PREMIERES
MESURES REVOLUTIONNAIRES par Hazan et Kamo
(Le subversionnisme
émeutier dans le texte)
Qu’est-ce qu’il
a encore fabriqué celui-là ? L’éditeur Hazan s’est senti pousser des ailes
après le bon accueil de son ouvrage sur la révolution française et malgré le
peu de succès des p’tis couns[1]
qu’il avait couvé sous son aile jacobine-anar, le voilà qui prétend nous
fournir le « programme de l’insurrection »… qui n’est pourtant pas
venue ! Son colistier anonyme Kamo (membre de la « cellule
invisible ») est sans doute le pâle Coupat dont la confrérie bouseuse est
si endettée qu’elle a lancé un appel aux nigauds pour pouvoir continuer à
élever des chèvres subversives sur le plateau de Millevaches en l’auguste
épicerie de Tarnac.
Il manque un
programme révolutionnaire modernisé, sous-entend fort justement Hazan. Il n’en
manque pas pourtant des « programmes communistes » pour la
« libération de l’humanité », voir côté maximalisme, sans compter
pithécanthropes maoïstes ou bordiguistes qui vous resserviront à chaque grève
le Manifeste de 1848. Dont acte : « c’est le vide théorique et
programmatique non comblé par les
élucubrations maoïstes ou trotskistes qui permet au PCF et à la CGT de
reprendre les choses en main… »… de l’émeute "révolutionnaire" sans doute de
68... que d’arguments bien simplets pour vendre la plaquette
« programmatique » sur les étals de Publico.
J’ai esquissé moi-même un programme pour
l’insurrection dans mon livre « The end » que Hazan a certainement lu
mais ignoré comme tous les autres vieux histrions de son acabit. La révolution
moderne, comme les anciennes n’a jamais été vraiment une question de programme
comme ces vulgaires listages de recettes électorales que l’élite bourgeoise
nous ressert régulièrement. Vulgaire pensum de potaches sans souffle « les
premières mesures révolutionnaires » n’ont
pas le vent irradiant des plus
célèbres pamphlets ou manifestes. Elles ne sont pas révolutionnaires. Elles
étalent les dernières des âneries ploucs de l’anarchisme le plus éculé.
Il est vrai que
l’anarchisme n’a jamais eu qu’un repère « subversif » la french
revolution de 1789, ce vieil objet élimé de musée qui enchante ou terrorise
mais a autant à voir avec l’insurrection moderne que le combat des Athéniens
contre Sparte. Le summum historique inégalable reste donc l’émeute : ah
cette increvable émeute de l’incendie de la carriole des princes aux barricades
de voitures de série ! L’anarchisme est depuis belle Rirette et la bande à
Connot intégré à l’idéologie bourgeoise confusionniste parce qu’il saute les
étapes historiques en gommant les événements qui le gênent, à la manière du
stalinisme. Comme le stalinisme il a tout intérêt à conchier la révolution
russe de 1917 gage d’admission dans l’édition bourgeoise. C’est pourquoi
syndicalistes anarchistes et staliniens ont toujours fait la paire. Le révolté
de pacotille généralement bien nourri et en accession à la propriété, se cache
derrière un vieil événement lointain pour mieux conjurer une révolution plus
contemporaine, qui le gêne comme son compère en idéologie, le bourgeois moyen.
Le propre de l’anarchisme est de se cacher derrière de grands idéaux fumeux et
de ne jamais se prononcer clairement dans les grands événements : il
commente après coup, il porte un jugement une fois la fête finie. Il reste
observateur hypocondriaque. Il est impuissant à s’occuper de politique et n’est
bon qu’à se barder de citations des autres mais du moins a-t-il la gueulante
comme ressource pour porter hautain[2].
Après une
introduction poussive sur le méprisable « capitalisme démocratique »,
qui a tenté d’égaler mais en vain le souffle de la brochure de Khayati, nos
auteurs semblent déplorer que « nulle part le capitalisme démocratique
n’est sérieusement attaqué ». Il est vrai que la rhétorique de l’extrême
gauche est cuite depuis longtemps, tout comme les indignés de braves bobos
pétaradant le temps d’un printemps.
Page 22 nos histrions du subversionnisme bobo (et bomo
maintenant) trouvent un seuil de dangerosité garanti critique de base du
« capitalisme démocratique » : l’émeute, ce parangon du
subversionnisme bcbg qui fait pisser dans sa culotte le pandore moyen :
« … car les responsables du maintien de l’ordre savent où pourraient les
mener de tels sursauts populaires organisés et coordonnés ». Et savez-vous
où est née la subversion, historiquement moderne, contrairement aux barbaristes
(cf. la revue Socialisme ou Barbarie) encroûtés ? Elle est apparue un jour
du mois de mai 68 sur les monticules de voitures de série brûlées rue Gay-Lussac
par des étudiants (subversifs) révoltés et certainement des jeunes ouvriers qui
s’ennuyaient.
« Les
raisons de se révolter sont nombreuses » - sans doute autant que les
mécontentements catégoriels et communautaires – mais que l’insurrection parte
d’Espagne ou d’Italie : « … elle ne manquera pas de gagner ensuite
toute cette Europe branlante ». Quoi ? Celle-ci serait incapable de
faire aussi bien que les émeutiers du printemps arabe ? Chiche ?
Eliminant les
« démocratie populaires », certes « aberrantes » mais qui
tenaient tête à « l’impérialisme américain », en s’effondrant on
supprimé « l’idée de révolution » et… tout le film romantique de
1917 ! Conclusion de cette introduction touffue : on est à la veille
d’un nouveau 1789. Préparez vous piques et vos fourches !
PREMIERES
PROJECTIONS DU PRESTIDIGITATEUR
Le terme
prestidigitateur sonnerait presque comme agitateur, mais Hazan n’est ni l’un ni
l’autre. Ce n’est pas Houdini, mais Garcimore : « …les conditions
sont réunies aujourd’hui pour une évaporation du pouvoir » ! Comme en
1789 la prise de la Bastille aurait « évaporé » le pouvoir !
Comme historien amateur Hazan nous avait semblé pouvoir rivaliser avec ceux de
la chaire académique quand il n’est qu’un magicien infantile. Une petite leçon
d’histoire recopiée de wikipédia sert à illustrer que tous les gouvernements
provisoires sont aussi durables que pourris. Donc mes bons Proudhon et
Bakounine revenez-y : plus de gouvernement tout de suite ! Plus de
transition, tout de suite mangeons à « l’appétit de l’inconnu ». Pas
question de rédiger un énième programme mais traçage de « pistes »
pour « créer immédiatement l’irréversible ».
Premièrement on
l’a deviné à la suite du jeu de mains de Garcimore-Hazan:
« L’appareil d’Etat s’est dissous, ses débris tournoyent dans le vide ». Les maçons
anarchistes commencent donc à murer les fenêtres de l’Elysée et de Matignon, ne
conservant que certaines pièces pour faire autogérer crèches hammams et
cantines populaires par les maoïstes et trotskiens non déportés au Larzac. Les
lignes de communication et intranet des anciens bourgeois seront coupées (il
n’est pas dit si l’on fera dérailler leurs trains). On ne se réunira plus dans
les amphis de fac (qui insupportaient Kamo-Coupat car il trouvait meilleur fort
en gueule que lui) il y a assez d’écoles, de gymnases et de cirques à Tarnac
pour se passer des salles pour universitaires ou politiciens chevronnés.
Ne croyez pas
que l’anarchisme survivant au pouvoir « évaporé » va fabriquer de
nouveaux Goulags pour ces dizaines de milliers de flics, de financiers, de
militaires et de juges au chômage en plus des millions de prolétaires au
chômage. C’est pas un problème tout simplement parce « le travail au sens
classique du terme ne reviendra pas ». Un autre coup de baguette de
Garcimore-Hazan fait jaillir une gerbe d’étincelles par enchantement
libertaire : « …le travail ce mythe fondateur qui pourrit la
vie : tout le monde sera content de s’en débarrasser ». En quoi
consistera alors « l’organisation de la vie collective » selon nos
deux prestidigitateurs anarchistes ? Certes c’est ardu « de se
figurer ce que sera l’abolition du salariat » mais pas tant que ça si on
évoque les « moments insurrectionnels » de la trilogie
subversionniste idéale : Barcelone 1936, l’Odéon 1968, place Tahrir 2011,
description élégiaque : « Ces
moments où plus rien n’est travail mais où nul ne compte plus ni ses efforts ni
les risques qu’il prend, ces moments où les rapports marchands ont été remisés
à la périphérie sont aussi ceux de la plus haute vertu individuelle et
collective ».
Nos deux
magiciens sont en transe à l’idée du « partage de la vie entière »,
sans doute « sans temps morts » car la petite bourgeoisie s’ennuyait
à la veille de « l’émeute révolutionnaire » de l’an 68. L’argent, bof
il est déjà « dématérialisé » pour tous nos amis chômeurs
anarchistes, alors demain… d’un clic : instauration d’une égalité parfaite
des comptes bancaires », car il ne faut pas reproduire
« l’erreur » des bolcheviques et des khmers rouges d’abolir l’argent
tout de suite : « on ne sort pas indemne du monde de
l’économie » !
Formidablement
réac ces anarchistes subversionnistes, non seulement ils ne renversent pas
l’Etat et sans transition conservent le règne de l’argent capitaliste. Le top
du subversionnisme, on continue dans le changement accommodement. L’argent
tombera en désuétude de lui-même puisqu’on aura les cantines gratuites (de la
CGT), l’électricité gratuite (fournie en quantité réduite par éoliennes et
pédales de vélo), films en peer to peer, l’argent restera une sorte de paiement
pervers pour un petit café comme un
allemand de l’Est qui, nostalgique, loue pour une heure une Traban :
« (l’argent) restera aux marges de la vie tant individuelle que
collective » ; il a fallu beaucoup kiffer à nos deux magiciens bakouninistes
pour pondre cela.
Se moquant fort
justement de « l’utopie réaliste », le revenu universel garanti prôné
par tous les gauchistes de la terre, et après un détour par l’antique Xénophon
(pour justifier de leur culture esthétique) sortent leur lapin du
chapeau : « L’abolition du capitalisme, c’est avant tout l’abolition
de l’économie, la fin de la mesure, de l’impérialisme de la mesure ». Le
subversionnisme des magiciens de l’anarchisme sans faim et sans besoins est en
effet démesuré dé-mesuré. On pourra vivre comme aux beaux temps du
stalinisme ; la terre possède des ressources démesurées, inépuisables,
comme le gaz soviétique avant que Brejnev ne demande de cesser le gaspillage en
faisant importer des compteurs du trust capitaliste français GDF. Le modèle unique stalinien refleurit
toujours sous la coopérative anarchiste, le monde sera heureux (le consommateur
moins) : « … quand nous aurons de grandes laiteries d’où sortiront
des pots sans marque et sans colorants » (made in Tarnac ?).
Beuark ! La force du capitalisme actuel est le choix et la diversité. Ces
magiciens ratés nous proposent un communisme monacal qui ressemble comme deux
gouttes de vodka au communisme de caserne ou à l’ordinaire du hippy fauché.
Le travail
revient soudain au détour d’un mauvais tour de magie, et le spectateur se
gondole : « … quand les ouvriers du bâtiment travailleront pour loger
leurs frères et leurs sœurs et non plus pour engraisser les fonctionnaires des
multinationales du BTP l’ambiance sur les chantiers sera tout autre ».
L’Etat non renversé, l’argent maintenu à la marge et toujours les mêmes
ouvriers espagnols et portugais dans le bâtiment !
L’insurrection est
repartie ailleurs ?
Coupat et Hazan
prennent-ils la pelle pour retourner gravier et ciment près de la bétonnière ?
Sont-ils maçons le matin, joueurs de flûte l’après-midi ? Inspirés par la
révo cul chinoise trop punitive, ils nous assurent s’engager, s’ils exercent le
métier bobo de dermatologue, de se former au métier de balayeur ou
d’aide-boucher pour « y consacrer volontiers deux ou trois après-midi par
semaine ». Pas plus ? La vie humaine sera transcendée « dans mon
quartier » : « « Les voisins deviendront des collègues et
certains d’entre eux des amis ». Ambiance une poste à Moscou avant la
chute de la maison stalinienne. Un rêve glauque de magiciens ratés.
On progresse. En
vérité l’Etat « évaporé » n’avait pas disparu. Bande de naïfs qui ne
soupçonnaient pas la trappe à gogo dans la géniale écriture du tandem
subversionniste, l’Etat est en train de s’éteindre comme la loupiote du
plafonnier lorsque vous fermez la porte de votre voiture: « La fin du
travail obligatoire, la fin de la dictature de l’économie auront pour
conséquence quasi mécanique la fin de l’Etat ». L’Etat qui s’était évaporé
dès la page 31 disparaît définitivement page 53. Le tour de magie n’a pas duré
dix ans ni un siècle mais à peine vingt pages.
Comme il existe
des risques de renaissance de l’Etat nos magiciens jettent un peu de poudre de
riz pour épater le spectateur : « A ceux qui se demandent comment un
pays peut survivre à l’évanouissement de l’appareil d’Etat on peut répondre
simplement : cet appareil ne sert à rien – plus précisément, à rien
d’autre qu’à sa propre reproduction ». La sentence est éloquente de la
hauteur de vue de magiciens anarchistes fort mécontents si le courant est coupé
dans leur quartier et prêts à pétitionner s’il n’est pas rétabli dans la
demi-heure et déterminés à aller porter plainte au plus proche commissariat de
police si un sauvageon a dérobé leur mobylette.
Cette théorie de
marginal assisté trouve appui sur les délires de l’immature Saint Just qui
décrète que l’ennemi du peuple est le gouvernement, quand lui-même est au
gouvernement !
Peu importe le
désordre généralisé, il faut s’affirmer jacobins. Fi de la centralisation et de
la décentralisation ! C’est à une échelle « localisée » que le
pouvoir doit être assuré : « à l’échelle des villages et des
quartiers » renouant : « …avec la richesse des formes
historiques d’organisation depuis les sections parisiennes de 1793 jusqu’aux
quilombos du Brésil ». Bref, vive le nouveau socialisme communal !
Produisons localement selon nos besoins des yaourts sans étiquette avec nos
quinze vaches bios et notre tracteur à pédales ! Robespierre revient comme
seule référence au bulletin non secret mais pas pour la guillotine à main
levée. L’exemple d’autonomie des « gens » face à l’Etat
« évaporé » moderne ne vient-il pas du « mouvement
coopératif » des pays latins du Sud de l’Europe, qui snobent toute
organisation de type conseil ouvrier pour cogérer la misère avec les moyens du
bord au soleil théorique des coopératives anarchistes ringardes ?
La référence à
une autre société n’est jamais la tentative bolchevique ni les débats du
courant maximaliste de la dite Gauche communiste (Pannekoek, Appel, Bordiga,
Bilan, etc.) mais les resucées du stalinisme, les bobards des anars espagnols,
les coopératives de la misère en Amérique du Sud et les acquis médicaux de la
dictature castriste : « … après la révolution cubaine on a vu la
médecine de ce pays devenir la meilleure d’Amérique latine la mortalité
infantile baisser au niveau des pays industriels le tout sans injection
particulière de crédits ». La profession de prestidigitateur est une
profession de menteur habile. Hazan est Garcimore, aucun coup n’est destiné à
marcher pour la plus grande joie du spectateur. La médecine merveilleuse de
Cuba n’est que de la propaganda castriste. Les médecins venézueliens en
particulier étaient pris en otage, leur salaire envoyé au pays pour leur famille
et la misère cubaine toujours plus belle au soleil du stalinisme exotique même
si la mortalité infantile avait baissé. L’illusionniste anarchiste se trahit
toujours par ses références au présent pour ne pas passer pour un hippy
utopiste. Son raisonnement de marginal hors des réalités de classe et son déni
de l’histoire réelle de la théorie marxiste insurrectionnelle veut se moquer du
monde mais fait rire de son tour de passe-passe raté[3].
Le terme des « pistes »
se vautre dans les mêmes âneries que l’opuscule verbeux de Coupat. L’apologie
de l’émeute n’est que l’apologie de la marginalité et du jeune délinquant qui
tient coopérative avec son deal au bas de l’immeuble, nouvelle catégorie
révolutionnaire la « jeunesse » (du bas des immeubles) « jouera
son rôle dans la mise à bas du capitalisme démocratique » : « Elle
mettra en application la politique des halls d’immeubles qui vaut bien celle des
émissions de France-Culture et des éditoriaux de la presse asservie ». Il
est vrai que dans la société libérée du capitalisme démocratique le concierge
aura perdu toute utilité car les clés des appartements seront autogérées par
les habitants des halls d’immeubles.
Les « pistes »
qui surnagent du projet magique sont bien sûr la remise en cause de la
rémunération des politiques, la dénonciation des fantaisies écologistes et l’antifascisme ;
mais outre que ces trois thèmes sont repiqués au véritable milieu politique
prolétarien, le maximalisme marxiste, nos magiciens ne savent même pas dénoncer
correctement l’antifascisme, ce qui leur a valu des critiques de leurs fans
anarchistes et gauchistes, très près de la morale d’Etat et pointilleux concernant
ce sujet.
Enfin la
conclusion de tant de pistes insensées de petits bourgeois égarés dans la
théorie anarchiste bohème se résume au pire galimatias qui est à la base de
toutes les confréries anarchistes, qui explique pourquoi elles sont et seront
toutes inexistantes politiquement et impuissantes à prétendre changer quoi que
ce soit, simple reflet des arrangements entre petits amis et couples
bureaucratiques pour autogérer au mieux son ennui dans le capitalisme
imprenable : « S’organiser, c’est faire évoluer ces groupes en
constellations subversives par le jeu des amitiés, des espoirs partagés, des
luttes menées en commun, de proche en proche. C’est tracer entre eux des
chemins qui les amènent à se retrouver par affinités de ville à village, de
quartier à quartier, de centre à banlieue ». Mais l’ensemble des cartels
syndicaux, les clans gauchistes et le FN ne fonctionnent PAS AUTREMENT !
Vous ne leur en
voudrez pas. Vous n’aurez pas eu besoin d’acheter leur plaquette pleine de
tours de magie ratés. Vous auriez été fâché d’être floué pour un spectacle
aussi miteux pas drôle comme celui de l’excellent Garcimore, le vrai magicien
comique, qui a tant enchanté les enfants en échec scolaire qui manquaient de
confiance en eux-mêmes.
NOTES DE LECTURE
-
« Le
curé rouge vie et mort de Jacques Roux, de Dominique Rousseau », ed
Spartacus : très bon ouvrage sur les « curés rouges » de 1789,
instructif. Visiblement écrit par un professeur attaché à son histoire locale,
peu critique envers Mara et les égorgements révolutionnaires, avec une tendance
à mêler les clichés modernes au passé (la « diversité religieuse »!?).
-
Rirette
Maîtrejean : excellent mémoire par Anne Steiner spécialiste de l'histoire du terrorisme anarchiste, sur la compagne de Victor Serge et une
militante anarchiste (du bon vieil anarchisme pas de sa décomposition libérale
moderne) et des textes de cette admirable petite bonne femme, morte solitaire
hélas en 1968 comme le superbe dessinateur Grandjouan… Mais quelle stupidité d'avoir édité sur papier cartonné (toutes les pages oui) comme pour les livres bébé, une insanité qui gâche la lisibilité d'un travail de souvenir mémorable et honorable (je ne cite même pas l'éditeur qui mérite carton rouge).
-
L’affaire
Durand de Patrice Rannou (ed Noir et Rouge) : on nous rebat les oreilles
avec l’Affaire Dreyfus depuis un siècle mais le calvaire de ce jeune ouvrier
syndicaliste condamné à mort accusé faussement d’avoir tué un contremaître
jaune, a non seulement entrainé une vague de protestation probablement plus
ample que pour Dreyfus, a mis en évidence la cruauté patronale et le sadisme
des ministres ex-socialistes, mais s’est terminée par la destruction mentale de
la victime et aucune sanctification de la postérité comme pour le capitaine
juif.
[1]Gibert jeune, la FNAC font un
étalage généreux des brouets illisibles et creux de son édition. La Fabrique. Les p’tits couns était le nom originel de la
revue Tiqqun (p’tit con) de Coupat, au cours d’une plus longue campagne d’Etat
que celle de Dieudonné, accusée d’avoir
voulu s’en prendre aux caténaires des voies ferroviaires- alors que comme le
montre la triste affaire de Brétigny la SNCF dénationalisée est tout à fait
capable de faire dérailler les trains elle-même. Coupat était la plume
réincarnée de Debord pensa Hazan. Si c’est ce blaireau qui se cache encore sous
le pseudo de Kamo, le résultat n’est pas plus ébouriffant que la prose de Hazan
et de son acolyte invisible. Les grands seigneurs de l’anarchisme ne sont plus
que de petits roitelets du verbe.
[2] Le site-radio
Vosstanie fonctionne ainsi. Tout est caché par un décor accrocheur pour le
jeune émeutier quand derrière la petite Cécilia débite de sa voix sexy des
textes romantiques rythmés par une vague musique de samba brésilienne. Le
couple animateur se fait passer pour un « groupe de la gauche communiste »
avec un texte de référence du
révisionniste Dauvé dont Paulette se vante d’avoir été le ronéoteur. Les
contributions sont vides de contenu car même en vieillissant nos animateurs de
la subversion esthète et collégienne ne savent pas écrire ni argumenter. Dans
les débats qu’organise le système secret de cette radiologie parallèle
marginale, il est plaisant d’entendre les interlocuteurs anonymes anars se
mentir mutuellement sur leur influence microscopique, sur leurs chiffres de
vente extraordinaire, mais plus encore marrant de les ouïr s’enorgueillir de
« démasquer » le monde de la marchandise. Il font partie de la même
mouvance bobo que Hazan & Cie sans oublier ce pauvre Lastelle, et son
sous-fifre Janover lamentables déclassés qui naviguent au gré des remugles de
leurs ambitions mort-nées.
[3] Les
hauts lieux de la magie anarchiste sont pour sûr Notre-Dame-Des-Landes mais
aussi : « Tarnac et Marinaleda sont des îlots dans l’océan du
capitalisme démocratique » ; la magie opère à partir de ces lieux
uniques de culture de ses propres patates et de construction de bric et de broc
de sa propre habitation comme dans n’importe quel village plouc de lozère il y
a cent ans : « Pour nous (Hazan et Coupat) leur existence, leur
succès, leur persistance en milieu hostile montrent qu’un communisme véritable
est possible et qu’il est à notre portée ».