COMMENT UN VIEUX
CLICHE DE 1933 SERT AUX SERGENTS RECRUTEURS DE MACRON
« Sur toutes choses, ce qui fait le plus haïr comme j’ai dit, c’est de piller les biens et prendre par force les femmes de ses sujets : de quoi le prince doit s’abstenir. Car quand on n’ôte point aux hommes ni les biens ni l’honneur, ils vivent contents et on n’a plus qu’à combattre l’ambition de peu de gens, laquelle facilement, et de plusieurs manières, peut être refrénée ».
« Sur toutes choses, ce qui fait le plus haïr comme j’ai dit, c’est de piller les biens et prendre par force les femmes de ses sujets : de quoi le prince doit s’abstenir. Car quand on n’ôte point aux hommes ni les biens ni l’honneur, ils vivent contents et on n’a plus qu’à combattre l’ambition de peu de gens, laquelle facilement, et de plusieurs manières, peut être refrénée ».
Machiavel
Emmanuel Macron a
tout de l'évêque Pierre Cauchon qui, aux ordres déjà des
anglo-saxons, fît brûler Jeanne d'Arc ; mais Marine Le Pen
n'est pas Jeanne d'Arc, elle n'est ni pucelle ni une option sérieuse
pour la bourgeoisie souverainiste comme mondialiste. Dans la curée
qui agite un second tour fébrile où la grande majorité des
« rédactions » montent au front des pétitions contre le
« danger Le Pen »1,
on relèvera quelques commandements à la jeunesse à voter bcbg, et
on en détruira la cuistrerie ; mais surtout on démontera à
nouveau cette fable historique colportée des millions de fois que
c'est la désunion de la gauche qui aurait porté Hitler au pouvoir.
« En marche » voudrait nous faire marcher !
Notons en
préliminaires que si la bourgeoisie a réussi son coup – la
présence épouvantail de Le Pen au second tour – elle l'a
manigancé en toute modestie ; à preuve ses sondages qui
n'osent envisager guère plus de 60% à l'encravaté de service ;
les sondeurs (qui se vantent de ne plus se tromper depuis le premier
tour réussi à merveille) savent que la mémoire de l'opinion n'est
jamais totalement lobotomisée : si en 2002 « l'antifasciste »
« bandit Chirac » avait obtenu un 82% brejnévien c'est
parce que toute la gauche bourgeoise avait crié en faveur du « front
républicain ». La
quasi-totalité des candidats éliminés au premier tour, de la
société civile et des médias de masse avait appelé à voter
Jacques Chirac, explicitement ou non. Les lycéens de l'époque
avaient manifesté en masse pour dire non au fascisme, et puis une
fois l'agitation électorale terminée, tout était revenu comme
avant et le loup fasciste dans sa niche. Et, comble de malheur il y
eût en 2005 le viol des foules électorales françaises qui avaient
dit non au Traité de Lisbonne2.
Ces deux entourloupes électorales ont mieux décrédibilisé le
système démocratique bourgeois que nos meilleurs libelles
maximalistes.
Qu'à
cela ne tienne, « pas une voix ne doit manquer » à ce
« meilleur des mondes à défaut d'un autre », pire sans
doute...
Dans
ce cadre l'élimination systématique par sa diabolisation, du
candidat de la droite, Droopy Fillon, ainsi que la division
programmée des partis de gauche, eurent pour but d'éviter une crise
du régime d'alternance aléatoire, et même de plus en plus
aléatoire, ce qui ne signifie pas que le système n'ira pas dans le
mur. Dans ce cadre, nous sommes nombreux, de tous bords, à avoir
remarqué combien une Marine Le Pen a été tant choyée par les
médias aux ordres3,
jusqu'au seuil du deuxième tour où de chérie, un peu malodorante
sous les aisselles, elle est devenue une furie hyper dangereuse. Franchement
cela fait 2002 réchauffé ! Ce qui fait honneur aux lycéens
parisiens qui ont défilé derrière la pancarte « Ni Macron,
ni Le Pen » ; c'est moins brillant de la part des ouvriers
de Whirlpool qui se sont crus malins de faire des selfies avec la
mère Le Pen à Amiens4.
Une
lettre ouverte à la jeunesse par un des nombreux affolés sergents
recruteurs pour les obliger à ne pas s'abstenir et à voter pour le
pire candidat de la mondialisation bourgeoise (lettre à la jeunesse
insoumise par un géographe de Libé) va nous permettre de décrypter
que le pouvoir bourgeois repose sur un maquillage permanent de
l'histoire avec les ficelles les plus grossières, comme l'émission
sur l'anniversaire de 1917 l'a lamentablement révélé5.
HITLER
PRODUIT D'UNE GAUCHE DESUNIE ?
Je ne vais pas revenir sur l'historique de la théorie du front unique, théorie opportuniste qui a conduit les trotskistes à leur perte et qui a été si bien déshabillée comme position bourgeoise par les Bordiga, Damen, Vercesi et l'ensemble de la gauche communiste italienne. D'ailleurs, aux sources de l'inutilité d'un front unique entre bourgeois et prolétaires, on a l'exemple de la révolution russe, face au putsch Kornilov, où il n'est pas besoin pour les ouvriers de s'allier avec la bourgeoisie libérale (ou plutôt parce qu'elle est derrière et pas devant les ouvriers) pour défaire l'apprenti dictateur, eux-mêmes, en armes font fuir les bandes armées de la réaction. Il n'y a plus d'union possible au XX e siècle entre ouvriers et bourgeois alors que cela fût une étape inévitable dans la lutte contre le féodalisme. Lénine avait cru un temps à un front commun avec les mencheviques puis s'était rendu compte de son inutilité : malgré cet échec Trotski lui reprend l'idée à la pire des périodes de réaction des années 1930 et pire, sera donc l'un des générateurs de ce maquillage historique : la gauche en Allemagne n'a pas su s'allier pour empêcher les nazis d'accéder au pouvoir ! Un non-sens complet ! C'était quoi la gauche en Allemagne en 1932 ? Un parti socialiste qui avait fait massacrer les ouvriers en révolution dix ans avant et un parti stalinisé depuis pratiquement Kronstadt et encore plus avec la mort de Lénine ; les vilenies de la contre-révolution stalinienne s'étaient accumulées : proclamation du socialisme dans un seul pays, insurrections bâclées en Allemagne, coup de poignard dans le dos des communistes chinois, déportation massives des opposants au régime, premiers goulags, etc. Et c'est ce parti « communiste allemand » courroie de transmission de l'impérialisme russe qui n'aurait pas fait l'alliance nécessaire avec le parti socialiste qui avait envoyé les ouvriers à la guerre mondiale puis avait fait tirer dessus pendant les tentatives révolutionnaires de 1919 et 1923 ? Etrange « parti de gauche », si l'on veut suivre les ânes professeurs pour lycéens ignorants, qui s'allie selon les circonstances avec le parti nazi contre la social-démocratie... vertueusement démocratique (sauf quand il s'agit d'envoyer les corps francs contre les ouvriers berlinois, entre autres). On voit donc déjà comment la médiacratie utilise une période passée qui n'a rien à voir avec la nôtre : Mitterrand n'a pas été Noske ni Mélenchon Scheidemann, et le parti de Marchais n'est plus que l'ombre de la secte qu'il a été. C'est pourquoi en introduction je parlais de Jeanne d'Arc et de l'évêque Cauchon, il y a des comparaisons historiques vachement nulle. Orwell avait piqué cette citation à je ne sais plus qui : « qui maîtrise le passé, maîtrise le présent » ; c'est à peu près çà mais encore faut-il préciser : qui maquille le passé pose au dictateur du présent. Dans les coulisses rédactionnelles, les hommes du pouvoir les Plenel, Patrick Cohen, le pitre Hanoun s'activent férocement pour interdire l'abstention6. Les articulets angoissés se succèdent en une de Libération : « Lettre aux électeurs de gauche qui ne veulent pas voter Le Pen » (lettre qui n'engage pas la rédaction, sic), « Lettre aux lycéens insoumis », « Pas une voix ne doit manquer au candidat de la démocratie », etc.
Voyons l'actualisation du mensonge par un vague géographe :
« En
Allemagne dans les années 30, la victoire de Hitler fut
possible à cause de la faillite de la gauche. Le mouvement ouvrier
pourtant le plus puissant d’Europe ne fut jamais réellement
mobilisé. De cet aveuglement face au péril nazi, il en ressort un
refus absolu à vouloir s’unir avec les sociaux-démocrates pour
organiser la résistance. A l’époque le Parti communiste allemand
ne voyait alors le SPD que comme «un frère jumeau» du parti nazi,
sous prétexte que tous les deux ne «défendaient que les intérêts
de la classe capitaliste». La gauche allemande n’avait pas analysé
le péril réel que faisaient courir les nazis et lors du vote au
parlement le 23 mars 1933 de la loi instituant les pleins
pouvoirs à Hitler, les députés présents dans l’assemblée ne
firent pratiquement aucune contestation. Nous ne devrions jamais
banaliser le Front national, c’est pourtant ce qu’il se produit
aujourd'hui ». Et il termine cette fabrique mensongère de la
situation d'époque en Allemagne par cette étourderie méprisable :
« Chaque voix pour
la défense de nos valeurs républicaines comptera car c’est
uniquement sur ces bases que de profonds changements démocratiques
pourront s’engager. C’est de notre avenir en commun qu'il est
question et il se jouera grâce à vous ».
C'est
exactement le discours des puissants. C'est quoi leurs valeurs
républicaines ? S'en mettre plein les poches en persécutant le
couple Fillon pour ne rien changer au système d'enrichissement
personnel parlementaire. C'est uniquement sur « ces bases »
– vous ne pourrez jamais rien changer au système hi hi... « Notre
avenir en commun », lequel celui des planqués élus, des
patrons voleurs, des flics et magistrats ripoux ? Et cet
andouille de géographe qui veut « se jouer » de la
jeunesse...électorale car ce mot ne signifie rien, il est aussi
vague que le mot peuple. Il y a deux classes fondamentales qui font
référence pour la partie consciente de la jeunesse : la
bourgeoisie et le prolétariat. Vous pouvez vous acharner
journaputes, Hanouna, Pulvar, Patrick Cohen, et autres saltimbanques,
vous l'aurez dans le cul : on n'ira pas soutenir votre futur
chef de service ! Faudra que votre girouette de la finance
heureuse se contente de 51 ou 59 %.
RETOUR
SUR UNE HISTOIRE BACLEE
La
période du début des années 1930 est une période difficile,
contradictoire. Les années 1920 ont été celles d'une vague
révolutionnaire mondiale. Les PC sont devenus des partis de masse
mais sans la consistance des premiers petits groupes de communistes.
Dans notre langage à nous maximalistes on ne dit pas d'abord
victoire du stalinisme, à la façon ambiguë des trotskistes, mais
échec de la révolution en Allemagne en 1923, et cela est autrement
plus important que la mort de Lénine ou le bannissement de Trotski.
L'Allemagne restait le pays phare de la révolution mondiale ;
en décidant d'arrêter la guerre mondiale, secrètement et avant la
peur du bolchevisme, la bourgeoisie savait qu'elle diminuait d'autant
la propagation révolutionnaire au pays de Marx. Ce n'est pas Brest
Litovsk qui est le coup d'arrêt – la révolution ne peut pas non
plus s'étendre par la guerre – c'est la reprise en main de l'ordre
public en Allemagne par les ministres socialistes au prix du massacre
des ouvriers et du soutien d'une grande partie de la population qui
en avait marre des violences après celles monstrueuses de 14-18.
Dans cette situation il n'y a ni parti de gauche ni parti de droite
mais des groupements qui se réclament d'une classe sociale ou d'un
système. Les socialistes qui ont trahis en 14 se réclament de l'Etat
démocratique (qui fusille les ouvriers en armes). Les partis
communistes sont divisés – ils existent comme parties du
prolétariat pas comme une vague population hétérogène d'électeurs de gauche gouvernementeuse –
mais le principal d'entre eux est devenu inféodé à Moscou. Pour ne
pas parler des gens en général, mais des membres des partis
sincèrement communistes et qui ont rompu avec le principal
pro-Moscou, la dictature qui sévit en Russie n'est plus un exemple ;
même si leurs homologues des autres partis – on ne dit pas
« frères » encore – ne s'en rendront compte que bien
plus tard. Et il y a le mouvement fasciste qui surfe sur la fausse
défaite de 1918, dont les membres participent aux grèves contre les
ministres « socialistes » de Weimar. Le principal parti
communiste allemand n'est pas non plus entièrement stalinisé,
problème des époques charnières où tout n'est ni blanc ni noir.
Ce ne sont pas les équivalents de nos braves antifascistes de salon
qui combattent les premiers les nazis. Ont lieu des combats de
rue sans concession entre militants nazis et militants communistes.
En 1931, 103 militants communistes sont tués et 79 militants nazis.
Une partie des couches ouvrières et petites bourgeoises oscille
entre les partis communistes et le parti nazi. Peu d'historiens
prennent en compte que si le parti communiste pro-Moscou fait des
appels du pied aux militants du NSDAP, c'est parce qu'il y a bien une
« gauche nazie », anticapitaliste et dont les figures de
proue seront immédiatement éliminées par Hitler une fois au
pouvoir.
En
plus la plupart des menteurs modernes sur les conditions de
l'accession au pouvoir d'Hitler oublient une précision – ce ne fût
pas la victoire électorale en soi d'une présumée droite7
face à une gauche virginale8
mais ils radotent ce simplisme de Jacques Droz :
« De
cette évolution qui aboutissait à l’effondrement des deux grands
partis de la gauche allemande, c’est incontestablement le Parti
communiste qui porte la plus lourde responsabilité. En dénonçant
la social-démocratie, et non le nazisme, comme l’ennemi à
abattre, il avait certes contribué à assouvir les haines
personnelles de Staline, mais il avait fait preuve d’une servilité
et d’une cécité dont l’histoire doit lui demander compte ».
On
ne peut refaire l'histoire, tous les fronts populaires unis ou en
partie unis n'ont jamais empêché la catastrophe principale :
la guerre mondiale. Imaginer l'union de Noske et de Thalheimer pour
contrer Hitler c'est comme imaginer l'union de Pétain et l'Abbé
Pierre pour empêcher l'accession de De Gaulle au pouvoir ! Ou
l'Union de Léon Blum et Maurice Thorez pour empêcher la débâcle
de 1940 !
Gilbert
Badia, malgré ses accointances avec le PCF, fût un historien
autrement plus honnête ; j'ai eu l'occasion de le consulter à
deux reprises et sur le fond il faisait les mêmes analyses que notre
gauche communiste maximaliste. Il n'y avait pas une division de la
classe ouvrière par des partis de gauche concurrents, raisonnement
pingre des sondeurs limités de nos jours, mais des partis qui
représentaient des camps différents. Badia, que Jean Barrot n'a
fait que recopier, disait que les masses allemandes ne pouvaient
avoir oublié la répression sanglante des Spartakistes en janvier
1919, l'assassinat de Rosa et Liebknecht par les corps francs du
gouvernement constitué de ministres sociaux-démocrates. Par
ailleurs, en réprimant les Républiques de conseils, en faisant la
promotion d'un nationalisme qui préservait la figure d'Hindenburg,
des dirigeants sociaux-démocrates tels qu'Ebert ou Noske ont
favorisé l'émergence du mouvement national-socialiste. Selon
Gilbert Badia, comme pour la gauche italienne et les révolutionnaires
allemands et hollandais, c'est « l'écrasement de la Révolution
(qui) a rendu possible le développement ultérieur du
national-socialisme ».
Les
ignorants professeurs d'ignorance pour lycéens – qui eux ruent
pour une fois super bien dans les brancards de ramassage scolastique
électoral – orchestrateurs de cette lamentable campagne taillée
sur mesure pour un préfabriqué de l'ubérisation du travail, comme
depuis des décennies les divers militants gauchistes ou les divers
fans de la gauche gouvernementale, radotent ensemble que le nazisme
c'était « la réaction ». Du tout, répondait à leurs
semblables maquilleurs de l'époque, Trotski encore flamboyant :
« le nazisme n'est même pas la réaction, il vient parachever
le boulot que d'autres ont fait ». C'est tout dire. Il y avait
eu un avant, avant le nazisme, des politiques se réclamant, non en
soi de la gauche, mais de la classe ouvrière, qui s'étaient au
service des besoins criminels de l'Etat bourgeois. Les menteurs à
chaque époque veulent faire oublier les traîtrises d'hier pour que
leurs employeurs en perpétuent l'héritage.
Il n'y a absolument aucune comparaison possible entre la France de 2017 et l'Allemagne de 1932. Et l'installation de Hitler au pouvoir n'est absolument pas le résultat de l'arithmétique électorale. Plus que les autres pays, l'Allemagne (dans le camp mal loti des vaincus)souffre de cette crise économique mondiale que la guerre n'a pas réglée. Les chômeurs se comptent par millions et les brouettes sont pleines de billets sans valeur. L'industrie allemande licencie à tour de bras et diminue les salaires de ceux qui restent. C'est sur cette vague que le parti nazi se développe dénonçant le Traité de Versailles, mais pas seulement, il s'affirme anticapitaliste et anticommuniste. Hitler a un discours simple : "L'état de l'Allemagne est la conséquence du traité de Versailles, ce diktat imposé aux Allemands par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale. Ni le communisme, ni le grand capital ne peuvent sauver. Les Allemands doivent se ressaisir, reprendre en main leur destin d'Allemand". Il faut exporter ou périr, donc recommencer la guerre. C'est ce que souhaite totalement la bourgeoisie allemande.
En juillet 1932, de violents affrontements opposent les communistes pro-Moscou et scissions et les nazis avec complicités de la police. L'incendie du Reichstag apprêté par les hommes de main nazi (qui ont fait porter le chapeau à Van der Lubbe mais curieusement excusé le serviteur de Staline, Dimitrov) n'est que l'allumette du tonneau. Les allemands en ont marre de ce désordre et votent massivement pour le parti nazi aux nouvelles élections législatives, mais pas majoritairement. Le 31 juillet 1932, le parti obtient 230 députés et Hitler devient le chef du premier parti politique du pays.
De 1932 à 1933 se déroule une succession d'élections législatives
jusqu'à ce que, même minoritaire, et cela les faussaires d'une
présumée absence d'union antifasciste de la gauche oublient de le
mentionner (43% contre 12% aux staliniens) Hitler se voit nommer à
la tête de l'Etat pas par les électeurs mais par l'appareil d'Etat
allemand.
LE DICTATEUR est dicté (formule d'un camarade du PCint)
Une vraie comparaison celle-là cependant, comme de nos jours l'Etat bourgeois fait ce qu'il veut avec les stratégies électorales : il installe des dictateurs quand cela lui est nécessaire pour aller à la guerre, et il les désinstalle lorsqu'ils ne sont plus nécessaires. Là aussi nos menteurs professionnels en histoire actuelle effacent, quand, après avoir trituré toutes sortes d'arguments pour commander au vote obligatoire « antifasciste », un John Hufrangel nous assure, même fantasme hitlérien en tête » : « une fois au pouvoir il sera impossible d'en déloger Marine ». Ce qui est faux, si cela advenait avec le chaos promis il y a toutes sortes d'élections ou de référendums dans la boite à outils de l'Etat pour la faire dégager ; la France n'est pas la Turquie ni l'Iran. Enfin je le répète, la situation n'est pas du tout la même, pas de foules hystériques, pas de partis armés comme en Allemagne et en Espagne.
Mussolini a été viré par la bourgeoisie italienne dès qu'elle s'est aperçu qu'il entraînait le soulèvement des masses. Hitler a été l'objet de plusieurs attentats, certes raté, mais la bourgeoisie internationale y inclus le stalinisme a bien réussi à l'éliminer, et cela – même au prix de millions de morts – a été un bienfait depuis pour la pérennité de l'ensemble du capitalisme.
IL FAUDRAIT INTERDIRE L'ABSTENTION...
Longtemps, depuis des décennies, une des chansons des rabatteurs de la gauche et de ses gauchistes, fût « s'abstenir c'est favoriser le FN ». Bien que cela n'ait jamais été sérieusement démontré, il est sûr par contre que s'abstenir est la meilleure façon de conchier l'ordre bourgeoise des menteurs, des tricheurs et des voleurs. L'abstention ne veut pas dire qu'on ne se prononce pas, qu'on n'a pas envie de se prononcer, mais qu'il est impossible de s'exprimer dans un cadre puant, et que l'expression d'une volonté politique n'est que l'aboutissement d'une lutte, prioritairement de classe (du point de vue du prolétariat) quoique la classe ouvrière et nous on comprenne que la classe bourgeoise veuille garder ses prérogatives et conserver la soumission comme la noblesse avec ses serfs ; mais grand bien lui fasse si cela dure ! Il reste plus honorable de s'abstenir de participer au maintien de l'oppression en place que de s'abaisser à des votes « protestataires ». L'argument patriotard du « vous aidez le camp ennemi » est si usé que lorsqu'il nous est resservi plusieurs fois par jour sur la radio d'Etat ou BFMacron, car il se termine par l'insulte. Et nous fait pitié.
« Il
est particulièrement pénible d’entendre insinuer que des gens de
gauche pourraient tolérer une seule seconde l’idée de voir Marine
Le Pen présidente. Il est vrai que des personnes se plaçant dans ce
champ politique se complaisent dans une théorie du choc postulant
qu’une élection de Le Pen«remettre les choses
à plat», ou bien qu’au final, ça ne serait pas si grave car
«elle n’aurait pas de majorité pour gouverner». Mais ce
n’est même pas ces gens qu’un dessinateur de presse, Xavier
Gorce, vise quand il
estime que «qui ne vote pas Macron est un salaud. Point.»
Dans son esprit comme dans celui d’Enthoven et d’autres, le
simple fait de ne vouloir ni Macron ni Le Pen, «ni patrie ni
patron», comme cela a été écrit dimanche soir sur la place
de la République à Paris, le simple fait de se poser des questions
en réalité, suffit à caractériser une complicité insupportable
avec les idées d’extrême droite ». (citation d'un
rabatteur qui appelle les électeurs de gauche à penser par
eux-mêmes et non décompter la liste des soutiens élitaires au
chouchou des médias, donc aussi à voter Macron ! Hin hin).
permettrait de
Toujours le même remake comme en 2002 et 2012? |
Je
termine par cette réflexion sagace d'Attali, pourtant malheureux
avec son dérapage sur le « détail » de la fermeture
d'usine d'Amiens : « les médias font inconsciemment comme
s'ils voulaient que Marine gagne ».
1« Pas
une voix ne doit manquer au démocrate européen Macron a dit
Moscovici »... face au danger du FN.
2La
relation de l'événement réel est difficile à retrouver sur
wikipédia et google, il faut faire défiler moult éloges dudit
traité avant de tomber sur une info, soulignée ponctuellement
dans l'étroite presse révolutionnaire, et dont les héraults
dénonciateurs ne sont pourtant pas nos référents (Le Pen et
Mélenchon) :
http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2015/05/29/25002-20150529ARTFIG00111-dix-ans-apres-le-non-au-traite-constitutionnel-hollande-et-sarkozy-renvoyes-dos-a-dos.php
3Certains
médias en sont même gênés au point de questionner les lecteurs :
« les médias ont-ils été trop sympas avec Marine Le Pen ? »
Pose l'un d'entre eux.
4Images
abondamment relayées par les médias pour « prouver »
que les ouvriers « votent en majorité Le Pen » ;
mais même si c'est vrai pour une partie d'entre eux, cela ne
manifeste aucunement une adhésion fasciste mais leur désarroi et
leur colère. D'où qu'il est le parti qui défend les intérêts
historiques du prolétariat (je me fous du pouvoir d'achat) ?
Certainement pas chez le « mouvement patriotique » de
Mélenchon ni chez les vieux croûtons ringards du trotskysme.
5Il
faut saluer l'excellent article du CCI critique de cette émission
où Marc Ferro s'est révélé n'être au fond qu'un historien de
gouvernement ; le rédacteur a bien souligné comme moi cette
musique guillerette entre chaque séquence de l'événement en
Russie, afin de ridiculiser Lénine comme un planqué en Suisse. Et
lire ceci : front
unique, front anti-prolétarien :
http://fr.internationalism.org/book/export/html/1544 . Les références à la Seconde Guerre mondiale font toujours florès - pour simplifier la propagande et éviter qu'elle ramène aux réalités sociales - Macron va à Oradour (sic), Delanoë évoque lui aussi le parallèle miteux avec 1933, un édile du FN se fait virer illico du FN car risque de rediabolisation avec leur vieille contestation des chambres à gaz. L'histoire revisitée à des fins de réclame électorale, attention!
6Un
rare humoriste est censuré parce qu'il comprend l'abstention. La
plupart des autres hurlent de voter Macron, voire s'en prennent
lâchement à ce « petit monsieur Mélenchon »,
contraint de se ranger du côté de l'abstention pour ne pas se
ridiculiser comme les autres et garder quelque crédit à ses
électeurs pas si insoumis qu'ils le disent.
7Bordiga
a démontré que le fascisme n'est pas la droite mais la bourgeoisie
unie dans la volonté d'aller à la guerre.
8En
charge du pouvoir capitaliste au moment de la pire crise économique
de l'histoire, non maîtrisée, plongeant les allemands dans une
misère terrible propre à être exploitée par les pires
démagogues.