le mouvement enfin encadré par les syndicats (rêve de Macron) |
« Les
gilets jaunes n'ont pas de syndicats qui s'allongent au bout de deux
jours ».
Un
reporter
Suivi de Ma visite à la manifestation parisienne
Suivi de Ma visite à la manifestation parisienne
L'échec
permanent du complotisme gouvernemental et de son terrorisme social
5 ème
descente sur les Champs Elysées ! Faut le faire. J'avais
succombé à la terreur diffusée par l'Etat à la veille de la 4
ème, taxant même de lâches ceux qui y appelaient et en effet un
certain nombre de porteurs du gilet jaune, poujadistes notoires,
appelaient sans prendre de risque pour eux-mêmes et leur possible
future carrière de député « en démarche ». Il faut
bien considérer qu'il n'y a pas besoin d'appel pour qu'une foule,
surtout ouvrière, débarque chaque samedi depuis un mois sans
autorisation ni appel privilégié de celle-là ou celui-ci. C'est
sidérant compte-tenu des gigantesques moyens mis en œuvre
progressivement par l'Etat bourgeois d'abord affolé puis
tranquillement installé dans la routine de l'ultra-violence
policière (un millier de blessés à chaque fois et 6 éborgnés)
avec ses obligés journalistes qui nous font pleurer à chaque fois
sur la fatigue des brutes policières. Lorsque l'on raisonne sur la
succession des événements il ne faut jamais oublier qu'on est en
plein dans une crise politique et que l'Etat est bien assiégé,
idéologiquement, et que la plupart de ses armes syndicales,
journalistiques et politiques sont affaiblies ; ce qui explique
ce recours assez déséspéré au terrorisme policier et à une
violence sans précédent, même en comparant au gentil 68.
Jamais,
même en 68 on n'avait autant pisté et arrêté préventivement des
centaines de manifestants ; des cars entiers ont été empêchés
d'arriver à Paris ; jamais on n'avait eu autant le culot de
les dépouiller de leurs pancartes, des protections contre les gaz, à
part les juifs à Auschwitz, et de leur casque de vélo pour atténuer
les chocs sur le crâne. Au mépris de caste dominante on ajoute le
devoir de se faire molester et traîner nus par des pandores armés
d'armes létales et eux hyperprotégés. En province la
militarisation de la répression n'avait jamais atteint un tel
niveau ; à Toulouse deux véhicules blindés été envoyés.
Dans les autres grandes villes de province les braves maires
réclament aussi des blindés.
La
veille l'ensemble des TV serviles nous avaient bourré d'émissions
spéciales avec images de violence des actes précédents, annonçant
à chaque fois une gradation de la violence... et du vandalisme des manifestants,
jamais des flics ! On nous assenait avec certitude que le
mouvement était divisé sur l'utilité de revenir chaque samedi à
Paris d'autant plus que Macron avait quand même lâché du lest,
qu'il avait été humble, que le dialogue pouvait s'engager, que
l'opinion était en train de se retourner complètement. BFM la
vicieuse avait même déniché dans les horribles quartiers nord de
Marseille un groupe de cagoulards, mélange de noirs, d'arabes, de
délinquants et de toutes les professions qui avaient décidé de se
transformer en gilets jaunes. Ah le spectre macronien des années
1930 et la légende noire de la Cagoule (l'ultra droite de
l'époque)1.
C'était tellement théâtral et préfabriqué que c'était aussi
incrédible que la nouvelle invention ministérielle de l'ultra
droite. On pensait alors que l'accusation de complotisme se
justifiait pleinement au vu des images de BFM, la chaîne la plus
détestée de France.
Rien
n'entame une détermination qui semble venir de nulle part, peut-être
d'une classe semblent suggérer certains quand les termes « peuple
d'en bas en colère » semblent encore fonder toutes les
interprétations. Une colère qui, étrangement, dure.
Le
plus frappant de cette force du mouvement est qu'il gagne à chaque
fois la bataille des images. Les discours les plus serviles de la
plupart des journalistes plaignant les cognes hyper-protégés
contrastent avec la terrible violences contre les manifestants nus
quand la même police laisse faire les casseurs de vitrines pendant
des heures. Ces images de blindés et les discours des divers commis
de gouvernement n'ont même pas besoin d'être contestées sur les
plateaux – où il est strictement interdit de s'opposer à la
gloire de la police sans cesse louangée – pour rester imprimées
dans la mémoire des millions de prolétaires. Les manifestants ont
été bien trop naïfs de tendre des fleurs aux brutes de la police
d'un Etat bourgeois terroriste et cynique. Qui peut croire une
seconde que des professionnels du tabassage des civils pourraient
faire grève contre la main qui les nourrit ?
Bien
plus frappant est l'indifférence des gilets jaunes à la comédie
obscène jouée par Macron hier soir à Strasbourg dans la mise en
scène de l'antiterrorisme triomphant avec sa rose blanche. Je
m'attendais à ce qu'une nouvelle vague de commentaires déchaînés
dénonce cette comédie « antiterroriste » comme lorsque
l'attentat fût jugé comme « dérive complotiste »,
suscitant l'indignation calculée des larbins des TV2.
Complotisme n'est pas tout à fait adéquat mais machiavélisme oui.
A la suite de la piteuse rafle de centaines de policiers « hyper
spécialisés » mais qui ont lambiné trois jours avant
d'abattre le petit tueur de Strasbourg (caché dans une cabane de
jardin), alors qu'il ne leur faut qu'une minute pour tabasser tout
manifestant, Macron orchestrait sa nouvelle bataille d'images pour
faire oublier sa fuite lors de l'épisode 33.
Pendant des heures la télé d'Etat BFM filma le glorieux président,
ébloui de la gloire de ses robocops, vaquer en se baignnat dans la
foule, en serrant sans fin les louches des bobos du marché de Noël
très contents de réaliser des selfies avec le petit santon de la
victoire antiterroriste. Le prince s'attarde, fait risette aux
épicières émues aux larmes de voir sur leur pas de porte le
sauveur de Strasbourg. Le clou du spectacle, repiqué à Staline et
Hitler, fut le long baiser à une petite fille en pleurs4.
Par une curieuse rhétorique le flic Castaner croyait pouvoir
profiter de l'image béate du peuple rassemblé dans la crèche de
Noël avec son président pour stigmatiser les ingrats qui, demain,
vont caillasser des héros5.
L'opinion
a-t-elle versé des larmes d'émotion en voyant notre grand sauveur
du terrorisme parader dans la fête du fric pas du tout chrétienne ?
Les gilets jaunes pour leur part s'en contrefoutent. Sur les réseaux
où je navigue, c'est comme si rien ne s'était passé à
Strasbourg. Une « dérive » idéologique de plus de
l'Etat et de l'histrion Macron, avec des meurtres inadmissibles
certes mais non récupérables contre le mouvement d'insubordination
sociale (meilleure qualification que celle de jacquerie quoique
jusqu'à présent le mouvement ait été incapable de se doter de
représentants « présentables »)6.
Après
l'indifférence, le mépris, le terrorisme policier, les promesses de
miettes (même les 100 euros promis pour le SMIC n'arriveraient qu'en
juin 2019), la tentative de ficeler en parti politique, appels au
calme de saltimbanques et des godillots macroniens, la permanente dénonciation du vandalisme (avec des flics si laxistes à l'égard des vandales) cette puissante
et irréductible insubordination sociale allait-elle succomber à la
noyade par l'étreinte baveuse des syndicats et des gauchistes,
derniers remparts de l'ordre établi?
NOYER
L'INSUBORDINATION SOUS LES POMPIERS SOCIAUX ?
On
annonça que les gilets jaunes révoltés seraient rejoints par une
quinzaine d'organisations de gauche, dont le Nouveau Parti
anticapitaliste (NPA) ou encore Droit au logement. Place de la
République pourrait être un point de convergence de tous ces
manifestants. Un groupe de «gilets jaunes» a déposé une
déclaration pour s'y rassembler à partir de 14 heures tandis
que ces quinze nouveaux venus ont fait savoir qu'ils s'y rendaient au
même moment. Toutes sortes de comités gilets jaunes ont été
inventés en banlieue par les résidus du PCF et de la CGT, on trouve
aussi « un comité gilets jaunes antiraciste » avec
d'autres comités « populaires ».
« Les
mobilisations ne s'opposent pas. C'est bien qu'il y ait des actions
collectives, des 'gilets jaunes', 'gilets rouges', 'gilets bleus',
peu importe. Maintenant, il faut que ces actions puissent
converger" » s'est exclamé le numéro un de la CGT
Philippe Martinez juste avant de manifester à Paris, de la place de
la République à la Nation, où la fin du cortège est arrivée hier
vers 15h00. Les manifestants étaient 15.000 à Paris, selon la CGT,
moins de 2000 selon la police7.
La
CGT a même adopté la position syndicaliste révolutionnaire du CCI,
déplacer la colère des ronds-points pour la calmer dans les
ornières corporatives de l'entreprise :
« Qui
est le plus content des mesures annoncées par le président de la
République? Le Medef qui n'a rien à payer. [...] La meilleure façon
d'agir, c'est évidemment ce que font les gilets jaunes mais c'est
aussi de faire grève parce qu'il y a besoin qu'on hausse le ton" »,
a déclaré le bonze Philippe Martinez vendredi matin sur BFMTV,
appelant les contestataires à déplacer leur mouvement dans les
entreprises en faisant grève pendant la semaine »8.
La maigre et pépère manifestation CGT du vendredi prétendait-elle
éteindre le samedi noir du lendemain ou prendre les devants pour
chauffer les encadreurs syndicaux, suivis comme toujours par les
gueulards trotskiens, le jour suivant ? Cet appel totalement
fictif à la ronflante grève générale et à des grèves
invraisemblables pour l'heure en entreprises (toutes ou une...)
montre bien que la grève n'est plus dangereuse mais une prison bien
gardée par les flics syndicaux.
La
Dépêche, journal régional débite même une fake news sans être
contredit :
« Ce
vendredi, alors que la CGT a appelé à la grève générale, une
quinzaine d’organisations de gauche ont annoncé leur participation
à la manifestation des Gilets jaunes prévue ce samedi, à partir de
14 heures, place de la république à Paris ».
On
a du mal à croire que le vieux monde stalinien et syndical puisse
prétendre servir de pompiers sociaux à Macron, quand les gilets ont
obtenu bien plus de miettes que la CGT, même en lisant les soudaines
descriptions dithyrambiques de l'Huma :
« L'exigence
démocratique fleurit sur les ronds-points. Les barrages filtrants
sont des mini-agoras où la parole se libère et où on se politise à
la vitesse grand V. Ce bouillonnement démocratique à même
l’asphalte permet de faire émerger des idées neuves pour refonder
la République. « Représentons-nous nous-mêmes ! » et
« inventons un nouveau modèle démocratique », voilà qui
pourrait être le point de ralliement de l’ensemble des gilets
jaunes ».
L'Huma convient que
la CGT se fait blackbouler dans la plupart des barrages mais planche
sur une solution « démocratique » et qui n'élimine pas
la CGT :
« À
Commercy, la CGT, qui était venue proposer son aide, a été
gentiment éconduite par peur de la récupération, rapporte Claude…
qui est lui-même syndiqué à la CGT. Mais il se dit rasséréné
par ce mouvement où on parle à « des gens de toute sorte »
sans exclusive, qu’ils votent FN ou plutôt à gauche, mais
« toujours dans une relation extrêmement respectueuse. Les idées
s’échangent, elles progressent, ce qu’on ne sentait pas avant »,
juge ce militant.
Et
vu la crise de la démocratie représentative élective, complètement
déligitimée, il est urgent d’entamer une transition sociale,
écologique et démocratique, via un processus constituant. « Une
espèce d’assemblée générale nationale, sur plusieurs mois, avec
des citoyens tirés au sort pour imaginer un renouveau démocratique.
C’est ça ou le risque, c’est de voir un scénario à l’italienne
se produire en France. »
Un certain « Front
social » assure avoir été le premier à avoir voulu « marcher
sur l'Elysée » à une date antérieure mais ce sont bien eux
aussi les sous-marins de la CGT qu'à l'Huma, fidèles aux méthodes
staliniennes de trafic des dates et des événements9.
On les voit mal cornaquer en fin de compte un mouvement qui leur est
totalement étranger. Idem pour les syndicats gauchistes. L’appel
de SUD rail et de Solidaires à rejoindre les gilets jaunes, ce
samedi, simplifie les choses pour les soldats militants favorables au
mouvement. Car depuis le 17 novembre et la première
mobilisation jaune d’ampleur, la plupart des clans syndicaux
n'étaient pas à l’aise, surtout en voyant le grand nombre
d'ouvriers sans qualification10.
Certaines fédérations font du prêt à porter en imaginant une
grève illimitée qui n'aura jamais lieu dans leur corpo, comme
FO transport routier ou la CGT spectacle si fournie en
bobos intermittents aux salaires confortables comme un certain
Kassoviz ou un comique qui n'a plus ri du tout lorsque les réseaux
sociaux ont appelé à boycotter ses spectacles.
De
son côté « Macron mise sur la concertation
pour éteindre la contestation » (selon le Figaro) :
« Cinq
jours après les premières réponses apportées par Emmanuel Macron
pour tenter de résoudre la crise qui fait rage depuis plus d'un
mois, le «débat national» qu'il a appelé de ses vœux doit être
lancé ce samedi. Cette consultation, qui a été confiée à la
présidente de la Commission nationale du débat public, Chantal
Jouanno, doit durer jusqu'au 1er mars. Au total, quatre grands
thèmes ont été retenus: transition écologique, fiscalité,
services publics et débat démocratique
Résultat,
les différents acteurs impliqués dans cette consultation se
refilent la patate chaude. L'Élysée, qui est à l'origine du
projet, renvoie vers Matignon, qui est chargé d'en piloter la mise
en œuvre. Mais Matignon, qui ne souhaite pas déflorer les contours
du débat avant son lancement officiel, renvoie de son côté vers
Chantal Jouanno. Laquelle refuse de s'exprimer pour l'instant…
«On
va passer du rond-point à la mairie», veut croire un proche du
premier ministre. «Nous sommes dans une période de baisse des
tensions. Mais le débat n'est pas épuisé», ajoute-t-on ».
La
« concertation » se poursuit pourtant ce jour sous les
matraques des flics dans la rue. Ce n'est pas bon augure pour un
président toujours décrédibilisé et dont plusieurs classes de la
société souhaitent ouvertement le départ. L'extinction
de la « contestation » reste aussi peu probable tant par
cette fable de concertation imaginaire de crânes d'oeuf que par la
danse du ventre des syndicalistes et de leurs amis gauchistes. Même
un nombre moindre de manifestants à Paris, qui sera pris pour une
trêve ou un reflux.
notes
1Bien
que la bande à Macron, Castaner et BFM complotent... Une
légende sans doute soufflée à l'oreille de Macron par Terra
Nova...Le démantèlement d’un réseau factieux anticommuniste, en
1937, a nourri à gauche la légende noire d’une République qui
aurait été sauvée de justesse d’un péril fasciste. Entre
complot et complotisme…la Cagoule avait davantage les traits d’une
bande de Pieds nickelés que de SA à la française. (cf. Quand la
cagoule perd son masque
https://www.valeursactuelles.com/histoire/quand-la-cagoule-perd-son-masque-96567)
2J'en
trouve quand même un qui dit ceci : « Il
nous fait un pitch théatral 10 mn à la tv et ça y est il
recommence sa com devant les forces de l'ordre à strasbourg, du bla
bla, du théâtre comme il l'aime.Il devrait plutôt se poser les
bonnes questions et penser à ces personnes victimes de ce
multirécidiviste peu voire pas condamné qui aurait dû se trouver
en prison depuis longtemps. Continue ta com, ton arrogance, ton
cinéma, au lieu d'éradiquer tous ces étrangers radicalisés qui
se promènent dans notre pays en toute impunité ».
3Il
croyait apparaître comme le sauveur d'une patrie qu'il conchie ou
tel l'archange De Gaulle en glorieux rétablisseur de l'ordre, ses
flics avaient eu consigne de laisser saccager l'Arc de triomphe,
mais tout s'était retourné contre lui avec en particulier ce cruel
et humoristique tag : « les gilets jaunes triompheront ».
J'écrivais après cet acte III : « A
la déconvenue du nouveau piège éventé autour de l'Arc de
triomphe s'ajouta l'erreur du despote croyant aller à la rencontre
des vivas des riches, et qui se solda par une fuite en carrosse
noir ».
4Même
la presse ne peut s'empêcher de décrire, malgré elle, le ridicule
de la prestation : « UN
BAIN DE FOULE POUR FAIRE OUBLIER L'HUMILIATION A L'ARC DE TRIOMPHE :
Une
déambulation marquée par sa rencontre avec un enfant en pleurs
qu'il a serré contre lui et longuement consolé. "Merci
d'être venu, merci aux forces de l'ordre, je suis très heureuse
d'avoir pu rouvrir le stand",
lui a lancé une commerçante qui vend des friandises dans son
chalet de bois. Plusieurs
badauds lui ont demandé des selfies, qu'il a acceptés, dans une
ambiance bon enfant et émue.
5Il
avait déclaré : « "Hier
soir, j'étais dans les rues de Strasbourg, j'ai vu le peuple de
France applaudir
nos policiers,
j'ai vu les habitants saluer leur action exemplaire. Et demain, on
va les caillasser? Cela, jamais je ne le tolérerai ». Outre
que les flics spcialisés qui ont (bien fait) abattu le tueur ne
sont pas de vulgaires CRS, on ne voit pas pourquoi de vulgaires
cogneurs des grèves et des manifestations seraient élevés au rang
de héros de la lutte antiterroriste !
6La
plupart des porte voix des gilets jaunes qui ont défilés sur les
plateaux, exceptés les témoignages bruts sur la misère, sont
assez minables sans ce souci d'une représentation de bon niveau
qu'on trouvait chez les Jacques : « On
a là une constante dans l’histoire des mouvements populaires.
Pour échapper à la stigmatisation de leur lutte, les révoltés
choisissent toujours des leaders « respectables » et
capables de dire tout haut ce que le peuple pense tout bas. D’autres
exemples, plus tardifs, confirment l’importance du langage dans
l’interprétation des luttes populaires. Par exemple, le
soulèvement qui agita tout le Périgord au début du XVIIe siècle
fut désigné par les élites comme le soulèvement des
« croquants » ; terme que récusèrent les paysans
et les artisans en se présentant eux mêmes comme les gens du
« commun », Ce fut l’un des points de départ des
usages populaires du terme « commune » qui fut repris en
1870-71, à Paris, par les « Communards ».
https://noiriel.wordpress.com/2018/11/21/les-gilets-jaunes-et-les-lecons-de-lhistoire/?fbclid=IwAR0_PJiZW0wOC89coqmETCeTqXEYGrQuVPfWSU7L2x9XDcA-iY01EM-sZ4c Le premier conseil ouvrier en 1905 en Russie avait élu un avocat pour représenter les ouvriers.
7Voici
comment était libellé l'appel, on notera qu'on n'appelle plus les
travailleurs à manifester mais « les français » :
« Le
syndicat CGT appelle les français à une «grande
journée dactions»
au niveau national le
vendredi 14 décembre 2018.
Les
revendications concernent le pouvoir d'achat.
Appel
aux salariés, travailleurs en lutte, syndicalistes, jeunes,
étudiants, chômeurs, retraités, écolos, travailleurs sans
papier… pour se retrouver tous ensemble dans les deux
manifestations à venir vendredi 14 décembre et samedi 15 décembre
à Paris et d’autres villes de France.
Tous
ensemble, on va gagner !
•
VENDREDI 14
DÉCEMBREParis – Rdv 12h30 place de la République
• SAMEDI 15
DÉCEMBREParis – Rdv à 10h30 Place de l’Hôtel de Ville
8Rappelons
le rejet initial sur les mêmes bases que le gauchisme mondialiste :
« Dans un
premier temps, la CGT s'est tenue à l'écart du mouvement, se
méfiant de la présence de militants d'extrême droite et d'un
discours anti-taxes. "Impossible d'imaginer la CGT défiler à
côté du Front national", avait tonné Philippe Martinez qui
a, une nouvelle fois, dénoncé ce vendredi les slogans et actions
visant les migrants chez certains gilets jaunes ».
9« Lors
de sa rencontre nationale du 10 novembre, le Front Social avait
prévu de manifester de l’Élysée au Medef le samedi 15 décembre.
Depuis, la colère déterminée et justifiée des Gilets jaunes
contre l’injustice sociale, fiscale et dans de nombreux endroits,
écologiques, a bousculé tous les calendriers militants. Depuis
un mois, des militants du Front Social et des collectifs locaux,
fidèles à leur conviction de la nécessité d’une convergence
ont milité aux côtés des gilets jaunes. Le Front Social, pour cet
Acte V, appelle à participer aux départs de manifestations des
organisations syndicales qui le composent dans le but de
CONVERGER
DANS L’UNITÉ ET DE FAIRE FRONT SOCIAL avec les GILETS
JAUNES.
Départ
des Secteurs en lutte et de Solidaires : 10 H gare Saint-Lazare
Départ
de la CGT : 10 h 30 Hôtel de Ville
Convergence
vers l’Élysée avec les gilets jaunes
S’UNIR
POUR NE PLUS SUBIR, C’EST MAINTENANT ».
10Assez
semblables aux IWW américains des années 30 et aux ouvriers
allemands du KAPD en 1920.
MA VISITE A LA MANIFESTATION PARISIENNE
MA VISITE A LA MANIFESTATION PARISIENNE
Le centre d'intérêt devait être la
place de l'Opéra comme je le présumai après avoir observé les
écrans de TV. J'avais fait un long détour à pied depuis les Halles
en passant par la porte Saint Denis.
Parvenu au boulevard des
Capucines je vis que les camions de la gendarmerie coupaient l'avenue
et des gilets jaunes en grappes en train de tarabuster les flics.
Aux alentours, les discussions se
mènent facilement mais c'est pas dans le genre approfondissement.
Chacun dit de quelle région il vient et vous sert une anecdote.
Parmi les passants il y a un évident intérêt. Ce qui m'intéresse
ce sont ces jeunes gens avec des collants signé Lutte ouvrière. Je
commence par les charrier :
- hé t'étais pas né que j'étais à LO... en 1972.
- ah bon !
Sur le mouvement ils sont plus
dubitatifs que moi :
- ouais c'est une majorité d'ouvriers qui protestent contre la baisse du niveau de vie, mais 68 c'est quand même neuf millions en grève !
- Bien sûr mais pépères et très éloignés en général du romantisme étudiant, et on ne parlait pas de renverser l'Etat comme maintenant... la crise est plus grave aujourd'hui...
- sur ce dernier point ils étaient d'accord mais pas avec mon idée que la grève syndicale ne sert plus à rien.
Nous voyons passer de vieilles motos
avec chacune deux flics dessus, je crie « c'est encore les
voligeurs ». Décidément l'Etat aura ressorti tout le vieux
matos. Je me rappelle fort bien avoir vu ces motos le soir de la
manif où Malik Oussekine avait été battu à mort. La fonction de ces engins
était de poursuivre les manifestants sur les trottoirs, le flic à
l'arrière, armé de sa matraque, n'avait plus qu'à frapper au vol.
Tiens tiens on nous avait dit que ces engins étaient interdits
d'utilisation depuis la mort de Malik. Faut jamais croire une parole
d'Etat. Et avec, en mains, pire que la matraque, un flash-ball.
Une jeune fille de LO m'aide à enfiler
mon gilet jaune et je pars traverser un cordon de CRS qui ne me
fouillent pas. Devant moi marche le célèbre Eric entouré de ses
potes, les gens le saluent ou crient « Eric Eric bravo ! ».
La place de l'Opéra elle est toujours
là, avec ses réverbères. Je reconnais toujours celui sur lequel
j'étais monté le 23 mars 1979 pour haranguer en vain les ouvriers
de Longwy. Elle est clairsemée de gilets jaunes qui ont tendance à
s'agglutiner contre les forces de l'ordre barrant chaque avenue.
C'est un traquenard, je ne sais pas encore si je pourrais en
ressortir, mais des gilets jaunes boulevard des Capucines nous
avaient rassuré en disant que les flics laissaient couler
aujourd'hui.
Je m'approche de la rangée des
magnifiques chevaux. Un camarade est en train de soutenir au pandore
juché sur son cheval qu'ils n'ont pas le droit d'empêcher de
manifester, ce dernier lui répond qu'il n'y a pas eu de demande de
manifestation officielle. Le même genre d'interpellation qui se
répète d'un endroit à l'autre. Moi c'est le sort des chevaux qui
m'inquiète et je questionne le pandore :
- vous n'avez même pas prévu un
masque pour votre animal ?
- aucun problème, les chiens et les chevaux sont immunisés contre les gaz lacrymogènes, me répond-il aimablement.
Un groupe déjà aviné s'est enhardi
et s'est porté à mes côtés. L'un d'eux se met à tenir un langage
grossier à l'égard du policier qui se tait désormais. Je me mets
en colère et je lui demande de cesser ses insultes. Désarçonné
l'autre se reprend :
- non je disais pas ça pour lui mais pour l'enculé de Macron.
Je m'éloigne pour me diriger vers les
marches de l'Opéra où la foule est plus compacte. Contre les
grilles Maxime la casquette à l'envers et Priscilla sont
interviewés. Priscilla me navre :
- on est pourri de taxes...
Je pense que ces petites vedettes sont
décidément bien insignifiantes et représentatives du manque de
cervelle de ce mouvement. Pire j'entends deux ou trois zigotos qui
naviguent entre les gens avec de grands panonceaux « RIC »
faire de la pub pour cette ânerie et entrer en grande conversation
sur la citoyenneté. Ils veulent une révolution par référendum ces
pitres. On entend une voix crier: "ça va partir en vrille!". Je cherche en vain d'où elle provenait. Depuis le haut des marches on n'aperçoit que deux ou trois
pancartes d'un humour lourd et une autre pour le « RIC ».
Je décide de rentrer dans mes pénates soigner mes pieds.
Il ne se sera rien passé d'intéressant
à Paris aujourd'hui. A République on n'a point vu les 150 organisations de gauche prévues ni d'embrassades géantes avec les gilets jaunes. Place de l'Opéra deux ou trois badges CGT et un fanion seulement. Pourtant en province ça a bardé et ils ont été très nombreux dans les grandes métropoles à confronter la police. Je comprends que l'impact de l'attentat de
Strasbourg en ait refroidi certains pour faire le voyage à Paris et aussi le manque d'argent pour
d'autres. Les casseurs ne sont pas venus car la foule n'était pas
assez vaste pour les cacher. Il y a aussi des questions à clarifier
pour continuer, sachant que ce n'était que le début des
attaques-réformes et que les questions économiques ne peuvent être
enterrées sous cette démagogie citoyenne du RIC. Si les animateurs
n'éclaircissent pas ce point, ils ouvriront la tombe au mouvement. Ce référendum d'initiative populaire n'est qu'un nouveau cheval de Troie non pas de la seule extrême-droite mais possible planche de salut pour la haute bourgeoisie qui a compris via l'OBS: "il faut que la politique reprenne du terrain. Les "gilets jaunes", aussi divers, aussi confus soient-ils, réclament leur part de citoyenneté. A nous de la leur apporter dans le cadre de la démocratie. IL faut que la foule des barricades redevienne peuple" (L'OBS du 13 au 19 déc 2018, p.44). Le RIC une vieille idéologie à dormir debout? C'est ce qu'on verra dans mon prochain article.
Elles n'ont pas attrapé une pneumonie au moins? |