Au mitan des
années 1970, lors d'une discussion avec un camarade de R.I. dans la
cour de l'Eglise de la Porte de Choisy où se tinrent tant de
réunions politiques des groupes maximalistes, je me souviens de
cette réflexion: "Quand la lutte de classe refait surface ou au
moment d'un grand événement, on n'entend jamais les modernistes
petits bourgeois". Sage réflexion historique par exemple lors
des tristes attentats autour de Charlie Hebdo. Les modernistes et
divers négateurs ou fossoyeurs du prolétariat, comme les
chauve-souris, ne volent que la nuit. Vous avez eu la prise de
position rapide et franche des bordiguistes, de l'ex-fraction du CCI,
de Robin Goodfellow, du CCI, etc., des divers lutteurs du prolétariat
pour, malgré les divergences, l'affirmation d'une politique de
classe et la nécessité du parti internationaliste, et surtout une
démarcation politique communiste franche d'avec la commisérable
union nationale. Nous sommes là dans le domaine de la politique du
domaine du mouvement ouvrier, qu'on l'approuve ou la déprouve, qu'on
l'aime ou pas. Dès le jour des attentats le GIGC (ex fraction du
CCI) avait pris position brièvement contre le terrorisme mais comme
simple produit des rivalités impérialistes. Le PCI dénonçait à
son tour la guerre sous-jacente et les guerres de religion. Le CCI
faisait référence à la décomposition capitaliste comme
explication centrale mais en pointant la pointe émergée d'une
étrange mouvance en banlieue et pour dénoncer une odieuse
récupération démocratique. La prise de position la plus
intéressante, la plus fouillée était celle de Robin Goodfellow qui
se haussait à la taille d'une responsabilité de parti: regret de
l'absence d'une prise de positions communes des minorités marxistes
ou approchant, refus de l'identification simpliste du djihadisme au
fascisme, dénonciation de ce courant religieux qui divise le
prolétariat, dénonciation de cette "contre-culture islamiste"
et son "folklore guerrier", dénonciation d'une religion
qui a vocation à soumettre le prolétariat, refus d'identifier
prolétaires arabes à croyance musulmane, dénonciation de la fausse
démocratie, de ses forces sécuritaires qui pourront servir pareil
demain mais contre le prolétariat, fustigation de l'hypocrite unité
nationale de circonstance.
Par contre,
silence radio, silence gêné, silence bizarre de toute la ribambelle
des donneurs de leçon de
morale antiraciste et antifasciste, dont
les boutiques s'affichent sur mondialisme.org: Cercle social/Echanges
et mouvement/Ni patrie ni frontières/Temps critiques/Vagabondages
(sic). Ce cartel de conseillistes chenus et d'ex-mao-trotsko-anars,
transfuges ergoteurs de la morale multiculturaliste bcbg, rangés
d'un terrorisme romantique carbonisé et cramés pour la politique ne
prend pas position sur le drame du 7 janvier, pas plus que les
provinciaux Vosstanie et La Mouette Enragée. Ils sont avant tout
spectateurs nanarchistes. Un spectateur n'a pas d'avis à donner et
on ne le lui demande pas non plus. De plus tous ces floués d'un
militantisme doctrinaire, déclassés d'une croyance religieuse en
une "multitude" prolétarienne qui s'est moquée de leurs
"conseils", croient encore pouvoir jouer une fonction
similaire à celle de l'instituteur de la IVème République: donner
des cours de morale mais ne jamais se découvrir politiquement pour
ce qu'ils sont: des porte-paroles complexés de l'idéologie
dominante. Les spectateurs courageusement éloignés discutaillent de
l'événement mais APRES-COUP.
Coleman, le
plus pontifiant du cartel, lorsqu'il était petit regardait la
télévision raciste – elle était en effet en noir et blanc – et
se disait: "quand je serai grand, je serai Malcom X ou Malcom
Z". Il est devenu Malcom zéro au service du barnum démocratique
amerloque. Ses débuts en militantisme en 1970 consistèrent à
dénigrer la RATP tous les dimanches matin à L'Hay les Roses comme
démarcheur de la secte de Mlle Laguiller en faisant croire aux
locataires qu'ils méritaient des transports gratuits. Il fût
ensuite payé par la CIA pour introduire le ver dans LO: "la
Russie est un capitalisme d'Etat"; cette perfidie rhétorique de
l'impérialisme US, relayée par l'ultra-gauche négationniste, fût
heureusement expulsée par les vaillants défenseurs de l'Etat
ouvrier dégénéré. Coleman, dépité de ne pas être coopté au CC
de la secte peu soucieuse du partage d'opinions, essaya de
reconstruire un LO bis, bombardé Combat communiste qui ne dura que
ce que durent les coquelicots. L'arriviste était dégoûté par la
politique. Après une traversée du désert où il se fît barman et
apprit à mener des conversations de bistrot, il décide, avec
l'appui de maman, de monter sa petite affaire, une revue "sans
patrie ni frontières" de classe. Il est l'homme qui va
réconcilier marxisme et anarchisme. Mais sous le hautain concepteur
de la synthèse perce l'anamnèse: mieux que son admiration pour la
liberté de circuler des femmes voilées en pays anglo-saxon
est sa propension à épauler l'Oncle Samuel dans son combat contre
le mal "dictatorial" baasiste!
S'imaginant
gourou fondateur d'une nouvelle secte, il va arpenter les manifs pour
répercuter une bonne parole qui n'a pourtant pas besoin de lui. Au
début des années 2000 il diffuse un tract intitulé "Saddam,
tortionnaire du peuple irakien", soufflant comme tant d'autres
trotskiens bâtards dans les cornes de brume de l'armada ricaine. De
gabarit moyen (1M83) il est pris à partie par des grands frères de
banlieue (on dit "sauvageons" à l'époque) et insulté de
façon grossière par ces lumpen de banlieue secondés par des dames
patronnesses de la gauche caviar et verte. Encore terrorisé, après
coup sans coups, il geint: "cela m'a rappelé les manifs entre
les deux tours de l'élection présidentielle pour la "démocratie
chiraquienne". Echaudé et déçu notre gourou raté conclut:
"il y a encore du pain sur la planche si l'on veut ranimer la
flamme de l'internationalisme prolétarien". ( Il pleurniche
pour cette "vieillerie", bientôt jetée aux orties, dans
"A propos d'un petit bain de foule et de haine chauvine")
Quand
l'impérialisme US révolutionne la liberté d'expression avec
internet: chacun peut désormais tenir son propre journal et dire
merde à la terre entière. Depuis les hauteurs de "mondialisme.org",
il se prend pour le Napoléon de l'antiracisme et distribue bons et
mauvais points en décomptant chaque jour le taux de connections.
C'est d'ailleurs l'aspect pitoyable des blogs, pour celui qui s'abuse
sur leur répercussion, on peut se croire le centre du monde alors
qu'on ne reste que poussière (et caution) de l'illusion
démocratique.
Le
petit-bourgeois investi d'une mission se sent immédiatement
supérieur. Sûr de sa valeur, il est hautain et grave les interdits.
Puisqu'il a saisi le ridicule du terme islamophobie il en invente un
autre plus ridicule encore: la paranoïa anti6musulmane actuelle. On
apprécie l'adjectif "actuelle" car elle s'inscrit dans la
durée actuelle. Certes les médias usent et abusent de la religion
islam, mais il y a de très réelles guerres, de très réels
massacres, l'égorgement est très à la mode bientôt relayé par
l'immolation. La terreur est distillée à l'écran quand la
confusion invraisemblable sert de credo à l'Etat bourgeois. Les dix
sept personnes assassinées étaient toutes françaises, bien qu'avec
des caractéristiques sociologiques représentatives de la société
française: dessinateurs, flics, arabes, juifs, clients, passants...
Le gouvernement d'union nationale ne trouve pas mieux que de
commencer par de grandes déclarations pour dénoncer les agressions
contre la population musulmane! C'est du Orwell et du Kafka à la
fois! Alors que trois petits voyous bien français, indépendamment
de leur origine raciale, ont assassiné "sans discrimination"
un échantillon de civils, au nom de la nébuleuse guerre islamique!
Que le pouvoir, comme avec les radars automobile, prétende évacuer
l'amalgame avec le croyant lambda de l'islamie est une chose louable,
mais pas tant que cela puisqu'elle se heurte à une "compréhension"
du massacre assez islamique et assez répandue, pas seulement chez
les potaches inconscients. La prétendue identité de remplacement
islamique détruit toute "solidarité nationale", ce qui
nous importe peu en soi, mais surtout toute solidarité de classe et
toute répulsion de classe face au terrorisme cruel, et des
concessions extravagantes à la soit disant innocuité de l'islam. Le
silence ou l'approbation silencieuse d'une partie de la population
prolétaire sous la coupe idéologique de l'islam manifeste un état
d'arriération et de soumission qui n'a plus rien à voir avec le
colonialisme et certainement avec la ghettoïsation, vieux constat à
perception aléatoire depuis près de trente années. Constat peu
rassurant et qui ne tient pas de la paranoïa mais de l'interrogation
anxieuse. A une époque où la conception momentanée d'un Marx de la
religion comme consolation a pris un coup de vieux (surtout depuis
que les bourgeois ont fait leur cette conception pacifique et
consensuelle) et qu'il faudrait plutôt convenir avec Voltaire de
l'utilité de la religion "pour restreindre les mauvais
penchants des classes inférieures"!
Mais
pourquoi un tel silence assourdissant des intellos vagabonds face aux attentats de
janvier?
Parce que
ces attentats ont fait sauter en même temps tout le pacifisme
antiraciste et l'oecuménisme professoral de ces messieurs. Ce n'est
tout de même pas le beauf français qui a tué (ces "prolétaires
« franco-français » qui votent pour le Front national ou
ont des sympathies encore plus clairement fascistes") ,
ni le fasciste ultra-gauche rompu à l'analyse sémantique
("ravages exercés par les théories du post-colonialisme et de
l’antiracisme purement compassionnel (débarrassé de toute
problématique de classe)" (op cit) ni "des
fascistes européens tuent des travailleurs arabes, kabyles,
africains ou pakistanais".
Après-coup, Coleman
liste les textes lénifiants où il a répandu ses analyses
sociologiques, mais au lieu de se situer sur le terrain politique et
de revenir à la réalité – où en sommes-nous aujourd'hui, quel
type de guerre subissons-nous? Quel rapport de force entre les
classes? - il prétend faire la part des choses en défendant
l'ancien terrorisme gauchiste et antifasciste comme "marxisant
et à peu près rationnel" contre les glorificateurs de la mort
et de la destruction (il ne les nomme pas djihadistes ni
musulmaniaques) mais ne rate jamais de dénoncer la "paranoïa
anti-musulmane actuelle" en invoquant les exactions terroristes
passées des "européens" eux-mêmes. C'est ce qui
s'appelle amenuiser la saloperie des terroristes actuels, voire
cacher une secrète et complaisante complicité revancharde contre la
"société blanche", comme ses amis de Temps critiques,
ex-fans de la bande à Baader.
Mais Coleman, comme tout collabo argue immédiatement de sa
soumission aux pires banalités en vogue contre le fameux et unique
"islam radical".
C'est seulement début février que les
amis de Coleman, la paire de profs retraités de Temps critiques
exprime son "intervention" avec un titre d'une nunucherie
extrême autant que le contenu est confondant de platitudes: "L'être
humain est la véritable communauté des hommes, sous-titre:
"Pourquoi notre intervention?". Nulle intervention pourtant
que celle de la frappe sur le clavier d'ordi d'un texte navrant qui
se garde de prendre position sur tous les sujets qu'il évoque. Le
pic vert Coleman le juge pourtant intéressant et s'en sert de
bouclier pour son attentisme dégonflé comme Sarkozy sommé de
choisir entre FN et PS et qui foire au final. On pouvait s'attendre
au pire de la part de ces deux fervents négateurs de la classe
ouvrière, et c'est en effet le pire qui surgit dès l'entrée.
Pleurant face à l'horreur de l'événement il leur faut marquer leur
"absolue séparation d'avec la majorité des tracts ou textes de
type gauchiste qui font porter l'essentiel de leurs attaques ...
contre l'Etat français sans tenir compte des transformations
récentes de cet Etat". Badaboum! En d'autres temps et si ces
deux individus avaient été des représentants du mouvement ouvrier,
on eût gerbé sur un simple ralliement à l'Union nationale. Mais
tant d'intellos méprisant du prolétariat se couchent devant l'Etat
de nos jours qu'on ne s'étonne plus guère. On ne traitera de ces
deux pauvres zèbres ici que pour infos de qui entoure le juge
antiraciste YC fier scrutateur d'une paranoïa anti-musulmane
pourtant largement dominée par la paranoïa anti-raciste officielle!
Le texte est ensuite une ode à la
"respiration collective" du "moment Charlie",
glorifiant un slogan "exprimé par des millions d'individus en
France et même dans le monde". Il contient cependant des
scories propres à heurter islamo-gauchistes et un islamo-démocrate
comme compère Coleman, en décrivant la place envahissante de
l'islam dans une analyse limite anti-gouvernementale : "...
l'islam tend à devenir l'opérateur de contrôle social et mental
qui, pour les pouvoirs politiques, serait le plus approprié à
l'encadrement des milieux "sensibles" et des populations en
déshérence".
L'archaïsme idéologique de Charlie est bien vu, les nouveaux beaufs
sont en effet les bobos.
On nage encore et encore dans
l'idyllisme de la "tension des individus vers la communauté
humaine, ces millions "d'individus-démocratiques" - cf.
cette bande d'idiots qui défilaient moutons parmi les moutons
derrière des chefs d'Etat criminels de guerre - ... une
délivrance... une thérapeuthique... débarrassée de "la
référence de classe" qui "n'est plus centrale". Le
bonheur de l'union nationale dans la rue définie poétiquement par
les bouffons de Temps critiques!
Le final est très jospinien: "le
pouvoir ne peut pas tout. Il n'y a pas de "plan du capital".
Certes le pouvoir bourgeois ne peut pas parer à tous les attentats,
mais inévitablement le crime profite toujours à quelqu'un, ou aux
deux. Et tout le blabla de deux petits profs ne peut masquer tout
l'intense travail politique auquel s'est livré l'Etat pour valider,
corroborer ses deux guerres, interne et externe face au prolétariat,
démuni, terrorisé et dans l'expectative.
Aucun des boutiquiers de "mondialisme.org" n'a vu le
remplacement du stalinisme par l'islam.
LES
TROTSKIENS AU SECOURS DE L'ISLAM
Le courant trotskien, bien plus formé
et connaisseur de l'histoire du mouvement ouvrier et de ses
interprétations que les ignorantins anars et maos, reste le plus
révisionniste et le plus destructeur de la méthode du marxisme,
avili de multiples façons, soit aux sauces électorales,
parcellaires et sexuelles, soit à la soupe syndicale, mais c'est
encore au niveau des réinterprétations historiques que ces chameaux
sont les plus liquidateurs. J'ai évoqué dans mon livre "L'immigré
fataliste et sa religion policière" et décrit
l'incompatibilité du bolchevisme et de l'islam, et l'opportunisme
auquel le parti de Lénine a été conduit par les étroites
conditions de l'époque (p.173 et suiv.). On va voir ici brièvement
comment les trotskiens falsifient l'histoire pour justifier leur
alignement sur le multicultiralisme et l'antiracisme des beaufs
dominant...
Relisons d'abord Lénine qui dit de
bonnes choses mais aussi quelques bêtises:
"Pourquoi la religion se
maintient elle dans les couches arriérées du prolétariat des
villes, dans les vastes couches du semi-prolétariat, ainsi que dans
la masse des paysans ? Par suite de
l'ignorance du peuple, répond le progressiste bourgeois, le radical
ou le matérialiste bourgeois. Et donc, à bas la religion, vive
l'athéisme, la diffusion des idées athées est notre tâche
principale. Les marxistes disent : c'est faux. Ce point de vue
traduit l'idée superficielle, étroitement bourgeoise d'une action
de la culture par elle-même. Un tel point de vue n'explique pas
assez complètement, n'explique pas dans un sens matérialiste, mais
dans un sens idéaliste, les racines de la religion. Dans les pays
capitalistes actuels, ces racines sont surtout sociales.
La situation sociale défavorisée des
masses travailleuses, leur apparente impuissance totale devant les
forces aveugles du capitalisme, qui causent, chaque jour et à toute
heure, mille fois plus de souffrances horribles, de plus sauvages
tourments aux humbles travailleurs, que les événements
exceptionnels tels que guerres, tremblements de terre, etc., c'est là
qu'il faut rechercher aujourd'hui les racines les plus profondes de
la religion. « La peur a créé les dieux. » La
peur devant la force aveugle du capital,
aveugle parce que ne pouvant être prévue des masses populaires,
qui, à chaque instant de la vie du prolétaire et du petit patron,
menace de lui apporter et lui apporte la ruine « subite », «
inattendue », « accidentelle », qui cause sa perte, qui en fait un
mendiant, un déclassé, une prostituée, le réduit à mourir de
faim, voilà les racines
de la religion moderne
que le matérialiste doit avoir en vue, avant tout et par dessus
tout, s'il ne veut pas demeurer un matérialiste primaire. Aucun
livre de vulgarisation n'expurgera la religion des masses abruties
par le bagne capitaliste, assujetties aux forces destructrices
aveugles du capitalisme, aussi longtemps que ces masses n'auront pas
appris à lutter de façon cohérente, organisée, systématique et
consciente contre ces racines
de la religion, contre le règne
du capital sous toutes ses formes".
(De l'attitude du parti ouvrier envers la religion, 1909)
(...) "Le
marxiste doit savoir tenir compte de l'ensemble de la situation
concrète ; il doit savoir toujours trouver le point d'équilibre
entre l'anarchisme et l'opportunisme (cet équilibre est relatif,
souple, variable, mais il existe), ne tomber ni dans le «
révolutionnarisme » abstrait, verbal et pratiquement vide de
l'anarchiste, ni dans le philistinisme et l'opportunisme du
petit bourgeois ou de l'intellectuel libéral, qui redoute la
lutte contre la religion, oublie la mission qui lui incombe dans ce
domaine, s'accommode de la foi en Dieu, s'inspire non pas des
intérêts de la lutte de classe, mais d'un mesquin et misérable
petit calcul : ne pas heurter, ne pas repousser, ne pas effaroucher,
d'une maxime sage entre toutes : « Vivre et laisser vivre les autres
», etc."
Lénine fait
des suppositions hasardeuses, le meilleur moyen de lutter contre la
religion c'est la grève, puis si un prêtre veut devenir membre du
parti c'est possible! On ne l'a jamais vu! (cf. Le combat contre "le
socialisme constructeur de dieu" des Lounatcharski). Une phrase
totalement ubique: "Le parti du prolétariat exige que
l'Etat proclame la religion affaire privée,
sans pour cela le moins du monde considérer comme une « affaire
privée » la lutte contre l'opium du peuple, la lutte contre les
superstitions religieuses, etc. Les opportunistes déforment les
choses de façon à faire croire que le parti social démocrate
tenait la religion pour une affaire privée
! "
Lénine
ensuite dégage en touche: "En premier lieu, la lutte contre la
religion est la tâche historique de la bourgeoisie révolutionnaire
; et, en Occident, la démocratie bourgeoise, à l'époque de ses
révolutions ou de ses attaques contre le
féodalisme et les pratiques moyenâgeuses, a pour une bonne part
rempli (ou tente de remplir) cette tâche. En France comme en
Allemagne il y a une tradition de guerre bourgeoise contre la
religion, engagée bien avant le socialisme (encyclopédistes,
Feuerbach). En Russie, conformément aux conditions de notre
révolution démocratique bourgeoise, cette tâche échoit presque
entièrement elle aussi à la classe ouvrière." !!!! La classe
ouvrière est la bonne à tout faire sauf qu'elle a fainéantisé une
fois l'oxymore Etat prolétarien au pouvoir qui a dûment assuré la
chasse aux curés, en flinguant quelques uns, chose peu conforme à
l'ancienne tolérance marxiste.
Quelle
priorité à la lutte? : "L'anticléricalisme bourgeois, comme
moyen de détourner l'attention des masses ouvrières du socialisme,
voilà ce qui, en Occident, a précédé la diffusion, parmi les
social démocrates, de leur actuelle « indifférence » envers
la lutte contre la religion. Là encore cela se conçoit et c'est
légitime, car à l'anticléricalisme bourgeois et bismarckien, les
social démocrates devaient opposer précisément la
subordination de la
lutte contre la religion à la lutte pour le socialisme." Lénine
continue à renvoyer la patate chaude vers la classe, la lutte
contre les religions arriérées incombe tout de même au premier
chef, au prolétariat:
"En
Russie, les conditions sont tout autres. Le prolétariat est le chef
de notre révolution démocratique bourgeoise. Son parti doit être
le chef idéologique de la lutte contre toutes les pratiques
moyenâgeuses, y compris la vieille religion officielle et toutes
les tentatives de la rénover ou de lui donner une assise nouvelle,
différente, etc ". Mais en réalité c'est le parti qui est
devenu le chef et qui a zigouillé les curés et plus ou moins laissé
rêver les imams tant qu'ils ne s'alliaient pas avec leurs alliés
naturels, les armées blanches.
La
religion est-elle une affaire privée? Sur son site Matière et
Révolution, R.Paris n'éclaire pas plus sur les subtilités de la
religion affaire privée. On lira avec profit l'article: Le
radicalisme se couvrant de l'islam; en particulier le paragraphe
"débat au sein de l'extrême gauche" où R.Paris décrypte
très bien la collusion des diverses ailes du trotskysme avec un
islamisme "populaire", toujours la tactique de
l'entrisme... même chez le diable et sa grand-mère.
La référence
de la plupart des trotskiens à l'international est un article d'un
"arrangeur" certain Dave Crouch,
Les
bolcheviks, l’Islam et la liberté religieuse
paru dans le numéro de décembre 2003
de la Socialist Review, mensuel du Socialist Workers Party
britannique, traduit comme par hasard par un autre faussaire,
Y.Coleman.
La
description, tout en rappelant le plantage opportuniste des envoyés
de Moscou, est tellement irénique et fausse qu'on ne va pas
épiloguer dessus: "Les révolutionnaires peuvent tirer des
leçons de la politique des bolcheviks vis-à-vis des citoyens
musulmans de l’ex-empire russe. La révolution russe de 1917 a
éclaté dans un empire qui abritait seize millions de musulmans —
soit dix pour cent de la population. La chute du tsarisme radicalisa
les musulmans qui exigeaient la liberté religieuse et les droits
nationaux que leur refusaient les tsars.
Le 1er mai 1917, le premier Congrès
panrusse des musulmans se tint à Moscou. Après des débats très
vifs cette assemblée vota en faveur de la reconnaissance des droits
des femmes, faisant des musulmans russes les premiers au monde à
libérer les femmes (sic!) des restrictions qui caractérisaient les
sociétés islamiques de l’époque. En même temps, les dirigeants
conservateurs musulmans étaient hostiles à tout changement
révolutionnaire. (...) Lors du premier
Congrès des peuples de l’Orient, qui se tint à Bakou en septembre
1920, les dirigeants bolcheviks russes lancèrent un appel à la «
guerre sainte » contre l’impérialisme occidental. Deux années
plus tard, le quatrième congrès de l’Internationale communiste
approuva la politique d’alliances avec les panislamistes contre
l’impérialisme".
En
réalité l'Etat "prolétarien" comptait rouler dans la
farine les peuples musulmans comme chair à canon:
"Moscou employa délibérément
des troupes non russes pour combattre en Asie centrale — ils
envoyèrent des détachements de Tatars, de Bashkirs, de Kazakhs,
d’Ouzbeks et de Turkmènes se battre contre les envahisseurs
antibolcheviks. Les soldats tatars constituaient plus de 50 % des
troupes sur le front de l’Est et dans le Turkestan pendant la
guerre civile.
La politique des bolcheviks dans
l’Armée Rouge ne constituait qu’un des aspects d’une politique
globale : ils voulaient en effet s’assurer que les peuples non
russes contrôlent eux-mêmes les nouvelles républiques autonomes
dans les anciennes colonies de l’empire tsariste. Cela impliquait
le départ des colons russes et cosaques — dans le Caucase et en
Asie centrale les colons furent encouragés à revenir en Russie et
dans certains cas chassés de force. La langue russe cessa d’être
la langue dominante et les langues autochtones furent employées dans
les écoles, les administrations, les journaux et l’édition.
On créa un programme massif de «
discrimination positive » (comme on l’appellerait aujourd’hui)
(sic). Les représentants des nationalités allogènes furent promus
à des positions dirigeantes dans l’État et dans les partis
communistes et on leur donna la préférence en matière d’emploi
sur les Russes. On créa des universités pour former une nouvelle
génération de dirigeants nationaux non russes. Cependant les
efforts pour garantir la liberté religieuse et les droits nationaux
étaient constamment minés par la faiblesse de l’économie.
L’isolement de la révolution russe signifiait qu’une pauvreté
terrifiante faisait peser une menace mortelle sur le régime
soviétique. Déjà en 1922, les subventions de Moscou à l’Asie
centrale durent être diminuées et de nombreuses écoles publiques
fermées. Les professeurs abandonnaient leurs postes faute de toucher
un salaire. Cela signifiait que les écoles musulmanes en vinrent à
représenter la seule solution pour la population. « Quand vous ne
pouvez fournir du pain, vous n’osez enlever aux gens son substitut
», déclara Lounatcharsky, commissaire du peuple à
l’Éducation.
On supprima les subventions aux
tribunaux islamiques entre la fin de 1923 et le début de 1924 (ouf).
Mais des facteurs économiques empêchaient déjà les musulmans de
porter plainte au tribunal. Si, par exemple, une jeune femme refusait
d’accepter un mariage arrangé par sa famille ou de se marier à un
mari déjà polygame, elle avait peu de chances de survivre parce
qu’elle ne pouvait trouver ni travail ni logement indépendant".
Toujours désireux d'apparaître
anti-staliniens démocrates, les trotskiens nouveaux n'hésitent pas
à charger le vilain Staline, qui, sur le plan de l'attaque contre
l'islam avait plutôt tout bon à mon sens:
"Enfin, la bureaucratie
stalinienne accrut sa mainmise sur la révolution. De plus en plus
elle s’attaqua à ce qu’elle appelait les « déviations
nationalistes » dans les Républiques non russes et encouragea la
renaissance du chauvinisme grand-russe. A partir de la seconde
moitié des années 20, les staliniens commencèrent à
planifier une attaque frontale contre l’Islam au nom du droit des
femmes. Le slogan principal de leur campagne était « khudzhum
», c’est-à-dire attaque, agression, offensive".
Avant Besancenot, les bolchéviks
auraient fait voiler leurs femmes pour les envoyer dans les mosquées
prêcher le léninisme absolu:
"Le khudzhum entra en action
massivement le 8 mars 1927, à l’occasion de la journée
internationale des femmes. Au cours de meetings de masse on appela
les femmes à enlever leur voile. De petits groupes de musulmanes
autochtones montèrent sur des podiums et se dévoilèrent en public,
après quoi on brûla leurs voiles. Cette opération grotesque
renversait complètement les priorités du marxisme. Nous étions
bien loin de l’époque où les militantes bolcheviques se voilaient
pour mener un travail politique dans les mosquées. Cette
politique était à des années-lumière des instructions de Lénine
qui déclarait : « Nous sommes absolument opposés à toute offense
contre les convictions religieuses ». Tu parles Charles du Lénine
en opposition, au pouvoir les églises servirent d'auge à cochons!
Aucune référence ni source pour ce
qui suit, mais il aurait fallu respecter l'islam trotskyste:
"Inévitablement le « khudzhum »
provoqua une réaction en retour. Des milliers d’enfants musulmans,
spécialement des filles, furent retirés des écoles soviétiques
par leur famille et démissionnèrent des jeunesses communistes. Des
femmes non voilées furent agressées dans les rues, parfois violées
et des milliers d’entre elles furent tuées".
La contre-révolution ce n'est pas
l'Etat "prolétarien" qui militarise la société après
avoir fusillé en masse à Kronstadt, c'est la fin de la "liberté
religieuse":
"L’offensive contre l’Islam
marqua le commencement d’une rupture brutale avec la politique
révolutionnaire inaugurée en octobre 1917. Tandis que l’Union
soviétique lançait un programme d’industrialisation forcée, les
dirigeants nationaux et religieux musulmans furent physiquement
éliminés et l’Islam plongea dans la clandestinité. Le rêve de
la liberté religieuse fut enterré lors de la Grande Terreur des
années trente".
Crouch
en fait des tonnes, qu'il nous suffise de répercuter la critique de
ses frères en trotskysme, le parti socialiste de lutte (secte
trotskienne belge), avec laquelle je suis évidemment OK:
"Cela
ne signifie aucunement qu’il n’y a pas de leçons à tirer du
travail de pionniers des bolcheviks. Mais l’article de Crouch ne
dévoile que la moitié de l’histoire. Il se concentre presque
exclusivement sur des points tels que l’union entre les dirigeants
musulmans et les bolcheviks sans expliquer les divergences
politiques, les conflits et les complications qui ont existé ou
encore comment les bolcheviks ont essayé de gagner les masses
musulmanes au programme marxiste. Sans toutefois le dire
explicitement, l’article donne aussi l’impression complètement
incorrecte selon laquelle l’islam était intrinsèquement plus
progressiste que les autres religions parce que c’était la
religion des peuples opprimés et colonisés et encore que les
bolcheviks avaient traité les populations musulmanes d’une façon
fondamentalement différente des autres religions.
En fait, Vladimir Lénine et Léon
Trotsky ont correctement traité les droits religieux de toutes les
minorités opprimées avec une attention et une sensibilité extrême,
consécutive de leur approche sur la question nationale. Leur
objectif était de minimiser systématiquement les divisions et les
différences entre les sections de la classe ouvrière. Ils avaient
compris que, pour la réalisation de cet objectif, il était
nécessaire de démontrer encore et encore que le pouvoir des Soviets
était la seule voie vers la libération nationale pour les
nationalités opprimées par ce qui avait été l’empire russe des
Tsars (que Lénine appelait la «prison des peuples»). Mais jamais
ils n’ont cependant baissé la bannière de l’unité
internationale de la classe ouvrière. Quand des concessions étaient
faites à des forces nationalistes, il était ouvertement et
honnêtement expliqué pourquoi de telles concessions étaient
nécessaires, et en même temps les bolcheviks continuaient à
argumenter clairement en faveur d’un programme marxiste parmi les
masses des territoires opprimés."
Une perle du Le
Monde: "rien de bien méchant" (à propos du type qui a
blessé trois militaires à coup de couteau)
"Moussa
Coulibaly est connu depuis plus de dix ans des services de police
pour des faits de petite délinquance : vol, usage de stupéfiants,
outrage à agents… Rien de bien méchant. Il a été condamné à
six reprises entre 2003 et 2012 à des peines d'amende ou de prison
avec sursis, la plupart du temps à Mulhouse, où il a vécu quelques
années, selon une source judiciaire".