Ou quand la bourgeoisie
française s'est couchée devant l'occupant allemand et fait la même
chose avec l'occupant américain, constat dont aurait dû partir
Zemmour au lieu de batifoler avec des circonstances atténuantes pour
le boucher de Verdun et celui des enfants juifs... Sarkozy la banane
l'avait précédé en exigeant que dans les écoles on sanctifie "le
vainqueur de Verdun" (encore une idée de Buisson). En
s'appuyant sur le vieux con de 40 Zemmour donne hélas des verges
pour se faire battre et surtout amoindrir un propos qui n'a rien à
voir avec Pétain (faut-il remercier Sarkozy et Hollande de trier les
immigrés ou leur reprocher de ne pas exiger de l'Angleterre un ferry
boat pour emporter vers la Perfide Albion libérale à géométrie
variable les 2000 réfugiés qui attendent dans les rues de Calais
les désidérats des patrons british?). Il rend service surtout à la
gauche au pouvoir en confortant la mystification de la focalisation
sur les immigrés "en général", quand plus que les
pauvres hères qui lanternent au pied des Préfectures, l'utilisation
idéologique de la "tolérance" religieuse et vestimentaire
est une superbe arme de la gauche caviar pour diviser les prolétaires
et encourager l'obscurantisme. Le triomphe du folklore public
islamiste est surtout le reflet de l'absence d'horizon politique
alternatif au capitalisme!
La légende des mille ans
d'histoire de France avec laquelle le petit juif pied noir venu
d'Algérie veut fayoter au "bon français" est une légende
nationale éculée. La nation n'existe qu'à partir de 1789.
L'histoire, et même l'histoire nationale, n'existe pas avant le XIXe
siècle, elle n'est qu'un fatras d'histoires religieuses ou repose
sur les écrits éclectiques des auteurs successifs. La discipline
histoire ne naît qu'au XIXe et sert à la formation du sentiment
national, comme la météo quotidienne à la télé a moins pour
fonction d'indiquer la température dans les régions qu'à imprimer
dans le cerveau l'image hexagonale éternelle.
Ce qu'il y avait avant
n'est qu'une histoire de diverses peuplades en guerres de rapines et
religieuses. La nation est par conséquent un moment transitoire dans
l'histoire de l'humanité. Anticommuniste primaire (en regrettant que
les flics n'aient pas tiré à Villiers le Bel il se réjouit que les
Versaillais aient tiré sur les Communards p. 500) Zemmour n'a
d'autre perspective qu'un impossible retour en arrière dans la
misère des années 1950 qu'il n'a pas vécue.
Il est rare qu'un
polémiste "raciste", "homophobe", "islamophobe"
soit autant livré à la vindicte des médias à la veille des prix
littéraires, que les principaux médias dirigent leurs projecteurs
et leurs loupes grossissantes avec tant d'ardeur et de réprobation
pour qu'on n'y voit point le début d'une campagne d'intoxication
idéologique, ou sa prolonagtion récurrente et aléatoire.
Eric Zemmour, qui fait
partie de l'élite des journalistes du panel médiatique est venu
troubler les grosses ventes de la pétasse Trierweiler, amante
arriviste répudiée heureusement par le président en titre de la
République bourgeoise. Et alimenter la problématique immigrée
récurrente, confuse et prurit national incessant. Son épais ouvrage
"Le suicide français", avant même d'avoir été lu par
les lecteurs ordinaires a fait l'objet d'une décrédibiliation en
règle. La Licra nationaliste commandita un sondage ad hoc à
OpinionWay
On s'en prit d'abord à
sa présumée "rhébabilitation de Pétain" qui aurait
sauvé la majorité des "juifs français". Quand on lit la
démonstration de Zemmour, on se pose deux questions: la première
est qu'avec une demi-vérité on ne restaure pas la vérité. C'est
vrai que l'Etat vichyste a "marchandé", c'est vrai aussi
que des collabos ont sauvé des juifs. C'est vrai qu'une partie des
résistants et des "justes" français ont aussi sauvé des
juifs. C'est vrai surtout, et là Zemmour a raison, que l'Etat d'une
France vaincue a été soumis aux désidératas des nazis, dont la
théorie raciale était avant tout une théorie nationaliste
d'éradication du communisme en remplaçant les prolétaires
internationalistes par les juifs apatrides.
La première question est
de se demander pourquoi à la fin des années 1960 la focalisation
sur la Shoah a pris son envol avec l'historien US Paxton, mettant fin
à toute gloriole nationale résistancialiste. Zemmour, partant d'un
point de vue national poussiéreux, part en vrille en posant la
question de l'immigrationnisme de travers et du point de vue
francophile. La deuxième question est pourquoi a-t-il débuté son
livre passionnant à beaucoup d'égards sur une prétendue
"résistance pétainiste" à l'ogre nazi? Pour arguer d'une
dignité minimum du roman national? Ou pour faire un clin d'oeil aux
vieux admirateurs de Pétain, un important lectorat d'électeurs du
FN qui ont besoin de trouver une assise historique aux reniements
successifs envers l'impérialisme américain? Et qui se précipitent
en masse pour en faire un best-seller, et qui sera de plus en plus un
best-seller au fur et à mesure que les élites taperont dessus. Et
sa référence à la grandeur de De Gaulle (assassiné par les bobos
de mai 68) n'est-elle pas un antidote à l'accusation attendue de
restauration du pétainisme, à la manière de la vieille barbe
crapoteuse Maurras ou de Marine la coquine?
La campagne de la Shoah à
la fin des sixties n'est pas dûe à la critique par un historien
extérieur à la France (Paxton) d'une histoire passée
franco-française que les historiens du cru auraient été incapables
de faire, elle est une campagne germano-américaine pour ridiculier
la bourgeoisie française (nota sa fraction gaulliste) et lui faire
payer Mai 68.
On s'en prend ensuite à
ses chiffres exagérés des enfants immigrés (sept millions alors
qu'ils ne seraient que trois millions et des poussières). Zemmour
exagère les chiffres sans doute mais ses contempteurs ne prennent
jamais le métro; ou sont toujours dans les aéroports comme il s'est
brillamment moqué du nunuche Attali et de son "retour à soi".
Le Monde et les journaux télévisés, les émissions de débats ne
bruissent que du cas Zemmour. Or, comme chacun sait le gouvernement
est celui de la gauche caviar, c'est à dire celui qui est le donneur
d'ordre des idées dominantes. Un gouvernement "socialiste"
empêtré dansla crise économique, qui méprise les "sans
dents", qui supprime les allocations chômage pour le deuxième
enfant mais pas pour le troisième ou le sixième, qui veut fliquer à
mort les abonnés à pôle emploi, ne peut pas être tout à fait
innocent de tant de leçons d'antiracisme et de défense de
l'idéologie républicaine nouvelle du commnautarisme si européen et
universaliste.
Zemmour veut nous conter
le roman national de mille ans de francisation mais cet historicisme
ne tient pas la route, non par ce qu'il se contredit – il ne fait
pas un réel historique rigoureux de l'apparition et du développement
de la nation française qui commence parfois au XIXe siècle et à
d'autres pages avec le grand Charlot général – et s'enfonce dans
des descriptions sociologiques agrémentées de ses conceptions
machistes ou ces banalités ordinaires freudo-lacaniennes (la mort du
père avec la décapitation de Louis Capet et la mort de la famille
en position du missionnaire). Depuis bien avant la décapitation de
Louis XVI, puis l'échec de Napoléon et la retraite de De Gaulle,
jamais les peuples en révolte n'ont considéré despotes ou
dictateurs comme leur père1.
Trotsky, jeune président du Soviet en 1905 n'avait-il pas répliqué
à un prince du tsar: "nous ne sommes pas vos enfants"! Que
le minuscule Zemmour ait besoin d'un père comme Debord regrettait de
ne pas être un baraqué, c'est son problème pas celui de l'histoire
de France ni de la lutte des classes.
LA RELIGION ARRIEREE EST
PLUS LE VRAI PROBLEME QUE L'IMMIGRATION
L'enveloppe explicative
au déclin de la France concernant l'envahissement immigré n'est pas
et n'a jamais été un problème français mais mondial. Le déclin
de la bourgeoisie française est plus lié à sa défaite lors des
deux guerres mondiales et à ses faiblesses économiques et
politiques qu'à la question de l'immigration, qui n'est qu'un
épiphénomène social qui n'a pris un tour dramatique et insoluble
que depuis l'effondrement du bloc de l'Est et l'étouffement des
aires des anciennes colonies par des guerres interminables où la
France (officielle) est aussi criminelle que les autres grandes
puissances et dans la continuité impérialiste des généraux héros
de Zemmour, les Pétain et De Gaulle.
Zemmour ne se place pas
au niveau historique plus général dont j'ai traité moi, d'une
problématique immigrée moderne liée désormais à la fuite éperdue
face aux guerres et au chômage de masse (cf. Mon livre "Immigration
et religion"). Il n'a pas tort cependant sur la plupart des
conséquences de l'envahissement musulman qu'il décrit depuis les
années 1970. Mais il ne voit pas les causes réelles ni
l'utilisation de ce phénomène non pas en soi contre "la
tradition française" ou les "français de souche
méprisés", lequel est à la fois un besoin du Capital pour
renouveler une classe ouvrière manuelle et soumise, et une nécessité
pour diviser cette même classe ouvrière grâce à une religion
arriérée et fétichiste.
Il est étonnant, même
s'il se distingue aimablement de toute assimilation aux thèses du FN
qu'il ne rende pas hommage à sa prescience; c'est le FN et l'extrême
droite qui dès la fin des années 1960 avaient mis en garde contre
"l'envahissement" mais nullement comme une impéritie du
capitalisme mais avec cet esprit colonialiste arriéré et raciste
hérité des Drumont et Ferry. A gauche et à l'extrême gauche, et
même ultra-gauche, nous n'y vîmes que le discours "raciste"
même au moment du "regroupement familial", et pas une
possible montée d'intégrisme religieux et une
tiermondisation/halalisation des villes européennes2.
Le FN n'est qu'une
faction politique oligarchique comme les autres qui rament dans
l'empirisme habituel des politiciens à courte vue. En réalité plus
sérieusement des prévisionnistes avaient déjà soulevé le
problème. Certains avaient tiré l'alarme en disant que laisser le
tiers-monde se paupériser aurait pour conséquence que des "hordes"
de populations pauvres viendraient chercher refuge dans les pays
riches. On a oublié qu'il y a une trentaine d'années l'ONU et les
organisations charitables de la gouvernance mondiale sous l'égide
des deux blocs plaidaient pour une "aide aux pays en
développement".
Face à la fuite éperdue
de populations paupérisées face aux guerres causées par la
rivalité des grandes puissances, on a envie de poser: où est passée
l'aide aux pays "en voie de développement"? Que sont
devenus les grands programmes de l'ONU depuis que Balavoine s'est tué
en hélicoptère en venant contribuer à la pose de pompes à eau?
Ce n'est donc pas une
simple immigration de "peuplement" à laquelle on assiste
depuis tant d'années qu'à une fuite éperdue devant la guerre et la
misère, ni à une simple manipulation des Etats vertueux et de leurs
amis gauchistes angéliques. Que ces derniers militent utopiquement
pour une ouverture totale des frontières n'est pas bien méchant en
soi, sauf à entériner l'aggravation de la division entre
prolétaires autochtones (souvent anciens immigrés depuis plusieurs
générations) et sans destination en leur faisant croire que la
misère peut être partagée nationalement.
La faiblesse de la
démonstration de Zemmour est là: dans une solution nationale
étriquée "comme avant", comme avant la crise, comme avant
la guerre, comme à l'époque des Capétiens, comme à l'époque de
Pompidou et de De Gaulle, voire de 89 ou 93, mais on ne sait pas trop
s'il admire ou rejette la révolution "française".
En outre, bouffon parmi
les bouffons, ne posant pas les termes en classes antagonistes mais
en rival des Marchais, Mélenchon et Le Pen, il contribue à
alimenter les fausses questions. Sur la période de la guerre cela
redevient la question des juifs, pas la guerre capitaliste ignoble,
pas les déportations à Auchswitz non seulement de juifs étrangers,
mais de résistants, de syndicalistes ou de tous ceux qui osèrent
dire merde à la soldatesque occupante. Le problème n'est pas le
chiffrage de l'immigration ou la fixation sur le "banditisme
maghrébin" mais l'utilisation d'une religion débile pour
rigifier des ghettos banlieusards, des poches de misère.
Et c'est dommage car, non
seulement il a raison concernant l'islamophilie gouvernementale et
gauchiste, dans la description du tableau invraisemblable des
accoutrements et des désidératas antiques d'une partie de ces
populations qui se refusent à s'intégrer au prolétariat, mais
parce quil nous livre une histoire réelle de la pourriture de la
bourgeoisie française comme aucun maximaliste révolutionnaire (même
Debord) n'a été capable de la décrire sur quarante années de
vilenies, de gangstérisme et de prévarications de tout ordre. Des
vérités sui resteront ensevelies sous les reproches de racisme,
d'exagérations, de collusion avec le FN, etc.
Il faut lire ce livre
intégralement et vous saurez bien des choses sur les mafias qui nous
gouvernent: la création de SOS racisme, gang étatique, Canal +,
cette merde télévisuelle, l'invention des Restos du coeur (il
ignore qu'Attali et Goupil tiraient les ficelles de ce pauvre
Coluche), le soubassement des dénationalisations, la fabrication de
la Shoah, BHL l'exhibitionniste, le nul politique Sartre, l'invention
du RMI et de l'assistanat, les chiottes de Skyrock, les gogols du
Rap, la tolérance des prénoms excluants, les mafias du football
(pages magnifiques sur la cosa nostra de l'OM), la victimologie des
communautés officialisées (l'histoire du dérisoire CRIF), l'armée
inféodée aux Etats-Unis (malgré un ringard regret de la
conscription égalitaire), la tragédie-comédie de Sciences-po.
A noter aussi, pour la
première fois qu'un essayiste s'en sert avec brio, la démonstration
de l'utilisation idéologique des chansons; les saltimbanques
n'apparaissent plus comme reflétant l'humeur du temps mais comme de
solides propagandistes guimauves de l'idéologie dominante de
P.Perret à JJ Goldman et Cie.
Contrairement aux
louanges de ses fervents admirateurs, convaincus de tenir là le
polémiste anti-système majeur, Zemmour ne propose aucune solution à
l'éclatement des modes relationnels classiques dans et entre les
classes, au niveau vestimentaire, social et religieux, qu'une vaine
complainte nostalgique au passé des petits boutiquiers roublards
bouffé par les supermarchés, aux ploucs dépeçés par les banques,
au chef de famille respecté dont l'épouse élève les gosses et
assure la tambouille. Il y a trop de Poujade dans ce noyé de
l'immigration envahissante mais paupérisée et endoctrinée. Sur la
question taraudante de l'immigration, même s'il a raison sur
l'utilisation perverse de la ghettoïsation religieuse et arrogante
de l'immigration – et l'halalisation des quartiers -, Zemmour
maintient la confusion entre ancienne immigration magrhébine (plus
ou moins contrôlée) dont les enfants sont inintégrables en effet
mais plus du fait de la société capitaliste en faillite excluante,
et les nouveaux boat-people symboles de la gabegie capitaliste
incapable de donner du boulot à tous sur ses anciennes aires tout
comme destructrice de vie sociale paisible et de bien-être dans les
zones du toujours tiers-monde abandonnées à la guerre.
Sa conclusion est
pitoyable. Prenant à témoin le peuple boudeur (abstentionniste) il
fait l'éloge du
présumé dernier "père
de la nation" vieux général qui a "rétabli la
souveraineté de la France"! Le coq gaulois fier comme Artaban
mais les deux pieds dans la merde de sa puissance disparue? Aucun
raisonnement historique hors hexagone, mais hors-sol de la vérité
historique, rien sur le nouveau partage du monde mais focalisation
sur des personnalités qui ont cru "faire l'histoire".
"40 ans
d'égalitarisme et d'individualisme (qui ne pût accoucher) d'un
nouveau père de la nation"!
Jugement de valeur
psychologique creux qui excuse la crise capitaliste, la propaganda
anarchiste individualiste du pouvoir et des médias (dont certes les
bobos parvenus de 68), les pertes de repère politique après 40 ans
de mépris de la classe ouvrière et d'amalgame du socialisme au
stalinisme, etc. De la même taille que le nain Thiers, Zemmour râle
après "la nostalgie de cet ordre qui n'existe plus"!
Le plus risible est un
appel à la restauration du nationalisme stalinien: virer l'euro donc
rétablir le franc (millénaire voire millionnaire), "retissser
la trame de son capitalisme d'Etat" (= renationaliser! Revenez
Thorez et Marchais!). Après un clin d'oeil au lectorat FN comme je
l'ai noté en intro, Zemmour finit par un cl'in d'oeil au lectorat
PCF (ou ce qu'il en reste) par son obstination sarkozienne à cracher
sur mai 68 ("Mai 68 fût une révolution de la société contre
le peuple"!?), dans des termes qui ravissent outre-tombe
Marchais et ses gros bras, avec cette notion foireuse de peuple si
agréable aux oreilles électoralistes staliniennes quand 68 avait
remis sur la table la notion plus inquiétante de prolétariat.
L'invocation pitoyable de
la "spécificité chrétienne et romaine" du "royaume
des Francs" prolongé par le képi du général et la braguette
de Hollande ne vaut pas mieux que le dogme islamiste.
Plus catho que le plus
ordinaire des cathos butés Sainte Jeanne Zemmourien veut buter les
nouveaux protestants dans leurs "La Rochelle islamiques".
Et, faisant référence à la puissance auvergnate dans son corset de
maille gaullienne il nous exhibe flambant neuf son héros colbertiste
moderne, ventru et avec sa clope car il nous la faut "la poigne
de Pompidou"(p.526). Et terminer en citant ce crétin de Marcl
Gauchet nous laisse pantois. Notre éclat de rire à l'évocation du
laquais des Rothschild aux sourcils épais s'est arrêté net. Tout
ça pour ça.
1C'est
une problématique d'historiens et de psychologues bourgeois. Par
exemple, dans la plupart des œuvres littéraires de la littérature
canadienne-française du XIXe siècle, on trouve le thème du père
et celui de la perte de son pouvoir, interprété comme un résultat
de l'onde de choc au Québec de la décapitation de Louis XVI en
France... Or, malgré une culture assez hétéroclite et bardée de
citations, la connaissance de Zemmour plafonne sur le sujet à un
niveau gaullien, ras des pâquerettes franchouillardes. Le roi était
le représentant de dieu sur terre en zone catho européenne. Ce
n'est pas la décapittaion du roi qui signifia la mort de dieu le
père, ou du pater familia tout court, mais la dynamique de
l'époque des Lumières, produite indirectement par la révolution
capitaliste qui fît progressivement éclater toutes les barrières
mentales antiques et féodales, à une lutte des classes de plus en
plus internationale, où l'on fît voler en éclat les vieilles
superstitions et remit en cause l'exploitation de la femme par
l'homme (en ce sens Marx est le premier féministe si je puis dire).
2Mai
68 n'a tué aucun père, mais il est vrai que c'est la petite
bourgeoisie estudiantine qui a tenu le haut du pavé (faisant passer
au second plan une grève de masse fort pacifique des
"ouvriers-consommateurs" peu déterminés à brûler leur
propre bagnole) et prit le pouvoir déjà avec les concessions
féministes de Giscard, puis avec tous les anciens chefaillons
gauchistes nommés par Mitterrand ce grand ami de Bousquet qui
s'était si bien occupé avec Laval des enfants d'immigrés juifs...
Il est déplorable pourtant que notre génération ait fait sienne
une façon de conchier la France à la manière des anars
surréalistes des années 30 (Aragon en tête), conchier l'Etat
bourgeois et sa classe dirigeante est une chose mais nier toute
culture nationale est une imbécillité. Jusqu'à preuve du
contraire les plus grandes oeuvres artistiques mondiales sont le
produit de cultures nationales différentes, toutes aussi
respectables les unes que les autres. Bien sûr que je suis fier
d'être né au pays de Voltaire et Pasteur comme j'aurais été fier
d'être né au pays de Bordiga ou de Mandela. Cela ne veut pas dire
que je pourrais être pour le maintien des frontières en réaction
à une Europe supranationale, emoliente et régie par une
bureaucratie obscure. Ce sont les gauchistes, trotskiens en tête,
qui collaborent depuis toujours à la mystification européenne et
ainsi créent une frontière "européenne" (les fameux
Etats socialistes d'Europe à la manque) coupée du reste du monde
sous-développé (ou dit facétieusement en développement) alors
que les frontières n'ont plus de raison d'être nulle part et que
la révolution communiste aura pour première tâche de mettre fin
au développement inégal du capitalisme en mettant fin justement
aux immigrations sauvages de la peur de la guerre, de la faim et de
la misère. A moins que par hypothèse, selon l'acception de nos
sectes trotskiennes, le pouvoir prolétarien européen ne trouve
matière à accueillir les millions de crève la faim des zones où
le capitalisme continuera à régner et à assiéger... l'Europe des
Etats socialistes ou les Etats socialistes d'Europe, truie politique
invraisemblable; navrante copie projetée des "démocraties
populaires"...