Parfois on dirait que des plumitifs acquis à l'ordre bourgeois veulent trop bien orchestrer telle campagne antiterroriste qu'ils l'annoncent comme en concertation avec la police ou avec tel paumé terroriste. La veille de l'agression au hachoir devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, deux zigotos, Brisard et Montbrial annoncent « de nouveaux attentats islamistes en France » au moment du procès des complices des assassins des dessinateurs anarchistes, du fait du « renforcement de la mouvance de l'islam radical », et cela en vertu de « la remise en liberté progressive de nombreux condamnés pour terrorisme », ce qui équivaut à un horrible « harcèlement des institutions publiques et privées impliquées dans la lutte contre le terrorisme ou la défense des victimes.
On avait compris que ces larbins d'Etat radotaient la comptine habituelle visant un soi-disant « laxisme d'Etat »1. Le lendemain un pakistanais inconnu au bataillon, et même pas récidiviste attaque au hachoir deux journalistes sans parvenir à les tuer, du fait de la réaction des gens autour et d'un quidam courageux qui sera lui aussi alpagué par la police et déclaré complice de manière scandaleuse, ce qui prouve la bêtise policière qui ne fait pas de quartier ni dans la nuance. L'émotion, dont Brisard et Montbrial étaient les psychologues plumitifs du Figaro, s'empara de toute la médiacratie, la police fît du zèle pour s'assurer que les écoles environnantes étaient bien « confinées » à tous les sens du terme. On glose depuis deux jours pleins sur la « liberté de la presse » menacée à nouveau par le terrorisme impavide, pas forcément toujours arabe ni musulmaniaque mais encore et toujours produit de l'immigration sauvage ! Le mot guerre n'est surtout pas prononcé, il équivaudrait à une faute grammaticale.
L'action minable du présumé jeune pakistanais est ainsi sponsorisée, décortiquée jusque dans les suppositions journalistiques les plus verbeuses. Le monde entier retient son souffle, partout on titre « nouvel attentat islamiste à Paris ». En soin, l'opaque attaque islamiste a gagné et daech et tutti quanti peuvent se féliciter d'avoir triomphé de l'antiterrorisme des « impérialistes occidentaux ». Pour partie seulement, et pour la mouvance terroriste et islamique minoritaire en France, car l'Etat français l'emporte majoritairement en pointant du doigt la « barbarie » et en pontifiant avec sa victimologie « démocratique ». Doublement car la politique est désormais double voire triple langage, ou si vous voulez triple mensonge.
La focalisation sur la scène de la tentative de meurtre est coupée de tout contexte. Il est convenu en général de lier l'agression du terroriste (amateur ou manipulé?) au procès en cours des comparses des assassins de l'équipe de Charlie hebdo, mais pas des bisbilles par exemple entre Erdogan et Macron relativement à une mer Egée, domaine grec violé par des navires turcs renifleurs de pétrole. Des islamo-gauchistes prompts à se taire au moment des plus odieux attentats, par solidarité anti-impérialiste moisie, ont incriminé la republication des dessins blasphémateurs ; on notera au passage que le fossile bordiguiste reste assez proche de l'islamo-gauchiste, voire plus complice que ne l'imagine le CCI qui le mettait en garde en 20172.
Depuis
les mois d'été on a assisté à plusieurs attaques au couteau en
France, qui relèvent du fait divers le plus souvent, sont le fait de
racailles et d'écervelés, mais depuis près de cinq années pas
d'attentat majeur du niveau du massacre des dessinateurs et
rédacteurs de Charlie Hebdo. Cela prouverait donc une réelle
capacité d'anticipation et de parades des services secrets
militaires et policiers, et la difficulté pour daech et concurrents
à perpétrer autant d'attentats qu'ils le désirent ; donc une
capacité de l'appareil militaire de surveillance de l'Etat français
en discordance avec la dénonciation d'impuissance des journalistes
commentateurs ergoteurs et superficiels.
Des
« neutralisations » possibles depuis le succès de
« Enigma »
L'armée française est une des meilleures du monde et dispose comme toutes les grandes puissances des meilleures avancées de la technologie informatique et satellitaire. L'ancienne puissance colonialiste reste même la principale armée de l'Europe ; même si les compères européens la laisse faire cavalier seul dans ses chasses gardées, tous coopèrent étroitement depuis les années 1980 à la surveillance informatique et à parer aux pièges « intermédiaires » (les gangs terroristes étant des bandes se vendant au plus offrant) des grandes puissances dominantes économiquement et politiquement la planète. La chute du bloc impérialiste russe n'a pas diminué l'intensité de la surveillance ni la recherche des moyens les plus sophistiqués dans le domaine de l'armement et des parades anti-missiles.
Cette
sophistication s'est amplifiée avec la fin des armées de métier,
et pour plagier Clausewitz, la guerre se poursuit avec d'autres
moyens... plus opaques mais tout aussi criminels. Un article du
Figaro, encore lui, a attiré notre attention : « comment
Macron mène ses guerres secrètes » ; où il est dit que
celui-ci « lance des opérations militaires de plus en plus
offensives et autorise des « neutralisations » en
série », notamment après le massacre le 9 août dernier au
Niger de deux nigériens et de six français membres d'une ONG ;
« peine de mort » appliquée sans hésitation comme lors
des opérations conduites par ses prédécesseurs : « Serval »,
« Epervier »(Tchad), « Barkane ». Ces guerres
locales sont féroces, de part et d'autre on ne fait pas de
prisonniers... Et les médias nationaux sont strictement tenus de se
taire. Personne ne pleurera des « tueurs islamistes »,
même si ce sont des gosses enrôlés comme Hitler savait le faire...
Personne, même chez les islamo-gauchistes, ne se hasarde à dénoncer
ces guerres opaques où la bourgeoisie français préservent ses
« matières premières » et avec relativement peu de
perte parmi ses troupes « professionnelles », les
quelques morts rapatriés bénéficies d'une minute au journal
télévisé et personne n'irait manifester pour protester contre
l'envoi au casse-pipe d'un soldat « professionnel ». La
conscription obligatoire au temps de la guerre en Algérie a été
certainement un des ingrédients qui a enfanté mai 68. Mourir pour
une solde supérieure à celle d'ouvrier et un grade oui, pas pour la
patrie...
Ce développement pour marquer la différence avec les guerres d'embrigadement du passé, mais avec une inversion des facteurs qui assurent prédominance et victoire :
avant : annihilation du prolétariat, enrôlement patriotique, puissance de l'armement ;
maintenant : prolétariat non impliqué directement en masse dans la guerre, sophistication de l'armement, mensonge ou silence sur la nature des « opérations ».
Ces
trois facteurs actuels, on les retrouve en 1944 au final de la
seconde boucherie mondiale ; le prolétariat malgré quelques
réactions en Italie, reste atomisé et assommé depuis la période
de contre révolution, le facteur technique a été plus décisif à
la fois pour assurer le triomphe du camp « démocratique »
et l'ampleur des massacres est restée minimisée quelques années
(massacre des juifs, massacres des bombardements alliés et de
« l'armée rouge », etc.
Le
facteur décisif dans le camp allié a été le décryptage surtout
par le mathématicien et cryptologue anglais Alan Turing, de
l'instrument de communication adopté par la Wehrmacht Enigma,
machine électromécanique portable servant au chiffrement
et
au déchiffrement de l'information. Elle avait été inventée par
l'Allemand Arthur
Scherbius,
reprenant un brevet du Néerlandais Hugo
Koch.
Jusqu'au déchiffrement par Alan Turing, la marine anglaise voyait
des centaines de bateaux coulés par les sous-marins allemands sans
pouvoir prévenir ni se défendre. La découverte du procédé de
fonctionnement d'Enigma permit aux alliés de suivre désormais tous
les mouvements de troupes et projets des généraux allemands, et
abrégea selon certains historiens de deux ans la durée de la
guerre ; cette découverte permit surtout de contribuer à une
victoire militaire du camp allié qui fût célébré dans le monde
entier comme libérateur du seul et unique méchant nazisme, mais pas
du capitalisme belliqueux. Avec l'invention contemporaine de la bombe
atomique, la guerre entrait dans l'ère moderne de la possible
destruction massive et avec la nécessité de développer autant les
parades que les capacités de destruction, sans que le facteur
d'opposition de la classe ouvrière entre en première ligne de
compte. Quitte à choquer les plus idéalistes antimilitaristes parmi
nous, je dis que la bourgeoisie s'est fait peur à elle-même et que
cette perception d'une possible destructivité globale continue de la
hanter3.
L'hypothèse concernant la destruction des twins à New York en 2001
a pu incliner à comparer avec le massacre de Pearl Harbor, dans la
même optique de provoquer une guerre mondiale ; mais peut-on
affirmer que c'est seulement l'hypothèse d'un refus supposé du
prolétariat mondial qui aurait fait capoter la dynamique mortifère ?
J'incline à penser que jusqu'à l'apparition des terrorismes
islamistes, les Etats bourgeois dominants ne peuvent outrepasser les
guerres locales, obscures et confuses pour le quidam.
La focalisation sur le « terrorisme », comme entité vague, fixation sur des individus désespérés ou déjantés permet l'existence des opérations de « neutralisation » par tous les chefs d'Etat petits ou grands ; ils ont ce droit régalien de vie ou de mort dans ces guerres de l'ombre, et personne n'a à leur demander de comptes. Ces liquidations physiques sont aussi un moyen de « neutraliser » (au sens d'indifférencier) le prolétariat concernant les « guerres professionnelles » au service certes des industriels français mais présumées « défendre le sol national contre une non-guerre » (une opération antiterroriste) qui doit rester formellement et spirituellement « lointaine », hors de portée... et de contestation.
Il
existe un contrôle disons électronique des personnes et des données
personnelles bien plus sérieux et opérationnel que ce que les
contestataires individualistes ont reproché aux mesures de
confinement sanitaire. Ce contrôle très efficace explique à mon
avis pourquoi les bandes terroristes ne parviennent plus à piloter
de grands attentats mais doivent se contenter du dévouement de
quelques paumés armés d'un seul couteau de cuisine, et en plus la
focalisation sur le meurtre individuel au couteau sert énormément
l'Etat « victimaire » et sa prétention de sauver chaque
membre de la nation.
L'idéologie
dite irrationnelle des islamistes n'est qu'un masque
Dans
une tentative d'explication face au fossile bordiguiste, le CCI croit
avoir réponse à tout avec sa théorie radotée depuis quarante ans
de la « décomposition » du capitalisme4 :
« L’idéologie
irrationnelle de l’État islamique
est un clair produit de cette folie généralisée. Dans la période
des blocs, l’opposition aux puissances impérialistes dominantes
avait tendance à employer des formes plus classiques de
nationalisme : l’idéologie de “libération nationale” dans
laquelle le but était de développer de nouveaux États nations
“indépendants”, souvent accompagnée d’un zeste de verbiage
“socialiste” lié au soutien des impérialismes russe ou chinois.
Dans une période où non seulement les blocs mais aussi les entités
nationales elles-mêmes se fragmentent, le pseudo-universalisme
de l’État islamique suscite un attrait plus étendu ; mais
par-dessus tout, dans une période de l’histoire qui porte
constamment la menace d’une fin de l’humanité, d’un
effondrement dans la barbarie sous le poids de la guerre et des
crises économique et écologique, une idéologie de l’apocalypse,
du sacrifice de soi et du martyre, devient un véritable appât pour
les éléments les plus marginalisés et brutalisés de la société
bourgeoise. Ce n’est pas par hasard si la plupart du personnel
recruté pour les attaques en France et en Belgique vient des rangs
des petits délinquants qui ont pris le chemin du suicide et du
massacre de masse »5.
L'analyse
est juste, les mêmes courants trotskiens, gauchistes sans principes,
qui défendirent la supercherie des « libérations
nationales », persistent dans la « théorie du pauvre »
pour comprendre ou soutenir les « guerriers islamistes » ;
mais ce qui se passe chez les soldats du terrorisme islamique n'est
pas vraiment irrationnel, ils restent prisonniers de l'idéologie
capitaliste la plus étroite. Sauf que le soutien des amis gauchiste
est totalement anti-révolutionnaire et que ce sont les mêmes
menteurs politiques criminels que leurs pères. Le CCI tout en
cherchant à démêler entre manipulés et manipulateurs n'arrive pas
) être très clair sur les conditions des guerres opaques des
impérialismes dominant en ne prenant pas la mesure de la crise
migratoire comme arme de guerre et moyen de pression qui n'est pas au
même niveau que la théorie du bouc-émissaire de jadis, mais plus
complexe et surtout, même si l'aspect bouc-émissaire demeure,
révèle l'impuissance du capitalisme moderne à intégrer
socialement et culturellement des masses d'hommes et de femmes6.
Comme
je l'ai écrit au moment du massacre des gens de Charlie Hebdo
en 2015:
«LE DJIHADISME, pas simplement la religion musulmane – qui peut être une pacifiste religion de soumission civique et électoraliste pour la majorité des croyants (jamais nommés ni considérés comme prolétaires avant tout) – A REMPLACé LE STALINISME. Ce dernier était le refuge à l'espérance ouvrière, une partie du monde était réservée à une croyance matérialiste; sans remonter aux affabulations sur le ciel stalinien des années 1930 que des millions gobèrent, il suffit de jeter un oeil sur la plupart des "libérations nationales" des 60 et 70, pour constater que le Coran stalinien, document daté et inapplicable parce que vieilli pour la partie tactique, était le Manifeste communiste, que, de près ou de loin, les divers tenants du "focos", du guevarisme, du maoïsme et même du trotskysme modernisé n'auraient jamais songé à arguer d'une tolérance pour les autres manifestes poussiéreux, compil de contes barbares et irrationnels, le Coran, la Bible ou le Talmud, dont tous se servaient comme papier Q. Dans le cadre des luttes dites d'émancipation nationale (d'escroquerie nationale bourgeoise), le stalinisme, n'était pas discutable. Il embrigadait pourtant, sans que ses thuriféraires ne croient un instant à sa devanture "amitié des peuples" et "paix dans le monde", ni leurs victimes.
Après
cette parenthèse sur le substitutionisme de l'islam par rapport au
stalinisme, me voilà de retour avec mon propos principal: les dits
fous furieux sont avant tout des soldats. Ils s'embrigadent d'abord
parce qu'on leur dit qu'ils vont être rétribués et non plus
considérés comme de pitoyables pizzailos. Il faut savoir que les
queues en banlieue pour recrutement pour l'armée française sont
très longues et que l'on y compte nombre de "racailles"
d'apparence. Mais beaucoup d'appelés peu d'élus, l'armée de souche
trie et rejette beaucoup. Merah avait été humilié d'être rejeté
par les galonnés de l'embauche. Naguère, ex-voyous, petite frappes
ou pré-situs (ne voulant jamais bosser) s'enrôlaient dans la légion
étrangère. Heureusement, ou malheureusement selon le bureau de
recrutement, on embauche pas mal en Syrie, en Irak, au Yémen, en
Palestine... La plupart de ceux qui partent, pas forcément d'origine
maghrébine mais de toute origine et nationalité, n'ont pas lu une
page du coran ni été s'agenouiller à la mosquée; et ne
connaissent pas un traître mot d'arabe »7.
COMBAT
POUR LA LIBERTE D'EXPRESSION, MAIS LAQUELLE?
Je peux recopier sans remords tout ce que j'avais écrit il y a cinq ans. La répétition victimologique qu'on veut nous resservir est une farce. Ce journal vulgaire, plus drôle du tout depuis les années du faux-cul Val, avec pour fonds de commerce une idéologie gauchiste fanée et suiviste, nous est présenté à nouveau comme symbole de la liberté d'expression ! De plus contre des gens « à éduquer à la démocratie bourgeoise » qui se foutent de liberté d'expression et de toute vie humaine ! Dérisoires les uns et les autres cinq ans après :
«Charlie Hebdo, pile de feuillets colorés pas marrante, contrairement à ses versions antérieures Hara-Kiri et Charlie Hebdo des années 1980, par suite au meurtre ignoble de ses dessinateurs, est devenu le symbole mondial de la "liberté d'expression"!?
Par
le fait que, suite à des dessins provocateurs, ses dessinateurs
étaient l'objet de fatwas, de menaces de mort depuis des années par
la noria djihadiste. Cette mode des fatwas avait été lancée à
l'époque de Khomeini. Il y a toujours eu des menaces de mort à
distance par le passé; avant par les nazis et les staliniens. Zola
avait reçu des menaces de mort et tant d'autres, juifs, italiens,
etc. Ce n'est pas le propre des islamisés. Cette menace est bien sûr
inacceptable, et elle a été partout bafouée, et il faut continuer
à la bafouer. Ce qui est nouveau est que l'Etat bourgeois ne vous
protègera pas vous dans votre coin face à telle ou telle menace, et
qu'il s'en fiche. Les quartiers bourgeois restent très protégés
et, c'est une vérité de la Palisse, vaut mieux être agresseur
qu'agressé face aux flics et à leurs supérieurs de la
magistrature. Mais venons-en à la liberté d'expression. J'aimerais
bien qu'on me dise où peuvent s'exprimer les prolétaires (cette
vile multitude pour tous ceux qui conchient cette classe ingrate qui
ne leur a pas servi le pouvoir sur un plat en 68) et les différentes
minorités révolutionnaires? A la télé? Chez "C'est à vous"
ou "ce soir ou jamais", lors des monocordes et même débats
sur les différents plateaux? Lors des élections? Non la télé est
réservée aux spécialistes des divers lobbies industriels et aux
accointances politiques des officiels ou semi-officiels »8.
SOUS
L'ANTITERRORISME UNE BAGARRE ENTRE BRIGANDS IMPERIALISTES
Quand la liberté d'expression est limitée à la liberté d'insulter je comprends que certains sortent couteau ou revolver. Je ne crois pas une seconde à des querelles d'interprétation doctrinale coranique entre bandes islamistes (Al-Qaïda versus JNIM ou daech versus Al-Qïda, tackfirisme...) comme le serinent les sites « tiers-mondistes » repris par un site néo-stalinien comme « initiative communiste ». Ce dernier site d'une secte de vieux coucous staliniens fournit une explication simpliste du financement des bandes armées islamistes, mercenaires sans foi ni loi ni patrie. Le financement de daech serait essentiellement américain via les pétromonarchies avec l'aide des Talibans « pour déstabiliser l'Afghanistan socialiste » (hi hi). Ils ont trop picolé avec les amis de Poutine.Un certain Daniel Lacaze assure que tout l'argent vient de l'Arabie Saoudite :
« Ce phénomène a commencé dans les années 80 en Afghanistan, où la CIA et la famille royale saoudienne ont quasiment inventé le djihadisme en essayant d’imposer aux Soviétiques une guerre à la vietnamienne juste dans leur arrière-cour. C’est ce qui s’est passé aussi en Irak, que les États-Unis et la Grande-Bretagne ont envahi en 2003, déclenchant ainsi une guerre civile féroce entre les chiites et les sunnites. C’est ce qui se passe aujourd’hui au Yémen où les États-Unis et la France aident l’Arabie saoudite dans une guerre aérienne de grande ampleur contre les chiites Houthis. Et c’est ce qui se passe en Syrie, théâtre du jeu guerrier le plus destructeur, là où l’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe fournissent armes et argent à Al-Qaïda, à l’État Islamique, connu aussi sous les noms d’ISIS et de Daech, et à des organisations du même type, ce que les États-Unis savent parfaitement. Les dirigeants occidentaux encouragent cette violence tout en s’en indignant quasi simultanément ».
« En décembre 2009, Hillary Clinton a indiqué dans une note diplomatique confidentielle que les donateurs d’Arabie saoudite constituaient, et ce au niveau mondial, la source la plus importante de financement des groupes terroristes. En octobre 2014, Joe Biden a déclaré aux étudiants de la Kennedy School de Harvard : “les Saoudiens, les émirats, etc. […] sont si déterminés à provoquer la chute d’Assad et surtout à mener par procuration une guerre chiites contre sunnites […] [qu’]ils ont versé des centaines de millions de dollars et fourni des dizaines de milliers de tonnes d’armement militaire à tous ceux qui voulaient se battre contre Assad, sauf que ceux qui ont reçu cette manne, c’étaient Al-Nosra et Al-Qaïda.”
Le mois dernier, le New York Times s’était plaint dans un éditorial de ce que les Saoudiens, les Qataris et les Koweitiens maintenaient leurs donations non seulement à Al-Qaïda mais aussi à l’État Islamique ».
« C’est là un scénario qui s’est trop souvent répété ces dernières années. “Terrorisme” est un terme quasiment dépourvu de sens, qui brouille et obscurcit les événements plus qu’il ne les éclaire. Les attaques du 11 septembre ont mené à “une guerre mondiale contre la terreur” et, en même temps, à une vertigineuse dissimulation à propos de ceux qui étaient effectivement responsables de cette terreur.
Une chape de plomb s’est abattue sur le rôle joué par les Saoudiens en Afghanistan, où est né le réseau de ben Laden, et l’administration Bush a discrètement exfiltré des États-Unis 140 Saoudiens, y compris une vingtaine de membres de la famille ben Laden, après que le FBI les eut entendus, d’une façon plus que superficielle ».
L'explication par le financement (révélé et identifié) – souvent utilisé par la vierge Poutine - reste toujours simpliste et stérile quoiqu'il contente l'esprit gauchiste moyen qui, du même coup, retombe dans la défense des petites nations :
« Après avoir déversé la destruction sur les nations musulmanes les unes après les autres, les dirigeants occidentaux ne devraient pas à être surpris de voir la violence déborder chez eux ».
L'explication des revenus de daech par la revente de pétrole volé ne tient pas non plus la route, c'est intenable pour des fainéants enrôlés pour l'ordinaire du soldat : faire le planton toute la journée sur le qui-vive doigt sur la gâchette et prêt à tirer ; le pétrole il faut le stocker, le raffiner, etc., du boulot chiant de prolétaire pas de tueur à gages. La Turquie est présentée comme l'allié objectif de daech, c'est en partie vrai mais personne ne peut le prouver et Erdogan ne dira jamais « je suis un ami de daech » ; quoique deux journalistes d'opposition moisissent en cellule pour avoir révélé en 2014 que, à la frontière syrienne, étaient passés des camions appartenant aux services secrets turcs et transportant des armes destinées à des mercenaires islamistes syriens. En déduira-t-on que le petit pakistanais Ali H. (ou Hassan, il change de prénom tous les jours) a été manipulé par Erdogan pour ridiculiser l'ami des grecs, Macron ?
Les mystères des politiques impérialistes internationales restent insaisissables avec le ramdam contre cette espèce de terrorisme fumeusement universel, islamiste et « irrationnel », et n'ont pour but que d'instiller la peur, laquelle empêche toute sérieuse réflexion politique. Pendant ce temps la guerre opaque continue dans des opérations « sur le terrain » avec autant de neutralisations que nécessaire mais de moins en moins la croyance que l'Etat et ses polices « nous protègent ». Les attentats au couteau par tel ou tel individu isolé, ayant passé les mailles des filets antiterroristes, s'ils sont « à la mode » montrant les limites des bandes terroristes ou leur incapacité à planifier de « vrais attentats », constituent un renfort paradoxal mais efficient aux campagnes sécuritaires de l'Etat bourgeois, mais ne resteront pas un barrage suffisant face au développement de l'insécurité sociale. C'est une règle qui a été confirmée maintes fois dans tous les pays, la lutte de classe (ouvrière) terrorise le terrorisme. Le terrorisme se dissout au moment de la violence de masse.
NOTES
1Le Figaro en date du 25 septembre (donc article rédigé la veille), sous la rubrique Champs libres débats, où pisse quotidiennement la morale de la droite classique, onctueuse et hautaine. Lire: https://www.lemonde.fr/international/article/2020/09/25/de-1956-a-1962-la-france-a-ordonne-a-ses-services-secrets-d-assassiner-des-citoyens-francais_6053582_3210.html
2 « Nous apprenons ainsi qu’un participant à une réunion du PCI, et d’autres éléments par ailleurs, se sont sérieusement posés la question de savoir s’il fallait ou non “condamner” Daech, en vertu du “principe de la lutte anti-impérialiste” ! Cette problématique est reformulée ainsi par Le Prolétaire : “Faudrait-il en conclure que l’EI représenterait une force bourgeoise anti-impérialiste, une force qui, en secouant le statu quo, travaillerait sans le vouloir en faveur de la future révolution prolétarienne par l’accentuation du chaos et l’affaiblissement de l’impérialisme dans la région ? Une force qu’il faudrait donc plus ou moins soutenir en dépit de sa brutalité et de ses sinistres traits réactionnaires ?” La réponse du Prolétaire à propos d’un tel soutien (ou, comme le PCI l’écrit, ce “plus ou moins soutien”) est négative. Elle montre que les camarades du PCI se placent du point de vue de la classe ouvrière. On peut, par ailleurs, observer que leur approche sur la question nationale n’est plus tout à fait appliquée de la même manière que durant les années 1980, lorsqu’ils mettaient en avant la possibilité “d’une lutte de libération du peuple palestinien ».
Avec
un journal à dimension réduite, « Le prolétaire » se
couche à la suite des bobos gauchistes derrière l'antiracisme
apolitique qui est régulièrement monté en mayonnaise dans le
principal temple du capitalisme pour dissoudre toute compréhension
de classe des manœuvres « humanistes » de la
bourgeoisie bien pensante et méprisante à l'égard des frasques de
sa police. Sur la question du confinement sanitaire la thèse
complotiste est du même niveau que le mongolien Nicolas Bedos.
3Je ne vois pas d'autre explication au recul de Kennedy et Khroutchtchev devant l'hallhalli en 1962, et certainement pas la menace « humaniste » d'un prolétariat muet à l'époque.
4Le néo-maoïste Tom Thomas parle de sénilité sans que ce soit plus satisfaisant
5https://fr.internationalism.org/revolution-internationale/201605/9370/terrorisme-instrument-guerre-imperialiste-et-contre-lutte-clas
6« Il est parfois affirmé, pour justifier les attaques-suicides perpétrées par des Palestiniens en Israël, par exemple, que la ceinture d’explosifs est le drone ou le bombardier du pauvre. Ceci est vrai uniquement si l’on reconnaît que le “pauvre” recruté pour la cause de Daech ou du Hamas ne combat pas en réalité pour les pauvres mais pour un groupe rival d’exploiteurs en état d’infériorité impérialiste, que ce soit un proto-État local ou de plus grandes puissances impérialistes qui les arment et les couvrent diplomatiquement ou idéologiquement. Et qu’il soit mené par des groupes semi-indépendants comme Daech, ou directement par les services secrets de pays comme la Syrie et l’Iran (comme ce fut le cas de nombre d’attaques sur des cibles européennes dans les années 1980), le terrorisme est devenu un complément utile de la politique étrangère de tout État ou aspirant à le devenir, essayant de se tailler un créneau sur l’arène mondiale.
Cela ne signifie pas que des actes de terrorisme ne sont pas également utilisés par des États plus respectables : les services secrets de pays démocratiques comme les États-Unis et la Grande-Bretagne, sans oublier Israël, bien sûr, ont une longue tradition d’assassinats ciblés et même d’opérations sous fausse bannière, sous l’apparence de factions ouvertement terroristes.
Cette idéologie de vengeance et de haine résonne le plus souvent dans le discours de la droite en Europe et en Amérique, qui tend aujourd’hui à voir tous les musulmans et l’islam lui-même comme représentant la vraie menace pour la paix et la sécurité, désigne chaque réfugié des zones déchirées par la guerre comme une potentielle “taupe” terroriste, justifiant ainsi les mesures les plus impitoyables d’expulsion et de répression à leur encontre. Cette sorte de bouc-émissarisation est un autre moyen de masquer les réels antagonismes de classes dans cette société : le capitalisme est en crise profonde et insoluble, mais ne cherchez pas à savoir comment le capitalisme fonctionne au bénéfice de quelques-uns et pour le malheur du plus grand nombre, faites porter le chapeau à une partie du plus grand nombre, pour l’empêcher ainsi de s’unir contre les quelques-uns. C’est un stratagème très ancien, mais la montée du populisme en Europe et en Amérique nous rappelle qu’il ne faut jamais le sous-estimer ».
JE NE SUIS PAS CHARLIE:
8Je me payais le plus infâme, Sarkozy, au demeurant aussi girouette et menteur que les Hollande et Macron : « LE ROI DES FUMISTES QUI VIENT JOUER LE BON SAMARITAIN : Sarkozy le vengeur vient féliciter la foule du dimanche démocrate pour sortir de son chapeau l'armement des policiers municipaux comme si les mercenaires gendarmes et policiers n'étaient pas déjà surarmés. Mais il a fait plus putain pour sa campagne électorale au long cours:
"Il a ajouté qu'"on ne peut pas continuer comme ça" avec l'immigration qui, si elle "n'est pas liée au terrorisme", "complique les choses" en générant difficultés d'intégration et communautarisme. "La question de l'immigration fera l'objet de débats extrêmement approfondis, car il est certain qu'on ne peut pas continuer comme ça. L'immigration qu'on a tant de mal à juguler crée la difficulté de l'intégration, qui crée le communautarisme. Et à l'intérieur du communautarisme peuvent se glisser les individus" comme les auteurs des attentats."
Plus charognard tu meurs! Tout est dans la lourdeur de la nuance. Comparable à du Le Pen dans le texte, il n'est pas dit que tout est de la faute à l'immigration, ni surtout que c'est la bourgeoisie "Charlie" et antiraciste qui a besoin de l'immigration pour ses profits et se donner des airs "internationalistes", mais le "n'est pas liée" est une astuce du double langage pervers narcissique classique (on entend bien sûr qu'elle "est liée" de toute manière, sinon il n'y avait pas besoin d'utiliser le verbe lier). Non seulement elle est "liée" de manière subliminale par le politicien, mais elle "complique les choses"; ce n'est pas la situation de galère de l'immigré ni ce qui peut fonder sa répulsivité au mode de domination capitalo-judéo-chrétien occidental qui pose problème mais l'immigration "en général", vue comme politique malthusienne qui serait devenue incontrôlable par la bourgeoisie.... ».