Quoiqu'en
dise le Figaro, avec le nouvel axe Moscou-Téhéran-Istanbul,
l'impérialisme américain reste de loin la principale puissance
dominant le monde. Il ne connaît plus de rival de son amplitude ;
même au temps de la guerre froide, des observateurs lucides comme
Bordiga avaient fini par comprendre (après avoir eu des illusions
sur les plans quinquennaux staliniens) que la Russie n'arriverait
jamais à la cheville des Etats-Unis. La Russie poutinienne, malgré
des roulements d'épaules fait encore moins le poids aujourd'hui avec
un PIB équivalent à la petite Italie.
Si le
terrorisme est le grand Satan exhibé par tout gouvernement (excepté
la Corée du nord et l'opaque daech), il est à l'évidence le
carburant qui rend obscures les querelles entre dynasties pétrolières
et financières. On peut évoquer au passage le remplacement de la
dynastie pétrolifère Bush, très belliciste pendant trois mandats
(père et fils) aux commandes de l'hyper-impérialisme par la
dynastie Clinton-Obama, moins belliciste en apparence, clairement
liée à l'élite financière, mais très belliqueuse d'avoir perdu
la tête du char de l'Etat. Que des menteurs.
Le
mensonge sur la possession d'armes chimiques par Saddam Hussein avait
bien couvert une guerre à la fois géostratégique et pour conserver
la maimise centenaire sur le pétrole,
et encore actuellement avec un souci de redécoupage du vieux dessin
de 1914 des Sykes-Picot. On a pu estimer aussi que le repli
impérialiste d'Obama avait aussi pour enjeu de calmer la classe
ouvrière américaine qui commençait à trouver coûteuses en vies
humaines les guerres de la dynastie Bush. Le repli militariste ne fût
que relatif puisque ladite administration américaine sous Obama
dicta aux vassaux européens de la relayer au front
« anti-terroriste » afin de muscler un peu plus leur
coopération militariste dans le chaos généralisé et aléatoire au
Moyen comme au Proche Orient ; qui n'est une politique chaotique
qu'en apparence contrairement à ce que dit un autre hâbleur,
Brezinsky, mais la marche en avant vers d'autres découpages
régionaux. Certes avec le grand derby anti-terroriste qui autorise
tous les amalgames et fausse toute compréhension rationnelle des
enjeux impérialistes et des oppositions réelles. La puissance
américaine en tablant sur un relatif retrait militaire aura pourtant
bien encore manoeuvré à son avantage en provoquant les russes en
Ukraine et en les attirant dans le bourbier syrien, comme à l'époque
du Vietnam alors qu'elle fit tomber la Chine dans son giron.
Pendant
que l'armée russe s'use à bombarder
au profit d'Assad , la CIA, comme l'a dénoncé en substance le
dictateur Erdogan, avance ses pions terroristes en Turquie et
ailleurs, camouflés par la vacuité de soi-disant suicidaires
islamistes et la collaboration discrète des pétromonarchies, vers
la création d'un Etat kurde.
Pour ses intérêts impérialistes la bourgeoisie américaine n'a pas
d'états d'âmes mais des soucis de cohérence, que les attaques
personnelles entre Obama et Trump ne masquent guère. Il y a bien un
conflit assez inédit entre deux factions bourgeoises, comme je l'ai
déjà déduit ici, et que je vais essayer d'expliciter mieux.
Il
faudra que le lecteur garde en tête la configuration géopolitique
du monde où, selon moi, les Etats-Unis restent la principale
puissance sans rivale équivalente, oui sans rivale équivalente,
même pas la Chine ni la Russie, seul un conglomérat ou un bloc de
plusieurs puissances pourrait ou pourra lui faire face, ce que le
trio Moscou-Téhéran-Istanbul n'a pas la prétention d'être. Cela a
une conséquence. Lorsque un parti, un club de foot, une secte
religieuse, n'a plus d'ennemi tangible ou désignable, il se
rétracte, il se recroqueville, c'est à dire qu'il se remet en cause
intérieurement, comme ce boxeur qui devant faire face à un
adversaire, étant informé qu'il n'en aura pas et qu'il ne gagnera
rien puisque le combat n'aura pas lieu, déprime. C'est ce qui est
arrivé aux Etats-Unis, mais pas du seul fait de la disparition du
bloc de l'Est.
L'intervention
au dernier moment du directeur du FBI James Comey, criminalisant la
mère Clinton, a été plus efficace certainement pour sa défaite
dans le curieux système censitaire américain que les prétendues
cyberattaques russes, mais ce n'est pas une preuve que la bourgeoisie
US aurait perdu le nord, mais qu'une faction a perdu la première
place au niveau électoral ce qui est tout de même moins grave
qu'une insurrection maximaliste. Il est désolant que le CCI, qui
avait fait un article intéressant sur les twins tower,
se laisse entraîner dans la fixation et répulsion gauchiste des
déclarations xénophobes de Trump pour nous resservir la
chansonnette de la décomposition du capitalisme. Ce n'est pas la
première fois dans l'histoire des Etats-Unis qu'il y a conflit entre
factions bourgeoises, et conflit qui ne recoupe pas forcément le
calque républicain/démocrate pour période électorale. Toute
l'histoire des nations bourgeoises regorge de rivalités féroces
entre factions à tel ou tel moment. On ne va pas épiloguer sur le
sujet, ce qui pourrait être longuet pour le lecteur. Au moment de
chaque guerre, ou dans une période d'avant-guerre, on trouve
toujours des faucons (vrais cons) bellicistes, des Mac Arthur, lequel
voulait balancer la bombe atomique au moment de la guerre de Corée ;
dans les années trente et même après 1945 des conflits d'intérêts
s'étaient réglés à coups de revolver ; il est possible que
le meurtre de Kennedy soit le résultat de la rivalité entre deux
clans, certains reprochant au gandin priapriste d'avoir cédé à
Exxon pour commencer la guerre au Vietnam....
Pour ne citer qu'un cas en France : pendant la guerre de
décolonisation, une importante fraction de la bourgeoisie était
derrière l'OAS ; et ces frictions entre fractions aux intérêts
quasi antagonistes ne signifièrent pas une veille d'écroulement ni
de décomposition de la bourgeoisie. L'une remporte la victoire sur
l'autre et roulez jeunesse !
Les
gauchistes sur la base de la boussole anti-xénophobe auraient
préféré que gagne la corrompue Clinton (ils appellent cela « faire
de la politique »). C'est la politique servile du moindre mal
qui prouve encore les réflexes suivistes bourgeois des cliques
gauchistes qui survivent avec une vision du monde simpliste au niveau
des vieilles descriptions par Lénine de l'impérialisme de
grand-papa. Bien des notions marxistes sont dépaysées et surtout
inutiles pour analyser le fonctionnement de la société bourgeoise
actuelle. Dans le Manifeste de 1848 Marx disait déjà que la
bourgeoise est capable de transformer tout en son contraire. Moquons
nous des nouveautés « républicaines » bourgeoises avec
des concepts détournés : réchauffement impérialiste, fonte
des glaces financières, spéculations écologiques, corruption
républicaine, banksters de haut vol...
LA
NATION … CE CADAVRE AMBULANT
Mais
il faut considérer que l'on sort désormais des configurations
classiques, bornant intérêts stratégiques et commerciaux à la
nation, dans un monde où s'est effectué une réorganisation du
capitalisme sous l'effet de la libéralisation croissante des
échanges et de ce pléonasme dit financiarisation de l'économie.
On peut lire ceci dans l'enquête suisse :
« Tout
d’abord, les spécialistes de l’analyse de réseau ont montré
que les interrelations entre conseils d’administration, qui
concernaient prioritairement les firmes nationales, se sont de plus
en plus internationalisées au cours des vingt dernières années ;
les formes de coopération entre entreprises d’un même pays se
seraient ainsi affaiblies au profit de réseaux transnationaux
(William K.
Carroll, The Making of a Transnational Capitalist....) Ensuite,
les grandes sociétés et leurs dirigeants, qui avaient
historiquement entretenu des relations privilégiées avec « leurs »
autorités politico-administratives, ont modifié leurs rapports au
champ politique durant la période récente, notamment sous l’effet
des politiques de privatisation et/ou du transfert partiel des
centres de décision vers des instances supranationales. Enfin, les
modes de sélection et de recrutement des managers, qui étaient
profondément encastrés dans des logiques nationales de formation et
de carrière, ont connu d’importantes évolutions dans le contexte
de l’internationalisation croissante des entreprises ».
Il s'est confirmé une tendance à la militarisation du personnel
d'entreprises et des responsables politiques : en Suisse plus de
la moitié des cadres supérieurs d'entreprise occupent une fonction
d'officiers dans l'armée, si, en Russie le FSB est l'équivalent de
l'ENA en France, une carrière politique sans lien étroit avec FBI
et CIA aux Etats-Unis est impossible. Mais cette légitimité
« nationale » s'est effritée un peu partout, chacun se
mettant plutôt au service de clans multinationaux. Les élites
préfèrent aller se former dans les business schools, qui ne sont
certes pas internationalistes, mais peuvent être cosmopolites au
sens financier du terme.
Le protectionnisme total est impossible désormais, et même dans le
cas de Trump, il suffit de voir que ceux qu'il a déjà nommé ont de
fortes relations commerciales internationales. Le bla-bla xénophobe
de Trump sera aussi impossible à concrétiser que l'anti-racisme
virtuel d'Obama pour la défense des victimes noires des policiers
cowboys.
Dans cette société orwellienne et totalitaire, les nouveautés
exceptionnelles deviennent la règle partout. Il y a une plus grande
imbrication entre industriels et banquiers. Un peu partout des
sociétés nationales sont rachetées par des sociétés étrangères
pour qui la seule citoyenneté est l'argent. L'actionnariat s'est
internationalisé. Les managers ne peuvent plus avoir une carrière
exclusivement nationale. On peut donc parler d'élites
transnationales qui ne sont donc plus guidées ni motivées par les
critères chauvins, même si elles laissent leurs délégués
politiques jouer dans la variété électorale souverainiste.
L'impérialisme peut même se nommer désormais sans honte « intérêt
national », comme va nous l'illustrer le cas américain, ou
avec un culot très orwellien lui aussi ce genre de déclaration de
notre « chef de guerre » en partance : « combattre
EL en Irak, c'est prévenir le terrorisme sur notre sol » !
Argumentaire très chauvin en apparence, mais de simple laquais de
l'impérialisme « national-américain », coup de menton
de « petit frère » quoi.
QUE
SE PASSE-T-IL EN AMERIQUE ?
Prenons
le premier objet du désir des grandes puissances, le pétrole. Le
pétrole a été l'enjeu principal de la Deuxième Guerre mondiale,
tout le monde le sait, et Hitler a probablement perdu la guerre par
manque d'approvisionnement. C’est durant la Seconde Guerre mondiale
que les États-Unis, premier consommateur au monde, découvrent la
valeur de l’immense potentiel saoudien. Washington procède alors à
un vaste remaniement du dispositif qui aboutit à la constitution en
janvier 1944 de l’Arabian American Oil Company (Aramco). Ce
consortium des cinq majors américaines est chargé d’exploiter
l’or noir de l’Arabie saoudite. Les stratèges du plan Marshall
font du pétrole du Moyen-Orient, destiné à supplanter rapidement
le charbon comme principale source d’énergie, l’un des éléments
essentiels de la reconstruction économique de l’Europe
d’après-guerre. Jusque dans les années 1960, le pétrole du
Golfe est avant tout destiné au marché européen : la
stratégie américaine consiste à préserver ses réserves. Dans ces
années 1940 et 1950 se fondent de grandes fortunes et de
grandes entreprises comme le groupe Ben Laden ou le groupe Hariri, la
dynastie Bush et la clientèle locale des princes et dictateurs. En
1945, le Golfe a été défini comme un intérêt « national »
américain : à chaque menace sur l’Arabie saoudite, comme
lors de la guerre du Yémen dans les années 1960, les États-Unis
ont protégé « leur » région « nationale ».
L’importance stratégique du pétrole et l’ampleur des
investissements dans les pays industrialisés ont fait de la sécurité
des pétromonarchies honteuses du Golfe un élément fondamental de
la politique impérialiste US. Enfin le pétrole, qui n'a jamais été
la source principale du profit capitaliste même s'il y contribue,
n'est plus la seule source d'énergie pour le court terme capitaliste
comme pour le long terme de l'humanité.
Comme
les managers transnationaux, le pétrole n'a pas de patrie ni de
respect pour l'énamourée « communauté internationale »
mère-la-pudeur, comme l'a prouvé la farce « pétrole contre
nourriture ». On se rappelle que, en 1996, l'Irak, étant sous
embargo international par l'ONU depuis 1991, avait vu son régime
d'embargo sur le pétrole irakien assoupli. Les échanges
pétrole
contre nourriture étant imposés et contrôlés par le Comité
des sanctions de l'ONU. Plusieurs enquêtes mirent en cause la
régularité des opérations du programme du fait que Saddam Hussein
et son entourage distribuaient de manière dissimulée à des
personnalités étrangères susceptibles d'appuyer leurs causes, des
"allocations de barils de pétrole". Pendant la durée du
programme, l'État irakien et de nombreuses entreprises mondiales se
sont partagé une somme d'environ 1,8 milliard de dollars grâce
à un système ingénieux. Tout contrat d'achat de produits de
première nécessité conclu entre une entreprise et l'État irakien
devait être validé par le ministère des affaires étrangères du
pays d'origine de la marchandise, ainsi qu'obtenir le quitus de l'ONU
pour pouvoir commencer à travailler avec l'Irak. Un comité
représentatif veillait à valider ou bloquer le contrat conclu pour
permettre de contrôler le type de marchandises importées. Selon le
rapport de la
commission
Volcker (
Rapport
Volcker), près de 2 200 entreprises originaires de 66 pays
ont payé à Saddam Hussein des dessous-de-table, correspondant à
10 % du montant de leurs contrats dans le cadre du programme
«
Pétrole
contre nourriture », dont la France a été une promotrice
à l'ONU. Toutes ces nations n'ont pas eu la reconnaissance du ventre
lors de l'exécution des Saddam et Khadafi comme des chiens.
Presque
à l'identique, les médias au cours de l’année 2015, nous ont
assuré que l’Etat Islamique aurait tiré une grande partie de ses
revenus de la production et de la vente de pétrole via des réseaux
de contrebande. Et que toi l'automobiliste européen tu avais
peut-être même acheté sans le savoir ce pétrole. Il s’agit en
fait plus d’une légende que d’une réalité a expliqué un
« expert » nommé Luay al-Khatteeb dans la revue
petroleum-economist
et dans le
Huffington
Post. L’essentiel du financement de Daech lui vint de généreux
donateurs étrangers.... D'autres pseudo-révélations et théories
du complot ont vite donné encore une autre dimension à cette
histoire comme celles venues de Russie (sic) et annonçant que pas
moins de 12.000 camions transportaient le pétrole vers la Turquie,
qui n'avait pas encore retourné sa veste en faveur de l'ours. Dans
la guerre réelle, invisible sur les écrans plasma du monde entier,
c'était techniquement impossible.
LA FONTE DE LA BANQUISE DE L'ARCTIQUE N'EST PAS UN
DESASTRE POUR TOUT LE MONDE
Fin
2011, ExxonMobil s'était alié au trust russe Rosneft pour
prospecter sous les eaux russes au pôle nord. Le principal géant
pétrolier américain au coude à coude avec le géant étatique
russe pour exploiter les gisements pétroliers et gaziers de la mer
de Kara, réserves naturelles libérées grâce à la fonte de la
banquise (HOURRA la nature favorise l'implantation des derricks!). Le
12 décembre 2016, des membres de l'équipe de transition du
président-élu Donald Trump annoncent le choix de Tillerson comme
futur ministre des Affaires étrangères.
Trump estime que Tillerson est « bien plus qu'un chef
d'entreprise, c'est un joueur de classe mondiale ». Sa probable
nomination est critiquée par certaines personnalités politiques
pour les liens du dirigeant d'Exxon avec la Russie. Il a en effet été
décoré de l'
ordre
de l'Amitié par le gouvernement russe et s'est opposé aux
sanctions économiques contre la Russie, la société Exxon
souhaitant alors investir dans les ressources pétrolières du pays.
Il aurait également dirigé pendant huit ans une entreprise
pétrolière russo-américaine basée aux Bahamas. En tout cas, le
camp Trump n'est pas limité aux milieux pétroliers qui collaborent
avec l'ours russe (à ne pas confondre avec l'ex URSS).
La
Business Roundtable (dont fait partie le magnat pétrolier Tillerson)
est un lobby important qui vise à étendre ou à maintenir les
droits des administrateurs dans les grandes entreprises. La Business
Roundtable représente 5 000 milliards de dollars de chiffre
d'affaires, 10 millions de salariés, un tiers de la capitalisation
boursière américaine. La Business Roundtable regroupe plus de 150
dirigeants et PDG des plus grandes entreprises américaines et
fournit l'indice de confiance trimestriel des PDG américains qui ne
rêvent pas du tout d'une Amérique protectionniste.
Le
Times d'Israël a fait cette remarque : « – Le président
américain élu Donald Trump a choisi comme secrétaire d’Etat Rex
Tillerson, président et directeur exécutif d’Exxon Mobil, une
entreprise suffisamment importante pour avoir sa propre politique
étrangère. (c'est moi qui
souligne, JLR). Ce Times israélien ajoute : « C’est
une politique qui n’est cependant pas toujours sur la même
longueur d’ondes que les priorités des associations juives et
pro-israéliennes. Les compagnies pétrolières ont déjà affronté
dans le passé le lobby pro-Israël ». Mais Trump a tenu à
rassurer la bourgeoisie israélienne, et même si Goldman Sachs a
soutenu Clinton, il saura faire amende honorable auprès de la banque
la plus pourrie du monde.(Lire ici:
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/goldman-sachs-la-grande-machine-a-59168
Trump
s'est fendu d'un communiqué qui annonçait la nomination et
soulignait les compétences « patriotiques » de
direction de Tillerson :
« Ayant guidé des
opérations dans le monde entier, avec plus de 200 bureaux, M.
Tillerson sait comment gérer une organisation internationale et
naviguer avec succès dans l’architecture complexe des affaires
mondiales et des différents dirigeants étrangers. En tant que
secrétaire d’Etat il sera un défenseur puissant et clairvoyant
des intérêts nationaux vitaux des Etats-Unis, et participera au
renversement d’années de politiques étrangères peu judicieuses
et d’actions qui ont affaibli la sécurité de l’Amérique et son
image dans le monde. »
La
fraction avec Trump lui a fait dire qu'il fallait
repartir de zéro dans les relations avec la Russie. Trump a affirmé
qu’il valait mieux l’avoir aux côtés des Etats-Unis qu’en
face et a vanté son admiration mutuelle pour Poutine. Rex Tillerson
a été récompensé en 2013 de l'ordre de l'amitié, comme on l'a
déjà lu plus haut, ce qui inquiéta le Sénat, le Congrès et
jusqu'au camp républicain... Or, comme toutes les autres nominations
Trump se montre moins imprévisible que prévu, et laisse de côté
ses déclarations les plus démagogiques. Sans compter que les
intérêts économiques voilés se moquent des déclarations
politiques publiques, comme, par exemple, l'antifascisme d'un
Roosevelt n'empêcha nullement des sociétés industrielles
américaines de négocier avec l'Etat hitlérien pendant la guerre.
Ce n'est donc pas une
perte de contrôle politique par la bourgeoisie américaine qui se
profile, malgré une certaine zizanie dans la continuité. Les
principaux pays exportateurs de pétrole sont, pratiquement tous dans
des zones de guerre, liés par une corruption endémique et soumis
aux USA. L’arrivée d'un « facho raciste » texan au
Département d’État ne va pas révolutionner l'impérialisme
« national-ricain « . Dans l'intermède, malgré
l'affolement de la fraction derrière Obama-Clinton, Trump a su
donner un signal "néo-rooseveltien" donné aux Etats
turbulents qu'un dialogue est toujours possible mais toujours sous
parapluie US.
OU LA POLITIQUE
ECOLOGISTE SERT UN CLAN CONTRE UN AUTRE
Le clan Clinton-Obama
menait la guerre contre le clan Trump bien avant l'élection.
ExxonMobil est sous le coup de deux enquêtes des procureurs généraux
de New York et du Massachussets. L’entreprise est soupçonnée
d’avoir eu connaissance des conséquences du changement climatique
depuis plus de quarante ans, et n’en aurait pas informé ses
investisseurs et le public. Elle aurait même fait disparaître
plusieurs documents internes qui le prouvaient.
D’après
le site Politico, certains sénateurs démocrates voudraient
profiter de l’audition devant le Sénat de Tillerson pour sa
nomination comme ministre plénipotentiaire, pour l’interroger sous
serment et le forcer à divulguer les secrets internes d’ExxonMobil.
La moralité du système parpaillot ricain est vraiment rigolote pour
berner les masses. C'est formidable comme les conséquences du
changement climatique ont un effet émotionnel dramatique pour les
procureurs, bien supérieur aux bombardements en Syrie et aux
préoccupations pour les nombreuses victimes civiles des attentats
des services secrets. L’autre dossier qui agite « le camp
démocrate » est la future politique climatique de Tillerson.
Bien que Tillerson ne soit pas climatosceptique (une position de
facho sans doute) son implication dans l’industrie des énergies
fossiles (sic) ne présage rien de bon pour la lutte contre le
réchauffement climatique du capitalisme fossilisé, un combat hors
classe, dirais-je.
OU UN
CLAN VIT DE LA SPECULATION PETROLIERE (= financiarisation du pétrole)
Depuis
quelques années, la part respective des différents marchés de
« l'énergie fossile » a considérablement évolué.
Aujourd'hui, les transactions sur le marché physique représentent
165 millions de barils/jour ; celles sur le marché des
« futures » 500 millions de barils/jour et celles
sur le marché « OTC » (?) 1 milliard de
barils/jour. Les volumes d'échanges sur le marché papier sont
désormais 9 fois plus importants que ceux sur le marché
physique. Le prix du baril de pétrole a augmenté, contrairement à
la tendance générale de ces dernières années, pour réduire
l'excès d'offre qui pèse sur le marché.
Nul
doute que les spéculateurs financiers ont conclu depuis longtemps
que l'heure de gloire de l'or noir était terminée, et pas à cause
d'une prétendue raréfaction prématurée. La consommation de
pétrole a elle-même baissé comme le prix du baril. La fraction
financière ne fait que chercher des substituts à la fin de l'argent
frais pour le pétrole. Et elle se cache elle-même dans la posture
anti-spéculation, comme le décrivait un journaliste canadien :
« La
posture anti-spéculation est si puissante qu’elle fonctionne même
dans les pays anglo-saxons, pourtant moins rétifs à l’économie
de marché que ne l’est la vieille Europe continentale: Barack
Obama et John McCain en ont ainsi fait un thème de campagne et le
Congrès américain prépare même un projet de loi
« anti-spéculation » visant à réserver le marché du
pétrole aux seuls producteurs et consommateurs de brut « physique »
à l’exclusion donc, des organismes financiers (les
« spéculateurs ») qui achètent et vendent du pétrole
« papier » à la seule fin de réaliser des plus values.
On peut sans doute comprendre que les États-Unis se soient érigés
en fer de lance de la lutte contre la hausse des prix du brut. Car
les consommateurs américains sont bien plus touchés par cette
hausse que les européens et pour cause, nous le verrons: si
« spéculation pétrolière » il y a, cette dernière
participe aussi d’une défiance à l’encontre du… dollar
américain ».
Cette
description semble faire mentir ma théorie que le clan Obama-Clinton
serait un simple exécutant de la faction des « spéculateurs »
sur les réserves pétrolières ; mais vous croyez vous sur
parole les politiciens bourgeois ? (vous pourrez lire en
post-scriptum des éléments repiqués sur un blog, qui démontrent
que l'argent n'a ni odeur ni morale)Il est cependant vrai que les
spéculateurs ont intérêt à livrer des informations (ou des
opinions) allant dans le sens des positions qu’ils prennent sur le
marché: lorsque Goldman Sachs achète un « futur »
pétrolier, c’est, comme on l’a vu, en escomptant une hausse du
prix du pétrole de manière à générer une plus value. Cette
banque aura donc intérêt à persuader le marché que les prix ne
peuvent que monter; si sa voix est audible (et crédible), la
spéculation se portera alors à l’achat, ce qui fera effectivement
monter les prix…
Par
ailleurs la financiarisation de l'économie traduit le développement
des marchés
financiers de taille colossale qui au delà de ce que l'on
continue à qualifier d'économie réelle traduit la création d'une
sphère marchande où s'échangent des produits financiers qui ne
sont pas rattachés aux activités de production, de
commercialisation ou de consommation. C'est le cas en particulier
de tous les produits
dérivés avec le développement de marchés
dérivés et la création d'une économie dérivée de la réalité
économique. Elle en est dissociée dans la mesure où elle ne repose
plus sur les opérations économiques, mais son impact sur l'économie
est en revanche très réel.
La
financiarisation de l'économie est l'importance grandissante du
recours au financement par endettement des agents économiques. Cette
financiarisation se traduit par une augmentation notable de la part
des activités financières dans le PIB des pays développés.
La valorisation des actifs se fait en fonction des valorisations par
les marchés financiers . Les revenus des activités des activités
de services dans la banque, l'assurance et les placements sont
d'importance croissante, et les seuls primes des banquiers se
chiffrent en milliards de dollars. L'ingénierie financière
multiplie les types d'actifs financiers, les sommes en cause
deviennent colossales, et si les profits sont énormes, il en est de
même des pertes, les risques paraissant devenir hors de contrôle
dans le cadre des dérapages et dérives financières.
La
financiarisation de l'économie a été fortement accélérée par
deux facteurs : l'un est le développement des financements
internationaux et l'autre est la politique fiscale des Etats pour
attirer les liquidités internationales.
Le
développement des financements internationaux s'est fait dans le
cadre de la mondialisation de l'économie mais en raison en
particulier du développement des petro-dollars à la suite de
l'augmentation des recettes pétrolières des pays exportateurs de
pétrole. Cette abondance de liquidités qui a marqué la deuxième
moitié des années 1970 s'est en particulier renouvelé dans les
années 2000.
C’est le postulat
comportementaliste d’un marché financier irrationnel (
finance
comportementale). L’agent achète non plus en fonction de
prévisions réfléchies permettant une stricte évaluation
économique. C’est ce que Keynes compare avec les concours de
beauté américain des années 1920 où pour gagner il fallait voter
pour la photo de la participante qui allait recevoir le plus de
vote : les participants ne portaient pas de jugement sur la
photo en elle-même, mais raisonnaient pour trouver les critères du
plus grand nombre. L’investisseur peut de même en arriver à se
désintéresser des fondements réels de la valeur de l’entreprise,
et anticipe la façon dont le marché valorisera l’instrument
financier.
Les formes actuelles de
développement des marchés financiers se prêtent tout
particulièrement à la pratique d’une spéculation intuitive
pouvant se révéler dangereus
C’est le postulat
comportementaliste d’un marché financier irrationnel (
finance
comportementale). L’agent achète non plus en fonction de
prévisions réfléchies permettant une stricte évaluation
économique. C’est ce que Keynes compare avec les concours de
beauté américain des années 1920 où pour gagner il fallait voter
pour la photo de la participante qui allait recevoir le plus de
vote : les participants ne portaient pas de jugement sur la
photo en elle-même, mais raisonnaient pour trouver les critères du
plus grand nombre. L’investisseur peut de même en arriver à se
désintéresser des fondements réels de la valeur de l’entreprise,
et anticipe la façon dont le marché valorisera l’instrument
financier. Les formes actuelles de développement des marchés
financiers se prêtent tout particulièrement à la pratique d’une
spéculation intuitive pouvant se révéler dangereuse pour la
pérennité du système capitaliste. Ce n'est pas d'un
affaiblissement de la seule puissance américaine qu'il s'agirait
alors mais de tout le système financier mondiale.
Pour
certains, la réponse se trouve dans une marge minoritaire de
l’économie, les investisseurs institutionnels et autres riches
opérateurs, qui dicteraient leurs exigences au marché. Par exemple,
Joseph Stiglitz a mis en lumière les risques que faisait courir la
spéculation déréglementée sur les marchés émergents. Keynes
considérait de son côté l’auto-régulation des marchés comme un
mythe qui ne s'obtiendrait que sur le long terme en utilisant la
formule « À long terme, nous serons tous morts » ?
Pour
certains analystes, le développement et la mondialisation de la
sphère financière nuit gravement à la partie « réelle » de
notre économie. C’est le cas de l’économiste
Ozgur Orhangazi. Dans son livre "La financiarisation
et l’économie américaine" (Financialization
and the US Economy), le chercheur se penche sur les profondes
transformations qui ont eu lieu au sein de l'économie américaine et
de l'économie globale, et plus spécifiquement dans le domaine de la
finance.
(rassurez-vous j'ai copié-collé sans vergogne ce qui suit, je
n'aurais pas été assez intelligent pour le développer moi-même).
Pour
Özgür Orhangazi, la financiarisation constitue la grande plaie des
économies, et ce depuis bien longtemps. Pour ce chercheur, il s'agit
d'un des indicateurs du déclin du pouvoir hégémonique. Lorsqu'on
étudie l'histoire des grands puissances passées, on se rend compte
que la Venise impériale, Gênes, la Hollande, et la Grande-Bretagne
ont toutes suivi ce même schéma. Tout commence par un âge
d'or : le pouvoir se fortifie grâce au développement de l'appareil
productif dans un système de capitalisme industriel. Puis, le
secteur financier commence à tout envahir, et à cannibaliser le
secteur productif en quête de rendements financiers. C'est ce
processus qui mènerait inévitablement à l'affaiblissement et,
ultimement, à l'effondrement des grandes puissances.
Mais les choses se
compliquent lorsque l'on cherche à déterminer les causes de ce
cannibalisme financier. Selon
la
célèbre thèse d'Alvin Hansen, dite
"thèse
de la stagnation", c'est précisément la stagnation
financière qui est à l'origine de l'augmentation du secteur
financier. La stagnation financière ne serait donc pas seulement une
conséquence, mais bien une cause. Le raisonnement semble donc
circulaire.
Et
comme toujours, lorsque qu'il y a une pensée unique, elle s'implante
partout. Les économistes ont donc une
responsabilité dans la financiarisation. Pour simplifier, les
économistes ont été achetés par les banquiers depuis 20 ans.
(…) Auparavant, les marchés financiers faisaient leur loi, ils
étaient révérés comme les indicateurs des bons choix en politique
économique. Ils sont maintenant assez discrédités dans l'opinion
publique. Il y a donc un certain nombre de gouvernements qui
commencent à prendre des mesures de régulation des banques, en
France, aux Etats-Unis ou même au Royaume-Uni, qui est pourtant le
pôle financier par excellence.
Aujourd'hui, les
Etats-Unis et le Royaume-Uni, deux pôles financiers, vivent des
difficultés structurelles, alors que les nations productives et
industrielles comme l'Allemagne ou le Japon vont mieux. Cela nous
renvoie un peu au déclin de l'empire des Habsbourg, celui de Venise
ou celui de Gênes, encore plus frappant : Gênes, qui
était une grande puissance commerciale, a été ruinée par la
faillite de la banque de Saint Georges. C'est un exemple typique de
la financiarisation. Et ça date du XVIIe siècle... la
financiarisation a conduit à la bulle immobilière, aux subprimes,
au surinvestissement immobilier en Espagne et en Irlande. Lorsqu'on
investit dans l'immobilier, on n'investit pas dans l'industrie.
Revenons à nos deux factions
américaines
La
candidate de l'élite financière (et de la financiarisation de
l'économie) qui fût aussi décrédibilisée lorsqu'on apprit
qu'elle recevait les questions des obligés journaputes à l'avance,
a cependant accusé le gouvernement russe d'être responsable de ces
fuites, un point de vue aussitôt partagé par le partant en personne
et WikiLeaks d'aider le rival d'Hillary Clinton, le « facho
raciste » D.T. dans la course à la Maison Blanche.
En 2016, un autre média
qui se prétend indépendant, Slate, se plante en minimisant ainsi
les révélations : «L'occasion lui en a encore été fournie,
en deux temps, par la publication par Wikileaks de propos tenus par
la candidate en ces occasions: d'abord, le 7 octobre,
un
«best of» de ses interventions, puis, le 15 octobre,
le
texte intégral de trois conférences pour lesquelles elle avait
été payée 675.000 dollars. Ce qu'elles contiennent? Interrogée
lors de la primaire démocrate, Clinton avait maladroitement répondu:
«Écoutez, j'ai prononcé des discours devant beaucoup de
groupes. Je leur ai dit ce que je pensais. J'ai répondu à des
questions.» Et quant au prix:
«Eh bien, je ne sais pas,
c'est ce qu'ils offraient.» Au vu des transcripts, c'est sans
doute plus ce prix (mais il n'est pas nouveau,
pas
plus que les liens étroits entre Hillary Clinton et Goldman Sachs)
qui est choquant que la substance: gentiment, Wikileaks a souligné
les passages importants en rouge, mais
aucun
ne paraît décisif, de nature à affecter l'élection comme
l'ont fait les récents propos de Donald Trump ». Touché coulé
Slate !
L'intérêt du
« national-impérialisme » ricain saura, n'en doutons
point, raccorder les factions rivales, racistes comme antiracistes,
si un véritable bloc se reconstitue en face et se met à vraiment
menacer l'hégémonie de l'empire US. La nouvelle donne, réorientation impérialiste et commerciale d'un Trump, vient, ne l'oublions pas non plus, dépoussiérer deux mandats en creux d'Obama, et valider "l'alternance" entre des fractions dites gauche/droite dont les différences se sont clairement estompées depuis si longtemps dans leur commune duperie et agression du prolétariat, chez les ricains comme en France et partout ailleurs dans le monde où sévissent les "saltimbanques républicains" (Marx).
La
crise financière américaine de 2008 est devenue mondiale lorsque la
banque Lehman Brothers a fait faillite en septembre 2008. Or, le
ministre des finances (Secretary of Treasury) de l'époque Henry M
Paulson était un ancien patron de Goldman Sachs : il a tout
simplement refusé de sauver Lehman Brothers, concurrente de Goldman
Sachs, qui a dû se déclarer en faillite. L'effet domino qui s'en
suivit précipita le monde dans la crise de 2008-2009. Et Goldman
Sachs ne manqua pas de profiter de la crise au delà de ses
espérances. La victoire de Trump est aussi une défaite temporaire
de Goldman Sachs. Temporaire, car ses réseaux d'influence sont si
puissants que Trump devra, un jour ou l'autre, composer avec eux.
Et
si, indépendamment des successifs porte-drapeaux du
« national-impérialisme » ricain, la « financiarisation
de l'économie », tentative pour se sauver de la fin de la
manne pétrolière, n'était qu'une dernière recette pourrie
accélérant la marche à l'abîme ?
NOTES
La relation
mutuellement avantageuse entre les deux géants américains de
l’automobile et l’Etat fasciste dépassait largement le cadre du
commerce de camions. Schneider affirme que Ford livrait aux Allemands
de grandes quantités de caoutchouc, une matière vitale pour assurer
la mobilité des armées fascistes. L’écrivain Snell accuse GM
d’avoir fourni au régime nazi la technologie nécessaire pour
produire du carburant synthétique. Snell dit avoir été informé
par le chef des armées nazies Albert Speer que, sans cette
technologie, Hitler « n’aurait jamais songé à envahir la
Pologne. » Le déchaînement de la guerre en 1939 n’a donc
pas du surprendre GM ou Ford ; ces deux firmes qui ont rivalisé pour
le marché allemand depuis les années 1920. James Mooney, qui
dirigeait les filiales européennes étrangères de GM, eut des
entretiens avec Hitler deux semaines après l’invasion de la
Pologne, à la suite de quoi les filiales allemandes de GM
continuèrent de fabriquer du matériel de guerre pour l’armée
nazie. En France occupée par les Allemands,les usines
continuèrent de produire des camions pour l’armée nazie après
1941, et que Ford ouvrit une autre filiale en Algérie, pour fournir
au Général Rommel des camions et des voitures blindées. En avril
1943, le secrétaire américain au trésor Henry Morgenthau estimait
que la production de la filiale française de Ford était « au
seul profit de l’Allemagne », qui avait « clairement
démontré sa volonté de protéger les intérêts de Ford. »
Sloan
et Ford n’étaient pas les seuls à entretenir des relations
privilégiées avec les Nazis : c’était aussi le cas du patriarche
de la famille Bush, Prescott Bush. L’enthousiasme suscité par
Hitler chez une large fraction de la classe dirigeante américaine
est une expression claire du fait que ce n’est pas la bonne classe
sociale qui détient le pouvoir.
À l’époque,
ce magnat présidait la German Steel Trust, consortium de l’industrie
de l’acier fondé par Clarence Dillon, un des hommes forts de Wall
Street. Samuel Bush, père de Prescott, grand-père de George senior
et arrière-grand-père de George junior, l’ancien président des
Etats-Unis, était un collaborateur de confiance de Dillon. En 1923,
Harriman et les Thyssen décidèrent de créer la banque et nommèrent
à la présidence Prescott, père de George Herbert Walker. Ils
créèrent plus tard, en 1926, l’Union Banking Corporation (UBC) et
mirent à sa tête Prescott. Cette même année, il fut nommé
vice-président et associé de la Brown Brothers Harriman. Les deux
sociétés permirent aux Thyssen d’envoyer leur argent d’Allemagne
aux États-Unis via les Pays-Bas. « Bien que
d’autres sociétés aient aidé les nazis (la Standard Oil, la
Chase Bank de Rockefeller ou les grands constructeurs de voitures
nord-américains comme FORD et GM), les intérêts de Prescott Bush
étaient beaucoup plus profonds et sinistres »,
écrit l’économiste nord-américain Victor Thorn. Thorn ajoute que
« la UBC devint la voie secrète de la
protection du capital nazi ; il partait de l’Allemagne aux
États-Unis en passant par les Pays-Bas. Et quand les nazis avaient
besoin de renouveler leurs provisions, la Brown Brothers Harriman
envoyait directement des fonds en Allemagne ».
La UBC recevait
donc l’argent des Pays-Bas et la Brown Brothers Harriman le
renvoyait. Et qui faisait partie de la direction de
ces deux compagnies ? Prescott Bush en personne, le premier
blanchisseur d’argent des nazis.
Le fait
que, depuis le début de la guerre, nous pourrions produire du plomb
tétraéthyle est entièrement dû à des circonstances qui, peu de
temps avant, les Américains [Du Pont, GM et Standard Oil] nous a
présenté avec les usines de production avec des connaissances
expérimentales. Sans-plomb tétraéthyle la méthode actuelle de la
guerre serait impensable. «
En 1934, la
Commission d’enquête du Sénat confirma « les soupçons [de
Butler] selon lesquels le big business – Standard Oil, United
Fruit, le trust du sucre, les grandes banques – avait été
derrière la plupart des interventions militaires qu’on lui avait
ordonné de conduire ».
En
Grande-Bretagne aussi, un puissant courant oligarchique soutint
Hitler tout au long des années 30, jusqu’à défendre, en 1940,
une paix négociée avec lui. The Link était une organisation
britannique de sympathisants nazis haut placés, dirigée par Lord
Halifax, le ministre des Affaires étrangères et futur ambassadeur
aux Etats-Unis. Parmi les personnalités pro-nazies, il y avait aussi
le duc de Windsor. En été 1937, le duc rencontre deux envoyés
d’Hitler, Rudolf Hess et Martin Bormann, à l’hôtel Meurice à
Paris, où il promet d’aider le premier à contacter le duc
d’Hamilton, un homme directement lié à Himmler et à Kurt von
Schröder, à la Schröder Bank et à la synarchiste Banque Worms.
Hess était déterminé à forger une alliance avec la Grande-
Bretagne, au point où il entreprit le vol se terminant par son
parachutage dramatique sur la propriété d’Hamilton en 1941. On
compte aussi, parmi les fervents sympathisants d’Hitler, Montagu
Norman, de la Banque d’Angleterre et de la BRI, et Lord McGowan
Signalons deux
autres membres du cercle, Sir Samuel Hoare et Lord Beaverbrook. Le
premier, en sa qualité de secrétaire d’Etat aux Affaires
étrangères en 1935, se joignit au Premier ministre français Pierre
Laval pour soutenir l’invasion de l’Ethiopie par Mussolini.
Lorsque Winston
Churchill arriva au pouvoir, il nomma Hoare ambassadeur dans
l’Espagne de Franco, de mai 1940 à juillet 1944. Quant à lord
Beaverbrook, il accompagnait Hoare dans les négociations avec Laval
concernant l’Ethiopie et soutint le roi pro-nazi Edward VIII
(l’ancien duc de Windsor), lors de la crise d’abdication. En
1935, Beaverbrook rencontra personnellement Hitler et Mussolini et
fut l’invité du ministre allemand des Affaires étrangères,
Joachim von Ribbentrop, aux jeux olympiques de Munich l’année
suivante. L’homme de confiance du lord, Sefton Delmer, qui
dirigeait le bureau du Daily Express de Beaverbrook à Berlin, était
un confident d’Hitler. Dans son reportage sur l’incendie du
Reichstag, il prit à son compte la version des nazis qui devait
faciliter la consolidation du pouvoir d’Hitler.
Winston Churchill
avait déclaré en 1919 à la Chambre des communes : « Il ne
fait aucun doute que les Alliés n’ont pu naviguer jusqu’à la
victoire que sur le flot ininterrompu du pétrole. »… »Exxon
est inculpée en 1941 à deux reprises par le ministère de la
Justice américain, et certains experts ayant eu accès aux dossiers,
accusent le géant pétrolier d’avoir fourni au Troisième Reich
des secrets industriels d’importance vitale. Mais d’énormes
pressions exercées sur le gouvernement par
d’influents membres du Congrès proches d’Exxon aboutiront à un
accord à l’amiable : Exxon, qui a réalisé de gigantesques
bénéfices grâce à sa collaboration avec les nazis, est condamnée
à verser une amende de… 50 000 dollars »
1972, Interview
de Albert Speer, le favori de Hitler, qui fut l’architecte, le
confident, puis le ministre de l’Armement et de la Production
industrielle du Troisième Reich : »Savez vous, me dit-il en
dépliant soigneusement sa grande serviette, quel a été notre grand
handicap ? (il s’exprime comme un technicien à la retraite) Eh
bien, enchaîne-t-il, ce fut le pétrole. Bien avant le début de la
guerre, Hitler répétait que c’était notre talon d’Achille.
C’est pourquoi nous avions développé avec beaucoup de succès
l’essence synthétique qui représentait en 1940 la moitié de nos
approvisionnements militaires. » (…)Mais pourquoi, dans
ces conditions, alors que vous deviez déjà vous battre sur
plusieurs fronts, avoir envahi l’Union Soviétique ?(…) »Justement
pour cette raison : mettre la main sur les approvisionnements en
pétrole controlés par Moscou dans le Caucase. Je sais que beaucoup
d’autres raisons ont été avancées, mais je peux vous affirmer
qu’il s’agissait pour Hitler de la première priorité : nous
fournir en carburant, interdire aux unités russes d’en faire
autant, pour prendre ensuite le contrôle des champs pétrolifères
d’Iran. L’offensive a été lancée au début de 1942;
malheureusement, elle a échoué à proximité de Bakou. » « Le
pétrole américain, en 1945, a joué un rôle décisif dans la
victoire alliée, comme en 1918 : 68% des approvisionnements mondiaux
provenaient des Etats Unis. »