"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

vendredi 27 décembre 2013

POUR L’ORGANISATION DE LA PRISE DU POUVOIR




 ARCHIVES MAXIMALISTES DU PHENOMENE STALINIEN

La période dite de « bolchévisation » du PCF, à travers la lecture de son organe théorique – Les Cahiers du Bolchévisme – révèle les tensions entre les critiques de l’expérience russe et les bolchévisateurs dévoués dont l’auteur de cet article fait partie. Pas très sûrs d’eux encore les opportunistes bolchévisateurs comme le révèle la série de recettes propagandistes du nommé A.Juin ; recettes toujours en vigueur dans la secte néo-stalinienne LO. On a longtemps attribué cet « éducationnisme » politique nunuche au legs de la IIe Internationale. Il faut différencier de l’époque fin du XIXe où beaucoup d’ouvriers ne savaient pas lire et l’encadrement idéologique stalinien professoral des années 1926-1936. En effet les anciens « hussards noirs de la République rad-soc » s’étaient reconvertis nombreux dans le parti stalinien naissant considérant les ouvriers comme des « élèves » à former dans une tradition toute léniniste (l’éducation apportée de l’extérieur…). Une éducation politique volontariste qui méprise la conscience de classe naturelle et introduit la hiérarchie des intellectuels éducateurs des masses. Pour la petite histoire, ce texte prétentieux, sous couvert d’une prise de distance avec le cas russe, a été publié après le Ve congrès du PCF, car tout servile qu’il était envers la bolchévisation (= organisation du parti en cellules d’usines contrôlées par la noria de militants instites et profs) il était mal vu par la « direction » déjà stalinisée et gagnée à l’électoralisme bourgeois en posant la question incongrue désormais, et has been de l’insurrection. En France du moins. La direction avait "retardé" sa publication de plusieurs mois ce dont l'auteur veule ne se plaint point.

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… Quand on examine les causes qui ont provoqué les difficultés de la construction du socialisme en Russie et par voie de conséquence, toutes les oppositions et les opinions différentes, elles apparaissent nettement comme étant les suivantes :
a)      L’immense majorité de la population paysanne ;
b)      Les différentes formes de production du pays ;
c)      L’état arriéré de la technique, de l’outillage, des méthodes de travail de l’industrie d’Etat (le textile en particulier) ;
d)     Le manque d’éducation générale des larges couches ouvrières et paysannes ;
e)      L’absence d’une éducation professionnelle rationnelle du prolétariat industriel ;
f)       Le manque de préparation préventive sérieuse des larges masses ouvrières et paysannes, en vue de la prise du pouvoir et de l’organisation de la production. De ce fait le pouvoir échoue à une classe mal préparée pour le recevoir ;
g)      Le bureaucratisme exagéré, conséquence de l’impréparation signalée particulièrement au point f).
Et pour tous ceux qui voient dans la discussion russe autre chose que des basses questions de personnalités, il apparaît bien que ce sont là les causes essentielles des désaccords.
Les théoriciens de la IIe Internationale d’Otto Bauer à Kautsky, peuvent triompher en proclamant leurs prévisions infaillibles, que la Révolution russe était prématurée, que sa tentative de construire le socialisme était vouée à l’échec, etc… Ils pourront même nous citer habilement des textes de Max pour confirmer ce qu’ils nous présentent comme vérité alors que ce n’est qu’erreur et mensonge tout ceci ne peut nous émouvoir et nous embarrasser. Les réalisations de la Révolution russe sont actuellement capables de démontrer largement leurs erreurs aux opportunistes bernsteiniens, et nous sommes plus que jamais convaincus de la nécessité de renverser la bourgeoisie dès que les circonstances s’y prêteront et même si tous les facteurs théoriquement nécessaires n’étaient pas absolument au point.
Et c’est justement parce que nous nous préparons activement à la prise du pouvoir, que nous nous efforçons d’utiliser tout ce que la vie quotidienne nous apporte en expérience précieuse et de rejeter impitoyablement tous les colporteurs de critiques négatives et d’impuissance.

Ce que démontre l’expérience russe

De tous les mouvements révolutionnaires qui ont apporté des expériences nouvelles à la cause prolétarienne, la Révolution russe est sans conteste celui qui a accumulé le plus et qui a tracé aux révolutions prolétariennes futures les chemins précis vers la prise du pouvoir.
Sans doute depuis longtemps, les marxistes ne se leurraient pas sur la difficulté de construire un nouvel appareil d’Etat prolétarien en remplacement de la vieille machine bourgeoise brisée. Sans doute les plus clairvoyants d’entre eux auguraient la période succédant à la prise du pouvoir comme pleine de difficultés, de risques et de dangers. Mais pour la grande masse des prolétaires révolutionnaires même politiquement et économiquement organisés, la grandeur de la tâche qu’ils doivent accomplir ne leur est jamais apparue sous son vrai jour.
La Révolution russe a jeté une lumière éclatante sur ce redoutable problème. Il nous appartient d’en faire voir le contenu à tous les exploités qui, demain, devront construire la société nouvelle.
L’expérience russe a démontré que prendre le pouvoir n’est rien si on ne sait s’y maintenir. Elle a précisé que se maintenir au pouvoir n’est pas encore suffisant si on ne sait organiser la production, la consommation, la répartition des produits, au mieux des intérêts des travailleurs.
Elle a établi que la meilleure arme pour l’édification du socialisme au lendemain du renversement de la bourgeoisie, est l’existence d’un prolétariat industriel et agricole fort professionnellement, théoriquement et idéologiquement.
Elle a reconnu que si le Parti bolchevik est l’arme essentielle dans les révolutions prolétariennes, par contre, les organisations de masse (syndicats coopératives, etc.) sont les instruments les plus complets pour asseoir le régime prolétarien et lui assurer une vie toujours plus favorable et plus stable.
Elle a mis en évidence l’indispensabilité de créer au cours des crises de la bourgeoisie, les fondements du nouvel appareil prolétarien qui remplacera l’appareil bourgeois que la révolution détruira (comités d’usines, de paysans, de soldats, etc.).
Elle a démontré qu’une connaissance approfondie de l’organisation capitaliste tant au point de vue administratif qu’industriel, était indispensable pour l’élite active du prolétariat révolutionnaire et qu’un ouvrier communiste a le devoir de connaître à fond le fonctionnement de l’entreprise où il est exploité, afin d’être le guide et l’organisateur dont le Parti et la révolution ont besoin.
Elle a proclamé que le Parti prolétarien qui ne prépare pas la classe ouvrière au renversement de la bourgeoisie par une organisation méthodique, une éducation persévérante, une connaissance claire et précise des difficultés de la tâche, est un parti indigne de conduire les masses à l’assaut du pouvoir.
L’expérience russe et les discussions qu’elle engendre, nous indiquent à nous, militants du parti, conscients de notre rôle, tout notre devoir et toutes les tâches que nous devons immédiatement entreprendre sous peine d’être traîtres à notre classe et indigne d’en avoir la confiance. (…)

Suggestions et conclusions

(…) Nous suggérons que dès maintenant, il faut examiner la réalisation pratique des premières mesures pour l’établissement d’organismes de base pour l’instauration du gouvernement ouvrier et paysan.
Examiner l’éducation de notre parti et des masses dans l’esprit que nous avons indiqué.
Rétablir le programme du Parti et en faire un véritable bilan de la situation nationale en même temps que le plan de bataille pour le renversement de la bourgeoisie.
Créer un état d’esprit favorable dans les syndicats par un travail éducatif de nos militants.
Pousser nos adhérents et les membres actifs des syndicats à étudier le fonctionnement de leur entreprise, de leur industrie, de l’appareil administratif privé et d’Etat.
Organiser des cours techniques dans les syndicats pour ceux qui s’intéressent particulièrement à ces tâches.
Etudier le lancement du mot d’ordre « Reconnaissance des délégués d’entreprises » premier maillon de la chaîne qui conduit à la réalisation du gouvernement ouvrier et paysan, comme nous l’avons déjà démontré.
Entraîner avec persévérance l’élite des masses ouvrières dans un travail d’éducation ingénieusement combiné (de causeries, cours, cercles d’exposition par région, rayon, sous-rayon, grandes cellules, de documents photographiques, illustrations, journaux muraux, etc.).
(…)
Si notre journal sait capter la confiance de ses lecteurs s’il sait nous seconder pour leur insuffler un minimum de foi et de conviction, notre Parti aura alors une ceinture de protection si invulnérable que non seulement son travail de pénétration parmi les masses sera cent fois décuplé, mais encore que tous les coups et toutes les illégalités dont la bourgeoisie nous menace, au lieu d’entraver notre action, auront pour effet de faire vibrer plus fort la cohorte de fer que constituera notre Parti enfin bolchevisé.
Il faut attirer les lecteurs de nos journaux à une collaboration plus étroite, en évitant de renouveler les erreurs de la rubrique de triste mémoire « La vie des usines ». Bien des avis excellents ont été déjà donnés par la voie des « Cahiers » ou par correspondance directe à « l’Humanité ». Que l’on s’en inspire.
Signalons l’extrême urgence de l’organisation et l’éducation de bons correspondants ouvriers et paysans, les vrais journalistes de demain. Indiquons comme bon moyen de lier les lecteurs avec leur journal tout en les incitant à penser, s’éduquer et se former, celui déjà utilisé et consistant à jeter dans le débat une question bien choisie : « Comment vous représentez-vous le gouvernement ouvrier et paysan » ou encore « Qu’est-ce que les Soviets ? Leur application est-elle possible en France ? ». On indique que la lecture de tel livre ou de telle brochure peut faciliter la solution du problème posé et que les meilleures réponses seront publiées et récompensées par le don d’un ou plusieurs livres dédicacés par le Parti. Cette dédicace serait un appel à l’adhésion. Par ce procédé on obtient un triple résultat : Vente de notre littérature, éducation des lecteurs, découverte de futurs adhérents, voir même de futurs chefs du mouvement ouvrier.
Nous avons indiqué que cette initiative avait été utilisée par L’Humanité en 1924, mais malheureusement
d’une façon incomplète et que la promesse de récompense par livres, ne fut jamais tenue, ce qu’il faut éviter à tout prix.
La même idée peut être utilisée pour la diffusion d’ouvrages éducatifs. On recommandera dans nos journaux, un volume par des appels dans le genre de ceux qu’a fait J.Bouquin dans L’Humanité, mais mieux en évidence et plus soutenus. On choisira des ouvrages dont le contenu peut se lier avec les préoccupations de l’heure dans le pays ou dans la région, et on demandera aux lecteurs de donner leur avis par écrit après lecture, avec les mêmes modalités qu’il a été expliqué.
L’exécution de cet immense travail est parfaitement réalisable si une liaison souple et permanente fonctionne de la base au sommet de notre parti, si l’initiative est stimulée sans relâche et utilisée pour le plus grand bien du Parti.
Si la direction est intransigeante sur le respect des principes intangibles qui nous régissent.
Si elle brise impitoyablement toutes les cloisons étanches et toutes les combinaisons intéressées qui s’abritent derrière l’intéêt du Parti.
Si elle agit en vraie direction bolchévique.
Alors elle aura implanté en France le Parti bolchévik invulnérable, et conquis la confiance entière de tous les adhérents confiance qui permit à Lénine de mener le Parti bolchévik russe à la victoire;

Moscou le 28-8-26                                                                   A.Juin
In Cahiers du Bolchévisme n°58  9 octobre 1926 (au sommaire de ce numéro on trouve des articles de P.Semard, Staline, G.Péri, Marcel Ollivier etc.)



mardi 24 décembre 2013

LE PERE NOEL EST BORDIGUISTE

LE PARTI INVARIANT QUI VOUS FAIT CROIRE AU 
Père Noël



C’est d’abord  un conte de Noël…
 
Le jour de Noël se passait très bien jusqu'à ce que le père noël découvre qu'il n'avait plus sa méthode marxiste.  Le père Noël était déboussolé, il ne savait quoi penser jusqu'à que son lutin Bordiga lui dise quoi faire. Le père fit ce que Bordiga lui avait dit. Il alla donc voir si elle était rangée à l’institut Bordiga, mais elle n'y était pas. 
Il regarda partout sauf dans son bibliothèque. Il fît une petite pause le temps de réfléchir. Il prépara ses articles pour le bimestriel Le Prolétaire. Son Vercesi au nez rouge lui demanda ce que le père noël avait. 
Le père noël répondit :
- Je ne trouve plus le Manifeste communiste.
- Que dois-je faire ?
- As-tu regardé dans les archives maximalistes sur ton ordi ?
- Non, dit le père Noël.
- Attends je vais t'aider, dit le Vercesi.
- Merci, dit le père Noël.
Tous les deux sont alors allés voir où était encore édité le texte invariant du père Noël mais ne sachant pas naviguer sur l’ordi, en vieux habitués de l’Underwood et du duplicateur Gestetner, ils n'avaient rien trouvé jusqu'à ce que le père Noël se rappelle où il l'avait mis.
- Mais que je suis bête je l'ai mis dans une cache derrière le local du PCF de Trifouillis-les-oies …. Merde… qui a été incendié la semaine dernière par le père Noël usurpateur du FN!
- Quel malheur ! gémit le père Noël communiste.
-  Du calme père Noël… Je possède une clef USB, dit un Vercesi rassurant… qui a appartenu à Lénine et dedans se trouve ta méthode.
Le Vercesi était très fier d'avoir retrouvé la méthode du père Noël mais l'histoire  finit mal avec un fichier marxiste-léniniste illisible.
C’est ensuite un cauchemar de Noël. 
Le journal Le Prolétaire qui clôt l’an 2013 assure sur huit pages que les prolétaires « ne peuvent compter que sur leur lutte » généralité que d’aucuns pourraient partager sans objection si le contenu n’était pas aussi hétéroclite et marqué au coin de l’idéalisme petit bourgeois. Si l’article de tête s’intéresse aux prolétaires exploités par un gouvernement « pire que celui de Sarkozy » qui balade les gens avec ses affidés syndicaux pour des simulacres de manifs sur la retraite et contre le racisme c’est pour déplorer le principal scandale de ces soutiers de la gauche bourgeoise au pouvoir : il n’est pas question pour ces gens-là de dénoncer les expulsions de sans-papiers et de Roms ! Pourtant si gauchistes et syndicalistes crient plus fort sur ces sujets que la poignée de derniers pélerins bordiguiens. Mais passons pour l’instant. Il est question là de fustiger les réformistes du FDG, NPA et LO et contre tout interclassisme les prolétaires : « …n’ont pas d’autre solution que la lutte ouverte, indépendante, sans se soucier de l’ « intérêt général », de la bonne santé de l’économie, régionale ou nationale, ou de l’entreprise : tous ces intérêts sont des intérêts « bourgeois » qu’il leur faut au contraire « combattre » sans hésiter ».
Entre fou-rire et consternation il faut ensuite analyser comment est mal bâti ce paragraphe du point de vue de l’entendement social le plus rationnel possible. On croirait tout d’abord à un langage d’un autre âge, par exemple celui du gauchisme « radical » des 70 récité encore par les Poutou-Besancenot au niveau électoral mais un peu moins à l’échelle syndicale. Personne ne peut nier, du point de vue marxiste orthodoxe, que sont « bourgeois » : l’intérêt général, la santé de l’économie, la nation et l’entreprise. Quant à combattre de front chacun de ces concepts nous voudrions voir les quelques bordiguistes au pied du mur. D’abord dans les grèves, sur toutes ces questions la piétaille syndicale fait barrage et puise dans ces concepts l’essentiel de son argumentation : la corporation se bat « pour tous les travailleurs » (cf. l’intérêt général qui passe par la sauvegarde de l’entreprise), la lutte contre la destruction des emplois devrait relancer l’économie française, et il faut acheter français, etc. Lorsque les prolétaires entrent en grève ils ne se soucient d’aucun de ces critères « bourgeois-syndicaux », mais ils ne se précipitent pas pour crier : « rien à foutre de l’intérêt général » ni « rien à foutre de l’entreprise » ! Si certains s’inscrivaient dès le début de leur lutte avec le discours bordiguien ils iraient fissa au casse-pipe. Sans compter qu’il y a ce que dictent les conditions objectives (campagnes idéologiques nationales du moment, conflit impérailiste, etc.) et la grève moderne en général n’est plus la prémisse du grand soir. Il y a une bonne dose de fantasme anarchiste gériatrique dans cette vision radoteuse que « de la lutte de défense immédiate et partielle jusqu’au niveau le plus élevé de la lutte révolutionnaire »… « le prolétariat pourra se libérer de l’étreinte paralysante du collaborationnisme politique et syndical » !
La plupart des grèves en France en tout cas sont restées ficelées jusqu’à présent dans la défense et les sacrifices pour la « sauvegarde de l’entreprise ». La lutte immédiate est devenue irrémédiable et produit et produit chaque fois plus de girouettes comme l’âne Martin que des tremplins pour l’insurrection de classe.
Mais Le Prolétaire n’est pas une vulgaire « Mouette enragée » qui en resterait au niveau syndical local et convivial, il pose au journal politique qui traite largement dans ses colonnes de l’actu internationale et des événements de la lutte des classes dans tous les autres pays. En bons léninistes toujours attachés à la conscience trade-unioniste bornée du prolétaire moyen, les quelques mohicans bordiguiens savent bien qu’il existe une importante clientèle intellectuelle qui sait s’élever aux choses du parti. Or, dans la hotte du parti bordiguiste se trouve un vieux jouet, déjà offert lors des fêtes champêtres des foyers Sonacotra à Garges-les-Gonesses en 1979. La préférence immigrée fût une mode initiée par les groupuscules maoïstes mode avec laquelle le petit PCI crut pouvoir rivaliser. Mais l’idéologie du « pauvre ouvrier immigré » clé de voûte de la chute de l’impérialisme mondial est restée incrustée au cœur de la démonstration bordiguienne. Elle affleure dans à peu près tous les articles. Les ouvriers nationaux sont « amorphes », « endormis », toujours dans « l’étreinte paralysante du collaborationnisme syndical », etc. Heureusement le parti, encore dans les limbes ou plutôt à l’état de squelette, vient chevroter aux inconscients la bonne parole : « la question de l’immigration » est en réalité « entièrement prolétarienne », de classe, parce que ce sont les sans-réserve, les prolétaires quelle que soit leur origine, qui sont obligés de fuir le pays où ils sont nés pour chercher ailleurs de quoi vivre » (Article : A Lampedusa, une tragédie dont le capitalisme est responsable). On ne dédaignera pas pourtant la première partie de l’article qui décrit très bien l’horreur capitaliste et ce drame pourtant ancien : « Fuir la misère, la faim, l’oppression, la répression, et les guerres pour essayer de trouver ailleurs une vie moins horrible a toujours été le sort de millions de migrants ». Ni cette complainte : « Pour que l’homme vive, le capitalisme doit mourir. Pour que naisse la société du genre humain, en totale harmonie avec elle-même, il faut que disparaisse cette société qui se nourrit de chair humaine ; pour que l’homme puisse arriver à un rapport harmonieux avec le nature, il faut révolutionner de fond en comble l’organisation sociale qui détruit l’homme et la nature ».[1]
Mais, sans la complainte ci-dessus saluée, la description de la tragédie des réfugiés est, mot pour mot, quotidiennement le discours (impuissant) de tous les médias bourgeois lequel nous rend impuissants également. Qu’y faire ? Les bordiguiens ont trouvé LA solution : ouais l’indignation c’est bien mais la « solidarité de classe » c’est mieux ! Comment s’y prendre ?
« …la solution se trouve… dans la solidarité entre prolétaires… Solidarité qui doit venir des prolétaires des pays les plus riches, des prolétaires d’Italie, d’Espagne, de France, d’Allemagne et d’ailleurs et qui ne peut s’exercer que sur le terrain de la lutte de classe… ». Suivent les cadeaux de la hotte bordiguiste dont les masses des pays les plus riches vont s’emparer :
-          Aucun prolétaire n’est étranger, tous sont des frères de classe !
-          Non à la détention et à l’expulsion des migrants !
-          A travail égal salaire égal pour tous les travailleurs, italiens ou immigrés [2]
-          Salaire intégral à tous les chômeurs, quelle que soit leur nationalité !
Sans oublier la génuflexion pour la résurrection « du parti communiste révolutionnaire dans le monde entier ».
Les bordiguistes isolés représentent le défaut le plus récurrent du maximalisme : un idéalisme grossier. Non pas qu’ils prennent leur désir pour la réalité, car ni le désir ni la réalité ne sont conformes, mais parce qu’ils s’imaginent qu’ils sont plus conscients que nous la masse des prolétaires spectateurs impuissants du martyre des plus mal lotis d’entre nous, et que par conséquent, en suivant leur raisonnement « égalitaire », mettant tous les « désirs » ou « besoins » au même niveau, il suffirait d’invoquer et de concrétiser la « solidarité de classe ».
Or la question de l’immigration n’est pas si simple qu'un conte de Noël. Tous les migrants ne sont pas d’honnêtes travailleurs et la solution aux migrations massives ne peut accepter l’appel petit bourgeois à héberger dans tel ou tel pays toute la misère du monde. Le problème de « l’immigration désespérée » qui a explosé ces dernières années n’est pas un problème de classe, ni dans la classe ni a fortiori d’un manque de solidarité de classe ou des prolétaires mieux lotis face aux démunis, c’est le problème du capitalisme décadent qui est incapable de solutionner une misère massive. L’immigration est un problème similaire à la guerre on ne peut en poser la résolution ou l’annihilation par de belles paroles philanthropiques collées sur le dos des ouvriers. C’est un problème politique qui, comme la guerre ou l’injustice, suscite interrogations et indignation. Un problème qui pose non sa solution - par disons une lutte imaginaire pour embaucher à tout va et des portes ouvertes à tire larigo dans CE système – mais est devenu un enjeu de plus pour viser au renversement du capitalisme, lequel renversement nécessitera une REORGANISATION DE LA SOCIETE DANS TOUS LES PAYS et pas cette espèce d’Arche de Noé  que prônent nos doux rêveurs bordiguiens.
Les bordiguiens révèlent souvent une vision idéaliste de la classe ouvrière et de ses motivations quotidiennes – imaginant qu’elle se bat pour des idéaux que le parti serait seul autorisé à lui enseigner – ainsi dans l’article sur la grève des nettoyeurs de Madrid, il est « enseigné » que pour la lutte (« la grève est un art » sic) un des objectifs serait « la lutte contre la concurrence entre prolétaires », notion qui est une hérésie en marxisme ! Marx expliquait que hors des périodes de luttes les prolétaires se font concurrence donc que cette dernière ne disparaît que du fait… de la lutte commune ! Cette précipitation à vouloir articuler un désir d’avenir de classe à la lutte prosaïque correspond en fait à l’aveuglement des léninisto-bordiguiens sur le déroulement réel de la lutte in vivo qui n’a nul besoin de conseils philanthropiques.


LE PERE NOEL EST DESCENDU SUR TERRE ET IL EST BORDIGUISTE

La vision idéaliste des bordiguiens n’est jamais aussi patente que lorsqu’ils sortent de leur hotte à sottises les jouets pour immigrés, du même plastique que les jouets idéologiques gauchistes : régularisation immédiate et sans condition de tous les sans-papiers, arrête des expulsions, retour de Léonarda, fermetures de tous les centres de rétentions etc. Mieux la répression, ou plutôt le filtrage et la gestion chaotique des immigrants serait une politique « ouvertement xénophobe et « ouvertement antiouvrière » du gouvernement actuel, et une véritable politique de division des prolétaires. C’est le même langage que le gauchisme irresponsable et les millions d’ouvriers français ou immigrés régularisés sont autrement conscients que nos bordiguiens passéistes qu’il n’y a plus assez de boulot pour tout le monde dans le capitalisme [3]; ils ne voient pas pourquoi Roms de passage, chômeurs étrangers, et toute l’Afrique percevraient la même pension de retraite ou le même revenu que ceux qui ont cotisés toute leur vie sur ce territoire. Le bon sens des masses de prolétaires regarde avec pitié les bricolages politiques de secte !
Et persistant dans la connerie idéaliste et prétentieuse, voilà-t-il pas qu’ils sermonnent ces masses des « pays les plus riches » (entendez les prolétaires les plus riches) : « Les prolétaires français ou étrangers « en règle » doivent comprendre (sic) que le sort des sans-papiers les concerne au premier chef et que le soutien à leurs luttes et leurs revendications est une nécessité : laisser une partie d’entre eux complètement à la merci des capitalistes et de leur Etat, affaiblit tous les prolétaires ».
Encore une fois nos conseillers bordiguiens mélangent tout, outre que la dite lutte se passe la plupart du temps sur le sale terrain juridique et individuel, sans compter les bagarres entre sans-papiers eux-mêmes, réduits en quelque sorte au rang de prisonniers de la guerre économique capitaliste permanente. On n’a jamais vu des prisonniers dans la guerre mondiale par exemple (aussi des prolétaires) pouvoir lutter avec ou être soutenus par des grévistes !
Outre que tous les prolétaires en temps calme sont otages du capitalisme et qu’il ne se trouve pas un bordiguiste au coin de la rue pour les défendre, les bordiguiens en viennent, par leur vision petite bourgeoise incrustée depuis 30 ans dans leur cervelle de la classe (l’ouvrier pauvre et immigré), comme hier ils défendirent aux côtés des gauchistes les fausses libérations nationales, à soutenir les grimaces de folklore musulman, néo-prolétariennes… Dans l’article furax contre la « Charte des valeurs québécoises », où certes la bourgeoisie canadienne joue de l’harmonie catho, ils prennent partie pour les bigotes d’Allah: « La Charte est dans les faits dirigée contre les travailleurs immigrés et plus particulièrement les femmes qui portent des signes de la religion musulmane ». Dénoncer l’unanimisme nationaliste canadien ne suppose pourtant pas la moindre concession à l’aliénation de la femme musulmane même si nos conseillers tiers-mondistes obstinés nous appellent en conclusion nous les masses « de la diversité » à lutter « contre le capitalisme et ses laquais, laïques ou religieux ».
Cette année le père Noël n'était plus rouge et blanc mais tout noir, il avait glissé  dans la cheminée. Il gisait sur son cul aveuglé par la suie et tous les jouets de la hotte étaient cassés.

Et, dites, vous... oui vous belle Miley Cyrus, entre nous, vous y croyez encore au Père Noël?

 NOYEUX JOEL, BONNE BOURRE ET BONNE ANNEE A VOUS TOUS MES CHERS LECTEURS INTERNATIONALISTES (enfin pas tous)


[1] Cette démonstration doit plus à Charles Fourier qu’à Marx, ainsi sans le savoir les bordiguistes dont plus « harmonieux » que marxistes derrière l’appel rude à une « révolution anticapitaliste, communiste ». Comme il n’existera jamais d’égalité entre les hommes, n’en déplaise aux anarchistes primaires à la Hazan (je traiterai plus tard de ses comiques « Premières mesures révolutionnaires »), le concept d’harmonie, en notre époque moderne, semble plus indiqué que le terme communisme, mais n’allez pas m’appeler « harmoniste » pour autant tant que le prolétariat n’aura pas mis fin à la cacophonie capitaliste !
[2] L’article on l’a compris est la traduction de la version italienne bordiguienne vous pouvez donc remplacer italien par français, etc.
[3] Dans leur cloisonnement mental tous les neurones ne sont pourtant pas bloqués, puisqu’ils reconnaissent des limitations pour leur société communiste d’avenir. Dans l’article sur l’idiot gauchiste Joshua ils affirment que les besoins sont « naturellement limités » ! Bonjour l’avenir dans leur société communiste frugale, un peu comme l’éditeur nanarchiste Hazan qui nous promet une seule sorte de yaourt sans marque ! Au secours je veux rester dans cette société parce qu’elle au moins m’offre PLUSIEURS CHOIX !