(ou la décroissance du milieu qui se croit révolutionnaire sous l'animal CCI et ses pucerons parasites)
(Deuxième partie)
VERS LA FIN DU MONDE OU UN MONDE FINISSANT ?
Le CCI a toujours priorisé le combat politique, ce qu'on ne saurait lui reprocher. Le fait d'avoir fait mine d'ignorer longtemps (dans ses écrits pas dans ses réunions publiques) les arcanes des argumentaires de la petite bourgeoisie écologique fût certainement motivé sur le fond parce que l'idéologie écolo se veut apolitique comme interclassiste. Et aussi parce que ses premiers pâtres en France, René Dumont et Fournier de Hara Kiri – étaient considérés comme crypto-fascistes. Nous savions plus ou moins qu'il y avait eu une idéologie « vert de gris » des nazis, à leur façon cynique totalitaire mais du même genre interclassiste que les débuts de la « gauche alternative »1.
A la suite de mai 68 qui porta un coup décisif à la prétention de la gauche bourgeoise et de ses syndicats à représenter la classe ouvrière, le système immunitaire de la bourgeoisie secréta pour une courte période la mode bruyante des globules blancs gauchistes, mais sur le temps long l'écologie devait se révéler un anticorps bien plus puissant, même si cette idéologie n'obtint jamais une grande place dans le monde électoral officiel, contrairement à l'Allemagne.
Le dernier article produit par le CCI sur le sujet, présenté comme une critique du néo-marxiste japonais Saito2, pour intéressant qu'il soit, il néglige la dimension politique mystificatrice de l'idéologie écolo, comme frère Marcel d'ailleurs. Cette dimension, outre de ne pas apparaître comme politique, mais « dans l'intérêt de tous », « pour sauver l'humanité », signifie une reconversion des gauchistes embourgeoisés et de leurs frères staliniens déconfis. L' « internationalisme écolo » y va fort avec une foule de sectes agitées du bonnet partout dans le monde. Le Monde, par exemple, fait défiler ces jeunes filles comme Léna Lazare qui, en 2021, sont devenues des porte-parole de Youth for Climate, à l'origine des grèves pour le climat en France !3
L'article de RI met le doigt sur l'essentiel, sans le développer : « Les principales fractions de la classe dominante sont désormais contraintes de reconnaître la gravité de la crise environnementale, et même son lien avec les autres expressions d’une société capitaliste en déclin, surtout la fuite en avant dans le militarisme et la guerre ». Eh oui la première pollution c'est la guerre capitaliste qui ne s'embarrasse pas du souci de préserver la nature ni surtout les populations civiles otages de chaque camp nationaliste, raciste ou impérialiste. Mais les écolos sont pacifistes, me direz-vous ! Mais voui puisque le pacifisme est par essence interclassiste, n'a jamais empêché ni mis fin aux guerres. Que le marais écolo se dise anti-capitaliste en même temps ne change rien à leur fonction d'anticorps pour la santé du capitalisme puisqu'ils ignorent volontairement le véritable virus anti-capitaliste, le prolétariat. Ils sont les commerciaux d'un « capitalisme vert et en bonne santé », comme le note justement l'article cité.
Contrer la mystification écologique bourgeoise en fouillant les archives d'un Marx extra-lucide et prométhéen ?4
J'ai pris connaissance de certains livres, publiés il y a quelques années5, avec pour but de ne pas avoir de complexe du point de vue marxiste face aux dites « découvertes » des théoriciens de l'écologie moderne. Travail de débauchage louable pour des bibliothécaires mais ridicule avec cette volonté de diviniser Marx et d'en faire Monsieur réponse à tout. ; interprétation prométhéenne que reprend à sa manière le CCI. Fouiller dans ses annotations privées qui contiennent des réflexions inachevées sur une réelle réflexion impossible au fond à une époque d'expansion, apparemment sans limites du jeune capitalisme. De plus ces notes fragmentaires, non rédigées, n'ont pu influencer le public prolétarien !
Sachant que le japonais best seller est surtout un best seller pour les agités du bonnet espagnols ou les petits bourgeois gilets jaunes, le décryptage puis la publication de ces annotations (les carnets de Paris ou d'ailleurs) ne serviront qu'à un usage académique pour la clientèle intello de Saint Germain des Prés et des champs bios.
Je m'en tape des projections de Marx sur divers sujets concernant le futur approximatif et de sa propension au messianisme. Va-t-on chercher dans ses annotations poussiéreuses une analyse prémonitoire de l'occupation de la lune ou les conséquences (aliénantes) de l'I.A. ?
L'article RI a raison de noter l'entreprise mystificatrice de Saito qui « semble bien parler du communisme tel qu’il est compris par le mouvement communiste historique : une société de producteurs librement associés (…) un examen plus approfondi et plus critique de l’argumentation de Saito montre qu’il s’agit d’une réponse mystificatrice qui ne peut conduire qu’à de fausses solutions ».
Laissons de côté la fable du gauchiste japonais théorisant un « communisme de décroissance » qui est aussi une manière de dépolitiser à l'unisson de l'écologie officielle en passant par-dessus une expérience et une concrétisation révolutionnaire par le prolétariat.
Ce terme de décroissance n'est pourtant pas idiot, même si en effet, utilisé par le gauchiste japonais il vise un « immédiat » qui ne peut signifier austérité pour les classes d'en bas6 : le capitalisme moderne produit trop et n'importe quoi. Un travail d'érudition destiné surtout aux esthètes gauchistes et ultra-gauchistes pour expliquer que Marx était pour un développement contrôlé des forces productives après la révolution ne change rien au fait que le programme contenu dans le Manifeste de 1848 est resté conçu depuis au moins un siècle par socialistes première manière, « gauches communistes » et staliniens, en tant que productivisme libéré, comme un passage au « grand développement des forces productives » libérés des entraves capitalistes. Et un eurocentrisme bien évident, qui a coincé le CCI et d'autres dans cette incapacité à expliquer les élans de jeunesse du capitalisme chinois (et qui devrait rechercher si Marx a prévu l'éclosion des industriels « communistes » post-Mao si habiles en faveur du « véritable développement des forces productives).
Premièrement, on ne peut pas envisager de supprimer tout ce qui est produit actuellement. La fusion marxiste de la ville et de la campagne est déjà appliquée par les bobos avec leurs villages de résidences secondaires. L'abondance existe, même avec une foule de produits aliénants (jeux informatiques, pornographie planétaire, bagnole, écrans, compétitions sportives entre milliardaires, etc.). Allez donc proposer aux prolétaires de jeter d'un coup à la poubelle bagnoles, portables et crédits faciles ou de refuser d'applaudir M'Bappé ?
La faim n'existe plus dans les principaux pays ; un clochard dans les grandes villes peut mourir d'alcoolémie, pas de faim. Nos insoumis friqués vante un programme bio « révolutionnaire » contre leur malbouffe pas pour la clientèle des supermarchés allemands, LIDL et ALDI. Le CCI fait ensuite l'article du mantra écologique : « Il est clair que la question écologique sera au centre de ses préoccupations ». C'est faux et sur plusieurs plans. La transformation sociale sera forcément longue et heurtée. Les questions politiques resteront primordiales. Des questions autrement plus urgentes resteront sur la table : la faim dans le monde, la destruction de l'islam comme terrorisme détruisant la vie des femmes (en même temps que l'extinction de toutes les autres religions débiles), le barrage aux arrivistes et aux petits Staline ou Trotsky, etc.
Enfin la réorganisation de la production mondiale sera aussi décroissance de certains produits avant leur suppression pour procéder à la création de...valeurs d'usage humaines.
A PROPOS DE LA PERTE D'IDENTITE DU PROLETARIAT
Revenons à frère Marcel. Il se désole de la perte d'identité du prolétariat à l'unisson de ses amis écologistes. Comme le CCI, je ne pense pas que c'est le cas en général et que c'est une projection bonne pour les sociologues. Passons encore sur la liste des reproches au CCI d'avoir une vision de la lutte de classe en montagnes russes et de se tromper souvent. Comme je l'ai déjà dit dans la première partie l'universitaire veut refaire l'histoire de ce qui ne s'est pas passé dans les années 1970 et nous faire croire que la chute de Berlin a contribué à cette perte d'identité, comme si le stalinisme avait été le premier symbole de la conscience de classe. Cette disparition du dit « socialisme réel » (sic) a conduit bien sûr à la réapparition des religions « internationalistes », l'islam en premier lieu, également sponsorisé par les pays anglo-saxons et les puissances économiques comme l'Allemagne. L'islamisme sert d'un côté et régulièrement, sous sa version terroriste, à faire passer tous les Etats bourgeois pour des vierges effarouchées. De l'autre côté, il est un instrument de division de la classe ouvrière particulièrement sournois puisqu'il invoque les mêmes droits démocratiques bourgeois et produit des révulsions culturelles. De cela ni Marcel ni le CCI ne font jamais état car ils sont soumis à la menace de l'enfer islamo-gauchiste: fascistes islamophobes. Ces divisions islamiques viennent s'ajouter aux divisions corporatives traditionnelles où les privilèges des "nationalisés" (SNCF, EDF, banques, aiguilleurs du ciel) montrent que les revendications immédiates ne peuvent jamais être unificatrices pour le combat général, ni en soi un facteur de conscience de classe mais de conscience de soi...corporative. En outre la forme syndicale de ces corporations avantagées débouche potentiellement sur la même trajectoire que le Vikjel, syndicat des cheminots russes qui ont rapidement fait grève contre la révolution!
En complément, et face au carnaval islamique, l'Etat déplore lui une perte d'identité : la française, nationale et tout. Difficile dans cette mâchoire idéologique, qui remplace partiellement le clivage bourgeois classique gauche/droite. Mais en insistant, parfois de façon exagérée, le tonus des grèves le CCI montre qu'il n'y a pas perte d'identité en réalité.
L'effort idéologique mystificateur renouvelé de la bourgeoisie mondiale donne tort à Marcel. Il prouve par le fait que, même si le capitalisme a su se recomposer par endroit (ah les beaux graphiques économiques qui excluent toute réflexion politique!) il est coincé dans la marche à la guerre, qui est en effet l'aboutissement de sa décomposition réelle.
Hors de la réalité du combat marxiste, frère Marcel privilégie l'esprit syndicaliste7 en dénigrant l'article de Marc Chirik en 1947, si clair pourtant et preuve le profonde pensée révolutionnaire de cet homme jusqu'au bout de sa vie. Marcel n'est pas capable de voir que que MC comme la GCF ne se basaient pas sur les revendications économiques, terrain des staliniens, sans voir que c'est le CCI qui exalte sans cesse, avec son clone Juan, ces grèves focalisées et limitées sur ce plan, pourtant jamais tremplin révolutionnaire.
Marcel délire ensuite en vantant les acquis économiques post 68. Du pipeau, n'importe quelle minorité de l'époque dénonçait ce mensonge. En quelques mois, l'inflation avait tout repris.
RIEN A FOUTRE DES BISBILLES ENTRE LA BETE ET SES PARASITES
Oui le mentor a tout à fait raison de qualifier tous ses anciens militants, la plupart profs et universitaires ne pouvant pas se saquer entre eux, ce sont des « singes savants, se gargarisant de ‘ théorie’ ». Ceux-ci se qualifient de « dissidents », or si le CCI a des tendances paranoïaques, du fait de sa décomposition depuis la mort de Marc, il n'est pas stalinien, mais ces « dissidents », collection d'intellos entre soi, sont de fait équivalents aux dissidents de feu le bloc staliniens, de bons sociologues démocrates qui jouent dans leur salon à la révolution, laquelle n'aura été qu'un hochet de jeunesse chez tous ces vieux cons. Ils peuvent s'appuyer sur leurs prédécesseurs les rigolos Sabatier et Malaquais.
Les événements trancheront eux, si la plupart des micro-sectes sera balayée, si le squelette actuel du parti reste un tas d'os et ses dissidents les mouches du coche, d'autres feront le boulot, comme disait Marc Chiric.
NOTES
2Marxisme et écologie: Critique du “communisme de décroissance” de Saito | Courant Communiste International (internationalism.org)
3Le Monde de juin 2021, ne nous renseigne guère sur ces étranges « grèves pour le climat »...Pas le climat social certes.
5Nota : Karl Marx penseur de l'écologie de Henri Pena-Ruiz et John Bellamy Foster MARX ÉCOLOGISTE
6Comme l'explique d'ailleurs très bien l'article : « Parce que parler de décroissance dans le cadre du système existant (et le prétendu « communisme » de Saito n’y échappe pas) peut facilement servir de justification à l’austérité administrée par l’État bourgeois, de raison pour la classe ouvrière de cesser ses luttes « égoïstes » contre les réductions de salaires ou d’emplois et de s’habituer à réduire encore plus drastiquement sa consommation ».
7« ... la négation systématique de tous gains réels et durables depuis la première guerre mondiale, c’est la nécessité même des luttes immédiates qui est niée ».