« Père,
gardez-vous à droite, Père, gardez-vous à gauche »
Philippe
II Le Hardi (Bataille de Poitiers 1356)
Des
épiciers littérateurs anarchistes remis en vedette1
et un drôle de calendrier pour une grève bizarre, perlée, en
pointillé, inventée par les zèbres des syndicats gouvernementaux.
La grenade est factice...comme le livre! |
COMITARDS
INVISIBLES : LES AVENTURES SURNATURELLES ET ZADISTES DE
CONCOMBRE MASQUé
« Seulement
voilà : le capital s'est emparé de chaque détail et de chaque
dimension de l'existence. Il a fait un monde à son image.
D'exploitation des formes de vie existantes, il s'est mué en univers
total. Il a configuré, équipé et rendu désirables les manières
de parler, de penser, de manger, de travailler et de partir en
vacances, d'obéir et de se rebeller qui lui conviennent. Ce faisant,
il a réduit à bien peu la part de ce que l'on pourrait, en ce
monde, vouloir se réapproprier ».2
Dans un
texte anarchiste on peut toujours trouver quelques idées pointues,
des remarques si pertinentes qu'on les a forcément déjà lues
ailleurs. La déshumanisation et l'instrumentalisation des êtres
humains par le capitalisme moderne est déjà bien ancienne. Mais
c'est sur le plan politique que cette protestation verbeuse contre la
mauvaise vie que nous fait subir le capitalisme foire dans un
raisonnement qui se veut mystérieux d'un savoir caché qui mène à
la révélation du « véritable ennemi », non pas le
politicien ni le syndicaliste gros bras, mais un type « en
armure ». Nos tarnaciens étaient il y a peu encore férus de
Goldorak. La plume d'oie, sous-Debordienne, Concombre masqué,
méprise ces « amateurs de ces processions funèbres nommées
« manifestations » (goûtant) le plaisir amer d'être
toujours défaits (…) avant de rentrer sagement dans leur car »...
« car : « Dans l'affrontement de rue, l'ennemi a un
visage défini, qu'il soit en civil ou en armure », c'est bien
sur LE FLIC. Car l'émeute est incandescence, elle crée des liens
« vivants et irrésistibles » (pour la prochaine garde à
vue?). Ne pas se laisser troubler par les images de violence, car
« ceux qui s'y arrêtent » (…) « ratent tout ce
qui se joue dans le fait de prendre ensemble le risque de casser, de
taguer, d'affronter les flics ». Car : « on ne sort
jamais indemne de sa première émeute ».
Vous ne
lisez pas un quelconque manuel de gros lycéens attardés mais bien
le second manifeste redondant de quadras épiciers en province et
pourfendeurs du principal ennemi capitaliste : le flic. Le
précédent, pronostiquait « l'insurrection » qui venait
mais qui n'est pas venue. Alors nos éternels potaches de taper du
pied : « maintenant » ! ouais !
Ne voulant
pas être compté à la remorque des défilés syndicaux
traîne-savates, Concombre masqué, au nom de ses potes et potesses
se flatte d'être des représentants, certes invisibles, de « jeunes
encapuchonnés qui défient la police », quoique à ce sujet
comme leurs ancêtres ploum-ploum ils sont toujours eux aussi, comme
les manifestants pépères, « nassé » en fin de parcours
ou en circulaire comme lors de « l'humiliante ronde autour du
bassin de l'Arsenal (…) belle manœuvre de démoralisation menée
conjointement par les centrales (?) et le gouvernement ».3
C'est piteux pour le mouvement ouvrier mais pas pour nos ardents
invisibles qui n'hésitent point à arborer le ton léniniste ou
plutôt le coup de menton du rejeton donneur de leçon :
« L'émeute, le blocage et l'occupation forment la grammaire
politique élémentaire de l'époque ». La référence de
l'émeutier en kit reste donc 1968. Le tag brille à nouveau au
fronton de l'abribus ou sur l'arête de la vitrine explosée de la
banque du coin : « je pense donc je casse ».
Fabuleux : « depuis 1968, les murs n'avaient jamais vu une
telle liberté d'esprit ».
Et
Concombre de nous citer le plus grand poète de tous les temps Pierre
Peuchmaurd, dans son « Plus vivant que jamais » recréant
le fumet des barricades. Peuchmaurd n'est pas cité intégralement
mais je peux vous en livrer deux extraits, conformes à la « liberté
de casser » de ses fans tarnaciens et le romantisme de la
« guérilla urbaine » ; quand bien même Peuchmaurd
nous faisait déjà pisser de rire l'époque :
- « ce jeune homme donc se montre plus lucide que les politiciens rassis : « Samedi 25. On a peine à y croire. Même nous. Oui, même nous. L’aube, ce 25 mai, est fasciste.
- L’autre erreur est de ne pas avoir su nous libérer à temps du mythe de la barricade. Une barricade ne tient pas devant les grenades, Gay-Lussac aurait dû nous l’apprendre. Il fallait, dès cette nuit, généraliser la guérilla, multiplier les offensives et, très tôt, nous n’avons plus mené qu’un combat défensif. »
Et
tous ces généraux d'opérette d'invoquer une répétition de la
Commune de 1871 qui fût autrement dramatique et qui n'avait rien à
voir avec nos impulsifs barricadiers des quartiers bourgeois4.
Puisque
le communisme est « retour à la terre », et sa
transition les ZAD de marginaux, comment fait-on pour prôner
l'insurrection à chaque manif syndicale où il n'y a ni paysans ni
bouseux hippies ? Comment est-il possible de traîner ses
guêtres, on plutôt son sac à dos Décathlon avec cagoule et
baskets, derrière une race disparue ? Qui inquiète tant les
gouvernements et qui fait l'objet de tant d'attentions, pour ne pas
dire de manipulations tous azimuts ?
Peu
importe, le travailleur a disparu. L'antienne était défendue depuis
des lustres par les communisateurs disparus5.
L'invisible rédacteur les a plagiés sans risque de faire scandale :
« On
a tendance à l'oublier, mais il y a un bon siècle de cela, un
candidat s'est présenté pour tenir lieu de forme de vie
universelle : le Travailleur. S'il avait pu y prétendre, c'est
à la suite du grand nombre d'amputations qu'il s'était imposées –
en termes de sensibilité, d'attachements, de goût ou d'affectivité
(…) le candidat traîne, depuis lors, sans savoir où aller ni que
faire, encombrant péniblement le monde de sa gloire révolue. Du
temps de sa splendeur, il avait des groupies de tout bord,
nationalistes ou bolchéviques voire nationaux-bolchéviques ».
Que déduire de tant de mépris aristocratique de clochards avinés ?
Rien que cette connerie de phrase qui suit : « Nous
observons de nos jours une explosion de la figure humaine ».
Comprenne qui pourra, mais la logique et la démonstration
révolutionnaire de notre invisible plumitif sont aussi éclairantes
que brouillard et brume réunis.
Qui
remplace donc ce travailleur disparu ? « L'appauvrissement
organisé des subjectivités » ? (ouaf ouaf!) les
« témoins de la perspective tenace » ? (hé hé!)
Ou bien cette « résurgence des formes de vie » mais
résultant de la « fragmentation de l'universalité ratée du
travailleur ». (dur dur!)6.
Mais voilà que tout s'explique par cette fragmentation, dont celle
de la CGT qui, en province, a magnifiquement rejoint zadistes et
« autres incontrôlables ». Chose qui « doit
inquiéter le gouvernement au plus haut point »7.
Remplaçant
le désuet combat de classe, l'occupation zadiste est la
fragmentation « qui pointe vers ce que nous appelons
« communisme » : c'est le retour sur terre »,
donc en occupant les terres reprises au capitalisme ! Suffisait
d'y penser pour être vraiment communiste !
Que
propose notre concombre masqué face à la bulle navrante du
smartphone dans « la foule solitaire sérielle des transports
en commun (…) une bulle qui immunise contre tout contact, en plus
de constituer un mouchard absolu » ?
- « S'organiser véritablement n'a jamais été autre chose que s'aimer ».
Une
argumentation tarnacienne à mourir... de rire ! Avec cette
autre recopiage de nos pauvres communisateurs : « Le
communisme est le mouvement réel qui destitue l'état de choses
existant ».8
En
attendant, la fin du travail prônée comme solution par nos trimards
d'épicerie provinciale et architectes des cabanes bambous à
zadistes confirmés, il suffit « d'être présent au monde »
et de vivre on ne sait comment9.
Depuis une cabine de la ZAD, en cageot et ficelles, il faut
préciser : « Nous ne pouvons avoir recours à des
structures qu'à condition de les trouer »10.
Les murs en carton de la cabane zadiste ? Car, tout est dans les
mots et la radicalité dans le vague total : « La seule
mesure de l'état de crise du capital, c'est le degré d'organisation
des forces qui entendent le détruire ».11
LA
POLICE, VOILA L'ENNEMI !
Avec
le chapitre « Tout le monde déteste la police »,
concombre masqué va enfin trouver son rythme de croisière lycéenne.
Certes on sait qu'Orwell a écrit un jour : « le premier
ennemi auquel fait face l'ouvrier, c'est le policier ». Orwell
n'est pas forcément un grand penseur de la société, mais ce qui
est comique c'est que notre tarnacien de service reprend l'idée
sottement réductrice après l'avoir fait taguer sur un mur de son
chapitre. La police, comme la justice, du point de vue marxiste, sont
des institutions de maintien de l'ordre bourgeois, voire de terreur
si le prolétariat se fait menaçant. Ce n'est pas du tout
l'acception du gauchiste tarnacien. Le cri de ralliement anti-flic
primaire, « difficile à faire comprendre à un marxiste »,
se base sur « l'assassinat de Rémi Fraisse » et le
« viol de Théo »12,
slogan qui a été magnifiquement repris par : « des
« jeunes » des banlieues à la face des cadors en
uniforme qui les toisaient depuis une passerelle métallique changée
en mirador ». Matez au passage l'imagerie antifa ! Lorsque
suit une histoire de la police, c'est un bla bla insipide de merdeux
cagoulé qui ne voit plus en face de lui qu'un autre cagoulé, mais
CRS responsable de la Constitution et des lois (ce qui est osé vu le
niveau intellectuel moyen des CRS) avec les habituelles pirouettes
creuses : « Ainsi la police veille à un ordre apparent
qui n'est intérieurement que désordre. Elle est la vérité d'un
monde de mensonge, et par là mensonge continué ». Mais il y a
interprétation plus imbécile deux pages après :
« La
corporation policière a compris, quoique lentement, qu'elle était
devenue la condition du gouvernement, son kit de survie, son
respirateur ambulant. Si bien que leur rapport s'est inversé. CE
sont les gouvernants qui sont désormais des hochets entre les mains
de la police. Ils n'ont plus d'autre choix que d'accourir au chevet
du moindre flic égratigné et de céder à tous les caprices de la
corporation »13.
Un tel raisonnement farfelu peut gonfler d'honneur le débile
encagoulé qui ne rêve que de buter un flic14
mais ne change rien au fait que la police n'est et ne restera qu'une
force d'exécution tant que durera l'Etat bourgeois. Il faut noter
tout de même la stratégie des médias gouvernementaux qui
consistent à généralement ridiculiser la police (en soufflant à
l'élite policière : ne vous inquiétez pas, c'est la piétaille
qu'on vise!), même quand elle a fait « son boulot »
proprement, et la « justice » - sans doute pour éviter
des émeutes – inculpe toujours un policier qui fait usage de son
arme alors qu'il est en train de se faire lyncher par 50 racailles.
La
police menacerait la société de son « autonomie politique » ;
combien de joints a donc fumé concombre masqué pour écrire
cela ?15 ;
Mais
attention, vous croyiez avoir compris que la police avait le rôle
« politique » dominant, pas du tout c'est plus compliqué,
et il faut entrer dans le corps à corps :
« Viser
un uniforme avec un pavé, ce n'est pas la même chose qu'entrer dans
un corps à corps avec une force armée » (Concombre parle
d'expérience) (…) La police est une cible et non un objectif, un
obstacle et non un adversaire. Qui prend les flics pour adversaire
s'interdit de percer l'obstacle qu'ils constituent. Pour arriver à
les balayer, il faut viser au-delà. Face à la police, il n'y a de
victoire que politique. Désorganiser les rangs, la dépouiller de
toute légitimité, la réduire à l'impuissance, la tenir à bonne
distance... ».
En
réalité la nuance n'est pas bien épaisse. On est en pleine émeute,
faut tabasser ou buter les flics, voir les transpercer pour voir à
travers la vérité... politique. Le mystère tarnacien a quelque
chose de kabalistique, c'est du flan quoi. Et de nous citer la pensée
profonde, quoique bornée, du plus grand poète de 1968 feu
Peuchmaurd (qui est mort depuis) : « En l'absence de parti
révolutionnaire, les vrais révolutionnaires sont ceux qui se
battent contre la police »16.
Les
forces conspiratives des invisibles sont très puissantes, la preuve
aucun gouvernement ne peut se permettre de faire tomber militairement
la ZAD, l'opinion désapprouverait : « Il s'agit donc de
tenir ensemble une capacité de diffusion de masse et un nécessaire
échelon conspiratif ».17
Puis
c'est l'exemple de la guerre en Syrie, « comme des anciens
maquis »18,
comme il a eu pour modèle le roman policier (p.125) ou Nuit debout
quoique avec des imperfections, mais aussi l'auteur de la Vie secrète
des arbres, où « les arbres se parlent » et n'ont pas
besoin de smartphones eux !
Concombre
est plus radical que le communisateur Robert Kurz (« marxiste
pontifiant ») : « La question du communisme se pose
aussi bien dans chacune de nos existences infimes et uniques, à
partir de ce qui nous rend malades ». Yldune a dû mettre son
grain de sel « pour la suite », il était crucial que
l'on sache : « Le mot « vie » en hébreu est
un pluriel comme le mot visage ». Un peu de culture
(mystérieuse) en passant ne peut pas faire de mal au morveux
enfiévré qui lit avidement ce brouet. Mais que la fin est minable,
tout ce discours chaotique et accablant de bêtise pour nous livrer
une perspective, certes très zadiste, mais artisanale, hyper
individualiste et hédoniste, reprise à une variété de
communisateur un certain Müller : « Ce qu'offre en
revanche le communisme, c'est la solitude absolue. Le capitalisme
n'offre jamais la solitude mais toujours seulement la mise en commun
(…) Il y a le cliché du communisme comme collectivisation. Pas du
tout ; le capitalisme c'est la collectivisation (…) Le
communisme c'est l'abandon de l'homme à sa solitude. Devant votre
miroir le communisme ne vous donne rien. C'est sa supériorité ».19
Ce communisme de farfadet je le conchie.
Après
les grands ensembles voici les petits ensembles des marginaux sans
classe et sans fratrie : « La seule chose qui soit à même
d'unir transversalement l'ensemble de ce qui déserte cette société
est un parti historique, c'est l'intelligence de la situation »20.
La
situation... Concombre masqué est infoutu de la lire, malgré sa
prière insurrectionnelle, et d'intelligence il n'a point. Les
communisateurs n'auront donc pas d'héritiers mâles, la famille des
zozos et des zadistes sera bientôt en voie d'extinction.
SUR LE
PROCES EN COURS
Au
début de l’Affaire de Tarnac j’avais pris position en faveur des
victimes de la « machination policière », contre les
doctes frileux dénonciateur du terrorisme, gauchistes et
ultra-gauches.
J’ai
en même temps démonté petit à petit le délire idéologique des
anarchistes verbeux (et dans mon livre The end), puis lassé de leur
pipolisation je suis retourné à la position du milieu maximaliste :
pas de soutien à l’Etat bourgeois ni aux petits bourgeois
anarchistes… qui s’en tirent toujours ; comme le confirme
leur béatification présente par le chœur des serviteurs de la
gauche au pouvoir, et même les Besancenot et autre pétitionnaires
qui les daubaient hier encore.
LE
MONDE du 15 mars a constitué tout un dossier , plutôt flatteur et
servile, à cette mouvance zadiste (alors que le ton est nettement
plus diffamatoire contre les cheminots, comme l'avait été l'ignoble
Alferd Grosser lors de la grève de 1986). Un certaine Nathalie
Quintane, écrivaine paraît-il, nous indique que les gauchistes sont
désormais plus cultivés (« Une partie de l'extrême gauche
lit davantage de littérature ») ; c'est vrai que le
sensibilités sont dosées : Besancenot s'occupe des couches
plus lettrées quand Poutou s'occupe de cibler sur les mains
calleuses. Mais l'écriture tarnacienne quelle jouissance : « ET
l'avenir leur a donné raison. Leur essai L'insurrection qui vient
(2007) a eu un effet social certain, en particulier sur les jeunes
générations. J'ai rencontré pas mal d'ex lycéens qui se sont
« politisés »en le lisant et qui ont un usage autre que
simplement esthétique de cette prose-là. Il y a une efficacité
indéniable de ces livres, de ces choix d'écriture ». C'est
très grave docteur !
Deux
autres auteurs nous enseignent : « En revanche,
psychologiquement, une forme sophistiquée d'anarchisme est un
avantage-clé, non pur survivre mais pour superformer. Refuser les
règles extérieures, pour façonner puis imposer sa propre norme ».
Déjà
acquis à la secte tarnacienne ?
Sous
le titre : « Le comité invisible, dix ans de
subversion », un certain Nicolas Truong nous apprend qu'il y a
à boire et à manger pour tous dans la pitance littéraire
tarnacienne, ainsi on peut trouver le saltimbanque manouche Marcel
Campion comme le talmudiste Ivan Segré (ce qui explique sans doute
le culte du secret ésotérique chez Concombre masqué. Ce même
talmudiste a publié « l'une des analyses les plus élaborées
du livre « décolonial » de Houria Boutelja, porte-parole
du parti les indigènes de la République et auteure de Les Blancs,
les Juifs et nous : vers une politique de l'amour
révolutionnaire. Une solide armature théorique – Foucauld,
Deleuze, Debord... Agamben et une connaissance aiguisée des
mouvements émancipatoires du siècle dernier... ».
C'est
archi faux, ils ne connaissent rien du véritable mouvement
révolutionnaire porté par les fractions de gauche bolchévique,
allemande et hollandaise, dont ils n'ont disposé que par la théorie
light et néo-trotskienne de S ou B. Je ne résiste pas à vous
resservir un soubassement de type militariste de nos tarnaciens, déjà
analysé dans mes précédents articles qui à la relecture me paraissent inutilement véhéments.
Biberonnés
à l’idéologie antifasciste de la Résistance nationale et au
mythe de la révolution espagnole comme avant-garde de la destruction
du nazisme, nos épiciers d’un gauchisme ringardisé exhibent leur
ignorance des tenants et aboutissants de la grande mystification du
XXème siècle en l’érigeant en modèle d’engagement :
« Ici, gober
le bobard est le prix à payer
pour notre confort moral. En d'autres temps, on n'aurait pas attendu
pour monter
des brigades internationales de volontaires auxquelles auraient
participé de futurs George Orwell, et c'est bien sûr de ne l'avoir
pas fait que nous avons, en lieu et place, des Brigades Al-Nosra et
des otages ». Ah le beau conte gauchiste récurrent des
"brigades internationales" ces cocus de l'antifascisme
embrigadés volontaires en Espagne pour se faire encadrer par
chefaillons staliniens et anarchistes dans les prolégomènes de la
future guerre mondiale impérialiste! Le cinéaste trotskien Ken
Loach avec "Land and Freedom" a bien montré, par devers
lui, que cette guerre d'Espagne ne fût qu'une sinistre préparation
à l'embrigadement des esprits enfiévrés et grugés par une
révolution qui avait très vite tourné court... les braves
anarchistes qui avaient accourus apprirent surtout à marcher au pas
et surtout à bannir les assemblées délibératives... Quant à
Orwell, bel exemple d'épiciers ignorantins, il faudrait nous
expliquer pourquoi il collabora avec les services secrets anglais et
défendit l'impérialisme britannique durant toute la guerre...
Selon
nos épiciers anarchistes, sans leur père protecteur papy Hazan
(blanquiste maoïste), les « jeunes de 15 ans » ont un
bon fond, mettre fin au massacre en Syrie. Soit, MAIS AU SERVICE DE
QUI ? De l’impérialisme américain qui finance tel ou tel
gang djihado-mafieux ? Au nom du chef de bande mercenaire
Mahomet ? Au nom du petit ergoteur de la finance française
Hollande ?
L’inanité
et la nullité politique d’une telle dénonciation morale de
l’idéologie antiterroriste n’est en fait qu’une nouvelle
apologie de la guerre rédemptrice qui affabule à son tour sur le
mensonge déconcertant des médias sur la volonté de certaines
grandes puissances de mettre fin aux massacres contre les salauds
Assad et Poutine comme s’il dépendait de tel ou tel impérialisme
rival de faire cesser meurtres et viols, comme s’il fallait gober
ce militarisme post-colonial « humanitaire » qui prétend
mettre fin à des barbaries triviales entre cathos et musulmans ou
entre « tribus » primitives. Comme en 1914 l’anarchisme
révèle sa capacité à choisir un camp, de préférence dominant et
le plus mystificateur ; hier c’était la défense de la
« patrie socialiste », aujourd’hui c’est
« l’ingérence humanitaire » au nom d’Allah ou de la
démocratie.
DROLE
DE CALENDRIER POUR ENCADRER OU DEBILITER UNE BIZARRE GREVE PERLEE ou
déjà foireuse
Clémentine
Autain, députée mélenchonienne s'est félicité qu'un média
« indépendant » Médiapart ait signalé à la terre
entière la mise en examen de Paul Bismuth, autrement nommé Sarkozy.
Le gus serait confronté à des preuves accablantes de sommes
faramineuses fournies par ce pauvre Kadhafi exécuté si sauvagement,
pour gagner les élections démocratiques en France. Dans combien
d'années Macron sera-t-il condamné pour avoir perçu lui aussi,
mais des mains propres de la finance internationale, de quoi
remporter peu brillamment la place de premier édile du mensonge
démocratique ?
Pour
l'heure, on peut s'interroger sur le calendrier du mur des cons
magistrats gauchistes, eux aussi dits indépendants, alors qu'ils
travaillent exclusivement aux ordres des gouvernements successifs et
comme Médiapart, main dans la main avec la police : au même
moment on remet le couvert pour les tarnaciens + Paul Bismuth.
Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Pour
la bataille du rail il faut du numérique en technicolor. Pour
l'apéritif on a déjà programmé le procès des « invisibles »
tarnaciens, qui ont pour principal tort de se moquer de la police et
des magistrats, ce qui n'est pas bien déontologiquement, mais les
concombres démasqués peuvent servir d'aimables repoussoirs aux
« responsables syndicaux » qui restent prêt eux aussi à
leur mettre sur le dos toute manifestation violente ruant dans les
brancards syndicaux, voir à assimiler les ouvriers révoltés au
discours potache d'insurrection de papier de la clique à Coupat et
de leurs groupies. Quoique les ouvriers et employés en aient marre
eux aussi des manifs traîne-savates, comme on l'a vu ce jeudi 22
mars, cortèges clairsemés, parsemés de militaires syndicaux avec
le fanal de leur boutique. Heureusement que les « perturbateurs »
(on n'ose plus les nommer casseurs) ont pété des vitrines et nargué
la police en uniforme sinon personne n'aurait parlé de ces défilés.
La
mise en garde à vue puis en examen spectaculaire de l'ancien
président de droite « corrompu » vient à point pour
parfaire le décor qui semblait jusque là réservé à une série
d'attaques culottées contre la classe ouvrière. Attaque frontale
contre les cheminots tout en leur promettant la vaseline, chasse aux
chômeurs en invoquant leur refus répété de n'importe quel job,
attaque massive des retraités tout en promettant d'en épargner cent
mille, vraiment fauchés comme l'a reconnu humblement le premier
commis de Macron. La mise aux fers de Sarko vient signifier que si
appel est fait aux sacrifices des « privilégiés » du
rail ce n'est pas pour simplement complaire aux puissants puisque
l'un d'eux sera en cabane, même brièvement. L'Etat macronesque et
révolutionnaire frappe donc à gauche et à droite, n'est-ce pas là
une preuve de son impartialité, de son « indépendance »
des classes, de sa magnanimité et de son amour pour tous les
citoyens, misérables ou impuissants ? En même temps la
fraction de droite est muselée face à toute remontrance de sa part
sur une éventuelle incompétence du gouvernement révolutionnaire de
Macron à gérer l'enculage des ouvriers au profit des règles de
Bruxelles en fin d'année.
Il
faut ajouter que, contrairement à Paul Bismuth, les cheminots ne
seront pas eux placés en GAV, quoique les commissariats ne
disposeraient pas la place suffisante. Ils auront le droit d'être
promenés par la main par les diverses chapelles syndicales de
l'Etat, d'allumer des feux professionnels, des pétards et de faire
brûler des pneus qui, par la fumée volumineuse et âcre singent une
colère d'opérette, enfumant paysage et salles des tractations
secrètes avec patrons et gouvernement où tous les négociateurs
syndicaux sont rois.
C'est dans
les locaux du NPA qu'a été scellée la "déclaration
unitaire",
signée conjointement par 12 formations politiques. "Ils nous
veulent désunis? Nous répondons que nous serons dans la rue le 22
mars pour défendre l'accès au service public, à commencer par le
ferroviaire, les cheminots, mais aussi l'ensemble des fonctionnaires
et l'intérêt des usagers", conclut cet appel.
Exclu
-de fait- de cette coalition de circonstance, le PS a tout de même
appelé au rassemblement mais son nouveau représentant a dû dégager
de la manif.
Si
Olivier Besancenot a pu jouer au fédérateur, c'est qu'il n'y avait
pas un bien grand risque. En vérité en appelant à une réponse
unitaire des petits partis de la gauche bobo et zadiste c'était
consacrer l'inverse, ils ont défilé séparément. Sitôt lancé,
l'appel unitaire a fait l'objet d'une guerre de chapelles entre La
France insoumise et le mouvement de Benoît Hamon, chaque formation
accusant l'autre de ne pas jouer collectif. Du côté de
Génération.s, on fait reproche aux insoumis leur manque de zèle,
en ne signant pas l'appel au nom du parti mélenchoniste, mais au nom
du Parti de gauche et du groupe LFI à l'Assemblée.
"C'est
le procédé habituel des troupes de Mélenchon, ils font semblant
d'être unitaires mais se défaussent en ne signant pas pour tout le
mouvement mais uniquement pour le Parti de gauche, qui est hors des
radars politiques", a
taclé dans Marianne
Ali
Rabeh,
porte-parole de la formation hamoniste.
Du côté
de la France insoumise, on se méfie de cette soudaine envie d'unité.
"Oui, Besancenot nous oblige à faire l'unité. Mais ça ne
compte pas, ça, ce sont des gamineries. Ils veulent une photo avec
tout le monde? Ils l'auront. Et après? Faire des meetings à la
Bellevilloise avec vingt-cinq orateurs, ça va changer les choses?
Besancenot est dans l'union de la gauche, après avoir fait exploser
le NPA sur une ligne sectaire. Et là, il répète tout ce que dit
Hamon", lâche un député insoumis cité par Le
Monde.
Pour la
grève perlée ou séquencée dont on se doute qu'elle n'est pas
souhaitée – car déjà sabotée – par la plupart des cheminots,
qu'elle ait lieu ou pas, il faut constater l'adaptation des bonzes
syndicaux. D'habitude ils trahissent toujours à la fin, dans ce cas
de figure ils trahissent benoitement au début. Ils sont déjà
divisés sur « la méthode à suivre », et prêts à
doucher toutes les énergies.
NOTES
1Vous
pouvez lire tous les articles que j'ai consacré en particulier il y
a quatre ans à la saga tarnacienne en tapant « coupat »
dans le moteur de recherche. Lire aussi :
https://collectiflieuxcommuns.fr/205-tarnac-retour-sur-un-aveuglement
2Livret
du comité invisible, intitulé « Maintenant », p.81-82.
Et toujours le mystère révélé, ésotérique, comme les curés du
temps jadis : « Quiconque connaît l'envers du pouvoir
cesse immédiatement de le respecter ». Dans le box des
accusés, ces pieds nickelés peuvent bien faire les malins mais ils
n'ébranleront en rien l'institution judiciaire qui elle perpétuera
son mépris et son injustice sur les sans défenses, qui n'ont ni
caméras de télé ni journalistes pour faire scandale dans leur
solitude et leur malheur.
3Ibid,
p.31.
4Comme
vous ne l'avez pas lu dans le compte-rendu de la réunion littéraire
de la semaine dernière, c'est bien du Peuchmaurd qu'on nous fît
subir en longs extraits, goûtés par tous ces vieux machins
adorateurs des vieux mythes éculés de 68.
5Cette
équipe de petits profs retraités qui avaient publiés à compte
d'auteur chez L'Harmattan, des navets anti-marxistes
invraisemblables, n'intéressent plus personne.
6On
ajoute en plus : « un deuil mexicain » ! Oh
que c'est rigolo !
7Les
zadistes « en arrachant une portion de terre au continuum
national » permettent d'entrer en sécession , vers le
communisme ? Non, comme n'importe quel syndicaliste, la phrase
radicale débande immédiatement : « prouve amplement que
celui-ci (l'Etat français) n'existe plus sur le même mode que par
le passé ». Toc ! Il bat en retraite dans la « guérilla
des bocages ». Il est question par après « d'assaut de
diligence » par nos jeunes vieux fanas de westerns comme quand
une voiture de police se fait incendier au cocktail Molotov car
« c'est un peu devenu le farwest dans ce pays ». Sauf
que le flic et la fliquette ont failli en crever et que dans un
western ils font simplement semblant !
8P.
85
9Certainement
d'amour et d'eau fraîche puisque même un produit comestible par
l'idéologie marginale zadiste, l'économie sociale et solidaire, ne
trouve pas grâce aux yeux de ce contestataire idéaliste et poète,
et il est vrai que pas plus que les vieilles coopératives
syndicales elle ne menace le marché capitaliste.
10P.106.
11P.107.
12Encore
une invention de la presse pour vendre du papier, face à laquelle
j'ai marqué moi aussi mon indignation, alors que la vidéo montre
qu'il s'agit d'un coup maladroitement porté dans la bagarre, et non
pas d'un viol ni d'une volonté d'humilier.
13P.116.
Depuis quelques années il y a eu pourtant beaucoup plus de flics
tués en service ou par suicide que de héros tarnaciens ou zadistes
écologiques.
14Lors
de la ronde ridicule autour du bassin de l'Arsenal qui a clôt la
loi travail, un ti con n'a pas cessé de frapper et pousser une
jeune femme CRS qui formait le barrage avec des hommes plus grands
pour ralentir la manif. Je pensais que s'il avait été respectueux
des femmes comme le prétend l'idéologie gauchiste, il n'aurait pas
ainsi molesté pendant des centaines de mètres la jeune CRS, ou
aurait pu plutôt s'en prendre au costaud à côté. Je m'en veux
encore de ne pas être intervenu pour le faire cesser ou le baffer.
Je fais partie de ces manifestants qui interviennent ponctuellement
pour demander de respecter la « piétaille » CRS qui
n'est pas composée uniquement de brutes épaisses. Mais si d'après
nos neuneus tarnaciens les CRS sont le vrai gouvernement, alors je
veux bien rester passif.
15P.117.
16P.119,
et on meurt de rire à notre tour en lisant le ressenti de Concombre
masqué : « Il faut entendre toute la mélancolie qui
s'exprime dans ce constat de Pierre Peuchmaurd en 1968 ». J'en
ai dévidé un rouleau entier de sopalin.
17P.120.
18Dans
l'ouvrage précédent sur une insurrection qui n'est pas venue,
Concombre prenait fait et cause pour la résistance bourgeoise en
39-45, comme en faveur de toutes les actions armées des divers
gauchismes successifs ; clins d'oeil à ses pères staliniens
qui ont fait dérailler un train plein d'ouvriers au début des
années 1950 ?
19P.146.
20P.154.