« Libre développement des individualités et donc pas de réduction du temps de travail nécessaire en vue de la création d'un surtravail, mais en général réduction du travail nécessaire de la société à un minimum, auquel correspond alors la formation artistique, scientifique, etc. des individus grâce au temps devenu libre et aux moyens créés pour tous « . (Karl Marx, Éléments fondamentaux de la critique de l'économie politique (Grundrisse)
Cette citation de Marx ne concerne pas la retraite de nos jours mais à sa projection de l'être dans une société communiste envisageable à l'avenir. Or cette définition va comme un gant à la conception petit bourgeoise hédoniste qui prévaut même dans la tête de la plupart des ouvriers. L'idéologie capitaliste est même capable de nous vendre du rêve . Je suis bien le seul à me ficher ouvertement de la retraite comme désir des masses d'en finir, non avec le capitalisme, mais avec le travail. Ceci je compatis pleinement avec l'envie pressante de fuir ce travail aliéné, ses hiérarchies débiles et ses patrons toxiques un an, deux ans, dix ans même avant l'âge imposé suivant les hauts et les bas de la crise capitaliste.
Dans chaque pays capitaliste (NDLR), de façon cyclique depuis au moins cinquante années, les systèmes de retraite sont devenus un objet politique majeur, non pour rappeler que c'est le prolétariat qui fait vivre et qui enrichit la société mais parce qu'un phénomène inconnu dans l'antiquité s'est imposé : une allongée de l'espérance de vie grâce aux progrès de la médecine. L'invention de la retraite par Bismarck en 1883 se fichait déjà du monde ouvrier. Elle était fixée à 70 ans, âge que n'atteignaient pas encore la plupart des ouvriers. On dirait bien qu'on revient peu à peu à cette date fatidique!
Depuis la lutte pour des retraites décentes et pas au tombeau n'a plus été qu'une obsession pour repousser la mort après le travail ou l'empêcher d'arriver plus vite grâce au travail ...prolongé. Politiquement le système de retraite est devenu un sujet très sensible de maintien de l'ordre public et de...conservation sociale. Mitterrand lors de sa victoire accidentelle de 1981 avait été obligé de fixer la retraite à 60 ans, une hérésie pour les économistes bourgeois pas forcément cyniques. Si Mitterrand le littérateur, nul en économie, avait suivi les recommandations de ses mentors les plus compétents, c'était pour éviter d'avoir à endosser la tunique de Lénine, a-t-il assuré par la suite. Une révolution évitée à cause d'un danger révolutionnaire que présagerait une lutte massive pour un retraite sexagénaire et sexy ? Je n'y ai jamais cru. Cette revendication sous son air unitaire ne l'est pas du tout, conservant les pires inégalités entre retraités. Elle est d'autre part parfaitement réactionnaire : je vais donc échapper au travail et au capitalisme en me réfugiant dans mon coin pour devenir...un simple consommateur inutile et un papy Mougeot adorable avec les petits. Quoique la masse des vieux bobos s'éclate dans les randos d'EPHAD, voyages accompagnés, saunas et restos bios.
Mais le problème gestionnaire et volumétrique s'est aggravé subitement depuis deux décennies. Jusque là, suivant que l'économie se portait bien ou moins bien, il était garanti que les pensions pouvaient être augmentées plus rapidement, qu'elles pouvaient également baisser, légèrement, lorsque l'économie n'allait pas bien. Or, désormais c'est sans cesse la peur du gouffre, voire la fin du monde si l'allongement du départ est contesté ou freiné.
Dans chaque pays, une fois telle nouvelle réformée « allongée » transformée en loi, les « partenaires sociaux » de la bourgeoisie - les syndicats, les employeurs et les prestataires de services de pension - disposent de mois voire d'années pour faire avaler l'allongement des régimes de pension. Cela crée toujours problème. Est-ce dû vraiment à une méchanceté des capitalistes ?
Après le passage de 60 ans à 62 ans en 2010 (réforme Woerth), Macron le petit gaffeur souhaitait lui passer sans heurt majeur à 64 ans avec une accélération de la durée de cotisation, devant atteindre 43 ans et 172 trimestres (contre 50 ans aux Pays-Bas). Pour la génération 1968, il faudra attendre 64 ans pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Un scandale surtout pour une génération aussi jouisseuse. S'il n'avait pas bêtement dissous, le serpent de mer de la retraite n'aurait pas ressurgi comme malheur programmé par le truchement de cliques politiques dans la posture oppositionnelle confortable. Non pas que la secte à Mélenchon ou celle de l'autocrate Le Pen, se soucient le moins du monde de la fin de l'exploitation des prolétaires, mais parce que la question des retraites simplement déplacée du terrain social (assez interclassiste il faut le dire) au terrain politique devient champ de bataille électoral, vraiment interclassiste. Qui démontre bien l'arnaque du sujet avec cet apparent paradoxe que les extrêmes (gauche et droite) défendent les mêmes électeurs retraitables et intraitables. Alors que chacune de ces cliques, une fois au pouvoir, s'y casserait les dents. Promettre la lune oui mais alunir non.
Tour d'horizon européen. En Allemagne le système à points prévaut. En Italie un régime par capitalisation (joli terme qui fait de tout retraité un « capitaliste »). Pour prendre sa retraite à taux plein dans le régime italien, il faut avoir cotisé au moins 20 ans (ou 15 ans avant 1996) et être âgé de 66 ans et 7 mois depuis 2018. Cet âge est destiné continuer à être réévalué, en fonction de l'espérance de vie à 65 ans, tous les 2 ans à partir de 2019. Il s'élève à 67 ans depuis 2021. Le système de retraite espagnol est, paraît-il l'un des plus généreux d'Europe. Il comprend un système public de retraite de base par répartition — qui verse une pension unique calculée sur la base de la rémunération — et un système privé complémentaire par capitalisation. Le sujet des retraites fait régulièrement l'objet d'un grand débat national (lui aussi), organisé par le Pacte de Tolède. En 2023, une réforme a augmenté la base de cotisation, sans toucher à l’âge maximal de la retraite (67 ans). En Angleterre, le régime débutait à 65 ans jusqu'en 2019, il est passé à 66 en 2020, il est à 67 en 2028 et on promet de le passer 68 qu'en 2037... Tout peut varier au fil des bouleversements politiques. L'âge de départ à 68 ans était initialement prévu à partir de 2044. Il a été avancé à 2037 par le gouvernement de Theresa May en 2017.
AVEC LES BELGES ON SE MARRE TOUJOURS
...vous avez travaillé en France et en Belgique, vous pouvez obtenir une pension de retraite des deux pays. Cependant, il est nécessaire d'avoir cotisé pendant au moins une année en Belgique (ou un trimestre pour la France)1. Une pension de retraite belge versée à un ancien frontalier français habitant en France sera imposable en France et devra être déclarée sur la déclaration fiscale annuelle. Le système de retraite belge est similaire à celui de la France, avec un âge légal de départ et des dispositions pour les veufs/veuves de retraités et les assurés n'ayant pas cotisé suffisamment ».
Si vous avez compris ce paragraphe, tant mieux pour vous, moi pas. Alors qu'est-ce qui est similaire dans ces deux pays ? La même ridicule lutte dite « unitaire » mais que le journaliste belge déshabille si bien !
FRONT COMMUN DES SYNDICATS A BRUXELLES
L’âge légal de départ à la retraite bientôt à 67 ans
La future réforme n’est pas encore connue, mais les régimes dits « préférentiels » (cheminots, militaires ou policiers) se savent visés. En Belgique, l’âge légal de départ à la retraite est fixé depuis une réforme de 2016 à 66 ans et passera à 67 ans en 2030. Mais les cheminots, par exemple, peuvent toujours partir à 55 ans s’ils ont réalisé 30 années de carrière. Un avantage hérité du passé, lié à la pénibilité des conditions de travail, dont des horaires décalés et flexibles.
Bart de Wever, président de la droite nationaliste flamande (N-VA) chargé de constituer le gouvernement fédéral, a déjà annoncé samedi que « faire machine arrière, c’est impossible » malgré la mobilisation sociale. Une prochaine manifestation est, elle, déjà prévue le 13 février, pour défendre cette fois-ci les services publics. Les syndicats s’inquiètent des projets de réforme des pensions dont discutent actuellement les négociateurs de la probable coalition Arizona. Parmi ceux qui sont inquiets figurent, entre autres, les fonctionnaires qui bénéficient d’un régime préférentiel en matière de pension. Cheminots, policiers, militaires, par exemple, peuvent partir plus tôt à la pension.
La pension avant 65 ans : pour qui ?
L’âge de la pension légale était fixé à 65 ces dernières années. Ce 1er janvier, l’âge légal de la pension a été repoussé à 66 ans et passera à 67 ans à partir de 2030. Avant 2025, l’âge légal pour le départ à la retraite était de 65 ans.Toutefois, pour un certain nombre de catégories professionnelles, il est possible d’être mis à la retraite à un âge inférieur. C’est ce qu’on appelle les régimes préférentiels. C’est le cas, notamment, du personnel roulant des Chemins de fer belges. Il bénéficie d’une règle préférentielle qui permet de partir à la retraite à 55 ans à condition d’avoir 30 années de carrière en tant que personnel roulant (conducteur de train ou accompagnateur). C’est aussi le cas pour les militaires. Selon les cas, il existe des limites d’âges préférentielles pour le départ en retraite à 56, 50 ou 61 ans. Ils ne doivent pas non plus satisfaire aux conditions de durée de carrière. Les anciens militaires transférés dans d’autres services ou vers d’autres fonctions dans le secteur public conservent ces avantages si, au moment de leur transfert, ils étaient de 45 ans accomplis.Les policiers, membres du cadre opérationnel de la Police intégrée, peuvent aussi être mis à la pension à des âges préférentiels à certaines conditions, même si ces dernières années, l’âge de départ à la retraite a été progressivement relevé.
Quelle est l’origine de ces régimes préférentiels ? Il faut remonter aux débuts de l’existence de l’Etat belge pour trouver l’origine de ces régimes préférentiels. "La première législation en Belgique date de 1838", explique le Professeur Yves Stevens, spécialiste en droit social des pensions à la KU Leuven. La Belgique n’existait donc que depuis quelques années. "Et là, on disait que certains militaires avaient un certain mérite pour la patrie. Et donc on donnait une pension aux militaires parce qu’ils le méritaient, parce qu’ils avaient vraiment travaillé et défendu la patrie, très jeune en ce temps-là", poursuit Yves Stevens. Pour les cheminots, on a tenu compte du caractère dangereux de leur métier au 19e siècle. "Originellement, les cheminots avaient un travail très lourd et très dangereux dans le XIXᵉ siècle", explique Yves Stevens. "Il y avait beaucoup d’accidents mortels. Et donc là, on a vraiment installé des régimes préférentiels à cause du danger lié au travail", poursuit le professeur. Petit à petit, des régimes de pension ont ainsi été mis sur pied, par exemple pour les magistrats ou les enseignants ou les policiers en tenant compte, à chaque fois, des spécificités de telle ou telle profession.
Ce qu’il reste aujourd’hui de régimes préférentiels est un héritage du passé. Pour les fonctionnaires concernés, ces spécificités sont justifiées. Notre équipe a, par exemple, rencontré Maxime Herniquin. Il est conducteur de trains à la SNCB depuis dix ans. Il explique les spécificités de son travail. "A aujourd’hui, on a commencé vers 6 heures. Hier, on a commencé à 5 heures et on a commencé dimanche vers 3 heures du matin. Donc ça, ça pique parfois un peu", dit-il. Les horaires changent de jour en jour. "C’est vraiment la grosse particularité de notre boulot. Et puis la semaine prochaine, on part en retard, donc on va commencer plutôt vers 14 heures, 15 heures, 16h30", poursuit-il. Des horaires flexibles qui finissent par laisser des traces. "Il y a des symptômes sur le long terme. Alors moi, en dix ans de carrière, je suis dans ma trentaine, ça va encore. C’est plutôt des maux de dos et des choses comme ça, parfois un peu des difficultés pour le pour le sommeil", explique Maxime Herniquin "Mais en fin de carrière, quand on est sur des 45, 50 ans, 55 ans, ça devient vraiment compliqué physiquement. Il y a des risques du type cardiovasculaire, des problèmes de cœur, d’AVC, d’hypertension, des choses comme ça. Ce sont des choses qui ont été observées chez beaucoup, beaucoup de personnel roulant au chemin de fer", poursuit le conducteur de train. Un son de cloche assez semblable chez les policiers (hic!). Notre équipe a rencontré Stéphane, un policier qui pourra partir à la retraite à 63 ans s’il dispose de 42 ans de carrière. "On a notre ceinturon avec un bâton télescopique, un pepper spray et des menottes, le pistolet. On a le gilet par balle ( ? pare balle). On a une quinzaine de kilos sur le dos, que ce soit en patrouille ou que ce soit en statique. Donner 15-20 kilos de matériel à une personne de 60 ans qui pourrait être un grand-père à l’âge actuel, c’est difficilement imaginable en fait", explique-t-il.
Quelles réformes adoptera l’Arizona ? En raison du vieillissement de la population, le coût des pensions pour l’Etat belge aller crescendo. Cela continuera d’augmenter jusqu’en 2070, comme l’a calculé le Comité d’étude sur le vieillissement."Le coût annuel est environ de 63 milliards d’euros par an", résume le professeur Yves Stevens. Que voudrait épargner l’Arizona ? "environ 3 milliards annuellement", explique Yves Stevens. Les négociations entre partenaires de la future coalition étant toujours en cours, on ne sait pas encore dans quelle mesure les économies visées toucheront les régimes préférentiels. D’autres aspects du système de pension pourraient aussi faire encore l’objet de réformes.
VOYONS LA VERSION DE L'HUMA POSTSTALINIENNE MAINTENANT
Elle veut confondre avec l'organisation nuageuse de la protestation en France, mais en dévoilant aussi une lutte catégorielle pour des privilèges exagérés ; le risque d'AVC pour les cheminots, les postiers ou les agents EDF, me fait bien rigoler. (si on compare avec les conditions de travail en 1945)
« En Belgique aussi, la question des retraites embrase le monde du travail. Ce lundi 13 janvier, les trois syndicats Belge, la FGTB, la CSC et la CGSLB, appelaient à une journée d’action nationale pour dénoncer les projets de la coalition gouvernementale « Arizona » (N-VA, MR, CD & V, Engagés, Vooruit). « Il y a trois milliards d’euros d’économies prévues sur les pensions et personne ne le conteste dans les cinq partis » au pouvoir, affirme Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC.
Pour le leader Parti du travail belge (PTB) Raoul Hedebouw, « tous ces partis avaient promis en campagne qu’ils allaient mieux rémunérer le travail, mais ils prévoient aujourd’hui de bloquer les salaires, de saboter l’indexation automatique et de nous faire travailler plus longtemps pour moins de pensions ». D’autant que, conséquence des précédentes réformes, l’âge de départ a été décalé d’un an, soit 66 ans, depuis le 1er janvier, avant de s’établir à 67 ans d’ici 2030.
Les centrales syndicales ont dénombré plus de 30 000 personnes dans les rues de Bruxelles, lors d’une manifestation nationale. En Flandre, 40 % des écoles étaient fermées, quand près d’un vol sur deux était annulé au départ et à l’arrivée de l’aéroport Bruxelles-Zaventem.
Dans le rail, régionalisation des lignes et suppression de l’organisme social HR Rail
Mais c’est dans le ferroviaire que la mobilisation a été la plus suivie, avec la crainte d’une remise en cause des départs anticipés en retraites. « Actuellement, l’embauche se fait à bas salaire, avec une promesse de progression lors des déroulés de carrière. Et nos pensions étaient calculées sur une moyenne des 4 dernières années, avec un départ possible dès 55 ou 56 ans, compte tenu de la pénibilité, déplore Abdelmajid El Atrouss, secrétaire Permanent Régional CGSP-FGTB. Mais, la coalition Arizona veut aligner la méthode de calcul sur celle du privé. Cela se traduirait par une perte de 300 euros sur nos pensions. En somme, travailler plus pour gagner moins.
Ce sont les ouvriers eux-mêmes qui tiennent les propos les plus sensés sur la complexité des retraites
...C’est dans la commune frontalière de Mouscron que nous nous sommes rendus pour demander à nos voisins belges leur sentiment sur le mouvement social français contre la réforme des retraites. « Oh la la la la, si vous voulez me lancer là-dessus, vous n’êtes pas prêt », s’emballe Catherine, une jeune retraitée de 66 ans. « Chez nous, c’est 67 ans, et vous vous plaignez pour 64 ans », s’indigne-t-elle. « Il faut travailler et apprendre aux jeunes à prendre la relève, sauf que ça ne se fait pas du jour au lendemain », estime la sexagénaire.
« Ah ils peuvent grogner s’ils veulent »
« Ah ils peuvent grogner s’ils veulent, mais les temps ont changé, les gens vivent plus longtemps et si ça continue comme ça, dans 25 ans, plus personne n’aura de pension en France », lance un autre retraité, ancien pharmacien, qui préfère ne pas nous dire son nom. Lui a bossé dès 1969 pour terminer sa carrière en 2014, « et les dernières années c’est comme si j’avais 20 ans », affirme-t-il. « C’est abusé », renchérit Jean-Marie, commerçant. Des réactions comme ça, il y en a pléthore, y compris chez les politiques. « Comme on vit plus longtemps, il ne faut pas avoir fait l’ENA pour comprendre qu’il faudra travailler davantage », reconnaît Paul-Olivier Delannois, le bourgmestre (maire) de Tournai, une autre ville belge à la frontière. Et d’ailleurs, selon lui, il y a une demande en ce sens : « J’ai énormément d’agents communaux qui souhaitent travailler au-delà de l’âge légal », assure l’élu.
L’argument unanime pour regarder d’un mauvais œil la contestation française est donc que l’herbe est encore un peu plus verte chez nous. « Je propose d’aller manifester en France en faveur de la retraite à 64 ans en Belgique », ironise même Benoît sur Facebook. Parce que chez nos voisins, le report de l’âge de départ à 67 ans en 2030 est passé crème, et c’est bien ce qui ulcère les principaux intéressés. « Ils ont raison de se battre pour leurs droits », clame Yasmine, 16 ans, pour qui partir à 67 ans « c’est beaucoup. » Mais elle n’a pas protesté pour autant quand cela a été décidé : « Si j’avais su, je serais sans doute descendue aussi dans la rue », déplore l’adolescente. « En Belgique c’est 65 ou 67 ans et on ne dit rien chercher l’erreur », fulmine Marc. « Les futures réformes parlent de faire passer la retraite à 66 et ensuite à 67 ans chez nous. Pas de grève ! On est contents ! », renchérit Alessandro.
En fait, aucune des personnes interrogées n’a su nous dire quand la réforme était passée en Belgique. « On n’a pas le choix nous, et ça n’a généré aucune contestation sans que je puisse m’expliquer pourquoi », s’interroge Jean-Marie, le commerçant de Mouscron. Un mystère qui s’explique sans doute par le fait que cette décision ne date pas d’hier. En effet, dès 2013, cette hypothèse avait été évoquée, et reprise à son compte par le gouvernement fédéral formé après les élections de 2014. Et ceux qui s’en souviennent y étaient farouchement opposés pour certains. A l’époque, le syndicat belge FGTB dénonçait une « mesure [qui] n’a aucun sens puisque l’espérance de vie en bonne santé en Belgique est actuellement de 64 ans en moyenne », tout en revendiquant un retour « à l’âge légal de la pension à 65 ans ». « Chez nous, ça n’a pas fait tant de vagues, mais pour les Français, je pense que cette réforme est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », estime le bourgmestre de Tournai.
En Belgique, la pension de retraite moyenne des salariés isolés ne dépasse pas 882 euros par mois pour les femmes et 1 181 euros pour les hommes. Beaucoup de retraités vivent en dessous du seuil de pauvreté (1 157 euros par mois) ou le frôlent. Les pensions belges du privé sont parmi les plus basses d’Europe, indique la centrale syndicale belge FGTB.
Qu’à cela ne tienne, le gouvernement belge entend diminuer encore les pensions de retraite du secteur privé, mais aussi celles des fonctionnaires pour l’instant plus convenables, dénonce la FGTB. Pour ce faire, il argue, comme ses homologues européens, de la nécessité de garantir la soutenabilité financière du système.
La soutenabilité financière du système ? Les syndicats ont la solution
Faux problème, réplique l’organisation syndicale belge. Son calcul est on ne peut plus simple. Puisqu’il faut 1 568 euros pour avoir accès à une maison de repos en Belgique, elle revendique une pension minimum de 1 500 euros par personne pour une carrière complète, ce qui représenterait 75% du salaire moyen contre 60% actuellement. Satisfaire cette revendication coûterait 1,6 milliards par an aux caisses publiques.
Or, l’organisation patronale belge, la FEB (Fédération des entreprises de Belgique), a obtenu du gouvernement une diminution de ses cotisations sociales de 8% (25% du salaire au lieu de 33%). En les ré augmentant ne serait-ce que de 1% (à 26 % au lieu de 25%), cela rapporterait 1,3 milliard par an. Les 300 millions restant pourraient être trouvés en récupérant une part minime –pour ne pas dire minuscule– des montants de la fraude fiscale (221 milliards d’euros se sont échappés de Belgique en 2016 pour rejoindre les paradis fiscaux, soit plus de la moitié du PIB).
La FGTB ne demande donc pas la lune. Pourtant, le gouvernement qui a déjà en 2016 programmé le report de l’âge légal de départ en retraite à 67 ans d’ici 2030 (alors que l’espérance de vie en bonne santé ne dépasse pas 64 ans), préfère prévoir la mise en place d’un système de pensions par points à partir de 2025. Là encore c’est dans l’air du temps…
Retraite à point : les syndicats belges dénoncent « une loterie »…
Chaque travailleur disposerait d’un compte alimenté par des points tout au long de sa carrière. Chaque année travaillée lui donnerait droit à un point, dont la valeur serait calculée en fonction non pas du salaire du salarié mais du salaire moyen de tous les travailleurs, tous régimes confondus (salariés du privé, fonctionnaires et indépendants).
La valeur du point, fixée chaque année par le gouvernement, pourra donc être « gelée » les années où il l’estimera nécessaire. Vous savez combien de points vous accumulez, mais le montant de votre pension reste incertain. Vous ne connaîtrez la valeur de chaque point accumulé que l’année précédant votre départ en retraite. Si vous partez une année où la conjoncture est mauvaise, où le nombre de pensionnés a augmenté ou bien où le budget public est dans le rouge, cela peut entraîner le gel de la valeur du point. Bref, bienvenue la loterie !, dénonce la FGTB.
… Et un « système à trous »
La valeur du point serait ensuite multipliée par le nombre de points accumulés. Enfin, le montant ainsi obtenu serait multiplié par un coefficient de conversion variable selon l’âge et la durée de la carrière. Le travailleur qui doit partir plus tôt à la retraite parce qu’il ne peut plus tenir le coup sera pénalisé, souligne l’organisation syndicale belge.
De plus, le nombre de points octroyé pourrait être modifié rétroactivement du fait de la prise en compte des périodes d’inactivité liées à la maladie ou au chômage. Pour les organisations syndicales belges, en plus d’être une « loterie », le système par points serait ainsi également un système à… « trous ».
( intéressant reportage repiqué à EVELYNE SALAMERO Ex-Journaliste à L’inFO militante)
CONCLUSION : la dernière réforme de Macron ne tient pas debout, même si elle passait en force. Les vraies questions ne sont pas toutes au même niveau. L'âge butoir est stupide. Carrières longues : un jeune pâtissier qui a commencé à travailler à 16 ans part au même qu'un cadre qui a commencé à 28 ans ? La pénibilité, comment mieux la prendre en compte ? Plus que la durée, que faire avec des pensions misérables ?
Les meilleurs représentants de la gauche débile, LFI qui radotent que les immigrés doivent continuer à entrer n'importe comment en France, usent implicitement de cet argument comme grand remplacement des retraités en partance avec deux ans de plus qu'en 1981.
Comme avec l'utopique hausse du SMIC à 1600 euros, le recul de l'âge de départ entraînerait mécaniquement une hausse du chômage et, par conséquent, une augmentation de la demande d’immigrés. Par ailleurs, le surplus de dépenses publiques et sociales va forcément entraîner soit une hausse des impôts insupportable, soit un endettement alourdi qui mettra le pays sous la tutelle des marchés financiers internationaux. Cette promesse électorale est typique de cette gauche bourgeoise nationale pour ne pas dire nationaliste.
Un statu quo ante est impossible à financer sans augmenter les cotisations sociales ou alors diminuer les pensions, ce que LFI évite de préciser. L'espérance de vie s’est allongée de 8 ans depuis 1989 et la productivité du travail n’a pas augmenté dans des proportions telles qu'on puisse durablement travailler moins longtemps alors que la durée de vie s’est accrue. Résulta inévitable !une hausse des prélèvements sociaux à la charge des exploités et des exploiteurs (surtout les petits), et plombant le système de production.
La vérité est que s'il y a une effective explosion du nombre des vieux (et chute de la natalité), que ce sera de pire en pire et qu'il n'y a pas de solution viable dans LEUR système. Et il faut reconnaître que les bourgeois n'ont pas intégralement tort de vouloir le réformer même si c'est toujours à leur avantage. Ou qu'ils l'espèrent.