« Il
est facile de donner des règles générales. Mais les détails ? »
Catherine
à Voltaire
Le
monde entier a les yeux rivés sur Paris. Samedi sanglant sur place
rougie ? La violence est pourtant accoucheuse d'histoire, du
moins une certaine violence, celle qui cible les édifices de l'Etat
bourgeois car il faut bien le nommer par son nom même si ça fait
ringard. La violence peut servir ou desservir un camp ou l'autre, ce
n'est pas tellement la violence de l'Acte III sur les Champs qui a
fait reculer le gouvernement que son impuissance à retourner
l'opinion sur le fond de la question en « termes d'image »;
après tout la flamme du soldat inconnu a été protégée, un slogan
intelligent et humoristique a dominé les graffitis anarchistes :
« Les gilets jaunes triompheront ». Je précise en
passant que je ne vais pas tarder à abandonner ce qualificatif idiot
de gilets jaunes pour celui de prolétaires car nous ne sommes pas ou
plus du tout dans une protestation « d'automobilistes en
colère ».
A la
déconvenue du nouveau piège éventé autour de l'Arc de triomphe
s'ajouta l'erreur du despote croyant aller à la rencontre des vivas
des riches, et qui se solda par une fuite en carrosse noir. Dans les
périodes de crise même de riches bourgeois peuvent être ébranlés
et choqués eux-mêmes par la brutalité cynique et l'inconscience de
leur propre Etat (cf. des sondages de popularités qui sont allés
croissants et preuve que la conscience traverse toutes les classes et
la lettre que vous lirez à la fin ou maintenant si vous voulez). On
assiste lentement et, malgré les obstacles du langage féministe et
antiraciste au retour des grandes catégories du marxisme, et même
aux circonvolutions opportunistes des trotskiens et d'une vague secte
plus inconnue que le soldat de l'arc de triomphe, de pédagogues
ultra-gauches qui un jour parlent de masse populaire, un autre de
« travailleurs », ou encore du peu usité « classe
laborieuse » ; classe des travailleurs est vague et
inconvenant, après tout les patrons et les CRS « travaillent »
chacun dans leur domaine et font souvent bien plus d'heures que les
ouvriers, les chômeurs eux « ne travaillent pas ». Ce
n'est pas évident pour la petite secrétaire de direction ou le
commercial en cravate qui dénient ce terme bouseux de classe
ouvrière - « ça va pas les ouvriers ça existe plus ! »
- et qui croient dur comme fer qu'on est tous « dans la
moyenne », mais pour notre part ces termes sont scientifiques
et seuls permettent de raisonner et de comprendre la situation. Tant
pis pour les petites secrétaires nunuches, seul convient le terme :
classe ouvrière = qui travaille à la production et en général en
collectivité mais qui n'est pas purement séparée de l'ensemble de
la population ni incarcérée dans des forteresses ouvrières qui ont
plus emprisonné les ouvriers qu'elles ne leur ont ouvert des portes
vers la révolution.
Les
opinions diverses qui dominent et sont étalées encore par la gent
(terme ringard) journalistique semblent en effet considérer que,
comme le terme « bourgeois », les termes classe ouvrière,
prolétariat, lutte de classes sont, allons-nous enfin en convenir,
ringards, c'est à dire aussi anciens que actuels et factuels. Il n'y
aurait plus que deux classes : les riches et une classe moyenne,
quoique certains redécoupent cette couche « intermédiaire »
en deux autres : une couche ouvrière de petits blancs racistes
provinciaux (merci pour les réunionnais) et la mouvance
multiculturaliste antiraciste et barrage permanent à Hitler.
Que
des épiciers et des sociologues aient répandu cette notion stupide
de classe moyenne est pourtant chaque jour démenti par les
comportements. La plupart des hommes ou femmes EN gilets jaunes ne se
présentent pas comme « classe moyenne », exceptés les
petits chefs poujadistes. Ceux qui continuent les blocages ou se sont
battus contre la soldatesque sur les Champs sont majoritairement des
membres de la classe ouvrière. Couche moyenne cette étonnante masse
de retraités paupérisés qu'on ne voyait jamais naguère sur les
barricades ? Sans oublier un phénomène nouveau et super la présence de handicapés; je suis bien placé pour le dire puisque je suis auxiliaire des aveugles qui voient mieux que nos pourritures de politiciens et syndicalistes. Couche moyenne ces jeunes au salaire misérable
qu'on a alpagué par centaines ? Couche moyenne ces nombreuses
femmes chômeuses qui viennent conspuer le tyran et ses larbins dans
leur casemate électorale ?
La
crise du pouvoir bourgeois est si profonde qu'on dirait qu'à chaque
fois qu'il avance dans la vase, il s'enfonce un peu plus. Le despote
lui-même n'ose plus rouler des mécaniques en public. Dans le
boudoir de ses laquais on l'entendit dire, avec toute cette ignorance
de l'histoire qu'on lui connait : « si je ne baisse pas
culotte, on va me couper les jambes ». Non pas du tout pauvre
ignorant mais on va te couper la tête ! Au vu des déchaînements
de haine sur les réseaux et dans la rue contre le « psychopathe »
de l'arrogance pédagogique nobilière, les jours de Macron sont
comptés, qu'on lui fasse la peau comme à Kennedy ou que la haute
classe bourgeoise s'en débarrasse tôt ou tard pour limiter
l'embrasement social, et qu'elle l'envoie se réfugier en Suisse ou
aux côtés de Johnny à Saint-Barth.
LES
POUJADISTES VEULENT JOUER AUX INTERMEDIAIRES
Les
intermédiaires nous, dans la classe ouvrière, on les connait depuis
si lontemps pour leur labeur professionnel de traîtres dont on ne
veut plus en entendre parler ; merci aux médias d'avoir ignoré
la manif CGT traîne-savates de samedi dernier1,
seule la transgression à l'arc de triomphe nous passionnait. Des
intermédiaires il en surgit toujours comme globules blancs pour
« négocier », or le mouvement plus intelligent qu'une
grève corporative a compris que négocier avec un gouvernement de
crétins c'est mourir.
Vous
m'objecterai peut-être que je suis en train de changer d'avir, de
marcher en arrière et peut-être de reprendre l'indifférentisme, au
début de l'échappée belle des gilets jaunes, des sectes gauchistes
(NPA) et ultragauche (CCI), en tout cas la caractérisation du
mouvement comme poujadiste. Que nenni je défends toujours que le
mouvement est parti de la base de la classe ouvrière en province où
celle-ci est notoirement plus mélangée et en relation avec les
patrons des petites entreprises que dans les grandes villes où les
patrons sont d'anonymes directeurs d'obscurs conseils
d'administration ou membres collégiaux des consortiums dits services
publics, métros, RATP, EDF, etc. Et dans cette situation de relégués
et oubliés du féodalisme mondialiste et antiraciste où en effet
nombre de couches « intermédiaires » sont à la ramasse,
les exclus de « l'internationalisme capitaliste »
réagissent tant bien que mal avec une idéologie (complètement
ringarde pour le coup) de colère citoyenniste qui ne mise pas plus
loin que le bout du nez d'un futur député poujadiste.
Je
vois désormais défiler chez les télés d'infos des gilets jaunes
plutôt patibulaires (un ancien flic devenu commercial, un
entrepreneur de travaux publics, un commerçant, etc.), qui
pontifient, répondent par des phrases sentencieuses (le zigoto qui a
mené une grève de la faim et qui ne se sent plus pisser depuis que
Macron l'a invité dans son boudoir), des candidats à un parti
nouveau sur les mêmes vieilles plate-bandes que le RN. En somme,
avec un choix déconcertant orchestré par les patrons des
« chaînes », relayé par les internautes les plus
bêtas : « il nous faudra bien des représentants qui
sachent parler », mais immédiatement contredits par d'autres :
« hum, gaffe, y parllent trau bien, faux pas leur fère
confiance ! »2.
Nous n'aurions plus comme choix que de conserver le démocrate
antiraciste et écologiste Macron ou plonger dans les affres d'une
élection sans proportionnelle favorisant l'intronisation d'Adolphète
Le Pen !
Tout
concourt non pas à réviser mon jugement, mais à l'adapter aux
aléas du mouvement des profondeurs et qui n'a pas fini d'étonner
par des révélations renversantes qu'on n'avait pas saisises la
veille, et des actions qui offensent jusqu'à la terreur d'Etat, qui
se nomme non-violence. L'Etat ne reste pas inerte pour manipuler ces
rétifs gilets par un subtil dosage finalement d'interlocuteurs tout
trouvés comme la dernière livraison, ces patibulaires gilets –
terme qui finit par être aussi méprisant que « grogne »
(comme des animaux) et qui « essentialise »3
.
Parenthèse :
il faudra d'ailleurs finir par se débarrasser un jour de ces
horribles gilets pour s'affirmer non pas comme « automobilistes
en colère » mais comme prolétaires en vue au moins de la
cessation du foutage de gueule, au maximum de la révolution (=
renversement de l'Etat bourgeois et constitution de Conseils
ouvriers). Gardons-les encore ces oripeaux d'identité imparfaite car
cet emblème si génial depuis le début, car facile à exhiber –
des bruits coururent que la police allait sévir contre cet objet
banal mais si subversif finalement – est porté obligatoirement par
les ouvriers français et immigrés dans tous les chantiers de rue
(ce qui fait que lorsqu'on passe en bagnole en agitant un gilet ou en
klaxonnant, ces ouvriers applaudissent ou lèvent le poing) : on
est au fond revêtu de la même peau ! Le mouvement met donc à
mal des superficiallités ou les certitudes de la veille. Mouvement
sans organisation ? Pas du tout. Il pullule de clans de
pétitionnaires de la première heure. Chaque jour se créent des
sites où cela bagarre ferme, plus souvent avec des bandeaux sur les
yeux et à la tonalité pousse-au-crime sans réelle réflexion. Si
cela apparaît confus aux journalistes bourgeois et aux retraités
d'une illusoire révolution gréviste, c'est aussi une des forces du
mouvement que de généraliser ainsi des formes de
micro-organisations... insaisissables. Et qui pour l'heure n'ont pour
seule détermination que continuer à bloquer les rond-points et à
préparer des manifestions de rue violentes.
Mouvement sans coordination, peut-être mais une concertation au
quotidien pas forcément d'un niveau élevé. Ils ont leur monde à eux, hermétiques aux supputations des journalistes, des politiciens de
droite un peu trop enthousiasmés par les « gilets », contrairement
aux bourgeois Le Guen et Faure, et aux écologistes qui sont les
derniers à défendre la malheureuse transition énergétique
macronienne. On se consulte, pas forcément les plus conscients
politiquement mais pas des pourris. Sur sa page Facebook, intitulée
"la France en colère!!!" et regroupant plus de 215.000
membres, Éric Drouet, un des porte-parole officieux du mouvement a
par exemple demandé aux gilets jaunes qui suivent sa page de voter
pour les sujets à aborder sur les plateaux de télévisions.
Transparence oblige. Et le salaire des privilégiés arrive en
deuxième position assez loin devant les mesures touchant au pouvoir
d'achat. C'est pas la révolution bolchevique qu'attendent de leurs
vœux essoufflés NPA et CCI, mais c'est un état d'esprit inédit, inclassable, un peu infantile et tant pis ou tant mieux si toute la classe ouvrière n'en est pas encore l'élément dynamique et de réflexion.
Mais
je reprends mon propos où je l'avais arrêté par une parenthèse.
L'Etat n'est pas complètement à genoux, mais il est toujours
parfaitement cynique, calculateur et machiaévélique. Il est patelin
comme son sinistre de l'Intérieur. Il laisse ces connards de gilets
patibulaires en appeler tranquillement à « l'insurrection » avec le Robin des bois Eric à se rendre au casse-pipe samedi en faisant risquer leur vie à tant
de jeunes ou moins jeunes ouvriers et aux jeunes lycéens
inconscients. Invraisemblable du point de vue de la loi bourgeoise. Les journalistes du système n'ont pas cessé sur tous les
plateaux de culpabiliser les invités sur la violence : « vous
soutenez cette violence ? », à chaque fois avec cet air
sévère du pédagogue moraliste et bourgeois pacifiste. Or ces
appels à l'insurrection irréfléchis – un parti ou une
organisation de masse peuvent lancer un tel appel pas une nuée de
citoyens lambda - tombent automatiquement sous le coup de sévères
punitions du code pénal, ils peuvent tous être assimilés à une
apologie du terrorisme4 ;
je ne crains rien pour les patibulaires, mais j'y fais référence
pour tous les petits naïfs sur les réseaux qui s'enorgueillissent
d'en appeler à l'insurrection à tout va ; quand le pouvoir le
voudra il pourra les condamner comme il lui plaira et il n'y aura
aucun de leurs potes « référents » sur les réseaux
embrouillés pour te défendre.
PAR
QUI ET PAR QUOI REMPLACER MACRON ?
(au juste on n'en sait rien et on s'en fout)
Voyons
les conseils des conseillers ultra-bobos, qui ne seront pas les
payeurs: « Pour
pouvoir développer sa lutte, construire un rapport de forces capable
de freiner les attaques de la bourgeoisie et la faire reculer, la
classe ouvrière ne doit compter que sur elle-même.
Elle doit retrouver son identité de classe et ne pas se dissoudre
dans le “peuple
français”.
Elle doit reprendre confiance en ses propres forces, en engageant la
lutte, sur son propre terrain, au-delà de toutes les divisions
corporatistes, sectorielles et nationales. Pour préparer les luttes
futures, tous les ouvriers combatifs qui ont conscience de la
nécessité de la lutte prolétarienne doivent essayer de se
regrouper pour discuter ensemble, tirer les leçons des derniers
mouvements sociaux, se repencher sur l’histoire du mouvement
ouvrier. Ils ne doivent pas laisser le terrain libre aux syndicats ni
se laisser endormir par les chants de sirènes des mobilisations
“citoyennes”,
“populaires”
(et populistes !) et interclassistes de la petite-bourgeoisie ! ».
Sourions,
alors que les manifestants, certes un tantinet présomptueux, en sont
à vouloir renverser l'Etat et pendre haut et court Macron et ses
oies blanches, on trouve une secte qui leur tient le langage vieillot
du « syndicalisme révolutionnaire » (Marx, Bordiga et
Marc Chirik doivent se retourner dans leur tombe), qui parle de
« freiner les attaques » alors qu'elles sont déjà
« freinées », de faire « reculer la bourgeoisie »
alors qu'elle a « déjà reculé » et ne voudrait pas
plus reculer. Les ouvriers (lesquels et où?) « doivent se
regrouper pour discuter ensemble » . C'est en effet de
l'ouvriérisme pur et un néo-syndicalisme crasse. JAMAIS les
révolutions n'ont été étanches, jamais les regroupements
corporatifs n'ont été capables de poser les problèmes généraux
ni de sortir de la cage de l'entreprise !
En 1968, le
gauchisme certes romantique avait au moins voulu aller porter le
drapeau des mains fragiles des étudiants pour le remettre aux
robustes mains ouvrières. C'était une vision néo-bolchevique aussi
navrante que l'incarcération des ouvriers par la CGT ; ce
qu'elle continue à faire puisqu'on voit de nombreux témoignages de
gilets jaunes ayant été frapper aux portes des syndicats décrivant
haine et hostilités des abrutis de base. Cette classe ouvrière pure
était déjà introuvable pour accomplir la « mission
révolutionnaire ». Mais voilà qu'elle est trouvable cette
classe dans cette révolte des moins que rien, où on retrouve, pas
toujours en tête, ces fameux « sans réserve » qu'on
croyait disparus depuis le temps de Marx, et qui, ayant échappé aux
syndicats, cherchent à inventer des formes d'une lutte
« indépendante » de classe, en dépassant tant
d'obstacles et de magouilles qu'ils n'ont même pas besoin des
prétendus révolutionnaires avec leur disques rayés sans valeur
pour épauler en quoi que ce soit le mouvement. Le CCI qui fût
naguère un vaillant publiciste du regroupement des révolutionnaires
au niveau international ne contacte personne ni au niveau
international ni au niveau français alors que, comme je l'ai
signalé, en Italie des forces révolutionnaires ont l'oeil sur la
France, observent avec passion et attendent des initiatives de
contact et de regroupement, voire d'échanges comme dirait Henri
Simon. Le CCI se regroupe sur lui-même et ses clichés finalement
anti-ouvriers.
Vous
ferez la différence entre ce soudain intérêt « en
définitive » (sic) de ces sectes politiques qui ne se remuent
qu'au moment où le mouvement décline ou en tout cas en passe par
une phase très dangereuse pour son avenir. Le NPA roulant pour une
refondation sous contrôle syndical et le CCI priant toujours à
genoux pour la recette infaillible de la pure classe ouvrière. Dans
les deux cas, ils réagissent trop tard (comme Macron) et on ne peut
pas leur pardonner d'être restés silencieux quand le mouvement
débutant croulait sous le mépris des partis et syndicats
bourgeois ; il sont donc coresponsables du freinage du mouvement
dans sa marche vers sa véritable identité qui n'est ni jaune ni
rouge mais une recherche d'affirmation de la classe ouvrière
paupérisée et humiliée par la bourgeoisie « internationaliste »
qui jusque là triomphait avec sa dépossession des idéaux généreux
du prolétariat. Sont pieusement conservées sur ce blog dans ma
série d'articles les prises de position honteuses de ces poujadistes
d'un marxisme frelaté5.
On peut sourire en voyant comment nos bobos gauchistes et
ultra-gauchistes tentent par après de garder la confiance de leurs
sectateurs à propos d' un mouvement qu'ils ont conchié dès le
début. Le NPA de l'histrion Besancenot :
- « Ces mesures sont loin de répondre à la colère des classes populaires ni à leurs revendications contre la vie chère et l’injustice fiscale, car la contestation est bien plus globale, comme le montre le mot d’ordre de « Macron démission ! » largement repris dans le mouvement. Ce pouvoir est illégitime et il ne s'en sortira pas avec quelques mesures très limitées et temporaires... Pour répondre à l’urgence sociale et écologique, il faudrait d’abord commencer par rétablir un peu de justice fiscale, en retirant les taxes sur les produits de première nécessité et en faisant payer les riches ».
Ce langage
est très populiste et orné de la fable bourgeoise de « l'urgence
écologique », mais le pire suit : « Le
NPA appelle le monde du travail, la jeunesse, l’ensemble de la
population, à se mobiliser ce samedi lors de la nouvelle journée de
mobilisations des gilets jaunes, à créer toutes les convergences,
notamment avec les marches pour la justice climatique qui ont lieu le
même jour. Le plus massivement possible doit s’exprimer ces
prochains jours le rejet de Macron et de sa politique. Le pouvoir
commence à reculer, c’est le moment d’y aller touTEs ensemble,
de manifester, de bloquer
l’économie, notamment par la grève. Macron doit céder, sinon il
faut qu'il parte ».
Le NPA ,
qui n'est que le commis exécutant des barnums syndicaux, il leur
demande de venir policer une nouvelle manif charentaise avec une
théorie bobo sortie tout jsute du chapeau « la justice
climatique », avec « les gens », avec la famille
Traoré, pour « faire reculer le gouvernement »... qui a
déjà reculé. La secte se met à la remorque finalement des
patibulaires gilets jaunes, toute heureuse que coule un sang vraiment
guévariste.
Plus
ridicule que le NPA, le CCI avait décrèté que le mouvement des
“gilets jaunes” ne peut pas faire reculer le gouvernement ?
Alors qu'il a déjà reculé et que les prolétaires manifestants,
certes encore apparemment noyés dans la vase du « peuple »,
ne veulent plus seulement le faire reculer :
« Malgré
la colère légitime de nombreux prolétaires qui n’arrivent pas à
“joindre les deux bouts”, ce mouvement, en tant que tel, n’a
aucune perspective et ne peut pas faire reculer les attaques du
gouvernement et du patronat. Une partie de la classe ouvrière s’est,
en fait, engagée à la remorque des petits patrons et des
auto-entrepreneurs (chauffeurs de camions, taxis, ambulanciers) en
colère face à l’augmentation des taxes et du prix du carburant,
avec des méthodes de lutte totalement inefficaces, menant dans des
impasses (telle la pétition lancée par Priscillia Ludosky, le
blocage et l’occupation des ronds-points préconisés par Éric
Drouet). Ce n’est pas un hasard si, parmi les huit porte-paroles
des “gilets jaunes” désignés le 26 novembre, on compte une
écrasante majorité de petits patrons ou d’auto-entrepreneurs ».
Dans
les grèves du public on compte en général une écrasante majorité
de syndicalistes, faut-il se refuser d'y participer ? Une
impasse la pétition de Priscilla ? Imbéciles c'est elle qui a
tout lancé en grande partie et faut-il vous rappeler la pétition au
tsar à la veille de la révolution en Russie ? Et ne méprisez
pas SVP Eric Drouet, il est autrement plus respectable et courageux
que vous dans vos douillettes résidences secondaires. Voici comment
s'exerce leur pédagogisme marxiste, à la façon du maître Macron
d'ailleurs : « vous êtes de la merde, vous êtes
manipulés » ; exhumation :
« Mais,
pire encore, ceux qui ont lancé le mouvement ont
embarqué les ouvriers
derrière l’idéologie bourgeoise du nationalisme et de la
“citoyenneté”. Les travailleurs parmi les plus pauvres se sont
mobilisés en
tant que “citoyens” du “peuple
de France”,
“méprisés”
et “pas
entendus”
par “ceux
d’en haut”
et non pas en tant que membres de la classe exploitée.
Le
mouvement des “gilets jaunes” est à ce titre très clairement un
mouvement
interclassiste
où sont mélangées toutes les classes et couches intermédiaires et
exploitées de la société, qui ne défendent pas les mêmes
intérêts. Se retrouvent, ensemble, prolétaires (travailleurs,
chômeurs, précaires, retraités) et petit-bourgeois (artisans,
professions libérales, petits entrepreneurs, petits commerçants,
agriculteurs asphyxiés par les taxes). Les
ouvriers les plus pauvres se sont mobilisés contre leur misère
croissante, contre la pauvreté, les attaques économiques
incessantes, le chômage, la précarité de l’emploi, tandis que
les petits patrons protestent seulement contre l’augmentation du
carburant et des taxes. Focalisée sur l’augmentation des taxes, la
colère des petits bourgeois est uniquement motivée par le fait que
le gouvernement les a laissés pour compte, Macron ayant favorisé la
grande bourgeoisie avec, notamment, la suppression de l’impôt sur
la fortune ».
La secte
ultra-bobo, avocate de la pure et vierge classe ouvrière, qui
mettrait bien tous ces bourgeois « interclassistes » dans
des goulags en lozère et en corrèze dans ses rêves de faction
marginale, ignore même le plus classique Manifeste communiste où il
est signalé qu'à une époque la petite bourgeoisie, forcément :
« tombe dans le prolétariat ». En l'espèce c'est le
prolétariat qui est tombé dans la petite bourgeoisie, mais parce
que ce sont : « les ouvriers les plus pauvres qui se sont
mobilisés » et on en déduit qu'ils sont forcément plus bêtes
que... les plus riches ou en CDI. Mais bien sûr il ne fallait pas
pétitionner et attendre le déclic d'une grève « généralisée »
qui transcenderait la secte en parti. Mais bon sang, c'est bien sûr,
ce mouvement des gilets jaunes était un piège ! Bien sûr !
« Ce
mouvement de révolte “citoyenne” est un piège où
la plupart des partis de l’appareil politique de la bourgeoisie se
retrouvent bien
sûr
comme “supporters”. De Marine Le Pen à Olivier Besancenot, en
passant par Mélenchon et Laurent Wauquiez (et même Brigitte
Bardot !), “tout
le monde”
est là pour soutenir ce mouvement interclassiste et son poison
nationaliste. Les ouvriers
doivent refuser l’union sacrée de toutes les cliques politiques
“anti Macron” ; ces
partis bourgeois manipulent la colère des “gilets jaunes” pour
rafler le maximum de voix aux élections et défendre le capital
national en appelant les prolétaires à se rallier derrière le
drapeau tricolore de leurs exploiteurs ! Si tous ces partis
utilisent les “gilets jaunes” pour affaiblir Macron, c’est
qu’ils savent parfaitement que ce mouvement ne renforce en rien la
lutte du prolétariat contre son exploitation et son oppression. Pour
lutter efficacement, les prolétaires doivent d’abord s’affirmer
comme classe autonome ! ».
On
croirait un retour de l'ultra-gauche conseilliste et conseillère des
plumitifs de « La banquise » ou « La guerre
sociale ». Le monde est à l'envers dans l'imaginaire du clan
avec son gourou et la femme du gourou. Rendez-vous compte que « ce
mouvement ne renforce en rien la lutte du prolétariat contre son
exploitation ».
Mais elle est où depuis des années la « lutte du prolétariat
contre son exploitation » ? Et elles sont où les grèves
« exemplaires » « débordant les syndicats
traîtres » ? Pour lutter « efficacement »
tout mouvement d'insubordination sociale, doit s'affirmer comme blanc
de blanc comme OMO (je précise que je ne vise nullement ce genre
sexuel et que je ne serai jamais raciste), c'est à dire
« autonome ». Outre que je n'ai jamais adhéré à cette
notion anarchiste, je préfère le terme lutte de classe
« indépendante », ce qui n'empêche pas des liens avec
d'autres classes. Nos ultra-bobos sont donc aussi ignorants en
histoire que Jupiter en décadence ? Les premiers soviets en
Russie étaient-ils purement ouvriers ? Qui fût président du
premier Conseil ouvrier ?
Un
avocat menchevique, Kroustalev-Nossar,
avant que le brillant Trotsky lui succède non sans récrimnations de
Lénine6.
Le mouvement en Russie ne s'est pas déclenché par une grève
« généralisée » mais pour les revendications
« interclassistes » suivantes : la paix et le pain !
Horreur
que ce mouvement hors syndicats ! Il n'y a point les méthodes
trade-unionistes prêtées comme indépassables par nos
révolutionnaires trotskiens et ultra-gauches, et ces admirables AG
de parlotes syndicales dont rien n'est jamais sorti que des appels
« à l'action » depuis un demi-siècle voire plus. Ils
nous font pitié en recourant à l'exemple polonais de 1980 et à
leur haine atavique du drapeau tricolore :
« En
1980, en Pologne,
un immense mouvement de masse était parti des chantiers navals de
Gdansk suite à l’augmentation des prix des denrées de première
nécessité. Pour affronter le gouvernement et le faire reculer, les
ouvriers s’étaient regroupés, ils s’étaient organisés
massivement en
tant que classe
face à la bourgeoisie “rouge” et son État stalinien. Les
autres couches de la population avaient largement rejoint cette lutte
massive de la classe exploitée.
Quand
le prolétariat développe sa lutte comme classe indépendante, ce
sont les assemblées
générales massives, souveraines et ouvertes
à “tout
le monde”
qui sont au cœur du mouvement. Il n’y a alors pas de place pour le
nationalisme. Au contraire, les cœurs vibrent pour la solidarité
internationale car “les
prolétaires n’ont pas de patrie”
comme l’affirme le mouvement ouvrier depuis ses origines au XIXe
siècle. Les
ouvriers doivent donc refuser de chanter la Marseillaise et d'agiter
le drapeau tricolore,
le drapeau des versaillais qui ont assassiné 30 000 prolétaires
lors de la Commune de Paris en 1871 ! »
Le
CCI a torché des diarrhées de commentaires sur la lutte de masse en
Pologne, cela fait partie du bréviaire de la pure classe ouvrière,
pure laine vierge. Mais tout sonne faux. « organisés en tant
que classe », faux, en syndicat ! D'autres couches de la
population « avaient largement rejoint » oui mais pour
prier le pape Jean-Paul 2 et finir par élire président le
charismatique chef syndical, et surtout servir depremière brèche à
la chute du mur de Berlin. Tu parles Charles d'un exemple pour gilets
jaunes !
Fins
connaisseurs du prolétariat en lutte7,
nos pédagogues surtout en gaucherie se font l'écho des soucis
gauchistes : « pas de place pour le nationalisme »
et sont prêts à adoubler les propos de Cohn Bendit en 68 :
« ce drapeau tricolore il faut le déchirer », c'est le
« drapeau des versaillais ». Faux aussi. Le drapeau
tricolore n'est pas le drapeau de la bourgeoisie tout le temps. Le
drapeau rouge était au départ le symbole de la répression
bourgeoise. Petit cours de rattapage :
« Au
départ, le drapeau rouge est déployé par la garde nationale (que
commande La Fayette) pour alerter du danger. Un peu comme
aujourd'hui sur une plage. Quand la garde le déploie "au
nom du roi" , c'est que des charges violentes se préparent :
les émeutiers sont invités à rentrer vite chez eux. Une loi du 20
octobre 1789 prévoit explicitement cet usage.
Le
17 juillet 1791, juste après l'arrestation du roi à Varennes, le
peuple se met à détruire les symboles royaux. Alors qu'une foule de
plusieurs milliers de personnes se
regroupe au Champ-de-Mars et
menace de renverser la royauté, La Fayette et Bailly (maire de
Paris, qui a succédé à Flesselles) proclament la loi martiale et
font déployer le drapeau rouge.
Les
troupes sont envoyées sur le Champ-de-Mars, une monstrueuse
fusillade éclate et de nombreux manifestants sont tués : 10 selon
la police (La Fayette, qui va bientôt démissionner), 400 selon les
organisateurs (Marat), quelques dizaines selon les historiens.
Cette "Saint-Barthélemy des patriotes" est un
tournant, et libère les aspirations purement républicaines.
A
partir de là, les révolutionnaires vont utiliser le drapeau rouge
par bravade, par dérision, et pour se souvenir de la répression du
Champs-de-Mars. C'est ainsi que, le 10 août 1792, en marchant
vers les Tuileries pour renverser définitivement le roi, les
sans-culottes des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel portent
un drapeau rouge sur lequel ils ont inscrit :
La
loi martiale du peuple souverain, contre la rébellion du pouvoir
exécutif."
Le
rouge est depuis lors le symbole favori de la gauche
révolutionnaire.
Mais
Lamartine, membre du gouvernement provisoire et orateur hors pair,
retourne la foule dans
un discours improvisé et resté célèbre : « Jamais
ma main ne signera ce décret [instaurant
le drapeau rouge, NDLR].
Je repousserai jusqu'à la mort ce drapeau de sang, et vous devez le
répudier plus que moi, car le drapeau rouge que vous rapportez n'a
jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du
peuple en 91 et en 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du
monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie »8.
Lamartine
avait raison historiquement, il était évidemment « interclassiste »
en défendant l'alliance de la bourgeoisie et du prolétariat, et la
soumission de celui-ci à la première, contre la féodalité car
l'époque était encore à l'affirmation de la nation « ascendante »
conforme à la productivité capitaliste.
Un
scandale donc cette présence du drapeau tricolore sur les lieux des
différents barrages et dans les manifs spontanées, un fanion de la
bourgeoisie entaché du sang des communards. Au lieu de se demander :
pourquoi est-il là et plus les drapeaux rouges staliniens, on
vitupère contre l'oriflamme du « nationalisme ». Ne
serait-ce pas le drapeau idéal des petits blancs racistes ?
Vous voyez ce que je veux dire hein ? Pas notre glorieux drapeau
rouge internationaliste ! En réalité nos ultra-bobos sont dans
le même puits à bêtises que leurs concurrents trotskiens, ils
n'ont rien compris aux réactions à la mondialisation féodale,
communautariste et immigrationniste. Il n'y aurait que le repli
frileux des fachos sur la nation ou la pure révolution
prolétarienne, point barre. En réalité leur internationalisme et
antiracisme oécuménique se confond avec la pédagogie bourgeoise.
Ils ignorent ce concept fondamental du marxisme, la dépossession par
la restauration de la bienfaisance religieuse universelle mais pas
internationaliste.
Comment,
devraient-ils se demander la Commune de Paris a-t-elle pu commencer
sur des bases de défense nationale ? Et les révolutions en
Russie sur de (très bourgeois) désirs de paix et de répartition
des terres ? Nos ultras en gaucherie sectaire riaient de concert
certainement lorsque leur maître à penser Macron, plaisantait sur
le dos des « gaulois ». Hi Hi en effet, quelle bande
d'arriérés ces petits blancs provinciaux ! Nous on se torche
tous les matins avec le drapeau national !
Pas
de pot dans l'interprétation et le suivisme à la queue des
spectateurs bobos parisiens. A l'Arc de triomphe, l'exhibition du
drapeau tricolore équivalut à un « détournement »
comme l'eussent préconisé les situationnistes. Le drapeau et le
respect de la flamme ont ridiculisé le féodal financier Macron qui
comptait s'en servir par patriotisme oecuménique et mondialiste. Un
drapeau est en général un instrument de combat très voyant mais
aussi une protection qui n'abuse guère le monde ouvrier ni même les
petits bourgeois modernes.
Sauf
que. Voir des manifestants enveloppés dans ce drapeau se faire
tabasser par les CRS « républicains » révélait plus
encore l'hypocrisie « nationaliste » du pouvoir féodal
de la finance internationaliste. Le drapeau dans le mouvement est
pourtant aussi secondaire dans le développement du mouvement que la
couleur jaune dont se sont couverts une majorité de prolétaires.
L'exhibition de ce drapeau, qui a longtemps fait le tour du monde
comme symbole de liberté et de fraternité, n'en déplaise à Mme Le
Pen, devient non pas un repli populiste nationaliste mais un appel
aux prolétaires des autres nations pour qu'ils entrent en lutte
contre le féodalisme internationaliste de la bourgeoisie écologique
et pas du tout logique. Et dans les blocages nous ne discutions pas
solutions nationales à la crise, mais que font les autres dans les
autres pays ? Sont-ils informés de ce que nous faisons ?
Vont-ils nous rejoindre ?
LETTRE
D'UNE BOURGEOISE COURROUCEE
A mon
tour de vous mettre par écrit ma réflexion.
Je
réagis à VOTRE texte d'hier soir9.
Il m'a mis mal à l'aise, même plus, je réagis donc de façon
probablement excessive.
Je
l'ai lu tard mais je ne le digère pas, j'ai ruminé en arrière fond
de mon sommeil .
Y
en a marre de vos théories de révolution marxiste, vous voulez les
appliquer à tout prix à des gens qui ne vous demandent rien et
surtout pas de penser pour eux. Vous avez déjà été
désavoués une fois et vous remettez ça.
Il
s'agit d'un mouvement spontané qui exige plus de justice sociale et
de répartition des richesses . Il n'y a pas de théorie
politique là dessus et pas la peine d'aller rechercher les veilles
théories marxistes. Les gilets jaunes ne prétendent pas avoir la
solution politique, ils demandent aux politiques de bouger, de
réfléchir autrement, de leur proposer des solutions qu'ils
accepteront ou non... Il n'y a pas de théorisation du mouvement,
c'est bien là la difficulté parce que le monde politique doit se
modifier dans l'urgence et il est trop bousculé pour être capable
de répondre.
Vous
ressortez vos conseils ouvriers, la nécessité de réflexion, de
penser la société mais ce n'est pas la préoccupation des gilets
jaunes, ils expriment leur ras le bol et aux politiques de trouver
les réponses. Ils n'en n'ont pas, peuvent émettre
diverses réflexions mais ne cherchent pas à proposer une nouvelle
organisation de la société.
Et
vous n'avez pas le droit de dévaloriser leur action sous prétexte
qu'elle ne suit pas votre culture politique dans laquelle vous
baignez depuis tant d'années.
La
grève générale ? A ben oui et vous la payerez comment
leur salaire ? Je ne suis pas d'accord avec vous, le
blocage des centres commerciaux, des ports, le ralentissement du
trafic, est efficace, puisque cela retentit sur l'économe
libérale..sans que les salaires soient amputés comme dans les
grèves.
Ce
mouvement est original, il naît d'un mode de vie sociale que les
marxistes historiques ne pouvaient envisager car il n'y avait pas
il y a un ou deux siècles, les flux tendus des stocks, le besoin
de mobilité rapide qu exige actuellement notre société.
Si le gouvernement bouge, ce n'est pas seulement du fait de la
violence et du risque de perte d'autorité de l’État, c'est aussi
parce que cela commence à retentir sur l'économie et que le
patronat s'alarme.
Vous
pouvez rétorquer que cela risque d'aggraver le chômage et de
condamner à du chômage technique mais jusqu'à présent il existe
encore des indemnités . Quand à évoquer une sortie de grève
générale en négociant les salaires c'est très hypothétique
surtout si cela entraîne la ruine de l'économie. Non, le
mouvement actuel est beaucoup plus subtil et finalement..bien pensé..
Vous
critiquez vos anciens compagnons qui ne veulent reconnaître qu'un
mouvement inter classe. Mais tout votre début d'article, vous
faites pareil. Qu'est ce que cette pensée de « racisme social
» qui ne reconnaît comme significatif que le pur ouvrier, blanc
comme neige, sans tâche bourgeoise dans son palmarès ?
Vous
nous vantez les mérites d'un livre qui révèle la paupérisation et
le déclassement de la classe moyenne et vous ne lui reconnaissez
pas le droit à la révolte ?10
Qu'importe
si les petits patrons ou les commerçants ne sont pas des « purs
et durs » s'ils trouvent dans ce mouvement l'expression de
leur désarroi parce que la ligne de fracture sociale est maintenant
devant eux, parce qu'il n'y a plus de graduations suffisantes dans
l'échelle sociale pour que chacun puisse espérer, pour soi ou pour
la génération d'après un avenir meilleur. Ce mouvement est
l'expression de colère de ceux qui n'ont pas d'avenir d'amélioration
sociale, que ce soient les petits salaires ou les petits
patrons dont l'entreprise est toujours peu viable ou les agriculteurs
toujours au bord de la faillite, ou les petits indépendants dont les
charges ne leur permettent pas de vivre correctement de leur activité
, tous ceux que leur travail ne rémunère pas, qu' importe leur
statut professionnel.
Alors,
laissez ce mouvement se développer sans vouloir l'organiser et le
théoriser à tout prix et surtout au prix marxiste, il n'appartient
à aucune chapelle politique. J'entendais que la violence a
permis une accélération de la prise en compte des revendications,
pour diverses qu'elles soient. Aussi, si personne ne la justifie,
elle donne plus d'éclat, souligne l'urgence proclamée par les
gilets jaunes. S'ils savent durer avec le même engagement, il n'en
n'auraient même pas besoin.
Je
ne suis pas d'accord quand vous dites qu'ils doivent trouver une
autre expression que les blocages. C''est leur action, elle n'est
pas formalisée, théorisée, encadrée, mais elle a quand même des
résultats et elle n'a pas à être ni réduite ni moquée ni
galvaudée.
A
vouloir tout raccorder à vos habitudes de pensée, ça fait ringard,
vieux combattants qui ramènent leur guerre et cela ne trouve pas
d'écho. Je me demande ce que la discussion va donner entre vous
si au moins vous êtes capables de vous rencontrer. Essayez d'être
novateurs, pas radoteurs.
Le
risque, évoqué sur les plateaux TV hier soir, de voir arriver un
pouvoir autoritaire si le pays sombre trop dans le chaos et que
les politiques en place ne parviennent pas à trouver une réponse
satisfaisante et durable est réel et c'est cela qui pourrait
être inquiétant. A cela, pour le moment pas de réponse, peu de
réflexion. Cet autoritarisme peut venir de n'importe où ;
populiste, militaire, voire stalinien s'il veut parler au nom du
peuple (si je vous dit marxiste, vous ne serez pas content..)
Je
m'attends que vous me renvoyiez une volée de bois vert, de petite
bourgeoise qui ne comprend rien au mouvement ouvrier.. « mais
c'est mon opinion et je la partage ».
Bonne
lecture....
**************************
S'il
vous plaît, y a-t-il quelqu'un pour répondre à ma place ?
Je me
suis coupé de tous les médias pendant dix heures pour écrire cet
article car il n'y a pas moyen d'être serein une minute, d'heure en
heure on en apprend des vertes et des pas mûres. J'ai l'impression
de courir derrière et de donner des prévenances vaines comme le CCI
ou d'autres sectes politiques. Ce matin on lit ceci
« Si
on arrive à l’Elysée, on rentre dedans", lâche Eric Drouet
sur BFMTV »
Sera-t-il
un nouveau
Kroustalev-Nossar ou
un des nombreux tabassés et emprisonnés pour acte terroriste ?
Ou un des nombreux tués par l'armée de Versailles requise par Luc
Ferry et Alain Finkielkraut ? En tout cas on est en marche vers
quelque chose d'hénaurme, de spectaculaire ! Aux répercussions internationales même si la nouvelle émeute à Paris ne résoudra rien.
NOTES
1Tant
pis pour le mariole Mathieu, cégétiste boutefeux des Conti, et
toujours supporter de ce syndicat mafieux, et qui a retrouvé du
boulot, contrairement à ses potes de pneus brûlés, comme...
comédien. Remercions-le tout de même d'avoir recadré
l'insupportable Ruth Elkrief (hier soir sur BFM). Avec son langage radical gueulard CGT il a tout de même séduit des gilets jaunes qui en voudraient comme représentants. Ils sont décidément bien naïf. Mathieu n'est qu'une grande gueule et il n'y a rien derrière comme le clown de Fly rider.
2Plusieurs
aventuriers ont été écartés par les prolétaires en lutte. J'ai
ainsi chopé une révélation d'un internaute – détail notoire :
ils suivent en groupe les chaînes les plus collabos comme BFM -
« Faites gaffe, il parle bien mais voici sa biographie :
« Phillipe Aguillier, il fut consultant d'État, soit disant
apolitique et humaniste :"Vos' revendications, sont les
miennes" . »
3Je
n'utilise jamais ce mot bateau très à la mode dans les boudoirs et
chez les esthètes, qui n'a d'ailleurs aucune définition claire,
mais que j'exprime ici comme « chosification »,
enfermement d'un élément dans une abstraction hors classe, mais
qui en fait n'est que la réduction à la catégorie
« automobilistes en colère ».
4Article 421-2-5« Le
fait de provoquer directement à des actes de terrorisme ou de faire
publiquement l'apologie de ces actes est puni de cinq ans
d'emprisonnement et de 75 000 € d'amende.
Les
peines sont portées à sept ans d'emprisonnement et à 100 000 €
d'amende lorsque les faits ont été commis en utilisant un service
de communication au public en ligne.
Lorsque
les faits sont commis par la voie de la presse écrite ou
audiovisuelle ou de la communication au public en ligne, les
dispositions particulières des lois qui régissent ces matières
sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes
responsables. »
https://actu.dalloz-etudiant.fr/a-la-une/article/point-sur-la-notion-de-terrorisme-en-droit-francais/h/ccfaed7b0263d19d56d7bf7d5945c99
5« Cette
mobilisation est problématique. D’abord parce qu’avant d’être
l’expression d’un mécontentement populaire, cette mobilisation
est surtout porteuse d’une vieille revendication du patronat
routier, pour qui les profits se mesurent à l'aune des tonnes de
carburant mises dans les cuves de ses camions qu'il répand en masse
sur le réseau routier, en contradiction avec les mesures les plus
élémentaires de préservation de l’environnement. De plus, à
l’origine et
en soutien à ces appels présentés comme « citoyens »
et « apolitique », on retrouve la droite extrême et
l’extrême droite
à la manœuvre ... » NPA (31 octobre 2018)
La
version ultra-bobo du CCI : « « Le
terrain pourri sur lequel un grand nombre de prolétaires, parmi les
plus paupérisés, a été embarqué n’est pas celui de la classe
ouvrière ! Dans ce mouvement “apolitique” et
“anti-syndical”, il n’y a aucun appel à la
grève
et
à son extension
dans tous les secteurs !
Aucun appel à des assemblées
générales souveraines
dans
les entreprises pour discuter et réfléchir ensemble des actions à
mener pour développer et unifier la lutte contre les attaques du
gouvernement ! Ce mouvement de révolte “citoyenne” est un
piège pour noyer la classe ouvrière dans le “peuple de France”
où toutes les cliques bourgeoises se retrouvent comme “supporters”
du mouvement. De Marine Le Pen à Olivier Besancenot, en passant par
Mélenchon et Laurent Wauquiez, “tout
le monde”
est
là, de l’extrême droite à l’extrême gauche du capital, pour
soutenir ce mouvement interclassiste, avec son poison
nationaliste ».
Ou encore avec le même simplisme
un avorton du CCI : « Un
tel mouvement de contestation interclassiste, initié au départ par
de petits patrons, ne suscite pas l’hostilité des médias et il
attire inévitablement les forces de la droite extrême ; même
quand il manifeste une opposition virulente à la politique
gouvernementale et aux grandes entreprises capitalistes (trust
pétroliers, etc.), il ne peut avoir qu’une orientation
bourgeoise. Les prolétaires qui participent au mouvement ne le font
qu’à titre individuel ; n’étant pas organisés sur une
base indépendante, ils ne peuvent défendre leurs intérêts
spécifiques d’exploités – c’est-à-dire contre
l’exploitation capitaliste : ils se retrouvent noyés dans
une lutte commune avec des petits patrons, commerçants, artisans,
libéraux, etc., qui eux, évidemment, défendent mordicus le
capitalisme !".(cf l'article : Les organisateurs se
pointent pour organiser une révolution citoyenne).
6On
lit ceci dans : « Le bonhomme Lénine par Curzio
Malaparte ».
« Le
Soviet, création spontanée des ouvriers d’Ivanov-Voznessenski,
c’est la nouveauté que la révolution de 1905 introduit dans la
tactique révolutionnaire. « Le Soviet des députés ouvriers,
écrit Lénine, ce n’est pas un parlement ouvrier, ni un organe de
self-government prolétarien, ni même un organe de self-government
en général, mais une organisation de combat avec des buts bien
définis ». Cette conception du Soviet, on l’a noté de
différents côtés, est tout à fait opposée à celle que Lénine
va élaborer à la veille de 1917. Mais, en réalité, le Soviet de
1905, fondé et dirigé par les mencheviks n’est qu’une
organisation de combat, bien que Trotsky s’efforce de lui faire
jouer le rôle de « second gouvernement ». Quel homme
extraordinaire, ce Trotsky ! Du haut de la galerie de la
Société économique libre, siège du Soviet de Pétersbourg, caché
parmi les spectateurs, Lénine regarde en clignant des yeux ce jeune
homme de vingt-sept ans, à la voix métallique, aux gestes
violents, qui, élu président du Soviet de la capitale à la place
de Kroustalev-Nossar, « quelque chose d’intermédiaire entre
Gapone et le socialisme », se montre déjà l’homme le plus
téméraire et le plus dangereux de l’élite révolutionnaire
de 1905. Lounatcharsky
raconte que Lénine s’assombrissait quand on lui disait que le
membre le plus puissant du Soviet c’était Trotsky. Ce
pamphlétaire congestionné d’ambition et d’orgueil, à qui l’on
reprochait d’imiter l’accent et les attitudes de Ferdinand
Lassalle, n’est, aux yeux de Lénine, qu’un homme d’action,
un, démagogue sans culture, un tribun éloquent, un opportuniste
audacieux. Le président du Soviet, le chef du mouvement
révolutionnaire, ce n’en est pas moins lui, Trotsky, « ce
juif gentilhomme, bourgeois et prolétaire ». Lénine ne joue
aucun rôle dans le Soviet de Pétersbourg, c’est-à-dire dans la
révolution de 1905. « Il n’assista qu’une ou deux fois
aux séances du Soviet, écrit Zinoviev : le camarade Lénine
nous racontait comment, de la galerie, dans la salle de la Société
économique libre, il assistait à la séance et contemplait pour la
première fois le Soviet des députés ouvriers de Pétersbourg ».
http://www.biblisem.net/etudes/malaleni.htm
7On
se marre franchement à lire un aussi débile conseil pédagogique:
« Aujourd’hui, les prolétaires veulent exprimer leur
profonde colère mais ils ne savent pas comment lutter
efficacement pour défendre leurs conditions d’existence face
aux attaques croissantes de la bourgeoisie et son gouvernement.
Beaucoup d’ouvriers retraités ont oublié leurs propres
expériences de lutte, leur capacité à s’unir et s’organiser
sans attendre les consignes des syndicats, comme ils l’avaient
fait en Mai 1968. Les jeunes ouvriers n’ont pas encore assez
d’expérience de la lutte de classe et ont encore des difficultés
à déjouer les pièges des défenseurs du système capitaliste ».
Or, pas de pot, les vieux ouvriers savent mieux que vous pauvres
intellos, ils n'ont justement pas oublié leurs expériences de
lutte et c'est eux qui ont expliqué aux jeunes qu'il ne faut
surtout plus compter sur les syndicats, dont moi. Macron prend les
ouvriers pour des cons, le CCI aussi.
8Article
de l'Obs :
https://www.nouvelobs.com/societe/20151129.OBS0347/10-choses-que-vous-ignorez-probablement-sur-le-drapeau-francais.html
9Article
du 4 décembre : QUI SONT LES LACHES QUI APPELLENT AU
CASSE-PIPE A PARIS SAMEDI ?
10Il
s'agit du livre de Christophe Guilluy sur lequel s'appuie d'ailleurs
cet imbécile de Zemmour qui n'y comprend rien.