Un seul
point noir dans le beau raisonnement. Toute la jeunesse n'est pas
intoxiquée par le « yé-yé ». Toute la jeunesse n'est
pas apte à se conquérir un job lucratif grâce à la
« démocratisation » promise de l'enseignement. Il y a
cette masse inquiétante de jeunes inadaptés, de « sauvages »,
dont les excès défraient la chronique. Pour nous, communistes
internationalistes, l'existence de cet abcès social incurable qu'est
la jeunesse semi-délinquante constitue une manifestation du
caractère explosif de la société moderne, la preuve aussi que, des
jeunes générations, on peut attendre tout autre chose que la
servile imitation de leurs aînés que leur propose le PCF, la
certitude enfin que la jeunesse, ce n'est pas seulement
l'inconsistant engouement pour les modes bruyantes ou le froid
carriérisme des « raisonnables », mais encore et
toujours « la révolte » contre l'ordre constitué ».
Lucien
Laugier (in Programme communiste n°10, 1964)1
EXTRAITS DES DISCOURS
D'INVESTITURE DES PRESIDENTS DU "CHANGEMENT"
« AINSI
C'EST MOI QUI CONDUIRAI LE CHANGEMENT, MAIS JE NE LE CONDUIRAI
PAS SEUL » Giscard d'Estaing
« Président
de tous les Français, je veux les rassembler pour les grandes causes
qui nous attendent et créer en toutes circonstances les conditions
d'une véritable communauté nationale ». Mitterrand 1
« Mes
chers compatriotes, il m'incombe avant tout autre, au nom de la
Nation tout entière, de faire prévaloir l'intérêt général sur
les intérêts particuliers ou partisans ». Mitterrand 2
« Un
nouveau septennat commence. Je voudrais qu'à l'issue de mon mandat,
les Français constatent que le changement espéré a été
réalisé ». Chirac 1
« Cela
signifie pour moi une solidarité renforcée. Une solidarité
concrètement attentive aux difficultés de chaque Français. Une
solidarité qui fasse reculer la précarité et qui redonne l'espoir
à ceux qui l'ont perdu ». Chirac 2
« Le
peuple m'a confié un mandat. Je le remplirai. Je le remplirai
scrupuleusement, avec la volonté d'être digne de la confiance que
m'ont manifesté les Français ». Sarkozy
« Enfin
la confiance, c'est à la jeunesse que la République doit
l'accorder. Je lui rendrai la place qui doit être la sienne, la
première ». Hollande
« Vous
avez choisi l'audace, cette audace, chaque jour, nous la
poursuivrons. Notre tâche est immense. Une majorité forte.
Cette majorité de changement c'est ce à
quoi notre pays aspire . La tâche est immense et imposera de
continuer à être audacieux. Peuple
de France rassemblé au Louvre, je vais moraliser la vie publique et
renforcer l'économie ». Macron
LE
CHANGEMENT DANS LA CONTINUITE : français
vous avez encore voté comme des veaux après un si long, harassant
et démoralisant cirque électoral !
Enfin un homme providentiel ce Macron golden boy et "Mozart de la finance" devenu "french Obama" puis (peut-être) Paganini de l'Elysée, qui a su capter
l'intérêt de la jeunesse avec les violons de sa propre ferveur pour le pouvoir bourgeois ! Disait celui là l'autre jour.
L'avenir ! C'est aux jeunes de décider, me disait une gourde à
une terrasse boulevard Saint Germain. Purée... Que des jeunes sur le
parterre du Louvre, avec distribution de fanions tricolores à
l'entrée, sans oublier la pénétration des habituels drapeaux
algériens (la double peine nationale), et
Attention ceci est un montage |
Le premier discours avec prompteur avait été saboté
par le technicien ; caméra trop décalée de côté le pauvre
Macron semblait s'adresser de côté aux français ou dans le vide du
studio et pas franchement les yeux dans les yeux ; le défaut de
casting dommageable était corrigé quelques minutes plus tard, mais
le coup de la solennité était raté avec un candidat parvenu à ne
rester qu'un tronc raide devant le pupitre, sans mains, débitant des
banalités républicaines pour un costume institutionnel trop large à
sa taille. L'aide de camp de Ruth Elkrieff se précipita pour nous
expliquer que ce discours «était riche d'enseignements », et
l'opposant républicain Coppé de se féliciter de la hauteur de vue
qu'il exprimait.
Le second discours, promis comme émotionnel par les
employés de TF1 et de BFM, ne fût que le débit guimauve d'une
démagogie simpliste, flatteuse pour l'auditoire de « mes
amis »2 ;
un remake du « yes we can » attribuant aux jeunes puceaux
ignares de la nasse politicienne opaque et archi-ringarde et chauvine ses
propres désirs gouvernementaux et une prophétie de démocratie
heureuse à faire rêver Martine et ses poupées, alternant promesses
paternalistes, incongrues dans ce corps de minet, enfin accumulant
les anaphores de ses prédécesseurs en investiture et en
cuistreries. Là aussi, le technicien avait mal cadré la caméra, en
plan incliné le triangle du Louvre découpait derrière la fragile
silhouette de Macron... le bicorne de Napoléon. Fadasse le Napoléon
en cravate, après la longue marche empruntée de ToutanMacron tout en costard (que peuvent pas s'offrir les ouvriers illettrés) le long de la pyramide de ToutanMitterrand. Pourtant les employés de BFM ne cessaient de corner en
faveur du professionnalisme du spectacle, sans jamais dire d'où sont
venus les fonds de nombreux et très coûteux meetings, au risque
d'innocenter filou Fillon. Le final en famille fût moins enthousiaste que lors des victoires présidentielles précédentes, l'entourage familial et les potes sur l'estrade ça fait très clanique et népotiste en diable, pas du tout cet intérêt général qu'on nous fait ouïr à chaque investiture de chef d'Etat bourgeois. La joie n'était pas manifeste vu que Macron l'avait anticipée bêtement en se la jouant une semaine trop tôt in petto, parodiant Chirac main à la portière et poursuivi par les motards intra-muros. En gros, fade prestation avec impression de déjà vu. Les gogos du carrousel du Louvre n'étaient même pas mis en valeur face à l'ubérisation boy, avec un champ en profondeur du fait du plan fixe collé à la tribune familiale du jeune nouveau monarque.
Ce
fût incontestablement une victoire programmée de longue date, une manipulation
carrément religieuse, planifiée et coordonnée par le gouvernement
précédent, ses élites, ses commerciaux et de jeunots bateleurs de
banquets républicains à la Bayrou et Collomb, et des chanteurs intermittents. Cette élection confortable fût un boulevard élyséen pour Macron pour une raison simple: c'est la première fois qu'un président sortant ne pouvant pas sérieusement briguer un second mandat, restant au-dessus du lot, laissant aller au casse-pipe le candidat frondeur utopiste de son vieux parti et porter seul le bilan négatif, la mise en scène avec l'épouvantail soi-disant "fâchiste" était courue d'avance.
Ceci dit en passant, une belle vengeance de Hollande finalement contre cinq ans de bashing par la droite, il se paye le luxe de leur refiler son principal héritier (la droite fumace lui attribuant le qualificatif de plus grand pervers de tous les temps). L'un des principaux chantre cire-pompe de la dictature démocratique perverse, Olivier Duhamel, a été jusqu'à assurer que la victoire macronesque était le premier coup d'arrêt "au populisme qui menace le monde entier".
Victoire en trompe l'oeil au plan politique d'avenir pourtant comme la fable du jeune Bonaparte sur le pont d'Arcole3, malgré des odes démagogiques et cyniques fausses à la jeunesse (le mouvement est cornaqué par les vieux coucous du PS et quelques traîtres à droite) c'est un nouveau gouvernement d'attaque contre la classe ouvrière et de défense de l'Europe capitaliste au nom des plus vieux clichés élimés du jacobinisme et dont la potiche "jeune" n'est même pas sûre de vieillir longtemps sous les ors et les biftons de la République financière. Pour l'heure, l'instrumentalisation des électeurs-veaux se poursuit, les sondeurs leur font déjà dire (par précaution?), qu'ils sont une majorité à "souhaiter une cohabitation". Formidable instituts "scientifiques" de la sondologie officielle! Je ne cesse de dire depuis des années que les élections "en vrai" sont inutiles, les sondages les formatant à leur guise et fournissant le résultat calculé d'avance au poil près et défini par les puissants, mais simplement ratifié par ce bon peuple sans costard et sans cravate. Et sans cervelle politique.
Victoire en trompe l'oeil au plan politique d'avenir pourtant comme la fable du jeune Bonaparte sur le pont d'Arcole3, malgré des odes démagogiques et cyniques fausses à la jeunesse (le mouvement est cornaqué par les vieux coucous du PS et quelques traîtres à droite) c'est un nouveau gouvernement d'attaque contre la classe ouvrière et de défense de l'Europe capitaliste au nom des plus vieux clichés élimés du jacobinisme et dont la potiche "jeune" n'est même pas sûre de vieillir longtemps sous les ors et les biftons de la République financière. Pour l'heure, l'instrumentalisation des électeurs-veaux se poursuit, les sondeurs leur font déjà dire (par précaution?), qu'ils sont une majorité à "souhaiter une cohabitation". Formidable instituts "scientifiques" de la sondologie officielle! Je ne cesse de dire depuis des années que les élections "en vrai" sont inutiles, les sondages les formatant à leur guise et fournissant le résultat calculé d'avance au poil près et défini par les puissants, mais simplement ratifié par ce bon peuple sans costard et sans cravate. Et sans cervelle politique.
LES TROMPETTES DU
CHANGEMENT « REVOLUTIONNAIRE »... républicain
On se
souvient vaguement d'avoir vu, il y a plusieurs mois, à l'entrée
des supermarchés des piles de la compilation du futur nouveau
président « Révolution ». Les membres de ce large et foisonnant parti
révolutionnaire « en marche », section TF1, section C.News,
section BFM, section Le Monde-Huff Washington nous ont expliqué qu'il y avait – en France – un
besoin de faire la politique autrement. La camarade Royale,
ex-compagne de l'ancien monarque, membre d'honneur d'En marche a
surenchéri que le nouvel élu suprême, au stade suprême de la
promotion politicienne, « par sa jeunesse incarne la
transformation ». L'employée du trust BFM, Elkrief célébrait
à chaque fois qu'elle avait la parole le miracle Macron :
« Macron en triomphant a transformé le vote par défaut en
vote d'adhésion ». Les transfuges du PS décati se succédaient
sur le plateau avec une morgue toute moderniste, pour ne pas dire
macrorévolutionnaire. L'ancien édile socialo Castaner faisait jouer
ses muscles rénovateurs : « le vieux système est
derrière nous », « le choix des français c'est une
nouvelle façon de faire de la politique », « Macron a
redonné goût à la politique » ; Le Neumann de service
(sous-chef du service pol de BFM) en rajoutait dans le lyrisme en
prenant sa respiration : « On est devant quelque chose de
totalement nouveau » ; ses yeux brillaient comme devant
l'arbre de Noël quand il était petit (il risque de ne pas être
promu chef du service pol de BFM s'il n'en fait pas assez). Le plus
méprisable des transfuges, passé de SOS racisme à la bureaucratie
PS, c'est le minus Malek Boutih qui vomit les abstentionnistes et les
votes blancs : « c'est des rigolos, ils comptent pas... un
mouvement immense s'est levé contre les vieux appareils... Macron va
largement gagner sa majorité à l'assemblée... le mouvement est
magnifique... porté par la jeunesse...» ; Boutih compte bien
lui « être pris en compte » et décrocher au moins un
sous-ministère aux ordres du « révolutionnaire »
Macron.
MACRON
AU POUVOIR, LE PROLETARIAT AU DESESPOIR
Le
principal but de cette période électorale, outre assurer la
pérennité des potiches de l'Etat bourgeois, aura été de dégoûter
et de paralyser encore et toujours la classe ouvrière, qui ne peut
s'exprimer comme telle dans ce cadre, qui n'a aucun écho à espérer
du projet révolutionnaire de renversement du capitalisme – qui
constitue son être – sur le terrain de son ennemi. Même le fort
taux d'abstentionnistes ce coup-ci ne signifie pas une prise en
compte de son existence ni une manifestation de son esprit de lutte,
une grande partie des abstentions venant de la droite bourgeoise de
Fillon et des sectateurs bobos du pitre Mélenchon. Les chiffres
eux-mêmes, que les sondeurs connaissaient depuis deux jours et qu'on
pouvait consulter sur les sites de la presse belge – quand tous les
JT jouèrent au suspense infantile jusqu'au 20 heures – ne sont
pourtant pas triomphalistes pour le système. Un président de la
République n'est élu en France en général que avec un quart des
voix. Sarkozy avait été élu par 53 % (= 19 millions d'électeurs)
face à Royal 47% (= 17 millions), sur 47 millions au total et sans
compter comme toujours, avec jemenfichisme, les abstentions et les
nuls. En 2012, Hollande avec 51,64% (= 18 millions) battait Sarkozy à
48,36% (= 16 millions). Ce coup-ci Macron fait 20 millions ( 66% des voteurs) contre 12
à Marine Le Pen, mais abstentionnistes,votes blancs et nuls
représentent un chiffre supérieur à celui du FN. Le président de
la République est une nouvelle fois élu par une minorité. Il se
confirme contrairement aux mensonges médiatiques que la classe
ouvrière est majoritairement abstentionniste, même si une couche
plus pauvre, délaissée et méprisée par les intellectuels de
gouvernement succombe au vote protestataire. Le FN a bien été
utilisé de bout en bout comme épouvantail et cette bêtise de retour au franc. Avec un score très
inférieur à celui de Royal, la mère Le Pen peut faire une croix
(gammée...) sur sa carrière politique, à moins que le système la tienne encore
à bout de bras pour faire croire aux veaux électoraux qu'ils
luttent (passivement) contre pire que le capitalisme.
Quoiqu'il
en soit, cette abstention et le souvenir de 2002 et du félon traité
de Lisbonne ont empêché une nouvelle mise en scène de front
républicain, et cela ne peut masquer là encore que Macron a été
élu par défaut et que plein de ses électeurs, avec pince à linge
au nez, ne font aucune confiance à son programme d'exploitation
« nouvelle », d'ubérisation de la « jeunesse »
dans une mondialisation heureuse et sans fin. Mais il y a une autre
victoire de cette vaste manip électorale avec candidat technocrate
fabriqué et mis en selle avec cette invention d'une « autre
façon de faire la politique » - de la même manière pourtant
en votant pour qui on leur dit de voter et pour des élus ensuite
incontrôlables - Macron pourrait revoir la question oubliée
voire apocryphe de la cagnotte des députés... Cette victoire aura
été d'avoir totalement ficelé extrême droite et extrême gauche.
LE GRAND ECART DE LA
GAUCHE A L'ENCAN
Qu'il est loin le temps
de « bonnet blanc et blanc bonnet », quoiqu'on avait pas
vraiment affaire à un nouveau Pompidou-Poher. Mais qu'il est
confirmé le rôle de rabatteur du PCF, Mélenchon le confus et les
gauchistes envers la principale mystification bourgeoise. Les
affiches parlent d'elle-même. Le PCF espèce en voie de disparition
appelle à : « Virer Le Pen le 7 mai et à combattre
Macron le 8 », c'est à dire à voter pour la continuation du
gouvernement d'exploiteurs de Hollande et de fermer sa gueule le
lendemain de l'élection. Pitoyable ce rabatteur-là.
Le NPA fait la roue, mais
rabat indirectement sur Macron, en promettant la « revanche
sociale » qui ne vient jamais depuis 40 ans au moins :
« Nous comprenons
ceux et celles qui, dimanche prochain, mettront un bulletin Macron
dans l’urne pour faire barrage à Le Pen. Mais pour faire
vraiment reculer l’extrême droite et défendre nos droits sociaux
avec plus de force, il va falloir reprendre l’offensive, le chemin
de la grève et des manifestations, comme nous avons su le faire
l’année dernière. Cet objectif, le NPA le propose à toutes
celles et ceux qui se sont retrouvés dans les luttes contre la loi
El Khomri, à Notre-
humour NPA collabo de la démocratie bourgeoise |
Il va falloir nous doter de nos propres outils
politiques, démocratiques, unitaires, en se rassemblant autour d’un
programme anticapitaliste pour défendre nos intérêts, pour
s’attaquer au pouvoir des capitalistes et des banquiers. Nous
voulons construire un parti de combat, ancré dans les luttes
quotidiennes, une force qui n’a pas peur de s’en prendre à la
propriété capitaliste, qui défende la rupture avec les
institutions nationales et européennes... ».
Lutte Ouvrière avec sa
triste Arthaud proposent de voter quand même : « Au
second, on voudrait que les travailleurs choisissent entre deux maux.
Il faut refuser ce chantage. C’est pourquoi Nathalie
Attention dessin trotskiste simpliste néo-stalinien et moche |
En vérité il y a une
part de vérité dans la citation du NPA ci-dessus, si ces élections
ont remis sur la table, quoiqu'en pensent les filous sociologues et
journalistes, l'existence de conflits entre les classes et donc le
souci d'une classe en particulier, dans les discussions entre
prolétaires il apparaît une préoccupation étrange, très précise,
historique : « seul, isolés on ne peut rien contre leurs
machineries électorales... il nous faudrait un vrai parti si on veut
un jour faire la révolution ». Pas celle, capitaliste, de
Macron et « ses amis ». On ne l'aura toujours pas ce
parti en juin ni de lieux publics pour débattre de la seule vraie
politique de classe hors des institutions bourgeoises, moment où ils
vont en remettre une couche avec leur souci de cohabitation
marchandée entre eux.
NOTES
1article
complet sur ce blog :
https://proletariatuniversel.blogspot.fr/search?q=jeunesse
2Quand
le vaincu d'Alésia Mélenchonix s'était adressé peu avant aux
« gens ». Nouvelle formule électorale pour remplacer le
scandaleux qualificatif de camarade, de même celui de concitoyen
qui va si bien aux électeurs du FN. Il a dit : « les
gens lâchaient rien », j'espère qu'ils ne se sont pas vexés
« les gens ».
3Le
tableau du peintre Gros montrant un Bonaparte, drapeau en main,
s'engageant sur le pont sous la mitraille où il aurait ainsi
entraîné ses troupes pour vaincre les autrichiens, est une
légende. Le petit général a dû rebrousser chemin.