« Regrettez-vous
le temps où d'un siècle barbare
Naquit
un siècle d'or plus fertile et plus beau ?
Où
tous nos monuments et toutes nos croyances
Portaient
le manteau blanc de leur virginité ? » Alfred de Musset
« Si
les femmes françaises n'existaient pas, la vie ne vaudrait pas
d'être vécue ». Engels
« Il
me semble que nous sommes à la veille d'une grande bataille
humaine ; les forces humaines sont là ; seulement je ne
vois pas le général ». Balzac
Les
gauchistes anti-communistes ont inventé une formule qui n'existe ni
dans le Manifeste communiste de 1848 ni dans les œuvres de Marx et
Engels : « les frères de classe », reprise
globalement par les sectes anarcho-ultra-gauches. La notion de frères
étant utilisée essentiellement dans les religions, elle convenait
aux idéalistes prêcheurs comme Weitling. La formule convient
parfaitement à l'idéologie gauchiste qui s'accommode à toutes les
campagnes idéologiques bourgeoises, tout en postulant à une
critique radicalement altermondialiste du système1.
La notion de « frères et soeurs » utilisée en
particulier par le NPA pour les migrants en général et pour les
électrices voilées permet de légitimer l'islamisme bon teint comme
le radical (radical parce qu'il est armé n'est-ce pas comme les
soldats du stalinisme vietnamien). Dans la nation et au front on
était « tous frères », camarades « patriotes »,
terme remis à la mode depuis quelques années par la CGT et
Mélenchon2,
lequel ne s'adresse plus à ses fans comme à des « camarades »
mais à « mes amis », comme n'importe quel politicien
hâbleur en campagne promotionnelle. On ne peut plus parler
sérieusement de question nationale (conçue comme libératoire ou
émancipatrice) après la longue série des fausses décolonisations
du tiers monde, il n'y a plus que de nouvelles constructions
artificielles de l'impérialisme dominant (cf. le projet de nation
kurde) ou, toutes aussi artificielles les diverses autonomies qui
veulent devenir indépendantes (Catalogne, Ecosse, etc.). La première
chose à dénoncer depuis la remise sur la sellette du cirque
indépendantiste catalan, est passée à la trappe par les rares
atomes de groupes révolutionnaires maximalistes (TCI, CCI et Cie)
qui se parent d'une prise de position certes internationaliste mais
au fond, abstraite, « indifférentiste ». Or, du point
de vue marxiste, il faut d'abord dénoncer le particularisme
régional, l'expliquer – est-il voulu par toutes les factions
bourgeoises – ou y déceler un des moyens « préventif contre
les mouvements révolutionnaires du prolétariat », casser le
caractère unitaire du prolétariat ? Irréfléchi ou
volontaire ? En fait tout le monde semble gêné par cette
impulsion nationaliste locale. On la prête à l'ambiance repli sur
soi et dépersonnalisation culturelle depuis le Brexit et l'élection
de Trump. On va essayer de la caser dans la capharnaüm « populiste »,
voire s'interroger sur l'inanité de traiter de « fascistes » les nationalistes locaux
catalans. N'est-ce pas une des bonnes ou fausses réactions à
l'envahissement musulman, où on nous apprend qu'il y a du racisme
entre espagnols et catalans. Bref on se perd en conjonctures et conjectures.
Pour
commencer, il faut nous en référer à notre histoire « de
classe » et aux débats dans le mouvement révolutionnaire
maximaliste.
Rosa
Luxemburg dans ses formidables écrits sur « la question
nationale et l'autonomie » montre très bien en quoi la nation
a été révolutionnaire, en quoi elle a une histoire liée à la
centralisation étatique, et à la constitution du prolétariat3.
Elle fustige à plusieurs reprises la revendication d'autonomie
« dans des frontières justes » défendue par Bakounine,
avec les mêmes termes que reprend par exemple le NPA pour justifier
son misérable soutien aux droits du peuple catalan à disposer de
lui-même. Dans ses profondes réflexions la nation avec son Etat
centralisé est une étape nécessaire vers la phase supérieure de
la société d'avenir, le communisme ; en deçà de la nation il
peut y avoir pullulement de centaines de nouvelles nations
régionales, elles ne sont toutes autant que de nouveaux obstacles au
passage au communisme. Bien avant Marx et Rosa, les plus grands
auteurs ont noté cet aspect progressif temporaire de la nation ;
la plupart des grandes œuvres culturelles de l'humanité sont des
productions nationales. Dès son affirmation la bourgeoisie eût
besoin d'un pouvoir fort et unifié contre l'aristocratie. Et c'est
dans ce cadre national que germe et se développe la conscience de
classe. C'est la naissance du prolétariat et sa concentration dans
les centres urbains – et non pas « la barbarie dans la
civilisation » (la paysannerie) qui fit lever les premières
indignations des intellectuels, les Vigny, Balzac et Dickens. Les
premières manufactures ont été ouvertes avec les capitaux du
commerce maritime. Ainsi les prolétaires européens firent
connaissance avec une exploitation peu éloignée de celle des nègres
des Antilles ; dixit les saint-simoniens en 1830 « les
ouvriers sont les nègres de l'Europe ». Dans son œuvre,
admirée par Marx, Balzac élève une seule fois, toutefois, un cri
de protestation contre la conduite des colonialistes français en
Algérie.
Mais
il n'y a pas que la prise de conscience de l'exploitation des hommes
par d'autres hommes et la succession de diverses sortes d'esclavages,
ni une simple existence de classes antagonistes, il y a un système
qui fonctionne comme une « main invisible » et déjà une
approximation de l'aliénation consumériste chez un Buonnarotti qui
va caractériser au fond chaque prétendue « libération
nationale » :
« Il
fut toujours difficile aux hommes de s'entendre pour établir un
ordre social raisonnable. Ce fut par le commerce des superfluités et
par les arts de luxe, que nos pères arrachèrent sans violence aux
favoris de la féodalité une partie de leurs richesses. Des esclaves
devenant ainsi nécessaires à leurs maîtres, en affaiblirent la
puissance . Un mal qui servit de remède à un autre fut pris
pour le suprême bien, au point que pour beaucoup de gens, la liberté
n'est autre chose que la faculté illimitée d'acquérir »4.
L'apprentissage de la liberté est limité à la possession sous
l'ordre bourgeois, la vraie liberté dépend d'une réorganisation de
toute la société qui a été trop longtemps contenue dans le cadre
national étriqué. La nouvelle société bourgeoise s'était avérée
décevante, pourvoyeuse de terribles inégalités. Le sentiment
patriotique servit longtemps de consolation et de masque
« fraternel » malgré les vices du nouveau système
d'exploitation. Mais ce qui domine la société capitaliste est bien
resté l'appât du gain, indépendamment des moyens d'y parvenir en
affaires ou en pouvoir politique à tous les étages.
La revendication d'indépendance de la Catalogne est une vieille
obsession réactionnaire qui n'est pas liée en soi à la crise
économique mondiale actuelle5,
mais relève du besoin petit bourgeois de s'enrichir toujours plus et
de la théorie anarchiste fédéraliste, l'idéologie bakouniste
contre laquelle Rosa Luxemburg a ferraillé sévèrement dans
l'ouvrage qui compile ses écrits sur la question nationale6 :
« L'idée
de fédération, réactionnaire de par sa nature même et dans sa
substance historique, est aujourd'hui un signe pseudo-révolutionnaire
du nationalisme petit bourgeois qui est une réaction à la lutte de
classe révolutionnaire unie du prolétariat de tout l'Empire »7.
Nul mieux que Friedrich Engels et Rosa n'ont autant défendu, malgré
ses aspects bureaucratiques la nécessité de la constitution d'un
Etat centralisé dans le cadre de la nation au cours du « siècle
romantique ». Prolongeant Buonnarroti, et bien avant nos
sociologues à la Christopher Lasch et Philippe Muray (ou les petits
copieurs à la Debord ou Michéa ), Rosa décrit les conditions
d'apparition de « besoins sociaux tout à fait nouveaux »
avec un « fléau inédit » :
« Dès
qu'elle eût introduit la fabrication de masse, l'économie
capitaliste a suscité toute une série de besoins sociaux tout à
fait nouveaux qu'il était urgent de satisfaire. Et, surtout la
pénétration du grand capital et le système du travail salarié qui
minèrent et ruinèrent toute la structure sociale traditionnelle,
créèrent un fléau inédit, le chômage de masse et la
paupérisation du prolétariat. Comme le Capital a besoin d'une force
de travail de réserve et comme la sécurité publique doit être
maintenue, la société se voit contrainte de se soucier des masses
prolétariennes privées de moyens de subsistance et d'emploi, afin
d'en garder le contrôle. Ainsi naît la protection sociale moderne
en tant que fonction sociale dans le cadre de la production
capitaliste ».
Les « lois sociales » ont été inventées par Bismarck,
pas par Léon Blum ni Marchais, et reprises par Badinguet. Rosa se
penche ensuite sur la question de l'auto-administration locale :
« ...tandis que le particularisme communal ou le fédéralisme
dans l'esprit de l'idéal de Bakounine vise à scinder le territoire
d'un grand Etat en petits espaces partiellement ou complètement
indépendants l'un de l'autre, l'auto-administration moderne n'est
qu'une des formes de démocratisation du grand Etat centralisé ».
Rosa voit cette auto-administration (qui implique la participation
des populations locales) au-delà du particularisme féodal et du
fédéralisme anarchiste, comme un progrès de l'Etat moderne
centralisé. Mais elle rappelle la contradiction bourgeoise ;
Thiers d'une part insistait sur l'utilité du centralisme comme moyen
préventif le plus sûr contre le socialisme, quand plus tard, en
1871, il brandit la bannière du fédéralisme et de la
décentralisation pour mobiliser les provinces contre la Commune de
Paris. Elle ajoute que « dans le camp révolutionnaire »,
les seuls partisans de la décentralisation « étaient les
adeptes de Proudhon » appliquant le slogan fédéraliste aux
« Etats Unis d'Europe » (…) prétendue solution idéale
à la question sociale parce que c'était un moyen d' « annihiler
le pouvoir en le divisant ». Louis Blanc dénonça ce
fédéralisme dans son pamphlet : « La république une et
indivisible », et elle rectifie que la France de l'époque
était moins menacée par le fédéralisme que par le coup d'Etat de
Louis Bonaparte.Et pourtant n'est-ce pas ce fédéralisme sous
couleur de décentralisation qui est envisagé comme garde-fou et
recette anti-révolutionnaire ?:
« Après la destruction de la Commune de Paris, la
principale question que posait la décentralisation était de savoir
si elle pourrait servir de moyen préventif contre les mouvements
révolutionnaires du prolétariat. Tout d'abord, la Troisième
République se hâta d'étendre les compétences des départements,
les dotant de pouvoirs spéciaux contre la révolution, en accord
avec l'idée maîtresse de la réaction depuis l'époque de la
Restauration ».
LES PROLETAIRES N'ONT-ILS AUCUNE PATRIE ?
Pas sûr que l'idée soit morte8.
A preuve tous les matchs de football et les manifs syndicales !
Il y a même une résurgence du patriotisme qui est encouragée par
le patriotisme musulman et qui vient heurter cet internationalisme
naturel dans lequel nous vivions depuis 1968. A l'époque il était
de mode de dire : « rien à foutre d'être français »,
« j'emmerde la Marseillaise, chant de guerre ». Mais
aujourd'hui quand ces mêmes réflexions sont celles des terroristes
islamistes et de leurs amis gauchistes, cela interroge. On n'a pas
visiblement les mêmes références. Et je n'aime pas que l'on
insulte la France (avec son histoire à géométrie variable) pas
plus que l'Algérie ou l'Angleterre. Le nationalisme ne serait-il que
le produit de l'avivement des rivalités nationales ? Un
sentiment plus ou moins politique mais manipulé ? Voyons
l'analyse de Maxime Rodinson, qui tente de départager
l'internationalisme mensonger et pervers de Staline des approches
plus fines des marxistes de la II ème Internationale :
« Si, pour reprendre la phrase célèbre du Manifeste
communiste, les prolétaires n'ont pas de patrie , cela n'est
pas une proclamation anti-patriotique, mais la constation du fait que
la société bourgeoise les a dépouillés de leur participation à
une patriedonnée. Bauer reprend une fois de plus ce lieu commun
marxiste et il ajoute, comme bien d'autres, que, dans la société
socialiste, les prolétaires auront enfin une patrie. Il attaque la
vue courante chez les marxistes selon laquelle le monde socialiste
marcherait dans la voie de l'uniformisation, vers une fusion et une
assimilation des cultures nationales, vers une civilisation mondiale
uniforme. Selon lui, au contraire les cultures nationales seront
vivifiées par le socialisme et on assistera même à une
diversification accrue. Il reprend donc l'apologie de la diversité
qu'avait entreprise Herder en Allemagne au début du XIXe siècle et
qui sera abondamment reprise plus tard.
Sur le plan des revendications à défendre par le mouvement
social-démocrate, il est pour l'autonomie culturelle
extra-territoriale. On a vu que c'est sur ce point que Lénine
l'attaque. Bauer place la question nationale essentiellement sur le
terrain culturel. Tous les italiens de l'Empire austro-hongrois par
exemple devraient pouvoir décider en commun des questions
culturelles les concernant et de celles-ci seulement. Cela avait
l'avantage, pensait Bauer, de laisser le terrain libre pour la lutte
des classes. D'autre part, par exemple, les fréquentes migrations
des divers éléments ethniques au sein de l'Empire ne provoqueraient
plus de difficultés et de heurts entre eux par suite, entre autres,
de la difficulté de réajuster constamment les frontières des
territoires « nationaux »9.
Le plus célèbre ouvrage à l'époque, commandé par Lénine en
1912, était celui de Staline. Lequel se contentait d'une définition
sommaire de la nation, et justifiait de façon scolastique les thèses
tactiques erronées de son commanditaire. Contre Bauer, Kautsky
répondait que le critère de la nation était seulement la langue
commune. Et comme la culture n'est pas liée à la langue, elle ne
peut pas être reliée à la nation. Les mêmes conditions peuvent
rendre semblables la culture et la mentalité des peuples ; les
tchèques sont « des allemands de langue tchèque ».
Kautsky insistait enfin sur le caractère internationale de la
culture des peuples européens, ainsi que le commente Rodinson :
« Les ouvriers, par suite des migrations, deviennent de plus en
plus bilingues ou trilingues. « Celui qui parle plusieurs
langues ne reste pas lié à la nationalité où il est né. Il peut
en changer à volonté » ; c'est un ajout de Kautsky à la
nature du prolétariat moderne dont l'essence n'est plus seulement la
déqualification et la réduction au chômage perpétuel. « La
diversité ne signifie plus opposition. Les oppositions nationales
viennent de la lutte pour les marchés ou pour le pouvoir d'Etat ».
Rodinson ajoute : « C'est cette lutte qui a causé
l'oppression de certaines nations et l'oppression a soudé la
communauté nationale opprimée dans le refus. L'Etat prolétarien ne
connaitra pas cette lutte puisqu'il sera pleinement démocratique. Le
socialisme, résultat d'un mouvement international, amènera à
l'effacement des frontières et des différences entre nationalités.
Contrairement à la vision de Bauer, « le but de l'évolution
socialiste, ce n'est pas la différenciation, mais l'assimilation des
nationalités, ce n'est pas l'accès des masses à la culture
nationale, mais bien l'accès à la culture européenne qui
coïncidera de plus en plus avec la culture mondiale ». Dans
cette humanité socialiste, on peut entrevoir l'unification des
langues, le rejet de la malédiction de la Tour de Babel par laquelle
un dieu jaloux était censé entraver la montée de l'humanité vers
le ciel. « A la place sera chanté le Cantique des cantiques de
l'internationalisme ».
Malgré ses débuts incontestablement internationalistes et
résolument anti-nationalistes, et baignée dans la révolution
d'Octobre, la IIIe Internationale verra se réintroduire
progressivement et subtilement les ferments de nationalisme10.
Non Nicolas la nation n'est pas morte !
La réapparition de l'idéologie nationale ne devrait pas nous
étonner pourtant. L'irrédentisme catalan n'est pas une conséquence
de la crise économique11.
Depuis le 17e siècle la Catalogne s'est toujours heurtée au
centralisme de l'Etat espagnol et le régime de Franco avait interdit
l'usage public de la langue. Au vu des revendications nationalistes
arriérées et de l'arrogance « touristico-économique »,
on n'est guère incité à approuver cette démarche indépendantiste
ni à la considérer comme progressiste, sauf si vous êtes membre du
NPA et fan de tout ce qui bouge. L'Etat espagnol actuel, progéniture
du franquisme ne peut pas être considéré comme un parangon de
vertu nationale favorable au prolétariat de Catalogne ou des autres
régions d'Espagne. Sans soutenir ce dernier, on ne peut pas croire
que la marche vers une indépendance incongrue va faciliter les
choses au prolétariat. Ce n'est pas dans cette réflexion que
s'engagent nos minorités maximalistes, ou ce qu'il en reste. Elles
ont mis du temps à se prononcer, preuve que l'irrédentisme catalan
leur pose problème12.
Le CCI a fini par nous livrer un tract de sa section espagnole qui
part dans tous les sens et veut s'appuyer sur deux cannes
blanches:l'internationalisme prolétarien et la décomposition du
monde capitaliste. Après un détour par les deux guerres mondiales
et une description des attaques anti-ouvrières des gouvernements de
Madrid et de Barcelone, et un clin d'oeil aux bobos indignados, on
nous fournit une autre définition de la nation : « La
Nation n'est pas le regroupement « fraternel »13
de tous ceux nés sur un même territoire, mais elle est la propriété
privée de l'ensemble des capitalistes d'un pays... ». Pas
terrible comme définition quand une partie des bijoux nationaux
appartient qui aux américains, qui aux chinois... Il y a des
théoriciens « nazis » en Catalogne apôtre de la
« pureté » de la « race catalane ». La fuite
des sièges d'entreprises hors de Catalogne serait l'expression de la
« haine contre les catalans » ? Et pas le repli
financier face à l'irresponsabilité d'un racket de politiciens
locaux ? Puis : « ...tout cela montre le déchainement
de la bête fauve de sinistre mémoire » (la bête immonde,
vous connaissez pas?). En gros l'indépendance catalane c'est du
fascisme ! N'importe quel gauchiste lambda aurait pu pondre un
tel tract.
Le rédacteur du tract espagnol aborde un autre raison, effective du
repli catalan, le rejet de l'immigration massive (ou la peur) qui
peut être compréhensible14.
Le vieux gauchiste qui a rédigé le tract du CCI se permet de
traiter espagnols et catalans, indifférenciés (misère de
l'indifférentisme qui colle au CCI depuis sa naissance, comme le lui
a reproché naguère le PCInt), de racistes, xénophobes « dans
une même haine du migrant, le même mépris envers les travailleurs
arabes, etc. ». La crise du capitalisme a bon dos pour
expliquer ce racisme espagnol et catalan ! Quand c'est surtout
la guerre qui pousse à des conditions dramatiques d'émigration
désespérée. Le conflit de Catalogne est populiste. Le mot est
lâché. C'est l'antienne antifa de tous les gauchistes car le
populisme est forcément progéniture du fascisme. La dégénérescence
et la décomposition aggrave la crise (économique et politique SVP),
et pas l'inverse ? Il est question de « barbarie morale »
et d'exclusion « endogamique ». C'est affreux quand on y
songe !
On est en plein dans le discours sectaire qui ne se pose même pas le
début du début des problèmes et catalans et espagnols ni n'est
capable de se hisser aux vraies questions : retour au
particularisme féodaliste ou Etat bourgeois cynique ?
Pourra-t-on passer au socialisme en chevauchant de multiples
micro-nations ? L'Europe bureaucratique n'a-t-elle pas
finalement besoin de ces grandes régions aussi bureaucratisées pour
se targuer de surplomber désormais les « limitations »
nationales ?
Le tract est complètement décousu et fait référence à des trucs
bizarres : qui sont ces personnes « ne pouvant plus
supporter leur situation » qui « abandonnent leurs amis,
leurs enfants, leur travail... » ? L'imbroglio catalan
risque de « s'enkyster et de devenir insoluble » et la
lutte du prolétariat ne peut être réglée « qu'en dehors et
contre ces terrains pourris que sont la démocratie et la nation ».
C'est vrai, c'est exactement ce que pensait l'Etat islamique.
La TCI (Tendance Communiste Internationaliste) vieille rivale du CCI,
se situe dans la même case indifférentiste sur le fond du problème
de l'indépendantisme nationaliste au niveau historique. En bon
internationaliste vacciné on renvoie dos à dos les deux camps
bourgeois, où on ne voit que des manifestations nationalistes15.
Est-ce que les milliers qui ont défilé à Madrid et à Barcelone
contre l'émiettement prôné par le racket catalan peuvent être
discriminés vraiment comme « nationalistes » ? Le
refus majoritaire de laisser fracturer l'Espagne est-il à mettre sur
le même plan que le nationalisme quand une pancarte titrait :
« le séparatisme catalan est une division des travailleurs » ?
Nos battagliens croient-ils que le caractère unitaire de la classe
sera meilleur avec l'indépendance nationale catastrophique et
catatonique ?
Là aussi la pensée sectaire est hors de la réalité. Pour se
justifier elle invente des fables. Comme le leur a fait remarquer
Bourrinet, il n'y a pas eu d'assemblées auto-organisées de la
classe ouvrière, et les manifestations organisées par les syndicats
ne sont pas un embrigadement nationaliste comme l'imagine Juan du
GIGC, mais un refus du retour au féodalisme régional sans
cautionner « la préservation de l'Etat actuel ». En
outre la panacée « la faute à la crise », la causalité
par le crash de 2007 se double d'une explication complotiste
invraisemblable : « Cela a mené les sections locales de
la classe capitaliste à penser qu'elles pourraient gérer plus
efficacement l'économie que l'Etat central ». On ne peut
reprocher à Battaglia ni au CCI de n'avoir pas été précurseurs et
ardents critiques de la fumisterie des libérations nationales, mais
il faut renouveler le logiciel mes bien chers « frères »
de classe ! Voir ce qui se passe vraiment dans la tête des
prolétaires qui ne sont pas tous le nez dans la feuille de paie ou
persécutés par leur pouvoir d'achat. Voir qu'ils sont capables de
réfléchir politiquement face aux régressions historiques des
factions bourgeoises les plus arriérées ou les plus inconscientes.
Bien sûr nous luttons, nous, pour l'indépendance de la classe
ouvrière, mais ce n'est pas en faisant équivaloir toutes les
factions ni en les dénonçant comme fascistes que le combat pour
l'affirmation du prolétariat pourra s'affirmer. Il faudra en passer
par des concessions temporaires et des tergiversations. Ne savez-vous
pas les mille problèmes avec les nationalismes locaux que les
bolcheviques ont confronté et qu'ils n'ont pas eu le temps de
résoudre ?
Revenons aux subtilités de l'article de Maxime Rodinson qui s'élève
au-dessus d'une actualité catalane dramatisée à souhait – on ne
va pas vers une guerre civile comme le pensent Cohn Bendit et Juan –
ce qui serait faire équivaloir les conditions d'arriération du
prolétariat espagnol en 1936 avec une classe plus éveillée et
cultivée en 2017 et aucunement prête à se laisser embarquer dans
l'un ou l'autre nationalisme. L'histoire est plus compliquée que la
scansion répétitive d'un internationalisme abstrait.
« Il faut traiter ici de la question de la spécificité
nationale sur laquelle on insiste tant à notre époque à propos du
Tiers monde. Ce n'est certes pas un mythe. Quelque chose de ce genre
existe. Mais on ne peut considérer qu'il s'agisse d'une donnée
première. On a affaire à un phénomène du genre du « caractère
national » d'Otto Bauer, résultante, condensé de phénomènes
multiples. Le livre d'Otto Bauer donne des indications intéressantes
sur la manière dont il s'est formé. Il s'agit aussi d'une donnée
en voie de perpétuel changement. On ne peut l'analyser en un
« fondamental » invariant autour duquel viendraient
s'agglomérer en quelque sorte des facteurs accessoires changeants.
Il faudrait montrer précisément ce qu'est ce « fondamental »
invariant. Il n'est pas du tout sûr que le fondamental dans la
culture nationale soit toujours le même phénomène ou le même
faisceau de phénomènes. Les caractères nationaux changent.
L'Angleterre, avant d'aboutir au puritanisme victorien, était
considérée comme une nation de joyeux drilles. Tout le monde
considérait au XVIII e siècle les allemands comme des êtres
fondamentalement pacifistes. Pourtant des facteurs relativement
permanents peuvent se concevoir plus ou moins en dépendance de
constantes géographiques ou écologiques par exemple. Chaque cas est
à analyser. On ne peut en parler qu'a posteriori, après analyse
soigneuse, non a priori.
D'autre part, l'ethnie ou la nation sont des phénomènes
contingents. Elles eussent pu etre très différentes de ce qu'elles
sont devenues. Ce sont les contingences historiques qui ont décidé
que la Bretagne serait annexée à la France et non la Belgique.
Aucune prédisposition absolument contraignante, aucune fatalité
n'ont présidé à leur création. Il ne faut pas sacraliser
l'histoire, dire que cette nation devrait exister parce qu'elle
existe. Il convient d'insister sur ce point devant les tendances
récurrentes des idéologies nationalistes à une telle
sacralisation. On ne peut que s'esclaffer quand on nous parle
maintenant du caractère sacré de l'unité nationale pour des Etats
dont la délimitation a été fixée par des diplomates lointains, à
la suite de marchandages serrés entre puissances étrangères, comme
ce fut souvent le cas pour les pays d'Afrique par exemple, héritant
de frontières fixées eu XIX e siècle à Berlin, Londres ou Paris.
Il faut se garder de ces mythes scolastiques et en revenir
toujours aux réalités concrètes qu'on peut discerner derrière les
mots. Le plus souvent, on se trouve en face de facteurs d'unité et
de facteurs de différenciation. Ainsi, dans le cas des arabes. La
discussion pour savoir si les arabes forment, par essence, une
nation, est purement scholastique. Il existe entre eux des facteurs
d'unité et des facteurs de différenciation, telle est la réalité
concrète. C'est pourquoi on ne peut les concevoir pour le moment
comme une nation à deux étages. Il y a des tunisiens, des syriens,
des égyptiens, etc..., parfois avec une différenciation qui s'est
consolidée tout juste dans le dernier demi-siècle. L'unification
l'emportera-t-elle ou la différenciation ? Ce sont des facteurs
concerts qui trancheront.
C'est à la lumière de ces considérations qu'il convient de
juger les idéologies nationalistes. Il ne s'agit pas là,
insistons-y de la revendication des droits individuels, de l'égalité
entre les gens appartenant à diverses ethnies au sein d'un même
Etat. Il s'agit d'idéologies réclamant la reconnaissance de droits
nationalitaires (autonomie) ou de droits nationaux (indépendance).
Elles exigent pour les gens d'une même ethnie ou d'une même nation
des institutions propres et un développement de leur culture
spécifique. Elles exaltent le patriotisme de l'ethnie ou de la
nation en question, la résistance à l'assimilation, le maintien de
l'identité ».
Il ne s'agit pas là encore d'une fatalité. Des tendances
agissent pour cette option, d'autres contre et varient suivant les
circonstances. Beaucoup d'algériens avant A1945 réclamaient
l'assimilation à la France (on se rappelle la fameuse déclaration
lyrique de Ferhat Abbas). Les gaulois et bien d'autres ont recherché
la latinisation. Les kurdes, les juifs, les irlandais ont cherché
pendant longtemps, en grande partie, à s'assimiler à la population
au sein de laquelle ils vivaient. La réaction nationaliste s'est
produite pour certains, à une certaine date, dans certaines
conditions. (…) L'option nationaliste n'est pas un absolu imposé
par dieu, par la morale ou par l'histoire. C'est l'aboutissement dans
certaines conditions d'aspirations et d'intérêts nés de la
situation objective à côté d'autres.
Les sentiments nationalitaires ou nationalistes ont une très
grande force et cela a été une lourde erreur des marxistes que de
les sous-estimer. Mais ces sentiments ne sont pas seuls et ils ne
sont pas toujours suprêmes.(...) La fusion des nationalités peut
être désirable si elle contribue au progrès de l'humanité. Certes
le jugement est délicat à faire et il vaut mieux que le juge n'en
soit pas un membre de la nationalité assimilatrice ».
Intéressant non ? A vous de vous reporter à l'intégralité du
texte qui est un bijou de réflexion au-dessus de la mêlée.
Ajoutons cette note finale qui appelle à plus de modestie nos
chevronnés donneurs de leçon d'internationalisme « pur » :
« Lénine prévoit que « le fait que le prolétariat
aura accompli la révolution sociale ne suffira pas à en faire un
saint et ne le mettra pas à l'abri des erreurs et des faiblesses ».
Il pourra être mené par « les intérêts égoïstes qui
poussent à s'installer sur le dos des autres » (Bilan d'une
discussion sur le droit des nations, dans la brochure « Notes
critiques... », Moscou, œuvres t. XXII). Et il cite Engels qui
croyait nécessaire d'avertir que « le prolétariat victorieux
ne peut imposer un bonheur quelconque à un peuple étranger sans
compromettre ainsi sa propre victoire » (lettre à Kautsky, 12
sept. 1882). Ils ont été rarement aussi clairvoyant l'un et
l'autre ».
En conclusion, car il faut que je vous donne mon avis. L'imbroglio
catalan ne doit pas être dramatisé. La pantalonnade de Puigdemont
et les nouvelles tergiversations peureuses du jour J (ce jour) ont
démontré deux choses :
- ne proclame pas l'indépendance qui veut dans la vieille Europe, tous les principaux chefs d'Etat, Merkel en tête ont dû ramoner les oreilles à Puigdemont, qui ne peut pas trop la ramener vu le fiasco de son trucage électoral et la masse des espagnols et des catalans qui ont été outrés à l'idée d'une séparation avec la Catalogne.
- En soi, la bureaucratie européenne n'est pas contre une « régionalisation-dépeçage » des pays qui lui confierait plus de pouvoirs mais l'Espagne n'est pas un pays artificiel récent comme la Yougoslavie et pas sûr que le prolétariat espagnol et catalan, sans pour autant être nationaliste, ait envie d'assister à une régression féodale sans protester ; en vertu de quoi il faut plutôt se féliciter des manifestations massives contre la volonté de scission d'une clique de politiciens nationalistes à courte vue et vénaux.
Les révolutions ont été victorieuses en général dans les pays
fortement centralisés. La tentative de révolution en Allemagne en
1918 n'échoue pas en raison de l'absence d'un parti léniniste pur,
mais du fait d'un découpage en länders. L'avenir de la bourgeoisie
est en Catalogne, le nôtre dans la centralisation des besoins de
l'humanité.
NOTES
1Le
site collabo le plus en pointe pour alimenter les carences
théoriques du gauchisme est évidemment Médiapart qui est alimenté
directement en écoutes téléphoniques par la police (cf. Le Point
de ce jour). Les « frères » émeutiers professionnels
et autres « totos » servent à ridiculiser toute lutte
sociale dangereuse par leurs insurrectionalisme de pacotille (dont
les flics les plus intuitifs se moquent, il paraît que le vieux
frère Julien Coupat (43 piges) vient aux manifs en taxi pour
déjouer la surveillance des pandores... la preuve que non
puisqu'ils le savent. Coupat comme meneur de lanceurs de pavés, on
se poile!). Enfin, une nouvelle créature a fait son apparition dans
le spectacle paysager, l'ultra-droite. La qualification de fascisme
sent-elle trop le rance désormais ? En tout cas une paire de
minables rêveurs d'attentats anti-musulman, mise exagérément en
vedette pour un projet de zigouiller le pitre Mélenchon, va sans
doute servir à alimenter le suivisme gauchiste en matière de
« montée du fascisme ».
2Il
faut rappeler qu'une partie du NPA a rejoint le clan Mélenchon et
n'a aucune honte à ressortir le joujou patriotique comme à
soutenir le joujou catalan. En 1891, Rémy de Gourmonf fît scandale
avec ce joujou patriotisme: « Le jour, pourtant viendra
peut-être où l'on nous enverra à la frontière : nous irons,
sans enthousiasme ; ce sera notre tour de nous faire tuer ;
nous nous ferons tuer avec un réel déplaisir. « Mourir pour
la patrie » ; nous chantons d'autres romances, nous
cultivons un autre genre de poésie (…) S'il faut d'un mot dire
nettement les choses, eh bien ! - Nous ne sommes pas
patriotes » (Ed Pauvert, 1967). Et c'est le flamboyant Octave
Mirbeau qui le soutient : « Aujourd'hui la presse est
libre, mais à la condition qu'elle restera dans son strict rôle
d'abrutissement public. On lui pardonne des écarts de langage,
pourvu, comme dans la chanson de café-concert, que le petit couplet
patriotique et final vienne pallier et moraliser les antérieures
obscénités. On tolère qu'elle nous montre des derrières
épanouis, des sexes en fureur ou en joie, encore faut-il que ce
soit dans un rayonnement du drapeau tricolore. Soyons vulgaires,
abjects ; remuons les sales passions et les ordures bêtes,
mais restons patriotes. On peut voler, assassiner, calomnier,
trahir, être une brute forcenée, un lâche brigand, cela n'est
rien, si l'on organise du « boucan » dans les théâtres,
si l'on insulte les femmes qui viennent d'Allemagne, si l'on vomit
sur le génie des belles œuvres... ». Si quelqu'un voit une
différence avec notre morne époque, qu'il m'écrive.
3Même
si on peut considérer qu'elle procède parfois par idéalisme et
que l'histoire lui a donné tort. Contrairement à ce qu'elle
souhaitait ou ne prédisait pas, la nation polonaise a fini par se
constituer et se perpétuer malgré « l'internationalisme »
étouffant de l'impérialisme russe. Pour une approche plus fine et
historique de la complexe question nationale, le texte de référence,
que vous devriez tous avoir lu, est celui de Maxime Rodinson :
Le marxisme et la nation », lisible sur le web, site Persée. Une anecdote: Vers 1985 j'avais invité chez moi à Fontenay aux Roses deux personnages épatant mais opposés, bien que formés tous deux à l'école luxemburgiste, Marc Chiric et Diran Voschguiridjian, grande figure du mouvement national arménien, tous deux âgés de plus de 80 ans. La polémique fît rage. Diran, ancien commissaire politique de Staline accusa Marc d'être un "marxiste grand-russien dominateur et chauvin" quand Marc le traitait de petit marchand des libérations nationales, après avoir tenté de lui arracher la rosace de la légion d'honneur que l'arménien arborait fièrement sur son veston. Comme je les avais servi pas mal en picrate ils finirent pas se prendre dans les bras et s'embrasser "à la russe".
4Cité
par Pierre Barbéris : « Aux sources du réalisme :
aristocrates et bourgeois » (UGE 1978). « Une époque
qui rêve des cathédrales du passé parce qu'elle n'est plus
capable d'en construire : tel est le siècle romantique ».
5Contrairement
à ce que croit pouvoir affirmer la TCI (Tendance Communiste
Internationaliste qui publie Battaglia Comunista) et un de ses
porte-drapeaux en France, Juan (du GIGC).
6La
question nationale et l'autonomie, traduit et présenté par Claudie
Weill, ed Le Temps des Cerises.
7Ibid
p.113.
8Hannah
Arent recopiant Rosa Luxemburg avait cru conclure dans les années
1950 que la nation n'était plus qu'un cadavre ambulant. La chute de
la maison stalinienne a pourtant fait pulluler tant de globules
blancs. Décomposition ? Lorsque Marc Chiric nous a sorti de
son chapeau la notion de décomposition au milieu des années 1980,
il m'assura que cette notion était nouvelle. Il mentait, comme je
l'ai vérifié dès l'époque, car les textes de l'IC sont truffés
de cette notion. Etrange ce cadavre du capitalisme en décomposition
depuis un siècle, certes il sent mauvais, mais est-ce possible de
se décomposer aussi longtemps sans pourrir enfin ?
9Die
Nationlitäten-frage und die Sozialdemokratie, Vienne 1907.
10Vous
pouvez lire le développement dans le texte de Rodinson, ce qu'il
attribue lui à l'hégémonie russe et nous à l'isolement de la
révolution.
11Comme
le répond Bourrinet à la TCI.
12Il
n'y a plus en fait que de faux groupes révolutionnaires marxistes,
individus dispersés, couples qui s'expriment plus par des blogs
(et une radio de gauche portugaise intellectualiste) que par des
journaux invendables et invendus.
Enfin il n'y a aucun parti digne de ce nom ni organisation indigne
de parti. Faudra savoir attendre.
13Comme
les gauchistes le CCI s'est laissé prendre à l'usage religieux des
termes « frères de classe », d'où son utilisation dans
ce passage.
14Ce
n'est pas une petite affaire pour tous les pays du sud européen !
On peut bien sûr se donner bonne conscience à la manière
charitable des gauchistes bisounours : « ouvrez les
portes, on a les moyens de les accueillir », mais c'est du
flanc. Le débat est impossible puisque l'argumentaire charitable
sert à culpabiliser donc à empêcher de penser. On est qualifié
de raciste si on émet un bémol sur ces arrivées massives (avec
islam dans le baluchon). Or les migrations grandes ou petites ont
toujours posé des problèmes au mouvement ouvrier ; Rosa
rappelle qu'une des revendications des ouvriers en France était des
quotas, et elle ne s'en offusque pas ni ne les traite de racistes.
15Y
aurait-il une usure, voire une dégénérescence des restes de la
dite Gauche communiste sur des questions basiques. L'article de
Battaglia sur Charlotteville est très affligeant sur la nation de
fascisme, et assez proche de la purée gauchiste (ou mayonnaise) :
« le côté fasciste de la bourgeoisie a toujours été là »
(!?) ; « le fascisme n'est rien moins que le véritable
visage de la démocratie bourgeoise en période de crise ».
Bancal et faux comme définition. Le fascisme fut, je dis bien fus,
une idéologie de montée à la guerre mondiale, second couteau
anticommuniste après la SD. Il n'était pas la démocratie libérale
mais « la bourgeoisie unie derrière son armée »
(Bordiga). Il n'est pas vrai non plus qu'on peut généraliser
ainsi : « La bourgeoisie tend à placer la race et la
nation en tant que concept central de son idéologie » ;
c'est plus compliqué avec l'antiracisme étatique, le toujours
antifascisme de salon, la charité pour les migrants au tout venant,
l'idéologie européenne, la juridicisation des rapports sociaux,
etc. L'antiracisme et la complainte
en faveur d'un accueil tout azimut des migrants (économiques), que
partage avec es gauchistes la TCI, sert à illustrer une
victimisation permanente qui permet d’esquiver toute remise en
question de la véritable politique d'accueil des Etats bourgeois et
de créer une confusion encore plus profonde : les coupables de
l'inertie, de la misère et de la continuation de la guerre là-bas,
sont les prolétaires nationaux donc nationalistes. Il n'y aura probablement pas de Brexit espagnol, car le Brexit, tout le monde le voit, signifie un appauvrissement. Il semble bien que la majorité de la population espagnole, y compris catalane, y compris ouvrière, mesure la faillite politique et économique qu'entrainerait la séparation.