"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 31 décembre 2022

LA CONTRE REVOLUTION SEXUELLE FEMINISTE ET SA GENESE STALINIENNE



« Dans sa lettre à Trotsky, Wilhelm Reich proposait une discussion dans le but d’organiser une collaboration de longue durée entre eux qui représentaient, pour Reich tout au moins, les deux grandes formes de la lutte révolutionnaire, l’émancipation politique du prolétariat et la libération sexuelle de l’humanité ».

En Russie, les recherches et les réformes révolutionnaires sur la sexualité et le contrôle des naissances, avant-gardistes dans les années 1920, sont devenues illégitimes dès le début des années 1930 avec la mise à nouveau en avant du culte de la procréation familiale ; la question sexuelle n’était plus considérée que comme une déviation individuelle petite bourgeoise, comme la question hétérosexuelle est devenue de nos jours le péché suprême qu’il faut éradiquer. Dans les années 1960-1980, c’était surtout la baisse de la natalité et le « double fardeau » – domestique et professionnel – des femmes qui faisaient problème. Les comportements familiaux semblaient étrangers à la logique de la planification, et les sciences sociales étaient travaillées par la perspective d’un art de gouverner d’orientation plus libérale. Il s’est alors formé un clivage entre une conceptualisation du changement social en termes de « modernisation » – démographique, sexuelle... – à accompagner, ou de « crise » à enrayer. Cette « révision » était du même ordre que la wokisation qui commençait à se développer en Occident[1].

Le projet d’un gouvernement du genre et de la sexualité éclairée par les sciences sociales avait été au début de la contre-révolution stalinienne évacué quand l’Etat dictatorial décida que la « question des femmes » et la « question sexuelle » étaient décrétées résolues. Cette idée que la « question des femmes » pourrait être résolue ou enfin vraiment posée sous le capitalisme est une des idées phares reprise au stalinisme par nos féministes décadentes. Et que leur agitation wokiste révisionniste serait utile à toutes les femmes et pas seulement un prêt à penser pour mode de vie bobo.

La « radicalité » obséquieuse d’une Sandrine Rousseau reprend à la base le même type  de discours moral et sectaire de la femme de Thorez, si vous remplacer « masses populaires » par « les femmes » (en général) :

« Le ''Birth control'' est dirigé non seulement pour couvrir les crimes du capitalisme, non seulement dirigé contre les travailleurs et pour justification du colonialisme. Il est un grave danger pour la nation... Le ''Birth control'', la maternité volontaire, est un leurre pour les masses populaires, mais c'est une arme entre les mains de la bourgeoisie contre les lois sociales. Non, les communistes ne peuvent considérer la recherche de solutions individuelles contraires à la nation. Il faut rechercher les solutions collectives aux difficultés des masses populaires, aux misères des masses populaires, les solutions conformes à l'intérêt de la classe ouvrière, à l'avenir de la nation » : Jeannette Vermeersch.

Ce contrôle des naissances est d’ailleurs considéré par le mouvement islamo-gauchiste comme parfaitement réactionnaire ; par le passé un animateur de télévision, décédé, qui avait osé parler de ce contrôle pour l’Afrique, s’était fait agonir comme fasciste. Or, depuis la nuit des temps toutes les sociétés ont plus ou moins pratiqué ce « contrôle ». Il ne faut pas réfléchir, comme aux beaux temps du stalinisme mais penser par décret avec ce mouvement inconsistant et hétéroclite et raisonner par décrets : « ce mouvement américain révisionniste qui, après avoir gangréné l’aile gauche du parti démocrate américain, s’est métastasé dans tout le pays avant de s’exporter en Europe. En France, il est indigéniste, écolo-gauchiste, néo-féministe. La censure est son glaive. La morale est censée être son bouclier »[2].

Or ce n’est pas vrai, le mouvement est parti de l’effondrement du stalinisme comme le démontre Mona Claro[3]. Russe et puis américaine la vague révisionniste sexuelle est dénoncée fort justement par Pascal Bruckner : « Tout ce que nous avions gagné depuis un siècle, et d’abord que la société cesse d’intervenir dans nos amours, risque d’être remis en cause au nom de la sécurité des femmes et des enfants (…) Le juge et l’avocat ont remplacé le prêtre et le confesseur comme ordonnateurs des convoitises et sont devenus, aidés par ce Grand Autre que sont les réseaux, les vrais tiers adultérins au sein des couples »[4]. La contre-révolution islamique, qui s’est développée partout après la chute du « socialisme réellement existant » - et je pense que ce phénomène est issu directement de la décomposition du stalinisme comme le féminisme dégénéré, tout en gardant le même sectarisme moralisateur - va de pair avec l’idéologie féministe décadente qui fait de la femme un objet intouchable ; comme le soulignent leurs amis Ramadan et Laacher :

-        Tariq Ramadan : « Si tu regardes une femme en maillot de bain, tu iras en enfer » (lui ne se contentait pas de regarder mais trouvait normal de violer) ;

-        Smaïn Laacher : « Lorsqu’on est une femme arabe, aimer en toute liberté reste un acte hérétique (…) se prétendre féministe c’est faire preuve  (…) d’occidentalisation dans ce que l’Occident aurait de pire : l’émancipation politique des femmes »[5].

LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE EN RUSSIE QUI AVAIT POSE LES VRAIS PROBLEMES

Dans les décennies qui avaient suivies l’abolition du servage (1861), un capitalisme industriel embryonnaire avait donné naissance à un prolétariat urbain, déniaisant les normes de la communauté et de la famille rurale, déstabilisées en premier lieu par les migrations – l’autorité des hommes sur les femmes, ainsi que la nécessité d’une fécondité élevée, allaient de moins en moins de soi. C’est surtout après la révolution de 1905 que se développent les problèmes autour des mœurs familiales et sexuelles des classes laborieuses si potentiellement « dangereuses » : médecins et juriste s’interrogeaient doctement sur les naissances hors-mariage, les abandons d’enfants, l’infanticide, l’avortement, la prostitution, les maladies vénériennes qui croissaient dans les villes.

Dès la première révolution de 1905, en même temps que l’affirmation de la classe ouvrière, la remise en cause de la famille patriarcale, orthodoxe et ses hypocrisies accompagna la révolte politique. Ce que Trotsky avait nommé « le privilège de l’arriération historique », c’est-à-dire une situation retardataire en Russie, par rapport à l’Europe, et qui obligeait à faire des bonds historiques dépassant les faibles avancées en Occident. D’ailleurs, contrairement à tous ceux, même parmi nos maximalistes « éclairés » chirikistes, qui s’acharner à dénoncer, post festum, un Etat bolchevique comme réactionnaire du début jusqu’à la stalinisation, ce n’est pas vrai comme le démontre Mona Claro :

« Comme l’a souligné l’historien Peter Holquist, parmi les élites, beaucoup « soutenaient que la Russie pourrait éviter les écueils qu’avaient connus les sociétés qui avaient déjà fait l’expérience de l’industrialisation, ce que Trotsky a plus tard appelé ‘le privilège de l’arriération historique’. Par ailleurs, selon Holquist :

« Beaucoup […] ont soutenu l’État soviétique moins par adhésion au bolchevisme que dans l’espoir que l’État applique leurs programmes progressistes. […] L’étatisme bolchevique, l’accent mis sur l’État comme outil essentiel pour accomplir la mission première d’éclairer les masses ignorantes de Russie, s’inscrivaient dans un large courant de la culture politique russe. Ce courant qui préexistait parmi les élites éduquées de Russie explique en grande partie l’importante participation d’experts non bolcheviques […] aux projets de l’État soviétique »[6].

Nombre de commentateurs superficiels veulent décrédibiliser les premiers bolcheviques comme nunuches en matière sexuelle. Ils ont tout faux. Le plus subtil d’entre eux, comme en témoigne Vera Zassoulitch, Lénine, contestait la vision irénique selon laquelle l’amour dans le communisme serait comme « boire un verre d’eau »[7]. Preuve que Kollontaï n’était pas si marginale qu’on l’a affirmé. Ce sont par exemple les « autorités étatiques » bolcheviques qui font ouvrir des cliniques pour réaliser des avortements gratuits.

LA QUESTION FEMININE MINOREEE PAR LE VIEUX MOUVEMENT OUVRIER ?

Dans son intéressant ouvrage, Miche Garbez rappelle clairement pourtant la nature bourgeoise du féminisme dès ses origines :

« Parallèlement au développement de ce féminisme, les Il femmes du peuple", et notamment des villes, se révoltent sur une base radicalement différente. Si certaines d'entre elles se révoltent pour acquérir une plus grande indépendance, dans ce que la littérature du XIXC siècle appelle « le dévergondage sexuel", la grande majorité lutte pour de meilleures conditions de vie en participant aux mouvements contre la famine. Aussi n'y a-t-il pas de contacts entre les courants féministes bourgeois et les mouvements de révolte des Il femmes du peuple". D'un côté, les féministes bourgeoises posent la question de l'égalité et de la liberté de la femme dans le système capitaliste à l'intérieur duquel elles revendiquent leur place à part entière; elles posent leur situation en termes de liberté et d'égalité, c'est-à-dire dans un système politique et en fonction d'une idéologie, la démocratie. Car la bourgeoisie a installé la démocratie en consacrant, à travers son pouvoir et son discours, l'inégalité des femmes. De l'autre côté, les « femmes du peuple" combattent les « affameurs", les riches, puisqu'elles sont en première ligne pour subir les conditions de vie imposées par le développement du système capitaliste. Elles n'ont pas conscience de leur situation de femmes elles se considèrent comme des « affamées ". Ce sont les socialistes utopiques qui s'emparent au plan théorique de la question féminine. Ils posent la question du rapport entre l'émancipation sociale des exploité(e)s et la libération des femmes dans tous les domaines. Après eux, des militantes, comme Flora Tristan, développent ce féminisme qu'on qualifie de socialiste. Puis les marxistes, minoritaires, tentent d'inscrire la question féminine à l'ordre du jour des préoccupations du mouvement ouvrier ».

Cet auteur, non seulement reste sur la position bourgeoise féministe d’une organisation « à part » des femmes exploitées (et avec des bourgeoises) mais raisonne en grande partie à partir de ce qui est acquis aujourd’hui, sans tenir compte des conditions de l’époque et où il a fallu du temps, même aux masses d’ouvriers exploités, pour comprendre la situation inique socialement, politiquement et sexuellement de la femme, mais cela ne doit pas inverser l’ordre des priorités politiques : dans le combat pour la libération politique est contenu celui pour la libération de la femme et de la sexualité, pas l’inverse ; c’est ce positionnement inverse chez KollontaÏ qui indignait à juste raison Lénine.

Michel Grabez est génial cependant de nous rappeler que le féminisme aujourd’hui reste bourgeois :

« A l'heure actuelle, on peut repérer au sein des mouvements de libération de la femme la résurgence de ces ambiguïtés sociales et politiques qui traversent l'histoire des courants féministes, avec deux courants solidaires et contradictoires : un courant bourgeois et un « courant populaire". Le « courant bourgeois » refuse le statut économique, social, juridique, politique et sexuel de la femme, organisé et vécu dans la société et la famille, mais en ne visant que l'insertion égalitaire de la femme sans mettre en cause, tout au moins immédiatement, le système capitaliste; il postule l'existence d'une condition féminine, celle des femmes des différentes catégories sociales, et en même temps, une solidarité face au « pouvoir mâle »[8].

L’origine de l’ouverture en France à un féminisme intégré idéologiquement et…électoralement remonte aux premiers pas du « Front populaire » en 1934, où laissant de côté la présumée dictature du prolétariat, le PCF s’ouvre à toutes les couches sociales des artisans et des petits commerçants aux masses féminines « en général ». Toute la fabrique d’un siècle de mystification de l’idéologie de la gauche bourgeoise est le produit de ces années : le fascisme devient un ennemi supérieur au capitalisme (c’est d’ailleurs Staline qui l’affirme en proposant de s’allier avec les principaux impérialismes, mais pour choisir la complaisance envers le nazisme), les gens en général peuvent choisir (individuellement) dans les urnes un éventuel changement d’orientation de la société… sous la fable d’un « communisme international » dans… un seul pays… impérialiste !

Partout le PCF fait savoir qu’il est le seul à se préoccuper des femmes (en général) alors que rien ne change pour elles (comme aujourd’hui, malgré les délires des fémino-wokistes, toujours autant de femmes sont violées ou tuées) ; dans un cadre où il reprend à son compte une série de valeurs traditionnelles, comme la nation, l'intérêt national, la morale sexuelle, que la bourgeoisie est, selon lui, incapable de défendre, pour leur donner leur « véritable» signification. De plus, lors des stratégies d'«union », il identifie parfois ses propres objectifs avec la réalisation de ces valeurs comme le montreront les discussions autour de la morale sexuelle qui ont précédé le XXIIe Congrès de Saint-Ouen (février 1976) (comme les NUPES de nos jours). Dans ce cadre, la majorité des femmes sont considérées comme opprimées et exploitées par le système capitaliste ; elles représentent une masse d'électrices pouvant concourir à la victoire de la gauche, le parti communiste étant le premier parti de l'« union» et le seul qui défende « réellement» leurs intérêts. Il se tourne alors vers les femmes des classes moyennes, niant les contradictions entre les « travailleuses manuelles et intellectuelles» et ces dernières; ces catégories et leurs préoccupations disparaissent derrière telle ou telle entité abstraite, les classes moyennes, les couches antimonopolistiques, la paysannerie, le petit commerce et le petit artisanat. Et il développe un certain nombre de qui cachent le fait que, par essence, ces catégories ne sont pas des alliées de la classe ouvrière ; il existe un prolétariat mythique... féminin opposé au capitalisme.Le discours a pour fonction d'organiser et de mobiliser les femmes en vue de la réalisation d'une stratégie (électorale) ».

En réalité il s’agit d’un féminisme ouvriériste qui ridiculise tous les progrès d’avant-garde du mouvement ouvrier et révolutionnaire  jusqu’à la fin des années 1920 .

« A mesure que la question féminine se (posera) dans la société, et notamment
depuis les années 1970, les femmes sont intégrées dans les organes décisionnels, mais en tant que travailleuses ; les femmes des autres catégories sociales restent confinées, même pendant les périodes de stratégie d' «union ", à la périphérie du parti. Il en résulte une non-spécificité de l'activité en direction des femmes, renforcée par le fait que le
parti reproduit un conformisme militant ouvrier qui renvoie à un comportement ouvrier et à une morale ouvrière uniformisants, et élude toute nouvelle question touchant la condition féminine. Ainsi, il mobilise les femmes sur des thèmes et sur des revendications qui ne leur sont pas propres; les revendications sont intégrées aux revendications générales, plus particulièrement pendant les périodes où, s'éloignant de «la ligne du pouvoir ».

En réalité l’antifascisme est un aspect de la mobilisation pour la guerre auquel on ajoute la mobilisation des femmes dans un cadre nationaliste, ce qui est toujours le cas avec nos féministes décadentes. Dans un même souci féministe bourgeois, Jacques Duclos, favorable à la main tendue aux femmes catholiques (comme la main tendue de nos gourdes aux femmes voilées)  préfère même la constitution d'une amicale des ménagère à la consolidation du Comité des femmes contre la guerre et le fascisme. La lutte contre la vie chère étant plus liée aux préoccupations quotidiennes des femmes (10) et plus mobilisatrice. C’est encore un trait commun entre stalinisme et féminisme actuel de, finalement, pousser à exclure de la politique les femmes au nom de leur spécificité et de la barbarie des hommes, bien supérieure au capitalisme. C’est la même idéologie féministe nationaliste qu’on retrouve dès la Libération dans les directives de préparation des élections municipales et cantonales provisoires du début de 1945, les staliniens proposent des listes communes savamment dosées, associant les femmes de l’appareil qui représentent les différentes couches sociales et les organisations patriotiques locales.

LE FEMINISME STALINIEN

Le rôle des femmes des chefs bureaucrates du PCF reste passé sous silence jusqu’à ce qu’on s’intéresse à la biographie de la sardine Ruisseau de l’époque, Jeannette Thorzez-Vermeersch, qui est à l’initiative d’une plus grande représentation des femmes… staliniennes dans les bureaux du parti, le chiffre le plus significatif sera atteint en 1972, mais la participation des femmes au fonctionnement de l’appareil demeure aux niveaux inférieurs. Les staliniens de la période de reconstruction sont très pudibonds, ils sont très éloignés de la tolérance bolchevique qui respectait l’homosexualité.

C’est sur le plan moral que les staliniens pensent pouvoir régner éternellement contre les perversions sexuelles de la bourgeoisie, de la même manière que nos féminos-islamistes adoubent burkini pour les femmes et jupes pour hommes musulmans ; ce qui fonde donc là aussi la remise en cause d’un genre prédéfini (grâce sans doute au coran) :

« Le militant et la militante sacrifient au conformisme moral. Si, en 1960, il est encore mal vu dans les organes du parti de vivre ensemble sans être marié , actuellement, il ne condamne plus ceux de ses militants et celles de ses militantes qui tentent d'accéder à un nouveau type de relations sexuelles. Cependant, il ne veut pas se couper de sa base militante qui n'est pas prête à recevoir ces expériences; dans les réactions aux propos d'un jeune lycéen communiste sur la sexualité,
dans un reportage de L'Humanité-Dimanche, il est dit qu'il faut inspirer le respect pour mener une lutte politique efficace, qu'il faut donner l'exemple aux autres par son comportement quotidien, que les propos d'un communiste doivent cadrer avec la morale; pour beau- coup de militants, il faut avoir une vie et une conduite exemplaires quand on est communiste ».

Quatennens peut s’estimer heureux de n’être que salement persécuté, à l’époque on l’eût envoyé au goulag, quoique à mon avis, certains députés alcooliques staliniens d'époque ne voyaient rien de mal à tabasser une femme s’il y avait infidélité… au parti.

Dans les années 1960 on est encore toujours plus près de la morale de 1935 où la morale « communiste » fustigeait le « droit au chaos sexuel » , le «dévergondage », apanage de l' «anarchisme individualiste et bourgeois» et de la moralité «petite-bourgeoise fasciste », la «morale petite-bourgeoise égoïste»; la liberté sexuelle était encore synonyme de la «théorie du verre d'eau». Dominique Desanti décrit une situation comparable aux inquisitions de nos féministes dégénérées :

« J'ignorais encore, connaissant peu de "cadres" de l'appareil, l'inquisition de la vie privée, les amours décapitées sur ordre, les responsables "remis à la base" pour liaison dangereuse ... ou simplement parce que l'épouse, bonne militante, s'était plainte des "mœurs indignes d'un communiste ».

La morale stalinienne fait appel aux idées puritaines qui fondent l’incompatibilité de la future société communiste avec le plaisir, comme nos féminos-puritaines ont décrété que les rapports hommes-femmes hétéros étaient désormais incompatibles, voire condamnables car supposant automatiquement une oppression de la femme.

La question féminine à l’époque stalinienne a bien des ressemblances avec le révisionnisme féministe actuel, parle à mon cul j’ai mal aux oreilles. Pour une affaire montée par la police de Macron et la magistrature complice, la chasse au Quatennens, voire des indignations de salon contre le meurtre ou le viol quotidien de pauvres femmes, la militance féministe ne s’intéresse aucunement aux vrais sujets gravissimes, comme la gauche bourgeoise en général et leurs petits gauchistes : aucune manifestation de rue, répétée et vindicative, contre la guerre en Ukraine, contre le sort des femmes en Iran et en Afghanistan… ces gens-là font penser à la passivité des peuples européens sous le nazisme et mériteraient bien une guerre mondiale pour ouvrir les yeux et se battre ! De la même manière, experte en détournement féministes, la principale gouroute du PCF et femme exemplaire du couple Thorez, sait être machiavélique :

« Vu les problèmes politiques posés au parti tant au plan national qu'au plan international, J. Vermeersch a l'idée de lancer une campagne sur le caractère réactionnaire de la contraception. Selon Dominique Desanti, elle ajoute dans le privé deux autres considérations : d'une part, plus les prolétaires ont d'enfants, plus ils trouvent leur misère insupportable et plus ils sont combatifs; d'autre part, aux communistes sûrs, elle prétend qu'en discutant de l'avortement et de la contraception ,les cellules oublient Staline ».

Le PCF de cette époque reste la référence pour le petit Zemmour car il restait hostile à la limitation des naissances comme au divorce, mais pas encore pour déplorer l’immigration massive et musulmane ultérieure. En matière sexuelle, la mère Vermeersch est aussi répugnante que la fulminante Sardine Ruisseau :

« J. Vermeersch déclare à D. Desanti : «Ecoute, je ne pourrais pas leur dire, mais tu sais bien que chez nous, dans le Nord, les filles ne les prennent jamais leurs précautions, elles n'ont pas de salles de bain et elles font l'amour n'importe où! ». (ln D. DESANTI, Les Staliniens, op. cit., pp. 321-322). Par ailleurs, quand J. Derogy demande à J. Vermeersch ce qu'elle entend  par «vice bourgeois» en parlant de la contraception, elle lui répond qu'i !faut pratiquer la sodomie, signe de «décadence bourgeoise », pour ne pasavoir d'enfants quand on fait l'amour. (V. interview de J. DEROGY, op. cit.) ».

Au début des années 1970, certainement poussé par l’explosion de mai 68, le PCF en revient à un langage plus marxiste s’intéressant plutôt à la condition ouvrière des femmes plutôt qu’à la condition bourgeoise des nanties mais cela reste associé à « l’intérêt national ». De même est laissé de côté tout droit à l’épanouissement sexuel, que revendique de nos jours de plus en plus de femmes vieillissantes qui, entre 60 et 80 ans envahissent les sites de rencontre ; à l’époque Vermeersch les aurait traitées de vieilles putains ! Ce qui n’est autre que la pensée de la transgenre débile Sardine Ruisseau.

L’auteur résume très bien l’idéologie commune à la morale wokiste et stalinienne :

« Si elle recouvre toujours quatre aspects - une politique économique et sociale, le domaine de la contraception, le domaine de l'éducation sexuelle et la question de l'avortement -, une évolution est perceptible. Chez les intellectuel (le) s, le droit au plaisir vient interférer avec le droit à la maternité; le libre choix entre avoir ou ne pas avoir d'enfants perd l'ambiguïté qu'il a dans l'opposition de deux libertés, une liberté positive et une liberté négative : il faut assurer à la femme et le droit au plaisir sexuel et le droit à la maternité. Mais, pour les communistes en général, il y a deux termes dans le droit à la maternité : la liberté, c'est-à-dire le choix du nombre d'enfants et du moment de la naissance, concernant la femme, et la responsabilité, c'est-à ·dire le devoir de procréation, intéressant l'intérêt national. A travers ce droit, on revient à la question de la conciliation de l'individu et la société, l'intérêt national se substituant à l'argument démographique des années d'avant-guerre et de 1956. Le parti communiste revendique la liberté d'avoir des enfants qui n'est pas réalisée dans la société actuelle, liberté individuelle et sociale qui n'est pas réelle dans son existence même; la liberté de pouvoir faire l'amour et de ne pas avoir d'enfants est l'autre terme qui n'est pas abordé car la sexualité féminine déborde le cadre de la maîtrise de la fécondité et déborde les problèmes de la lutte des classes ».

On pourrait en conclure que comme la sexualité et le plaisir, la lutte de classes n’est pas simplement boire un verre d’eau mais qu’en tout cas la génération actuelle soit ne veut plus faire d’enfants vu le train dramatique où va le monde, soit ne veut en produire qu’un ou deux mais à la trentaine. De ce point de vue la promotion de la natalité sans contrainte du PCF n’est plus qu’une vieillerie (sauf en Afrique) et le puritanisme fulmino-wokiste n’empêchera jamais hommes et femmes hétéros de s’éclater au lit ou dans les bois.

 

 

PS : sur la question de la pornographie et de la prostitution. La question de la prostitution ne fait plus l’objet de l’indignation universelle grâce en particulier à la pornographie devenue principale distraction des jeunes et des  vieux sur internet. Avec le mouvement des  prostituées de Lyon en  1975 sur lequel les staliniens ont été  peu loquaces et dans les différents articles, ils rappelaient  les raisons économiques de la prostitution par un parallèle établi entre l'augmentation du nombre des prostituées et le début de la crise économique. Une banalité bien partagée qui expliquerait tout mais toujours en ignorant le pourquoi cette perpétuelle recherche du plaisir chez le genre humain. D'une part, les staliniens s'interrogèrent sur la signification du mouvement du fait que les prostituées ne mettaient pas en cause les proxénètes, et même niaient
leur rôle : même questionnement que nos tarées fulmino-féministes. D'autre part, ils se désolidarisent de leurs revendications strictement «corporatistes»; la remarque n'est pas sans rappeler celle faite par Lénine à Clara Zetkin à propos de la tentative d'organisation
des prostituées prônée par Rosa Luxemburg. Dernièrement, bien plus grave que l’affaire Quatennens, on apprenait qu’il y avait eu  ces dernières années de nombreux abus sexuels au sein du moraliste PCF ! Même devenu minoritaire il contient encore de nombreux beaufs !

 

 

NOTES

[3] « Finalement, les discours des sciences sociales sur le genre, la famille et la sexualité se sont largement diversifiés au cours du « dégel » et de la « stagnation ». D’un côté, on voit émerger un discours abondamment médiatisé sur la « crise » des rôles de genre (« masculinisation des femmes » et « féminisation des hommes »), qui s’accommode sans peine du cadre d’analyse marxiste – il suffit d’invoquer les difficultés d’ajustement de la superstructure sociale par rapport à l’infrastructure économique (« otstavanie soznaniia ot bytiia »). De même, à partir des années 1960, de nombreux pédagogues et psychologues, parfois des sociologues et des démographes, recyclent le même stratagème discursif pour légitimer un discours normatif sur la complémentarité hiérarchique entre les sexes : il s’agit d’une « obscure » citation de Marx « exhumée » d’un questionnaire ludique que lui avait fait remplir sa fille, où il répondait que sa « qualité préférée chez un homme » était « la force », et « chez une femme », « la faiblesse ».

[4] Un couple presque parfait, p.75.

[5] Le viol des femmes blanches, de surcroît allemandes et forcément dominatrices, serait normal selon un des frères Fassin, deux des idéologues les plus prisés de la planète islamo-gauchiste, concernant les agressions sexuelles à Cologne, ce blaireau ose déclarer : « Les agresseurs de Cologne ont toujours connu chômage et misère sexuelle ; c’est pour cela qu’il ne faut pas les juger hâtivement. C’est l’émancipation des femmes du monde musulman qui explique la frustration des hommes musulmans. Le raidissement patriarcal et machiste dans les pays arabes est la conséquence de l’émancipation des femmes ». Fer de lance de l’islamo-féminisme, Houria Bouteldja ajoute : « Nous ne sommes pas des corps disponibles à la consommation masculine blanche ». Pauvre cruche... Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse!

[6] Interpréter et transformer ? La « question des femmes » et la « question sexuelle » dans les sciences sociales soviétiques : https://journals.openedition.org/clio/12347

[7] Mais Lénine reste nunuche, voire père de la sexopathologie,  quand même comparé à la lucidité de Trotsky : « En tant que communiste, je n'ai pas la moindre sympathie pour la théorie du verre d'eau, même quand elle arbore cette belle étiquette de "libération de l'amour". D'ailleurs, cette libération de l'amour n'est plus une chose nouvelle, pas plus qu'elle n'est communiste. Rappelez-vous qu'elle a été prêchée dans la littérature au milieu du siècle dernier, comme l'"émancipation du cœur". Dans la pratique de la bourgeoisie, cette "émancipation du cœur" s'est révélée en fait comme l'"émancipation de la chair". Trotsky combattait déjà Jdanov en 1923 en défense de Freud. Dans sa correspondance avec Wilhem Reich, qui se flattait d’être membre de l’Opposition de gauche, Trotsky approuve Reich mais souligne ses limites politiques. On sait aussi, mais plutôt pour amuser la galerie intellectuelle, il réalisé par la suite un manifeste culturel avec le guru germanopratin André Breton.

[8] LA QUESTION FEMININE DANS LE DISCOURS DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS : https://extra.u-picardie.fr/outilscurapp/medias/revues/11/garbez.pdf