Voici ce que j’écrivais dans l’article « La
maison de maçon de l’entreprenant Lénine et son étincelle inutile » (cf.
PU du 8 sept 2012) : Chaque fois que je lis « Le Prolétaire » ou
« Révolution Internationale » (que je n’achète plus puisque mes
correspondants me l’envoient gratuitement, pour s’en débarrasser ?), je me
pose la question de l’utilité de cette presse au papier épais, aux articles
relativement clean, lisibles et accessibles mais très peu lus, écoulés
difficilement à quelques dizaines d’exemplaires. La vente des journaux de
chômeurs et de roumains est passée par là pour rendre ringarde la vente à la
criée, et les entrées des « grosses boites » avec des milliers
d’ouvriers à vélo tendant une main négligente vers le distributeur de tracts,
se sont évaporées comme les cheminées d’usines. J’avoue avoir peine moi-même,
quoique resté séduit par le papier et Gutenberg, à relire ce que j’ai déjà lu à
l’écran. En effet, nous sommes désormais conditionnés pour la lecture de la
presse en général par une lecture gratos à l’écran de notre ordi, en position
allongée sur notre lit une tasse de café à la main. La presse française
quotidienne est hyper chère, et même l’effort du journal Le Prolétaire de
rester à un euro apparaît de trop, et une ressource peu solide (les militants y
vont de leur poche). Mais la presse bourgeoise, de Libé à L’Express n’a pas
besoin de vendre, elle est sponsorisée par des grands groupes financiers
américains ou autochtones, et les quelques articles payant sur le web c’est
juste pour faire croire à une caution « honnête » des milliers de
lecteurs lambda et aux naïfs qui imaginent une indépendance de la presse
démocratique.
Le journal d’agitation et de
propagande maximaliste a pris un coup de vieux, comme les tracts (mais les tracts
peuvent être encore un bon moyen d’agitation) à l’ère du web. Plusieurs
journaux se sont appelés « l’étincelle » depuis les années 1930 (=
Iskra de Lénine) avec la même conception volontariste idiote que le journal de
propagande allait mettre le feu à la plaine par ses révélations ou ses
dénonciations. D’une part cela ne s’est jamais produit, ce n’est pas l’Iskra
des bolcheviques qui allume le feu de la révolution en 1917 mais la guerre
mondiale ! Ce n’est pas l’Iskra qui explique aux ouvriers comment il leur
faut s’organiser – ou ils l’expliquent mais pour créer des syndicats – mais les
ouvriers qui inventent les Conseils ouvriers ! D’autre part, concernant
les grèves, le chômage, l’immigration, la presse bourgeoise donnent tous les
éléments auxquels les petites minorités d’activistes n’ont pas accès. Ces
dernières en reprenant les informations de la presse bourgeoise ont eu tendance
à radoter la même rengaine : toute révolte de classe partirait toujours de
la base économique, et le même fond commun idéologique : antiracisme
bourgeois, culte de l’immigré, soutien aux syndicats d’Etat, sans développer
une pensée originale vraiment subversive contre le système.
L’avenir devrait rappeler que si
retour de l’activité sociale politique du prolétariat il y a, elle ne sera pas
amplifiée ni renforcée par une presse à diffusion infinitésimale (et qui laisse
peu de place à une argumentation développée en huit pages placardées). Le
mouvement prolétarien pour renaître, pour être lui « un gigantesque
soufflet de forge » a besoin de larges discussions publiques, de
rues ; il a besoin de discussions politiques ! Lénine reste plus
révolutionnaire entre les lignes de son Que Faire ? (si l’on passe sur les
aspects volontaristes et néo-populistes) que tous nos maximalistes modernes.
Les discussions politiques dont le prolétariat a besoin ne sont pas
« faut-il sauvegarder PSA ? », « comment sauver les
entreprises de ma région ? », « comment donner du travail en
priorité aux français ? », « comment aider les
Roms ? », « Comment lutter contre la pollution ? »,
mais comment réorganiser une société qui n’intègre plus, qui jette à la
poubelle les travailleurs usés, une société du désordre … ».
LE CCI « REORGANISE »
sa presse : « nouveau rythme de publication » ou arythmie
politique ?
Les chefs du CCI, qui me suivent comme le lait
sur le feu depuis Montreuil, ont certainement été interloqués par mes
réflexions d’octobre dernier. Ai-je donc allumé la flamme de la réforme qui
pourrait redonner jouvence au vieillard perclus de rhumatismes organisationnels
et politiques ? Que nous proposent les nouveaux réformateurs de la
diffusion d’une pensée révolutionnaire étriquée : « Quand le CCI a
été constitué en 1975, Internet n'existait pas, bien sûr. Les idées étaient
diffusées au moyen de la presse imprimée, distribuée dans des centaines ( !?)
de petites librairies radicales qui ont émergé de la dynamique enclenchée par
Mai 68 en France et les luttes qui ont suivi dans le monde entier. Et c'est au
moyen de lettres (souvent écrites à la main !) transmises par la poste que
s'effectuaient les correspondances. Aujourd'hui les choses ont bien
changé : le papier a été remplacé par les médias électroniques et, alors
que les librairies constituaient par le passé un lieu privilégié ( ?) de
la diffusion de notre presse imprimée dans le monde, maintenant nos ventes de
celle-ci s'effectuent essentiellement dans les manifestations et les luttes sur
les lieux de travail (11 exemplaires par mois pour la France…). Par ailleurs,
depuis la formation du CCI, notre presse s'est efforcée de contribuer au
développement d'une perspective internationaliste dans la classe ouvrière en
s'appuyant sur des articles valables pour différents pays (les mêmes radotages
franchouillards). Aujourd'hui, nous poursuivons dans cette direction mais la
plus grande rapidité permise par les médias électroniques a permis aux sections
du CCI de travailler plus étroitement ensemble (en particulier celles qui ont
en commun une même langue) et nous voulons mettre à profit cette nouvelle
réalité pour renforcer encore l'unité internationale de notre presse (nul
besoin de lire dans des langues différentes les mêmes analyses simplistes ou
hors de la réalité !).
« Tout cela nous a poussés à entreprendre
une réévaluation de notre presse et de la place relative de la presse
électronique et de la presse imprimée au sein de notre intervention globale.
Nous sommes convaincus que la presse imprimée demeure une partie essentielle de
nos moyens d'intervention (pas si sûr !). C'est en effet à travers elle
que nous pouvons être présent directement sur le terrain des luttes (l’homme-sandwich
reste pourtant sur le trottoir des grèves et défilés syndicaux). Mais la presse
imprimée ne joue plus exactement le même rôle que dans le passé et de ce fait
doit devenir plus flexible, pouvoir s'adapter à une situation changeante3 ;
(alors pourquoi persister ?).
UNE PRESSE
MINIMALISTE AVEC UN ARGUMENTAIRE ECONOMISTE
Le capitalisme fait plus pour préparer la
révolution planétaire des masses prolétariennes opprimées que la lilliputienne
presse maximaliste, même si on y ajoutait toute la presse rébarbative des
gauchistes bourgeois du monde entier. Gonfler en une telle grève comme « exemplaire »,
se féliciter du « réveil des luttes », appeler vivement les
prolétaires à une « lutte indépendante de classe » n’a jamais fait
avancer le schmilbilik révolutionnaire. On voudrait bien que la lutte « indépendante
de classe » se développe mais elle reste cloitrée par la syndicratie de
base anar et de sommet étron de gauche.
Sacré propagandiste le Capital itself !
Chaque jour il apparaît un peu plus destructeur. Au chômage de masse s’ajoute
le mépris des chômeurs par les politiciens autant corrompus que fortunés. Les
prisons de tous les pays regorgent d’innocents poussés à la dérive, violentés,
battus, humiliés. Les pires régimes féodaux, au nom d’une religion
archi-arriérée, mutilent des voleurs d’orange, bafouent toute existence humaine
de la femme ; soutenus en sous-main par les régimes dits démocratiques
occidentaux, les émules barbus de ce capitalisme féodal récurrent figurent le
(faux) nouvel « ennemi intérieur » pour permettre de justifier les
guerres de rapine impérialiste. La nourriture qui atterrit dans notre assiette
est elle-même devenue dangereuse, est l’enjeu d’énormes profits où la merde
enrobée de sauce devient juteuse pour les banquiers des puissants.
En réalité la propagande réellement pour le
communisme n’a pas à déblatérer longuement – même pas à se justifier d’un « pourquoi ? »
ni « pour quoi ? », ni à
recopier ce que les millions savent tous les jours. Elle devrait, elle peut
aller à l’essentiel : comment en finir avec ce système de la destruction
en route, avec qui, par qui, comment ? Or, toute la presse maximaliste
répond en chaque fin d’article recopié de la presse et du web bourgeois, par :
« il faut en finir avec le capitalisme ». OK ! mais comment qu’on
fait ?
« Nos forces étant limitées, dit le site
CCI, nous sommes ainsi arrivés à la conclusion que si nous devons effectivement
renforcer et adapter notre site Web, nous devons en même temps réduire l'effort
consacré à la production de la presse imprimée : une des premières conséquences
de cette réorientation de nos publications va donc être une réduction de la fréquence
de nos publications imprimées, notamment de certains de nos journaux Ainsi
notre journal en Grande-Bretagne (World Revolution) et en France (Révolution
Internationale) ne paraîtront dorénavant plus qu'une fois tous les deux
mois (tant mieux, pour ce qu’on les lisait…).
LA
GRENOUILLE QUI SE VOULAIT PLUS GROSSE QUE LE BŒUF :
Contrairement au site mégalomaniaque de sa
fraction de deux individus qui se prennent pour le comité central du parti
mondial virtuel, le site du CCI est certes plus sobre mais ringard et touffu.
Un logiciel antédiluvien vous oblige à vous crapahuter en arrière (à faire
descendre l’ascenseur) pour trouver les articles les plus récents ! Le « squelette »
du « parti de demain » semble privilégier l’époque où des bouts de
chair étaient encore accrochés à la structure osseuse ossifiée. L’étirement de
la périodicité de publication d’un journal n’est pas une mauvaise idée,
celui-ci ne se vend pas (ou en quantité infinitésimale, ce qui est bien regrettable
d’une certaine manière, car le papier reste un support indéniable pour la réflexion
politique), mais il pourrait être remplacé lors de l’exposition publique du
corps du militant par un texte de plateforme ou un affichage de la revue
internationale. Traditionnellement la vente de la presse maximaliste est un
signe d’identification, qui, comme les badges syndicaux, face aux prolétaires
qui défilent ; où les quelques militants révolutionnaires (peut-être)
modernes sont si anonymes dans la foule qu’ils ne peuvent se présenter parmi
celle-ci les mains dans leur poche avec pour seule identité leur tronche. Ou, s’ils
se rendent compte de l’inutilité de leur canard à deux balles de contenu, qu’ils
fabriquent des tee-shirts « Marc Chirik » et des brassards « RI »
et « CCI ».
La réforme en cours reflète le manque d’imagination
de la secte qui, tel Le Figaro ou Le Parisien s’imagine pouvoir réaliser un
sondage en direction du populo limité qui fréquente leur site (ils ont moins de
connections que mon modeste blog, qui, il est vrai, est le seul organe (sic)
maximaliste à se dresser quasi au quotidien ou dans l’immédiat si besoin vient) :
« Nous pensons que dans le courant de l'année de nouvelles modifications
interviendront, concernant en particulier la structuration de notre site Web.
Nous voudrions impliquer nos lecteurs dans cette entreprise et, à cette fin,
nous publierons bientôt un questionnaire sur le site leur permettant de donner
leur avis. En attendant, nous serions très heureux qu'ils nous transmettent
leurs suggestions sur le forum ». Le forum ci-devant est aussi lamentable
que les diarrhées de « post » dans la presse bourgeoise, niveau
anarchoïde et de plus en plus insultant. Utiliser les mêmes méthodes que l’intox
perverse du web – sondage et discussion anonyme – ne sert à rien du point de
vue de la conscience de classe : devant son clavier l’individu reste un
simple lecteur, un voyeur, un observateur , un contempteur. Pauvre spectateur
sans pouvoir de décision ni de dérision, avec juste sa bite et son couteau.
Le web comme la lecture de la presse n’est qu’un
instrument d’information, nullement un lieu d’échange crédible, pas spécialement
parce qu’il est hyperfliqué, mais parce qu’il ne permet pas la « vie de
classe » : réflexion collective « physique » dans les
assemblées grévistes (pas terrible la réflexion en ce moment dans ces lieux sous
le bruit de casseroles syndicales), mais réflexion surtout dans les réunions de
cercles, permanences ou réunions publiques (que, dans le milieu maximaliste le
CCI est seul à tenir régulièrement mais dans le désert, après avoir fait fuit
tant de militants et sympathisants). A l’avenir,
nombre d’assemblées ouvrières en lutte fonctionneront certainement avec de
grands écrans vidéos – on pourra réquisitionner les stades de football à cet effet
– ainsi un conseil ouvrier de Marseille pourra se dérouler au même moment et en
direct avec le conseil du PSG (sans les footballeurs) et prendre des décisions
communes au vu et au su de tous. La vidéo reliée au web permettra autant à un
conseil ouvrier d’Argentine de délibérer en même temps, et en visualisation
mutuelle directe avec par exemple un conseil de Barcelone…
Pour l’heure, au lieu de hiérarchiser les
questions politico-sociales (le mariage homo ne peut être mis sur le même plan
que la guerre au Mali ou les affres du chômage…) le site « en
reconstruction » du CCI n’est qu’un damier éclectique, qui n’a aucune
notion des priorités politiques, où tout est dans tout… comme d’ailleurs le
site éclectique du Le Monde, ou ceux de LO et du NPA. On bourre d’avis et d’infos,
on espère attirer le chaland dans la rubrique
« recherche » ou « archives » pour lui faire croire que l’orga
(ou le parti) avait toujours dit vrai – vous ne trouverez jamais sur un site de
groupe : « La fois où on s’est planté ». On fait de la « prise
de position » journalistique, en ignorant ce que pourrait être la « façade
politique » d’un groupe politique maximaliste digne de ce nom ;
à ce titre LO et NPA ont des longueurs d’avance avec leurs rubriques : « communiqués »
et « prises de position d’actualité » ; ces catégories restent
cependant lourdes à gérer si l’organisation est faiblement centralisée, et même
si elle l’est, car cela suppose une capacité des organes « centraux »
à se consulter et réunir rapidement. Les bourgeois gauchistes, sachant cette
lourdeur, ont trouvé le moyen de déléguer un bureaucrate ou deux pour rédiger
les communiqués attendus aussi laconiquement que possible et interprétatifs
larges pour ne pas se ridiculiser face au traitement de l’événement, et à l’analyse
ultérieure plus réfléchie de l’ensemble des caïds du comité central.
De toute façon, qu’il le reformate, le déformate
ou l’informate, le site web du CCI est frappé d’arythmie… C’est grave docteur ?
Symptômes de l’arythmie politique :
Voici les
symptômes les plus fréquents :
- sectarisation.
- Irrégularité de l’humeur des chefs, base étroite
trop lente ou trop timorée.
- Emballements pour tout indigné qui bouge.
- Chute de toute objection interne
Attention! Si vous ressentez de fortes divergences, une envie de fonder une
fraction ou d’envoyer paître l’orga, de façon inattendue et inexpliquée, ou
en cas d’emballement activiste de l’appareil, contactez les services
médicaux d’urgence de Controverses/Belgique.
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Ce qui augmente le risque
- Les réunions tardives passées à compulser de
fastidieux comptes.
- Abus de manifestations syndicales, de congrès ou
tout autre excitant; consommation des mêmes articles répétitifs.
- Découragement face aux ouvriers consommateurs.
- L’augmentation insensée des cotisations.
Prévenir
Les mesures
préventives de base sont les mêmes que celles préconisées pour les autres
troubles politiques :
- Faire le sourd,l’aveugle et le muet (pas le
mulet).
- Faire de l’activité physique
régulièrement en dehors des rares manifestations de la lutte des classes.
- S’abstenir de discuter les orientations décidées
par l’orgasme central.
- Consommer avec modération l’internet et les charmes
vénéneux de la vie privée.
- Faire attention à la masturbation intellectuelle.
Traitements :
Se barrer dès que possible de la secte si toutes les mesures
préventives de base ont échoué, sans renoncer au combat final exigeant une
organisation centralisée mondialement et basée sur les principes politiques
communistes hérités de la 3ème Internationale.