières telles quon les a encore vues hier soir ».

Soldats, garde à vous!

UN ETRANGE MINISTRE DE L'EXTERIEUR

Je vous l'ai gardé le meilleur pour la conclusion. Décoiffant ce Darmanin qui commence par enfoncer sa propre police (comme son gougnafier prédécesseur) à laquelle il avait donné carte blanche, la prévenant de pas taper trop fort surles collègues bourgeois... Et qui a relativement bien fait le boulot comme je l'ai démontré. Raison de la position couille molle de Darmanin, comme Castaner c'est un pitre sans caractère, reflet d'un Etat faible. Ce qui se vérifie à chaque fois, cet Etat a cédé pour les élections municipales à la droite sénatoriale comme il avait dû plier face aux « ploucs » gilets jaunes, comme il plie face à l'intelligentsia universitaire indigéniste, comme il rampe sous la terreur des conséquences de la pandémie...

Et du fait aussi qu'il n'y a pas d'opposition crédible, il faut que le personnel de l'Etat joue à la fois le bon et le gentil. Le vidage des lieux occupés de manière provocatrice et organisée, sans aucun but humanitaire, en temps normal, n'importe quel ministre de l'Intérieur aurait assumé, et n'importe quel Etat « prolétarien »...

En tout cas quels qu'aient été les tortillages du cul de Darmanin, le projet de loi "journalicide" a été adopté cet après-midi au parlement.


NOTES

1La proposition de loi pour « une sécurité globale », portée par les deux députés LRM Alice Thourot (Drôme) et Jean-Michel Fauvergue (Seine-et-Marne), est devenue un sujet hautement politique, suscitant quelque 400 amendements pour son dépôt en commission.

2Utopia 56 est une association créée en novembre 2015 en Bretagne pour encadrer le bénévolat qui se déployait alors sur la jungle de Calais. Avec des actions 24h/24 et 7j/7 sur le terrain, plus de 150 bénévoles sont mobilisés chaque jour pour des maraudes de distributions, des maraudes d’informations et de l’hébergement solidaire, à Calais, Grande-Synthe, Lille, Paris, Rennes, Toulouse et Tours. Notre association est citoyenne et financée à 70% par des dons de particuliers. Les 30% restant proviennent d’associations, entreprises et fondations soumises à charte éthique. Nous ne recevons ni n’acceptons d’argent de l’Etat

3« Certaines images de la dispersion du campement illicite de migrants place de la République sont choquantes. Je viens de demander un rapport circonstancié sur la réalité des faits au Préfet de police d’ici demain midi. Je prendrai des décisions dès sa réception ». Le midi il ne s'est rien passé...

4Ce brave Le Bars précise les choses ainsi :  "Certaines images posent questions", a convenu David Le Bars : "Je pense à des gestes gratuits qui sont de l'ordre du croche-pied qui est fait à quelqu'un qui court pour le faire chuter ou à des coups portés à des journalistes qui sont là pour faire leur travail et qui visiblement, c'est l'enquête qui va le démontrer, ne semblent pas user d'une force illégitime face aux gendarmes ou aux policiers. Ces images nuisent à l'ensemble de l'institution ». Aucune force illégitime sauf subir les pires injures, se faire cracher dessus, ou bousculer violemment sans avoir le droit de répondre... Il est vrai que les caïds policiers sont bien au chaud derrière leusr bureaux et à mater de loin avec les camémen de terrain ,y inclus les potes journalistes!

5La secrétaire au logement, Emmanuelle Wagon, prend le train en marche un peu plus tard elle aussi, concédant des gestes inappropriés de la part des policiers, mais s'est autorisé à glisser un clin d'oeil, pour faire sourire ses collègues dans les couloirs du pouvoir et de l'opposition : « il y a beaucoup d'instrumentalisation dans cette affaire » (sic!).

6Cette manip des immigrés n'est vraiment pas nouvelle, j'en ai porté témoignage maintes fois dans mes articles et mes livres. La défense des immigrés expulsés de certains quartiers par les rapaces de l'immobilier (à laquelle j'ai participé) a servi à ces gens que j'ay ai croisés, Geismar et Foucault en particulier, à dorer leur notoriété médiatique. Après les immigrés se retrouvent toujours livrés... à eux-mêmes et aux emmerdes policières administratives.

7D'ordinaire simple cire-pompe de Zemmour, Marc Menant s'est montre très vil sur C News, déclarant qu'on devrait mieux former les policiers, qu'il suffisait d'éparpiller les migrants (mais pas les députés et journalistes bourgeois) concluant qu'onles traitait avec légèreté comme l'homme ravalé à l'état de chien. Quand est-ce qu'ils remisent ce connard dans un Epahd ?

lundi 23 novembre 2020

AUX ORIGINES DE L'ISLAMO-TROTSKISME


L'éternelle faillite du trotskisme mais une nocivité anti-révolutionnaire patente


« La connerie c'est comme le judo, il faut savoir utiliser la force de l'autre ». Jean Yanne


 Le 23 septembre 1938, dans son article « La lutte anti-impérialiste », le judoka Trotsky tient les propos suivants : « Il règne aujourd'hui au Brésil un régime semi-fasciste qu'aucun révolutionnaire ne peut considérer sans haine. Supposons cependant que, demain, l'Angleterre entre dans un conflit militaire avec le Brésil. Je vous le demande : de quel côté sera la classe ouvrière ? Je répondrai pour ma part que, dans ce cas, je serai du côté du Brésil "fasciste" contre l'Angleterre "démocratique". Pourquoi ? Parce que, dans le conflit qui les opposerait, ce n'est pas de démocratie ou de fascisme qu'il s'agirait. Si l'Angleterre gagnait, elle installerait à Rio de Janeiro un autre fasciste, et enchaînerait doublement le Brésil. Si au contraire le Brésil l'emportait, cela pourrait donner un élan considérable à la conscience démocratique et nationale de ce pays et conduire au renversement de la dictature de Vargas »

Sans nous intéresser du tout aux méandres de la pensée du Trotsky en kimono déchiré1, il faut reconnaître que ses ouailles ont toujours eu une réputation en berne, qu'ils n'ont pas de chance en tout cas pendant leur exceptionnelle longévité politique de caméléon (...Trotsky!) et de girouettes politiques. On les a toujours affublé d'une étiquette sous forme de deux mots composés : hitléro-trotskistes selon les staliniens pendant et après la guerre (et il y a effectivement eu un clan trotskien qui avait choisi la collaboration mais toujours avec la même tactique foireuse, duper l'allié circonstanciel2) ; puis, plus près de notre époque, trotskistes-guévaristes quand d'autres étaient mao-spontex. De nos jours sans pouvoir interdire au public d'entendre le sobriquet « islamo-gauchiste » qui les met à poil et leur hérisse le poil, ils préfèreraient certainement des sobriquets diversifiés, adaptés à leur traditionnelle politique girouette : trotskistes-féministes ou trotskistes-antiracistes, ou trotskistes-écologiques, etc. Heureusement seuls des fascistes se permettent d'user du sobriquet infâmant même pour Allah, qui n'est pas trotskiste et encore moins gauchiste ; notons en passant qu'ils ont eu droit aussi au qualificatif de « lepénotrotskistes »3. On a le droit infini de composer avec les sobriquets comme avec les lego.

Depuis l'après-guerre, en effet, le trotskisme avec ce judo politique renversant et débile qui lui sert de base politique référentielle, a toujours été le Poulidor de l'extrême gauche bourgeoise, en tout cas l'éternel perdant qui se démenait, à chaque concours, pour rester dans la course même en sachant qu'elle était truquée.

Le sobriquet fait partie de l'histoire politique, il est un raccourci facile, pas toujours clair ni explicite, mais il est de bonne guerre dans la guerre des mauvaises fois. Il est à ce jour la meilleure réponse, destructrice même, à cette autre invention plus vicieuse, le terme islamophobie, qui du coup est affaibli même si les troupes activistes gauchistes le hurlent désespérément de façon incantatoire comme leurs dénonciations dérisoires d'un fascisme inexistant, à moins qu'ils ne sachent pas qu'ils sont assis sur... l'islamo-fascisme.

C'est une autre histoire sur laquelle je ne m'apesantirai pas aujourd'hui, convenant que sur le fond islamisme et fascisme ont la même caractéristique : celle de tuer indistinctement au couteau ou à la hache.

LE CADAVRE DU TROTSKISME BOUGE ENCORE MAIS CE N'EST QU'UN EFFET D'OPTIQUE

Je n'ai cessé de le dire et de l'écrire depuis 50 ans, l'extrême gauche moderne n'aura été qu'un bâtard du stalinisme moribond, dont la pourriture finale a donné lieu à la survivance des microbes gauchistes mais surtout à cette tâche verte (islamiste) – dont j'ai parlé dans l'article précédent - qui apparaît une vingtaine d'heures après le début de putréfaction du cadavre sur la paroi de l'abdomen, à peu près là où se situe l'appendice. Cette tache verte est l'un des premiers signes visibles de la putréfaction. « Elle correspond à la migration des pigments des matières fécales qui traversent les parois et qui apparaissent en surface », nous dit un spécialiste. Et ça pue de plus en plus.

Une parenthèse sur le sobriquet « gauchiste », qui est en tous les cas utilisé depuis aussi 50 ans péjorativement. Le rédacteur du site anarchiste « Sans patrie ni frontières » (de classe) se croit malin de poser au professeur d'histoire en rappelant que le terme est un label déposé, qu'il désignait de vrais opposants à Lénine quand les trotsko-gauchistes ultérieurs ne sont devenus que de vrais opposants à la laïcité (j'exagère mais il y a du vrai concernant la mystique militante antifa). On s'en fout, chaque époque met ce qu'elle veut dans les sobriquets anciens ou nouveaux. Zemmour se définit bien comme gaulliste alors qu'il est plutôt pétainiste. On a longtemps désigné comme ultra-gauche le mouvement maximaliste actuel, résiduel, qui se réclame de la tradition révolutionnaire « allemande et italienne », alors que ce sobriquet désigne aujourd'hui un ramassis de marginaux, adeptes de l'émeute, distraction de bobos bien nourris, sponsorisés par les éditions de l'insurrection qui venait via La Fabrique de l'incendiaire Eric Hazan, qui brûle à sa façon tout passé révolutionnaire sérieux. La décadence de la société actuelle systématise la destruction de la mémoire comme on avait caché le massacre des juifs même après 1945.

En 2015 Daech brûla 2000 livres au sein de la bibliothèque de la ville irakienne de Mossoul. Cette destruction systématique des biens culturels par ce genre de fanatiques a été pratiqué par Hitler et Staline. La pratique d'effacer le passé troublant de tel chef de parti (Marchais au STO, le pote de Mitterrand Bousquet chez Pétain, etc.) est courante dans la plupart des gouvernements et partis politiques, mais elle est généralement démasquée par l'histoire au long cours.

APRES LA CENSURE STALINIENNE L'EFFACEMENT ISLAMO-TROTSKIEN

Les grossières falsifications photographiques du régime stalinien viennent à l'esprit mais en oubliant tant de livres réécrit sur commande, censures sur des classiques de Marx et Engels, réinterprétation de faits historiques à la faveur de tel ou tel potentat ou bureaucrate ?  Il s'agissait pas simplement de minimiser le rôle effectif de telle ou telle personnalité, mais également de montrer que les dirigeants adorés n'avaient jamais été en contact avec certains leaders devenus infréquentables.

C'est ainsi que par exemple, la secte néo-stalinienne Lutte ouvrière avait fait disparaître son affiche


la plus honteuse « Le 10 mai, sans illusion mais sans réserve, VOTONS MITTERRAND », que je me suis soucié de reproduire en quatrième de couverture de mon histoire du trotskisme moderne en 2002 (inégalée à ce jour).

Pour le principal parti islamo-gauchiste, le NPA hystérique, c'est bien pire tellement il y a de couleuvres à éliminer pour les décennies écoulées. On choisissant de laisser tomber le prolétariat pour les peuples et les sexes libérés, ce courant trotskien ne renie pas que la révolution russe mais ne sait pas ou fait mine d'oublier qu'il a fallu des années aux bolcheviques pour calmer les nationalismes musulmans locaux , croyance arriérée qui fut un des pires ennemis de la révolution prolétarienne. Les bolcheviques ne firent aucune concession au port arbitraire du voile, et furent très durs face aux viols ou assassinats ou emprisonnements des femmes qui refusaient de porter le voile, loin de la soumission actuelle des rigolos féminsites du NPA : « A partir de 1920, la lutte contre les préjugés religieux se matérialisa dans les mesures relatives à l'émancipation de la femme musulmane, souhaitée dès le lendemain de la révolution par différents congrès féministes. Ils émirent des vœux réclamant l'abolition de la polygamie, de la claustration, du port du voile, du mariage des mineures. En dépit des décrets pris dans le même sens par le pouvoir central, ces réformes se heurtèrent à l'hostilité des mollahs, des vieillards, et quelquefois même à celle des membres musulmans du parti communiste »4

On va se contenter simplement ici de ressortir de nos archives la compromission de nos trotskiens de la dernière heure avec l'islamisme, qui démontre bien la collusion de ces cuistres depuis le début des années 2000. Vous n'en trouverez nulle trace sur leur site, soigneusement nettoyé après chaque virage, sans compter les photos de meetings compromettant avec un violeur bien connu désormais et des apologistes du crime islamiste qui veulent continuer à taxer l'Etat français sous prétexte d'action humanitaire communautariste mais catéchèse islaminguante (CCIF et Cie).

Vous ne trouverez pas le compte-rendu de la présence du NPA en 2003, (parce qu'il est encore dans les limbes, il naîtra en 2009), mais sa maman la LCR est bien là à l’occasion du Forum social européen de Saint-Denis. Des centaines d’ONG, des dizaines de milliers de militants sont réunis lors de ce grand rassemblement altermondialiste. Mais c’est la présence d’un homme qui va créer à elle seule la polémique : le théologien musulman Tariq Ramadan, invité à débattre avec José Bové, de la Confédération paysanne, et Daniel Bensaïd, de la Ligue communiste révolutionnaire. Vous ne retrouverez pas la photo de Bensaïd aux côtés du justiciable Ramadan, devenu la honte des féministes bcbg du NPA5.

Vous ne trouverez pas plus le compte rendu ni les clichés de ce qui s'est passé le vendredi 6 mars 2015 à la Bourse du travail de Saint-Denis. L’appel à tenir meeting « contre l’islamophobie et les dérives sécuritaires », avait été signé par 88 associations (et relayé par Mediapart). La salle était pleine avec un public, genre jeune lycéen éduqué, des keffiehs et un certain nombre de femmes voilées, plus quelques tee-shirts « Va t’faire intégrer » ou « Free Palestine ».

Les organisateurs : l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), Oumma.com, le collectif Mamans toutes égales et l'organisme louche, pas encore déniaisé, le CCIF (Comité contre l’islamophobie en France). Les associés : le NPA, Attac, le Syndicat de la magistrature, Alain Gresh du Monde diplo, l’Union juive française pour la paix, le PCF, le FDG. Au centre l'oecuménique jeune Parti des indigènes de la République, qui préside en sous-main la soirée. EELV s'était intelligemment retiré de l'invitation à cette sordide rencontre de faux-culs.

 Avant de ressortir des cartons d'autres effacement, revenons en arrière. C'est à la fin des années 1970 qu’on a commencé à observer des "liaisons dangereuses", partout en Occident, entre des franges de la gauche et l’islam politique. Tout aurait commencé, selon certains, avec le "péché originel" de l’extrême gauche, à savoir le soutien aveugle et naïf à la « révolution iranienne » de 1979. Je vais y venir plus bas, en réalité il faut remonter au scandaleux soutien, physique et intellectuel, à l'intronisation des pires potentats du tiers-monde au début des sixties. À la fin des années 1970, les trotskysmes, avec des intellos comme Foucault, ont cru voir en Khomeiny, ainsi qu’en l’islamisme, une nouvelle radicalité politique à même de prolonger voire de se substituer au marxisme-léninisme. "Certains ont ensuite cru, a dit un Jean-Yves Camus, et croient toujours, que l'anti-occidentalisme de Sayed Qutb, ou l'anti-impérialisme, même lorsqu'il se limite au rejet des États-Unis, d'Israël et de l'Occident, suffisent à faire d'un islamiste un homme de gauche ».

Comme je le raconte dans mon histoire du trotskisme, la LCR venait de sortir échaudée d'une lutte armée fantasmatique, ridiculisée par la bande à Baader et avait révisé sa cuti dans un sage syndicalisme autogestionnaire. Le Chili avait été une parenthèse pour s'époumoner encore et toujours contre un fascisme disparu. Certes la réaction d'ampleur du prolétariat iranien à la chute du Shah nous avait tous épatés. Pas pour longtemps. Des articles paraissent, enthousiastes, la description fait penser à la révolution de 1905 en Russie. Mais comme je l'écris dans mon bouquin (p.89) : « Les trotskiens de tout bord adhèrent à cette merveilleuse description, comme ils s'étaient laissé bercer à l'idée d'un printemps bolchevique portugais, mais sont vite refroidis par la chape de plomb de la dictature des mollah. La section iranienne de la IV ème Internationale, le HKS (Hes Karigar Socialiste), comme les autres partis de gauche, avait soutenu le possible Kerensky de la révolution iranienne, l'ayatollah Khomeiny dont le seul mérite était de s'opposer à l'impérialisme américain. Lors de la guerre Iran-Irak, les trotskiens iraniens participèrent à l'effort de guerre : « … non pour soutenir le gouvernement de Téhéran mais pour défendre une révolution dont ils espéraient, vu les immenses manifestations qui parcouraient le pays, qu'elle pourrait transcroître en débordant les intégristes ».

Bourseiller complète le tableau avec l'autre branche trotskienne la plus louche et la plus bizarre : « En 1979, quand les mollahs s’emparent du pouvoir en Iran, l’Organisation communiste internationaliste (OCI), trotskiste, apporte son soutien à l’ayatollah Khomeiny : « La crise révolutionnaire est ouverte en Iran. La révolution est inévitable », s’écrie l’organe du mouvement, La Vérité, en février 1979. Derrière la révolution islamiste se profile la révolution prolétarienne... ».

Conclusion du drame des militants iraniens qui y laisseront leur peau, on les salue honorablement et on passera à l'ordre du jour de la nouvelle pirouette un nouveau comme-back vers le prolétariat européen. Dans sa présentation au XI ème congrès mondial de la IV ème internationale, Michel Lequenne (que j'ai eu l'occasion d'interviewer longuement) est cynique : « il fait passer sous la table la position nationaliste de ses jeunes camarades iraniens en saluant leur combat initial aux côtés des prolétaires « les plus avancés » de l'industrie pétrolière puis leur emprisonnement final », avec cette fleur de rhétorique digne d'un judoka à la manque : « (la section iranienne) a été le premier courant du mouvement ouvrier à subir la répression la plus dure des khomeinistes ». Et je fais la remarque suivante à laquelle Lequenne ne pourra pas répondre : « Où est donc le triomphe révolutionnaire prolétarien face à la victoire de l'intégrisme islamiste ?(page 90).

Dans mon histoire des trotskismes français j'ai oublié de mentionner un élément important, ces anti-US primaires sont en général devancés et cornaqués par leurs collègues américains et anglais à chaque coup de barre politique.

Comme le raconte brillamment Christophe Bourseiller6, les gauchistes Britanniques avaient été les premiers à pratiquer les alliances avec l’islam politique. « Après les attentats de 2001, et en réaction au présumé racisme grandissant, des trotskystes du Socialist Workers Party (SWP) s’allièrent aux islamistes de la Muslim Association of Britain (MAB) au sein d’une coalition électorale nommée Respect Party . D’un même mouvement, on verra alors dans plusieurs pays francophones d’étranges ponts se former entre gauche radicale et islam politique, que ce soit à l’occasion de manifestations contre la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école, de marches contre la politique de colonisation d’Israël ou de conférences contre le racisme. L’évènement faisant date à l’époque étant la participation de Tariq Ramadan au Forum social européen de 2004 – un évènement pourtant porté par des altermondialistes ».

LA REDEMPTION DES LIBERATIONS NATIONALES

Pour comprendre les revirements et modes trotskiennes successives, il faut remonter, comme je l'ai signalé plus haut, à la vogue des indépendances nationales orchestrées par les deux blocs de la guerre froide pour régenter désormais le monde sous leurs seuls auspices. Abandonnant tout défaitisme révolutionnaire avec le même mépris pour la classe ouvrière des pays développés, mépris que leurs petits fils afficheront à nouveau en agitant le drapeau de l'islam dans nos années 2000, les activistes trotskistes européens ont été porter les valises des nationalistes arabes et africains. La libération de ces colonies européennes fût non une révolution moderne, ni une quelconque libération des peuples, mais une catastrophique succession de dictatures parfois pires que celle des anciens colonisateurs, où population démunie et classe ouvrière furent traités comme des chiens par les nouveaux bureaucrates étatiques. Pas de quoi être fier d'avoir collaboré à l'installation de potentats cyniques aussi exploiteurs que les colons, mais un trotskiste, en bon stalinien, sait qu'il n'est rien de plus facile que d'effacer la mémoire7. Mais effacer la mémoire n'est pas forcément suffisant. Par exemple les vieux staliniens vous objectent jusqu'à la tombe que l'URSS a tout de même écrasé Hitler (sans préciser... grâce au prêt-bail et aux chars US repeints avec l'étoile rouge). Macron fait passer Jean Moulin pour un libérateur de la France sans préciser que son martyre a surtout servi la bourgeoisie ni que le Front populaire a servi à annihiler la force de la classe ouvrière. On verra que les vrais inventeurs du décolonialisme sont forcément les trotskistes désireux de faire oublier leur sordide collaboration à l'intronisation de faux régimes « socialistes » s'abreuvant du sang de leurs classes « inférieures » tout en restant soumis, avec ce lâche « soutien critique » aux puissances capitalistes dominantes dont la Russie capitaliste de Khrouchtchev.

EN CONTINUITE AVEC LA LIBERATION NATIONALE, LA LIBERATION ISLAMISTE

Vous l'avez compris le judoka trotskien se fiche de ses comparses islamistes et de leur cinéma religieux, il feint et joue au « défenseur du peuple opprimé », plaide pour le respect « dans la démocratie » de la culture musulmane. Seul compte le jour où il va damer le pion à ces imbéciles (dixit idiots utiles) comme il en a rêvé face au FLN, au FNL, à Khomeini... Quoiqu'on se doute de qui baisera finalement l'autre, mollah et islamistes portant un kimono plus large.

Voyons le langage hystérique d'aujourd'hui qui est le même qu'hier au temps de la IV ème internationale tiers-mondiste :

« Hier soir, on a appris que le ministère de l’Intérieur venait de notifier, par courrier, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) de son intention d’engager un projet de dissolution. Gérald Darmanin met ainsi ses menaces à exécution et affirme agir « conformément aux instructions du Président de la République et du Premier ministre ». 

En s’en prenant de la sorte à une organisation dont le rôle est de combattre les violences et discriminations islamophobes, entre autres et notamment par un accompagnement des victimes et par la publication d’un rapport annuel dressant un état des lieux de l’islamophobie en France, le pouvoir franchit un cap supplémentaire dans sa politique autoritaire. Alors que le contenu du pré-projet de loi « séparatisme » (rebaptisé « confortant les principes républicains ») vient d’être rendu public, confirmant que le gouvernement poursuit sa fuite en avant autoritaire et islamophobe, la volonté de faire taire le CCIF et, à travers lui, celles et ceux qui se dressent face à la stigmatisation et aux discriminations contre les musulmanEs, est révoltante.  (…) Le NPA condamne cette attaque contre le CCIF et assure ses animateurEs et ses bénévoles de tout son soutien dans leur indispensable action contre l’islamophobie. C’est l’ensemble du mouvement social et du mouvement ouvrier qui devrait aujourd’hui se dresser contre cette nouvelle mesure autoritaire : il en va de l’avenir du combat antiraciste et, plus globalement, de l’ensemble des luttes de notre camp social ».

On a rameuté tous les particules, sectes de gauche et divers assocs communautaristes, et le communiqué suivant est publié sur le site policier Médiapart :

« Suite aux assassinats de Conflans et de Nice, plus de 30 syndicats, associations et forces politiques prennent position pour que ces attentats ne soient pas « instrumentalisés pour stigmatiser ». (…) Prendre le prétexte de convictions religieuses ou politiques pour attenter à la vie de celles et ceux qui ne partagent pas les mêmes idées met en danger toute la société, en premier lieu les femmes. Nous défendons la liberté d’expression et d’association.(...) Nous affirmons aussi notre soutien aux personnes, collectifs, associations, syndicats qui sont accusé∙es par leurs actions contre le racisme de collusion avec cet attentat, notamment à travers la qualification d’« islamo-gauchiste », terme qui ne repose sur aucune réalité. Nous dénonçons la vague médiatique et sur les réseaux sociaux contre toutes celles et ceux qui luttent pour la liberté et l’égalité et assurons en particulier les personnes directement menacées par l’extrême droite de toute notre solidarité. Ces assassinats ne doivent pas faire le jeu des forces réactionnaires qui souhaitent les utiliser pour diviser la société. Nous réitérons notre opposition au projet de loi « séparatisme » qui n’a rien à voir avec la laïcité et tout à voir avec une campagne raciste et liberticide visant à diviser la société française » (…) « Mais il n’est pas trop tard : face à ce déchainement de haine, une riposte unitaire, alliant organisations syndicales et politiques, associations antiracistes et collectifs musulmans, est plus que jamais à l’ordre du jour, pour combattre l’islamophobie, d’où qu’elle vienne, des sommets de l’État ou de l’extrême droite la plus rance. Montreuil, le 26 octobre 2020. ».

Avec la stratégie « parle à mon cul, j'ai mal à ma tête », ce type de communiqué pratique l'art bête et méchant de l'esquive ; il faut noter que les bonzes de la CGT s'associent désormais systématiquement à cette islamophilie galopante. On commence pas dénoncer l'instrumentalisation du crime comme ce pompier qui assure que le feu a été éteint avant de s'allumer. En même temps est dénié la revendication du crime, pas catholique mais islamique, pour ensuite introduire deux choses qui n'ont rien à voir, la liberté d'association n'est nullement interdite et l'extrême droite n'a tout de même pas égorgé les personnes agenouillées ! Ah si la liberté d'association des potes islamistes qui est défendue, comme était défendue la libération de Khomeini, qui allait ouvrir la voie à la révolution iranienne... bolchevique.

Le Communiqué du PIR en soutien aux assocs (et escrocs) larguées par l'Etat français, aurait pu être rédigé aussi par le NPA, c'est le même raisonnement « anticapitaliste » nunuche avec ce chatoyant ton islamiste et alarmiste: « Nous tenons à saluer la dignité, l’intelligence et la combativité dont ont su faire preuve Barakacity et le CCIF face à la machine répressive de l’Etat confortée par une ignoble campagne médiatique. Nos frères et soeurs ont raison d’internationaliser leurs activités. Les musulmans ne se laisseront pas enfermer dans ce face-à-face provincial avec un gouvernement ayant fait le choix de la course au racisme avec les mouvements d’extrême droite, représenté par des provocateurs vulgaires défendant un chauvinisme suprémaciste. L’islamophobie d’Etat, au-delà des spécificités nationales françaises, est un phénomène global. La résistance des musulmans et des peuples du Sud aussi ». 

Quelques mots sur la liberté d'association que devrait conserver l'honorable CCIF, par un journaliste qui se veut non sectaire, et qui défend sa conservation « utilitaire »8 :

« De même, l’étude des rapports annuels du CCIF est particulièrement révélatrice de sa propension à faire passer pour «islamophobe» n’importe quel événement mettant en cause des musulmans ou affectant d’une manière d’une autre l’image de l’islam. Car l’association ne ne se contente pas, comme elle le prétend, de dénoncer des actes tombant déjà sous le coup de la loi française. Bien au contraire, sa conception très personnelle du «délit d’islamophobie» l’amène non seulement à contester les limites traditionnelles de la liberté d’expression, mais aussi à prendre fait et cause pour des individus en délicatesse avec la justice. Ainsi le CCIF a-t-il recensé comme «actes islamophobes» les expulsions de Orhan Arslan, Omer Oztürk et Midhat Güler (membres du mouvement «Kaplan» prônant le recours à la violence et au terrorisme); la fermeture de l’école coranique de Grisy-Suisnes (suite à l’agression particulièrement violente de trois journalistes); la fermeture à Levallois d’une mosquée utilisée comme centre de recrutement djihadiste; ou encore l’expulsion d’Abdelkader Yahia Cherif (accusé par les Renseignements généraux d’appel au jihad et d’apologie du terrorisme suite aux attentats de Madrid), lequel avait notamment déclaré au Télégramme de Brest«Quant aux attentats américains et espagnols, il n’y a pas de preuve absolue de l’implication d’islamistes. Cette version a été contestée. Et si c’était eux, s’ils ont fait ça, chacun ses convictions…» ? Le CCIF ne se pose pas uniquement en défenseur de la liberté de religion: il prétend également mener son combat au nom des droits des femmes. En effet, farouchement opposé à la loi du 15 mars 2004 (sur l’interdiction des signes religieux ostentatoires à l’école) et à la loi du 11 octobre 2010 (sur l’interdiction de la dissimulation du visage dans l’espace public), le CCIF en réclame l’abrogation au nom de «l’égalité des sexes et [de] l’autonomisation des femmes». Le Collectif laisse entendre que ces législations seraient responsables de «la mise à mort sociale des femmes musulmane. Or, ce procès de la législation française –entièrement tourné vers la défense du «choix» des femmes voilées– fait litière de l’expérience des jeunes filles et des femmes contraintes de porter un voile. Le CCIF veut donc ignorer que la loi de 2004 a fourni une excuse légale à certaines jeunes filles pour échapper aux pressions familiales et/ou communautaires, en dépit de la somme de témoignages accablants recueillis par la commission Stasi. Ainsi l’historien Patrick Weil, au départ défavorable au principe de l’interdiction, a justifié son revirement au regard «des témoignages de parents musulmans qui [avaient] dû retirer leur fille des écoles publiques et les placer dans des établissements privés catholiques où elles n’étaient pas soumises à une pression constante pour porter le voile». Dans le même registre, le CCIF prétend qu’«aucun de ceux et celles qui prétendent que les femmes portent le voile intégral contre leur gré n’a été en mesure de démontrer la réalité de cette contrainte». Or, si les rares études sociologiques sur le sujet montrent que le port du niqab procède généralement d’une démarche personnelle, la réalité judiciaire atteste cependant que les cas de contrainte ne sont pas un fantasme islamophobe ».

DANS LA FABRIQUE DE L'IDEOLOGIE ISLAMO-GAUCHISTE

Obono, Mélenchon et tutti quanti viennent du bain trotskien. La député LFI Danièle Obono, elle même ex-bébé trotskien, s'est vu reprocher d’avoir participé aux 10 ans du Parti des indigestes de la République (PIR). Elle s’est ensuite défendue auprès du Monde, disant ne jamais avoir «été adhérente du PIR» : «Je ne suis pas d’accord avec eux, mais ce n’est pas l’enjeu des discussions qu’on doit avoir sur l’antiracisme.» Avant d’expliquer que «le PIR fait partie du mouvement antiraciste. [...] Je défends l’idée de se battre à côté de gens qui ont des désaccords avec moi». C'est le même monde de la fabrique exutoire du honteux passé politique du trotskisme girouette. Des voisins/voisines qui s'entraident pour enfanter des théories farfelues toujours au nom d'un droit des peuples à être... dupés et sommés de désigner autre chose que le capitalisme mais les blancs « colonisateurs » au profit du règne du nouveau bonheur humain, le communautarisme qui a le droit de réinventer l'histoire du point de vue du plus petit dénominateur commun aux opprimés des siècles et des siècles, les non-européens. Le monde ne doit plus être sauvé du capitalisme, mais du racisme, de la laïcité sectaire et rembourser au mieux les descendants des esclaves. Dirons-t-il un jour ce qu'ils doivent au grand théoricien multiculturaliste, cuisinier idéologique et fondateur de la LCR, feu Daniel Bensaïd ? Toute cette marmite sent la soupe arriviste.

Il y a une petite bourgeoisie diplômée, dit Nicolas Lebourg, qui a des obsessions identitaires qu’elle exprime, avec beaucoup de bruit pour y trouver un capital social, sous la forme d’un bien culturel que ses ennemis nomment "islamo-gauchisme".

Retour en arrière encore sur des événements qu'on pouvait voir célébrer sur le web., laboratoires en quelque sorte de l'idéologie islamo-gauchiste Avec le concours de notre ami Bourseiller, toujours aussi précis et percutant :

« ...en octobre 2004 lors du Forum social européen de Londres, un rassemblement altermondialiste qui voit converger des militants de toute l’Europe. Ceux-ci observent avec circonspection une réunion de femmes voilées, protégées par un service d’ordre trotskiste. Mieux encore : la vedette du Forum social européen, qui prend la parole et recueille une ovation, est le théologien Tariq Ramadan.

Le surgissement de Tariq Ramadan en 2004 mérite une explication. Nous savons que dans l’esprit des activistes d’extrême-gauche, les islamistes sont les victimes d’une islamophobie injustifiée. Les soutenir, c’est par ailleurs se mêler aux masses arabes. La TSI appelle ainsi à défendre « le droit des femmes à porter le voile ». L’ennui, c’est que les islamistes sont très divisés entre eux. Lesquels doit-on soutenir ? Le choix de la TSI se porte rapidement sur les Frères musulmans, et principalement sur Tariq Ramadan. Les révolutionnaires veulent en effet privilégier les islamistes qui leur semblent porteurs d’un message social. Or, la stratégie des Frères musulmans est celle de l’islamisation progressive des sociétés laïques.

Dans la mouvance des Frères musulmans, Tariq Ramadan passe en outre pour un « gauchiste », car il met en avant la stratégie des dispositifs d’aide. Si quelqu’un mérite le qualificatif d’islamo-gauchiste, c’est alors sans doute lui. Il incarne aux yeux des islamistes une « aile gauche » des Frères musulmans. Il constitue en tout cas dans les années 2000 la principale passerelle entre l’extrême gauche trotskiste et les Frères musulmans.

En France, le mouvement le plus impacté par la nouvelle convergence est donc la Ligue communiste révolutionnaire, qui devient en 2009 le Nouveau Parti anticapitaliste. En mars 2010, le NPA présente aux élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) une candidate voilée, Ilham Moussaïd. Karl Marx a pourtant écrit : « La religion est l’opium du peuple ». Comment des marxistes peuvent-ils soutenir le voile ? À la suite du scandale provoqué par cette candidature, la jeune femme scissionne du NPA, avec une poignée de militants issus des « quartiers ».

L’initiative la plus importante est toutefois la création du Parti des indigènes de la république (PIR) en 2010. Cette formation sans équivalent est l’aboutissement d’un processus initié en 2005 avec le texte : « Appel pour les assises de l’anticolonialisme postcolonial : « Nous sommes les indigènes de la République ! » Dans ce manifeste qui tient la France pour un pays demeuré intrinsèquement colonial, on glane cette remarque : « Discriminatoire, sexiste, raciste, la loi antifoulard est une loi d’exception aux relents coloniaux. »

Non seulement la LCR signe immédiatement l’appel des Indigènes, mais ses membres s’inscrivent activement dans la construction du parti, qui regroupe plusieurs collectifs antiracistes et antisionistes. Le PIR, dont la devise est « le PIR est à venir », se trouve ainsi principalement structuré par des militants du NPA et par des membres du Collectif des musulmans de France (CMF), un mouvement animé par des Frères musulmans proches de Tariq Ramadan.

Nuit Debout, une initiative blanche et donc raciste ? Le PIR n’hésite pas à organiser de son côté des « réunions racisées », c’est-à-dire interdites aux blancs, au nom du droit d’expression des minorités. On observe même des « réunions racisées non-mixtes », réservées aux seules femmes non-blanches. Nous voici dans une logique clairement séparatiste ».

Beaucoup d'images ont encore disparu sur cette années 2015 si troublantes, où on est restés sidérés par l'attentat contre Charlie, sans voir ce qui se tramait dans notre dos en milieu islamo-gauchiste.

Le 11 décembre 2015, une réunion contre l’état d’urgence « pour une politique de paix, de justice et de dignité », rassemble enfin Tariq Ramadan, la « féministe pro-voile » Ismahane Chouder, et  Marwan Muhammad du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Ces islamistes se retrouvent à la même tribune qu’Omar Slaouti du NPA, Alain Gresh du Monde diplomatique, Laurence Blisson du Syndicat de la magistrature, ou Michel Tubiana de la Ligue des droits de l’homme, sans oublier une ancienne dirigeante du Respect Party, l’activiste voilée Salma Yaqoob.

WANTED PHOTO DE BESANCENOT ET RAMADAN

 Le 18 décembre 2016 se tient ensuite à la Bourse du travail de Saint-Denis une « conférence internationale contre l’islamophobie et la xénophobie », sous l’égide conjointe du Parti des indigènes de la République et du NPA. Il s’agit d’une importante réunion, relayée en vidéo dans plusieurs pays, qui rassemble un grand nombre d’intervenants : outre Lila Charef, Ismahane Chouder, Marwan Muhammad et Said Bouamama, on remarque Philippe Marlière, Stathis Kouvélakis, Christine Delphy, Omar Slaouti, Pierre Tartakowski, Thomas Coutrot, Verveine Angéli de l’Union syndicale Solidaires et  Olivier Besancenot du NPA. L’appel initial est d’ailleurs cosigné par Olivier Besancenot et Tariq Ramadan.


Un dernier mot


Dans son dernier article sur le nombre désastreux de licenciements annoncé, le CCI dénonce l'habituelle fragmentation des luttes par les divers clans syndicaux et gauchistes et crucifie leur nationalisme. Mais ce sont des vieilleries, des saloperies qui ont encore court, mais le CCI ne voit pas l'essentiel, qui est l'objet de mon article, la division générale politique qui est petit à petit instillée par l'islamo-gauchisme, autour de revendications de plus en plus communautaristes et qui ne se posent pas comme nationales mais comme questions « internationales » pour lutter non contre le capitalisme politque et financier mais contre ces entités que sont l'islamophobie et le racisme, sans nuance accolées à une victimisation systématique de couches « racialisées » ou victimes plus victimes que le prolétariat tout entier. La CGT s'associe désormais à toutes les pétitions ou communiqués anti-racistes, bien sûr pour une démocratie française plus blanche que le persil et une police clean et laissant les banlieues dans leur merde. Avec l'Adresse de la CGT au monde du travail, et les autres communiqués en compagnie du NPA, qui doit croire avoir supplanté le PCF, on s'aperçoit que l'idéologie islamo-gauchiste vient faire de la lutte de classe un combat anti-raciste stérile, qui vient plus sûrement opposer ouvriers « blancs » contre ouvriers musulmans. Pourtant l'auteur de l'article cite le passage de l'appel CGT qui contient pourtant la merde susdite : « 
Après l’effroyable assassinat de Samuel Paty et les attentats de Nice, des positionnements politiques qui cumulent les amalgames, la stigmatisation des musulmans et les remises en cause de l’État de droit se multiplient. On ne défend pas la République en la vidant de ses valeurs ! »

Le CCI ne comprend donc rien à cette attaque idéologique et craint d'utiliser le terme islamo-gauchisme, parce que des méchants de l'autre extrême l'utilisent aussi, quoique pas dans notre sens. A contrario, ce cinéma islamo-gauchiste permet de réactiver ponctuellement l’opposition gauche-droite sur des bases sociétales confuses, et de permettre au gouvernement de jouer l’inlassable lutte contre "les extrêmes". Dans un contexte de déliquescence de la société civile et de crispation identitaire, le débat politique est ainsi simplifié et résumé à une confrontation entre "islamophobes" et "islamo-gauchistes", les premiers étant accusés de soutenir les "islamo-fascistes". De surcroît, la participation syndicale obère la réalisation du fait que l'islam se sent le droit de revendiquer dans l'entreprise sa légitimation. A la remorque de l'islamo-gauchisme, le syndicalisme flatte les identités religieuses pour glaner des voix parmi les travailleurs, comme LFI le fait dans les quartiers défavorisés, en assignant donc des populations et des ouvriers à une identité présupposée et qui les distingue des autres prolétaires. En les marginalisant dans le communautarisme imbécile.





NOTES



1Un de ses noms de clandestinité était Gourov, ce qui faisait bien rire les réfugiés italiens en Belgique de la revue Bilan, qui constatèrent toute la régression politique de la « plume de paon » en une phrase : « Gourov s'est gouré » !

2Le guru de la future secte lambertiste (OCI puis PCI), vieil aventurier très louche, Pierre Boussel, membre du Parti communiste internationaliste (PCI) de la fin des années 1930, prônait l'entrisme au Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat, l'un des principaux partis collaborationnistesHenri Molinier, lui aussi, frère de Raymond Molinier, prit même la parole lors d'un congrès du RNP. Le qualifcatif du PCF n'aurait pas été dénué de fondement dans ce seul cas, mais en vérité le parti nationaliste stalinien visait surtout d'autres minorités révolutionnaires, y compris trotskistes, qui restant sur les positions de classe, défendaient toujours la position internationaliste qui impliquait de s'adresser au soldat allemand qui, sous l'uniforme « restait un ouvrier ». Lambert sera exclu de la CGT comme hitléro-trotskiste, en effet comme pour l'entrisme dans le parti pétainiste, les trotskistes n'avaient aucune honte à entrer dans le principal syndicat stalinien qui, en 1945, encacrait la classe ouvrière pour la « bataille de la production » afin de mieux réinstaller la bourgeoisie française.

6 POUR UNE BREVE HISTOIRE DE L'ISLAMOGAUCHISME | Actualités | L'Antiblog de Christophe (christophebourseiller.fr). J'ai connu Bourseiller quand il était venu nous rejoindre à la Gauche Marxiste, encore lycéen, il est surtout connu pour son livre foutage de gueule des maoïstes, mais les autres, sur l'ultra-gauche sont faiblards, et il me donne un rôle plus important que je n'ai eu.

7Un auteur a déjà émis l'idée mais n'a pas été aussi loin que moi dans la déduction. Laurent Lévy dans son livre la Gauche, les Noirs et les Arabes (la Fabrique, 2010), "des personnalités de la gauche radicale" sont accusées par ce sobriquet d’être les "idiots utiles" de l’islamisme, des "gauchistes en mal de combat tiers-mondiste".