« N'attaque
pas des troupes qui débordent d'esprit combatif.
Ne
mords pas à l'appât que te présente l'ennemi.
N'entrave
pas une armée qui s'en revient chez elle.
Ne
manque pas de laisser une issue à une armée encerclée.
N'attaque
pas une armée acculée ».
SUN
TZU (V e siècle)
Le
Point pose la question suivante : « Les gardiens de prison
sont-ils oubliés et méprisés par les pouvoirs publics ? ».
Réponses : 87% de oui !
Rarement
une grève de « prolétaires » (en prison eux toute leur
vie contrairement à la majorité des détenus) aura été aussi
populaire ces dernières années, avec ambiguïtés à la clé... du
parloir. Pourtant on la maintient sous le boisseau, on évite de la
mettre en une de l'actualité depuis plusieurs jours dans l'espoir
qu'elle s'étouffe elle-même cette « grogne » !
Le
travail est une prison. La classe ouvrière passe la plus grande
partie de sa vie en prison, sans barreaux mais aussi avec de nombreux
matons, forts prisés ceux-ci des patrons. En prison, la vraie,
sinistre, sale et bruyante, on trouve aussi une majorité de gens qui
ne devraient pas y être. La prison semble plus n'être qu'une annexe
de l'hôpital psychiatrique. Historiquement, la prison n'est pas
inutile. C'est même une industrie florissante en régime
capitaliste. Elle crée de nombreux emplois, permet aux magistrats et
avocats de s'enrichir. Elle protège relativement la population des
tueurs obsessionnels. Ce n'est pas demain la veille qu'elle
disparaîtra. Les gens l'ignorent mais elle est encore plus utile en
période de révolution ; si généralement les révolutions
ouvrent stupidement grandes les portes des prisons, relâchant tous
les tarés et criminels dangereux – ce qui permet nombre de
massacres inutiles et à ridiculiser la révolution - c'est aussi
pour les refermer sur les exploiteurs du peuple et du prolétariat,
supposés ou complices, sans forcément grande mansuétude ni
clairvoyance
On
compta rapidement une centaine établissements pénitentiaires en
grève, environ 7000 grévistes, soit un quart du personnel des
« matons ». Nulle part dans l'industrie, les services
publics et la classe ouvrière en général il n'y eu d'appel à la
solidarité avec les « matons en grève ». L'opinion
silencieuse elle approuvait, en silence et en catimini comme
toujours. Le sujet ventriloque resta secondaire dans le listing des
actualités ; initialement la protestation des taulards contre
cette grève avait eu la primeur, au point qu'on supputait encore à
de possibles nouvelles émeutes des taulards, pas du tout à une
conséquence d'irresponsables et méprisables... grévistes
d'une profession peu recherchée1!.
Que nenni, de même que tout délinquant porte plainte
automatiquement désormais contre tout policier sujet à caution, le
premier souci des taulards et du gouvernement fût de mettre en cause
les « matons ». Nos détenus pour crimes divers ont eu la
compassion et les faveurs de la presse bourgeoise dans la mesure où
ils se montraient aussi intolérants que n'importe quel syndicat
jaune et le gouvernement de l'élite. Puis black-out sur la colère
légitime de surveillants agressés et blessés grièvement au
couteau.
Le
sujet n'est pas populaire dans nos banlieues ? N'était-il pas
plus urgent de suivre les conférences du président des bobos et des
gros capitalos ? Not'gouvernement n'a-t-il pas assez de soucis
avec les marginaux de NDDL ? Et sa lutte impérialiste dite
« anti-terroriste » si préoccupante sur les
théâtres lointains de ses « chasses gardées »?
Pourquoi les
« matons » n'auraient-ils pas le droit, eux aussi, de
faire grève ? Ne sont-ils pas des prolétaires comme tout
cariste ou métallurgiste ? Ne réserve-t-on pas prioritairement
pour nos jeunes d'Outremer la profession de « surveillant »...
de prison en métropole et là-bas, comme promesse de mutation à
l'avenir pour finir carrière dans les îles ? N'est-ce pas du
racisme de faire tabasser par les flicards une majorité de
travailleurs « de couleur » ? Et ces flicards qui
tapent sur une profession voisine de la leur (dans l'opinion)
n'ont-ils pas honte de frapper des « collègues », qu'ils
devraient remplacer derrière les grilles si jamais les pauvres
« surveillants » en venaient à organiser des « journées
portes ouvertes » pour que les taulards puissent rejoindre
leurs familles et leurs amantes dans la rue ? (cf. dessin de
Charlie). Même si désormais les matons paradent le 14 juillet sur
les Champs Elysées, aux côtés des policiers, ils ne sont pas de la
même engeance.
La
profession la plus méprisée de nos jours n'est plus celle de flics
ni de patrons, ni le statut d'étudiant, c'est celle de maton, vigile
et divers autres gardes chiourmes ; les matons eux-mêmes
méprisent leur profession de merde mais faut bien survivre avec 1400
balles/mois. Pourtant la bourgeoisie a bien besoin de ces « gardes
du corps » pour assurer sa protection, mais c'est bien parce
qu'elle les méprise comme ordinaires valets exposés à tous les
dangers et même à la mort pour protéger des maîtres impavides,
qu'elle peut feindre de ne même pas se soucier des murs couverts de
pisse des prisons et des commissariats. Dans ses palais dorés, loin
des mauvaises odeurs, les édiles capitalistes s'en donnent à cœur
joie avec leurs sermons antiterroristes et leur compassion pour les
migrants.
On
les nomme désormais « surveillants », cela fait moins
barbare que gardiens de prison. Comme la dénomination de femme de
ménage, l'appellation change mais le sale boulot reste le même. On
ne doit jamais entendre parler d'eux, sinon on leur envoie les flics
pour les cogner, avec l'assentiment des familles des taulards et eux
aussi. C'est vilain, n'est-ce pas, un « maton » qui tient
entre quatre murs toute une vie durant des « victimes de la
société du fric », et « de l'ascenseur social en
panne », de pauvres arabes et noirs entraînés malgré eux
dans la spirale infernale du terrorisme et que « nos prisons
démocratiques » s'évertuent à « déradicaliser »
en leur laissant circulation libre et téléphones portables « pour
ne pas se couper de la vie réelle ».
IL
FAUT DERADICALISER LES MATONS DANS LE LOFT CARCERAL...
En
prison démocratique, le détenu peut continuer à percevoir les
aides sociales (on aimerait que ce soit le cas pour les chômeurs non
encore emprisonnés) . Le djihadiste pratiquant, criminel par la
faute de dieu, peut porter plainte depuis la prison contre des
insultes d'extérieurs à la prison, contre des publications mal
avisées, voire repousser son procès ; il est traité avec les
égards dus à une vedette pipole. On aimerait tant que les chômeurs
non encore emprisonnés puissent disposer, plutôt eux, de tels
droits. Paradoxe de deux enfermements sociaux.
En
réalité la non déradicalisation est permanente, le détenu étant
traité comme un vrai citoyen ordinaire, peut faire valoir ses
droits, pourvu qu'il soit célèbre (pour des crimes vraiment odieux)
et épaulé par un avocat arriviste. Au fond ce n'est pas lui qui est
fautif, c'est « la faute à la société », comme disent
les curés gauchistes, défenseurs de la veuve du terroriste et de
ses nombreux enfants en bas âge de retour au pays. La
déradicalisation gréviste concerne les non radicalisés, c'est à
dire le personnel apeuré, outré et sidéré, mains nues, qui est
employé dans l'univers carcéral judiciaire vengeur, pour qu'il
facilite le bien-être du détenu victime de la justice de classe,
enfin pour qu'en tant que simple « surveillant », il
s'active au sale boulot que les magistrats jugeraient inconvenant
d'exercer eux-mêmes au risque de salir leur bavette. La fouille au
corps étant interdite par la législation européenne, couteaux et
portables peuvent circuler librement. Puisqu'on a légalisé le
portable, il serait inconvenant de ne pas libéraliser le port du
couteau.
LORSQUE
LA GREVE PERDURE...
Vient
le dernier épisode de la « négo permanente » avec les
matons syndicaux : menaces de sanction des grévistes !
Evidemment comiques de la part d'une ministre sans autorité, avec
des syndicats qui ne sont pas débordés. Alors survient la seconde
phase de la répression, celle des journaux de la gauche
intellocrate2,
L'Obs, Libération et Le Monde : « Les détenus et leurs
familles sont les premières victimes du conflit déclenché par les
gardiens » (Le Monde du 25 janvier). Mais l'argumentaire
alarmiste qui suit n'est autre qu'un argumentaire... policier pour le
retour à « l'ordre » car on est proche du « point
de rupture » :
« Les
conséquences du conflit des surveillants pénitentiaires ont pris
ces dernières soixante-douze heures un tour qui inquiète au plus
haut niveau.
« On est proche du point de rupture dans certains
établissements avec des risques d’enchaînements d’incidents non
maîtrisables »,
reconnaît un haut cadre du ministère de la justice.
A
titre d’exemple, confie cette source, une importante maison d’arrêt
comprenant près d’un millier de détenus n’a été tenue dans la
nuit du mercredi 24 au jeudi 25 janvier que par un seul
gradé, accompagné de douze policiers… ne connaissant pas le
fonctionnement de l’établissement. Aucun surveillant ne s’était
présenté à son poste. Dans certaines prisons,
« les miradors ne sont plus armés, et les rondes de nuits ne
sont plus assurées ».
Et ce malgré la mobilisation de plus de 400 policiers et gendarmes
sur le territoire pour assurer un service minimum dans les coursives
et de 250 membres des équipes régionales d’intervention et de
sécurité (ERIS) de l’administration pénitentiaire appelés
notamment en cas de mouvement de détenus »3.
Les
flics endossant le sale rôle de « jaunes » avec une
profession qu'ils côtoient quotidiennement, cela doit leur poser
quelques problèmes de conscience vu la dangerosité de leur métier
(je parle pour ceux exposés en uniforme pas les gandins en civil) et
le taux de suicide. L'Etat bourgeois cynique et méprisant ne
fera-t-il donc jamais l'unité contre lui ?
Etrangement
aucun média n'utilise le qualificatif « maton », comme
si ce terme était une injure ; ni d'ailleurs le terme
« taulard », la novlangue féministe dominante et
pudibonde oblige à de ces courbettes langagières fort nunuches...
Motus bouche cousue sur ces pelés, ces galeux de matons dans les
rangs gauchistes pendant plusieurs jours, pourtant si prompts à
ériger en nec plus ultra de l'antimondialisation les marginaux de
NDDL ; trotskistes troglodytes (tiers-mondisme djihadiste
oblige) et anars compris (qui sont du côté de tous les
prisonniers) faisaient mine de regarder ailleurs4.
L'Huma seule semblait s'intéresser en article secondaire à un
gréviste arabe syndiqué à la CGT qui déplore les « mauvaises
conditions de travail ». Il faut attendre le dixième jour de
grève pour que le NPA se manifeste, avec un bon article cependant
de Roseline Vachetta5,
qui dénonce l'utilisation par les médias d'un « populisme
sécuritaire », mais pour mieux nier qu'il y ait désormais un
évident risque sécuritaire face aux abrutis islamisés ; et
sans doute regretter que le voile islamique soit interdit au
parlement français.
LO
fait le service minimum : « tâche ingrate et mépris de
l'Etat », esprit syndicaliste oblige. Silence chez nos résidus
intermittents maximalistes, CCI et PCI qui se prennent les pieds dans
le tapis sur leurs définitions respectives brumeuses du populisme ;
le CCI inclura sans doute ultérieurement cette grève « ingrate »
dans l'inénarrable « décomposition du capitalisme » .
C'est
que cette grève et cette profession posent question et questions,
disons interclassistes face à une classe ouvrière largement
dématérialisée. Dans son journal Le Figaro, une des cibles
permanentes des égorgeurs islamistes, Robert Redeker invoque une
réalité actuelle devant laquelle : « nous ne pouvons
plus regarder la prison et ses surveillants avec les yeux des
soixante-huitards ». Il s'agit dit-il d'une « crise
culturelle ». Il remarque justement que l'idéologie dominante,
articulée désormais par tant d'anciens gauchistes intellelocrates
et rebellocrates repose encore sur la pensée Foucauld, hantée par
deux passions inavouées : « un romantisme guimauve de la
délinquance, du banditisme, des irréguliers, ainsi qu'une hostilité
à toute forme institutionnelle de violence ». Tout cela est en
partie vrai, comme reste vrai le fait qu'existe la prison comme
reflet de l'injustice du monde et comme anormalité dans la société
humaine. Mais Redeker souligne un constat évident : « La
population des prisons n'est plus du tout la même qu'il y a quelques
décennies. Une partie des condamnés exerce son rapport avec
l'institution pénale sur le mode de la guerre civile, voire
religieuse et parfois même ethnique. Elle le conçoit dans le
prolongement d'événements extérieurs à la prison le domaine des
territoires perdus de la République ».
Tout
cela est vrai aussi mais sert à masquer que plus de 60% des
prisonniers (qui sont surtout prolétaires et chômeurs) ne se voient
proposer aucune activité et végètent dans l'abrutissant capharnaüm
de l'univers carcéral6.
La référence islamique n'est ainsi qu'une distraction pour habiller
la révolte ; les plus conscients le savent bien, et ils
auraient tout autant été guévaristes ou pro-action directe dans
les 60 ou 70.
Comment
analyser les agressions répétées contre les matons, devenus
l'ordinaire, et à l'origine de la grève ? Liées au confort
supposé des « taulards » et au pouvoir de n'importe quel
délinquant de traîner un maton en justice, ces violences
intra-muros ont le don de titiller nos neurones sécuritaires
inconscients (dont le principal est « que fait la police ? »
ou « matez les comme il faut ») voire nos vagues
connaissances sociologiques (agresser un maton dans certains Etat des
USA c'est illico la peine de mort). Ce qui se passe DANS les prisons
n'est pourtant que ce qui se passe DANS la société ; suivons
encore Redeker : « Les agressions contre les gardiens de
prison sont à ranger, comme les caillassages de pompiers et
d'ambulanciers, le mépris des professeurs, le feu mis aux
bibliothèques municipales, les violences antipolicières, dans la
catégorie des batailles que l'Etat s'arrange toujours pour perdre,
et de l'extension du domaine de la partition »7.
Préférant
se rendre complice de ce mensonge – l'Etat perdant ses batailles
sociétales – Redeker s'en va chercher la composition sociologiques
des gardiens de prison : des beaufs fans de Hallyday ! Que
nennon ! Non de chez non ! L'Etat moderne a très bien
assimilé Sun Tzu (500) Machiavel (1521) Clausewiz (1832). Plus
aucun ministère des armées ne se nomme ministère de la guerre mais
de la Défense. L'Etat bourgeois ne recule jamais, il prend du champ
et du temps, comme pour l'abandon du projet d'aéroport. Il fait
semblant de compatir pour les agressions dont sont victimes ses
« fonctionnaires » mais il n'y changera rien puisque le
boulot, idéologique et terroriste, est fait pas les « radicalisés »
en prison. Le terrorisme ne s'use que si l'on s'en sert et l'Etat
sait très bien s'en servir sans qu'on puisse lui rétorquer qu'il
complote avec brio. Il laisse pourrir les grèves qui le gêne, en
démontant et remontant « l'opinion publique » (cette
pute de girouette) à sa guise. Il fait semblant de perdre pour mieux
gagner.
Le
titre de l'article de Redeker s'intitulait : « La crise
dans les prisons et l'adieu à Mai 68 ». Et, sans autre
démonstration que ce soutien plat aux matons « beaufs »,
il concluait : « Cette crise des prisons sera peut-être
l'adieu historique à Mai 68, le congé donné par la France (des
beaufs?) à cet événement de son passé, juste au moment comique et
dérisoire où les anciens combattants de cette parodie de révolution
s'apprêtent à s'autocélébrer jusqu'à la nausée ».
On
ne voit pas en quoi la crise des prisons serait antinomique à
l'esprit rebelle de 68 ni pourquoi il serait obligatoire de réduire
mai 68 aux frasques secondaires des variétés du gauchisme ou à la
pensée transgenre de Michel Foucauld. Les vrais anciens combattants
d'une révolution historique ne sont plus là et nous les vivants ne
comptons rien célébrer du tout, c'est ton chef de cabinet, Macron,
qui avait promis une commémoration « jusqu'à la nausée »,
et c'est toi, Redeker, qui nous donne la nausée. Parce que
l'insubordination des grévistes des prisons découle du même esprit
de 68, parce que sont posés non pas des problèmes corporatifs
(salaires, effectifs) mais d'une société pourrie qui paupérise et
insécurise8,
parce qu'il n'y aura pas de solution tant qu'on n'aura pas renversé
cet Etat qui surfe sur l'idéologie terroriste, s'en sert et ne veut
pas ni ne peut la détruire. En outre, qu'une profession aussi
ingrate (notoirement flicarde) soit amenée à user d'une méthode de
classe (la grève) voire émeuve les exécutants des corps policiers
de l'Etat9,
n'est pas seulement une bonne nouvelle, mais un coup d'oeil sur les
décloisonnements corporatifs en cours, qui ne sont pas
automatiquement destinés à favoriser le populisme ni à générer
un nouveau fascisme. Cette ouverture aux échanges sur les
« problèmes de société », où, comme en 68, on pouvait
aussi bien discuter avec une mémé bourgeoise qu'avec un CRS épuisé,
c'est cela que fait revivre la protestation des matons, en espérant
qu'ils échappent un moment à l'incarcération syndicale, dès que
les flics corporatifs retomberont sur leurs pieds.
A
l'heure où le seul gouvernement au monde à se soucier de la
solitude se trouve en Angleterre – création d'un ministère de la
solitude – qui est le lot des millions d'individus qui composent le
prolétariat, et la garantie libérale d'une solitude rentable grâce
à internet et farce book vecteurs de consommation névrotique, le
maton n'est plus seul pendant la grève.
NOTES
1Elle
est réservée en priorité pour nos français … des îles. Le
taulard libéré se retrouve souvent dans les mêmes HLM que son
maton ! D'où possibles règlements de compte entre voisins ex-co-stagiaires en milieu carcéral.
2Il
y a désormais un Défenseur des droits et un contrôleur général
des lieux de privation de liberté, avec l'ancien porte-serviette de
Chirac Jacques Toubon, qui tient son rôle potiche à merveille ;
il y eût Adeline Hazan du syndicat (gauchiste) de la magistrature
qui, en 1985, avait adopté une motion sur « la nécessité de
la suppression à terme de la prison ». Qu'on attend toujours
comme la révolution altermondialiste... ici et maintenant.
3En
savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/01/25/les-prisons-proches-du-point-de-rupture-apres-dix-jours-de-mouvement-social_5246680_1653578.html#CRroGFsO3Og5zwb5.99
4J'avais
préparé depuis le début un article mais privé d'internet je ne
pouvais vous le communiquer. Je me suis même rendu à la prison de
Fresnes pour interviewer un piquet de grève, or, les syndicats
veillent toujours à l'enfermement corporatif, il n'y en a jamais en
permanence. Il vaut mieux tenir « en prison » les
grévistes plutôt que leur donner la possibilité de discuter avec
la population, ce qui pourrait hélas leur donner quelques idées
bien plus subversives que l'incarcération syndicale.
5https://www.npa2009.org/actualite/societe/une-politique-penale-et-carcerale-dangereuse
6Que
montre très bien le film sur l'affaire d'Outreau avec Philippe
Torreton, film qui devrait être montré dans tous les lycées pour
bien montrer l'horreur de la prison, où le pire n'est pas forcément
l'encadrement des matons mais le bruit infernal et la promiscuité,
la loi des caïds et des clans, qui, les journalistes oublient de le
dire, font finalement mieux le boulot que les matons.
7Il
faut noter le changement dans la mouvance de sensibilité anar dont
Charlie Hebdo est le fleuron.
Naguère les matons auraient été
ridiculisés plus durement en première page. Depuis qu'on leur a
assassiné leurs collègues et qu'une partie des tueurs sont en
prison, Charlie fait profil bas et se rabat sur une impossible
solidarité matons/taulards.
8Et
où le nombre ne sert à rien. En France on compte deux matons pour
un taulard, ce qui veut dire qu'il y a plus de salariés emprisonnés
que de délinquants ! Chiffre révélateur de l'aberration de
la société de classes et de sa tendance mortifère à rendre
irrécupérable les individus marginalisés hors de la production,
dangereux parce que souffrant plus généralement de troubles
psychiatriques.
9Même
s'il y a eu des gazages, les matons grévistes sont en général
simplement bousculés par les flics, qui, d'une part savent bien
l'utilité de ces « collègues » et d'autre part n'ont
pas envie de se taper leur boulot ingrat de prisonniers...
professionnels, bossant à des heures indues et corvéables à
merci.