« Non,
s'écrie Clémenceau interpellant Ferry, il n'y a pas de droit des
nations dites supérieures contre les nations inférieures [...]
n'essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de
civilisation [...] ne parlons pas de droits et de devoirs [...] la
conquête ce n'est pas le droit c'en est la négation [...] parler à
ce propos de civilisation, c'est joindre à la violence
l'hypocrisie ».
« Le
mensonge est une trop bonne chose pour qu'il soit permis d'en
abuser ». Talleyrand
«Pouvoir
assassin!», «Le peuple veut la chute du régime», scande une foule
impressionnante, difficile à évaluer précisément, de dizaines de
milliers de manifestants brandissant des drapeaux algériens. La
foule, composée d'hommes et de femmes de tous âges, n'a cessé de
grossir, rejointe par des cortèges venus de divers quartiers de la
capitale la Casbah, Bab el-Oued ou la Place du 1er-Mai, qui ont forcé
plusieurs cordons de police, vite débordés le long du chemin. Sur
les balcons des immeubles, de nombreux riverains agitaient des
drapeaux algériens, verts et blancs frappés du croissant et de
l'étoile rouge, en soutien aux protestataires. Tous
les yeux sont désormais braqués vers l'Algérie. Nouveaux gilets...
verts ? Certains se sont demandés naïvement si le mouvement
branquignole de nos gilets jaunes avce son ric...dicule pourrait
déboucher sur un mouvement de classe... prolétarienne, alors qu'il
semble plutôt avoir servi d'exemple international à des
protestations pacifiques pour « réformer » la plate
hypocrisie du capitalisme démocratique. Est-on encore dans le schéma
marxisne classique où l'exemple révolutionnaire devait venir des
pays développés pour aller imprimer le modèle had hoc dans les
pays « arriérés ». Quoique que le schéma marxiste du
premier exemple « développé » ait été mis à mal par
l'éclatement de la révolution prolétarienne d'abord en Russie et
pas en Allemagne... quoique l'exemple des gilets jaunes français
soit assez limité et faiblard politiquement pour servir d'exemple
dans les pays à dictature grabataire.
L'angoisse
grimaçante en gilets jaunes de Macron serait devenue verte à la
supposition d'une nouvelle grande répression sanglante de la part de
ses homologues étatiques d'outre Mediterranée. Le mensonge du
socialisme algérien n'est plus déconcertant depuis belle lurette,
mais Macron sait combien le pouvoir d'Etat exige de mentir et de
mentir constamment surtout pour abuser le prolétariat. Son
ministricule Castaner n'a-t-il pas été jusqu'à inventer avoir
déjoué une opération terroriste le 17 novembre dernier jour
d'intronisation du mouvement des gilets jaunes ?1
Pour mieux l'amenuiser et assurer que l'Etat bourgeois nous protège
en toute circonstance... Le Macron lui-même joue à l'effaceur en
reniant tout qualificatif de « répression » et de
« violences policières » concernant la terrifiante
répression du mouvement moyenniste gilets jaunes ? Ces
préceptes orwelliens nous feront toujours sourire2.
L'objectif
ultime des petites phrases « gouvernementeuses » étant
d'aller jusqu'à empêcher l'« idée » même de
critique : exemple, « la répression c'est un mythe »,
« la liberté c'est l'esclavage »3.
UN
DISCRET SOUTIEN A L'ETAT ALGERIEN GRABATAIRE
Comme d'autres
membres du gang mafieux présidentiel, Ahmed Ouyahia a agité le
spectre de la sanglante «décennie noire» de guerre civile
(1992-2002) en Algérie et du chaos syrien. Les manifestants lui ont
répondu aujourd'hui en scandant massivement «Ouyahia, l'Algérie
c'est pas la Syrie!». En effet, il existe en Algérie une classe
ouvrière autrement plus constituée et imposante qu'en Syrie.
L'Algérie, même si je dois choquer les indigents nationalistes,
reste le plus grand « département » français, ancienne
colonie aux liens économiques et sociaux demeurés privilégiés,
principal réservoir de main d'oeuvre du capital français depuis au
moins un siècle ; et, en retour, un pays qui reste un des plus
occidentalisés et des plus « syndiqués » du monde
arabe ; un pays où la lutte contre la menace intégriste
pourrait même nous être très utile en France si les événements
devaient s'aggraver, contrairement aux menaces alarmistes des
gouvernements français et algérien qui agitent la menace d'une
remontée du terrorisme téléguidé par les pétromonarchies et de
la possible fuite de milliers de personnes vers la France.
Pour
l'heure, tout en nous assurant qu'il n'y a aucune ingérence de la
bourgeoisie française, on ne peut oublier les aventures de la
ministre Alliot-Marie sous commandement sarkozien. En octobre 2006
elle avait rendu visite à ce pauvre Kadhafi pour lui proposer nos
munitions nationales, tout comme elle avait proposé au gouvernement
tunisien de Ben Ali une « aide au maintien de l'ordre »,
proposition d'hymen répressif qui avait indigné les larbins de
l'Etat algérien4.
Macron a logiquemnt dû proposer aux garde-malades de Bouteflika de
les fournir en LBD 40... Dès
2001, le gouvernement français avait déjà ainsi autorisé la
reprise des contacts commerciaux pour Thalès, Eurocopter ou Dassault
avec l'Etat libyen. L'Etat français n'était pas seul : en 2003, les
Américains, avec les Britanniques, entamaient une démarche de
normalisation avec l'ex-Etat voyou, tout en lui faisant renoncer à
une arme nucléaire.
DE
L'INFLUENCE POLITIQUE DEPUIS LA FRANCE VERS L'ALGERIE
Le
parti communiste algérien (PCA) naît en 1920 comme extension du
PCF. Ses cellules sont composées initialement d'ouvriers européens
expatriés et de nombreux français indésirables en métropole, en
particulier depuis la répression de 1871 d'ouvriers
révolutionnaires. La constitution de ce parti reste lente et ardue,
la population est encore massivement rurale et individualiste. Il se
développe « grâce » à la répression, sous le code de
l'indigénat. Avec la montée de la contre révolution de la fin des
années 1920, le PCA ne sera plus qu'un vague appendice stalinien peu
à peu inféodé à la lutte d'indépendance nationale. Pendant la
guerre d'Algérie il est pratiquement détruit par la répression
colonialiste française qui lui préfère comme interlocuteur
privilégié le FLN qui ne se gêne pas pour interdire le PCA
immédiatement après l'indépendance. L'histoire et la place jouée
par le PCA reste un exemple peu usité de machiavélisme et de double
jeu en politique. Le soutien russe au parti algérien était purement
« diplomatique » et le mouvement national algérien était
décrit comme fruit direct de la révolution bolchevique ; pour
la CIA il s'agissait d'un « plan dont le communisme
international est le principal instigateur et le principal
bénéficiaire » ; en France les élites de l'ombre
considéraient le nationalisme algérien comme une construction
artificielle servant
les intérêts de Moscou. Aux fins fond de la
droite réac, un capitaine Mercier estimait que le FLN évoluait de
manière chaotique sans grands principes avec l'illusion de mener une
guerre révolutionnaire... qu'il perdit. Les principaux maître de
cette guerre n'étaient pourtant pas en France comme il le crut, mais
à Washington.
Ce
n'est donc pas tant au plan politique que par l'influence du
mouvement ouvrier et de ses formes syndicales que l'on peut évaluer
disons l'internationalisation du projet socialiste.
Traditionnellement,
les anciennes colonies ont toujours été plus ou moins modelées
politiquement et socialement par la métropole colonisatrice. Jusqu'à
la fin du premier holocauste mondial l'Algérie était soumise au
code de l'indigénat où paysans comme prolétaires algériens ne
disposaient d'aucun droit civil. Après 1918, l'émigration, donc une
importante prolétarisation des pauvres paysans algériens, a changé
la donne. Les premiers syndicats d'ouvriers algériens sont
constitués en France (au sein de la CGT et CGTU) et deviennent
naturellement « exportables ». A l'époque de la vague
révolutionnaire, en 1919 et 1920, se produisent les premiers
cortèges syndicaux avec drapeaux rouges et verts le premier Mai dans
les grandes villes d'Algérie. Le mouvement syndical se confond assez
vite avec le mouvement d'émancipation nationale. La conscience
sociale des prolétaires algériens ne peut pas être encore
internationaliste et se confond avec la « conscience
nationale ». Le premier parti national algérien – L'Etoile
Nord Africaine – naît d'ailleurs du syndicat en 1926 ; 8 des
26 membres du MNA étaient membres de la CGT. Le syndicalisme
algérien reste faible. Paradoxalement c'est à la fin de la Seconde
Guerre mondiale qu'il prend son essor avec la réunification des
syndicats CGT et CGTU après la lutte commune dans la résistance
anti-fasciste qui faisait prédominer la libération de la France
avant la décolonisation de l'Algérie. Le prolétariat algérien
restait « chair à immigration » en restant concentré
sur le secteur agricole, les mines et les ports. La masse des
chômeurs est visée par le mouvement nationaliste le PPA-MTLD (on
oublie que ceux-ci sont souvent la première cible des mouvemenst
nationalistes et terroristes). Le jeune mouvement nationaliste, un
peu comme nos leaders gilets jaunes, s'implante surtout chez les
petits commerçants, les coiffeurs, les marchands de légumes. Il y a
des frictions avec la CGT aussi le mouvement nationaliste crée sa
propre commission syndicale.
Au
cours de ces années 1950, l'UGTA s'oriente vers un syndicalisme de
collaboration étatique, au prétexte que l'industralisation du
nouveau jeune pays était une justice sociale. L'Etat « populiste »
algérien avec la rente pétrolière5
pacifie la situation sociale, le taux de chômage est passé de 37%
en 1966 à 16% en 1983. Le régime néo-stalinien toléra toujours
des contestations à l'intérieur du pouvoir mais pas à l'extérieur
et contre lui. Les grèves restèrent très limitées et corporatives
jusqu'aux années 1980. Le seul syndicat officiel se chargeait
d'empêcher les grèves plutôt que de les canaliser comme le font
toujours les syndicatx occidentaux. Le syndicat grossièrement
« étatisé » allait se trouver complètement inapte face
aux émeutes de la fin des années 1980. Dans le contexte de
l'effondrement du bloc de l'Est, la chute du prix du pétrole
algérien, les péuries de logement, éclatent les émeutes d'octobre
19886.
Sous la pression des organismes économico-politiques occidentaux le
régime fût obligé alors de libéraliser son mode de domination
trop stalinien. C'est la petite bourgeoisie qui ébranlait le système
en place (comme toujours au début des révolutions ou avec nos
gilets jaunes...). Avant les émeutes d'octobre 1988, les
travailleurs des entreprises publiques s'étaient déjà mobilisés,
mais en Algérie c'est plutôt une sorte d'aristocratie ouvrière
marginale qui réagit après ces émeutes salement réprimées dans
le sang, en 1989 les grèves atteignent un niveau inégalé de toute
l'histoire du mouvement ouvrier en Algérie. Le mouvement réclamait
le départ de tous les grands patrons des services publics, donc il
n'était porteur d'aucun réel projet social alternatif (comme nos
gilets jaunes...). Cette lacune s'expliquait pa l'absence d'un réel
parti politique opposant, même s'il y a toujours eu en Algérie une
clique trotskienne aux basques du pouvoir néo-stalinien. De ce
mouvement d'aristocratie ouvrière naîtra ce bâtard de syndicalisme
autonome, la première intersyndicale, la COSYFOP, comprenant le
syndicat national de l'administration publique et le syndicat
islamique du travil (SIT contrôlé par le FIS) qui lui demeurera le
principal adversaire de l'UGTA (il est dissout en 1991).
La
« main d'oeuvre » de ces syndicats autonomes, plus ou
moins illégaux, est fort particulière. Elle concerne les personnels
des secteurs publics à hauts niveaux d'instruction et de formation
professionnelle : médecins, pilotes, enseignant du supérieur
et du secondaire, cadres et agents de l'administration, officiers de
la marine marchande, techniciens de la santé, psychologues,
magistrats, etc. Cette petite bourgeoisie est souvent convoquée
devant les tribunaux mais pour se défendre est incapable de
s'unifier et crée de nombreux appareils syndicaux concurrents. Ce
sont donc bien des « couches moyennes » attaquées ces
dernières années par l'Etat en crise. A un niveau supérieur à
celui de nos artisans gilets jaunes « anti-fiscalité »,
ces couches d' « intellectuels-techniciens » ne sortent
du domaine strictement corporatif que pour réclamer une meilleure
place dans la hiérarchie sociale. Touraine fît remarquer qu'il
s'agissait d'une démarche de syndicats voulant remplacer les partis
politiques ; on notera ici que c'est aussi la démarche, quoique
bordélique, des « figures » des gilets jaunes. La
démarche des syndicalistes petits bourgeois algériens a été
depuis la période où Bouteflika était encore en bonne santé une
sérieuse épine dans le pied de la camarilla étatique « familiale »
(tiens nos gilets jaunes affectionnent aussi de se nommer « la
famille », sic!). Le pouvoir algérien a toujours joué sur le
fait que ce syndicalisme de bobos est resté « secteur public »
et indifférent (comme en France) à la masse des prolétaires du
privé !
En
Algérie, période à venir = dommages collatéraux de la crise des
gilets jaunes ou crise politique internationale ?
Les événements
révolutionnaires sont toujours le produit de la simultanéité
d'événements dans le monde. Facteur d'exemplarité ou de même
indignation sociale ? Subir un vieux président jeune ou un
vieux président qui se croit jeune, des deux côtés ce n'est guère
enviable. La simultanéité n'est pas en soi révolutionnaire. Le
mouvement des gilets jaunes n'en a jamais référé à
l'internationalisme avec ses minables fanions tricolores, débuté
réac il finit réac. Pitoyable exemple pour l'Algérie acculée à
la misère par un gang familial oligarchique. La protestation en
Algérie est déjà encadrée par les couches moyennes mécontentes
et le drapeau national. Le danger d'un retour de l'islamisme paraît
exagéré au moment de l'élimination concomittente de Daesh.
L'impotence du pouvoir laisse supposer que, comme Macron, il n'aura
d'autre ressource que le recours à la répression qui, toutefois ne
pourra pas prendre l'ampleur de 1988. Il y a au moins 200.000
algériens en France et des millions de prolétaires dont les
réactions soudaines face à une répression disproprtionnée hantent
les nuits des conseillers des Etats algérien et français.
NOTES
1 Le
01/03/2019
"Quelques
jours avant le 17 novembre et le début du mouvement des gilets
jaunes, un groupe s'était constitué et s'était intitulé "ça
va saigner le 17" ", a annoncé le ministre de
l'Intérieur. "C'était une attaque terroriste, nous l'avons
neutralisée", a-t-il ajouté. Le
ministre n'a pas précisé le lieu ni si les gilets jaunes étaient
spécifiquement visés. Quatre
hommes, projetant une attaque le 17 novembre, auraient été
interpellés à Saint-Etienne en novembre,
avait révélé Le
Parisien.
Ils auraient été mis en examen pour «association de malfaiteurs
terroriste criminelle» et placés en détention. L'un des suspects
avait expliqué vouloir commettre un braquage, mais les enquêteurs
penchaient plutôt pour la piste d'une attaque terroriste. Il
est évident qu'il s'agit d'une fable, d'un fake gouvernementeur
classique. Castaner
va t-il apporter au pouvoir algérien son expertise du LBD 40? Le
maintien de l'ordre ça le connait!
Le
sous-fifre Castaner n'a pas peur du ridicule : Les
Gilets jaunes sont-ils à l’origine de la hausse de la mortalité
sur les routes en France et en Algérie ? Le ministre de l’Intérieur
a fait le lien. Interrogé sur France 2 sur le nombre de personnes
tuées dans des accidents, qui
a augmenté de 3,9 % en janvier (par rapport à janvier 2018),
Christophe Castaner a répondu par ce chiffre : « A peu près 75 %
du parc des radars a été soit détruit, soit détérioré, soit
attaqué, soit neutralisé. Oui, il y a un lien direct », a-t-il
affirmé.
2 Les
énarques et ministres sont formés aux préceptes orwelliens par la
CIA, cf.
https://www.ojim.fr/david-petraeus-kkr-ex-chef-de-cia-nouveau-magnat-medias-europe-de-lest-quatrieme-derniere-partie/
SUR LES MENTEURS DE L'HISTOIRE :
Le
mensonge est devenu l’ordinaire du scandale médiatique. Pourtant,
il surprend encore. Comme si nous étions convaincus que la vérité
était le cœur de la politique pure. Or, déjà dans la Grèce
ancienne, Platon dans son œuvre centrale, la République,
écrite vers 372 avant notre ère, jugeait que le mensonge devait
être banni de la cité et réservé aux seuls dirigeants : eux
avaient le droit de faire croire aux citoyens qu’ils étaient
vraiment nés de la terre de leur cité.
Disciples
inconscients de Platon, tous les tyrans ont menti tyranniquement.
Staline en la matière a battu des records. Il fait récrire
complètement l’histoire, effaçant les personnages qui le
dérangent et les remplaçant par d’autres imaginaires. Le suicide
de sa femme, il le camoufle. Il faut relire les actes d’accusation
des victimes des procès de Moscou, entre 1936 et 1938. Le procureur
Vychinski, qui agissait directement sous ses ordres, accusait par
exemple deux dirigeants bolcheviks qui s’opposaient à Staline,
Zinoviev puis Boukharine, d’espionner au profit des nazis.
Vychinski mentit même aux condamnés sur leur sentence de mort,
pourtant immédiatement exécutée.
Menteur,
Hitler ne le fut pas moins, qui clamait à son peuple ne pas avoir
voulu la guerre, alors qu’il montait sans cesse des agressions
contre les nations voisines. A-t-on oublié qu’il fut le
commanditaire de la fausse attaque d’un poste radio frontalier
allemand par de misérables détenus, tout droit tirés d’un camp
de concentration, vêtus d’uniformes polonais et exécutés sur
place, pour servir de pseudo-agresseurs étrangers et fournir ainsi
un prétexte à l’invasion de la Pologne ?
Le Premier ministre
de la tsarine Catherine de Russie lui faisait visiter de faux
villages, les dirigeants soviétiques, eux, faisaient concocter de
fausses statistiques. Ce qui explique que, d’un coup, l’Union
soviétique, puissance dominante, apparut nue, dans les années
70-80, quand les vrais chiffres de la production industrielle furent
révélés.
Comment
s’étonner, alors, que les mensonges du ministre de la Guerre et
de l’Armée pendant l’affaire Dreyfus, en 1894 puis en 1899,
aient été considérés comme légitimes par une large fraction de
la population française ? Maurras, le chantre des
nationalistes monarchistes, allait jusqu’à exalter la nécessité
du «faux patriotique» établi par le colonel Henry pour faire
accuser le capitaine Dreyfus. L’occasion était trop grave pour
tolérer la vérité, devait-on conclure.
Disciple
du cardinal de Retz, le général de Gaulle devait fonder la Ve
République sur une remarquable volte-face. N’avait-il pas donné
tous les gages aux Français d’Algérie dans son discours d’Alger
le 4 juin 1958 : « Je
vous ai compris » ?
Pourtant, il pensait déjà devoir abandonner l’Algérie à
moyenne échéance. De Gaulle était-il pour autant un strict
menteur ?
D’autres
figures sont plus tentantes. Laissons
de côté François Mitterrand avec la trouble affaire de
l’Observatoire, les fausses déclarations sur le nombre
d’adhérents à la Convention des institutions républicaines, ses
dénégations sur son passage à Vichy, ses trous de mémoire sur la
francisque, son silence sur les indélicatesses financières de son
entourage, le mensonge par omission (légitime ?) sur
l’existence de sa fille, les écoutes pour la protéger, les
activités douteuses de sa garde élyséenne…
Arrêtons-nous un
instant sur son ami, Charles Hernu, oubliant de signaler sa
participation active au régime de Vichy, ses liens avec des
officiers traitants soviétiques, et regardons ses dénégations sur
l’affaire du Rainbow Warrior, le sabotage du navire de
l’organisation écologiste Greenpeace, en 1985. Puis la
reconnaissance de sa responsabilité et sa démission. Le menteur
avait été mis à nu. Avait-il agi sur ordre ?
Et
si les menteurs allaient en bande,
les plus puissants traînant les autres ? Le scandale du
Watergate illustre la logique de mensonge en bande organisée. Le
président Nixon était un grand menteur. Un de ceux qui regardent
droit dans les yeux les téléspectateurs et leur déclare
tranquillement qu’il n’est pour rien dans les cadeaux qui lui
sont offerts et que les pots-de-vin dont on l’abreuve n’exercent
aucune influence sur ses décisions. Il trouve même l’anecdote
qui attire la sympathie quand il s’adresse aux électeurs
américains, lors d’une émission télévisée le 23 septembre
1952, en pleine révélation sur ses louches donateurs.
Très
détendu, il raconte : « Un
Texan avait entendu ma femme dire à la radio que nos deux enfants
voulaient un chien. Et, croyez-le ou pas, la veille du départ de
notre voyage de campagne, nous avons reçu un message de la gare de
Baltimore disant qu’un paquet nous attendait. Nous sommes allés
le chercher. Et vous devinez ce que c’était. C’était un petit
cocker. Et notre petite fille de 6 ans, Tricia, l’a appelé
Checkers. Et vous savez, les enfants, comme tous les enfants, aiment
le chien, et je veux juste ajouter cela maintenant : quoi qu’on
en dise, nous allons le garder. » Richard
Nixon émeut l’Amérique, sauve ainsi son ticket présidentiel
avec Eisenhower et parvient à être élu vice-président.
4En
Algérie, le quotidien Liberté
s'insurgeait et soulignait que Michèle Alliot-Marie "n'a
apparemment pas peur de réveiller des souvenirs des peuples,
historiquement victimes du 'savoir-faire' policier de la France. Ces
souvenirs sont faits, en ce qui concerne l'Algérie, du 11 décembre
1960 à Alger, au quartier Belcourt, et du 17 octobre 1961 à Paris,
par exemple.
5Evaporée
en 2019... d'où aussi la crise avant même l'histoire d'un
cinquième supplice avec le Bouteflika paralytique.
6J'ai
déjà raconté ici l'anecdote au palais de Chaillot où une foule
était venue spontanément apporter son soutien aux émeutiers.
Prenant le micro je m'étais opposé à ce que l'on suive les
étudiants nationalistes qui exigeaint qu'on chante l'hymne
national, et j'avais eu gain de cause en proposant plutôt une
minute de silence, à tel point que la police me prit pour un
personnage important car je fis suivi au long de plusieurs lignes de
métro, par après.