« L’accumulation de richesse à un pôle » a pour envers nécessaire une « accumulation proportionnelle de misère » à l’autre pôle, d’où renaissent inexorablement les prémices de crises commerciales et bancaires violentes. La crise a éclaté dans la sphère du crédit, mais sa puissance dévastatrice s’est formée dans celle de la production. Les interprétations mensongères autour de la crise des subprimes de 2008 se focalisent sur une autre vérité partielle, le mauvais élève grec (avec son classique défaut arriéré de non recouvrement des impôts), et derrière la mise en accusation des PIIGS, et derrière le constat de l’incapacité de l’Europe, pourtant premier marché du monde, à solutionner « sa » crise, quand la présidence américaine est tout autant incapable de combler sa dette et continue de danser au bord du gouffre.
Les hommes ne font pas leur histoire, c’est leur histoire qui les fait. Les hommes dirigeants de l’enfer capitaliste en tout cas. C’est cette impuissante que révèle le rebondissement de la crise qui ne touche pas seulement l’Europe, malgré la fixation intentionnelle et persécutrice sur le cas grec, mais aussi l’Amérique et les concurrents asiatiques et russe. Personne, aucun Etat ni charlatan prix Nobel d’économie, ne peut plus prétendre réguler le capitalisme chancelant. Réguler suppose bien autre chose qu’une intervention d’Etat bourgeois, une révolution par ceux qui produisent les richesses sociales et non une mise au pas d’un système qui se vautre sans cesse dans le jeu de cons des obligations pourries.
Le système capitaliste s’affole pour tout dire. Il n’est pas si étrange de noter un même processus d’autodestruction chez le personnel politique dominant, ainsi que le révèlent les scandales politiques à répétition, tel le scandale des écoutes téléphoniques du trust Murdoch en Britannie où politiciens, journalistes et flics faisaient leur beurre en espionnant les victimes d’attentats, sorte de Watergate où c’est le peuple tout entier dont on croit explorer le trou du cul. Pauvres dominants ! Que vous êtes minables, mal notés par vos propres agences de notation ! Tel le scandale DSK où il faut bien reconnaître la validité du phénomène psychique d’autodestruction analysé par Serge Hefez :
« La mise en place d’un mécanisme intime, inconscient et finalement assez partagé, qui fait qu’à un moment, lorsque nous sommes sur le point de réaliser nos désirs, existe la tentation de jouer contre nous-mêmes. Comme si l’on était la proie d’une force tellurique, qui, dans ce cas précis, atteint une tête unanimement reconnue comme bien faite, et balaie toute rationalité. Un homme au summum de sa gloire, qui a le statut d’un dieu, redevient humain, même si, comme pour Icare, le retour sur terre est particulièrement brutal, pour aboutir à la mort, et dans ce cas précis, à tout le moins à une mort symbolique et quoi qu’il arrive à une mort politique ». C’est aussi ce retour « à l’humain impuissant » que figurent les Obama et autres Merkel, Berlusconi et Sarkozy, non pas humain « humain » mais représentants d’un système (qui se fiche de l’humanité et de la famine qu’il induit en ce moment en Somalie) qui ne peut plus qu’imploser. Idem pour les sous-fifres sanguinaires Assad, Kadhafi et consorts : signe de leur impuissance également ils ne peuvent plus que massacrer leur propre peuple, et massacrer sans égards pour les timides protestations bcbg démocratiques de leur supérieurs US et UE, impuissants à faire cesser le bain de sang hebdomadaire des dictateurs locaux acculés eux aussi par la crise dite financière… Au nord, la bourgeoisie tente de déminer la catastrophe imminente sans les moyens de conjurer l’autodestruction du capitalisme. Au sud les sous-fifres sanguinaires montrent l’exemple à leurs « grands frères » quand l’heure aura sonné dans les rangs de la classe ouvrière endormie par l’assistanat, la consommation aliénée et le flicage syndical, d’aller au combat aussi frontalement que les masses arabes en ont montré courageusement l’exemple.
VERS UNE CRISE DU POUVOIR BOURGEOIS ?
On aurait tort de remiser l’affaire DSK au rang de fait divers et de crier au retour d’une discussion obsolète sur des programmes politiques propres (qui ne peuvent plus l’être). Jadis, un politique aussi concupiscent et obsédé n’aurait jamais fait l’objet de poursuites judiciaires. Le pot de fer n’aurait même pas laissé s’exprimer le pot de terre. Les sociologues ne cessent point depuis des lustres de nous démontrer qu’il n’y a plus de séparation entre vie publique et vie privée, les fouilles merdes journalistes également. Il en est de même pour la crise économique, à la fois crise politique et crise psychologique, où toutes les barrières, prévenances, protections ésotériques, volent en éclats. Quels que soient les aboutissements de l’affaire DSK, la bourgeoisie a été conduite, menée par le bout des oreilles, à faire son propre procès a contrario, par devers elle, au-delà de l’homme DSK. Mais un criminel ne peut ni se juger lui-même ni se punir, même s’il a décidé de s’exposer comme coupable repentant, la sanction ne peut venir que du peuple, éventuellement de la classe ouvrière en Europe et aux Amériques si elle se réveille autrement que par de gentilles « indignations » petites bourgeoises et pacifiques.
La psychologie des hommes de pouvoir révèle donc aussi en reflet la crise de la bourgeoisie, l’inanité du pouvoir et l’insatisfaction de ceux qui croyaient le détenir. C’est en cela que la contribution comparative de Hefez est impressionnante : « DSK a toujours montré beaucoup d’ambivalence vis-à-vis du pouvoir. Sa candidature à la présidence de la République a donné lieu de sa part à beaucoup d’hésitations, au jeu de “j’y vais, j’y vais pas”, et sans doute pas uniquement pour des raisons stratégiques, mais comme si quelque chose en lui se refusait à cette ultime étape. Homme brillant, mais aussi jouisseur, flambeur, il n’a jamais fait mystère de son attrait pour le luxe et pour les femmes. Même si, doté d’une culpabilité bien trempée, il a su faire preuve du minimum d’abnégation que nécessitent les tâches institutionnelles, où il a engrangé des réussites incontestables. J’ai toujours été frappé par les propos de Nicolas Sarkozy dans le livre de Yasmina Reza sur sa campagne L’aube, le soir ou la nuit. Après la victoire, il dit en substance : maintenant que je suis élu, que j’ai atteint mes objectifs, je me demande ce qu’il me reste à faire, c’est comme si j’avais brûlé toutes mes cartouches. Sur le plan inconscient, on ne réalise pas ses fantasmes sans danger. Ce sentiment de vide peut provoquer des retournements de situation. Le narcissisme triomphant peut conduire le chef bien aimé à devenir un tyran obscène. Ou, comme c’est peut-être le cas pour DSK, à un comportement suicidaire ». Si DSK a été répugnant avec une "humble "femme de ménage (dixit le noble BHL) Sarkozy ne vaut pas mieux dans ses rencontres régulières avec Angela Merkel; exemple, en 2007, au sommet de Lisbonne, alors qu'on les interroge sur leurs relations, Nicolas Sarkozy la hèle grossièrement d'un "Hé ! Angela ! Viens ici !" avant de se fendre d'un "Hein entre nous, c'est la lune de miel? Honeymoon?" Et Angela Merkel de rétorquer sèchement : "Non, non, on coopère, c'est tout". Merkel n'est pourtant pas femme de ménage ni sexy mais la première dame d'Allemagne! (source Nouvel Obs).
Les gauchistes et les staliniens, avec leur vision mécanique et personnelles des politiciens concurrents de la droite – et qui fonctionnent avec les mêmes critères mentaux de prise de pouvoir et de volonté de domination des autres – oublient que « ceux du pouvoir » restent des hommes faillibles, et qu’on vit un temps où ils ne peuvent plus s’abuser sur la réalité de leur pouvoir, sauf à en abuser. Les politiciens ne sont plus en effet des héros mais des zéros députés et ministres pour s’enrichir, des Zidane déchus parce qu’ils ne peuvent plus donner que des « coups de boule » aux sans défenses qui leur demandent des comptes.
Cruelle réalité du temps présent pour tous les compétiteurs du pouvoir ou de l’accession au pouvoir, aléatoire et fragile à la fois. Même si les Grecs, poussés au fond du trou, ont placé sur la place centrale d’Athènes un panneau indiquant qu’il n’y avait plus qu’une solution, la révolution, qui peut prétendre sans jouer au charlatan, que le pouvoir bourgeois une fois renversé, ne verra pas un autre pouvoir arbitraire s’instaurer, cachant les mêmes ambitions d’autres hommes.
Notre époque est hélas marquée par l’impuissance révolutionnaire du prolétariat, atomisé et moqué par les forces capitalistes syndicales et partidaires.
En attendant, on peut se consoler de cette impuissance « anormale » des exploités à relever la tête, en lisant les commentaires aux articles plutôt que les articles de journalistes égarés et sans plus de repères eux.
Sur les rencontres européennes :
« Il y avait déjà le fameux trou de la sécu. On élargit le concept au niveau européen et voilà le trou de l'euro délocalisé en Grèce avec succursales à Dublin, Lisbonne et possibilité d'en ouvrir ailleurs ». « Merkel et Sarkozy toute une nuit ensemble pour çà !!! »
« Nouvelle version de "tu me tiens, je te tiens, par la barbichette ...". Et devinez qui a eu la tapette ? L’Allemagne conduit le bal et Sarko fait de la figuration ».
« Ils sont arrivés à un accord, mais personne ne sait lequel, sauf eux ».
« Sarkozy est dépassé dans sa politique locale, donc il tente d'aller donner quelques cours à nos voisins européens, franchement Merkel doit se plier de rire quand elle voit sa gestion de la France... »
« Ce système est comme une vieille horloge qui chaque jour prends du retard jusqu'à tomber en panne définitivement usée...... ».
« La croissance du modèle "capitaliste libéral" fondé sur toujours plus de consommation et donc toujours plus de gaspillage (notez que dans le mot gaspillage il y à le mot pillage) ça ne marche plus, alors comment on fait? Et je n'ai pas abordé le phénomène de surproduction ni de concurrence déloyale qui s'ajoutent pour favoriser la décadence ».
« Même en multipliant les perfusions un jour ou l'autre le malade expire ce que semble ignorer ces pauvres gens qui se décarcassent pour entretenir l'illusion ».
« La crise économique en Grèce concerne non seulement l'UE mais également le monde.
« Il faut bien évidemment réagir vite. La crise se propage vite ».
« L'Europe est un "pneu crevé" ».
« C'est un défaut de paiement de la Grèce, suivi d'un vrai énorme crack mondial, ainsi les choses seraient peut être enfin remises à plats, sinon ça serait à désespérer ».
« Sarkozy est dépassé dans sa politique locale, donc il tente d'aller donner quelques cours à nos voisins européens, franchement Merkel doit se plier de rire quand elle voit sa gestion de la France... »
« C'est pas moi qui l'affirme , c'est Reuters :"Soixante-six pour cent des Français ne souhaitent pas que Nicolas Sarkozy soit réélu en 2012, contre 29% qui sont d'un avis contraire, selon un sondage Ipsos pour le magazine Le Point. L'institut souligne que "Nicolas Sarkozy accuse un très net déficit de soutien chez les jeunes (près de 80% des moins de 35 ans ne souhaitent pas sa réélection), les plus diplômés (72% du même avis), que ne compense pas le ralliement finalement pas si unanime que cela de son socle électoral traditionnel". Ce sondage a été effectué les 15 et 16 juillet auprès d'un échantillon national de 956 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus ».
« Pendant ce temps, les marché financiers, agences de notation et autre structures qui nous veulent tant de bien continuent leur petite besogne pour leur plus grand profit: si on ne fait rien, je spécule et je rafle la mise, si on fait quelque chose, je déclare que c'est insuffisant et je rafle aussi la mise ».
« Autrement dit, la com sur cette affaire est avant tout du vent. C'est la structure qui ne fonctionne plus en l'état. Mais peut-on le dire sans risque à un an d'une échéance électorale? ».
« Sarko ne sera pas réélu, c'est presque certain. Mais on va se retrouver avec un ou une présidente qui ne pourra pas faire des miracles compte tenu de la situation financière du pays et même de l'Europe qui va - j'en suis presque certain - au devant d'un catastrophe financière et économique magistrale. Où en est cette Europe dominante, riche, prospère qu'on nous promettait au moment de Maastritch ? ».
« Les socialistes français élitaires au pouvoir trouveraient des solutions en succédant à Sarko… non, pas plus que leurs collègues espagnols et grecs, qui y sont déjà au pouvoir ! ».
Tout est dit par ces blogueurs. Chacun sait, de tous côtés, qu’il n’y a plus qu’à attendre la crise politique, doublée d’une crise sociale. Aïe.