"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

jeudi 18 février 2016

CONFIDENCES révélées sur 68 : Nous n'étions pas tous des « juifs allemands »

monôme étudiant en 1920 au quartier latin


Les extrêmes gauches face au massacre opaque des juifs, le défaitisme révolutionnaire contesté, les tribulations de Birnbaum Jr. et les vieilles confidences des chefaillons du maoïsme et du trotskisme français qu'il leur a extirpées.

« … les révoltes de Mai n'ont été qu'une lutte de concurrence au sein des petites bourgeoisies – autrement dit que la dynamique d'insubordination n'a jamais été qu'une subordination new look ». P.Cingolani (La république, les sociologues et la question politique, La Dispute, 2003, cité par Serge Audier in « La pensée anti-68 », La découverte 2008).1

L'antisémitisme a un aspect obsessionnel en même temps qu'irrationnel et pathologique comme tout racisme, mais son envers le philosémitisme ou la culture victimaire est aussi obsessionnel et souvent disproportionné2. Il y a un mythe d'un internationalisme propre au peuple de ladite diaspora qui est fabulation, comme la prétention de toute religion à être universelle et de toute éternité.

Il ne faut pas confondre cosmopolitisme et internationalisme. Le cosmopolitisme3 a pu être revendiqué de tout temps par voyageurs ou aventuriers, marchands et navigateurs, mais l'internationalisme en réfère sémantiquement à un concept moderne, celui de la nation bourgeoise ; l'inter-nationalisme est posé dès la révolution bourgeoise mais affirmé lors de la Commune révolutionnaire de 1871 à Paris en 1871, comme l'explique très bien ma chère universitaire américaine Kristin Ross :

« Durant les mois du siège, qui précédèrent la Commune, Paris, selon les mots du communard Arthur Arnould, « vivait de sa vie propre, ne relevait que de sa volonté individuelle. (...) Paris avait (...) appris le mépris absolu des deux seules formes gouvernementales qui eussent été jusqu’alors en présence dans notre pays : la monarchie et la République oligarchique ou bourgeoise ». La République universelle signifiait par opposition le démantèlement de la bureaucratie impériale, de son armée de métier et de sa police en premier lieu. « Il ne suffit pas d’émanciper chaque nation en particulier de la tutelle des rois, écrivait, dès 1851, le géographe anarchiste et futur communard Elisée Reclus, il faut encore la libérer de la suprématie des autorités » (?)
(…)
« Le lendemain de la proclamation de la Commune, tous les étrangers furent admis dans ses rangs, car « le drapeau de la Commune est celui de la République universelle ». Mais l’expression n’est pas née à ce moment ; elle remonte en réalité à un bref épisode d’internationalisme pendant la Révolution française. Son inventeur, Anacharsis Cloots, Prussien d’origine, qui se présentait lui-même comme « l’orateur du genre humain », soutint cette révolution aux côtés de Thomas Paine, sur des bases internationalistes, avant d’être guillotiné. Cependant, loin de signifier un retour aux principes de la révolution bourgeoise de 1789, le mot d’ordre de la République universelle, lancé par les communards, marque leur rupture avec son héritage, en faveur d’un véritable internationalisme des travailleurs ».4
L'exagération du rôle des acteurs ou politiques d'origine juive, d'un côté comme de l'autre, sert toujours à travestir ou à minimiser la lutte des classes. J'ai fait récemment un éloge tiède d'un auteur, Jean Birnbaum (dont le père est un érudit sur la question juive en France avant guerre) pour son ouvrage : « Un silence religieux, la gauche face au djihadisme », qui souligne en effet bien des hypocrisies concernant le traitement de l'islam.

J'ai porté un regard plus que critique sur son analyse et interprétation de l'extrême gauche (mao et trotsko) dans la vie politique en France. D'abord parce qu'il attribue lui aussi une place disproportionnée au rôle et à l'influence d'une certaine intelligentsia juive, ensuite par qu'il accompagne d'un œil bienveillant de « braves utopistes » pour mieux les ridiculiser ; or, les leaders étudiants juifs ou pas, c'est bagatelle et accessoire journalistique comparé aux enjeux de la lutte des classes.
Comparer l'étudiant « juif allemand » Cohn-Bendit à 10 millions de grévistes c'est comme comparer David et Goliath5. Mais David Cohn-Bendit a triomphé de Goliath Prolétariat, me direz-vous. Au premier les honneurs de la reconnaissance médiatique écologique et universitaire (alors qu'il avait conchié avec jubilation une université franchoise coincée sexuellement), au second le mépris universel contre une classe qui se serait dégonflée face à sa « mission historique » : virer l'atroce capitalisme. Un judaïsme malgré lui, intégré et athée, aurait-il triomphé dans le quotidien stressant d'une vie morose d'un internationalisme imaginaire de cette masse mondiale immense des anonymes exploités, humiliés et offensés ?

Un épisode fugace de l'an 68 : des étudiants maoïstes nationalistes juifs ?

Le petit livre de Birnbaum Jr sur les maoïstes français – Les maoccidents6 ne craint pas l'hyperbole désopilante (« le maoïsme a été la grande nouveauté politique de Mai 68 ») mais contient des pépites dont le mouvement maximaliste se gausse encore :
  • « Comme Milner, la plupart des jeunes maos qui s'apprêtent à fonder la Gauche prolétarienne, à l'automne, ont loupé le coche de Mai (…) « En tant que marxistes (sic), nous saisissions mal ce qui arrivait, confirmait Guy Lardreau. Car le mouvement de Mai n'est pas né parmi les ouvriers, et ce n'est pas non plus d'eux qu'est venu le meilleur, ce qu'il avait de plus inventif... ».
Non seulement ces maos et une de leurs multiples philosophettes réac Lardreau n'ont rien vu, mais ils n'y ont toujours rien compris. Disons-le tout franc, mais pas français, on se fiche du tumulte étudiant rétroactivement, ce qui est majeur c'est : le mouvement de grève qui se déclenche contre l'autoritarisme arbitraire de l'Etat et l'apparition et affirmation de cette grève massive qui fait que la véritable vedette n'est plus Cohn-Bendit ou les beaux parleurs juvéniles et immatures des groupuscules mais cette classe ouvrière dont tout le monde tout à coup s'arroge de l'invoquer ou de la représenter7.
Les « chinois de la rue d'Ulm » garderont « un rapport détraqué au réel » ((p.40). Ces étudiants bourgeois sont aussi bêtes que leurs doublures Jean-Pierre Léaud et Anne Wiasemski dans le film comique de JL Godard8 ; et une forme de pensée monacale débile : « Même si on la comprend pas, il faut appliquer la pensée de Mao » (p.43) ; les maos considéraient en effet le petit livre rouge comme un nouveau coran !
Alors que les étudiants dirigeants de « la Cause du peuple » sont surtout d'origine juive (Benny Levy entre autres), ils recyclent le vieil imaginaire antisémite : « … pour confondre dans un même opprobe les « occupants sionistes », bourreaux des palestiniens, et les « banquiers » juifs, exploiteurs du prolétariat français. Ainsi, en rendant compte d'une action militante contre la « demeure insolente » d'Elie de Rothschild, La Cause du Peuple du 31 octobre 1969 fustige le financier à la fois comme « trésorier d'Israël » et comme « oppresseur du peuple français », avant de préciser : « Les manifestants lapident l'édifice aux cris de « Palestine vaincra ! Rothschild crèvera ! ». (p.61)
Un nationalisme peut en cacher un autre. Comme les maos ne pouvaient, du fait de leur excentricité délirante approcher les ouvriers français en général, ils se rabattirent sur les ouvriers immigrés, lesquels étant bourrés de rivalités nationales, pouvaient être unifiés non du point de vue de classe mais du point de vue du nationalisme palestinien. Birnbaum,encore bébé, n'a pas connu le cirque de la « lutte des Sonacotra » - surtout tribune pour discoureurs estudiantins où les premiers concernés, les locataires des "foyers colonisés" furent finalement abandonnés à leur sort sans une once d'unité « français-immigrés » ; il apporte cependant le témoignage du petit activiste Geismar, bientôt recyclé fan de Mitterrand, qui lui confie que les « comités Palestine » étaient « bourrés de militants juifs ». La Gauche Prolétarienne (GP) avec sa prose ultra-violente ne fût pas maso au point d'être prédisposée à finir comme les petits terroristes de la bande Baader, mais mais ces grands délirants devant saint Althusser préférèrent un avenir de professeurs d'université moins risqué et des postes d'honorables membres de partis bourgeois. Leur grand manitou, Benny Levy, qui avait fait Normale Sup et appris par cœur des tas de citations grecques, s'ingéniait à ingurgiter une culture de "beauf" : « … avant d'aller haranguer les ouvriers de Renault-Billancourt, (il) potassait L'Equipe, de façon à connaître les résultats du foot sur le bout des doigts. A tout instant, il fallait servir le peuple » ; le gugusse a ensuite jeté le petit livre rouge de Mao pour lire les rouleaux de la Torah et manger casher car : « s'il mangeait casher, c'était parce qu'on ne pouvait pas comprendre la Bible sans vivre comme ceux qui l'ont écrite »9.
Sorti de la ridicule description de la gestuelle maoïste, Birnbaum retombe dans son errance sur la question juive, déplorant à l'unisson de Finkielkraut, qu'on reproche, en particulier aux défroqués du maoïsme athée de « retomber dans un nationalisme de la terre et du sang ». Mais les dernières pages de ce court ouvrage centré sur nos maos occidentaux (tigres de papier et de la rue d'Ulm) sont intéressantes :
  • « les pères fondateurs du néoconservatisme ont fait leurs classes à l'école du gauchisme » ;
  • « le maoccident appartient à la petite bourgeoisie intellectuelle de langue française » ;
  • « Maoccident, la petite bourgeoisie est au départ et à l'arrivée : il en vient, il y retourne (…) il a conclu que le prolétariat n'était porteur de rien, sauf de ses chaînes » ;
  • « Dans leurs discours, la Chine n'a jamais été qu'un prétexte : ces « gardes rouges » se moquaient bien de ce qui se passait à Pékin, ils n'avaient aucun lien avec une quelconque Internationale ».
Et enfin, vous avez dit sublime :

« Si le gauchisme lacano-normalien peut maintenant accoucher d'un néoconservatisme cocardier, c'est parce que le maoïsme occidental n'a jamais été qu'une fièvre française, un nationalisme intégral »10.

LE TROTSKYSME FRANCAIS : un concentré de petits bourgeois juifs ?

Lorsqu'il veut développer une étude du même type que la précédente, mais plus fouillée sur le trotskisme qui a une autre histoire et une autre importance que le petit prurit chinois, Birnbaum Junior tombe dans la complaisance pour la mue bourgeoise du trotskisme moderne. D'abord. Il part d'un point de vue opposé au mien lorsque j'ai écrit « les troskiens », il suppose que la génération de l'après-guerre mondiale était sincère. Pourquoi pas s'il remontait avant guerre, et avant que le trotskisme ne devienne qu'une roue de secours du stalinisme. Moi je ne traitais que de la période post-68 jusqu'au décès du « trotskisme armé » des années 1980 au début des années 2000.
Ensuite, la complaisance frôle le communautarisme historicisant pour des entretiens radiophoniques sur la radio d'Etat, où il caresse la plupart des chefaillons des trois grandes familles trotskiennes dans le sens du poil... juif. Il insiste à plusieurs reprises, comme il l'a fait pour le maoïsme, sur le fait que la plupart des « dirigeants » de ces groupes trotskistes étaient juifs d'origine. Hitler et Céline auraient-il eu raison ? Ce sont les intellectuels et petits chefs juifs qui auraient été les fouteurs de merde dans toute l'histoire ? Et pas les coiffeurs ?

Le questionnement sur le nombre de juifs dans telle ou telle catégorie sociale ou politique apparaît toujours comme une étrangeté et pour tout dire circulaire ; même lorsque c'est un plumitif israélien sans envergure tel Yaïr Auron, qui dans un livre intitulé « Les Juifs d’extrême gauche en mai 1968 », publié pour le trentième anniversaire des « événements », croyait faire une révélation éblouissante : « Sur les “quatre grands” de mai 68, Daniel Cohn-Bendit, Alain Krivine, Alain Geismar, Jacques Sauvageot, les trois premiers sont juifs ». Et mon cinquième était De Gaulle ou le prolétariat ? Ce brouet décomptant des juifs partout dans chaque groupe gauchiste finissait par être lassant et n'apportait pas plus que le traditionnel refrain creux d'extrême droite « ils sont partout »11. On verra au bout de cet article où aboutit cet Birnbaum junior par son déni d'un universalisme prolétarien et communiste, au profit d'une prééminence d'un soit disant universalisme juif.

Complaisance et analyse superficielle de la mutation du trotskysme moderne

Bien qu'avec son langage de petit littérateur radiophonique, Birnbaum Jr sait faire la différence entre la comète troupière dérisoire du maoïsme hexagonal et le trotskisme d'une autre valeur historique, issu de l'expérience du prolétariat révolutionnaire en Russie et toujours en référence, bien qu'avec une nette dégringolade théorique, à la classe ouvrière :

« Né quelque part (sic) au milieu des années 1920 et encore vivace de nos jours, ce courant s'est voué à la préservation d'une sacro-sainte continuité, au passage du flambeau, coûte que coûte, et en cela il excède amplement la geste soixante-huitarde » (p.17).
Courant 2002, cet auteur, employé par France Culture a entrepris un tour de France du trotskisme12. Cette enquête fût une véritable mystification puisqu'elle laissa entendre que les seuls héritiers véritables, certes critiques du stalinisme, certes doux rêveurs, n'étaient que les seuls à pouvoir prétendre être les « passeurs » de la révolution russe. C'est une manière de faire assez proche des méthodes staliniennes de gommage de l'histoire réelle du mouvement révolutionnaire. Avec en plus une propension à valoriser « les pères fondateurs des trois principales organisations trotkystes en France ».
Cette « espérance révolutionnaire au fil des générations » réduit ladite espérance aux seules sectes trotskystes modernes qui n'ont d'ailleurs plus rien à voir avec le trotskysme d'avant-guerre, et qui sont devenues toutes des croupions de la gauche stalinienne, quand dans leur fonctionnement elles n'ont cessé de singer celui du PCF : comité central, comités clandestins, décisions collégiales opaques, recrutements démagogiques, etc. Mais surtout avec quasiment le même programme stalinien de prise de pouvoir par leur parti, accouplé à des solutions nationales poussiéreuses comme les nationalisations et un pouvoir plus étendu des syndicats gouvernementaux. La première partie est organisée autour des poncifs éculés des trois grandes sectes française : le tiers-mondisme de la LCR, l'ouvriérisme et l'aspect monacal de LO13, et l'obscur bureaucratisme des profs aux crânes ras de la secte lambertiste, traité à part avec autant de complaisance que les deux autres sectes. Le tout sans méthode chronologique ni références solides à la multiplicité du courant révolutionnaire international qui a survécu au rouleau compresseur stalinien, à l'hitlérisme et à l'antifascisme totalitaire. On va et on vient entre 1930 et 1968 ou 1975 sans souci de cohérence ni analyse des facéties politiques anti-marxistes ou du caméléonisme de ces sectes qui n'ont jamais joué un premier rôle politique ni pour la classe ouvrière, ni pour la bourgeoisie. Et si ce n'était 68 qui avait gonflé provisoirement leurs effectifs on n'en aurait pas plus entendu parler que des débats existentialistes et des coucheries à Saint Germain des Prés. Ils ne sont d'ailleurs resté trente ans après 1968 que le cadet des soucis de la bourgeoisie, cinquième roue du carrosse syndical bancal, et enfin pneu crevé de toutes leurs promesses d'insurrection « rouge » et d'une prise de pouvoir par leur parti, le seul à interdire aux barbus de se raser, même gratis.
Tous les maîtres à penser du trostkisme dégénéré, les Lambert, Hardy, Mandel et Cie sont tous l'objet d'un culte de la personnalité au petit pied, et surtout Birnbaum ne rate jamais l'occasion de nous rappeler leur itinéraire de juifs parvenus en France, comme on le verra.

Après le remplissage de la moitié du livre par la description sympathisante des engagements, des périples des uns et des autres, surtout des vedettes des comités centraux, il faut dépasser cette première partie pour découvrir le curieux fonctionnement stalinien, disons néo-stalinien de ces toutes petites sectes dès l'après-guerre, où l'agitation propagandiste a remplacé la vigilance théorique (en effet le trotskisme est mort comme courant révolutionnaire depuis son soutien à l'impérialisme russe et ne peut plus que radoter les critères d'encadrement des ouvriers par les organismes staliniens type syndicats, partis et municipalités) :
« Survivre, agir est devenu un leit-motiv d'ordre mystique où l'action tient lieu de pensée, voire refoule les inquiétudes ». Bien plus, il (Raoul, un des bras droits de Lambert) souligne l'atmosphère de caporalisme qui obscurcit les perspectives de son courant. Exactement comme au parti communiste, par exemple, le réflexe premier consiste à disqualifier toute divergence au moyen d'étiquettes stigmatisantes. Au premier rang desquelles le label « petit-bourgeois » et ses corollaires (« intellectualisme », « opportunisme », « défaitisme »...), couramment utilisés chez les trotskystes aussi, pour faire taire la moindre contestation interne. Ironisant à propos de cette « guerre sainte » contre la petite bourgeoisie, qui n'est jamais qu'une « création de petits-bourgeois », Raoul pourfend la rhétorique de la suspicion qui fait « de l'école du militant une farce du type stalinien » Ces mots sont écrits en 1954 »14.
Or ce que Birnbaum n'est pas capable d'analyser c'est la double nature, non pas politique (le trotskisme est désormais d'essence bourgeoise, mélange plutôt pathologique de démocratisme parlementaire et de cuistrerie syndicale nationale) un type pervers d'activiste, ambigu dans son rapport à la « discipline de parti » ; comme j'ai pu le constater chez les militants de diverses organisations – quelles que soient leur origine nationale ou ethnique - même non trotskistes, une haine de l'appareil existe en permanence derrière un discours passionnel d'appel à la rigueur théorique, à l'esprit « collectif qui fait la force de l'organisation », exactement comme le prosélyte islamiste extrêmement sévère pour l'obéissance aux lois de l'islam d'autant qu'il n'y croit pas du tout, et, en étant autoritaire, croit pouvoir limiter ses propres doutes. La psychologie SM des différentes catégories de militants politiques ou religieux reste encore un terrain immense à déchiffrer pour des psychologues hors sol15. Le cas de la secte lambertiste sur les procès et exclusions de militants est un domaine où il a été possible de recueillir le plus d'infos sur les méthodes policières internes aux sectes trotskystes, chez la LCR et LO, c'est certes moins caricatural, les infos sont plus rares, mais c'est de la même eau sale.
Le caméléonisme bourgeois des trois branches trotskystes est assez facile à décrypter, et déstabilisant pour l'observateur extérieur peu instruit aux arcanes de ces cuistres : le courant lambertiste qui se prétend orthodoxe du marxisme est un mélange schizophrénique de méthodes staliniennes brutales dans la rue et de collusion sociale-démocrate totale avec l'occident libéral (ils se vantent d'avoir contribué avec la CIA à l'effondrement du bloc de l'Est), le courant bariolé et girouette de toutes les modes tiers-mondiste (LCR devenue NPA) a pu exalter toutes les luttes armées des bandes nationalistes du tiers-monde tout en appelant à voter sagement aux élections pour le parti stalinien français ou pour le parti socialiste, enfin le clan LO-Laguiller, tout en prônant une unité de tous ces faux derches a pris l'habitude de faire de la figuration aux élections truquées de la bourgeoisie tout en passant des accords secrets avec le parti gouvernemental « socialiste » pour gagner quelques sièges municipaux.

Un supposé déni de l'universalisme juif et une curieuse négation du défaitisme révolutionnaire

Un article de Noémie Grynberg avait fait sensation en son temps, théorisant une spécificité révolutionnaire du juif, s'appuyant sur certains auteurs, comme un certain Joseph Atoun qui concluait : « ... dans une interview publiée dans Regards n° 207 : ‘’L’âme juive a une conscience très aiguë de la responsabilité qui lui incombe de faire réussir l’histoire de l’humanité. [...] Le Juif a toujours voulu réussir l’histoire, non pour lui mais pour les autres. Il pensait être le ferment révolutionnaire au sein des sociétés non juives dans lesquelles il a été diasporisé. C’est le point positif de tous ces Juifs qui ont mené les combats révolutionnaires. [...]  La notion la plus importante qui traverse tout combat révolutionnaire, c’est la notion de messianisme, c’est-à-dire qu’il y a un sens à l’histoire et que ce sens est un progrès. Le messianisme qui traverse l’histoire d’Israël depuis son début, c’est une sorte de ferment révolutionnaire. [...] La kippa, c’est la révolution permanente du Juif [...] Il n’y a pas d’autre moyen de réussir la révolution qu’avec la kippa » 16.

Comme nous l'a rappelé Kristin Ross il n'y a pas d'internationalisme juif, c'est d'ailleurs un non- sens dans l'histoire moderne des nations, même si toutes les religions se réclament peu ou prou d'un monde uni, bienheureux et sans barrière depuis que la terre est ronde. Que le peuple juif ait été un grand peuple voyageur nul ne le conteste mais sans volonté de prosélytisme affiché comme les autres religions et sans volonté de transformer le monde. Il n'est pas et n'a pas pu être un projet politique comme le projet communiste de révolutionner le monde capitaliste moderne. Par conséquent tout ce qui assimile la religion juive ou la condition du juif à un projet révolutionnaire est forcément soit un menteur, soit un adepte de la théorie nazie. D'ailleurs, comme l'a constaté l'ancien maoïste Finkielkraut, rallié au patriotisme français, si les juifs en général sont haïs désormais c'est parce qu'ils se sont dotés (ou ont été dotés par l'impérialisme) d'une patrie ; ajoutons qu'il n'y a pas plus anti-communiste que le communautarisme juif. Les pires intégristes religieux juifs ne se cachent-ils point d'un racisme à gerber ?

Arrêtons-nous un instant sur la destinée et mutation verbale d'une célèbre affiche de mai 68, que vous pouvez revoir ci-contre, où l'on reconnaît le jeune Cohn-Bendit hilare et culotté face à un CRS ; l'affiche porte en sous-titre : « Nous sommes tous des juifs et des allemands »17. Dans les lycées, nous étions tous admiratifs de « Dany le Rouge », notre aîné, qui avait aussi usé ses fonds de culotte au lycée Buffon18, et nous fûmes choqués et par sa dénonciation par Marchais et par son expulsion en Allemagne. Mais dans la rue le sous-titre devint : « Nous sommes tous des juifs allemands »19, beaucoup plus significatif que le titre de l'affiche, mais aussi plus « anti-fasciste » (comme le slogan CRS=SS), donc plus pervers, plus en lien avec 39-45 qu'avec la réalité sociale, les CRS n'étaient pas plus SS que Marchais n'était antisémite. On voit que l'anti-fascisme, comme théorie frelatée et inactuelle servit en plein mai de brouillage politique simpliste pour éviter à la jeunesse de penser réellement le politique. Le slogan est devenu avec le temps le gimmick de toutes les démagogies rassembleuses jusqu'au fameux et douteux « je suis Charlie ».

Le 3 mai, le sous-secrétaire du PCF cacochyme, Georges Marchais, avait commis l'erreur grossière (qui lui sera reprochée en catimini par les autres caciques du CC) de dénoncer dans l’Humanité : "ces groupuscules dirigés par l’anarchiste allemand Cohn-Bendit". Aussitôt, en signe de solidarité avec Cohn-Bendit, nous lycéens et étudiants avions scandé dans les rues de Paris: "Nous sommes tous des juifs allemands", plus frappant et ironique, mais plus antifa dissolvant que l'affiche. Plus tard, bien récupéré par la société bourgeoise et flatté comme pitre parlementaire, Cohn-Bendit dira que Georges Marchais « était une ordure » : « qui m’avait traité d’anarchiste allemand faisait jouer la phobie antiboche : les étudiants à Nanterre ont crié ce qu’il n’avait pas osé dire : « juif allemand ». Le Cohn-Bendit assis désormais dans le sérail de la bourgeoisie est à son tour une ordure en nous jouant de la lyre anti-fasciste désuète, déjà en 68, et en prétendant que Marchais était antisémite20; ce qui est un mensonge (Marchais jouait surtout sur l'espoir que la fibre patriotique de 45 pouvait encore... marcher), le PCF ayant toujours compté dans ses rangs nombre d'intellectuels juifs de Ellenstein à Krasucki, lui vraiment ancien résistant contrairement à son chef STO... même si le PCF a toujours été à géométrie variable sur la question de l'immigration21. On criait toujours aussi bêtement « Le fascisme ne passera pas » dans toutes les manifs gauchistes et syndicales dix ans et vingt ans après mai 68... Quand le fascisme était un lointain passé.

Dans son dernier chapitre - « Sois juif et tais-toi ! » - Birnbaum révèle un projet plus trouble de s'aligner sur les réactionnaires Aron et Furet qu'il saluait au début de son ouvrage, et qui, comme on va le voir, s'attaque à dissoudre toute alternative révolutionnaire dans la guerre mondiale, au nom du chantage à l'antifascisme, car on ne la jamais assez souligné, cette idéologie n'est pas une simple conviction « de gauche » ou un vague cri de ralliement à un barrage éternel à tout régime dictatorial, mais un chantage politique selon lequel il faut choisir de toute façon, sans barguiner, un camp contre un autre.

Il part à la recherche des militants juifs qui n'ont pas été « assez antifascistes », ou qui, dans leur aveuglement trotskiste internationaliste ne voulaient pas croire aux « bobards » sur les chambres à gaz. Il passe rapidement sur le fait que la plupart des gens ne pouvaient pas être au courant de toute la barbarie des nazis. On ne savait pas et on ne pouvait pas savoir l'aboutissement de toutes les déportations entre celles pour le travail obligatoire et celles dites politiques ou raciales.
Birnbaum rend visite à tous les anciens qui ont renoncé depuis longtemps à la militance politique révolutionnaire. Il frappe à la porte du mathématicien Laurent Schwartz, qui n'est pas aussi bon penseur politique que mathématicien, qui considère avoir « raté sa résistance », regrette que son groupe trotskiste clandestin n'ait pas jugé utile de s'allier avec l'impérialisme anglo-américain contre le nazisme : « A l'époque, on n'était pas crédible, le défaitisme révolutionnaire était une absurdité. Collaborer à la défaite de notre propre impérialisme, dans le cas du nazisme, c'était impensable (…) Le défaitisme révolutionnaire était inacceptable, mais il faisait partie de la doctrine et, des heures durant,je me disputais avec moi-même : je suis presque devenu schizophrène » (p. 312).

C'est ce que Birnbaum fils résume en le taxant de « mutisme juif » !? Et il ajoute : « Curieuse insouciance. Et aveuglement d'autant plus étonnant que l'homme dont se réclament tous les militants trotskistes, Lev David Bronstein (sic!), fut non seulement l'un des meilleurs analystes du phénomène nazi, mais encore l'une des rares figures de l'époque à avoir annoncé solennellement, avant même de déclenchement de la guerre, la prochaine destruction des juifs d'Europe »22.

Même handicapés par leur soutien (de moins en moins critique) à la Russie impérialiste, des trotskystes juifs évidemment dénonce la répression des juifs au camp de Drancy au même titre que toutes les victimes prolétaires de la guerre ; mais aussitôt, le fan des historiens réactionnaires et de leurs amis nationalistes israéliens, se mue en procureur du défaitisme « collabo »
« Ainsi, loin de la clairvoyance d'un Trotski, les oeillères d'une certaine vulgate marxisante ont interdit à ses héritiers de discerner ce que le délire antisémite comporte de spécifique. Délire meurtrier qui fauche sans distinction prolétaires et bourgeois, et dont la principale caractéristique est précisément de déjouer toute rationalité capitaliste, puisqu'il préfère l'extermination fanatique du juif en tant que juif à l'exploitation cynique de l'homme par l'homme ».
Et de nous citer le grand penseur du malaise français, passé du maoïsme national à l'institution pour la préservation de l'orthographe, l'académicien Finkilekraut, grand pourfendeur devant l'Eternel d'un marxisme « collabo » : « Socialisme ou barbarie », cette fameuse alternative exclut du possible une barbarie planifiée dont le prolétariat ne soit pas la victime. Que dire d'un régime bourgeois s'acharnant sur un groupe ethnique qui ne le menace pas, avec plus de férocité que sur son ennemi naturel ? Très précisément : rien ».
On est enfin dans … l'avenir d'une négation du marxisme et du défaitisme révolutionnaire, par le radotage d'une validité de la guerre capitaliste, indiscutable... du côté des impérialismes occidentaux. Birnbaum essaie de relativiser « l'inconscience » des trotskistes via le témoignage de Jean-René Chauvin : « … Ce n'est qu'en 1943 qu'il y a un article sur Auschwitz. Il n'était pas dit qu'il y avait des chambres à gaz, mais simplement qu'il y avait un robinet pour cent personnes, ou quelque chose comme ça. C'était atroce n'est-ce pas, mais l'information qui avait déjà été véhiculée, était tellement incroyable que les copains n'y ont pas cru. Et parmi les militants trotskistes , il faut dire qu'il y avait une forte proportion de camarades d'origine juive. Tous athées. Je pourrais en citer presque des dizaines. Mais pendant l'Occupation, La Vérité n'a pas cru qu'il y avait cette hécatombe de juifs dans les provinces de l'Est... ».

Où le stalinisme décomposé s'est recyclé en faveur de l'histoire officielle pour détruire le passé d'un trotskysme vraiment révolutionnaire...

Même mort, le stalinisme sert encore l'idéologie bourgeoise. Ayant chanté la gloire de l'historien récationnaire Furet, ancien stalinien lui-même, Birnbaum pouvait compter sur l'ancienne chefaillonne hystérique du PCF, reconvertie historienne et éditorialiste au Figaro, Annie Kriegel qui en profite pour régler ses comptes avec une ancienne opposition révolutionnaire au stalinisme qui ne se privait pas de dénoncer son cynisme lorsqu'elle était permanente du PCF : « (les trotskystes) ont noyé la tragédie juive dans l'océan des tragédies engendrées par le nazisme », imaginant avec une profonde malhonnêteté une « technique du silence, de la censure imposée sur tout ce qui mettait en évidence et le caractère absolument exceptionnel, hors du commun, sans équivalent, de l'Holocauste, de son existence même » 23.

Mais Birnbaum junior veut aller plus loin dans l'ignominie. Comme l'accusation de négation du génocide juif par les minorités révolutionnaires pendant la guerre risque de ne pas passer face à quiconque dispose des éléments de compréhension du black-out nazi, il va s'efforce d'accuser les militants d'origine juive de déni d'être juif. C'est le fond de la perversion du nationalisme juif moderne, ignoble et contre-révolutionnaire, qui s'étale en arguties psychologiques de bistrot :

« Posons l'hypothèse : la réticence des trotskistes à regarder en face l'événement Shoah ne provient pas d'on ne sait quelle tentation antisémite. Pour saisir leur impuissance à prendre en compte la singularité du génocide, il ne suffit pas non plus d'invoquer la pauvreté d'un marxisme caricatural, qui envisagerait toute réalité à travers le prisme unique de la lutte entre prolétaires et bourgeois. Ni même d'incriminer les réflexes routiniers de militants qui plaquent les schémas de la Première Guerre mondiale sur le nouveau conflit, et qui tentent comme ils peuvent de reproduire les gestes passés de leurs maîtres en internationalisme. Le clef de ce grand mutisme collectif réside peut-être ailleurs, et elle peut sembler paradoxale : c'est la présence même de nombreux juifs dans les rangs des révolutionnaires. Lesquels, justement, auront passé leur vie entière à refuser de « tirer la couverture » à eux ». Birnbaum qualifie donc des trotskystes juifs de « schizophrènes », quand ses pères en politique les dénonçaient comme « hitléro-trotskystes »24 !
Il faut donc ensuite s'attaquer à celui qui était le plus proche du vrai défaitisme révolutionnaire, contrairement aux autres trotskystes qui ont fini dans la Résistance nationale, Barta, le père putatif de LO. Et pour couler rapidement Barta, Birnbaum fils ressort une brochure de propagande déguisée. Le tout petit cercle de Barta avait utilisé un subterfuge léniniste25, publié un texte intitulé « Socialisme ou barbarie ? » sous le sigle du Rassemblement national populaire, avec le nom du nazi Marcel Déat en gros sur la couverture. Un détournement situationniste avant l'heure en quelque sorte, et pas du meilleur goût certes26.

L'argumentation de Barta (page 319 et suivantes) n'est absolument pas critiquable du point de vue maximaliste révolutionnaire, il dénonce et la barbarie du capitalisme et les divers camps bourgeois en lice. Comment faire ? Alors Birnbaum Jr va alors s'attaquer à la judéité de Barta : « Car il se trouve (sic) que Barta, David Korner de son vrai nom, est né juif. A Buhusi, en Roumanie » ; et sa compagne il se trouve qu'elle est juive aussi : « sa compagne Claire Faget, dite Louise, de son vrai nom Claire Pfeigenhaum, juive elle aussi ». Voici donc Barta qualifié de « mutisme héroïque quant au sort des juifs ». Pire, le successeur t chef historique de LO, Robert Barcia, alias Hardy, défend les positions de Barta, ce qui hérisse Birnbaum fils : « Le propos mérite d'être relevé. Ces lignes sont écrites en 2003, et elles maintiennent l'absolue équivalence des politiques menées par les nazis et par les Alliés : ce que les premiers ont fait en Pologne, les seconds l'ont réalisé dans leurs colonies. Partout la barbarie capitaliste montre un même visage hideux. Rigoureusement faux d'un point de vue historique (quel peuple les armées anglo-saxonnes ont-elles voulu rayer de la carte ? Comment s'appelle l'Auschwitz américain?), cet argument fait partie des prémisses ordinaires de toute rhétorique visant à relativiser la singularité de la Shoah » 27.

Après cette rhétorique aussi stalinienne qu'hitlérienne dans le mensonge et l'amalgame, il faut ridiculiser le sacrifice des Mathieu Bucholz et Abraham Léon, assassinés par les nazis et dénonciateurs sans faille de tous les camps impérialistes. Sans honte s'étale alors la dénonciation de l'internationalisme prolétarien au profit du nationalisme juif le plus crasse :
« IL faut conclure. L'internationalisme prolétarien rendait ces militants solidaires des opprimés du monde entier, mais leur capacité d'indignation comportait un point aveugle : elle ignorait ces millions de femmes et d'hommes qui avaient été ciblés et anéantis en vertu d'un patronyme qu'ils n'avaient pas choisi t qui les inscrivait, qu'ils le veuillent ou non (sic!) dans la difficile tradition d'Israël. Celle-là même que Hitler voulait anéantir, au point d'en faire finalement une priorité absolue, avant tout autre objectif militaire ou économique. Or, les Korner, les Ffeigenbaum, les Bucholz n'en ont jamais dit mot » 28.

Pour corroborer un peu plus son invention de la « schizophrénie » des trotskystes juifs, Birnbaum fils va chercher une certaine Jeannette Habel qui lui tend le bâton merdeux où Mandel culpabilisant lui aurait déclaré : « Il y a cet aspect – la peur de ces dirigeants de sombrer dans quelque chose d'identitaire, qui remettrait en cause leur appartenance internationaliste »29.
Subtilité nationaliste juive oblige, malgré tout, malgré lui, malgré ses positions internationalistes, Mandel était resté au fond de lui un « résistant »... juif : « Car, c'est bien connu : la gloire du résistant consiste à ne pas parler. Et celle du révolutionnaire juif, à ne pas en parler. De ce point de vue, Mandel apparaît comme un maquisard hors pair, en effet. Jusqu'à sa mort, il aura serré les dents, ne lâchant quasiment pas un mot ». En effet, s'il avait parlé il aurait probablement voté pour Ariel Sharon ! Ce genre de raisonnement de petit plumitif d'un journal bourgeois peut s'appliquer à n'importe quel défunt pour lui faire dire le contraire de ce qui a été la détermination de sa vie et de son combat. Comme les rabbins qui s'arrogent de représenter tous les juifs, surtout les athées « malgré eux ».
Mais comme il ne faudrait pas que le désormais muet Mandel ne serve à cautionner la prise en compte de la victimologie juive par un trotskisme d'antan encore révolutionnaire, on va se servir de leur langage radical (de façade) pour dénoncer leur minimisation du massacre des juifs :
« Avant la Shoah, nous y avons insisté, très rares furent les militants révolutionnaires qui saisirent le caractère inédit d'une telle chasse à l'homme (…) toute l'argumentation des trotskistes, les rares fois où ils aborderons la question, tendra-t-elle à faire du génocide juif « l'expression ultime des tendances destructrices présentes dans la société bourgeoise ».
Non seulement je suis intégralement d'accord mais en profondeur avec cette remarque marxiste, appropriée et incontestable sauf par des transfuges rétribués par les médias bourgeois, mais encore plus avec le militant « juif » de Lutte Ouvrière, Roland Szpirko, que Birnbaium va tenter de démolir :
« … il y a des gens qui redécouvrent sur le tard leur origine, pour se pencher avec beaucoup de complaisance sur leur nombril. Il y a des gens qui perdent le fil, qui se dient « mais j'étais juif d'abord ». Non, on est d'abord des prolétaires qui se sentent solidaires des exploités à travers le monde, et non pas qui pleurent sur un sort particulier ».

Voilà à nouveau notre petit Birnbaum fils choqué :
« Pour un membre dirigeant de Lutte ouvrière, le ton adopté est assez insolite. Même entouré de réserves, en effet, et barricadé derrière les dénégations, son discours ne laisse-t-il pas autre chose s'installer ? Ne discerne-t-on pas une voix autre, donc forcément menaçante, près de percer ? A dire « papa », à dire « je », à dire « juif », surtout, on risque toujours un faux pas... Et le marxiste juif qui consacre toute une vie à rompre avec son identité peut se trouver brutalement confronté à « l'épouvantable perspective de parler pour lui-même »... Au bout du compte, toutefois, la parole de Szpirko était parvenue à sauver l'essentiel : la permanence d'un déni, sans cesse reconduit de père en fils ».

On a affaire clairement à une théorie du « genre juif » intrinsèque30, typiquement bourgeoise totalitaire, interdisant non seulement la liberté de penser mais en plus la liberté d'orienter sa vie consciente, politique et sociale, en se fichant de ses origines familiales raciales, ethniques, religieuses. La théorie du déni de Birnbaum est conforme au nationalisme juif, raciste et fasciste finalement. C'est une insulte à la liberté de définir sa personnalité et ses envies indépendamment de ses origines.
C'est une soumission esclavagiste à l'oppression bourgeoise et religieuse qui décrète qu'il est interdit d'échapper à son destin, celui-ci ne relevant que des désiratas d'un dieu invisible. Birnbaum ne supporte pas que le jeune Trotsky dénonce le « chauvinisme juif » et pousse Lénine à se débarrasser du Bund (qui avait été déterminant dans la formation du POSDR), parti des travailleurs juifs présenté par Plekhanov comme « l'avant-garde du prolétariat russe ». Or, n'en déplaise au chauvin juif Birnbaum, le Bund était désormais un boulet, impropre à représenter l'ensemble du prolétariat. Après avoir encore une fois convoqué à la plaidoirie de la victimologie juive ignorée par les trotskystes, l'ex-stalinienne hystérique Kriegel31, Birnbaum Junior en conclut que ce rejet du Bund fût « le refoulement inaugural » par « Trotsky, ce gourdin de Lénine » qui a introduit des « conséquences incalculables » en rejetant les prétentions autonomistes et le chauvinisme du Bund ! Bravo de notre part au jeune Trotsky, à Rosa Luxemburg et à Lénine d'avoir refusé d'ériger au niveau de l'universel prolétarien la particularité juive !
Mais Junior Birnbaum de ne nous lâche pas. Comme Goebbels, il suppose une volonté maléfique cachée du bolchevique juif : « le nom muet » ; comprenez si tous les révolutionnaires marxistes juifs s'affublent d'un surnom du cru, ce n'est pas pour effacer l'antisémitisme, c'est pour en jouer, et instiller « le joker messianique » : « souvenez-vous de votre glorieuse vocation. Elle s'appelle révolution » ; sans oublier le « nom-massue », le vrai nom juif à rappeler aux juifs à convertir au bolchevisme pour leur rappeler que « le particularisme peut être dépassé » s'ils adhèrent...

POURQUOI LE DEFAITISME REVOLUTIONNAIRE RESTAIT VALABLE MAIS AUSSI CADUQUE EN 39-45 ?

Remettons à sa place notre falsificateur professionnel (employé par un des journaux les plus pervers de la bourgeoisie Le Monde, faiseur d'opinion pour les élites et les étudiants naïfs, et un des organes obscurs de l'Etat bourgeois). L'accusation de collusion nazie déjà ressassée au début de la manipulation médiatique concernant une négation des chambres à gaz – le livre de Finkielkraut en 1982 « L'avenir d'une négation » et un article du monde par un auteur stalinien de roman policier – avait tenté de détruire le mouvement maximaliste réapparu en 1968 – se renouvelle en s'attaquant à une tactique marxiste un peu poussiéreuse mais qui eu son heure de gloire théorisée par un Lénine qui avait réfléchi à une leçon de la Commune de Paris: on ne peut souhaiter que la défaite de sa propre bourgeoisie, laquelle conduit quasiment à l'éruption de la révolution. Problème : souhaiter la défaite de la bourgeoisie pétainiste était peu crédible vu qu'elle n'était qu'un croupion de la bourgeoisie allemande nazie, et que la majeure partie des travailleurs adultes français était ficelée dans les camps de travail allemands. Le travail en direction du soldat allemand (prolétaire sous l'uniforme) fût un fiasco complet, qui se traduisit par nombre d'exécutions à la hache ; mais nous respectons encore cette expérience courageuse des militants révolutionnaires trotskystes. Les nazis occupants étaient vraiment « graves » ; leur massacre du juif bouc-émissaire facile du bolchevisme nous reste en travers de la gorge comme un ignominie sans nom, comme la collaboration lâche et servile des collabos à ce meurtre de masse. Que fallait-il faire pour ceux qui pensaient qu'une classe sociale embrigadée sous les uniformes ou déportée massivement, comme la classe ouvrière française ? Sauver des juifs ? Oui beaucoup s'y consacrèrent au péril de leur vie. S'engager dans les armées anglaise et américaine pour faire tomber plus vite le criminel Hitler ? Pas besoin et la question est esquivée par Birnbaum Junior, sans en référer à Hiroshima : pourquoi les Alliés n'ont pas mené une guerre « anti-raciste », pourquoi n'ont-ils rien fait contre les camps d'extermination alors qu'ils « savaient » contrairement à l'immense majorité des populations européennes ?
Le recrutement militaire pour la guerre capitaliste que les prolétaires avaient refusé, au souvenir des inutiles massacres de 14-18, dès 1940 par la débandade, est opéra dès 1943 entre l'étau du STO et du chantage antifasciste : il faut se soumettre aux petits caïds de la résistance bourgeoise ou voguer vers l'armada US pour éliminer l'ennemi absolu, pire que le capitalisme, avant de prétendre ressortir cette vieillerie du mouvement ouvrier : l'aspiration à la révolution socialiste et communiste humaine !32
« Exceptionnel » le massacre des juifs à l'ère du capitalisme ultra développé ? Et celui des arméniens par l'Etat musulman turc ? Et celui du Rwanda ? Et ceux de l'ex-Yougoslavie ? Et ceux de daech ? Birnbaum Junior peut-il nous confirmer l'exceptionnalité ? Le capitalisme s'invente toujours des salauds pire que lui ? Et si le véritable salaud était le capitalisme ?

QUAND L'INTELLECTUEL NATIONALISTE JUIF RAISONNE COMME HITLER...

Birnbaum Jr entreprend enfin d'achever le « déni juif » de la LCR où le théoricien Bensaïd « n'est que rarement sorti du code de conduite défini par Trotski » (cet autre juif...), mais, malgré tout et « assez tardivement », Bensaïd a tenté de se racheter en s'intéressant « aux affinité entre judaïsme et révolution . C'est le joker du messianisme sécularisé ». En effet, la « mémoire de la Shoah » serait revenu hanter ces trotskystes « juifs » pour renouer avec « une vieille idée : celle liant prophétie et utopie, rédemption religieuse et résistance sociale, (qui) fait du judaïsme l'autre nom de la Révolution ». Concernant les dérives philosophiques de Bensaïd, Birnbaum n'a pas tort pour le coup. D'une part la LCR-NPA n'est plus qu'un croupion contestataire des partis de la gauche bourgeoise, mais en effet, de même que ce magma de trotskystes modernistes ont été des passoires à toutes les modes tiers-mondistes, altermondialistes et antiracistes, mais d'autre part, le vide théorique et le rejet de la vieille tradition trotskyste révolutionnaire33, permettent les élucubrations théoriques de Bensaïd : « D'où l'engouement récent pour un penseur allemand comme Walter Benjamin, dont le curieux matérialisme, moins dialectique que théologique, permet de faire d'une pierre deux coups : d'un côté, on reconnaît la réalité d'une « culture » juive ; mais de l'autre, on joue la tentation « identitaire » en rabattant d'emblée cette culture sur une pure promesse politique – l'émancipation du genre humain. Dans ces conditions, le Talmud sera envisagé comme un véritable « matériel explosif », pour paraphraser le même Benjamin, et on n'hésitera pas à convoquer les rabbins de la Kabbale afin de réinventer un marxisme moins dogmatique, plus mélancolique, paradoxalement rajeuni par l'énergie d'un messianisme profane »34.

Au fond pour Birnbaum junior, fidèle aux obsessions communautaires de son papa, les trotskystes ont toujours été des nationalistes ou des colonialistes qui s'ignoraient : « Un jusqu'auboutisme de l'assimilation : voici la formule qui se propose (sic!) pour délimiter chez les héritiers de Trotski, les raisons d'une interminable aphasie. D'emblée, leur course à la révolution n'avait été qu'une ruée vers la majuscule Humanité. Et si la Shoah aurait pu sinon la briser, du moins la ralentir, elle ne fit en réalité que la précipiter, transformant l'élan en fuite en avant, et la passion du général en mutisme ardent. D'où la surenchère dans le silence, l'empressement à taire tout ce qui pourrait perturber la mécanique universaliste en sa grandiose harmonie. Tant et si bien, que des origines à nos jours, le raisonnement est resté à peu près le même. Il vise toujours à la dissolution de l'identité juive, et il prend la forme d'une pétition de principe à deux temps : on commence à nier ce que la rage antisémite a de spécifique ; puis on disqualifie toutes les stratégies visant à s'en protéger comme autant de dérives « particularistes » et « chauvines ». Et on ne comprend rien aux enjeux actuels... » (…) En ce lieu délaissé, ils auront préféré transmettre, non un devoir de mémoire, mais une injonction d'extrême oubli. Autour du nom juif, quant à sa tragédie, un désert de mots ».

Plutôt que de se centre sur l'origine juive des acteurs étudiants secondaires de Mai 68, Birnbaum aurait mieux fait de se soucier de ce qui venait d'ébranler la société dans son infrastructure et non pas de se focaliser sur les « monômes » améliorés estudiantins du printemps 6835 :
« Ce qui se joue dans les profondeurs de la contestation ouvrière marque aussi un ébranlement des normes instituées, de la hiérarchie à la division du travail. Certes, ce mouvement qui couvre près d'une décennie, est très divers, et les historiens discutent encore pour savoir quel était la poids respectif des revendications salariales classiques et de celles plus « qualitatives » (…) le compromis fordien qui avait réglé les relations sociales depuis la Libération, vole en éclats pendant les années 1968 » 36.

On a envie de répondre à Birnbaum junior que c'est lui qui esquive les causes du « désert des causes des millions de morts, juifs ou pas ». Mais sa conclusion suffit à ce qu'il se tire lui-même une balle dans le pied, c'est un banal nihiliste à la Nietzsche ou à la Onfray. S'il prétend se démarquer du réac qui assure que « c'est la soif de domination qui fait courir les gavroches » et de cet autre, qui dénonçant le premier, n'étant lui-même qu'un niais ou un réactionnaire, lui, Birnbaum junior, n'a pas de pensée propre mais termine en citant le barbariste limité politiquement et philosophiquement, Claude Lefort, selon qui « l'idéal de prophylaxie sociale » hante « toutes les politiques de l'absolu », et qu'il vaut mieux se contenter de rester sans réponse. L'urgence de ne rien proposer après s'être efforcé de démolir l'expérience, le combat et le sacrifice de milliers de combattants pour le communisme, juifs ou pas, trotskystes ou pas, c'est ce qui s'appelle un pensum de faux-cul.


NOTES
1Le titre accrocheur de Birnbaum Junior est ridiculement communautariste et concerne une intelligentsia de la rive gauche, ne pointe le projecteur de son éditeur bourge que sur des « générations » de petits bourgeois et aucunement une classe sociale objet de violences terribles, qui ne sauraient faire oublier la violence contre les colonisés, mais qui est marquante à Charonne et quand les principaux morts de 68 sont des ouvriers, même peu nombreux, sans compter nombre d'estropiés oubliés (je n'oublie pas le lycéen Gilles Tautin, d'autant que la plupart des lycéens de ces années d'illusion révolutionnaire immédiate, ont pour la plupart "finis" prolétaires. . Birnbaum est dans la lignée des crétins intellectuels officiels à la Debray et Lipovetsky qui ont inventé un mai 68 « hédoniste de la société de consommation », parce qu'ils n'y étaient pas ! Et que l'ex-fan de Guevara -du  Ernesto ce petit Vichinsky bis chargé de zigouiller des centaines de cubains par le caïd nationaliste Castro,ex- prisonnier élargi de Bolivie - était considéré comme une fiotte par la classe ouvrière et les maximalistes de la Gauche communiste historique (les héritiers de Rosa, Pannekoek et Bordiga). On se souvient qu'il avait donné les sous d'un de ses prix littéraires à la LCR, le moulin à vent le plus caméléon depuis toujours d'un trotskysme fluo, moderniste, pop, antiraciste et dénonciateur des poêles Tefal cancérigènes.

2Contre les fantasmes et l'obsession des « quotas » juifs dans les lettres et le milieu du spectacle, Claude Berri a très bien expliqué ce fait par la spécificité de l'immigration ashkénaze dans l'entre-deux guerres ; beaucoup qui avaient fui les pogroms, arrivaient sans spécialisation professionnelle et trouvaient donc tout naturellement des places de figurants et d'acteurs dans le cinéma en plein développement qui n'exigeait ni diplômes ni qualification particulière dans l'industrie. Ils n'allaient pas chercher non plus asile au fin fond du Berry mais dans la capitale. D'où une forte concentration pour les générations ultérieures, mais pas dans le bâtiment ni chez les coiffeurs.

3Voici la définition de Wikipédia : « Le cosmopolitisme est un concept créé par le philosophe cynique Diogène de Sinope, à partir des mots grecs cosmos, l'univers, et politês, citoyen. Il exprime la possibilité d'être natif d'un lieu et de toucher à l'universalité, sans renier sa particularité. Ce concept a été par la suite repris, approfondi et diffusé dans l'ensemble du monde antique par les philosophes stoïciens, c'est à travers leurs textes qu'il nous est parvenu ». Et ce curieux simple ajout, qui oublie la dénonciation nazie : « Le terme « cosmopolitisme » a également été utilisé sous Staline à la fin des années 1940 et au début des années 1950 via l'appellation « cosmopolite sans racine » pour défendre des arguments antisémites ».

4 Lire : L’internationalisme au temps de la Commune http://www.monde-diplomatique.fr/2015/05/ROSS/52944 . Avec son livre « Mai 68 et ses vies ultérieures », (Complexe,‎ 2005 ) Kristin Ross a bouleversé la recherche et les poncifs sur 68, en refusant de commémorer la surface, les vedettes estudiantines et le charivari du quartier pour insister sur les soubresauts politiques et sociaux de la société, dans le même sens que mon livre de 1988 « Mai 68 et la question de la révolution », qu'elle cite à plusieurs reprises.

5Le récit biblique décrit Goliath comme étant un géant d'une taille « de six coudées et un empan » soit environ 2,90 m, avec une cotte de mailles en cuivre d'une masse de 5000 sicles, soit 57 kg, et la lame en fer de sa lance de 600 sicles soit près de 7 kg.Goliath sortit du camp philistin et mit l'armée d'Israël au défi de trouver un homme suffisamment fort pour gagner un duel déterminant l'issue du combat entre les deux nations. Cette provocation fut réitérée quotidiennement pendant 40 jours, matin et soir dans la vallée d’Elah, la vallée des térébinthes. Finalement, David, jeune berger agréé par Dieu, releva le défi lancé par Goliath. Après avoir déclaré qu'il venait contre lui avec l'appui de Dieu, David lui jeta une pierre avec sa fronde. Celle-ci s'enfonça dans le front de Goliath qui tomba à terre. David lui prit son épée et acheva le géant en lui coupant la tête.


6Stock 2009.

7C'est ce que le mao Barou confie d'ailleurs à l'auteur : « Mai 68 n'est pas réductible à l'épisode des barricades au quartier Latin ». Un historien brillant, membre pourtant du PCF décati, fournit une critique pertinente du mai étudiant : « si la police n'a pas tiré sur les étudiants après avoir réprimé les ouvriers de Peugeot, c'est parce que ces jeunes dresseurs de barricades « de papier » étaient des « fils et futurs pères de légistes, médecins et professeurs, héritiers prodiges et déjà pardonnés ». Eloignés des ouvriers, les étudiants ont pêché par aristocratisme, leur « révolte princière » étant celle d'héritiers irresponsables » (cf. « Mai étudiant ou les substitutions », La Pensée, février 1969). C'est plus fin que le guévariste Debray qui déplore que Mai 68 n'ait pas donné lieu à un bain de sang sacrificiel comme dans les guerres de libération nationaliste du tiers-monde. Bourdieu a aussi été plus lucide : « 68 a été une fausse révolution qui a fait peur comme une vraie. Et ça ne change rien » (extraits du superbe ouvrage compilateur de Serge Audier : La pensée anti-68, essais sur les origines d'une restauration intellectuelle, même s'il ignore le travail souterrain et primordial des minorités héritières de la Gauche communiste beaucoup plus en phase avec l'événement 68 que tous les intellectuels vedettes qu'il épingle).

8« La chinoise », tout à fait prémonitoire de Mai 68 dans ses aspects ridicules ; il faut savoir que Godard avait été soumettre son film à l'ambassade de Chine, laquelle l'avait envoyé paître trouvant que ledit film se fichait vraiment de Mao et de son Etat, ce dont Godard ne s'était pas rendu compte lui-même cornaqué par un petit chef maoïste.

9Tmoignage de Geismar, p.69).

10Si vous voulez vous détendre une soirée où la TV ne passe que des feuilletons minables américains, lisez « A demain De Gaulle » de Régis Debray (ed Gallimard 1990), compagnon de route des délires guévaristes, maoïstes et trotskiens, que j'ai trouvé récemment dans une brocante. Fou-rire garanti.

11A la fin des années 60, on se foutait royalement de l'origine des gens, mais une blague pas méchante circulait en effet dans les lycées et les facs : « Savez-vous pourquoi on ne parle pas yiddish au BP de la Ligue de Krivine ? C'est parce que Bensaïd est séfarade ».

12« Fragments d'un discours révolutionnaire. A l'école des trotskismes français », France Culture 2002.

13Pour les sado-masos désireux d'être admis par la secte LO, surtout lorsqu'ils sont d'origine petite-bourgeoise (la secte compte beaucoup de fils de petits commerçants juifs) , ce n'est pas un parcours mais un calvaire pour tuer l'intellectuel qui est en toi, tradition anti-intellectuelle qui remonte à la bolchévisation stalinienne. N'est plus autorisé que « l'amour-propre de parti » autrement dit le narcissisme de secte. Au milieu des années 1920, le PCF en train de se staliniser, supprime la rubrique « La vie intellectuelle » dans son journal L'Huma, traquant « les manifestations d'arrogance intellectuelle, terme qui devient synonyme de trotskysme » ; il n'est pas très internationaliste homogène dans son fonctionnement puisqu'il y a des sections « juives », la MOI (main d'oeuvre ouvrière immigrée), etc.

14Plus loin, p.222, Birnbaum a la gentillesse de nous rappeler que les méthodes puantes existaient déjà en 1937 dans la minuscule et inappropriée 4ème Internationale du vivant de Trotsky, où Victor Serge décrivait une « atmosphère irrespirable » : « l'impression d'un mouvement de secte, dirigé par es manœuvres d'en haut, atteint de toutes les dépravations mentales contre lesquelles nous avions lutté en Russie : autoritarisme, fractionnisme, intrigues ; manœuvres, étroitesse d'esprit, intolérance » . Nombre d'artistes connus avaient cotisé à la secte lambertiste et avaient mangé ensuite leur chapeau. L'excellent comique Alex Métayer apporte lui aussi un témoignage édifiant de la soumission-maso du militant (p.226). Certains de mes lecteurs verront à quoi et à qui je fais allusion avec la formule utilisée dans toutes ces sectes : « Si nous excluons X ou Y, c'est qu'il s'est mis « de lui-même en dehors du parti ».

15Birnbaum n'est pas fichu d'analyser ce constat lorsqu'il cite plus loin la « légende » lambertiste le dit Raoul, qui va dans mon sens, exprimant même le fait que le militant est un paumé qui reste dans l'église pour croire mettre fin à l'errance moderne : « Raoul n'aimait pas le pouvoir, il aimait convaincre. La politique était sa raison de vivre. Et il n'avait aucune illusion sur le parti. Sur le sectarisme, il a été en contradiction pratiquement toute sa vie » (p.221).


17J'ai repris cette réflexion en consultant le site de Alexander Neumann http://variations.revues.org/262

18J'admirais bien plutôt le leader étudiant Geismar, qui me semblait plus pondéré et semblait vouloir persister en politique. Je fus bien déçu lorsque je l'ai croisé au deux étapes de sa carrière politicienne. En 1972, rue Jeanne d'Arc il était venu soutenir un squat yougoslave à Issy les Moulineaux en compagnie de M.Foucault, et posait au grand timonier. Vers la fin des années 1980, sur le marché de Villejuif il était venu se moquer de moi pour le titre de mon journal « Révolution Internationale », mais c'est moi qui avait rigolé plus fort ; le pitre distribuait un tract intitulé : « Vous vous souvenez de moi ? J'étais un des principaux leaders étudiants en 1968... Elisez-moi député PS... à la place de Marchais (dont personne ne se préoccupait plus, seule une mémé lui tenait conversation un peu plus loin sous une ombrelle du PCF). Pas de pot, personne n'en a voulu comme député ! Le même jour, Alain Lipietz (qui tractait lui aussi), un des leaders oubliés des Verts, me confiait sur le même marché qu'en réalité les urnes étaient bourrées pour Marchais, et que toute les plaintes du PS avaient été blackboulées, le pouvoir estimant plus utile de garder un personnage comme Marchais à l'assemblée que d'accueillir un obscur député socialo. « Ils ne perdent pas de temps pour attendre, avait-il ajouté, on va leur sucrer bientôt la place aux staliniens ». Et cela s'est vérifié ensuite, mais pas complètement.

19Je me souviens que le slogan le plus crié au début de la première manif vers Denfert Rochereau était « Roche démission », lequel était le recteur de la Sorbonne qui avait été « vidée » par la police. Jean-Pierre Hébert qui me tenait le bras dans un cordon de manifestants lycéens, me terrorisa en disant : « je vais leur dire que le fils de Roche est ici ! ». - Non pitié ne fait pas ça, ils vont me lyncher ! ».

20C'est encore l'insulte la plus courante chez paumés de l'anarchisme ou bâtards du trotskisme comme Y.Coleman, qui traite tout contradicteur d'antisémite, et police ses « amis » sur facebook. Voici ce qu'il déclare à mon propos à une vieille gauchiste féministe qui s'était glissée sur ma liste de contacts: « Ni Patrie ni Frontières : tiens mais voilà monsieur Roche celui qui fait des "plaisanteries" antisémites sur le prépuce de Benny Lévy, dénonce Bourseiller pour sa judéité, et considère que les Roms viennent en France pour avoir une femme, un travail et un logement. Tout cela dans un journal papier puis dans un blog qui s'appelle "Le prolétariat universel". Le seul truc d'universel dans sa démarche c'est son racisme et son antisémitisme. Je ne vois pas bien ce qu'un individu de ce genre fait dans ce groupe (de contacts fb)... Et comme il n'est pas un démocrate il comprendra certainement que la seule mesure logique est de l'envoyer diffuser ses propos racistes et antisémites ailleurs... ». Allégations mensongères pathologiques et hargne à mon encontre parce que j'avais pris la défense de Claude Bitot qu'il qualifiait aussi d'antisémite ! Comme démocrate Coleman se pose là. Sa façon d'écrire, de censurer et de porter des jugements politiques n'est jamais... politique mais diatribe à la mode stalinienne, stalino-trotskiste dégénérée pour tout dire. Avec ce côté veilleur de nuit des mirages du passé, aligné sur l'anti-racisme bcbg du PS. L'imagerie pornographique utilisée révèle un problème de perversion intime chez Coleman, ou de complexe racial, qui confirme que le raciste n'est pas celui qu'on croit...

21Mon père considérait mai 68 comme un complot américain, ce qui occasionna des frictions entre nous. Par contre, il était bien connu à la direction des universités que le pouvoir gaulliste encourageait tout ce qui pouvait affaiblir le PCF, lequel n'avait donc pas tout à fait tort de considérer que la « chienlit » était une alliée du pouvoir contre lui. Et que par conséquent l'affaiblissement du stalinisme, en milieu universitaire, ne pouvait que complaire également à la CIA.

22Or ce que Birnbaum fils feint d'ignorer est que le Trotsky de l'époque, bien que devenu opportuniste et se gourant (son pseudonyme Gourov fît rire les militants de la Gauche italienne de la revue Bilan) sur plein d'autres sujets, ne dénonça pas le nazisme en premier lieu comme un racisme mais comme la politique d'une fraction du capital en guerre ! Birnbaum regrette que Trotsky déplore le manque d'assimilation des juifs, sauf que le premier est du genre nationaliste communautaire et le second reste pour nous un grand révolutionnaire qui, jusqu'à sa mort, continua à penser que la question juive ne pourra être résolue que par « le socialisme international ». Au moment des procès de Moscou, aux accusations stigmatisantes inverses de celles de Birnbaum junior, mais du même ordre particulariste et pervers, Trotsky se défendit du « péché de judéocentrisme » : « Des soi-disants « pontifes » (allusion à Robespierre, sic, jlR) m'ont accusé de soulever « tout à coup » la « question juive » et d'avoir l'intention de créer une sorte de ghetto pour les juifs. Je ne puis que hausser les épaules de pitié. J'ai vécu toute ma vie en dehors des milieux juifs. J'ai toujours travaillé au sein du mouvement ouvrier russe (…) la question juive n'a jamais été au centre de mon attention » (cf. Thermidor et l'antisémitisme, février 1937).

23Réflexions sur les questions juives, 1984, cité p.316 par Birnbaum. Or, en vérité, pas plus que l'immense majorité de la population française et allemande, les minorités trotskystes et maximalistes n'étaient au courant de l'ampleur de l'hécatombe des juifs dans les camps de la mort. Conditions de guerre signifient mensonge de fer généralisé. Mettre sur le dos des minorités révolutionnaires, même les opportunistes trorskystes, sur le compte d'une stratégie du mensonge est typiquement stalinien et bourgeois ! Les historiens malhonnêtes et revanchards ne se comptent plus.

24Ce qui n'était pas faux concernant une scission du POI : Du POI émerge un nouveau groupe, le Mouvement National
Révolutionnaire. Le leader du MNR, Jean Rous, est un des dirigeants du POI. On y trouve aussi Lucien Weitz, qui fut le principal animateur de la gauche révolutionnaire au sein de la SFIO socialiste, puis de l’aile gauche du PSOP, ou encore Fred Zeller, ancien proche de Trotsky et membre de la SFIO, futur grand-maître du Grand Orient de France. Le Mouvement édite deux journaux clandestins : la Révolution Française, puis Combat national-révolutionnaire. Dans le n°1 de La Révolution Française (septembre-octobre 1940), le MNR se dit «ni pro-Allemand, ni pro-Anglais, ni pro-Français». Le langage employé révèle à l’évidence la proximité des thèses nazies : «L’État et la nation doivent se défendre (...) contre les tentatives de domination occulte, qu’elles proviennent du judaïsme, de la maçonnerie ou du jésuitisme». Le n°1 de mars 1941 de Combat national-révolutionnaire précise que le MNR «souhaite un État fort, hiérarchisé, où la régulation entre les divers éléments de la population soit établie par des corporations». On retrouve les trois piliers du fascisme, l'État fort, l'obéissance hiérarchique et le corporatisme. Le MNR est démantelé en juin 1941. Jean Rous est condamné à six mois de prison, ce qui est pour l’époque une peine symbolique et un geste de connivence de la part des autorités d’occupation. En Belgique, le principal leader trotskyste, Walter Dauge, opte lui aussi pour la Collaboration. Source : http://www.contreculture.org/AT_Natrisme.html
 

25En Russie, pour déjouer la censure avant la révolution, les bolcheviks avaient publié une brochure de Lénine sous la forme d'un roman, mais dès la page intérieure, le texte de Lénine commençait par : « En route pour l'insurrection » !

26La page wikipédia sur le rôle des trotskystes pendant la guerre est assez correcte, bien qu'il faille la compléter par une lecture sur le sujet du site du CCI (Révolution Internationale et des écrits de Michel Roger) : « Le mouvement trotskyste français est divisé pendant l'Occupation, bien que la plupart refusent de s'allier avec les « petits-bourgeois » et les « impérialistes » contre l'Allemagne nazie. Lors de la drôle de guerre, il adopte une position de « défaitisme révolutionnaire », puis publie, dès août 1940, le premier journal clandestin de la Résistance, La Vérité, organe bolchevique-léniniste. Divisé principalement entre le Parti ouvrier internationaliste (POI), tenté un temps par l'alliance avec la bourgeoisie contre Hitler, et le Parti communiste internationaliste (PCI) de Raymond Molinier, il refuse les attentats contre l'Occupant, assimilant ceux-ci à du « terrorisme » coupé des masses1. Il s'oppose notamment au virage patriotique du PCF après la rupture du Pacte germano-soviétique en 1941, au nom de l'« internationalisme », qui le pousse à préférer la propagande envers l'Occupant afin de gagner « les prolétaires allemands » sous les drapeaux à la cause révolutionnaire plutôt que l'action armée directe. Ce n'est qu'en décembre 1943 que la Quatrième Internationale prône la participation aux organisations armées afin de les structurer sur une base de classe ; si certains trotskistes français suivent, à titre personnel, cette ligne (par exemple Marcel Bleibtreu), elle n'est cependant pas officialisée par les structures clandestines trotskistes.
La Résistance trotskiste occupe une place à part car elle ne participe pas à l'élan nationaliste qui anime toutes les résistances et refuse le travail commun avec les courants « bourgeois » de la Résistance, considérés comme des adversaires dans la lutte pour la Révolution. Seuls le Mouvement national révolutionnaire de Jean Rous et Fred Zeller, et, pendant un temps, le Parti ouvrier internationaliste (POI) de Marcel Hic, échappent à cette règle.
Les petits groupes trotskistes refusent aussi la dérive nationaliste du « À chacun son boche ! » du PCF, se veulent internationalistes, prônent la fraternisation avec les « travailleurs allemands sous l'uniforme », et organisent avant tout un travail en direction des soldats allemands de la Wehrmacht, publiant des journaux en langue allemande, en Bretagne, par exemple. Ainsi, selon le journaliste Christophe Nick,
« Au printemps 1943, le POI compte une cellule de quinze soldats et sous-officiers allemands en Bretagne. Sur toute la France, ils en « réseautent » une cinquantaine2. »
L'activité était risquée et la Gestapo réussit à démanteler assez aisément ces réseaux: la cellule bretonne comptait un agent gestapiste, ce qui conduit aux arrestations du 6 octobre 1943: Robert Cruau (fusillé), Yves Bodénez (mort à Dora) et 10 autres bretons (dont trois ne reviendront pas de déportation), 15 soldats allemands (qui auraient été décapités à la hache), ainsi qu'à Paris, Marcel Hic (mort à Dora), David Rousset, Philippe Fournié, Yvonne et Roland Filiâtre, également déportés2.
Dans le contexte d'une occupation de plus en plus brutale de la France, ce discours internationaliste avait toute chance de paraître irréel à la plupart des habitants, surtout lorsque le travail en direction des Allemands n'était pas accompagné d'autres formes de lutte visant concrètement à la fin de l'Occupation. D'autre part, en dépit du discours fort patriotique voire nationaliste du PCF clandestin, ce dernier ne négligeait pas non plus la propagande à destination des soldats occupants (le « travail allemand », confié aux militants FTP-MOI et à Artur London), bien que ce travail n'ait pas été pour lui une priorité.
Ces interprétations du conflit conduiront les trotskistes à s'abstenir de toute résistance armée contre l'occupant jusqu'en décembre 1943, considérant que les masses n'appuyaient pas alors ce qui était considéré comme du « terrorisme ». La critique du virage patriotique du PCF est exprimé, en 1945, par le surréaliste Benjamin Péret, qui avait rejoint le POI en 1936 puis s'était battu en Espagne avec le POUM (…).

27Preuve que la secte LO a cédé au chantage de ce grand mensonge déconcertant du seul massacre « inexplicable » et indépassé au top de la victimologie des peuples, LO a exclu le groupe bordiguiste de sa fête à neuneus, à cause de leur opiniâtreté (louable) de continuer à diffuser contre vent et marées leur brochure « Auschwitz le grand alibi », rédigée par un de leurs militants juifs, et non pas par Bordiga comme l'ont colporté tant d'ignorants.

28Il crache aussi p.332 sur Ernest Mandel qui est resté sur la même position révolutionnaire marxiste de son camarade belge A.Léon, dont l'ouvrage – La conception matérialiste de la question juive – est qualifié de superficiel, alors qu'il reste pour des milliers de révolutionnaires aujourd'hui une référence honorable. Sur la plupart des mensonges et stupidités de Birnbaum j'ai amplement répondu dans mon livre «Le nazisme et son ombre sur le siècle », ed Cahiers Spartacus 2001.

29Il se fait recevoir aussi par D.Bensaïd qui définit Mandel comme un rescapé de la déportation juive : « ça l'avait profondément marqué, y compris dans ses rituels d'hygiène quotidiens ». Bah, comme tous les millions de déportés de la guerre mondiale ! Mais comment faisaient-ils pour se couper les ongles des pieds, sans ciseaux... question que j'ai oublié de poser à mon déporté de père ? Et sans brosse à dents...

30Qui est comparable à la fumeuse « théorie du genre » : « En faisant l’hypothèse que les identités sexuelles ne sont pas biologiquement déterminées, mais socialement construites, le concept de « genre » a ouvert un espace de réflexion, de recherches et de pratiques très variées. Il n’est donc pas erroné de parler de « théorie », même s’il n’existe pas une doctrine unifiée. — (Le Nouvel Observateur, 10 février 2014). Ou l'inverse de cette théorie, le juif serait biologiquement déterminé et, contestant cette nature, serait dans le déni ; comme le fils d'un père catholique, qui persisterait dans « le déni » en refusant de croire en dieu.

31Il convoque aussi à la barre ce pauvre caméléon Edgar Morin qui regretta sa « mentalité sacrificielle », et son complexe « messiano-masochiste ».

32Effectivement il n'y a aucun camp à choisir, à part rester cloîtré de terreur sous les bombardements ! Mais le chantage est obsédant. En Hollande par exemple, un des grands révolutionnaires qui avait porté la contradiction à Lénine et Trotsky, et dont j'ai fait l'éloge funèbre à Maastricht au début des années 1980, Ian Appel (dit Hempel) est obligé de participer à la fin de la guerre au mouvement de résistance nationale pour ne pas être inquiété de collusion avec l'occupant (cf. ses mémoires que j'ai traduit en français) ; il avait été le président des Conseils ouvriers de Hambourg et compagnon de lutte de Rosa Luxemburg et Liebknecht. Marc Chiric, menacé d'être abattu par les tueurs staliniens est sauvé in-extremis par un député gaulliste ! Période pas possible ! Ces deux militants et théoriciens marxistes étaient eux aussi juifs, et je suis vraiment fier de les avoir connu. Ils n'avaient pas d'état d'âme ni de déni de leur origine juive. Ils s'en fichaient et tapaient du poing sur la table contre les horreurs du capitalisme et ses larbins.

33Cf. les déclarations in extenso de papy Krivine qui se fiche du qualificatif trotskyste pourvu que la nouvelle boutique NPA engrange sur le plan électoral et séduise n'importe quel « rebelle ».

34Sur ce plan Birnbaum n'est pas malhonnête. L'idéal d'un avenir de bonheur a été porté par toutes les religions, du millénarisme chrétien au millénarisme musulman, mais, comme il le note justement : « la foi juive en une délivrance future ne conduit pas automatiquement, loin s'en faut, sur la voie d'un engagement révolutionnaire. Ainsi, Gérard Benussan a-t-il montré l'incompatibilité profonde entre l'historicisme marxiste, d'un côté, et la conception du temps tel que l'expérimente le prophétisme juif, de l'autre ».

35Le monôme est une manifestation étudiante française qui peut être aussi bien festive que démonstrative en fonction des établissements et des occasions. Apparu à la fin XIXe siècle, il épouse la forme d'une pittoresque procession en file indienne, généralement effectuée la main sur l'épaule et rythmée par des chants. Traditionnellement, le cortège serpente afin d'occuper le maximum de place possible, comme on le voit décrit le 23 janvier 1910, à la fin d'une fête internationale étudiante à Paris au quartier latin1 : On chanta, et le monôme, en casquettes blanches, mauves et vertes, en bérets galonnés de rouge, de violet et de bleu, serpenta vers Bullier. Un des plus fameux monômes était le monôme du bac auquel participaient à Paris la masse des candidats qui venaient de finir de se présenter à l'examen du baccalauréat. Il pouvait rassembler jusqu'à 15 000 participants. Il disparut interdit par la Préfecture de police en 1968.



36Xavier Vigna, dont j'ai déjà dit tout le bien que je pense de son « insubordination ouvrière dans les années 68 » (brochure éditée par les amis de Smolny), cité par le tout aussi excellent Serge Audier dans son monumental et indispensable sur la planchette du militant: La pensée anti-68, ed La découverte 2008.