(échange de courrier entre Robin Goodfellow et un site
de faux-cul gauche trafic d’histoire qui se veut ludique et n'est que nunuche)
Après les grandes commémorations
militaires de la seconde boucherie mondiale, les gazettes et sites de la gauche
bourgeoise se piquent d’enseigner comme seule alternative aux guerres passées
les bêlements pacifistes des « grands hommes » à l’instar d’un Jaurès
un peu trop sponsorisé et porté aux nues de la pourriture représentative
bourgeoise. Au reste, l’assassinat du tiède socialiste Jaurès, plus professoral
que guide politique du prolétariat, comme ceux de Liebknecht ou même du « pèlerin
du néant » Matteotti (1) a signifié non la fin du parlementarisme (acté de
fait par la trahison des partis socialistes) mais la fin des « héros »
de tribune, ou plutôt l’impossibilité désormais de faire entendre la voix
révolutionnaire depuis tout promontoire parlementaire ; on n’a plus vu
depuis qu’une succession de petits personnages corrompus aspirant à se partager
le pouvoir dans l’Etat bourgeois et à envoyer les masses de prolétaires au
casse-pipe. La façon dictatoriale dont les gugusses du site menteur répondent à
R.Goodfellow démontre non simplement la vacuité mais la supercherie perverse du
« discours démocrate ». Nos amis de R.Goodfellow sont encore trop
gentils avec ces cuistres professionnels, et ils auraient pu rappeler cet
extrait du discours de Bordiga sur le parlementarisme en 1920 :
« Les communistes nient carrément
que la classe ouvrière puisse conquérir le pouvoir en obtenant la majorité
parlementaire. Seule la lutte révolutionnaire armée lui permettra d’atteindre
ses objectifs. La conquête du pouvoir par le prolétariat, point de départ de
l’œuvre de construction économique communiste, implique la suppression violente
et immédiate des organes démocratiques qui seront remplacés par les organes du
pouvoir prolétarien : les conseils ouvriers. La classe des exploiteurs
étant ainsi privée de tout droit politique, le système de gouvernement et de
représentation de classe, la dictature du prolétariat, pourra se réaliser. La
suppression du parlementarisme est donc un but historique du mouvement
communiste. Nous disons plus : la première forme de la société bourgeoise
qui doit être renversée, avant la propriété capitaliste et avant la machine
bureaucratique et gouvernementale elle-même, c’est précisément la démocratie
représentative. » (cité en conclusion de mon livre « La croyance
électorale et ses origines » (2011).
Suite aux diverses commémorations honteuses de 1944,
et comme rien ne venant expliquer les vraies causes des deux boucheries, l’intelligentsia
bourgeoise du Nobs aux divers crétins des sites attelés à l’idéologie de gauche
décomposée, se répandent en louanges sur ce pauvre Jaurès, pour mieux faire
oublier les véritables lutteurs contre la guerre capitaliste, d’une autre
trempe que le professeur de lycée d’Albi, les Lénine, Luxemburg, Liebknecht,
etc.
(1)
Dont Gramsci écrivit : « Il n'y a
qu'une seule façon de célébrer dignement et profondément le sacrifice de
Matteotti : c'est celle des militants qui se rassemblent dans les rangs du
Parti et de l'Internationale communiste pour se préparer à toutes les luttes de
demain. C'est grâce à eux, et à eux seulement, que la classe ouvrière cessera
d'être le « pèlerin du néant », cessera de passer de désillusion en
désillusion, de défaite en défaite, de sacrifice en sacrifice, en essayant en
vain de résoudre le problème contradictoire de créer un monde nouveau sans
briser en éclats ce vieux monde qui nous opprime. Ce n'est que grâce à eux que
la classe ouvrière deviendra libre et maîtresse de ses propres destinées ».
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La site web ( http://www.jaures.eu)
se consacre à la diffusion de l’oeuvre de Jean Jaurès. Fort bien et nous ne
pouvons que saluer une initiative qui de plus « évite de ne proposer de
Jaurès que certains courts extraits de quelques textes permettant de déformer
sa pensée
voire juste quelques citations tellement sorties de leur contexte qu’elles
ne veulent plus rien dire (ou plutôt qu’elles ne veulent plus dire que ce que
veulent leur faire dire ceux qui les manipulent ainsi !). »
Arrivés par hasard sur ce site, nous trouvons un texte
de Jaurès consacré à Engels et qui reprend cette citation (fautive comme nous
allons le voir) d’Engels de 1891 où, critiquant le programme d’Erfurt, il
est dit : « Si une chose est certaine, c’est que notre parti et la
classe ouvrière ne peuvent arriver au pouvoir que sous la forme de la
République démocratique. Celle-ci est la forme spécifique de la dictature du prolétariat, comme
l’a montré déjà la grande Révolution française. » (souligné par nous)
Or cette traduction (nous ne savons pas si elle est de
Jaurès lui-même) est toujours la traduction officielle, dans les éditions
staliniennes, de ce texte. Elle n’en est pas moins erronée. Il est vrai qu’elle
a un grand avantage. Elle sert de point d’appui à tous les manipulateurs pour
transformer Engels en démocrate. Mais Engels ne dit pas DE mais POUR (für). Une
fois rectifié le sens de cette citation, nous comprenons parfaitement qu’elle s’inscrit
dans la tradition de tout ce que Marx et Engels ont répété pendant des
décennies.
Nous avons donc fait un commentaire dans ce sens sur
le site. Ce commentaire a été accepté avec bienveillance.
Le commentaire du texte http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/republique-et-socialisme-jaures-et-engels-1901/
« Si cette citation d’Engels a été traduite par
les soins de Jaurès et cette traduction se perpétue de nos jours, il n’en
demeure pas moins que cette traduction est au moins fautive. Engels emploie le
terme für et sans être grand germaniste, il faut donc traduire
« pour » et non « de ». On retrouve ainsi la proposition
constante de Marx et Engels quant à la république démocratique à savoir qu’il s’agit
du nécessaire champ de bataille pour que la lutte entre le prolétariat et la
bourgeoisie puisse parvenir à son terme avec la conquête du pouvoir politique
par le prolétariat.
« Ce qu’il [le prolétariat] conquit [en imposant la
République], c’était le terrain en vue de la lutte pour sa propre émancipation
révolutionnaire, mais nullement cette émancipation même » (Marx, 1850, Les
luttes de classes en France, Pléiade, Politique, p.244)
« Même la démocratie vulgaire, qui voit dans la
République démocratique le millenium et qui ne soupçonne guère que c’est
précisément sous cette forme ultime de l’Etat de la société bourgeoise que
devra se livrer la bataille entre les classes (
). » (Marx, 1875, Critique du
programme de Gotha, Pléiade, T.1, p.1430).
« Une chose absolument certaine, c’est que notre Parti
et la classe ouvrière ne peuvent arriver à la domination que sous la forme de
la république démocratique. » (Engels, Critique du programme d’Erfurt, 1891)
« Marx et moi, depuis quarante ans, nous avons répété
jusqu’à satiété que pour nous la république démocratique est la seule forme
politique dans laquelle la lutte entre la classe ouvrière et la classe
capitaliste peut dabord suniversaliser et puis arriver à son terme par la
victoire décisive du prolétariat » (Engels, 1892, réponse à Giovanni. Bovio, in
Révolution et démocratie chez Marx et Engels de Jacques Texier, p.388)
« (
) la république bourgeoise, a dit Marx, est la
forme politique dans laquelle seule la lutte entre prolétariat et bourgeoisie
peut se décider. » (Engels, 1894, Lettre à Turati, in Révolution et démocratie
chez Marx et Engels de Jacques Texier, p.391) » (Commentaire de Robin
Goodfellow 21/06/2014)
Suite à quoi nous avons reçu cette réponse du
modérateur du site :
« Bonjour,
Merci pour votre précieux commentaire. Il figure donc
à la suite de l’article.
Bien cordialement, » (Réponse du modérateur du
site 21/06/2014)
Plus tard, poursuivant la lecture du site, nous tombons
sur un texte de Jaurès où il reprend une expression de Marx, l« évolution
révolutionnaire », pour lui faire dire tout autre chose et dans un sens
réformiste.
Nous avons alors proposé un second commentaire :
Commentaire du texte : http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/jaures-et-levolution-revolutionnaire-marx-1901/
« Nous avons déjà vu comment Jaurès (cf.
commentaire sur République et socialisme ,Jaurès et Engels 1901) maltraitait le
texte d’Engels pour lui faire dire l’inverse de la position qu’il (avec Marx) a
toujours défendue à savoir que la république démocratique est le champ de
bataille, le terrain de lutte nécessaire à l¹émancipation du prolétariat et
qu¹il ne peut être que cela. Il ne s’agit donc pas de préserver la république
démocratique, ses institutions et l¹organisation étatique qui y correspond mais
d’en finir avec elles.
Dans ce texte, Jaurès récidive avec cette citation de
Marx : « évolution révolutionnaire » et il lui donne un sens et une tonalité
réformistes qui est complètement absente de l¹original. En effet que nous dit
Marx :
« Si les travailleurs allemands ne peuvent accéder au
pouvoir et faire triompher leurs intérêts de classe sans traverser un long
processus de développement révolutionnaire [traduit aussi par évolution
révolutionnaire], du moins ont-ils cette fois la certitude que le premier acte
de ce drame révolutionnaire en perspective coïncidera avec la victoire directe
de leur propre classe en France et s’en trouvera considérablement accéléré. »
(Marx, Adresse du Comité central de la Ligue des communistes, Mars 1850,
Pléiade, Politique, p.558)
« A une conception critique, la minorité oppose une
conception idéaliste. Au lieu de rapports réels, la minorité préfère la seule
volonté comme force motrice de la révolution. Alors que nous disons aux
ouvriers : il vous faudra peut-être encore passer 15, 20, 50 ans de guerre
civile et de conflits internationaux, non seulement pour changer les rapports
existants mais pour vous changer vous-mêmes et vous former à la domination
politique, vous, au contraire, vous leur dites : nous devons prendre maintenant
le pouvoir ou aller nous coucher.(
) A l’instar des démocrates, vous avez
remplacé le développement révolutionnaire [idem autre traduction : évolution
révolutionnaire] par des phrases sur la révolution. » (Marx, intervention de
Marx contre la fraction Schapper à une réunion de la ligue des communistes 15
septembre 1850 cité par F. Claudin, Marx, Engels et la révolution de 1848,
p.312)
Le sens est donc un sens organique, darwinien avant la
lettre, et en tous cas dialectique. Dans la première citation c’est le processus
de la révolution permanente qui est visé et qui doit voir se succéder et s’épuiser
les partis bourgeois et petits bourgeois au pouvoir avant que ne vienne le tour
du parti prolétaire qui devra affronter les classes coalisées sous le drapeau
de la « démocratie pure ». Dans l’autre, le propos porte non seulement
sur le processus révolutionnaire au cours de la révolution mais sur la
nécessité de plusieurs assauts révolutionnaires pour vaincre. Il s’agit donc
aussi de l’attente résolue de la contre-révolution pour sélectionner la classe,
lui faire tirer les leçons de l¹expérience révolutionnaire et
contre-révolutionnaire afin de l¹aguerrir, la renforcer sur le plan de
l¹expérience, de la théorie et de la conscience.
Nous sommes loin des interprétations tendancieuses de
Jaurès. Il est vrai que : « (
) ce M. Jaurès, ce professeur doctrinaire, mais
ignorant, surtout en économie politique, talent essentiellement superficiel,
abuse de sa faconde pour se forcer dans la première place et poser comme le
porte-voix du socialisme qu¹il ne comprend même pas. » (Engels, Lettre à
Lafargue, 6 mars1894, Correspondance Engels Lafargue, p.354)
Si le destin tragique de Jaurès dans le cadre d’une
radicalisation croissante de sa pensée, fait qu¹il est acquitté, fusse au bénéfice
du doute, de l¹accusation de trahison du mouvement socialiste, ce n’est pas
dans l’étude de son oeuvre que l’on trouvera une source sérieuse pour l¹étude
du socialisme en tant que science. » (Commentaire de Robin Goodfellow
27/06/2014)
Ce commentaire nous a valu ensuite la réponse
suivante :
« Bonsoir,
Avant - votre premier commentaire sur notre site
c'était du débat. On aimait bien. Maintenant, fusse par la bouche d'Engels, ce
sont des anathèmes (le "doctrinaire", venant d'Engels, étant particulièrement
savoureux...). Pas leur place sur notre site, où l'on peut débattre mais pas
insulter, et où il est question de politique et non de science ou de religion.
Cordialement, » (Réponse du modérateur du site
27/06/2014)
Nous n’avons donc pas laissé passer cet acte de
censure (Comble du ridicule, il s’agit de la censure d’Engels !)
« Monsieur le censeur,
Quel crime a commis Engels pour que vous le censuriez
?
Nous avons dans un premier commentaire que Jaurès sur
la base d’une citation disons déformée pour être poli, faisait dire à Engels l’inverse
de ce que lui et Marx ont dit tout au long de leur vie quant à la république
démocratique. Cette traduction, erronée, est curieusement toujours en vigueur
aujourd’hui et elle sert les mêmes intentions : faire passer Engels pour
un démocrate. La dernière tentative substantielle de ce genre remonte au livre
de Jacques Texier : « Révolution et démocratie chez Marx et Engels » ou après s’être
tiré une balle dans le pied en expliquant que la traduction est fautive ; notre
auteur la reprend quand même pour en tirer près dun siècle après les mêmes
conclusions fallacieuses que Jaurès (Il n’est pas sûr que Texier ait connu le
texte de Jaurès il se serait épargné l’idée que son interprétation est
nouvelle). Toute étude sérieuse de la pensée de Marx sait que cette traduction
est tendancieuse. Nous nous sommes donc permis de rétablir son contenu
effectif.
Dans un second commentaire nous montrons, citation à
la main, que Jaurès procède de manière encore plus fallacieuse quant au thème
de l’"évolution révolutionnaire", termes extraits hors contexte de l’oeuvre
de Marx pour leur faire dire tout autre chose que leur signification exacte.
Cela commence à faire beaucoup quant à la compréhension
du marxisme de Jaurès. Et du coup nous rappelons le jugement d’Engels sur
Jaurès.
Que n’avons-nous pas fait là ? Vous prenez alors
prétexte du ton d’Engels, de la forme de sa pensée pour, selon un procédé bien
connu, non seulement éviter le fond du commentaire mais le censurer
purement et simplement.
Vous avez de ce point de vue une singulière conception
du débat auquel vous ne cessez de faire référence. Vous avez, comme vous êtes
le gestionnaire du site web, toute latitude pour répondre aux commentaires et
montrer que ce que nous disons même si nous pouvons appuyer chaque ligne par
des citations de Marx et Engels n’est pas conforme à leur pensée. Vous pouvez
même tenter de démontrer nous attendons cette prouesse avec un sourire en coin
; le révisionnisme ne dit rien d’autre - que le socialisme scientifique est une
religion.
Vos procédés et votre censure en disent long sur votre
conception de la liberté d’expression. Sans doute appartenez-vous directement
ou idéologiquement à ce parti dont les membres, le cadavre de Jaurès encore
chaud, appelaient le prolétariat de tous les pays à s’entrégorger, le parti des
assassins de Rosa Luxemburg, le parti qui négociait avec le fascisme, le parti
de la défense des colonies et des va-t-en-guerre.
Vous censurez Engels parce qu’il a égratigné l’icône
réformiste. Nous avions cru comprendre que votre site visait également à donner
à lire des ressources sur Jaurès ; vous publiez Trotsky, pourquoi ne voulez-vous
pas que soit connue l’opinion dEngels ? Vous pourriez aussi reprendre quelques
écrits de Lénine et Rosa Luxemburg qui sont dans la même veine.
Nous supposons que, partant de ce principe, vous
souhaitez interdire « La sainte-Famille » qui critique notamment les frères
Bauer, « Misère de la philosophie » parce qu’elle dit du mal de Proudhon, l’»Anti-Dühring
» qui comme son nom l’indique s’en prend à Eugène Dühring, «La question du
logement » qui donne des coups de bâtons au docteur Mülberger [1], et
pourquoi pas du « Capital » qui condamne la société bourgeoisie dont il
est une nouvelle fois démontré que vous et vos pareils en êtes les fidèles
cerbères.
Monsieur le censeur, bonsoir.
[1] Mülberger d’ailleurs s’en était plaint dans des
termes qui évoquent vos arguments pour censurer Engels, mais Mülberger avait au
moins fait une réponse sur le fond » (Courriel de Robin Goodfellow au
modérateur. 30/06/2014)
Voilà le dernier état du dossier sur cette censure
aussi mesquine que ridicule