Notes pour expliquer le
crime terroriste et les fabulations de l'anti-terrorisme à partir de l'ouvrage
de Jacques Fremeaux « La question d'Orient » (Fayard
2014)
LES ATTENTATS SUICIDES
NE SONT PAS UNE INVENTION ISLAMIQUE
« Dès cette époque
( années 80), cependant, apparaissent d'autres formes de
terrorisme, qui se fondent sur des mots d'ordre exclusivement
musulmans, le but affirmé du combat n'étant plus seulement, voire
plus du tout, la libération nationale et un ordre international plus
juste, mais prioritairement voire uniquement , la défense (ou la
victoire) de l'islam. Les militants n'hésitent pas à recourir aux
actions suicides. Les premières qui frappent l'opinion sont celles
des chiites du Hezbollah, dont les attentats dirigés contre les
forces de l'ONU, américaines et françaises, débarquées à
Beyrouth, paralysent la solution de reconstruction inspirée par les
occidentaux sur une base favorable à Israël, en amenant le retrait
de ces contingents (1983) (…) En dépit de ses références
religieuses et du fanatisme affiché de ses membres, ce type d'action
présente surtout des analogies avec le courant né avec la fin du
siècle en Occident, et dont on suit la trace depuis les nihilistes
russes et les anarchistes, en passant par une infinité de
mouvements qui cherchent à renverser l'ordre établi, républicains
irlandais, adversaires de la République de Weimar, jusqu'aux
Brigades rouges d'inspiration marxiste. La méthode, qui conduit le
terroriste à mourir en faisant exploser sa bombes, ne suit guère
la tradition du coran, qui proscrit le suicide. Elle représente
plutôt une invention de la Deuxième Guerre mondiale que les
militaires japonais ont voulu inscrire dans la tradition séculaire
de leur pays en prétendant ressusciter l'esprit des kamikazes »
(p. 402-403)
QUI FINANCE LES ACTIONS
TERRORISTES ?
« … le 11
septembre souligne un certain nombre d'éléments nouveaux, et tout
d'abord la nature même du mouvement Al-Qaïda. Bien renseigné,
suffisamment financé (budget évalué à 30 millions de dollars),
rassemblant un petit nombre de militants islamistes prêts à tout,
et notamment à des actions suicidaires, il se présente sous la
forme d'un réseau très souple, loin des organisations structurées
selon le modèle révolutionnaire. Ses objectifs s'écartent de tout
projet étatique. Ses agents s'installent dans les pays où la montée
des courants religieux crée des conditions favorables. Ils y
exercent leur action en faveur d'une radicalisation, mais surtout ils
les utilisent en vue de lancer des actions hostiles aux Occidentaux,
accusés d'agresser les musulmans. Les origines de ce mouvement sont
moins pures que ne voudraient le faire croire ses déclarations
d'intransigeance. Al-Qaïda paraît en effet avoir eu pour principaux
« parrains » non pas ces « Etats-voyous » que
la propagande occidentale dénonce depuis le milieu des années 1990,
mais ces pays infiniment respectables que sont les Etats Unis et
l'Arabie Saoudite » (p. 403).
« On n'ignore pas
non plus que l'Arabie Saoudite et l'Iran encouragent les
attentats-suicides en Palestine en versant des indemnités aux
familles des « martyrs » (p.409)
La fourniture et la circulation des armes est étrange, voici ce que je répercutais comme info juste après l'intervention russe: "En réponse à l'intervention militaire russe, la CIA et les monarchies
du Golfe ont livré de nombreux missiles antichars TOW aux rebelles
syriens. Avec ces nouvelles armes, ces derniers ont détruit des
dizaines de blindés.
La
rébellion syrienne a infligé de lourdes pertes à l'armée de Bachar
el-Assad grâce aux missiles antichars américains TOW qu'elle a reçus en
grand nombre ces dernières semaines. L'offensive terrestre de l'armée
syrienne au nord de Hama, lancée début octobre avec le soutien aérien de
la Russie, a été ralentie par la destruction de plusieurs dizaines de
blindés par ces missiles sophistiqués, livrés massivement aux rebelles
via la Turquie par l'Arabie saoudite et le Qatar, principaux soutiens
du soulèvement armé contre Bachar el-Assad, ou par la CIA".
Plus bizarre, on persiste à nous faire croire depuis 3 ans que daesch est invincible, que cette noria de bandes armées peut terroriser le monde entier mieux qu'Al Qaïda, alors que les Etats blindés des dictateurs Saddam Hussein et Kadhafi, bien plus puissants ont été éliminés en quelques semaines. Enfin, il est intéressant de noter ce que vient de déclarer Poutine, que parmi les commanditaires on compterait d'honorables membres du G20, des éminences grises de Total, des financiers français...
ET LES RUSSES SONT-ILS
BLANCS FACE A L'ISLAMISME ?
Poutine reprend la tradition des Staline et Krouchtchev soit par l'assimilation à la curaille d'Etat soit par la criminalisation des tchétchènes . « La politique
soviétique elle-même n'est pas exempte de machiavélisme, en dépit
de l'athéisme officiel. Dès 1944, Staline, désireux de mobiliser
les religieux musulmans après les chrétiens orthodoxes, avait
conclu à l'issue d'entretiens avec le mufti d'Oufa, un accord
établissant une organisation chargée et de rétribuer le personnel
religieux relevant des rites sunnite et chiite (… mais se plante en
Afghanistan où l'armada US contribue à valoriser l'islamisme) (…)
en 1991, la coalition américaine, en écrasant militairement le
régime de Saddam Hussein , contribue à décrédibiliser la capacité
du nationalisme révolutionnaire proche de l'URSS, à remettre en
cause la prépondérance occidentale » (p.405)
A QUOI CORRESPONDAIT
L'ELIMINATION DE SADDAM HUSSEIN ?
« L'élimination de
Saddam Hussein semble fournir une solution indirecte en vue de sortir
de ce blocage (la rigidité saoudienne et sa guerre de l'ombre, note
de jlr). Un Moyen-Orient en paix rendrait l'alliance saoudienne moins
indispensable... » (p.409).
On sait le chaos qui s'en
est suivi, mais nullement un affaiblissement de l'impérialisme US,
qui règne justement par ce chaos, pour tout dire, cette mise en
scène du terrorisme, ennemi opaque, insaisissable et criminel. Même
politique de vitrine pour l'impérialisme russe : « (après
2001) Le président Poutine assure son collègue Bush de son appui
total dans la lutte contre le terrorisme » (p.413). Cette
accolade est utile à Poutine pour sa reprise en main du Caucase où
une partie des indépendantistes tchétchènes reçoivent des
subsides de l'Arabie Saoudite.
QUELLE DESTRUCTURATION
DES SOCIETES « POSTMODERNES »
Les pages sur la
métamorphose de l'Occident (p.447 et suiv) à la suite de la
critique d'un ouvrage de Edward Saïd sont intéressantes pour
essayer de comprendre le nihilisme islamiste, où toute logique,
toute mémoire historique disparaissent ; c'est une
déstructuration aussi déplorable que celle des bobos écologistes,
sublimés par la théorie du genre, qui en viennent à vouloir abolir
l'idée d'une différence de nature entre l'être humain et les
animaux (en prolongation de la stupide théorie qui prétend qu'il
n'existe qu'une race humaine, attendez-vous à être traité de
raciste si vous appelez un chien un chien et un chat un chat!) :
« … cette ignorance de l'histoire considérée en tant que
« conscience rationnelle que l'espèce humaine a d'elle-même »
(Schopenhauer) aboutit à faire disparaître, pour les sociétés
humaines, la liberté d'opérer des choix en fonction des expériences
passées » (p.449). L'acculturation qui frappe les classes
pauvres, surtout immigrées (exclues de l'hypocrite mixité sociale)
est aussi dramatique que les fautes de français que commet le petit
politicien Sarkozy à chaque phrase ; sauf que le blaireau est
appuyé par les financiers, et les derniers de classe voués à la
tentation violente et suicidaire.
La propaganda médiatique
n'a pas répercuté des sifflets dans les écoles contre la messe
nationale, comme lors des attentats de janvier (excepté à Marseille
où une empathie naturelle porte une certaine population frère à se
sentir proche des « martyrs », cf. la banderole des
« ultras » du foot « Je suis Paris »,
détruite).Attaque contre la classe ouvrière des deux côtés - l'obscur mercenariat djihadiste se fiche des classes prétendant terroriser les "populations mécréantes", mais rend service aux Etats démocratoques en encourageant la fusion nationale sécuritaire - ce sont surtout des bobos qui ont été assassinés froidement; et, du coup, comme ils sont les principaux vecteurs du pacifisme, tout le monde se contentera de quelques bombes jetés sur le sable du désert syrien et la possible expulsion d'une dizaines de pousse-au-crime salafiste; y aura pas photo.
Nike et coran font bon
ménage, et relient jeunes déshérités à l'ordre proposé par les
militants et tueurs islamistes ; la politique traditionnelle n'a
jamais été qu'un moyen de tuer l'autre, mais seulement
psychologiquement, quand l'islamisme propose de vraiment concrétiser
le meurtre, ce qui est résolument « post moderne » pour
ne pas dire « pré-moderne ». Ce qui me pousse à dire
que, de même que la bourgeoisie américaine cultive le
multiculturalisme et favorise le folklore vestimentaire musulman, de
même les bourgeoisies suivistes européennes n'explicitent jamais la
démarche suicidaire des militants-soldats islamistes ; dénoncer
le « rêve islamiste », le « paradis salafiste »
relèverait du blasphème c'est à dire du racisme ; remettre en
cause la poussée salafiste à l'ombre des mosquées relève aussi du
blasphème, fasciste celui-là. Or le meilleur service à rendre aux
jeunes paumés, sans avenir, rejetés par une société très
hiérarchisée, classieuse et méprisante, serait de dénoncer
l'islamisation de la société comme une nécessité téléguidée
par le Capital et ses nombreux serviteurs de haut rang et de parfaite
compromission. Les sectes trotskiennes LO et NPA sont la risée du
web face aux derniers attentats à Paris pour leur esquive de ces
questions. LO fait dans la charité en pleurant les morts, et le NPA
qui prétend dénoncer l'impérialisme français en Syrie laisse
supposer que l'action des tueurs dits islamistes n'en seraient que la
conséquence ce qui ne signifie pas autre chose qu'un nouveau
« soutien critique » à ces porcs assassins, comme
naguère leurs pères en trotskisme ont soutenu les pires dictateurs
tiers-mondistes ; c'est de la guimauve Plenel dans le même jus
stalinien (= la violence des faibles autorise tout!). Et surtout on
n'y trouve aucune critique réelle du terrorisme ni des grandes
puissances qui « fabriquent » un terrorisme qui avait été
jusque là la qualité 'professionnelle' des « Etats voyous » !
Voyons les explications
plus fines de Frémeaux, qui sous-estime la légitimation par les
Etats – au nom de la démocratie multiculturaliste de l'expansion
musulmane (supplétive au stalinisme) alors qu'il montre très bien
comment les grands Etats manipulent l'hydre terroriste pour justifier
leurs actions impérialistes (je veux dire : peu importe ce que
pense tel ou tel musulman mais ce que n'importe quel abruti est amené
à faire) ; il a aussi tendance à voir les islamistes comme un
tout du fait de leur théorie éliminationniste très simpliste, et à
intellectualiser leurs recrues outre mesure alors que ce sont en
général des ratés sociaux plus mus par la haine que par « la
bonne parole qui sauve le monde » :
« Ceux-ci (les
islamistes) ne rejettent pas l'apport des sciences et des techniques
modernes, auxquelles ils se contentent en général de délivrer des
brevets de conformité avec le message du coran, censé soutenir
toute science. C'est qu'ils refusent non pas formellement la
modernité, qui a pu paraître longtemps, y compris en Occident, se
concilier avec la conservation de la morale traditionnelle et des
valeurs familiales, mais l'esprit postmoderne, qui a tendance à
déconstruire l'image de la religion et à affaiblir l'unité
communautaire par le défi de la diversité culturelle. Le rapport au
temps est tout aussi inconciliable, puisque l'islamisme radical
valide un retour aux origines fondé sur une vision d'un passé qui
ne peut avoir de valeur que dans sa réactualisation, au sein d'un
temps mythique : la Cité parfaite du prophète, telle qu'une
lecture de la tradition la reconstitue, en dehors de toute critique.
Ce temps mythique est étranger au temps vectoriel de l'histoire,
mais plus encore à l'affirmation d'une mémoire non islamique et
d'une finalité extra-religieuse, attachée, au fond, à la
construction d'un être en dialogue perpétuel avec des forces
vitales dont la science permet de partager les secrets sans porter
atteinte à l'intégrité du Cosmos (!?).
Tout se passe comme si,
dans la société mondiale, ces islamistes avaient choisi d'assumer
(avec toute l'hypocrisie inséparable de ce rôle) la mission de
champions d'un conformisme que les idéologies des années 1960 ont
ridiculisé, marginalisé, voire interdit en Occident, mais auquel
ils redonnent une crédibilité effrayante. Ils tiennent ce rôle
tout à la fois au sein du monde musulman traditionnel, dont ils
contribuent à conforter les particularismes, et au sein des sociétés
occidentales, où leur influence est forte auprès de populations
musulmanes en nombre croissant » (p.450).
Des explications bien
alambiquées qui esquivent que la religion musulmane est, comme
toutes les religions importantes, un instrument d'abrutissement et de
soumission des peuples et des prolétariats, et éclairent peu sur
l'instrumentalisation du terrorisme islamique, ses réels fondements
militaristes au service d'Etats prédateurs avec ce double langage
qui lui est favorable via le multiculturalisme et l'antiracisme
compréhensif. Frémeaux reconnaît plus loin que la religion
musulmane, cette aberration, est ménagée par les pouvoirs et qu'on
se bouscule pour négocier avec des augustes représentants
charlatans : « La perspective (de travail avec ceux-ci)
paraît d'autant plus séduisante qu'elle correspond à l'idéal
américain qui consiste à laisser la plus large liberté interne aux
différentes communautés à condition qu'elles acceptent les règles
constitutionnelles et les lois de la libre entreprise »
(p.478).
Faut-il le reformuler ? :
« L'économie capitaliste tend à rapprocher les classes
dirigeantes dans un même luxe et à confondre les prolétariats dans
une misère uniforme » (p.501). Les salopards de financiers
occidentaux fabricants de chômage de masse ….continuer à serrer
la paluche aux gros salopards saoudiens qui font couper la main aux
voleurs de pommes !
Ecrit avant la période
de fabrication (US) de Daesch (prononcez dash comme la lessive)
l'ouvrage a le courage de conclure sur la non séparation de cette
religion et ses dites déviances du fait – non certes en soi de
l'illusion religieuse – mais d'un monde désincarné :
« L'influence des
islamistes ou jihadistes, peu importe comment on les appelle, n'est
qu'un symptôme d'un univers déculturé, dans lequel une religion
finit par être réduite à devenir le pacte d'une organisation
criminelle ».
CONTRE
L'ENFUMAGE DE HOLLANDE ET CIE
DANS
LA PRETENDUE LUTTE ANTI-TERRORISTE
On peut s'inspirer des
réflexions d'un Pierre Conesa qui explique que le terrorisme ne se
combat pas par la guerre. Il y a une espèce de confusion typiquement
hâbleuse-gouvernementale qui nous rabâche « qu'on est en
guerre » ! Oui, eux les gouvernants et leur classe de
bourgeois participent à la guerre occulte et multiple en Syrie, où
l'ennemi (invisible) est désigné comme «le terrorisme » ;
ce qui est un non sens ou demanderait des explications moins
simplistes. Nous, victimes ou possibles victimes des meurtres
planifiés par des réseaux louches, voulons comprendre non les
motivations de exécutants terroristes (on s'en fout, un tueur mérite
d'être tué, et c'est ce qui se passe) mais d'analyser ce qui
conduit à une telle connerie inhumaine, pour la dissoudre autrement
efficacement que par la multiplication des uniformes policiers.
Conesa propose lui de discuter avec les curés musulmans, ce qui est
aussi stupide et inutile que de discuter société et politique avec
leurs confrères des autres religions. Ce qui nous intéresse nous
prolétaires c'est de discuter entre nous pour réfléchir à comment
foutre en l'air cette société qui génère pas seulement inégalités
et exploitation mais perversité criminelle islamique, au service de
grandes puissances dans une lutte à mort géopolitique qui nous
dépasse et où on nous envoie des petits assassins de merde qui
n'ont qu'un poix chiche dans le crâne, drogués ou pas.
Il n'y a pas plus d'Allah que de Daesch dans leur petite tête. Les médias taisent la vérité: c'était être embauché dans l'armée française ou dans l'armée mercenaire des pétromonarques et de la fraction US déguisée. Aucun des aspirants djihadistes n'a fait un crédit pour le voyage en Syrie. Ils peuvent y aller en famille, tous frais payés d'avance à partir d'ici et on leur promet une belle solde de mercenaire. Sauf que l'espérance de vie et les "conditions de travail" sont plus pénibles et risquées qu'un trouffion national gaulois. Pour appuyer sur une gâchette pas besoin de savoir lire et écrire (Brighelli moque super bien le communiqué des mercenaires primaires et circulaires: http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-etat-islamique-explication-de-texte-16-11-2015-1981932_1886.php
Les organisateurs de l'ombre ont la tâche facile. Les Etats européens sont des Etats faibles. Il n'y a aucune cohésion nationale. Taubira était la seule à ne pas chanter la Marseillaise à Versailles, comme son pote Benzéma, bad girl et bad boy font partie du cirque des "opposants" à la nation ringarde et laïque et confirment la maxime: on est désolé et advienne que pourra!
SOURCES
Lire un bon résumé du
livre :
Lire aussi les réflexions
de Pierre Conesa :
ANNEXE
Objectif n°1 : désigner la cible
Pour Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire au
ministère de la Défense, l’objectif premier d’une politique de
contre-radicalisation est de “désigner la cible“, car
“c’est le seul moyen de faire comprendre que la composante
musulmane de la société française n’est pas concernée dans sa
totalité par ces comportements“.
La cible, pour ce spécialiste des questions
stratégiques internationales, a un nom : le salafisme. “Le
salafisme est une idéologie propagée par l’Arabie saoudite dans
les années 1980-90 pour lutter contre les Frères musulmans, qui
avaient fait l’erreur de soutenir Saddam Hussein pendant la guerre
du Golfe. Le salafisme, abondé par l’argent de l’Arabie
saoudite, a propagé partout des mosquées avec des imams
salafistes, y compris en Algérie, et nos amis algériens l’ont
payé“.
Inutile donc de stigmatiser toute une communauté.
Au contraire, selon Pierre Conesa, il faut s’appuyer sur la
“classe moyenne musulmane“. Une démarche qui oblige à
comprendre d’abord les racines de ces mouvements de
ré-islamisation.
Les “reborn muslims”, des
enfants de parents “trahis par la République”
“
Je voudrais rappeler un épisode qu’on a
vécu dans les années 1980, c’est la Marche
des beurs, qui était sur la thématique ‘liberté,
égalité, fraternité’. La réponse du Parti socialiste, à
l’époque, a été de constituer SOS racisme avec aucun des
leaders de la Marche. Et ça, c’est le genre de choses qui a fait
que les enfants de ces gens-là, qui avaient cru à la République,
se sont ré-islamisés. Donc les “reborn muslims”, ceux qui vont
ensuite donner naissance à ces salafistes, sont des enfants dont
les parents ont été trahis par la République“.
Pour l’auteur du rapport “Quelle politique de
contre-radicalisation ?”, il est urgent de trouver un
interlocuteur crédible dans la communauté musulmane, car elle est
le réseau le plus “avancé, puisque c’est elle qui, à
travers les imams, les théologiens, les présidents d’associations,
les travailleurs sociaux, connaît la communauté. Or quel est leur
interlocuteur aujourd’hui ? Le CFCM (Conseil Français du Culte
Musulman), mais c’est une structure qui ne fonctionne pas“.
Au coeur de la politique de contre-radicalisation,
il y a donc la communauté musulmane. “On ne va pas définir
une politique de contre-radicalisation sans les élites musulmanes.
Il y a des volets entiers qui ne relèvent pas du gouvernement. Ce
n’est pas le ministre de l’Intérieur qui va tenir un
discours théologique. Donc aujourd’hui construire cette interface
est une première chose“.
Une nouvelle politique extérieure
: “le terrorisme ne se combat pas par la guerre”
Au-delà de la politique intérieure, la France
doit aussi “se resituer complètement sur la scène
internationale“, poursuit Pierre Conesa. ”Autre
aspect important, c’est la perception de l’ensemble de la
communauté sur les ratés de la politique extérieure. On a depuis
une dizaine d’années utilisé la force armée pour aller sur des
tas de théâtres extérieurs pour lesquels aujourd’hui il n’y a
aucun résultat positif. Le terrorisme ne se combat pas par la
guerre. Il ne se combat pas non plus par l’augmentation des
budgets de la police et du renseignement. C’est un des volets
seulement“.