"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 10 octobre 2015

DES ULTRA-GAUCHES ANARCHISTES CONTRE LA REVOLUTION RUSSE


Finalement il faut lire régulièrement le bulletin « Echanges » d'Henri Simon. C'est le seul endroit non sectaire où l'on est tenu au courant de ce qui se passe dans les milieux plus ou moins révolutionnaires prolétariens, maximalistes et néo-syndicaux. Je trouve en plus que HS vieillit bien, avec un sens critique toujours en éveil, sans jamais être agressif il porte souvent des jugements très justes et fins politiquement, du point de vue de classe. Quand il annonce la constitution d'un « front anticapitaliste » par les bouffons d'Alternative libertaire c'est pour noter finement l'alliance de « groupes réformateurs gauchistes » et le soutien aux mouvements nationalistes kurdes ou canaques. C'est en effet ce que je nomme réformisme radical pour le marais sous-politique, profondément suiviste de l'idéologie de la gauche bourgeoise, qui s'étend du gauchisme à l'anarchisme organisé.

C'est en lisant Echanges °150 que j'avais pris connaissance du revirement d'anciens ultra-léninistes, formés (en partie) jadis par le CCI d'un groupuscule à prétention mondialiste le GCI, à travers leur numéro (sic!) 66 (revue nommée Communisme, comme indication d'une croyance éternelle). Je n'ai lu finalement que la deuxième partie de « Le léninisme contre la révolution », que HS a intitulé « le léninisme contre le prolétariat » ; ce qui peut signifier la même chose, sauf que moi j'aurais titré : « le léninisme contre le parti ». Passons. N'ayant point trouvé le numéro en question dans mes librairies du quartier latin, j'ai fini par le pomper sur le web. Je dois des excuses à « Mouvement communiste », vieux frère du GCI, car ce n'est pas lui qui aurait ainsi remis en cause Octobre 17 (j'avais reproché à un de leurs membres ce soudain rejet de la révolution russe). Le GCI est une scission bordigo-léniniste du CCI en 1979, quand Mouvement communiste est une scission du GCI en 1988. Sur le GCI, un article de Révolution internationale de 2006 dit l'essentiel (A quoi sert le GCI?), sous ses airs anti-gauchistes et ce langage sermonneur de petits profs aigris, ce n'est qu'un groupuscule contre-révolutionnaire, plus proche du terrorisme idéologique stalinien que du marxisme révolutionnaire. Mouvement communiste est moins caricatural, avec des textes longuets mais argumentés et demeure plus bordigo-léniniste.
J'ai connu à peu près tous ces zigotos encore étudiants et apprentis militants et les voilà quasiment tous près de la retraite ou rangés des limousines bolcheviques. Plus ils vieillissent plus ils haussent, d'une voix chevrotante, une exigence communiste qui tient plus de l'incantation et de la redondance professorale que de la patiente et complexe lutte pour un monde débarrassé du capitalisme.
Le conseilliste (= syndicaliste radical) Henri Simon n'allait pas les louper. Il fournit un bon résumé qui vous évitera de vous farcir le galimatias de « l'organe en français du groupe communiste internationaliste » (HS se moque avec la rallonge). Résumé : dès l'insurrection le parti bolchevique est pourri, ses membres ne sont que des sociaux-démocrates en chapka équivalents à Ho Chi Minh, Hodja, Castro, Montseny (HS regrettant au passage que le « superléniniste Bordiga » ne soit pas fustigé lui aussi) ; les bolcheviques ont terrorisé le prolétariat tout comme ils ont soutenu parlementaristes et syndicalistes. Au lieu de se moquer de ce retournement anti-léniniste, assez primaire il faut le dire, HS ne peut que s'en féliciter : « Tous rappels utiles théoriquement et pratiquement pour la lutte de classes longtemps dévoyée par la social-démocratie et le léninisme, idéologies du dogme révélé opposé à la capacité des masses laborieuses à prendre en main leurs propres affaires ».

Bon j'ai dit que Henri Simon avait de beaux restes, mais pas qu'il n'était qu'un décomposé de l'idéologie anarchiste « laborieuse » du dix neuvième siècle, un fils bâtard du révisionniste Castoriadis, un héritier de la confusion politique moderniste de « Socialisme ou Barbarie ». Non je n'ai pas dit tout cela, mais je l'ajoute.

Non le pensum du GCIste-chef n'est pas utile ni théoriquement ni pratiquement à la lutte de classes et à la révolution. Quitte à parodier le Clemenceau de 1891, je réplique ici : la révolution russe est un bloc !

En janvier 1891, une pièce de Victorien Sardou, « Thermidor », représentée à la Comédie Française, est frappée d'interdiction (la censure des théâtres ne sera abolie qu'en 1907). Pour les radicaux, dominants dans le gouvernement Freycinet, Sardou n'y défend Danton que pour mieux attaquer la Convention et l'ensemble de la Révolution française. Clemenceau refuse de faire le tri entre « bons » et « mauvais » révolutionnaires. La Révolution française est un « bloc », qu'il faut accepter ou rejeter dans son intégralité, car le combat révolutionnaire continue. Le discours de Clemenceau marque l'entrée du terme bloc dans le discours politique : on parlera plus tard sous le gouvernement Waldeck-Rousseau (1899-1902) du « bloc des gauches » - la droite parlera des « blocards », mais le mot sera repris à droite (« le bloc national ») aux élections de 1919. Quant à la formule d'une Révolution « unie et indivisible », la plupart des républicains à l'époque auraient pu la faire leur.
Dix ans plus tard, Waldeck-Rousseau, républicain modéré, s'exprimait presque dans les mêmes termes, le 15 janvier 1901, à l'ouverture du débat sur l'autorisation des congrégations : « Il faut choisir : être avec la Révolution et son esprit ou avec la contre-révolution contre l'ordre public ».

LES NOUVEAUX CRITIQUES ULTRA-GAUCHES DE LA REVOLUTION RUSSE REJOIGNENT LES REVISIONNISTES DE LA REVOLUTION FRANCAISE


Avec la même absence de méthode, des mensonges à la stalinienne (ils gomment leur ultra-léninisme antérieur), ces cuistres qui se parent du titre de communistes purs s'alignent sur le plus plat renoncement à la politique et au respect de l'histoire réelle des révolutions par les gentils intellectuels vagabonds à la Henri Simon.
D'emblée la démarche apparaît infantile, petit juge de l'histoire le réacteur anonyme dénie toute action révolutionnaire aux bolcheviques, s'alignant sur la position des réfugiés blancs en France « Lénine et les autres, une bande de voyous et de bandits » (témoignage oral que j'ai entendu au Petit Clamart en 1970). A la poubelle l'héritage de la social-démocratie allemande, qui a constitué longtemps pourtant la colonne vertébrale du mouvement international du prolétariat !
Invention d'une notion éthérée et invisible de « minorités révolutionnaires », le pitre oublie que les premières minorités révolutionnaires étaient... les bolcheviques ! Et que la plupart le sont restés jusqu'à la mort sous la torture stalinienne.
Lourdingue sous ses radotages, le donneur de leçon articule son pensum autour des trois « positions de classe » que lui a (péniblement) appris le CCI : l'anti-parlementarisme, l'anti-syndicalisme, l'anti libérations nationales, et de broder sur la criminalisation bolchevique, les horribles compromissions diplomatiques surtout lorsque l'armée rouge est battue à plate couture... Le petit sergent chef du GCI eût fait le fier à bras face aux tanks teutons et réveillé la « guerre révolutionnaire » pour rester fidèle aux « idéaux internationalistes ».
Ce fantôme de « minorités révolutionnaires » est une reprise de l'anaphore à la F.Hollande, rhétorique creuse répétitive qui supplée à une argumentation réelle, sert de canevas à une série de dénonciations incantatoires débiles et puristes khmers rouges des différentes étapes où le parti bolcheviques a été acculé à une real politique d'Etat pas du tout prolétarien. La critique échevelée d'une expérience en cours, jamais égalée, de référence, est du même type que cet adolescent boutonneux qui, au coin de la rue, se vante auprès de ses potes d'avoir tout essayé.

Autre fantôme dans la description ensauvagée de bolchevique malfaisants « les secteurs révolutionnaires » : « Comme on le voit (sic), les secteurs révolutionnaires ont une conscience claire que Lénine et compagnie sont en train d'abandonner les positions élémentaires du prolétariat » ; passons sur le méprisable « positions élémentaires », mais je peux rappeler ici que la plupart de ces scissionnistes du CCI, et l'auteur de cet article infamant et ridicule, sont partis because ils n'avaient pas été nominés dans la haute hiérarchie du CCI, en s'inventant des désaccords bordigo-léninistes mais en partant avec les quelques « schémas de classe » pillés au CCI. J'imagine sans mal que ce genre de donneurs de leçons jaloux et aigris eussent pu très bien réclamer des postes élevés à la tchéka, ce qui fût le cas de nombreux anarchistes et mencheviques ! Et tirer dans le tas des « minorités révolutionnaires » et autres « secteurs révolutionnaires », sans peur et sans reproche...de classe !

Le léninisme « liquidateur de la rupture communiste » est en partie une galéjade qui se retourne contre les falsificateurs du GCI. L'invention du « léninisme », c'est au lendemain de la mort de Lénine, le fait de l'opportuniste Radek, ouvrant la voix au « marxisme-léninisme » cache-sexe du stalinisme. La culture de référence du contempteur d'hommes révolutionnaires courageux, et pas de pépère sur son clavier avec pour fusil virtuel gogol propaganda, est limitée aux pires plumitifs réactionnaires ultra-gauchistes révisionnistes à la Baynac (en note SVP).
Des encarts sensationnels plagient les formes propagandistes de la presse bourgeoise, mais d'une façon si simpliste et idiote qu'on hésite entre rire aux larmes et compassion. Avec « la persistance contre-révolutionnaire du léninisme », on apprend que le léninisme s'est répandu « hors des régimes marxistes-léninistes », qu'il est devenu « une véritable science de la manoeuvre », que Lénine « est l'auteur le plus lu de tous les temps » (si c'était vrai, tant mieux!) ; et enfin : « le triomphe de la contre-révolution léniniste a fait de cette science (sic) la forme la plus développée de domination des prolétaires ». Un curé, un imam ou un rejeton de la CIA peuvent ergoter cela, pas un auguste membre du parti mondial GCI ! Non, impossible ! Mais c'est écrit !

Quel est le mode de lutte du prolétariat derrière la mise à la poubelle de toute la révolution russe ? Après avoir fait la leçon aux milliers de « salauds » bolcheviques morts, fusillés et enterrés, que propose le GCI au « prolétariat élémentaire » ? Un nouveau parti bolchevique ? Non en effet il a commis l'erreur de s'identifier à l'Etat national dans l'échec international. Des conseils ouvriers ? Non, cela serait trop « conseilliste-anar ». Des grèves et des manifestations politiques de masse ? Non le parti bolchevique a commis l'erreur de ne pas rester une minorité révolutionnaire et de ne pas laisser les masses à la social-démocratie bourgeoise.
Non, rien de tout cela dans le capharnaüm d'un vomissement pathologique de la révolution russe, mais, discrètement, en note de bas de page 13, la vieille théorie stalino-gauchiste du terrorisme armé : « il faut au contraire le détruire (l'Etat national) et seul le prolétariat en arme peut développer cette action révolutionnaire ». Pas du tout ! La véritable lutte primordiale du prolétariat, comme disait Pannekoek, ne passe pas par la priorité à la lutte en arme, mais par la conscience et les assemblées de masse ! Et les problèmes pendant la révolution et dans le prolétariat ne peuvent plus se régler à coup de fusil et de terreur d'Etat, sinon adieu à jamais la révolution... prolétarienne.

Oui Kronstadt a été une tragédie condamnant la révolution en Russie à la régression contre-révolutionnaire, oui ils ont tirés sur les grévistes, mais parce qu'ils avaient la même croyance que les nains du GCI que la révolution pouvait progresser par les armes, même contre son propre camp et par cette hérésie anti-communiste, la guerre révolutionnaire.

Au début notre réacteur du GCI se situe du côté des russes blancs et à la fin il rejoint les crétins poseurs de bombes anarchistes et les critiques du même acabit de Brest-Litovsk.
De cette mixture de choses apprises au CCI et de mentalité révisionniste bourgeoise1, il ressort une tentative de s'annexer les opposants de gauche à Lénine et à Staline – je rappelle à son complice HS que c'est Bordiga qui a eu le culot le premier d'affronter Staline face à face dans le bureau central du parti ! Je rappelle que c'est tout l'honneur de Bordiga et de la Gauche italienne d'avoir persisté à défendre le combat de Lénine et de Trotsky, pas leurs erreurs.

Je regrette d'avoir qualifié en titre ces ultra-gauches décadents et néantissimes d'anarchistes, c'est leur faire trop d'honneur car je respecte les grands anarchistes du passé du mouvement ouvrier, le qualificatif est utilisé en fait pour l'absence de méthode et une dialectique de la haine.

Après avoir recopié à peu près toutes les infamies et interprétations mensongères des historiens bourgeois, l'auteur anonyme du GCI pourra être admis membre d'honneur de la CIA ou recevoir la légion d'honneur par le vice-chancelier Hollande, car il a trouvé la science infuse de la « mystification  léniniste » : le parti était une Eglise. Qu'en pensent les frères ennemis de « Mouvement communiste » ?

1Comme n'importe quel historien bourgeois superficiel, le réacteur anonyme (Ricardo, hi hi) du GCI fait de Lénine le père de tous les malheurs du XXe siècle : « Les nazis imiteront ses méthodes de mobilisation de masse et de propagande, ses camps de travail et de concentration, ses méthodes de terreur ». Cela fait beaucoup pour un seul homme, fut-il un théoricien de génie comparable à Marx.

EUROPHOBIE, ISLAMOPHOBIE, GERMANOPHOBIE


L'infanterie est l'ensemble des unités militaires devant combattre à pied, le soldat étant appelé fantassin. Le mot est emprunté de l'italien infanteria, dérivé de infante (enfant) qui prit au XIVe siècle le sens de "jeune soldat, fantassin". A partir du XVIe siècle l'on distingue désormais les trois armes du combat moderne, l'infanterie et l'artillerie qui prennent une importance croissante, et la cavalerie. Dans la seconde partie du XVIe siècle. L'artillerie stagne et la cavalerie est en déclin.
Le pistolet a été adopté par la cavalerie légère peu avant lors des guerres de religion, bien avant que Hollywood n'immortalise le cow-boy du XIXe siècle et que les lobbies de l'armement US n'abonde une artillerie contemporaine propice aux massacres en milieu scolaire.
Dans son célèbre pamphlet – Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte – Marx conclut une longue tirade par les trois termes militaires :
« Chaque fois que, pendant ces vacances, s'éteignit le bruit confus du Parlement, et que ce dernier se sépara pour se répandre dans la nation, il apparut d'une façon indiscutable qu'il ne manquait plus qu'une seule chose pour compléter la véritable figure de cette République : rendre ses vacances permanentes et remplacer sa devise : Liberté, Egalité, Fraternité ! par les termes non équivoques de : Infanterie, Cavalerie, Artillerie ! ».

Non équivoques en effet les trois corps d'armée qui réprimèrent les révolutions européennes du XIXème siècle alors que les cow-boys de l'Ouest américain pourchassaient et massacraient les indiens à coups de pistolets. Avec cette parodie militaire de la trilogie jacobine poussiéreuse, Marx dénonçait la dictature du Capital. Il aurait pu tout aussi bien ajouter pour les cow-boys « muflerie, cavalerie, boucherie ».

Avec l'idéologie multiculturaliste et pieusement antiraciste qui préside à la diffusion de la morale idéologique, le triptyque revient à la mode1, avec sa traditionnelle connotation religieuse (la trinité : le père, le fils et le saint esprit)2. Mais, fondamentalement, comme toutes les religions, la politique bourgeoise procède de la culpabilisation. Alors que nos (petits) hommes d'Etat mènent de sanglantes guerres de rapine pétrolière ou simplement « géocommerciales », ils n'aiment jamais tant que de poser aux donneurs de leçon de morale. Leur antiracisme, je le répète, n'est qu'une version bâtarde de l'antifascisme, cette idéologie de guerre qui a tant triomphé depuis un demi-siècle au point de faire presque passer le capitalisme pour un enfant de choeur.
Il est ingrat pour un épistolier de traiter de l'actualité politique bourgeoise, car elle abaisse, elle lasse, elle noie l'essentiel.
Le vocabulaire des politiciens se nourrit de plus en plus du terme phobie3. Les électeurs « ont peur », « fantasment », ou « sont dévoyés » (= détournés du bon sens et de la vertu) mais pas encore tous des voyous...abstentionnistes. La qualification des partis devient affectueuse : « M.Sarkozy ne laissera pas souiller le drapeau de sa famille ». Un parti bourgeois oligarchique est donc une famille, et non pas un racket de profiteurs.
Pour une saillie, pas vraiment fausse, d'une ex-groupie sarkozienne, la morale bourgeoise fût révulsée. Non pas qu'on lui reprocha un constat mais surtout d'avoir osé utiliser le mot race, d'avoir prétendu qu'il était dans la dictionnaire et que même le grand Charles l'avait utilisé. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, aurait dit Jean Yanne. 

L'émotion est là aussi quand « l'immonde » Le Pen se livre à une inqualifiable « transgression » (cf. Le Figaro et les Bedos et bedeaux ripoublicains) en plein parlement européen en présence des deux sommités nationales Merkel et son vice-chancelier Hollande. Libération, le quotidien des gauchistes fans de Merkel et des migrants (comme Alternative libertaire en voie de supplanter Abbé Road), applaudit la brillante réplique du président français à la sorcière Le Pen. Non pas qu'il fût brillant, il est vif et malin, mais il a triomphé sans mal de la méchante « fasciste » (Mélenchon a été autorisé par avis justicier de la qualifier ainsi) laquelle, croyant son objection triomphante tomba dans les rets de la rhétorique vulgaire du véloce Hollande. Celui-ci réussit étonnamment à chaque fois à clouer son adversaire de paillettes avec l'anaphore, encore et toujours, c'est simple mais efficace. Après une série, non destinée à la sorcière en apparence, une série de « elle peut sortir de l'Europe », où la gourde se mit à applaudir à tout rompre comme pour mieux croire qu'elle gardait les rieurs de son côté, il assena : « pour enfin sortir de la démocratie », soulevant un tonnerre d'applaudissements des parlementaires bourgeois avec le sourire retrouvé de la chancelière, jusque là affichant une mine maussade. Cassée la Marine !Dégage « fasciste » !
La charge anti-européiste de Marine eût pu être commise par le comique troupier Mélenchon, elle n'était en rien fasciste mais confirmait le dicton peu connu : « Seule, l'Allemagne fait peur, seule la France fait rire ». Sauf que les rieurs étaient majoritairement europhile, islamophile et germanophile. Les observateurs éclairés de « C' dans l'air », les Barbier et Rouqette, ont convenu qu'il y avait eu transgression présidentielle, europhobie avérée et germanophobie exagérée, car l'Allemagne peut faire sa maligne, elle est quand même « protégée par l'armée française » ! Ils ont convenu que « nos dirigeants » ne maîtrisent pas le flux des migrants.

APRES LE FACE A FACE « musclé » (par l'anaphore) L'ANTIFASCISME DE CIMETIERE

Dès le lendemain, Hollande ne se gêne pas pour en remettre une couche, de la nouvelle marmelade : antiracisme (sémantique) et antifascisme de naphtaline, et il suffit pour nous, révolutionnaires classistes, de lire « la voix de son maître » et le cerveau rachidien des gauchistes, Libération :

« Entièrement au charbon. On ne pourra pas accuser François Hollande d’avoir mégoté la réponse de l’Etat face à la montée du discours populiste. Après son face-à-face musclé avec Marine Le Pen, mercredi au Parlement européen à Strasbourg, détourné à des fins de politique hexagonale, le chef de l’Etat était jeudi dans son exercice favori: le discours mémoriel. De quoi, toujours, tirer des leçons pour le présent et se présenter en père de la Nation au-dessus de la mêlée. De quoi, surtout, incarner le rempart ultime face à l’extrême droite. Le tout à deux mois des régionales, dix-huit mois de la présidentielle et dans une région Paca qui pourrait tomber aux mains du FN –lequel hurle d'ailleurs à la campagne politique déguisée en visite officielle.
Certes le chef de l’Etat a visité un lycée et annoncé que le projet de loi faisant du racisme une circonstance aggravante dans tout délit, serait prêt avant la fin de l’année. Mais la présence à ses côtés de Najat Vallaud-Belkacem et de Christiane Taubira ressemble à un démenti par l’image opposée à ceux qui parlent de la France comme d’un pays de «race blanche». Au camp des Milles, près d’Aix-en-Provence, d’où partirent plus de 2 000 Juifs français en 1942 et qu’il qualifie de «Vel d’Hiv du Sud», François Hollande se pose en garant d’une «mémoire citoyenne, celle qui relie, celle qui unit […] face aux faussaires de l’histoire et aux négationnistes».

Parallèle avec les années 30 

Le message se veut historique et général mais Hollande ne tarde pas à foncer tête baissée dans le débat politique. «Nous sortons à peine d’une grave crise économique qui peut laisser un sentiment d’abandon et déclassement», reconnaît le président, qui attaque «ceux qui utilisent ces angoisses pour séparer, diviser et parfois détester». Juste avant lui, le président de la fondation du camp des Milles, Alain Chouraqui, a dénoncé la «montée de l’intolérance et des inégalités […] la tentation de la pureté identitaire qui, par refus de l’altérité, conduit à la violence de masse».
Pour Hollande, le parallèle avec les années 30 est plus que valable, cette époque où «la première digue à sauter fut celle des mots». «Il était alors acceptable presque banal de tenir pour méprisable celui qui était différent, acceptable qu’on puisse rabaisser les Juifs et les étrangers à longueur d’articles», rappelle-t-il dans la pénombre de l’auditorium de l’ancienne fabrique de tuiles devenue camp de transit géré par Vichy. »

Nul nouveau fascisme à l'horizon, et ce n'est pas le souvenir de la mémoire des saloperies du nazisme qui pourrait empêcher l'invention de nouveaux ennemis diaboliques, ni la démocratie des ripoublicains et des socialistes enrichis qui voudrait faire cesser leurs guerres impérialistes. Malgré un titre accrocheur, l'OBS ne voit pas venir la troisième guerre mondiale, mais laisse le national-souverainiste Chevènement, hostile à la « russophobie ordinaire », glisser que la Russie compte 20 millions de musulmans et que (dans le même paragraphe) « le terrorisme djihadiste est un défi vital ». Est-ce donc le nouveau fâchisme ? Est-ce la faute aux musulmans en général ? Méli-mélo antiraciste et allusions parallèles au « terrorisme islamique », sans oublier les grossiers mensonges d'Etat des présidents successifs (avant tout chefs de guerre) protégés par « un rempart de mensonges » (Churchill)... Notre subconscient nage dans l'inconscient. Comme on peut comprendre la « phobie » qui s'est emparée du subconscient occidental, pacifique et démocratiquement charitable, lorsqu'il a perçu que le héros du Thalys avait été poignardé aux fins fonds des Etats Unis. Encore un vengeur de l'islam ? Non, ouf, simple bagarre de rue.
Enfin, pour clore ce mois édifiant de propagande antiraciste et démocratique, la Tunisie fragile se voyait attribuer le prix Nobel de la paix. De la paix avec le terrorisme « islamique » ou avec la « guerre mondialisée » ?



1Je l'avais remarqué il y a une dizaine d'années dans mon livre sur le nazisme : « ein Volk,  ein reich, ein Führer » et son pendant collabo « travail, famille, patrie ».
2C'est ce qui donne l'aspect zarbi à la religion catholique et qui fait marrer les musulmans, posant l'ubique question de qui prier. Réponse d'un site bigot ! « Question : "Qui devons-nous prier, le Père, le Fils ou le Saint Esprit ?"
Réponse :
Toutes nos prières devraient s’adresser à notre Dieu trine : Père, Fils, et Saint Esprit. La Bible enseigne que nous pouvons prier l’un d’entre eux ou les trois, puisque les trois sont Un. Nous prions le Père avec le psalmiste : « Prête l’oreille à mes paroles, ô Eternel ! Ecoute mes gémissements » (Psaume 5 : 2). Nous prions notre Seigneur Jésus-Christ, de la même façon que le Père, puisqu’Ils sont égaux. En effet, la prière adressée à un membre de la Trinité est une prière qui s’adresse aussi à tous les autres membres de la Trinité. » Kafka revient !
3"philie" est aussi présent de plus en plus dans la nouvelle sémantique politique. Finkielkraut dénoncé par un article haineux de l'Obs (une certaine Aude Lancelin) « alimente la xénophilie », avec une constance « venimeuse au sein de la petite troupe médiatique des essayistes « néoréactionnaires ».