"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 14 avril 2018

LA FABRIQUE DES HEROS GAUCHISTES

Crise de la petite bourgeoisie, ai-je dit dans mon article précédent, plutôt que crise de la bourgeoisie. On pourrait aussi penser que tout est chaos comme le radotent sectes religieuses et politiques, et hop plus besoin de se forcer à réfléchir ni pour comprendre les rapports de classe. Il est vrai qu'on nous offre en spectacle un personnel politique peu crédible, non du fait de sa jeunesse ou de l'usure de la tartufferie gauche/droite. Le renouvellement des politiciens prend du temps, et la bourgeoisie paye aussi des décennies de règne de sa gérontocratie politique, avec la disparition massive de nombre de vieillards élus jusqu'au cimetière. Qu'il n'y ait plus une tête qui dépasse à droite et à gauche pour concurrencer sérieusement la clique au pouvoir n'empêche pas l'Etat de se servir des pantins des sectes gauchistes et des héros de l'anarchisme. Franchement que la fade Nathalie Artaud, le brave Besancenot et son adjoint Poutou puissent figurer régulièrement dans le bazar de Ruquier ou du lourdingue Bourdin, cela fait misère. Où sont nos Marchais, Rocard, Deferre, et même tous les vieux trotskiens soixantehuitards promus ministres ou députaillons qui ne faisaient pas dans la figuration, tenaient l'affiche malgré leurs mains sales ? Au lieu de quoi on ne déniche que de petits figurants au discours étroit, certes honnêtes personnellement et pas dépendant des banques ou du chef de clan élyséen.

Quoiqu'ils soient tout de même utiles. Une démocratie républicaine digne de sa corruption parlementaire et syndicale se doit de s'inventer des opposants, même mineurs, même rigolos, pour affabuler le bon peuple et le prolétariat. Macron dans la petite école provinciale ne nous a pas pris pour des enfants, certes, mais pour des débiles. Il a même fait croire à Jean-Pierre Lourdaud qu'il regardait son journal de plouc à la mi-journée, tout en confirmant que les riches n'ont pas besoin de président et qu'il n'est que le président des français en général, donc que c'est les riches qui le président. Les retraités à qui il pique 30 euros par mois, et qui n'en sont pourtant pas morts, lui vouent une haine qui ne se transformera pas en jacquerie de fauteuils roulants, et qui n'est pas encore théorisée par les quadras de la résistance corrézienne artisanale.
La réduction de la lutte de classe à une grève complètement artificielle pour préserver un statut datant des années staliniennes de l'après guerre – bafouant toute tenue d'AG décisionnelle – est complétée par le charivari gauchiste autour des aventuriers zadistes et de leurs exploits dans la lutte urbaine guévarisée à la campagne, qui est franchement ridicule et n'intéresse même pas le roi des écolos Hulot. Les médias ont vraiment du mal à trouver une similarité avec l'étudiant de 68 avec le « prolétariat » voire une convergence d'intérêt avec les hommes papys grenouilles de NDDL pour toute cette couche d'étudiants floués de la petite bourgeoisie, déjà éliminée avant de pouvoir mettre un pied à la fac, qui réclame sans rire 10 de moyenne d'office pour tous, et dont des profs ont même proposé de leur mettre 20/20, ce qui serait un bon début pour la nullité des diplômes qu'on leur prépare et un CV plus titré pour pôle emploi. Ils feront comme nous les fils d'ouvriers bacheliers, après 68, ils apprendront à devenir hommes de peine, et à jouer des coudes dans la raréfaction des boulots de merde ! Les pauvres ils deviendront visibles pour des années de désillusions et de pénibilité, et sans doute pour une grande part, grandira en eux une conscience de classe révolutionnaire et pas réformiste zadiste !
L'Etat bourgeois nous amuse à inventer des héros policiers (ce qui leur fait une belle jambe dans la tombe) mais aussi elle nous sert des héros anarchistes, qui se croient tels et qui sont finalement eux aussi baisés comme le flic de base.

A DES AGITATIONS SANS TETE DES INVISIBLES HEROS qui POSTULENT à la visibilité... émeutière !

Un des meneurs de la croizade
Revoilou nos insurrectionnalistes du verbe traités comme des héros à leur tour ! Ayant écrit de nombreux articles par le passé sur les invisibles, au sens classique, c'est à dire les prolétaires anonymes, les laissés pour compte, enfin tout ce prolétariat qui ne compte pas, qui n'existe pas pour le pouvoir, ses médias et ses lèche-bottes ou contestataires divers, je ne pouvais que me moquer de ces marginaux anarchistes sans principe qui se sont mis à récupérer le terme pour faire les beaux face aux médias menteurs et à la justice de classe aux ordres1. En 2008 j'avais dénoncé la lâcheté de la presse dans son acharnement à hurler au complot terroriste avec cette ignoble vieille mystification de l'antiterrorisme2 . J’ai en même temps démonté petit à petit le délire idéologique des anarchistes verbeux (et dans mon livre The end), puis lassé de leur pipolisation je suis retourné à la position du milieu maximaliste : pas de soutien à l’Etat bourgeois ni aux petits bourgeois anarchistes… qui s’en tirent toujours ; comme le confirme leur béatification présente par le chœur des serviteurs de la gauche au pouvoir3.
J’avais analysé dans plusieurs textes sur ce blog encore consultables plusieurs épisodes de l’affaire de Tarnac. Le 19 novembre 2008, sous l’intitulé « Les campagnes anti-terroristes sont sur les rails » : « L’Etat sarkozien ne défaille ni ne déraille en montant de bric et de broc une nouvelle affaire Dreyfus – vieux modèle de machination nationaliste qui a inauguré tant de provocations et de complots bien réels pour museler les masses – l’affaire de Tarnac (corrèze, France 2008). L’Etat bourgeois machine toute l’affaire avec la plus totale arrogance et en toute impunité, c’est clair maintenant. L’Etat bourgeois est une structure à vocation terrorisante. Pourquoi revenir sur cette lamentable persécution d’éléments marginaux ? Alors que le même Etat agite déjà de possibles (vrais) attentats terroristes talibans ? D’abord parce que reste sous-jacente et encore confuse la riposte de classe au début de la douche de licenciements et de paupérisation absolue. L’Etat supprime de plus en plus les allocations chômage en même temps que la retraite, et il veut en même temps terroriser toute riposte de masse, en sabotant par l’amalgame anarchiste la nature de la lutte nécessairement conflictuelle et violente et en terrorisant les prolétaires (suggérons à la police d’arrêter tous ceux qui possèdent un exemplaire de ce texte subversif que reste de Manifeste communiste de 1848 »4.

Je peux sans honte encore me recopier pour vous éviter de zapper sur mon blog :

« Les anarchistes de Tarnac ne sont pas clairs du tout politiquement, je n’arrive pas à me défaire de ma méfiance quant à leur base culturelle ésotérique et quand je tombe sur leur revendication de l’héritage « gauche patriotique » je me contrefiche de la durée de leur emprisonnement. Je suis le seul alors à rappeler l’acte terroriste du PCF en 1947 - LE DERAILLEMENT DU TRAIN PARIS-TOURCOING (3 décembre 1947) – qui aurait pu servir de lot de consolation pour tous ceux, pas forcément le clan à Coupat-Agambem-Hazan, qui, psychopathes anars, y pensaient vraiment avec joie ! Dans le film de Mosco, l’ex-bonze Auguste Lecoeur narre cette vilaine affaire du sabotage du train express Paris-Tourcoing. On est encore en pleine grève des mineurs. Un militant d’Arras «informe » le secrétaire de section du PCF qu’un train au départ de Paris va livrer des centaines de Gardes mobiles pour réprimer les grévistes. Le temps de la résistance n’est pas loin et les cheminots CGT savent comment faire dérailler un train. Une équipe accomplit le «boulot ». Le train déraille, fait une vingtaine de morts (21 ou 24) et une quarantaine de blessés. Le train n’était composé que de voyageurs prolétaires. L’émotion est considérable. Lecoeur convoque le secrétaire de section, Rena Camphin pour explication. Celui-ci lui aurait répondu qu’il ne se considérait pas complice mais qu’il « n’avait pas eu la force politique de l’empêcher ». Lecoeur ment-il pour dédouaner le comité central ? Il ne faut pas oublier que le PCF est extrêmement hiérarchisé, et que ses repentis sont l’objet de menaces de mort si certaines de leurs révélations vont trop loin (…) »5.
Et voilà que je trouve le fond de l’argumentation très PCF de nos « insurrectionnalistes » (…): « Le pouvoir centralisé qui tente de se mettre en place au niveau mondial ne possède aucune légitimité démocratique » (!?), du Fidèle MT Buffet pur ! Ensuite comme le Big Brother du «marketing » veut anéantir toute l’espèce humaine : « la résistance doit s’organiser » ! Ah tiens la résistance bourgeoise, celle de Papy Hessel, l’idole des jeunes bobos « indignés » :
« Cependant si l’on veut qu’elle soit constructive (la résistance) et ne stagne pas dans des émeutes incohérentes et acéphales ou du terrorisme stérile, cette résistance doit être impérativement organisée (…) L’insurrection qui vient doit être conçue, réfléchie, méthodique et rationnelle », en particulier en mettant au point le même système d’espionnage et de contre-espionnage des flics. Extraordinaire le progrès théorique accompli depuis le gentil breuvage tarnacien multi-édité par ce con de Hazan. A croire que nos anonymes ont bien lu mon « The end » où je me foutais royalement de leurs bagarres de rue et fuites de collégiens face aux charges de CRS ! Mais la « progression théorique » est encore plus minable que les vieux écrits du merdeux Coupat, la référence pratique c’est la Résistance stalinienne : « Un modèle d’organisation nous a été proposé par l’histoire : il s’agit du conseil national de la résistance (CNR) formé à la suite de l’appel du 18 juin du Général De Gaulle en exil qui rassembla des hommes et des femmes de toutes origines politiques, sociales, confessionnelles, pour lutter contre l’envahisseur nazi (…) La guerre a donc bien été déclarée. En réponse nous voulons par ce texte apporter notre pierre à un deuxième futur Conseil National de la résistance (…) Notre but est de fédérer dans une Union sacrée toutes les volontés de se battre contre l’ennemi commun, qui prend aujourd’hui le visage de ce Nouvel Ordre Mondial (NMO) fondée sur la stratégie du choc, le chaos planifié, les crises économiques programmées… pour justifier la surveillance concentrationnaire des populations». Le dernier paragraphe est de la phrase romantique juvénile. Le capitalisme actuel serait donc un nouveau nazisme ? Canular ? Rédaction par un policier bourré ? Se prennent-ils au sérieux? En tout cas le prolétariat ne peut pas considérer ces potaches comme autre chose que des enfants de bobos qui s’ennuient, en attendant la fin de leurs études ou parce qu’ils ont obtenu des diplômes qui ne servent à rien ».

UNE MEME UTILISATION MAIS A L’ENVERS DE L’AFFAIRE DE TARNAC

« Agamben et la petite Yildune ne font au demeurant que s’aligner et se cacher derrière la nouvelle version en vogue du « complot » - « Le secret le mieux gardé de l’affaire de Tarnac » - l’Affaire Mark Kennedy, espion anglais «  infiltré au coeur des mouvements altermondialistes et environnementalistes européens ». Les « arcanes de notre temps » vérifient les vrais subversifs : « On peut dresser de l'affaire de Tarnac plusieurs généalogies également scandaleuses, et presque également barbouzardes, mais la plus significative politiquement est celle qui part de Mark Kennedy : car c'est elle qui en dit le plus long sur les arcanes de notre temps. Mark Kennedy travaillait officiellement pour la National Public Order Intelligence Unit, un service de renseignement britannique créé en 1999 afin de combattre le retour de la contestation écologiste et antiglobalisation au Royaume-Uni ». Suit le détail des banalités complotistes éculées agrémentées d’une critique peu coûteuse de la démocratie bourgeoise au profit d’un marginalisme obscur: « Les techniques de surveillance humaine comme l'électronique à disposition doivent être suffisamment étendues, sophistiquées et partagées. Et comme ces techniques "préventives" ne sont elles-mêmes guère compatibles avec l'ordre réputé démocratique, il faut s'organiser en marge de celui-ci ».

Ah l'apologie de la marge surveillée jusque dans les chiottes en cartons de Notre Dame des Landes !

« La semaine dernière, l’organe des bobos haut de gamme, Le Nouvel Obs, s’était intéressé à la base théorique de nos petits bourgeois émeutiers dits « ultra-gauchistes » et de leurs quelques amis du lumpenprolétariat (ex-taulards politisés maos comme on le verra plus loin). Sous forme publicitaire – « Spectres de Julien Coupat » -le pigiste du Nouvel Obs se livrait à une nouvelle description de la « légende de Julien Coupat » (vous vous souvenez ? le prétendu coupeur de caténaires mais surtout coupeur de cheveux en quatre en matière littéraire), pour évoquer un « faux » ( ?) nouveau « Comité invisible » qui ferait un tabac chez tous les hackers et mordus des « sites subversifs mal pensants » sur le web depuis l’été. L’œuvre qui circule – Ingénierie sociale et mondialisation (et non pas indigeste total ou indigent indigeste) – est qualifiée de « samizdat d’une quarantaine de pages paranoïaques et brillantes ». Il n’est en fait qu’une copie conforme du brouet potache et morveux «L’insurrection qui vient ». Je vais y venir. Le pigiste du Nouvel Obs, qui est rétribué à la pièce pour tout article en faveur des merdes qui encombrent les rayonnages de la FNAC ou de Gibert, se devait par contre de mettre sur la devanture le dernier produit du crétin Hazan : « Tout a failli, vive le communisme ». Cette compil de la revue des p’tits couns de Coupat « passe au lance-flamme les grandes figures de l’anticapitalisme boboïsant des années 2000, ainsi les groupies de Toni Negri ou les alters d’Attac » comme les soixantehuitards devenus bons démocrates. De même « toute la mythologie ouvriériste est à bazarder » en se reposant sur les cours de M.Foucauld. Le pigiste ne manque pas de savater tous ces radicaux de préau d’école avec superbe : « On ne s’interdira pas d’y déceler de sérieuses traces de nihilisme adolescent ».
L'Obs veut bien les interviewer mais leur pisse dessus en même temps.
« Ce nihilisme adolescent on le retrouve dans les 40 pages du « faux comité invisible », dont 90% de la démonstration, s’appuyant sur des citations de psys ou de parfaits inconnus pour faire cultivé, repose avec un ton doctoral et super-prétentieux sur la théorie du complot sophistiqué » : « Ainsi, d’une activité d’inculcation d’un système de valeurs, une Loi, divine ou républicaine, la politique s’est déplacée vers les questions purement techniques d’ingénierie des comportements et d’optimisation de la gestion des groupes ». D’une banalité à couper le souffle le pensum ne fait que reprendre la théorie gauchiste de la « manipulation subliminale » pour esquiver encore tout raisonnement politique contre la bourgeoisie : « grâce à ces nouveaux outils, ajoutent nos ingénieurs anarchistes, les élites politiques des pays industrialisés ont ainsi pu faire l’économie de toute forme d’axiologie ( ?), de discussion sur les valeurs, les idées, le sens et les principes, pour ne se consacrer qu’à une technologie organisationnelle des populations ». Nos techniciens de la nouvelle ingénierie n’ont pas inventé l’électricité mais la nouvelle lumière : « rs politique est devenue en 2009 l’art d’automatiser les comportements sans discussion ». Ces invisibles techniciens anarchistes, plus phraseurs que véritables ingénieurs d’ailleurs, nous prennent par la main pour « une excursion au travers de ces mutations du champ politique ». Dans ce train fantôme on va rencontrer de petits monstres comme Attali, Crozier, Sarkozy, Warren Buffet, et on nous fera des guilli-guillis avec des militaires assis sur des micro-ordinateurs pour mieux « fliquer » la population. La même idée est répétée inlassablement : programmation et conditionnement des petits hommes verts que nous sommes devenus. Les commentaires issus du basisme gauchisme le plus primaire fleurissent parfois, comme pour justifier le bris de vitrine des banques : celles-ci ont « manipulé les Etats », ce sont elles qui ont déclenché la panique bancaire de 2008 ! Pour atténuer la violence d’une telle « révélation » nos rodeurs anonymes s’appuient sur le «marxiste » (tendance Sarkozien) Alain Minc et son célèbre pamphlet bolchevik » « dix jours qui ébranleront le monde » ! Mais aussi les témoignages de Charlie Hebdo, Clausewitz, Michel Camdessus, Denis Kessler, Kurt Lewin, Jean Monnet. Quelle culture ma chère ! Et on apprendra aussi ce que signifient « tittytainement » et surtout le « Social Learning » formidable découverte psychosociologique. On sera enclin à relire Gustave Le Bon. On s’inquiètera du « hacking social » des classes dirigeantes. La théorie du démarcheur colporteur – le pied dans la porte – vous explique ensuite comment vous avez fait pour vous coincer vous-mêmes les doigts dans le « système marketing» (simple traduc du concept gaucho-bovéiste de l’immonde « sté marchande »). Passons sur le « mind control », le « virtualisme », le « reality-building » et les considérables contributions à la pensée ultra-bobo moderne mais marginale des Foucauld et Agamben.
Les post-ados qui ont réalisé ce pauvre texte poussif bourré des citations de tous les ânes connus ou moins connus s’avèrent tout pénétrés de leur lecture ingénue de Georges Orwell (et son mauvais roman anti-stalinien «1984 » comme des amis de l’idiot éditeur Hazan, qui leur servira aussi la soupe, dont l’apport à l’étude de l’aliénation moderne est au moins aussi considérable que celle de pépé Maspéro). L’affaire de Tarnac est devenue le nec plus ultra de la nouvelle école insurrectionnaliste, son congrès de 1903, sa « répétition générale » face à la « structure psychotique » du pouvoir. Toute l’argumentation de la page s’appuie d’ailleurs surtout sur un article de l’Huma de la camarade Fidèle Buffet (sans Che Besancenot pourtant). N’étant pas capable intellectuellement de résumer les pages qui suivent, je saute à la conclusion : « la résistance doit s’organiser » !
  • « Cependant si l’on veut qu’elle soit constructive (la résistance) et ne stagne pas dans des émeutes incohérentes et acéphales ou du terrorisme stérile, cette résistance doit être impérativement organisée (…) L’insurrection qui vient doit être conçue, réfléchie, méthodique et rationnelle », en particulier en mettant au point le même système d’espionnage et de contre-espionnage des flics, donc les principaux ennemis qu'il faut concrètement caillasser comme fin en soi et pour soi. Extraordinaire le progrès théorique accompli depuis le gentil breuvage tarnacien multi-édité par ce con de Hazan. A croire que nos anonymes ont bien lu mon « The end » où je me foutais royalement de leurs bagarres de rue et fuites de collégiens face aux charges de CRS !
  • Hélas la classe ouvrière ignore facéties, haines diverses, névroses, pirouettes littéraires et fumettes des insurgés indignés ! Quand bien même ils prêchent pour « notre classe » (la bobologie acoquinée) + les casseurs de tout poil et les voilés de toute banlieue. Mao ne disait-il pas : « il faut mettre le feu à la plaine » ?
« Malheureusement, comme similitude aussi, nous subissons de plein fouet la non reconnaissance, par notre classe, par nos frères de chaîne en lutte dans une région, de la lutte d'autres prolétaires dans d'autres zones du monde ! Et pourtant, le prolétariat entier, sur toute la surface de la terre, est concerné par chacune de ces luttes ! Envers et contre toutes les idéologies bourgeoises, nous affirmons que ces luttes sont nôtres, sont l'expression de notre classe. Le présent texte affirme haut et fort que ce sont nos frères de classe qui se sont battus dans la rue et continuent à le faire ! (…)nous affirmons que le prolétariat n'a pas d'autre choix que d'abattre le capitalisme, l'ensemble de cette société de merde ! Il n'y pas de porte de sortie, il n'y a pas de choix pour nous tous, prolétaires, sinon de faire ce que nos frères de classe dans les cités ont fait : tout foutre en l'air, point barre ! Sans tortiller du cul.(…)Oui, mille fois oui, les casseurs, les cailleras, les sauvageons... sont le prolétariat dans ce qu'il a de plus intense, de plus beau : la haine totale, la rage totale contre cette société ! En novembre 2005, la multiplication des foyers émeutiers et la rapidité de l'extension géographique de la lutte exprime que, dans les actes, il y a eu un dépassement des divisions raciales, religieuses, des rivalités de quartier »

En 2014 avec comme intitulé : L'insurrection qui revient de loin – La marmelade gauchiste poudrée de références stalinoïdes était soulignée, au point que le trostko-libertaire Besancenot regrettait de ne pas les avoir soutenu au début.
« La référence à une autre société n’est jamais la tentative bolchevique ni les débats du courant maximaliste de la dite Gauche communiste (Pannekoek, Appel, Bordiga, Bilan, etc.) mais les resucées du stalinisme, les bobards des anars espagnols, les coopératives de la misère en Amérique du Sud et les acquis médicaux de la dictature castriste : « … après la révolution cubaine on a vu la médecine de ce pays devenir la meilleure d’Amérique latine la mortalité infantile baisser au niveau des pays industriels le tout sans injection particulière de crédits ». La profession de prestidigitateur est une profession de menteur habile. Hazan est Garcimore, aucun coup n’est destiné à marcher pour la plus grande joie du spectateur. La médecine merveilleuse de Cuba n’est que de la propaganda castriste. Les médecins venézueliens en particulier étaient pris en otage, leur salaire envoyé au pays pour leur famille et la misère cubaine toujours plus belle au soleil du stalinisme exotique même si la mortalité infantile avait baissé. L’illusionniste anarchiste se trahit toujours par ses références au présent pour ne pas passer pour un hippy utopiste. Son raisonnement de marginal hors des réalités de classe et son déni de l’histoire réelle de la théorie marxiste insurrectionnelle veut se moquer du monde mais fait rire de son tour de passe-passe raté".

L'antitarnacisme primaire aurait-il suppléé à l'antiterrorisme vacillant à la veille du bashing de la SNCF ?

C'est ce que sur quoi je m'interrogeais dès fin mars de cette année : Les « invisibles vont-ils réussir là où les communisateurs ont échoué ?6 Sous-titre : Des épiciers littérateurs anarchistes remis en vedette7 et un drôle de calendrier pour une grève bizarre, perlée, en pointillé, inventée par les zèbres des syndicats gouvernementaux. COMITARDS INVISIBLES : LES AVENTURES SURNATURELLES ET ZADISTES DE CONCOMBRE MASQUé.

Remplaçant le désuet combat de classe, l'occupation zadiste est la fragmentation « qui pointe vers ce que nous appelons « communisme » : c'est le retour sur terre », donc en occupant les terres reprises au capitalisme ! Suffisait d'y penser pour être vraiment communiste !

Que propos(ait) notre concombre masqué face à la bulle navrante du smartphone dans « la foule solitaire sérielle des transports en commun (…) une bulle qui immunise contre tout contact, en plus de constituer un mouchard absolu » ?
  • « S'organiser véritablement n'a jamais été autre chose que s'aimer ».
Une argumentation tarnacienne à mourir... de rire ! Avec cette autre recopiage de nos pauvres communisateurs : « Le communisme est le mouvement réel qui destitue l'état de choses existant ».8
En attendant, la fin du travail prônée comme solution par nos trimards d'épicerie provinciale et architectes des cabanes bambous à zadistes confirmés, il suffit « d'être présent au monde » et de vivre on ne sait comment9. Depuis une cabine de la ZAD, en cageot et ficelles, il faut préciser : « Nous ne pouvons avoir recours à des structures qu'à condition de les trouer »10. Les murs en carton de la cabane zadiste ? Car, tout est dans les mots et la radicalité dans le vague total : « La seule mesure de l'état de crise du capital, c'est le degré d'organisation des forces qui entendent le détruire ».11

VICTOIRE OU MISERABLE FIN ?

Le procès terminal des épiciers anarchistes ne mobilisa pas toute la devanture médiatique ni ne permit de traiter – la police de l'ombre le souhaitait - que l'on qualifie les pauvres grévistes de la grève à compter des perles, de « preneurs d'otages » ni de terroristes, mais la justice bourgeoise n'était pas du tout déconfite comme le crurent les nombreux gauchistes immatures, bien au contraire la relaxe permettait de relooker une institution pourrie fondamentalement par le fric, la collusion avec le pouvoir et la corruption de tous les avocaillons friqués. La joie de Yldune entourée de micros et de caméras ne se lira jamais sur les visages milliers de condamnés injustement, ni de toutes ces femmes victimes de maris pervers narcissiques qui gagnent toujours leur procès car l'injustice « justice » est fondamentalement perverse et narcissique12. Elle ne fait qu'appliquer les textes ! Elle est cruelle et inhumaine, comme elle l'a été avec ces pauvres zéros zadistes, mais si leur peine a été interrompue, rien ne changera pour les milliers de victimes de l'ordre bourgeois.

L'utilisation de la relaxe ne visa pas non plus à glorifier une quelconque voie révolutionnaire de classe « exemplaire », par exemple pour saluer la grève totalement bureaucratisée des cheminots – artificiellement encadrée par les bonzes et sans décision d'AG – mais donner la parole à l'adjointe du héros corrézien, la nouvelle héroïne Yldune Lévy, toujours par l'entremise du vendeur de voitures et de maisons de luxe, Le Nouvel Obs. Tribune de luxe comme dix avant, la femme libérée est conviée à venir faire part de sa vision révolutionnaire et de l'exemple à suivre : les fermes libérées de la croizade nantaise. Avec son affreux galure la nana a quelque chose de sectaire et un ton empreint de religiosité. Une victime peut être aussi une bigote.

Dix ans auparavant l'insurrection menaçait, mais si le mot est inusité et quelque peu désuet, il y a quelque chose de révolutionnaire à asperger d'acide les flics et à défendre des cabanes de clochards : « S’il y a un enseignement à retenir, c’est qu’il ne faut jamais lâcher. Toujours continuer à se battre, quelle que soit la situation. Qu’on soit au fin fond des geôles de l’Etat, en grève contre une libéralisation de l’économie, en lutte à Notre-Dame-des-Landes… Ce qui est en train de se jouer, là, c’est notre avenir à tous ».
Il y a surtout quelque chose de léninien dans les propos de la petite Yldune, ses années de persécution judiciaire lui donnent la légitimité pour se placer à la tête du « mouvement » (queue contestataire) en France : « Ce qui s’est joué dans notre affaire, c’est la possibilité de lutter en France. Et nous avons su lutter, que ce soit dans cette bataille judiciaire, dans la rue, dans les mouvements sociaux… ». Oui à coups d'homélie et de déclarations fière à bras et d'un grand vide !

D'ailleurs l'antiterrorisme ne les désignait-il pas comme les chefs du prolétariat ? :
- « L’antiterrorisme, c’est une opération contre la population dans son ensemble : c’est le vieil adage "en taper un pour en effrayer cent". C’est une technique de gouvernement qui visait à nous isoler de la population, à nous désigner comme des monstres. D’ailleurs, et c’est une des choses les plus belles dans cette affaire, c'est que loin de nous isoler, elle a permis des rencontres, partout ! »

Des rencontres avec le prolétariat ? Certainement pas.

- « Je crois à une perspective révolutionnaire, c’est-à-dire une transformation de l’ordre des choses ».
Le qualificatif de marginale lui pèse : « ma formation d’archéologue me permet de mesurer que ce qu’on nous présente, c’est-à-dire le capitalisme et l’Occident, ne sont pas la seule possibilité d’organisation à travers l’espace et le temps. Il est nécessaire de s’engager, de se mettre en mouvement partout où nous nous trouvons. Nous ne sommes pas séparés du monde ».
Mais si mais si tu es séparée du monde réel dans ta petite secte et votre mouvance hippie ringarde !

  • « Et oui, il y a d’autres possibilités pour le futur que celle qu’on nous présente comme une fatalité. Prenons l’abandon de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Qu’est-ce que ça a rouvert ? La possibilité d’une victoire politique. Dans ma déclaration, j’ai également cité les facs occupées, les piquets de grève ».

Les invisibles deviennent enfin visibles mais pour nous tenir le même discours que n'importe quel mao, trotskiste ou syndicaliste basique : « on va vous diriger, on sera à la tête de tous les mécontentements ou du moins leurs traducteurs poétiques au fond de nos cabanes dans les bois ».

Témoignage émouvant, dit la presse, d'une qui revient de loin, pas de l'insurrection qui venait mais de la prison en attendant de tout casser « par tous les moyens » :

« J’ai voulu leur dire qu’il faut rester debout quoi qu’il arrive. Que c’est très dur, mais qu’il faut se battre. Et qu’une des seules armes qu’on a contre leur folie c’est d’être ensemble, nombreux et nombreuses, multiples, de déjouer les représentations, et d’agir par tous les moyens ». 

A quoi servent les campagnes anti-terroristes de la bourgeoisie ?

Je mentirais si je disais que je suis en désaccord avec tout ce que disent des victimes devenues visibles. Les campagnes anti-terroristes actuelles, comme celles d'hier, permettent de justifier le renforcement de l'Etat qui ne peut se permettre de frapper aussi violemment directement contre la classe ouvrière, une classe ouvrière encore interloquée et impuissante, et frappent sur des éléments confus, pétitionnaires de l'émeute et pas dangereux du tout pour la pérennité de ce même Etat.

La hiérarchie policière est un des rouages les plus pernicieux et corrompu de l'Etat. Sarkozy et Villepin l'ont compris, et avant eux Mitterrand et Chirac : tenir la Place Beauvau, c'est tenir la police, les RG, la DST et les préfets, bref une machine de guerre et une mine d'informations compromettantes. La Place Beauvau, lieu de tous les secrets de la République, est le point de passage obligé pour tout présidentiable qui se respecte13. Comme le sommet est hyper pourri14, contrairement aux ouvriers, les flics votent massivement aux élections syndicales pour espérer être un tant soit peu défendu dans leur avancement et dans les « accidents » du travail.
Je n'épiloguerai pas ici sur le ratés de l'antiterrorisme, dont la presse bourgeoise se fait une spécialité … pour faire croire qu'on pourrait être mieux protégé des tarés assassins que ni les trotskistes ni les tarnaciens ni Médiapart ne dénoncent lors de chaque attentat15, car la vengeance post-colinialiste et anti-raciste est éternelle comme la bêtise religieuse de toute l'intelligentsia de la gauche caviar.






ANNEXE : les arguments des petits bourgeois sur les campagnes anti-terroristes.


Nidal Taibi, pour les Inrrockuptibles, un canard en déficit tenu à bout de bras par le trust Le Monde, sert la soupe à un ancien employé de Médiapart, auteur de “Tarnac, magasin général” , David Dufresne s'est longtemps penché sur l'affaire de Tarnac. Prévenus, enquêteurs, habitants de la commune Tarnac, il les a tous rencontrés :

« … vous avez défendu dans une précédente interview que l'affaire de Tarnac c'est “l'antiterrorisme bras armé de la politique”. Pourriez-vous développer ce point ?
Étymologiquement, par police on entend gestion de la cité. Il y a plusieurs sortes de polices. Parmi lesquelles deux sont éminemment politiques : la police du maintien de l’ordre et celle de l’antiterrorisme. Deux polices que j’ai étudiées pendant des années. Précisons par ailleurs qu’il n’existe pas de définition universelle du terrorisme. A l’ONU, par exemple, il n’y en a pas. Parce que le terroriste de l’un est le résistant de l’autre. Alors évidemment, aujourd’hui en France, avec tous les attentats qui ont été perpétrés  - à Nice, au Bataclan, à Charlie Hebdo, au magasin Hyper Cacher, à Toulouse -, c’est très délicat d’en discuter. Je reste bouleversé comme chacun par ces actes sans nom. Mais l’on se doit, tous, de raisonner.  Or, dans le cadre de mon enquête sur l’affaire dite de Tarnac, tous les protagonistes de la machine antiterrorisme que j’ai rencontrés, police, justice, et autres, se situaient, fatalement, d’un point de vue politique. Dans cette affaire, on n'est pas dans le droit commun. Ce n’est pas un braquage qui est examiné, mais un mode de pensée. Un mode d’action. Des modes de vie. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu’aujourd’hui l’antiterrorisme est devenu un
Et si elle les préférait à ses flics?
mode de gouvernance en France (TB ! JLR). La vie politique et sociétale entière est axée sur l’antiterrorisme. Sarkozy, Valls, Collomb, même combat.
Dans Tarnac, magasin général”, j’avais souligné comment les fonctionnaires de la DCRI (La direction générale de la Sécurité intérieure) étaient en service commandé. Ils exécutaient les ordres. Les grands patrons du renseignement étaient obligés d’alimenter le ministère de photos, de documents, concernant des groupes présentés comme terroristes. La DCRI, fleuron de Sarkozy, était vendue par ce dernier comme un FBI à la française. On se focalisait notamment sur l’ultragauche. Un vieux fantasme de la droite classique. Dans son imaginaire, quand la gauche de gouvernement se trouve en état faiblesse - c’était le cas au début du quinquennat Sarkozy -, l'extrême gauche retrouve du succès.

Sur l'antiterrorisme :

« Depuis 15 ans, chaque attentat est utilisé pour effacer pas à pas toute trace de dissensus. Chaque nouvelle attaque est mobilisée afin de refaire une unité nationale toujours plus problématique, pour un temps toujours plus bref. À la pacification des mœurs répond la massification des peurs. On se souvient encore du rehaussement opportun de l’indice de la « menace terroriste » par Brice Hortefeux au tout début du mouvement contre la réforme des retraites en 2010. Une obscure fatalité veut que chaque grande explosion d’anticapitalisme, depuis 15 ans, se trouve opportunément refoulée par telle ou telle explosion de « terrorisme ». Le souvenir du contre-sommet de Gênes a été presque instantanément balayé par l’attaque du 11 septembre ; celui de Gleneagles en Écosse, en 2006, par l’attentat du métro de Londres. Et si nul n’a entendu parler, en France, de la manifestation qui a secoué le cœur financier de l’Europe à Francfort en 2015, c’est en grande partie du fait de la fusillade du Bardo à Tunis le jour même. On s’imagine très bien ce qui serait advenu du conflit du printemps 2016 si l’État avait pu alors se mettre sous la dent quelque massacre plus ou moins revendiqué par l’État Islamique. Rien de nouveau, à vrai dire, sous le soleil. En 1899, Francis de Pressensé écrivait déjà au sujet des lois scélérates16 : « La France a connu à plusieurs reprises, au cours de ce siècle, ces paniques, provoquées par certains attentats, savamment exploitées par la réaction et qui ont toujours fait payer à la liberté les frais d’une sécurité menteuse. » Ce qui est plus nouveau, et plus déstabilisant, c’est de voir l’État Islamique chasser sur un terrain qui fut longtemps le privilège de la cause révolutionnaire : la promesse d’une vie radicalement autre alliée à une foi dans la cause qui va jusqu’au point d’accepter de mourir pour elle ».

ON RETROUVE L'ARGUMENTAIRE DES INVISIBLES ici : http://www.lesutopiques.org/revolutionnaire-savoir-lantiterrorisme/

L'auteur invisible, tout en jouant au faux modeste – on remarquera que l'auteur gauchiste dit nous et qu'on ne sait toujours pas qui est ce « nous ». Il se prend pour le centre du monde, un monde à la big brother où quiconque, bourgeois et prolétaires est « fliqué », un « 2984 » en quelque sorte. Les invisibles ont « tout prévu », bagarres de rue, insultes contre les musulmans et immigrés (nos frères en croyance insurrectionnelle...). L'antiterrorisme est un mode de gouvernement, certes, mais il n'est pas le seul, il est momentané et aléatoire contrairement à ce que croit le cagoulé. La répression que s'autorise l'antiterrorisme gouvernemental ne vise pas la classe ouvrière ni à la terroriser – les attentats oui – mais vise à faire croire qu'elle est défendue dans l'union nationale. La classe ouvrière et même la population en général ne se sent pas terrorisée quand elle voit débouler des escouades pour cerner des terroristes, elle en redemande elle quand nos zigotos invisibles seraient plutôt du côté des « héros islamistes »... L'antiterrorisme n'a pas toujours la même fonction, on ne peut pas mettre sur le même plan les événements pendant la guerre d'Algérie ou même sous l'Espagne de Franco avec une stratégie terroriste mondiale et qui masque la nécessité de reprendre la guerre mondiale. Il y a également un problème de civilisation que ne veulent pas voir les gauchistes à la suite de l'intelligentsia du PSG, où face à la crise migratoire embourbée avec l'islam, on ne nous propose plus que l'arriération multiculturaliste ou l'arriération nationale. Il faut lire tout ce charabia pour mesurer le taux d'idéalisme de ces individus et les justifications invraisemblables et irréelles qu'ils fournissent pour « justifier » leurs compères plus que violents mais tueurs sans vergogne des armées dispersées de la guerre géopolitique du pétrole, qui sont « rétribués » par les imams des pétromonarchies. Enfin j'en termine avec cette salade de tous les mécontentements catégoriels que le marginal croit englober dans une même révolte (plus insurrection?) « pour vivre sans gouvernement »... en plantant des choux en Bretagne et en élevant des chèvres au Larzac ! Mais par pitié, n'y mêle pas les grèves et les formes de lutte indépendante de classe du prolétariat !

« … nous soutenions que « l’antiterrorisme n’a rien à voir avec le “terrorisme“. Il s’agit d’une technique de gouvernement » (Les habits neufs de l’ennemi intérieur, 15 mai 2008). Par la suite, une fois dans les fers, nous n’avons cessé de le répéter : ce montage ne nous visait pas centralement nous, qui n’étions qu’une menace très relative, mais l’ensemble de la population, qu’il s’agissait de mettre au pas. Il importait, en faisant un exemple, d’inaugurer un nouveau traitement terrifiant de toute insubordination déterminée. Il faut croire que, si tant de gens qui ne partageaient pas nécessairement les vues de L’insurrection qui vient17, nous ont alors soutenus, ce fut en vertu d’une telle prescience : si cette opération marchait, sa logique ne pourrait que s’étendre rapidement, par cercles concentriques, à bien d’autres gens, militants ou pas. Le quinquennat Hollande n’aura pas manqué de confirmer cette prévision. Ce qui se déroule sous nos yeux depuis les attentats de 2015 est la réalisation en grand de ce que nous avons appelé « l’antiterrorisme comme forme de gouvernement ». Alors que ces attentats pourraient très bien donner matière à réflexion – par exemple sur le fait que depuis une décennie on ne cesse d’insulter musulmans et immigrés sur la place publique à peu près chaque semaine, ou sur l’opportunité pour l’armée française de se projeter et de tuer, sous prétexte de lutte contre le terrorisme, aux quatre coins du monde -, ils sont plutôt matière à réaction, à réaction gouvernementale notamment.
(…) L’antiterrorisme n’est pas d’abord une forme de répression judiciaire, mais un mode de gouvernement
a. Contre toute apparence, l’antiterrorisme ne vise pas centralement ceux sur qui il s’abat, mais la population en général. Il vise à obtenir, en frappant certains, un effet sur tous les autres. Que ce soit pour les rassurer en accréditant la fiction que le gouvernement serait là pour les protéger de tant de menaces, ou pour distiller un certain émoi, un certain état de terreur et de paralysie opportun dans la population – en frapper un pour en effrayer cent. Bien avant les révélations d’Edward Snowden au sujet des programmes de surveillance généralisée des communications, le Patriot Act de 2001 et le Terrorism Act anglais de 2000 avaient explicitement autorisé la surveillance de tous au nom de la « lutte contre le terrorisme ».
(…) Une généalogie de l’antiterrorisme nous ramène à la guerre d’Algérie. À l’époque, « l’antiterrorisme » désigne l’activité clandestine de groupes tels que la Main Rouge, formés par les services secrets français afin de provoquer le FLN18 et qui commettaient assassinats ciblés comme attentats à la bombe contre la population algérienne. Cette généalogie se poursuit avec la « stratégie de la tension » mise en œuvre dans les années 1970 en Italie pour contrer le mouvement révolutionnaire. Elle passe ensuite par les GAL (Groupes Antiterroristes de Libération) en Espagne et en France qui, de 1983 à 1987, sous l’égide du ministère de l’Intérieur espagnol, vont mener plus de 35 opérations, allant là aussi de l’attentat à l’assassinat, contre ETA19. Lors du procès des GAL, le directeur de la Guardia Civil, le général José Antonio Sáenz de Santamariá, déclarera : « La lutte antiterroriste ne peut être poursuivie dans le cadre de la loi. À cet égard, nous sommes le plus souvent au bord de la loi, en dehors de la loi et de temps à autre dans le cadre de la loi… mais il n’y a aucune autre manière que d’utiliser la guerre irrégulière contre ces types qui vous tirent dans le dos. La règle de la loi est une bonne chose mais nous ne pouvons pas définitivement la respecter parce qu’elle fait le jeu des terroristes. » Il ajoutait en 1995, dans une interview au journal El país : « Dans la lutte antiterroriste, il y a des choses que l’on ne doit pas faire. Si on les fait, il ne faut pas le dire. Si ça se dit, il faut tout nier. »

(…) De la même façon, il n’y a plus une grève conséquente que l’on ne tente pas d’identifier à une « prise d’otages ». Il est crucial de parvenir à se défaire de ce sortilège. Ne jamais se laisser isoler en correspondant à son image et à l’affect qui la suit mécaniquement. Susciter la complicité. Associer à nouveau à l’idée de révolution celle d’affranchissement, de joie. Depuis les manifestations qui ont suivi, à Toulouse comme à Nantes, l’assassinat de Rémi Fraisse mais aussi lors du conflit déclenché par la loi Travail, des banques ont été mises en morceaux. Le gouvernement, dans son éternelle tâche contre-insurrectionnelle, a bien entendu fait tourner en boucle ces images d’émeute, de destruction, de banques commençant à prendre feu en incriminant comme à l’accoutumée les « Black Bloc », les « anarchistes » et autres «autonomes». L’opération n’a pas toujours eu l’effet escompté : des esprits bien inspirés ont parfois eu la malice de taguer sur les banques en miettes « tiens, tes agios ! ». Des « violents » qui ont de l’humour : voilà qui ne cadre pas avec le storytelling spectaculaire. Il ne fait pas de doute qu’au printemps 2016 l’inventivité des graffitis a beaucoup fait pour que le partage entre « violents » et « non-violents » que tentait d’imposer le gouvernement ait si régulièrement échoué à se faire, et ce jusque dans les assemblées de Nuit Debout.
« Chaque nouvel attentat en Occident met un peu plus à mal le récit spontanément livré dans les media depuis les années 1970 du « terroriste » déterminé, rompu aux techniques de la clandestinité et mû par un froid professionnalisme. Le portrait du meurtrier est généralement celui d’un être faible, suggestible, humilié et narcissiquement blessé qui trouve enfin là un accès à l’existence, quitte à y perdre la vie. Ce qui explose dans l’acte « terroriste », c’est alors très exactement ce qui rend la vie en Occident irrespirable au quotidien : le besoin diffus et universellement frustré de reconnaissance. Car il est vain de vouloir tirer du regard des autres notre propre sentiment d’exister. Pour quiconque s’est un peu penché sur le cas du tueur de Nice, Mohammed Lahouaiej Bouhlel, il est flagrant que ce qu’il recherchait relevait plus du quart d’heure de gloire et d’une vengeance aveugle que de la cause de l’État Islamique. Et il aurait suffi que le pilote dépressif de la German Wings sussure à son micro un « Allahou akbar ! » avant de crasher l’avion avec ses passagers pour qu’immédiatement le gouvernement se jette goulûment sur ce nouvel acte « terroriste ». Au fond, le meilleur modèle pour comprendre les gestes réputés « terroristes » est peut-être celui des massacres dans les écoles aux États-Unis : des désespérés qui n’ont pas l’impression de vivre se précipitent dans la mort en emportant un maximum de leurs semblables, sans raison valable, dans le cadre d’une féroce lutte pour la reconnaissance dont ils sont les perdants. Cela en dit plus long sur l’état de délabrement et de malaise des subjectivités en Occident que sur un conflit qui verrait s’affronter à l’échelle mondiale les « démocraties » et le « terrorisme ». Mais les premières préfèrent manifestement être jugées sur leur ennemi fantasmatique que sur ce qu’elles sont et font.

« Nous ne prétendons nullement que, face à l’ampleur de l’opération antiterroriste déclenchée contre nous, notre défense ait été en tout point idéale. Une défense se construit dans l’adversité. Elle a affaire à des situations toujours changeantes avec lesquelles elle doit faire. Elle contient inévitablement une part de stratégie et une part d’improvisation due aux mouvements de l’adversaire. Faute d’être idéale, au moins faut-il reconnaître qu’elle fut pour partie victorieuse : à la fin, au terme de dix ans de bataille, l’antiterrorisme dut manger son chapeau. Un assaut a été repoussé. Et les inculpés de cette affaire ne sont pas les seuls bénéficiaires de ce qu’être « autonome » ne puisse toujours pas être tenu pour une marque de « pré-terrorisme ».

« Lorsque syndicalistes, nuitdeboutistes, artistes, associatifs, zadistes, simples habitants, paysans et « radicaux » (et pourquoi pas terroristes ? JLR)parviennent à se comprendre, à mesurer leurs accords et leurs désaccords, et à s’organiser ensemble, le pouvoir a quelques raisons de s’inquiéter. Il ne s’agit pas de bâtir un front, même populaire, contre le nouveau gouvernement et son offensive prévisible, mais de construire des ponts inattendus à même de rendre la situation de plus en plus vivante, de plus en plus incontrôlable et de plus en plus difficile à réprimer platement. Il nous faut travailler à une intelligence pas à pas de la situation qui nous est faite, écarter tout dogmatisme, parvenir à s’entendre, voire à s’écouter. Sous cet angle, il nous faut prendre toute la mesure de la logique policière à laquelle nous serons inévitablement confrontés, et sa matrice n’est autre que l’antiterrorisme. Nous avons les moyens de déjouer ses opérations. Cela s’est déjà fait. Il faut juste laisser derrière soi toute idée d’innocence.

Et tisser les complicités les plus vastes, les plus profondes et les plus insoupçonnables. Les temps qui s’ouvrent, pour sombres qu’ils soient, offrent un boulevard paradoxal à la révolution : toutes les options gouvernementales ayant échoué, il ne reste plus qu’une question, et mille façons d’y répondre : comment vivre sans gouvernement ».

écrit le 15 octobre 2017 (ce que tout révolutionnaire devrait savoir sur l'antiterrorisme)


NOTES
MDR


1Notamment « invisibles et fins de droits : https://proletariatuniversel.blogspot.fr/search?q=les+invisibles: et aussi mon questionnaire : Situation de la classe ouvrière en 2009, avec en exergue cette géniale question de Marx : « Votre métier a t-il soutenu des grèves d’ouvriers appartenant à d’autres corps de métiers? »Karl Marx (Enquête ouvrière). La persécution des tarnaciens dans sa durée est aussi scandaleuse que dans le cas de la triste affaire d'Outreau, mais au plan de l'injustice classique, car même machinée par l'antiterrorisme policier, l'affaire relève aussi du fait divers. Ces victimes anarchistes sont des inaptes politiques.

2Tout cela est décrit dans l'article:L'insurrection qui revient en quenouille : https://proletariatuniversel.blogspot.fr/search?q=coupat

Pouvez-nous nous rappeler les circonstances de votre arrestation ?
Une bande de jeunes cagoulés et armés jusqu'aux dents s'est introduite chez nous par effraction. Ils nous ont menacés, menottés, et emmenés non sans avoir préalablement tout fracassé. Ils nous ont enlevés à bord de puissants bolides roulant à plus de 170 km/h en moyenne sur les autoroutes. Dans leurs conversations, revenait souvent un certain M. Marion [ancien patron de la police antiterroriste] dont les exploits virils les amusaient beaucoup comme celui consistant à gifler dans la bonne humeur un de ses collègues au beau milieu d'un pot de départ. Ils nous ont séquestrés pendant quatre jours dans une de leurs "prisons du peuple" en nous assommant de questions où l'absurde le disputait à l'obscène. Celui qui semblait être le cerveau de l'opération s'excusait vaguement de tout ce cirque expliquant que c'était de la faute des "services", là-haut, où s'agitaient toutes sortes de gens qui nous en voulaient beaucoup. A ce jour, mes ravisseurs courent toujours. Certains faits divers récents attesteraient même qu'ils continuent de sévir en toute impunité.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/12/18/julien-coupat-la-prolongation-de-ma-detention-est-une-petite-vengeance_1197456_3224.html#VgWLZBxjsfRrIHaf.99

4Autre anecdote sur l'habitude de l'Etat, malgré ses commis successifs, de se servir à toute époque de la menace « terroriste ». Vers 1980, Nixon venant visiter Paris, la presse annonça qu'un dangereux groupe terroriste avait été mis sous les verrous ! Ce « dangereux groupe », je le connaissais bien. C'était simplement la librairie « La Boulangerie » à Montrouge, tenue par un collectif libertaire qui aurait pas tué une mouche, emmené par Jean, un ancien de S ou B, à qui je déposais chaque mois RI. Il n'avait pas voulu être bavard et m'avait simplement déclaré : « c'est un coup entre policiers et journalistes ». En tout cas Jean et ses potes avaient passé trois jours au frais, puis avaient été relâchés sans que plus personne n'en entende parler.
5A chaque fois que j'ai essayé de placer sur you tube ou google le petit film que rappelle ce drame, cela est effacé. Idem pour l'assassinat du sculpteur Mayol par les assassins du PCF à la Libération, Wikipédia flique comme facebook !
6La communisation vous vous demandez qu'est-ce que c'est. La définition du mot n'existe pas encore ni sur wikipédia ni dans votre dictionnaire préféré. Les communisateurs qui est-ce? Qui sont-ils? Vrais révolutionnaires ou onanistes esthétiques? Combien de divisions?
Le phénomène s'est développé surtout depuis l'an 2000 par capillarité face au vide politique généralisé du monde et au milieu des illusions petites bourgeoises sur la soi-disante révolution technologique. Rien de bien nouveau sur le fond qu'une resucée du modernisme (le prolétariat a disparu) et de la vieillerie anarchiste immédiatiste (le communisme sans transition). La seule nouveauté inventée par ces poètes du verbe abscons, pierre philosophale sensationnaliste enfin trouvée: le capital ne peut plus valoriser le travail. Enfin la vraie raison de la crise et de l'agonie a été identifiée. Marx ne fût donc qu'un collégien en culottes courtes, hémiplégique : ne défendait-il pas le contraire dans le Capital (inutile) de ce qu'il défendait en politique (futile)?
Conclusion: il faut abandonner la politique et laisser-faire le déterminisme "humain". D'aucuns ont déjà répliqué qu'il n'est pas de meilleure manière de désarmer le prolétariat au profit d'une bourgeoisie trop heureuse de se faire passer pour irresponsable. Nos amis "communisateurs" ne pleurnichent-ils pas que bourgeois et prolétaires sont désormais ensemble des victimes du Capital?

12On les a laissé se moquer du tribunal, pour que ce soit très médiatisé. Mais toi citoyen lambda ne t'y hasarde pas : sur la justice : http://www.leparisien.fr/une/vous-etes-un-menteur-monsieur-le-juge-10-06-2004-2005049894.php

13Place Beauvau La face cachée de la police, Olivia RecasensChristophe LabbéJean-Michel Décugis: Robert Laffont (01/02/200 :Une véritable investigation menée de front par trois journalistes du Point qui permet de redécouvrir entre autres Pasqua et ses célèbres affaires et d'en apprendre beaucoup sur la manipulation des mass medias, les dérives, les RG, la DST, les rapports au pouvoir politique et quelques portraits passés au crible de hauts fonctionnaires.
Finalement la face cachée de la police, c'est surtout celle de politiciens. Même s'il n'est plus d'actualité aujourd'hui, ce livre est captivant et didactique. L'argumentaire est étayé et nous permet d'avoir une vision de "l'intérieur". C'est un bon ouvrage sur le système policier et la main-mise de son ministre. L'on peut déplorer parfois le manque d'objection et le parfum de scandale qui flotte dans l'air ambiant. Il reste toutefois très crédible.
14Cf. L'excellent et rare : « Histoire de la corruption politique sous la Vème République ». et aussi : www.atlantico.fr/decryptage/barbouzes-veme-republique-elus-droite-comme-gauche-pactisent-avec-milieu-crime-depuis-plus-demi-siecle-frederic-ploquin-2836740.html