EN HOMMAGE AUX FEMMES MARTYRES EN IRAN ET EN AFGHANISTAN (et aux hommes aussi victimes du nazislamisme)
Me voilà de retour, après de longues tentatives vaines pour publier sur ce blog vu les arcanes et irrationalités fonctionnelles de google-gogol, l'inutilité et surtout l'impossibilité de contacter ou demander des explications aux robots de cette firme mondialiste. J'ai réussi à me débrouiller tout seul sans avoir à créer un autre blog et à payer un nom de domaine. Comme ce blocage informatique avait bloqué toute ma réflexion politique quotidienne (y inclus pendant l'épisode navrant de compétition footballistique et nationaliste des manchots milliardaires et méprisant leurs masses énamourées), je vous republie - en attendant une actualisation critique de ce que nous subissons à l'international - un texte de PU 51, c'était dans les années 90... Un article qui avait servi de déclencheur à mon livre : "le marxisme est-il un messianisme" que ni les à chier Spartacus ni les maos de L'Harmattan n'ont daigné publier.
Marx,
si souvent taxé de messianisme religieux par les réactionnaires
bourgeois des XIXe et XXe siècles démontre que sa théorie
n'emprunte rien à l'illusion religieuse, et surtout il peint un
tableau de la bureaucratie d'Etat qui va comme un gant au
fonctionnement des Etats modernes et pas seulement à l'Etat
stalinien. Ses détracteurs littéraires sont passés un peu vite,
voire ont ignoré comment il a décrypté non seulement le formalisme
bureaucratique mais aussi la mentalité théologique des
thuriféraires historiens de gouvernement. Pour Marx, la bureaucratie
représente « le formalisme d'Etat au sein de la société
bourgeoise », et surtout : « L'esprit bureaucratique est un
esprit éminemment théologique »; « la bureaucratie est la
république prêtre ». Dans ce texte de 1843, il décrit
génialement comment, à l'image de la perception superstitieuse, la
bureaucratie dédouble l'aliénation dont sont victimes les individus
dans la société bourgeoise:
« ...La bureaucratie constitue
l'Etat imaginaire à côté de l'Etat réel, le spiritualisme de
l'Etat. Chaque objet a, de ce fait, une double signification, réelle
et bureaucratique (il en est de même de la volonté). Mais la
chose réelle est traitée selon son essence bureaucratique,
c'est-à-dire céleste, spirituelle (...). L'esprit général de la
bureaucratie est le secret, le mystère... Le principe de son savoir
est l'autorité, et l'idolâtrie de l'autorité est sa mentalité. Au
sein même de la bureaucratie, le spiritualisme se transforme en
matérialisme sordide, le matérialisme de l'obéissance passive, la
foi en l'autorité, le mécanisme d'une pratique sclérosée et
formaliste, de principes, de conceptions et de traditions fixes.
Quant au bureaucrate pris individuellement, l'intérêt de l'Etat
devient son intérêt privé sous la forme de la ruée aux postes
plus élevés, du carriérisme. Il considère la vie réelle comme
purement matérielle, car l'esprit de cette vie possède dans la
bureaucratie sa propre existence séparée».
Il y a là une
étonnante et pénétrante analyse du bureaucrate « communiste »
(stalinien) ou libéral. La description de Marx ne s'arrête pas là
car la base de l'explication se trouve dans le culte de la propriété
privée : « La réalité de l'idée morale apparaît ici comme la
religion de la propriété privée»; « la religion est devenue une
qualité inhérente à la propriété foncière ». Marx reproche
en plus à Hegel de ne pas avoir décrit l'Etat moderne, et il est
caustique sur la mystification politique: « Le principe qui veut que
le rationnel soit réel se heurte précisément à la réalité
irrationnelle qui est partout le contraire de ce qu'elle affirme et
qui affirme le contraire de ce qu'elle est ». La souveraineté du
monarque est confondue avec celle du Dieu, et l'absence de
souveraineté du peuple prouve l'aliénation de l'homme (non réduite
au concept de dépression ou animadversion à l’époque). Avant
d'élaborer la théorie du prolétariat comme force levier de la
société future, Marx en appelle à la souveraineté du peuple, et
bien que sa pensée soit encore imprécise, c'est par la délimitation
d'avec la religion qu'il peut envisager un régime de « vraie
démocratie» comme « énigme résolue de toutes les constitutions »
:
« De même que ce n'est pas le religion qui crée l'homme, mais
l'homme qui crée la religion, ce n'est pas la constitution qui
crée le peuple, mais le peuple qui crée la constitution ». De
cette idée découlera ultérieurement que la « vraie démocratie »
n'est pas l'Etat républicain mais dépend de la disparition de
l'Etat politique; pour l'heure s'il envisage un « Etat démocratique.
Pour
qu'un groupe soit par excellence le groupe libérateur, il faut qu'à
l'inverse un autre groupe soit, de façon manifeste, le groupe qui
asservit. » Marx raisonne jusque là sur le mode de la révolution
française, et il en vient à établir la synthèse de son
raisonnement: « ... cette dissolution de la société sous forme
d'une classe particulière, c'est le prolétariat. » Pour les
commentateurs modernes les plus stupides, ceux qui sont accrédités
auprès des pouvoirs publics de l'armement et du goupillon
communautariste, le jeune Marx, pauvre d'esprit, ne faisait que
renouer avec la tradition... judéo-chrétienne: croyance en l'idée
du salut collectif opéré par le prolétariat succédant au peuple
élu, messianisme biblique, décadence salutaire, etc. Or rien,
surtout dans les écrits du jeune Marx, et jusqu'au terme de sa vie,
ne transpire de la moindre concession idéaliste à la psychologie
religieuse. Marx n'est ni gourou ni sociologue à la manière
d'Auguste Comte ou des plumitifs français, il est un penseur de
l'histoire. L'histoire n'existant pas vraiment encore comme
discipline universitaire ni comme objet d'étude rétroactif, c'est
en véritable historien pénétrant de l'évolution de l'humanité de
l'Antiquité à la Révolution française et au développement du
capitalisme, qu'il dégage la fonction des classes sociales et leur
destinée. C'est de l'histoire des hommes qu'il dresse la
responsabilité de la principale classe exploitée moderne non de la
Bible, ni du Talmud ni de toutes les diverses élucubrations
psychologiques religieuses ésotériques ou astrologiques. C'est de
l'aspect révolutionnaire du capitalisme lui-même, universaliste
dans l'échange et capable de dominer sur terre et sur mer (guère
plus tard dans les airs) la planète, qu'il déduit la possibilité
pour une classe universelle produit produite par ce même capitalisme, de
prétendre lui succéder sur d'autres bases à dimension humaine.
Marx n'a donc pas eu besoin de rencontrer Flora Tristan qui avait
exposé avant lui l'importance de la classe des prolétaires pour
l'avenir, car l'idée était « dans l'air »; chaque révolte
ouvrière, chaque révolution à l'époque pose le problème de
l'universalité de la transformation du monde par une classe
particulière. Après la mort de Marx, dans la préface de juin 1883
à une réédition du Manifeste communiste, Engels est réducteur en
imaginant que l'idée maîtresse d'émancipation de la classe
ouvrière avec pour visée l'émancipation de l'humanité entière
appartiendrait « uniquement et exclusivement à Marx », comme
lorsqu’il prétend sur sa tombe qu’il n’avait pas d’ennemis
(Il en avait plein, aujourd’hui encore).
La conviction d'une nécessaire émancipation existait chez la plupart des
prédicateurs socialistes et communistes du XIXe siècle; cependant on trouve
une dimension eschatologique, une religiosité sous l'argumentation
généreuse et humanitariste, mais pas chez Marx. Non pas que Marx
soit cynique ou anti humaniste, mais parce qu'il est hermétique
à toutes les promesses de rédemption et de bonheur dans l'au-delà
et parce qu'il a compris que le combat contre la psychologie
religieuse – sujétion des hommes à des autorités supérieures
auto-proclamées - était incessant, même s'il n'est plus primordial
au niveau politique. En 1844, Marx est reconnaissant à Feuerbach
d'avoir prouvé que la philosophie n'est rien d'autre que la religion
sous forme de concepts abstraits et d'avoir fondé le véritable
matérialisme moderne. Feuerbach a «achevé la critique de la
religion en même temps qu'il esquissa les lignes maîtresses
d'une critique de la spéculation hégélienne » (la Sainte Famille,
chapitre VI). Hegel n'était finalement qu'un psychologue religieux
qui spéculait dans l'abstraction. L'aliénation fondamentale de
l'être humain au XIXe siècle est d'ordre économique et se dégage
de la propriété privée. Les oppressions politiques et religieuses
n'existent qu'en fonction de la principale aliénation: « La
religion, la famille, l'Etat, le droit, la morale, la science, l'art,
etc., ne sont que des modes particuliers de la production et en
subissent la loi générale. La suppression positive de la propriété
privée, en tant qu'appropriation de la vie humaine, est donc la
suppression positive de toute aliénation, c'est-à-dire le retour de
l'homme qui, abandonnant religion, famille, Etat, etc., retrouve son
existence humaine, c'est-à-dire sociale. L'aliénation religieuse
comme telle s'opère dans le seul domaine de la conscience, à
l'intérieur de l'homme, tandis que l'aliénation économique est
celle de la vie réelle » (fin de la dépersonnalisation). Marx
établit la nécessité de la dictature du prolétariat en 1852. La
société communiste sera « appropriation réelle de l'essence
humaine par et pour l'homme », par suite « le retour de l'homme à
lui-même en tant qu'homme social, c'est-à-dire humain, retour
complet, conscient, accompli en sauvegardant toute la richesse du
développement antérieur ». Pas de table rase cynique chez Marx,
mais un communisme vraiment humaniste où l'homme rentrera en
possession de son être générique. Ce communisme » résout
l'énigme de l'histoire et sait qu'il la résout ». Marx indique un
possible sens de l'histoire, il n'officie à aucune anticipation
pseudo-mystique. Soumis à la dynamique de transformation politique
et sociale, la persistance de la psychologie d’Etat, en particulier
sous sa forme religieuse, est vouée à l'extinction; il n'est pas
besoin de la combattre de front la simple religion, désormais si puisque dans l'aire musulmane elle est redevenue religion d'Etat et Etat de la religion. Se situant résolument sur le terrain politique et social, Marx analyse le
travail. C'est par le travail que l'homme transforme et se transforme.
UNE PERSPECTIVE
COMMUNISTE ANTI-RELIGIEUSE
Pour Marx le prolétariat n'est pas investi
par sa lutte du messianisme qui viserait à reconstituer l'humanité
perdue. Ce n'est pas parce qu'il est révolutionnaire, mais parce qu'en tant
que classe il est poussé par des conditions historiques (au nombre
desquelles aussi sa misère). Le jeune Marx, au milieu des années
1840, émerge de ses études philosophiques. Il est même en retard
quant à l'appréhension de l'expérience historique prolétarienne
accumulée depuis Babeuf et la première vague des utopistes. Ses
textes, même s'il commence à percer des notions matérialistes pour
la théorie de classe, sont encore entachés d'un jargon
philosophique humaniste; lequel est cité depuis à tour de bras par
toutes les générations de petits-bourgeois radicaux comme le fin du
fin de la "subversion". Au contact du mouvement ouvrier et
en étudiant l'économie politique anglaise, Marx abandonnera cette
phraséologie philosophique humaniste, bien qu'en gardant un style
complexe (mais riche de contenu et mille fois plus lisible que les
écrits brouillons d'un Bakounine). Marx rejette l'hypocrisie de la
morale humaniste bourgeoise au-dessus des classes. La forme de la
morale des hommes, à toute époque, n'est pas indépendante des
facteurs matériels de la société. Il décèle la conscience de (et
pour) l'humanité dans le prolétariat. Dans son ouvrage charnière
où il délimite pour la première fois aussi nettement le
prolétariat de la petite-bourgeoisie, Marx insiste sur la nature de
la classe ouvrière associée de fait par les conditions de
l'exploitation, conduite à se grouper pour se défendre. Là est le
creuset de l'esprit de fraternité, de solidarité, de discipline de
classe. Ce dévouement à la communauté de classe qui produit
l'organisation des ouvriers au niveau économique d'abord, puis
politique, fait même passer au second plan la question des salaires.
Les ouvriers coalisés sont prêts à tous les sacrifices pour aider
un camarade menacé par la répression ou l'arbitraire patronal.
Cette spécificité d'origine se retrouvera dans la période de
transition où la classe ouvrière se moquera de la question des
salaires en elle-même dans l'objectif de sauver et transformer
l'humanité meurtrie par la barbarie capitaliste. Il ne s'agit plus de la communauté religieuse mais d'une association qui ne peut fonctionner sur la base de superstitions antiques:
"... se réunissent dans une pensée de répression, les
coalitions, d'abord isolées, se forment en groupes, et en face du
capital toujours réuni, le maintien de l'association devient plus
nécessaire pour eux (les ouvriers) que celui des salaires.”
("Misère de la philosophie").
Dans un article
de 1911, Pannekoek souligne cet aspect de la théorie matérialiste
naissante chez Marx qui donne
à l'éthique un fondement matérialiste”. Contre les anarchistes
qui tiennent la lutte contre le capitalisme pour un combat contre
"l'injustice" de façon idéaliste, Pannekoek réaffirmait
que c'est parce qu'il devient une entrave à l'évolution de
l'humanité que le capitalisme peut être supprimé. Le plus fondamental n'est pourtant pas cet idéalisme à la Pannekoek mais le fait que, intrinsèquement la religion est liée à la propriété privée donc à l'Etat; c'est pourquoi les nazislamistes iraniens condamnent à mort pour "crime contre dieu et pour la corruption sur terre".
LA QUESTION DE L'ETAT TRANSITOIRE
La base de l'explication du phénomène bureaucratique se trouve dans le
culte de la propriété privée : « La
réalité de l'idée morale apparaît ici comme la religion de la
propriété privée »; « la religion est devenue une
qualité inhérente à la propriété foncière ». En ce sens, Marx reproche à Hegel de ne pas avoir décrit l'Etat
moderne, et décrypte la mystification politique: « Le
principe qui veut que le rationnel soit réel se heurte précisément
à la réalité irrationnelle qui est partout le contraire de ce
qu'elle affirme et qui affirme le contraire de ce qu'elle est ».
La souveraineté du monarque est confondue avec celle du Dieu, et
l'absence de souveraineté du peuple prouve l'aliénation de l'homme.
Avant d'élaborer la théorie du prolétariat comme force levier de
la société future, Marx en appelle à la souveraineté du peuple,
et bien que sa pensée soit encore imprécise, c'est par la
délimitation d'avec la religion qu'il peut envisager un régime de
« vraie démocratie » comme « énigme résolue de
toutes les constitutions »: « De même que ce n'est pas
le religion qui crée l'homme, mais l'homme qui crée la religion, ce
n'est pas la constitution qui crée le peuple, mais le peuple qui
crée la constitution ». De cette idée découlera
ultérieurement que la « vraie démocratie » n'est pas
l'Etat républicain mais dépend de la disparition de l'Etat
politique; pour l'heure s'il envisage un « Etat démocratique »
contre « le monde philistin de la monarchie prussienne »,
c'est à terme vers: « une communauté d'hommes appelés à
réaliser leurs fins les plus élevées ».
Toute la question d'un usage temporaire de l'Etat, en vue de sa destruction hypothétique...probablement longtemps après, restera une épine dans les projets révolutionnaires de la période à venir face à deux théories, celle conseilliste de Pannekoek et Mattick où les Conseils ouvriers seraient à même de s'emparer du sale boulot de l'Etat antérieur, car il faut un Etat centralisé pour gérer toute la société ou c'est le chaos et la peine de mort durant toute la guerre civile - et on imagine mal la centralisation politique de la classe assumer répression et ordre social - et celle du "parti propre" de Marc Chirik, père du CCI, qui a imaginé que le parti pouvait se débarrasser du sale boulot d'Etat en restant en dehors de celui-ci, solution qui, 40 ans après la mort de ce théoricien, me paraît bancale pour ne pas dire utopique. On avisera probablement in vivo.
Goinfrons-nous de chocolats avec notre superbe indifférence européenne pendant que continuent les massacres quotidiens en Ukraine et en Iran. Marx ne fût pas le père Noël et sa prémonition d'une fin nécessaire voire inévitable du capitalisme eût de géniaux précurseurs.
. Georges Zimra a
brillamment résumé la pensée d'un grand précurseur :
« Spinoza rejette le
messianisme juif et considère que l’histoire sacrée est un mythe
et la religion une illusion de l’esprit, la puissance aliénante de
l’imaginaire de l’homme. Pour Spinoza, il n’y a pas d’autre
monde que celui dans lequel on vit ; il représente la totalité
de ce qui existe et rien ne saurait exister en dehors de lui. Tout
l’être de l’homme est l’être en ce monde, et Dieu est
identique à la totalité de ce qui existe et rien ne saurait exister
en dehors de lui (…) Il n’y a pas d’être transcendant de
l’univers. Les lois de l’univers ne sont pas inscrites dans la
Bible mais dans la Nature. Toute chose dans la nature est inscrite
d’abord dans la raison et structurée par elle (…) Spinoza
rejette les miracles, les croyances, les superstitions parce qu’ils
contreviennent à la raison. Seule la raison est le principe de
l’univers (…) Son programme est théologico-politique :
l’homme débarrassé des superstitions et de l’archaïsme
religieux pourra se tourner vers la construction politique d’un
Etat Spinoza rappelle que la religion juive a été initialement
conçue comme une religion politique. Les lois qui régissaient la
patrie antique des Hébreux étaient des lois théologiques qui
structuraient le politique. Le pouvoir judaïque était un pouvoir
théocratique. (…). C’est le déterminisme des nations et celui
des peuples, bien différents l’un de l’autre, qui président à
la destinée des peuples (…) Par conséquent, conclut Spinoza :
« aujourd’hui donc, les juifs n’ont absolument rien à
s’attribuer qui doive les mettre au-dessus de toutes les nations »
(Traité théologico-politique, ed Flammarion p.71.) ; on peut
lire aussi, et saisir toute la subtilité de ce philosophe
révolutionnaire comme Galilée et Copernic l’ont été dans la
science : « L’homme ne pense à rien moins qu’à la
mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la
vie ».
PS: Baruch de Espinoza est banni de
la communauté juive d’Amsterdam le 27 juillet 1656. (Lire :
« Freud, les juifs, les allemands » de Georges Zimra
(edition érès).